Retrospective.


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Bulbizarrexx
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 17:15 pm    Sujet du message: Retrospective.
Histoire très abrégée d'une personne qui s'est forgée dans la différence et la souffrance. (version censurée Wink )

1991 : Crêche : je découvre que je ne suis pas comme les autres car ma nourrice l'a dit à mes parents : "elle est gentille votre fille mais elle n'est pas comme les autres." Mon père m'a raconté cet épisode...

1993: entrée à la maternelle en petite section : je deteste l'école et j'ai peur des autres, heureusement je n'y vais pas l'après midi.

1993: (plus tard dans l'année, ma mère a finalement décidé de me laisser l'après midi aussi en enfer) : la maîtresse me surprend en pleine séance d'onanisme pendant la sieste. Grand sentiment de honte. Sentiment de différence avec les autres accru. Je ne suis pas une petite fille, je suis un extra-terrestre envoyé par erreur sur la planête terre.

1994: moyenne section, je deteste la maîtresse, je la trouve stupide et gnangnan avec sa tête et sa voix de bourgeoise attardée, de cette année scolaire je retiens un épisode qui m'a marquée et même traumatisée : un jour alors que je me réfugie dans la confection de puzzle pour tuer le temps que j'ai à passer en enfer, cette conne de maîtresse me prend par les bras en me disant "tu les connais par coeur!" et me jette dans la maison de poupée avec les autres qui sont en train de jouer à la dinette. Je me sens comme un monstre, une fois de plus, le sentiment de différence et d'inadequation est plus fort que jamais, tout le monde s'arrête, tétanisé, tout le monde me fixe, j'ai envie de fuir, de mourrir pour ne plus sentir ces regards. Tout le monde s'amuse mais pour moi les journées d'école sont un pur calvaire.

1995: grande section, je ne me souviens pas d'épisodes marquant de cet époque, c'était le début de troc d'objets et de lectures d'histoires. Je me sentais toujours aussi extra terrestre.
Ma mère m'emmenait au théatre voir des pièces et à la bibliothèque.

1996: CP : je suis evidemment la tête de turc de la classe et pour ne pas accentuer mon sentiment de différence, je fais exprès de mal lire à voix haute pour ne pas être au dessus de la moyenne des lectures de la classe. Pourtant un jour alors qu'un camarade s'exclame que je vais redoubler, la maîtresse lui fait remarquer mon goût pour la lecture, ça me flatte et m'énerve en même temps. Elle voit tout celle là. Les autres me detestent car je commence à avoir des troubles du comportement serieux, je ricane pendant des heures toute seule au fond de la classe sans pouvoir m'arrêter et sans savoir pourquoi, ce qui exaspère la maîtresse et les autres élèves. Mes parents sont régulièrement convoqués...

1997: CE1: Pareil, je suis toujours la tête de turc de la classe mais c'est pire, on s'acharne physiquement sur moi, on me bastonne, les autres s'amusent à vider ma table et mon casier, j'ai toujours mes crises de rire nerveux et je commence à dire des choses étranges et parfois agressives paradoxalement aux humiliations quotidiennement subies.
Les maîtresses (on en avait deux en alternance) sont aussi contre moi, mes parents sont convoqués regulierement et je passe mes soirées à les attendre dans la cour, déséspérée et pensant au suicide (qui deviendra d'ailleurs un lieu commun dans ma vie.)

1998 : CE2: je suis un peu moins prise en grippe par la maîtresse que les années précédentes mais elle s'inquiète de ma santé mentale qu'elle trouve fragile et en fait part à mes parents, je commence à voir une psy incompetente qui coûte extremement cher à mes parents ne fait qu'empirer les choses. Il y a des souvenirs qui laissent des traces, je me revois lui tendre un cheque de 150 francs avant chaque début de séance qui duraient un quart d'heure...
Enfin la maîtresse prend un congé maternité et on a une grosse conne en remplaçante qui me prend en grippe plus que jamais et avec qui ça tourne très mal, elle me discrimine par rapport aux autres élèves et un jour à bout, je l'insulte copieusement.
Mes parents sont une nouvelle fois convoqués et me punissent sévèrement sans que cela ne change rien.

1999: CM1 : la maîtresse est une femme complètement timbrée qui nous appellent "chéri/e" et nous humilie à tour de rôle (au moins chacun en prend pour son grade) depuis l'année précédente je lis beaucoup, des chaires de poules essentiellement mais aussi d'autres bouquins, je suis meilleure en expression écrite que presque tout le monde.

2000: CM2: pas grand chose à dire sur cette année si ce n'est qu'on avait une maîtresse à peu près normale, j'ai découvert les pokemons cette année là et j'ai commencé à fréquenter un "enfant précoce" de ma classe en dehors des cours, ce type d'amitié sera aussi une récurrence dans ma vie.

2001: 6eme: ma différence m'est ramenée en pleine gueule : je suis dans une classe de pouffe qui se foutent de ma gueule parce que je joue à pokemon et disent que je suis folle et bizarre, et en plus je n'arrive pas à m'organiser, je perd mes affaires, arrive systematiquement en retard à chaque cours, n'arrive pas à suivre, je me fais humilier par le prof de sport et la prof de SVT. Les autres élèves se moquent de moi. J'ai une obsession pour une fille de 3eme que je connais depuis un stage d'équitation, je suis une "gouine" comme dise des élèves de ma casse. C'est mon seul intérêt avec les pokemons. Je suis devenue une nullité supprême en cours.
Un jour mon prof de maths m'humilie tellement que je me pisse dessus en plein cours. Je refuse d'aller au collège suite à cet évènement.

2002: autre 6eme (dans un autre collège) : la tête de turc de tout un collège quasiment, année horribilis. Je commence à songer très serieusement au suicide. D'autant plus que mes parents se sont séparés pendant l'été et que ma belle mère est une vraie tepu qui me pourrit encore plus la vie (oui c'est possible.)

2003: 5eme: je suis désormais à mi temps dans un hopital de jour pour enfants ayant de graves problèmes psychologiques après que je me sois auto-mutilée avec un couteau suisse pendant l'été. Les profs sont au courant et me traitent bizarrement. Les autres élèves me traitent bizarrement aussi, je commence à apprendre à vivre avec ma différence, je suis un monstre. Je commence à lire Stephen King à cet époque.

2004: 4eme : revival de ma première sixième : classe de pouffe qui me pourrisse. Je me fais piquer mon téléphone portable dans les vestiaires. Année de merde et comme toutes les autres qui me paraît sans fin.

2005 :3eme: (énième changement de collège) mes parents me foutent en pension étant donné qu'avec ma belle mère c'est plus possible et que pour des raisons pratiques je ne peux plus vivre chez ma mère non plus. Je suis obsédée par une fille de l'internat et lui déclare ma flamme par sms mais elle aime un certain Jean Baptiste, ça me flingue. Des histoires sur moi sont colportés à l'internat, je deviens une paria. Prise de rage, un après midi je saccage le bureau de la surveillante principale avec des bombes de peinture, suite à quoi je passe devant le conseil de discipline et je suis virée du collège.
Je reintègre mon ancien collège, les élèves sont au courant que j'ai été virée, pendant un cours de sport une fille me dit "hey à ce qui paraît tu as été virée parce que tu as touché des filles Smile " ça dégénère en bagarre, heureusement pour moi le CPE estime que les torts sont partagés. Tout le monde dit que je suis gouine, j'en ai marre de cette vie de merde, je commence à skater en priant pour un crash mortel, ce qui arrive, j'ai un accident assez grave (double fracture du bassin) qui me fait passer 2 mois à l'hosto.
A mon retour au collège, il y a une nouvelle très sexy type lolita gothique qui s'affiche ouvertement lesbienne. Elle a elle aussi été virée de son collège pour avoir vendu du poppers. Elle a une copine et evidemment je suis attirée par elle. Frustrée par sa fidelité, je fais une tentative de suicide, je ne sors de l'hopital que pour passer mon brevet des collèges que j'obtiens...ça me surprend mais me laisse de marbre.

2nde: je m'interesse beaucoup à la littérature et au cinéma qui constituent mes deux principaux échappatoirs et developpe une théorie, j'ai été maudite à la naissance et je suis une sorte d'élue qui doit faire son chemin de croix. C'est la seule année où je m'investis dans mes cours.
J'ai malgré tout une nouvelle altercation assez violente avec une prof qui me met trop la pression.
Malgré que j'ai été discrête, les autres élèves se demandent si je suis lesbienne. Certains sont jaloux de ma réussite dans les matières littéraires.

1ère L: j'ai une sorte de crise d'identité, je me suis quasiment rasé le crâne et je suis au plus mal, je sèche la plupart des cours et rate complètement les épreuves anticipées du Bac.

Terminale L: mon prof de philo est la première personne du corps enseignant avec qui j'ai des affinités, je m'interesse à sa matière et devient la meilleure de la classe malgré que je sèche encore beaucoup de cours et passe le plus claire de mon temps au cinéma et à "zoner" à droite à gauche, parfois je rencontre des gens même si j'en ai toujours peur et que j'ai toujours un sentiment de différence exacerbée, je crée quelques contacts que je ne garde finalement pas. De toute façon même les minorités, je me sens à part, je ne me reconnais dans aucun groupe social mais depuis que je lis Herman Hesse, surtout le loup des steppes je cupabilise moins et je commence à faire de ma différence une force.

Licence 1: Waw...vachement plus dur que le lycée la fac de philosophie...pas de place pour tout le monde, pas moyen de sécher et de glander, les profs sont exigeants et les cours complexes, je galère à réussir, je passe énormément de temps à la bibliothèque mais je fais quand même partie au final du quart de la promo qui passe en L2. Dès le début de l'année je rencontre un gars qui m'initie à la philosophie Nietzschéenne qui devient ma ligne directrice de vie tant je me retrouve dans les thèmes Nietzschéens. Ce penseur devient comme un ami fantôme qui par son renversement des valeurs et sa théorie de l'eternel retour du même dans laquelle je me reconnais tant, par ailleurs il revendique l'accomplissement de soi qui doit passer avant tout en envoyant valdinguer les normes, ça me plaît assez. Je deviens en quelques mois, spécialiste de Nietzsche à mon petit niveau, eminemment Nietzschéenne, je l'étais déjà bien avant de connaître son nom.

Côté sentimental, j'étais sur un autre forum, une fille avec qui j'avais échangé des MP pendant des mois quotidiennement cesse de m'en envoyer du jour au lendemain car elle s'est mise avec une autre fille, une nouvelle brisure en moi car j'y étais attachée, je crois que c'est celle qui potentiellement aurait pu être le plus proche de moi.
Une nouvelle preuve que la vie est une tepu et qu'elle n'a aucun sens.
Je continue de lui envoyer des poèmes de temps en temps quand ça me prend auxquels elle ne reprend jamais. Je me suis infligé quelque chose que je n'aurais pas dû l'été dernier : manger face à elle et sa nana pendant qu'elle racontait leur bonheur depuis leur rencontre à leur pacs. Je me suis profondément auto mutilée en rentrant chez moi, puis j'ai ri de l'absurdité de cette vie...

Licence 2: mon côté Nietzschéen, french theorist, dissidente et hardie plaît à certains profs, j'ai du culot et de l'originalité dans les thèses que je soutiens, en plus je bosse dur,je finis toujours mes dissert' par une citation de Nietzsche qui est devenu la marque de fabrique de mes devoirs.
Je suis excellente en philosophie politique et en philosophie moderne notamment. (Meilleure de ma promo, ce qui change avec la première année où je galerais comme une russe et me fait reprendre un peu confiance.)
Je m'interesse à la philosophie allemande en général et lis beaucoup les penseurs de la french theory, dans laquelle je reconnais mes propres interrogations, mes propres tortures taxés de fantaisie par quelques dogmatiques et ignorants. Je suis eminemment dionysiaque : le fond de l'existence est souffrance et il faut faire avec et même apprendre à rire, je suis plus cynique que jamais mais qui dit cynisme dit aussi humour.

Je n'ai aucune perspective d'avenir si ce n'est survivre entre méditation, colère, souffrance et rire...
Rien de ce que vous appellez "humain" ne semble m'être destinée.
Je ne sais pas ce que je cherche en postant ceci, je ne me suis jamais sentie proche du "milieu gay" je ne me suis jamais défini par ma sexualité qui a d'ailleurs quasi été inexistante à part deux ou trois aventures plus que minables.
Je ne demande pas d'aide, je me contente d'être, de continuer à vivre et c'est tout.
Mais j'avais envie de raconter un peu mon cheminement dans cette différence liée à la sexualité donc, mais pas que, il est aussi question de mon identité, de ma souffrance profonde d'être au monde et de ma capacité à transcender cette souffrance.
Car certaines personnes homos vivent biens leur différence et finissent par trouver "chaussure à leur pied" comme on dit. Je ne pense pas que ce soit mon problème même si au fond, j'ai souffert de ne pas avoir créé de relation avec une fille de qui je me serais sentie proche. Disons que sans doute que ça participe, mais c'est plus profond que cela mon sentiment de différence.

Bref, on va dire que c'est un témoignage incomplet, recevez le comme tel.
Lya Seoh Tan
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 17:28 pm    Sujet du message:
ça a dû être dur, j'imagine même pas à quel point tu as pu en souffrir ... Sad
(c'est trop triste....) Crying or
Very sad
Copekaa
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 17:38 pm    Sujet du message:
Tiens c'est drôle, tu me fais penser a moi en moins raisonnée.
La comparaison serait interessante.
Lya Seoh Tan
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 17:45 pm    Sujet du message:
ça a du être cauchemardesque ..
tellement de souffrance ..
(ça ne devrait même pas exister tout ce qui est triste!!!)
Bulbizarrexx
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 17:46 pm    Sujet du message:
Lya : merci, parce que je vais pas faire l'hypocrite mais ça fait toujours du bien, non pas qu'on s'appitoie mais qu'on témoigne un peu de reconnaissance de la souffrance.

Copekaa : c'est vrai que quand on morfle, la raison c'est secondaire...en réalité la grande raison c'est le corps je pense, l'esprit n'est qu'un mot pour désigner une partie infime du corps Wink
Lya Seoh Tan
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 17:48 pm    Sujet du message:
c'est vrai ...
mais tout de même si ça ne te saurait pas arrivé, sa aurait été plus joyeux et moins triste pour toi ..
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 18:25 pm    Sujet du message:
On ne change pas le passé et il n'est pas certain qu'un passé sans épreuve t'ait forgée telle que tu es maintenant, donc pour ma part je ne ferais pas de "et si" ou de manifestations de condoléances, mais à la place je me contente de te dire que j'ai trouvé cette rétrospective intéressante. Abrégée certes... Jolie profusion de souvenirs datant de la grande section et plus loin encore ; tout le monde n'en a pas tant.

En quelque sorte tu es nietzschéennement heureuse. — Je suis curieux de lire la suite. À dans dix ans.
Papillon
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Fromthesouth
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 18:30 pm    Sujet du message:
Des fois, quand on voit les tours que peut nous jouer la vie, on se demande vraiment pourquoi on est né un jour. Mais ce qui ne tue pas nous rend plus fort. Et c'est bien d'arriver à parler aussi ouvertement de ces années là. D'ailleurs, comment as tu fais pour retracer ton parcours ? Tu te souviens de toutes ces années ?! En détails ? Je te demande parce que tu aurais pu occulter bon nombre d'entre elles.

Et aujourd'hui, qu'elle est ton approche de la vie ? De ton avenir ? Que fais tu ? Ou ne fais tu pas ?
Bulbizarrexx
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 18:43 pm    Sujet du message:
Fromthesouth: ouais je divaguais cet aprem', j'avoue, j'ai raconté des trucs qui n'ont strictement aucun intérêt.
Pour ta seconde question, c'est à la fin de mon premier message, je crois.

En fait j'ai des souvenirs car certains moments clés m'ont marqués et pas forcément en bien. L'image qui illustre mon sentiment à son paroxysme est sans doute celle que je raconte en moyenne section, lorsque j'ai littéralement "jetée" dans la maison de poupée pour m'obliger à jouer à la dinette avec les autres, c'est vraiment un épisode qui m'a traumatisée, comme une illustration microcosmique du fait que j'ai été jeté dns ce monde qui ne me correspond pas; là j'étais à nouveau jetée dans un endroit qui me convenait pas et qui m'effrayait, duquel j'avais envie de fuir, tout comme j'ai souvent eu envie de fuir ce monde.

En outre je souffre encore beaucoup de cette dernière deception (la dernière fois où j'ai eu de l'espoir) comme Nietzsche lui même souffrait pour Lou Andréas Salomé, ça peut paraître ridicule mais moi qui connaît bien son histoire, je me sens vraiment très proche de lui car j'avais reconnu chez la fille en question des qualités de sensibilité qui me touchaient, c'était la première fois que je me sentais un peu proche d'une fille par laquelle j'étais attirée, cet espoir de pouvoir relier attirance et affection naissait...c'était mon petit bonheur quotidien, pendant quelques mois, ma vie était moins pire...tout ça pour un MP dans une boite...mais ça s'est terminé du jour au lendemain, abruptement.
Une énième deception et désillusion. L'éternel retour...du même. Idea
Au fond j'ai eu beau passer par tout les états possible et imaginable quand je repense à toutes ces années je vois toujours la même petite bonnefemme essayant de faire de son mieux, tiraillée entre espoir et desespoir, hilarité et souffrance, envie de mourrir et espoir de vivre mieux...mais jamais il n'y a eu de moment où je me suis dis "ça y est la souffrance est derrière, maintenant ça va mieux." non c'est vraiment un état permanent.

Il y aura toujours des gens pour dire que je me pose en victime et pour dire qu'on est différent parce qu'on l'a voulu. Personellement je sais pertinemment que c'est faux et je suis bien contente que les premières réactions n'aient pas été de celles là.
Le 14 avril dernier j'ai encore très fortement pensé à en finir...
Et quand je dis très fortement, ça veut dire prévoir de passer à l'acte de manière concrête et immédiate.
Enfin il est vrai que tant que ce n'est pas effectif, il est difficile de mesurer le "serieux" de l'envie suicidaire...
c'est toujours une solution que je garde à l'esprit.
Parfois c'est très lourd, parfois plus léger, disons que j'ai gagné quelques repères fragiles qui me permettent de tenir le coup.
Pour le dire grossièrement et de façon optimistes : quelques "raisons de vivre".
Dans une perspective Nietzschéenne je me sens à la fois très puissante et très faible.
J'aime bien chez lui cette idée que tout peut se muer en volonté de puissance.
Je crois que c'est même mon secret pour tenir le coup et passer entre les gouttes d'ailleurs, je dois tout le temps le reconvoquer pour me remettre les idées en place.

Et tu as raison Criterium: ce témoignage est incomplet car crois moi, les choses les plus douloureuses on ne les dit jamais, elles restent voilées et inexprimables.




Very Happy


Dernière édition par Bulbizarrexx le Ven Mar 04, 2011 19:05 pm; édité 1 fois
shantii
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 19:05 pm    Sujet du message:
Je dois avouer qu'en te lisant j'ai plutôt ressenti une certaine admiration.
Il est difficile d'exprimer aussi clairement ses sentiments et surtout sur tant d'années,même si les épreuves marquent.

J'ai eu des moments difficiles dans ma vie.J'ai également vu un certains nombre de psy,presque tous plus nuls les uns que les autres.
En tout cas tout ce que j'aimerais te dire c'est que tu as déjà vécu tant de choses, qui t'ont rendu toujours plus forte, alors continue à t'accrocher à la vie , aussi dérisoire soit-elle.
Je suis certaines d'une chose, c'est que la roue tourne.
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 19:14 pm    Sujet du message:
shantii a écrit:

J'ai eu des moments difficiles dans ma vie.J'ai également vu un certains nombre de psy,presque tous plus nuls les uns que les autres.
En tout cas tout ce que j'aimerais te dire c'est que tu as déjà vécu tant de choses, qui t'ont rendu toujours plus forte, alors continue à t'accrocher à la vie , aussi dérisoire soit-elle.
Je suis certaines d'une chose, c'est que la roue tourne.


Pareil, tous plus nuls et exaspérants les uns que les autres...

J'aimerais croire en ta dernière phrase mais elle s'est souvent révélée fausse, maintenant peut être qu'elle tourne effectivement mais pas comme on s'y attend aussi et qu'il faut se satisfaire du changement même s'il est minime.

Parfois, je fais des experiences étranges, j'arrive à "sortir du monde", de manière métaphysique bien sûr, et dans ces moments là c'est trop étrange, tout paraît contingent, plus rien qui paraît stressant, préoccupant ou important d'habitude n'a d'importance.
Parce que je prend pleinement conscience que je suis jetée dans ce monde avec tout ce qu'il y a dedans, que je suis qu'un corps qui aime, qui pense, qui se meut ect...mais que finalement mon existence tout comme la vie est purement arbitraire et je me dis que toute cette souffrance que je ressens est absurde. Et dans ces moments là, j'ai l'impression d'être sur le fil et de frôler la folie.
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 20:56 pm    Sujet du message:
Au vu de ce que tu as vécu et donc de tout ce que tu ressens, ça peut paraître déplacé de dire que j'ai aimé la lecture, puisque tes écrits relèvent de ces choses qui n'auraient pas dû être et qui t'ont causées du mal; mais j'ai aimé dans le sens où ta clairvoyance dans la durée et dans les faits est bien présente. Il y a de quoi réfléchir sur l'assistance coutumière de ces personnes qui nous entourent durant de nombreuses années, ces personnes qui ont à cœur l'éducation mais qui malgré eux se trouvent être à la source de traumatisme. Mais bon, on se forge avec ce qu'on nous donne.
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 21:08 pm    Sujet du message:
Je vais m'intéresser davantage à Nietzsche. Pour le reste je n'ai pas grand chose à dire, désolé.

Si ce n'est, tel le suggère l'avatar de Route, de tenter d'avancer sans trop regarder derrière.
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 21:19 pm    Sujet du message:
Je ferais un topic sur Nietzsche dans la partie philo, depuis le temps que j'en ai envie! Smile

Route : moi je pense surtout qu'on se forge avec ce qu'on prend, ce qu'on arrache, ce qu'on s'arroge.
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 21:25 pm    Sujet du message:
Bulbizarrexx a écrit:
moi je pense surtout qu'on se forge avec ce qu'on prend, ce qu'on arrache, ce qu'on s'arroge.


Oui, carrément.
Mais dans un premier temps on dépend beaucoup des autres.
.Mg.
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 22:32 pm    Sujet du message:
Une question me vient a l'esprit après avoir lu tout ton texte, si c'est trop personel je comprendrais que tu ne veuilles pas répondre mais finallement, après tout ses problèmes scolaires punitions et divorce tu as réussi a garder de "bonnes" relations avec tes parents?

Tu parlais aussi d'une amitié en cm2 avec quelqu'un de précoce en disant que cd type d'amitié deviendras récurent, ça l'est toujours?
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Message Posté le: Ven Mar 04, 2011 22:44 pm    Sujet du message:
Avec mes parents bof, je les vois en coup de vent, je préfère être face à moi même que leur parler en fait. Mais ça me dérange pas, je leur en veux pas, sauf peut être un peu à mon père pour ma première belle mère mais bon...il a fait beaucoup pour moi à côté, tout le monde peut avoir un égarement. Les parents sont des humains avant tout quoi.
Mais c'est vrai que c'est un truc sur lequel j'ai eu du mal à passer.

Pour a seconde question : disons que j'ai rencontré que des garçons de ce type durant toute ma scolarité et que je n'ai eu que ce type d'amis avec ce même profil d'enfant précoce.
Et depuis que je suis à la fac (depuis bientôt 2 ans donc), j'ai un nouvel ami avec qui je suis très en phase niveau idées, ressentis, sauf que lui est mieux adapté socialement que moi et souffre sans doute moins.
Invité








Message Posté le: Sam Mar 05, 2011 14:06 pm    Sujet du message:
Qui dit cynisme dit humour... En te lisant, j'ai quand même un peu pensé à ça :
http://www.youtube.com/watch?v=-39OlXH4esI

Plus sérieusement, c'est ta vie. Donc c'est le socle avec lequel tu dois faire et toute identification n'aurait aucune valeur puisque chacun de nous a un socle différent. Si à un moment donné, tout devenait trop idyllique, je doute que tu puisses le supporter. Du moins, les choses peuvent être idylliques d'un côté, mais il te faudra sûrement plus d'adversité qu'aux autres pour être pleinement épanouie. Donc oui, tu as statistiquement plus de chances de faire des choses remarquables qu'un quidam paisible et bien intégré.

A mon tour de poser une question indiscrète - donc la réponse est facultative, bien sûr : connais-tu ton point fixe ?
Eponine
Madame Casse-Pieds


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Message Posté le: Sam Mar 05, 2011 14:29 pm    Sujet du message:
J'ai aimé la lecture, parce que tu écris remarquablement bien. Evidemment, tout ce que tu racontes, on le vit avec toi au fur et à mesure.

Cela dit, j'ai moins aimé l'image que ça m'a montré de toi.
Bulbizarrexx
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Message Posté le: Sam Mar 05, 2011 15:20 pm    Sujet du message:
Non je ne connais pas mon point fixe...ni mon point G j'anticipe la question! Laughing (l'humour et l'auto dérision c'est le bien Wink )

Eponine : pourtant je n'y ai mis aucun soin, hier était un de ces jours où j'avais besoin de me vider et mine de rien, même s'il y a de nombreux points importants que je n'ai pas évoqué, ça m'a fait pas mal de bien d'écrire ça, par contre je ne pense sincèrement pas mériter un quelconque compliment sur la forme d'écriture dans la mesure où je n'y ai mis aucune application. D'ailleurs, j'ai relu en diagonal et c'est assez grossier familier. Wink

Et effectivement, je ne pense pas être forcément "quelqu'un de bien" ou d'aimable ou pour qui on peut développer de l'affection, mais j'ai tendance à penser aussi qu'être une personne gentille, sereine, agréable, sociable implique de ne pas avoir été confronté à des crises existentielles et identitaires plus ou moins violentes...

Bien sûr c'est réducteur et ce n'est pas toujours le cas. Bref, en tout cas, je n'ai pas la prétention d'être quelqu'un de particulièrement brillante, admirable de qui on peut avoir une bonne image, donc je te comprend. Mais c'est vrai que je peux être pénible avec mon ironie, mon cynisme ect...mais c'est devenue non seulement ma façon d'être alors qu'au début c'était juste un truc pour relativiser et par extension pour survivre.

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