Tommy Angello
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Posté le: Mer Juil 22, 2009 17:01 pm Sujet du message:
Un petit topo intéressant sur l'état de la liberté de communication sur
internet dans les dictatures et les "démocraties".
le monde a
écrit: | Sur Internet, 1994-2004
a été l'ère des pionniers. 2004-2007 a été l'ère des marchands.
Aujourd'hui s'ouvre l'ère des méchants. Partout dans le monde, les sites
plongent dans le noir, les arrestations s'enchaînent, les peines de prison
pleuvent. Le Web vient de fêter ses 20 ans. Personne ne le prenait au
sérieux : c'est fini.
Nacer (tous les prénoms d'internautes cités dans cet article ont été
modifiés) se souvient du premier ordinateur connecté à Internet à la
bibliothèque nationale de Damas, en Syrie : un garde qui ne comprenait pas un
mot d'anglais venait s'asseoir à côté de vous pendant la consultation, pour
surveiller cette nouvelle nitroglycérine. C'était le bon temps.
Aujourd'hui, les Syriens surfent confortablement, depuis chez eux, sur un Web
censuré. La cybercensure, le fichage des internautes ne sont pourtant pas
l'affaire des seules dictatures.
L'Italie est en phase avec la Chine. La loi y oblige tous les cybercafés à
scanner les papiers d'identité du moindre client. Au Kazakhstan, il est
actuellement vivement conseillé de ne pas publier les mots " crise
économique " sur Internet – le président ne le veut pas. C'est
folklorique, face aux tests en cours en Australie, pour purger tout le Web
local des " contenus numériques à caractère pédophile ". Tous les
gouvernements sont angoissés par l'hydre Internet, mais chacun l'exprime
selon sa culture. La Grande-Bretagne se prépare à surveiller et archiver
toutes les communications électroniques, au nom de la lutte contre le
terrorisme. En France, la confrontation Etat-internautes a lieu autour du
téléchargement d'œuvres protégées. Quand la poussière retombe sur
les champs de bataille législatifs, il reste un rapport de forces inégal :
les Etats et les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) ont maintenant les
moyens techniques pour repérer et rendre inaccessibles les sites qui
fâchent, à l'échelle d'un pays. On dit alors que le Web est " filtré ".
LA PAGE INTROUVABLE, ERREUR 404
Le filtrage du Web s'annonce le plus souvent par le message : " Page
introuvable ", familière à tous les internautes, libres ou surveillés. En
jargon informatique, on l'appelle " page de l'erreur no 404 ". La page 404 a
toujours posé problème. Une jolie légende technologique veut qu'aux débuts
de la Toile, au Cern, en Suisse, les chercheurs, excédés d'aller sans cesse
relancer un serveur défaillant installé dans le bureau no 404, aient
attribué ce numéro d'erreur au défaut de connexion, en souvenir de cette
pièce maudite. Vraie ou fausse, cette page d'erreur a en effet un mauvais
karma.
A Oman, à Bahreïn, à Dubaï, la page de l'erreur 404 est franche du collier
: vous serez redirigé vers un message vous informant, en anglais et en arabe,
que le site que vous cherchez n'est pas autorisé dans le royaume. En Chine,
la page 404 n'est assortie d'aucune explication, et elles sont inutiles : le
site est censuré. Les soldats américains en Irak tombent dessus quand ils
veulent consulter YouTube, interdit par l'US Army, depuis leur base. Ils n'ont
pas ce problème depuis un cybercafé de Bagdad. En Algérie et en Egypte,
elle signale réellement un problème technique : le Web n'y est pas filtré,
même s'il est très policé. Elle apparaît si vous demandez depuis la Syrie
un site dont l'adresse contient la terminaison " .il ", code d'Israël. Vous
n'aurez en revanche aucun problème avec un site porno. Et en Tunisie, la page
404 est tout simplement factice. Une page Internet Explorer ou Firefox vous
informe que votre connexion n'a pu aboutir. Seul un détail – le logo de
Firefox alors que vous surfez avec le navigateur Internet Explorer, ou le
contraire – permet de s'apercevoir qu'il s'agit d'une fausse page. Ce qui,
en Tunisie, a lancé l'expression " une 404 bâchée " pour les pages
censurées, clin d'œil à la camionnette Peugeot si populaire en Afrique. Et
tous les internautes tunisiens de s'écrier en chœur : "Et son chauffeur
s'appelle Ammar !" Ammar, comme la première lettre de l'ATI, l'Agence
tunisienne de l'Internet, paravent du ministère de l'intérieur tunisien.
ESCALE TUNISIENNE
Lors d'une croisière en Censurie, la Tunisie mérite une escale : premier
pays africain à avoir investi Internet, rutilante vitrine de
l'informatisation des citoyens et des nouvelles technologies louée par Bill
Gates (" Je suis époustouflé par la Tunisie "), cet Etat est à la pointe de
la cybercensure. Dès 2000, dans une blogosphère encore déserte, il innovait
en censurant sur son territoire le forum Takriz.org, ("ras-le-bol".org). La
même année, son premier cyberdissident, Zouhair Yahyaoui, était arrêté
dans un publitel (cybercafé) et condamné à dix-huit mois de prison pour
avoir proposé un sondage sur son site, Tunezine : " La Tunisie est-elle un
royaume, une république, un zoo, une prison ? "
Le mariage des technologies dernier cri de cybersurveillance et d'un Etat
policier a engendré en dix ans une triste routine – cyberdissidents
emprisonnés et blocage systématique des sites de la presse étrangère dès
qu'un entrefilet déplaît. Lofti, un Tunisien qui vit en Europe, se souvient
qu'il n'a jamais pu accéder au portail français Voila.fr lors d'un séjour
au pays. Pourquoi ? A cause des dépêches AFP que le portail propose ? De
photos trop sexy ? Les questions aussi sont mal vues. A noter : l'ATI, depuis
ses débuts, est toujours dirigée par une femme. Khadija Ghariani,
ingénieur Sup Telecom Paris promo 1984, Feriel Béji, docteur en
intelligence artificielle, et Lamia Cheffai Sghaier, ingénieure en génie
électrique, s'y sont succédé. En dissidence, on les surnomme les Ben Ali's
Angels, une production locale sous-titrée : " A nous de vous faire détester
Internet ! ". La Tunisie est aussi championne d'un certain cyberhumour.
" ECRIVEZ : “JI/AN/G ZE/MIN” "
L'autre grand ancien de la cybercensure est la Chine. On sait qu'une grande
muraille virtuelle tient au large des yeux chinois des millions de sites
étrangers, et aussi nationaux. Lire librement sur le Web n'est donc pas
possible, mais les Chinois ne s'en plaignent pas trop, ils sont habitués.
C'est écrire, converser en ligne qui les passionne. Et c'est l'"
harmonisation " qui les énerve. |
Pour ceux qui veulent la suite:
Depuis la décision du Parti communiste chinois de " construire " une "
société harmonieuse ", en 2007, le Web n'est plus seulement censuré en
Chine, il est " harmonisé ". Un filtre automatique ou une main invisible
supprime un mot, un nom, une phrase, un commentaire, un blog ou un visuel qui
déplaît. On dit alors : " J'ai été harmonisé ". Petite leçon par
courriels interposés avec Edwin, interprète anglais-chinois, qui vit depuis
longtemps à Wenzhou. " Prenons le nom de l'ex-président Jiang Zemin, celui
de Tiananmen, qui a été minutieusement gommé du Web chinois. Si vous
l'écrivez sur un blog ou un forum, parfois, il sera automatiquement remplacé
par des étoiles ou par un blanc, ou bien vous ne pourrez pas envoyer le
message. Ou alors, il sera effacé après publication. Mais il suffit d'avoir
un peu de créativité. Ecrivez : “Ji/an/g Ze/min”, et le tour est
joué… "
Les robots de censure ne comprennent pas les mots hachés, les périphrases,
ou le double sens phonétique d'un idéogramme chinois. Quels sont ces fameux
mots interdits qu'ils traquent ? Nul ne le sait hors du Parti, qui décide, et
des FAI, qui font le ménage. Parfois, une liste piratée de mots prohibés
fait surface sur le Web. La plus récente comprenait 1 041 mots
(chinadigitaltimes.net/tag/banned-words), dont ceux-ci : sexe, Tibet, Fa lun
gong [mouvement religieux interdit], Tiananmen, play-boy, fuck, multipartisme,
indépendance Taïwan, police, s*****, corruption, torture, fonds publics,
anus, Jésus-Christ, émeutes, insurrection, désastre aérien, 89, tyrannie,
Corée du Nord, scrotum, dictature, pigeons, timeshare, pénitencier, Voice of
America, soutien-gorge, finance à Genève, merde.
Même la Chine commence à avoir du mal à maîtriser ses 300 millions
d'internautes remuants – la population des Etats-Unis – et leurs tsunamis
de commentaires insolents qui polluent l'harmonie générale. Sinon, pourquoi
aurait-elle recruté le " Gang des 50 centimes ", pour harmoniser les opinions
sur le Web ? Ce mystérieux groupe a été ainsi baptisé car il est composé
de moult petites mains anonymes qui sont censées être payées un demi-yuan
(0,05 €, le prix d'un ticket de métro) par commentaire positif pour le
régime publié sur les forums, les salons de chat, les blogs. Confirmation
par courriel de notre homme à Wenzhou : " C'est assez facile de les
repérer. Quand un profil ouvert le jour même sur un forum publie cinquante
messages en une après-midi, on se doute que c'est l'un d'eux. " Certains
intérimaires à court d'imagination laisseraient même des indices grossiers,
tels des pseudonymes transparents : " Harmonie du matin ", " Harmonie du
géranium ".
L'"OPTION JUNTE BIRMANE"
Tous les pays n'ont pas la conviction et l'inépuisable main-d'œuvre de
l'industrie chinoise de la censure. Ils ont néanmoins un vaste choix de
techniques à leur disposition. Complexités informatiques mises à part, le
Web peut se comparer aux centraux téléphoniques. Pour censurer, le plus
simple est encore de débrancher la prise qui relie le Web national au trafic
mondial. C'est l'"option junte birmane", utilisée pendant les manifestations
de 2007.
Une autre parade consiste à limiter la vitesse de connexion des particuliers.
En Iran, le président Ahmadinejad a un blog, mais seul le gouvernement et le
clergé ont accès au haut débit. Le commun des Iraniens se contente de 256
Ko/s, ce qui laisse peu de chance de télécharger des vidéos déshabillées
ou des éloges de l'athéisme, de toute façon introuvables (pour mémoire,
une connexion ADSL correcte en France a un débit dix fois supérieur).
Les censeurs peuvent aussi choisir de placer leurs ciseaux à l'interconnexion
de leur Web national et de la Toile, comme l'Arabie saoudite, afin de
tamiser commodément le vice et la vertu dans ce sas avant de libérer le
trafic. Dans les techniques aujourd'hui considérées comme démodées, la
Thaïlande pratique toujours le DNS poisoning, ou " empoisonnement d'adresses
Internet ". Voilà pourquoi à Bangkok vous pouvez demander un article en
ligne de la BBC et atterrir sur la page d'accueil d'un ministère local.
Mais pour les censeurs un peu modernes et prêts à investir, on n'en est plus
là : la censure est sélective et souple, elle repère et bloque des sites ou
noms de domaine en lançant des robots à la chasse de mots-clés ou de
catégories entières de sites. Il faut, bien sûr, se munir de logiciels
spécialisés. Des outils qui ressemblent aux logiciels de contrôle parental,
élevés à la puissance un million, produisant les mêmes effets. Et dont
les principaux fabricants sont occidentaux.
FILTRES " MADE IN USA "
Aux Etats-Unis s'épanouissent trois sociétés sérieuses, dont le chiffre
d'affaires croît régulièrement : Secure Computing, Websense, Blue Coat.
Leur spécialité est la sécurisation des réseaux d'entreprises et des
intranets. Pour l'OpenNet Initiative, un institut de recherche commun aux
universités de Harvard, Toronto, Cambridge et Oxford qui étudie la
cybercensure, ce sont les trois principaux fournisseurs d'outils de filtrage
aux gouvernements.
Vendre des outils de sécurité informatique n'a rien d'illégal. Sur la page
de Smartfilter, le logiciel leader, on peut lire : " SmartFilter élimine du
lieu de travail et de l'environnement éducatif tout contenu inapproprié,
limite la responsabilité juridique, gère la bande passante et assure une
protection contre les risques de sécurité. " Les employés de bureau leur
doivent l'interdiction de Facebook sur le lieu de travail, les bibliothèques
ou écoles le filtrage des jeux, des casinos en ligne et des sites
pornographiques. Mais vendre ces outils à des gouvernements dont on sait
qu'ils ne sont pas portés sur les droits de l'homme, comme par exemple l'Iran
et l'Arabie saoudite ? Secure Computing a toujours nié ces contrats, accusant
même l'Iran d'avoir " acquis illégalement " ses logiciels.
Helmi Noman, chercheur à Harvard chargé du Moyen-Orient pour l'OpenNet
Initiative, persiste à reconnaître l'empreinte de ces spécialistes du
filtrage lors des tests que l'organisation conduit régulièrement depuis tous
les pays du monde. Si ce ne sont pas eux, ce sont leurs partenaires : ces
outils sont aussi distribués via les plus grands noms de l'industrie
informatique, Microsoft, Sun, Cisco, McAfee, Dell. L'émirat de Bahreïn
semble avoir fait quelques emplettes, dernièrement.
A BAHREÏN, UNE RÈGLE SIMPLE : ON NE PARLE PAS DE L'ÉMIR
Dans ce petit Etat du Golfe, décrit par les expatriés comme " plutôt cool
", la règle était simple et courte : on ne parle pas de l'émir. Depuis
janvier, Bahreïn est passé à la vitesse supérieure. Ahmed est ingénieur
informatique à Manama, la capitale ; il a connu la censure ancienne manière,
et nouvelle manière. Il aime le risque : un de ses loisirs depuis dix ans est
de publier un blog d'informations locales, ce qui lui vaut régulièrement des
ennuis. Les plus graves, en 2005, se sont soldés par quinze jours de garde à
vue pour avoir publié une photo du fils de l'émir en train de sabler le
champagne à l'arrivée d'une course de formule 1. Autrefois, son blog était
grossièrement censuré, de façon facile à contourner. Depuis janvier, et un
décret qui promet de nettoyer le Web des éléments " contraires à sa
culture " (pornographie, atteintes à la religion), c'est tout le Web du
royaume qui est paralysé.
Selon Ahmed, jusqu'à 40 % des sites sont inaccessibles à Bahreïn, y compris
des publicités, des blogs de cuisine, le traducteur automatique Google
Translate et des sites techniques d'ingénierie. A tel point que les
sociétés étrangères se sont plaintes : elles ne peuvent plus travailler.
Que s'est-il passé ? Un grand classique, que Helmi Noman a souvent remarqué
quand un Etat décide de s'équiper. Dépassés par la puissance des logiciels
de filtrage que le gouvernement leur a payés et imposés, les FAI combinent
des catastrophes. Eux, ou les informaticiens du palais, n'ont pourtant pas
fait d'erreurs avec une catégorie de sites bahreïnis. Depuis janvier, tous
les sites et blogs chiites, pourtant peu enclins à la pornographie, ont
disparu de la surface du royaume sunnite. Ahmed est chiite. Il continue à
alimenter son blog en douce pour ses lecteurs à l'étranger et se demande
si, la prochaine fois, à l'aéroport, il pourra quitter le pays.
Depuis Doha, au Qatar, où il donne une conférence, Helmi Noman met en garde
contre ces outils de filtrage à double fond. " Les sociétés occidentales
vendent aux FAI non seulement des logiciels pour filtrer, mais aussi des
décisions sur la liberté d'expression. " Le pack censure comprend des outils
ainsi qu'une base de données de 20 millions de sites, et des mises à jour
régulièrement proposées par téléchargement, à la manière des logiciels
antivirus. SmartFilter classe ces sites en 91 catégories. Au client de cocher
la catégorie qu'il souhaite interdire. " Quand un fournisseur d'accès
achète SmartFilter, il achète 20 millions de décisions et 91
catégorisations qui peuvent être erronées. "
Les " erreurs " sont assez fréquentes, selon les relevés de Helmi Noman. Le
jour où des sites aussi différents qu'Orkut (un réseau social très
populaire en Inde et au Brésil), Last.fm (musique en ligne), LiveJournal
(première plateforme de blogs dans l'ex-URSS) et Twitter (micro-blogs) ont
été étiquetés, on ne sait pourquoi, " sites de rencontres ", il est devenu
temporairement impossible d'y accéder depuis différents coins de la
planète. En avril 2007, le site de vidéos Dailymotion est passé pendant
quelques jours en catégorie V4 (pornographie). Les internautes à Oman, au
Yémen, et en Tunisie en ont fait les frais : adieu, Dailymotion. La base de
données dont se nourrissent les filtres est consultable en ligne
(www.trustedsource.org/urlcheck). Elle est collaborative. Chacun, société,
particulier, ou ligue de vertu de toute religion, peut y signaler un site et
l'étiqueter selon ses convictions, depuis le monde entier, anonymement.
La société Secure Computing ne connaît pas la récession. Elle vient
d'être rachetée par le géant de l'antivirus, McAfee, pour 465 millions de
dollars (environ 350 millions d'euros). La nouvelle direction accueille avec
philosophie toute question sur la cybersurveillance d'Etat : " Les
gouvernements qui sont nos clients peuvent utiliser toutes les catégories
[que nous fournissons] pour façonner l'Internet selon leurs besoins
culturels. McAfee n'a aucun contrôle ni visibilité sur la façon dont une
organisation met en place sa propre politique de filtrage. " Soyons justes :
l'Europe n'est pas en reste. La société Siemens propose un catalogue de
procédés d'interception et de surveillance des communications. La Chine est
l'un de ses grands comptes.
RIPOSTE TECHNOLOGIQUE
Personne ne souhaite une Toile mitée de pédophiles, de terroristes et de
fraudeurs. Mais l'exemple parfaitement démocratique de l'Australie et de sa
coûteuse offensive contre la pédophilie en ligne (budget : 125 millions de
dollars australiens sur quatre ans, environ 70 millions d'euros) débute par
un sinistre amateurisme. En mars, durant les tests de filtrage, la liste noire
et ultrasecrète des 2 395 sites pédophiles bloqués a atterri sur le site
d'indiscrétions WikiLeaks. Heureusement. La fuite a révélé que la moitié
seulement répondait à ce critère. Très regrettables erreurs : les sites
d'un cabinet dentaire, d'une pension pour chiens, d'une agence de voyages y
figuraient aussi.
Pour élaborer sa liste noire, le gouvernement australien – comme d'autres
– s'est appuyé sur les informations de l'Internet Watch Foundation (IWF),
une association britannique basée à Cambridge qui compile les signalements
en ligne de sites pédophiles depuis 1995. L'IWF fait partie d'une
fédération de vingt associations similaires autour du monde, subventionnées
principalement par les opérateurs du secteur Internet. Elle a pris peu à
peu, sans contrôle et sans autres références que sa bonne foi, la place du
gendarme des pédophiles auprès des autorités. En décembre dernier, un
signalement de l'IWF a abouti à la censure en Grande-Bretagne de la page
Wikipédia de Virgin Killer, disque du groupe de hard rock allemand Scorpions.
La pochette de ce vieil album, qui n'a jamais fait l'objet de poursuites
judiciaires, représente une adolescente nue.
Le Web n'a pas de gouvernement central ni de loi universelle, de Croix-Rouge
ou de représentation à l'ONU. Chaque internaute est seul face aux humeurs
législatives de son pays. Tout juste peut-il compter, en cas de pépin, sur
quelques organisations de défense de la liberté d'expression, une cause
élégante mais de luxe par temps de récession. Une fois de plus, la riposte
est surtout technologique, et c'est l'internationale des internautes qui vient
à la rescousse. En Iran, le photographe Hamed Saber a développé seul un
petit outil pour contourner le blocage du site de photos Flickr, qu'il a mis
à la disposition de la communauté. Le Berkman Center, à Harvard, vient de
lancer Herdict.org, un site d'où chacun peut signaler un site inaccessible
depuis son pays, pour obtenir des données en temps réels sur les angles
morts de la Toile.
L'ARME DE L'HUMOUR
Parce qu'ils sont bien informés, Edwin en Chine et Ahmed aux Emirats peuvent
lire et écrire ce qui leur plaît, tout en restant invisibles sur l'écran de
contrôle des censeurs. Ils utilisent un " proxy anonymiseur ", nom barbare
d'un outil de cryptage qui permet d'emprunter discrètement l'adresse d'un
autre ordinateur, quelque part dans le monde, le temps de se retrouver en
haute mer, sur le Web non censuré. Ils s'appellent Ultrareach, Psiphon, TOR,
Dynaweb, Anonymizer, et sont disponibles par téléchargement.
L'un des plus populaires et des plus militants est actuellement TOR. En 2001,
l'US Navy mettait dans le domaine public un de ses outils d'encryptage des
communications. Robert Dingledine, alors étudiant au MIT, a les cheveux longs
et les petites lunettes rondes des militants du logiciel libre. C'est lui qui
a décidé de l'adapter au Web et de le diffuser gratuitement. TOR, géré aux
Etats-unis par une association à but non lucratif, a déjà été
téléchargé des millions de fois. " On ne sait pas d'où, nous ne
sauvegardons aucune donnée. Mais on peut estimer qu'à tout moment d'une
journée, autour de la Terre, entre 300 000 et un demi-million de personnes se
succèdent pour emprunter une de nos adresses de connexion et notre cryptage
pour rester anonyme. " Nulle part le cryptage des communications sur le Web
n'est illégal. Mais les sites où télécharger les "anonymiseurs" sont
souvent interdits.
En Thaïlande, utiliser un " proxy " est même passible de prison. Ils
circulent quand même, sur clé USB ou disque, désormais concurrencés par
les réseaux privés virtuels (VPN), des passerelles encryptées, utilisées
par exemple par les multinationales pour communiquer en toute discrétion sur
le Web avec leurs filiales à l'étranger. La parade est si simple qu'Edwin
conclut, depuis Wenzhou : " Si on voulait vraiment lutter contre la
cybercensure, il suffirait d'investir quelques millions de dollars dans la
création massive de VPN, de distribuer les liens et mots de passe
gratuitement à tous les internautes. Et on en parlerait plus. "
C'est ce que fait déjà une association thaïlandaise, Freedom Against
Censorship Thailand (FACT), à son échelle, pour offrir une bouffée d'air
aux internautes du pays. Cinquante mille sites ont été fermés durant les
diverses convulsions politiques du pays, grâce à un cheval de Troie
législatif : le crime de lèse-majesté envers le roi Bhumibol. Ce délit est
tout sauf une plaisanterie (de trois à quinze ans de prison) et s'abat aussi
sur les ressortissants étrangers. Un écrivain australien et un journaliste
de la BBC ont goûté aux prisons thaïlandaises en son nom.
Le Web libre a beaucoup d'ennemis, mais de nouvelles légions d'alliés se
lèvent, qui font maintenant réfléchir les ministères de l'information :
les jeunes, pour qui la vie sans YouTube ou Facebook n'est plus concevable. Le
Web 2.0, celui des réseaux sociaux, des partages de photos, de vidéos et de
musique, fait régulièrement trébucher les censeurs avec des gaffes bien
trop visibles et très impopulaires. Sur ces gigantesques sites, où des
millions de personnes, de fichiers et de liens sont interconnectés, il n'est
pas simple d'isoler une seule vidéo, un seul profil, une conversation. Si la
Turquie avait su le faire, elle n'aurait bloqué qu'une vidéo " insultante "
pour l'icône nationale Ataturk, et non tout YouTube, et se serait épargné
la fureur des moins de 30 ans. A Tunis, le blocage intégral de Facebook en
septembre 2008 a, pour la première fois, ému la population. Chose inouïe :
la presse en a même parlé.
La dernière arme des internautes est l'humour, et il peut être ravageur. Le
ridicule tue toujours la crédibilité d'une politique. En Chine, depuis
février, une campagne "antivulgarités" musclée, pour un Web sans mots ou
photos crus, a contraint les FAI à présenter des excuses publiques au peuple
pour les "contenus indécents" et à javelliser des milliers de sites et de
réseaux sociaux.
En quelques jours, la riposte était prête. Une petite vidéo en ligne d'un
mouton alpaga pelucheux, avec chœurs d'enfants chantant à pleine voix la
gloire d'un animal mythique chinois, le "cheval de l'herbe et de la boue"
(www.youtube.com/watch?v=wKx1aenJK08) : en chinois, "mouton alpaga" signifie
aussi, à un ton près, "nique ta mère", tout comme "cheval de l'herbe et de
la boue". " He Xie " (harmonie, et donc censure) est très proche
phonétiquement de "crabe de rivière". Voici la chanson du mouton : le
"cheval de l'herbe et de la boue" (nique ta mère) vit dans le "désert Ma Le"
(" la chatte de ta mère"). Cette créature se bat contre les "crabes de
rivière" (harmonie/censure) afin de préserver ses "prairies" (homonyme
phonétique de "liberté d'expression"). Ce fut un nettoyage de printemps
très cru et très gai. Depuis, l'harmonie a repris ses droits, sur les
vivants comme sur les morts. Toute allusion aux enfants victimes du séisme
de Sichuan l'an dernier est immédiatement harmonisée.
Claire Ulrich
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alcibiade
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Posté le: Jeu Juil 23, 2009 12:18 pm Sujet du message:
Très intéressant, merci pour l'article.
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Tommy Angello
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Posté le: Mer Sep 16, 2009 00:36 am Sujet du message:
Hadopi V2.0 est passé comme sa première version par un vote téléguidé
après des débats inécoutés à l'assemblée. Il lui reste à passer devant
le conseil, seule baricade entre le prez et la monarchie.
Je propose d'inscrire dans la constitution que les lois n'aient plus besoin de
passer devant l'assemblée qu'en cas de cohabitation.
Pendant ce temps, odebi, un site militant contre cette loi est
mystérieusement piraté.
Comme la V1, sous couvert de sanctionner la culture gratuite le gouvernement
veut censurer l'internet pour éviter par exemple la récente affaire
horteufeu.
Le point positif: les députées ont été bosser. Ca les changent.
La rumeur dit qu'une v3 est en préparation. Mais ou s'arreterons t'ils?
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Aysthe
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Posté le: Ven Sep 25, 2009 21:28 pm Sujet du message:
Ils n'ont qu'a se mettre d'accord avec les maisons de disques, les artistes,
les internautes et pourquoi pas créer des forfaits pour telecharger
légalement. Un site nous permettrait de pouvoir telecharger legalement toute
la musique qu'on desire ...
(30euros/mois pour telecharger illimité moi je dis j'adhère de suite !)
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Tommy Angello
Administrateur


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Posté le: Ven Sep 25, 2009 22:05 pm Sujet du message:
La licence globale quoi. Je croit que le prix proposé était de loin
inférieur. Même moi qui jamais de ma vie n'achèterais 10 euros un truc qui
en vaut 3 y contribuerait surement... Selon comment seront utilisés les
fonds. On appelle ca la loi du marché.
Pour hadopi, on attend de voir ce que le CC fera. On a vu, à la surprise
générale d'internet qu'il n'etait pas corrompu. Espérons qu'il le soit
toujours. Ces gens sont capables de tout. Si a priori il n'y a pas lieu de
s'inquiéter, la seule chose qu'on peut faire c'est s'éviter une déception.
|
Gelmah de Rothmir
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Posté le: Sam Sep 26, 2009 02:28 am Sujet du message:
La licence global est l'une des solutions et qui plus est une solution du
XXI° siècle différente de la loi HADOPI digne du XIX°.
Le rapport préalable à la loi a été rédigé par Denis Olivennes, alors
directeur de la FNAC, le plus gros distributeur de biens culturels en France
(CD, DVD...) donc bonjour la compromission...
Elle protège l'industrie du disque et donc les Majors (Universal, Sony-BMG
...). Les "artistes" soutenant HADOPI sont ceux qui ne craignent pas la
pauvreté puisqu'ils sont millionaires !
|
Tommy Angello
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Posté le: Ven Oct 02, 2009 14:55 pm Sujet du message:
PCimpact a
écrit: | Exclu. La publication
du questionnaire Zelnik sur l’offre légale et la rémunération des
créateurs avait déjà provoqué un certain remous en début de semaine :
plusieurs acteurs concernés par le sujet avaient eu la surprise de découvrir
ce questionnaire qu’ils n’avaient pas reçu... et dont les réponses
étaient attendues pour certains dès le 28 septembre.
HADOPI 3 Zelnick ministère culture questions
Une autre douche froide attend ces déçus : dans la lettre du questionnaire,
il était dit qu’après la remise des réponses, une audition
s’enchaînerait. Selon nos informations, les auditions vont débuter dès la
semaine prochaine. Et tous ceux qui ont répondu à la mission Zelnik ne
seront pas nécessairement conviés puisque l’audition est dite «
sélective ». Les critères permettant de savoir qui sera entendu ou non ne
sont pas connus...
L’UFC Que Choisir, la Quadrature du Net, le collectif Pour le Cinéma et la
SAMUP avaient déjà dénoncé l’opacité de cette mission. Ils publiaient
ainsi la lettre de mission et le questionnaire, accompagnés de leurs
revendications, en tant que membres de la plateforme Création Public
Internet . Ces organismes demandent que tout le monde puisse apporter sa
contribution utile au débat. Ils réclament un questionnaire public, un
nouveau délai et des réponses publiques... Compte tenu de la proximité des
auditions, autant dire que leur appel est resté lettre morte.
Une procédure entravée ?
Édouard Barreiro, de l’UFC Que Choisir nous avoue : « on se pose des
questions. Beaucoup de gens n’ont pas été consultés comme des membres du
Snep ou des grands opérateurs Internet tout comme de grands acteurs du web.
Et en plus, on s’est rendu compte qu’il y avait des dates différentes
pour la remise du questionnaire. Sauf erreur, le délai le plus court est
tombé sur notre questionnaire ! Y a-t-il volonté d’éliminer les gens par
défaut, et d’entraver la procédure même de réponse ? » Ainsi, Daniel
Schneidermann, de (l’excellent) site Arrêt sur Images a été invité à
fournir ses réponses le 1er octobre. D’autres acteurs sont encore en train
de plancher sur leur réponse. L’UFC et la Quadrature ont, eux, dû rendre
leur réponse le 28 septembre, impérativement.
À ce jour, aucun des membres de la plateforme Création Public Internet n’a
été invité pour ces fameuses auditions. |
01 a
écrit: | Histoire de
contrecarrer les critiques évoquant l'aspect « tout répressif » des
projets de loi Hadopi 1 et Hadopi 2, le ministre de la Culture, Frédéric
Mitterrand, installait au début de ce mois de septembre 2009 une nouvelle
mission, dite « Création et Internet », chargée de proposer des solutions
pour développer l'attractivité de l'offre de téléchargement légal en
France.
Présidée par Patrick Zelnik, le PDG du label Naïve, elle a clôt lundi 28
septembre sa consultation des acteurs du secteur. Les critiques de certains
opposants à la loi Hadopi n'ont pas tardé à tomber. Les membres (1) de la
plate-forme Création, public, Internet (CPI) ont ainsi très vite publié un
communiqué, intitulé « Halte aux petits arrangements entre amis »,
dénonçant un « manque de transparence de cette commission qui n'a pas rendu
public le questionnaire envoyé et l'identité des personnes consultées ».
Par ailleurs, ils disent avoir constaté « lors d'échanges avec différents
acteurs du secteur, que beaucoup d'entre eux n'ont pas été en mesure de se
procurer ce questionnaire et certains, certes plus rares, n'en avaient pas
connaissance ». Selon Edouard Barreiro, chargé de mission au sein de
l'UFC-Que Choisir, « certains labels de musique n'ont même pas reçu le
questionnaire » (consultable ici).
Demande de report d'un mois
Autre point décrié : selon la lettre d'invitation à répondre, le
traitement des questionnaires est secret. « Quels types de propositions, non
assumés, peuvent défendre des acteurs ayant publiquement défendu Hadopi ?
», se demandent les membres de cette plate-forme, favorable à la licence
globale.
Au final, ces derniers craignent « que la mission Zelnik nous produise le
remake de la mission Olivennes, où seuls ceux ayant soutenu la mission ont
été conviés au round final ». L'UFC-Que Choisir dit avoit été
auditionnée à l'époque, mais « a ensuite disparu du rapport et n'a jamais
été sollicitée pour une éventuelle signature des fameux accords de
l'Elysée ». Edouard Barreiro se dit certain que « pas une ligne de notre
contribution ne se retrouvera dans le rapport final de la mission Zelnik ».
La plate-forme CPI demande donc que questionnaire et réponses soient rendus
publics, et que la clôture de la consultation soit repoussée d'un mois.
Histoire que ceux qui n'ont pas pu soumettre leur avis aient encore la
possibilité de le faire. Les membres de CPI ont mis en ligne leurs réponses.
« On espère que nombre d'autres contributions seront envoyées, pour pousser
la mission Zelnik à accepter le report de la fin de la consultation. »
(1) UFC-Que Choisir, la Quadrature du Net, Pour le cinéma et la fédération
Samup (union de syndicats des artistes interprètes créateurs et enseignants
de la musique, de la danse et de l'art dramatique de France).
|
C'est tellement gros que ca se passe de commentaire. Le seul a oser réunir
des personnes acquits à sa cause et prétendre à une légitimité a part les
ayants droits, c'est Ahmadinejad a propos d'un génocide.
Les résultats sont à peu de choses près connus d'avance: une
"participation" (pas impot, participation) obligatoire de 5 euros par mois
pour tout abonnement haut débit et à destination ... On sais pas ou ca va.
Vraisemblablement comme hadopi 1 et N°2 (H1N2) aux ayant-droits, c'est à
dire à des entreprises à but lucratif pourrissant de l'intérieur la
culture.
la réponse de Schneidermann, fort intéressante car il est producteur de
contenu mais connait internet.
arretsurimages a
écrit: | Figurez-vous que j'ai
reçu une lettre de Frédéric Mitterrand. Avec sa signature, et tout. Enfin,
plus précisément, j'ai reçu au courrier une lettre de MM. Jacques Toubon
(ancien ministre de la Culture), Patrick Zelnik (patron de Naïve, label de
Carlabruni), et Guillaume Cerutti (président de Sotheby's France). Laquelle
lettre des trois, est accompagnée d'une lettre de Mitterrand, leur confiant
mission de plein de choses, et notamment de m'envoyer leur lettre, à eux
(vous suivez ?)
Cette gentille correspondance était datée du 18 septembre, et me sommait de
répondre d'ici le 1 er octobre (date en gras) à neuf questions. Une rapide
lecture des neuf questions m'a vite permis de comprendre que l'on me
demandait, en dix jours, de contribuer à trouver la martingale de l'offre
culturelle légale sur Internet.
Dix jours. Il fallait faire vite. En même temps, je comprends. Albanel avait
toujours expliqué que cette offre légale, renouvelée, alléchante, moins
chère, et tout et tout, était la carotte du dispositif dont la Hadopi était
le bâton. La carotte, pour des raisons mystérieuses, ayant pris du retard
sur le bâton, le sprint s'impose à Mitterrand, et aux trois co-signataires.
Dix jours, donc, pour aider les trois missionnés à étonner Mitterrand.
Si je résume les neuf questions : comment faire payer les internautes, pour
consommer des biens immatériels, alors qu'ils peuvent jouir des mêmes biens
sans les payer ?
A quelques heures de l'échéance, dzim boum tagada, voici ma réponse :
Chers MM. Toubon, Zelnik et Cerutti, voici ce que m'évoquent vos neuf
questions, qui se ramènent à une : à quelles conditions l'internaute est-il
prêt à payer pour consommer des biens immatériels dont il peut disposer
gratuitement ?
Si vous voulez bien, je m'en tiendrai au domaine de l'information, que je
connais le moins mal.
Un premier scénario est envisageable : celui de l'organisation brutale,
massive et spectaculaire d'une pénurie. On pourrait l'appeler "scénario
Murdoch".
Rupert Murdoch, comme vous le savez, vient de décider de décider de passer
en mode payant tous les sites de ses (nombreux) journaux. Imaginons que
l'immense majorité des éditeurs de presse suivent son exemple, et le même
jour, à la même heure, basculent leurs sites en modèle payant. Du jour au
lendemain, d'une minute l'autre, terminée l'info gratuite.
Un tel effet de masse, de souffle, de raréfaction instantanée, pourrait bien
fracasser la fameuse "barrière psychologique", et conduire à des abonnements
de masse.
Mais ce n'est même pas certain. Parce qu'alors qu'ils ne pourraient plus
avoir accès au même bien sans payer, certains internautes continueraient
d'avoir l'impression de pouvoir. Prenons le lecteur de journaux papier
gratuits : sait-il que l'information qu'il consomme chaque matin est sans
commune mesure avec ce que lui propose un journal payant ? Le sait-il ? Non.
L'ersatz qui lui est distribué gratuitement par Bolloré ou ses homologues
fait illusion.
Donc, même en cas d'érection d'une muraille, plus ou moins poreuse,
protégeant le bien immatériel, puisqu'il est vraisemblable que les
internautes continueront à pouvoir jouir (musique) ou avoir l'impression de
jouir (information) des mêmes biens sans les payer, comment les amener à les
payer tout de même ?
En baissant les prix ? Evidemment. La part du prix qui ne va pas "dans la
poche de l'artiste" est une véritable obsession, pour l'internaute-client. Il
faudra faire de sérieux efforts sur les marges, et surtout pratiquer une
transparence absolue sur l'affectation des recettes. Quand il cliquera pour
payer un euro, l'internaute devra avoir sous les yeux le joli camembert
coloré qui lui indiquera exactement où va cet euro.
Mais cela ne réglera pas tout. A mes yeux, l'essentiel est ailleurs.
MM. Toubon, Zelnik, etc,si vous voulez amener l'internaute à payer un bien
immatériel, il faudra aussi (surtout) enrichir le bien culturel en question
d'un ingrédient magique.
Oui, magique.
Mais lequel ?
En musique, personnellement, je ne sais pas. Mais depuis quelques jours, nous
nous intéressons à la question, et avons ouvert un dossier, se proposant
d'explorer une voie originale : celle du don, qu'il soit totalement
désintéressé, ou s'apparente à un investissement, sur lequel l'internaute
attendrait un retour. Ce dossier est ici.
En information, puisque vous élargissez votre réflexion à la presse, mes
idées sont un peu plus précises. Depuis bientôt deux ans, je commence à
avoir une petite idée de ce qu'achètent nos abonnés, ici, quand ils
s'abonnent.
L'internaute-client a plusieurs exigences.
Commençons par le prix. Comme tous les clients, l'internaute ne souhaite pas
payer trop cher. Bien. Mais surtout, je vous le disais, il veut savoir où va
l'argent. Nous avons donc publié nos comptes.
Mais ce n'est pas, à mes yeux, l'essentiel.
D'abord, il faut que l'équivalent gratuit n'existe pas. Pour ce qui nous
concerne, la démonstration est faite : le travail que nous faisons ici, les
médias installés n'en ont pas voulu. Certes, de nombreux sites proposent des
articles, des vidéos, ayant traité à la critique des médias. Mais aucun
site professionnel, rédigé par des journalistes, et ayant les médias pour
objet central, n'est totalement indépendant de tous les médias, et de la
publicité.
Ensuite, l'internaute-client souhaite donner son argent à un visage, ou des
visages. Des visages familiers.
Et il souhaite avoir un rapport personnel, avec les bénéficiaires de son
financement.
Personnel et exclusif. Je m'entends. L'internaute-client admet parfaitement de
partager ce rapport exclusif avec des centaines, des milliers, des dizaines de
milliers, d'autres internautes. Mais à condition qu'ils soient tous sur un
pied d'égalité, c'est à dire : tous internautes. A condition que les
artistes qu'il va payer n'aillent pas aussi cachetonner chez Denisot, ni chez
Durand, ni nulle part. S'il les voit chez Denisot, dans les grosses machines
à promo, a fortiori chez Drucker, c'est à dire à portée de tout le monde,
même de ceux qui ne paient rien, il s'en sent dépossédé. Et le paiement de
ces artistes, qui appartiennent à "l'autre monde", cesse instantanément
d'être son problème individuel.
Attention, l'internaute-client n'est pas (majoritairement) un tyran. Il ne
souhaite pas nous (artistes comme journalistes) tenir la main, nous dicter
notre production. Il nous reconnait le droit de produire ce que nous
souhaitons produire, de suivre notre inspiration sur le choix des sujets
traités dans les articles et les émissions. Parfois, il n'adhère pas. Mais
ce n'est pas grave. Il nous pardonne de ne pas adhérer. Mais il ne nous
pardonnerait pas toute concession que nous ferions pour passer chez Denisot.
Ce que je viens d'esquisser, cela s'appelle un rapport de confiance. Et c'est
peut-être bien cela, l'ingrédient magique dont je vous parlais.
Et comment créer ce rapport de confiance avec l'internaute-client ? En le
traitant comme un partenaire, c'est à dire en lui faisant confiance les
premiers. Par exemple, en lui donnant le choix entre plusieurs tarifs, et en
lui expliquant les conditions dans lesquelles il peut payer un tarif, plutôt
qu'un autre. Ou encore, en n'installant de verrous que symboliques. Ici-même,
lors de la création de ce site, par exemple, nous avons eu le choix entre
deux systèmes de verrouillage. Un verrou très efficace, mais contraignant
pour les abonnés (en gros, rendant impossible de se connecter sur plusieurs
ordinateurs avec le même identifiant). Et un autre système, moins efficace,
mais moins contraignant pour l'abonné (on peut se connecter, avec le même
identifiant, sur autant d'ordinateurs qu'on le souhaite. Du coup, le
resquilleur potentiel peut refiler son identifiant à autant de copains qu'il
le souhaite, mais peut aussi facilement se connecter lui-même sur plusieurs
ordinateurs, au travail, à la maison, en voyage, etc). Nous avons choisi le
second système. Sans doute autorise-t-il une resquille, dont nous sommes
incapables d'évaluer l'ampleur. Mais nous préférons vivre dans cet
écosystème-là. En cherchant bien, je pourrais vous donner d'autres exemples
techniques.
MM. Zelnik, Toubon et Cerutti, il y a un premier pas dans la voie de la
création de ce rapport de confiance : permettre aux internautes de suivre vos
travaux. En direct. Sans filtre. Tant qu'ils se dérouleront dans le secret
d'un cabinet ministériel, vos travaux, je suis au regret de vous le dire,
seront frappés, aux yeux de l'internaute moyen, d'une sorte de vice de
fabrication.
Aussi, je viendrai volontiers discuter avec vous, si toutefois vous m'y
invitez, sous réserve que cette entrevue soit filmée, et diffusée en direct
sur le site que vous ne manquerez pas de créer à l'occasion.
Bien à vous. |
|
Invité
|
Posté le: Ven Oct 16, 2009 10:38 am Sujet du message:
Citation: | Le streaming écrase le
peer-to-peer : Hadopi dépassée
Les techniques de piratage évoluent plus vite que l'on pourrait le croire.
Après avoir utilisé pendant des années les réseaux d'échanges de fichiers
peer-to-peer (P2P, tels Naspter, eMule, BitTorrent, etc.), les internautes
semblent se tourner vers le streaming pour profiter de contenus sans les
payer. L'institut Arbor Networks a publié une étude qui montre que
l'utilisation du P2P "a fortement baissé durant les deux dernières années",
au profit du streaming notamment. La courbe le montre : le P2P pourrait
disparaître dans les prochains mois.
Le streaming consiste en la diffusion en direct d'un contenu (film, musique,
etc.), sans qu'il y ait à proprement parler d'enregistrement du fichier sur
l'ordinateur. Difficile, dans ce cas, de prouver la contrefaçon ou le
piratage. Pour l'internaute, c'est plus simple et plus rapide que le P2P,
puisque tous les contenus sont disponibles sans téléchargement préalable.
Il suffit de faire son choix et de cliquer sur "play" dans le navigateur, pour
commencer à regarder un film, par exemple. Toutefois, compte tenu des débits
parfois insuffisants, la qualité du son et/ou des images laisse souvent à
désirer. Rien à voir avec la qualité d'un DVD par exemple. Mais le
déploiement des réseaux de fibre optique devrait pallier cette faiblesse
dans les prochaines années pour une partie des internautes.
Hadopi, loi antipiratage qui a généré tant de polémiques en France , ne
tient absolument pas compte de cette évolution, pourtant prévisible, des
usages. Alors, la guerre contre le P2P tant espérée par l'industrie
culturelle est-elle déjà terminée, par abandon ? Peut-être. Mais la guerre
du piratage, elle, continue bel et bien, avec, comme toujours, deux longueurs
d'avance pour les pirates.
Du côté de l'offre légale, la même tendance se dessine : plutôt que de
télécharger un fichier, l'internaute préfère accéder à ses contenus en
streaming. Des sites parfaitement légaux existent, gratuits financés par la
publicité, ou payants. Mieux, ils contribuent largement à la croissance du
marché du téléchargement légal. Le ministre de la Culture, Frédéric
Mitterrand, avait d'ailleurs ironisé lors d'une conférence de presse .
Interrogé par lepoint.fr sur la prise en compte du streaming, "avenir du
piratage" selon la mission Zelnik, le ministre avait répondu que le streaming
était aussi "l'avenir du téléchargement légal". |
lepoint.fr
|
La Bête
Silver Mercure

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|
Posté le: Ven Oct 16, 2009 14:50 pm Sujet du message:
le streaming c'est quand même encore assez moche niveau qualité d'image...
il suffit pas tout simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le
film qu'ils contiennent ?
(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries techniques)
|
cherjirou
Super actif


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|
Posté le: Ven Oct 16, 2009 14:58 pm Sujet du message:
La Bête a
écrit: | le streaming c'est
quand même encore assez moche niveau qualité d'image... il suffit pas tout
simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le film qu'ils
contiennent ?
(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries
techniques) |
oui c'est vrai, heureusement de plus en plus de videos en streaming offrent le
choix d'un visionnage en qualité normale ou hd, la différence est flagrante
(surtout quand on visionne en plein écran, du coup ça ne pixellise pas)
|
Eponine
Madame Casse-Pieds

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Messages: 13631
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Posté le: Ven Oct 16, 2009 19:23 pm Sujet du message:
La Bête a
écrit: | le streaming c'est
quand même encore assez moche niveau qualité d'image... il suffit pas tout
simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le film qu'ils
contiennent ?
(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries
techniques) |
Le principe, c'est qu'ils te chopent PENDANT que tu télécharges, pas une
fois que tu es sagement déconnectée en train de regarder ton film.
Sinon, sur le streaming, je ne connais aucun site légal. La plupart ferme
régulièrement pour cause justement de non respect de la loi, parce qu'ils
sont menacés de poursuites. Bon, ça ne les empêche pas d'être recréé
quelques jours ou semaines plus tard, mais je suis assez surprise que ça
puisse être légal dans certains cas.
|
Invité
|
Posté le: Ven Oct 16, 2009 20:38 pm Sujet du message:
Eponine a
écrit: | je suis assez surprise
que ça puisse être légal dans certains cas. |
Oh si. Lorsque l'on paie pour voir.
|
Tommy Angello
Administrateur


Sexe: 
Inscrit le: 05 Sep 2006
Messages: 4354
Localisation: dans ton cpu
|
Posté le: Ven Oct 16, 2009 20:42 pm Sujet du message:
Ou lorsqu'ils sont en chine et que ca les fait bien rire les lois en europe.
C'est tout un fond de commerce les abonnements à ces sites. (qui sont plus
chère que la licence globale proposée et on un succès commercial
indéniable)
|
Invité
|
Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:01 pm Sujet du message:
La Bête a
écrit: | le streaming c'est
quand même encore assez moche niveau qualité d'image... il suffit pas tout
simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le film qu'ils
contiennent ?
(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries
techniques) |
Je me permets juste d'intervenir sur la qualité des fichiers en .avi qui ne
sont pas du tout négligeable quand on parle de streaming.
Je passe par Megaupload, en utilisant un lecteur web ( allostream ), je charge
le lien de téléchargement dans le lecteur, celui ci le lit et le charge sur
le lecteur et paf le film commence ( truc bien : film téléchargé dans les
fichiers temporaires durant le visionnage du film ! )
La qualité est nettement mieux que celle de youtube ou dailymotion. Encore,
j'ai un 15", c'est peut être la petitesse de l'écran qui joue dans cette
histoire de qualité.
|
Invité
|
Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:19 pm Sujet du message:
Warren a
écrit: | Encore, j'ai un 15",
c'est peut être la petitesse de l'écran qui joue dans cette histoire de
qualité.  |
Sans aucun doute. Tu ne savais pas que petit écran = petite résolution donc
image moins crade ?
|
Invité
|
Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:20 pm Sujet du message:
Le Mulet a
écrit: |
Warren a écrit: | Encore, j'ai un 15", c'est peut être la petitesse de l'écran
qui joue dans cette histoire de qualité.  |
Sans aucun doute. Tu ne savais pas que petit écran = petite résolution donc
image moins crade ? |
Sur le grand LCD, la qualité est identique avec des .avi
Tu m'expliques, alors ?!
|
Invité
|
Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:21 pm Sujet du message:
Warren a
écrit: | Sur le grand
LCD |
Qu'est-ce que tu baragouines ?
|
Spleenz
Suprème actif


Sexe: 
Inscrit le: 07 Oct 2009
Messages: 4136
|
Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:22 pm Sujet du message:
Et sinon Hadopi ça en ai ou ? Parce que je ne crois pas qu'Hadopi vende des
LCD. Comment faire pour contourner cette loi qui n'est apparemment pas encore
institué ?
|
Invité
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Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:23 pm Sujet du message:
Le Mulet a
écrit: |
Warren a écrit: | Sur le grand LCD |
Qu'est-ce que tu baragouines ? |
J'ai une télé grand format, la qualité ne varie pas plus que sur mon 15".
Donc ?!
C'est histoire de streaming et de qualité, c'est un truc de format?
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Invité
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Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:25 pm Sujet du message:
C'est que ton fichier est encodé en bonne qualité naturellement. Ou que ton
"grand" LCD produit une image de merde.
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