hadopi enterré ?


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Tommy Angello
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Message Posté le: Mer Juil 22, 2009 17:01 pm    Sujet du message:
Un petit topo intéressant sur l'état de la liberté de communication sur internet dans les dictatures et les "démocraties".


le monde a écrit:
Sur Internet, 1994-2004 a été l'ère des pionniers. 2004-2007 a été l'ère des marchands. Aujourd'hui s'ouvre l'ère des mé­chants. Partout dans le monde, les sites plongent dans le noir, les arrestations s'enchaînent, les peines de prison pleuvent. Le Web vient de fêter ses 20 ans. Personne ne le prenait au sérieux : c'est fini.

Nacer (tous les prénoms d'internautes cités dans cet article ont été modifiés) se souvient du premier ordinateur connecté à Internet à la bibliothèque nationale de Damas, en Syrie : un garde qui ne comprenait pas un mot d'anglais venait s'asseoir à côté de vous pendant la consultation, pour surveiller cette nouvelle nitro­glycérine. C'était le bon temps. Aujourd'hui, les Syriens surfent confortablement, depuis chez eux, sur un Web censuré. La cybercensure, le fichage des internautes ne sont pourtant pas l'affaire des seules dictatures.

L'Italie est en phase avec la Chine. La loi y oblige tous les cybercafés à scanner les papiers d'identité du moindre client. Au Kazakhstan, il est actuellement vivement conseillé de ne pas publier les mots " crise économique " sur Internet – le président ne le veut pas. C'est folklorique, face aux tests en cours en Australie, pour purger tout le Web local des " contenus numériques à caractère pédophile ". Tous les gouvernements sont angoissés par l'hydre Internet, mais chacun l'exprime selon sa ­culture. La Grande-Bretagne se prépare à surveiller et archiver toutes les communications électroniques, au nom de la lutte contre le terrorisme. En France, la confrontation Etat-internautes a lieu autour du téléchargement d'œuvres ­protégées. Quand la ­poussière retombe sur les champs de bataille législatifs, il reste un rapport de forces inégal : les Etats et les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) ont maintenant les moyens techniques pour repérer et rendre inaccessibles les sites qui fâchent, à l'échelle d'un pays. On dit alors que le Web est " filtré ".

LA PAGE INTROUVABLE, ERREUR 404

Le filtrage du Web s'annonce le plus souvent par le message : " Page introuvable ", familière à tous les internautes, libres ou surveillés. En jargon informatique, on l'appelle " page de l'erreur no 404 ". La page 404 a toujours posé problème. Une jolie légende technologique veut qu'aux débuts de la Toile, au Cern, en Suisse, les chercheurs, excédés d'aller sans cesse relancer un ­serveur défaillant installé dans le bureau no 404, aient attribué ce numéro d'erreur au défaut de connexion, en ­souvenir de cette pièce maudite. Vraie ou fausse, cette page d'erreur a en effet un mauvais karma.

A Oman, à Bahreïn, à Dubaï, la page de l'erreur 404 est franche du collier : vous serez redirigé vers un message vous informant, en anglais et en arabe, que le site que vous cherchez n'est pas autorisé dans le royaume. En Chine, la page 404 n'est assortie d'aucune explication, et elles sont inutiles : le site est censuré. Les soldats américains en Irak tombent dessus quand ils veulent consulter YouTube, interdit par l'US Army, depuis leur base. Ils n'ont pas ce problème depuis un cybercafé de Bagdad. En Algérie et en Egypte, elle signale réellement un problème technique : le Web n'y est pas filtré, même s'il est très policé. Elle apparaît si vous demandez depuis la Syrie un site dont l'adresse contient la terminaison " .il ", code d'Israël. Vous n'aurez en revanche aucun problème avec un site porno. Et en Tunisie, la page 404 est tout simplement factice. Une page Internet Explorer ou Firefox vous informe que votre connexion n'a pu aboutir. Seul un détail – le logo de Firefox alors que vous surfez avec le navigateur Internet Explorer, ou le contraire – permet de s'apercevoir qu'il s'agit d'une fausse page. Ce qui, en Tunisie, a lancé l'expression " une 404 bâchée " pour les pages censurées, clin d'œil à la camionnette Peugeot si populaire en Afrique. Et tous les internautes tunisiens de s'écrier en chœur : "Et son chauffeur s'appelle Ammar !" Ammar, comme la première lettre de l'ATI, l'Agence tunisienne de l'Internet, paravent du ministère de l'intérieur tunisien.

ESCALE TUNISIENNE

Lors d'une croisière en Censurie, la Tunisie mérite une escale : premier pays africain à avoir investi Internet, rutilante vitrine de l'informatisation des citoyens et des nouvelles technologies louée par Bill Gates (" Je suis époustouflé par la Tunisie "), cet Etat est à la pointe de la cybercensure. Dès 2000, dans une blogosphère encore déserte, il innovait en ­censurant sur son territoire le forum Takriz.org, ("ras-le-bol".org). La même année, son premier cyberdissident, Zouhair Yahyaoui, était arrêté dans un publitel (cybercafé) et condamné à dix-huit mois de prison pour avoir proposé un sondage sur son site, Tunezine : " La Tunisie est-elle un royaume, une république, un zoo, une prison ? "

Le mariage des technologies dernier cri de cybersurveillance et d'un Etat policier a engendré en dix ans une triste routine – cyberdissidents emprisonnés et blocage systématique des sites de la presse étrangère dès qu'un entrefilet déplaît. Lofti, un Tunisien qui vit en Europe, se souvient qu'il n'a jamais pu accéder au portail français Voila.fr lors d'un séjour au pays. Pourquoi ? A cause des dépêches AFP que le portail propose ? De photos trop sexy ? Les questions aussi sont mal vues. A noter : l'ATI, depuis ses débuts, est ­toujours dirigée par une femme. Khadija Ghariani, ­ingénieur Sup Telecom Paris promo 1984, Feriel Béji, docteur en intelligence artificielle, et Lamia Cheffai Sghaier, ingénieure en génie électrique, s'y sont succédé. En dissidence, on les surnomme les Ben Ali's Angels, une production locale sous-titrée : " A nous de vous faire détester Internet ! ". La Tunisie est aussi championne d'un certain cyberhumour.

" ECRIVEZ : “JI/AN/G ZE/MIN” "

L'autre grand ancien de la cybercensure est la Chine. On sait qu'une grande muraille virtuelle tient au large des yeux chinois des millions de sites étrangers, et aussi nationaux. Lire librement sur le Web n'est donc pas possible, mais les Chinois ne s'en plaignent pas trop, ils sont habitués. C'est écrire, converser en ligne qui les passionne. Et c'est l'" harmonisation " qui les énerve.




Pour ceux qui veulent la suite:

Depuis la décision du Parti communiste chinois de " construire " une " société harmonieuse ", en 2007, le Web n'est plus seulement censuré en Chine, il est " harmonisé ". Un filtre automatique ou une main invisible supprime un mot, un nom, une phrase, un commentaire, un blog ou un visuel qui déplaît. On dit alors : " J'ai été ­harmonisé ". Petite leçon par courriels interposés avec Edwin, interprète anglais-chinois, qui vit depuis longtemps à Wenzhou. " Prenons le nom de l'ex-président Jiang Zemin, celui de Tiananmen, qui a été minutieusement gommé du Web chinois. Si vous l'écrivez sur un blog ou un forum, parfois, il sera automatiquement remplacé par des étoiles ou par un blanc, ou bien vous ne pourrez pas envoyer le message. Ou alors, il sera effacé après publication. Mais il suffit d'avoir un peu de créativité. Ecrivez : “Ji/an/g Ze/min”, et le tour est joué… "
Les robots de censure ne comprennent pas les mots hachés, les périphrases, ou le double sens phonétique d'un idéogramme chinois. Quels sont ces fameux mots interdits qu'ils traquent ? Nul ne le sait hors du Parti, qui décide, et des FAI, qui font le ménage. Parfois, une liste piratée de mots prohibés fait surface sur le Web. La plus récente comprenait 1 041 mots (chinadigitaltimes.net/tag/banned-words), dont ceux-ci : sexe, Tibet, Fa lun gong [mouvement religieux interdit], Tiananmen, play-boy, fuck, multipartisme, indépendance Taïwan, police, s*****, corruption, torture, fonds publics, anus, Jésus-Christ, émeutes, insurrection, désastre aérien, 89, tyrannie, Corée du Nord, scrotum, dictature, pigeons, timeshare, pénitencier, Voice of America, soutien-gorge, finance à Genève, merde.

Même la Chine commence à avoir du mal à maîtriser ses 300 millions d'internautes remuants – la population des Etats-Unis – et leurs tsunamis de commentaires insolents qui polluent l'harmonie générale. Sinon, pourquoi aurait-elle recruté le " Gang des 50 centimes ", pour harmoniser les opinions sur le Web ? Ce mystérieux groupe a été ainsi baptisé car il est composé de moult petites mains anonymes qui sont censées être payées un demi-yuan (0,05 €, le prix d'un ticket de métro) par commentaire positif pour le régime publié sur les forums, les salons de chat, les blogs. Confirmation par ­courriel de notre homme à Wenzhou : " C'est assez facile de les repérer. Quand un profil ouvert le jour même sur un forum publie ­cinquante messages en une après-midi, on se doute que c'est l'un d'eux. " Certains intérimaires à court d'imagination laisseraient même des indices grossiers, tels des ­pseudonymes transparents : " Harmonie du matin ", " Harmonie du géranium ".

L'"OPTION JUNTE BIRMANE"

Tous les pays n'ont pas la conviction et l'inépuisable main-d'œuvre de l'industrie chinoise de la censure. Ils ont néanmoins un vaste choix de techniques à leur disposition. Complexités informatiques mises à part, le Web peut se comparer aux centraux téléphoniques. Pour censurer, le plus simple est encore de débrancher la prise qui relie le Web national au trafic mondial. C'est l'"option junte birmane", utilisée pendant les manifestations de 2007.

Une autre parade consiste à limiter la vitesse de connexion des particuliers. En Iran, le président Ahmadinejad a un blog, mais seul le gouvernement et le clergé ont accès au haut débit. Le commun des Iraniens se contente de 256 Ko/s, ce qui laisse peu de chance de télécharger des vidéos déshabillées ou des éloges de l'athéisme, de toute façon introuvables (pour mémoire, une connexion ADSL correcte en France a un débit dix fois supérieur).

Les censeurs peuvent aussi choisir de placer leurs ciseaux à l'interconnexion de leur Web national et de la Toile, comme ­l'Arabie saoudite, afin de tamiser commodément le vice et la vertu dans ce sas avant de libérer le trafic. Dans les techniques aujourd'hui considérées comme démodées, la Thaïlande pratique toujours le DNS poisoning, ou " empoisonnement d'adresses Internet ". Voilà pourquoi à Bangkok vous pouvez demander un article en ligne de la BBC et atterrir sur la page ­d'accueil d'un ministère local.

Mais pour les censeurs un peu modernes et prêts à investir, on n'en est plus là : la censure est sélective et souple, elle repère et bloque des sites ou noms de domaine en lançant des robots à la chasse de mots-clés ou de catégories entières de sites. Il faut, bien sûr, se munir de logiciels spécialisés. Des outils qui ressemblent aux logiciels de contrôle parental, élevés à la ­puissance un million, produisant les mêmes effets. Et dont les principaux fabricants sont occidentaux.

FILTRES " MADE IN USA "

Aux Etats-Unis s'épanouissent trois sociétés sérieuses, dont le chiffre d'affaires croît régulièrement : Secure Computing, Websense, Blue Coat. Leur spécialité est la sécurisation des réseaux d'entreprises et des intranets. Pour l'OpenNet Initiative, un institut de recherche commun aux universités de Harvard, Toronto, Cambridge et Oxford qui étudie la cybercensure, ce sont les trois principaux fournisseurs d'outils de filtrage aux gouvernements.

Vendre des outils de sécurité informatique n'a rien d'illégal. Sur la page de Smartfilter, le logiciel leader, on peut lire : " SmartFilter élimine du lieu de travail et de l'environnement éducatif tout contenu inap­proprié, limite la responsabilité juridique, gère la bande passante et assure une protection contre les risques de sécurité. " Les employés de bureau leur doivent l'interdiction de Facebook sur le lieu de travail, les bibliothèques ou écoles le filtrage des jeux, des casinos en ligne et des sites pornographiques. Mais vendre ces outils à des gouvernements dont on sait qu'ils ne sont pas portés sur les droits de l'homme, comme par exemple l'Iran et l'Arabie saoudite ? Secure Computing a toujours nié ces contrats, accusant même l'Iran d'avoir " acquis illégalement " ses logiciels.

Helmi Noman, chercheur à Harvard chargé du Moyen-Orient pour l'OpenNet Initiative, persiste à reconnaître l'empreinte de ces spécialistes du filtrage lors des tests que l'organisation conduit régulièrement depuis tous les pays du monde. Si ce ne sont pas eux, ce sont leurs partenaires : ces outils sont aussi distribués via les plus grands noms de l'industrie informatique, Microsoft, Sun, Cisco, McAfee, Dell. L'émirat de Bahreïn semble avoir fait quelques emplettes, dernièrement.

A BAHREÏN, UNE RÈGLE SIMPLE : ON NE PARLE PAS DE L'ÉMIR

Dans ce petit Etat du Golfe, décrit par les expatriés comme " plutôt cool ", la règle était simple et courte : on ne parle pas de l'émir. Depuis janvier, Bahreïn est passé à la vitesse supérieure. Ahmed est ingénieur informatique à Manama, la capitale ; il a connu la censure ancienne manière, et nouvelle manière. Il aime le risque : un de ses loisirs depuis dix ans est de publier un blog d'informations locales, ce qui lui vaut régulièrement des ennuis. Les plus graves, en 2005, se sont soldés par quinze jours de garde à vue pour avoir publié une photo du fils de l'émir en train de sabler le champagne à l'arrivée d'une course de formule 1. Autrefois, son blog était grossièrement censuré, de façon facile à contourner. Depuis janvier, et un décret qui promet de nettoyer le Web des éléments " contraires à sa culture " (porno­graphie, atteintes à la religion), c'est tout le Web du royaume qui est paralysé.

Selon Ahmed, jusqu'à 40 % des sites sont inaccessibles à Bahreïn, y compris des publicités, des blogs de cuisine, le traducteur automatique Google Translate et des sites techniques d'ingénierie. A tel point que les sociétés étrangères se sont plaintes : elles ne peuvent plus travailler.

Que s'est-il passé ? Un grand classique, que Helmi Noman a souvent remarqué quand un Etat décide de s'équiper. Dépassés par la puissance des logiciels de filtrage que le gouvernement leur a payés et imposés, les FAI combinent des catastrophes. Eux, ou les informaticiens du palais, n'ont pourtant pas fait d'erreurs avec une catégorie de sites bahreïnis. Depuis janvier, tous les sites et blogs chiites, pourtant peu enclins à la pornographie, ont disparu de la surface du royaume sunnite. Ahmed est chiite. Il continue à ­alimenter son blog en douce pour ses lecteurs à l'étranger et se demande si, la prochaine fois, à l'aéroport, il pourra quitter le pays.

Depuis Doha, au Qatar, où il donne une conférence, Helmi Noman met en garde contre ces outils de filtrage à double fond. " Les sociétés occidentales vendent aux FAI non seulement des logiciels pour filtrer, mais aussi des décisions sur la liberté d'expression. " Le pack censure comprend des outils ainsi qu'une base de données de 20 millions de sites, et des mises à jour régulièrement proposées par téléchargement, à la manière des logiciels antivirus. SmartFilter classe ces sites en 91 catégories. Au client de cocher la catégorie qu'il souhaite interdire. " Quand un fournisseur d'accès achète SmartFilter, il achète 20 millions de décisions et 91 catégorisations qui peuvent être erronées. "

Les " erreurs " sont assez fréquentes, selon les relevés de Helmi Noman. Le jour où des sites aussi différents qu'Orkut (un réseau social très populaire en Inde et au Brésil), Last.fm (musique en ligne), LiveJournal (première plateforme de blogs dans l'ex-URSS) et Twitter (micro-blogs) ont été étiquetés, on ne sait pourquoi, " sites de rencontres ", il est devenu temporairement impossible d'y accéder depuis différents coins de la planète. En avril 2007, le site de vidéos Dailymotion est passé pendant quelques jours en catégorie V4 (pornographie). Les internautes à Oman, au Yémen, et en Tunisie en ont fait les frais : adieu, Dailymotion. La base de données dont se nourrissent les filtres est consultable en ligne (www.trustedsource.org/urlcheck). Elle est collaborative. Chacun, société, particulier, ou ligue de vertu de toute religion, peut y signaler un site et l'étiqueter selon ses convictions, depuis le monde entier, ­anonymement.

La société Secure Computing ne connaît pas la récession. Elle vient d'être rachetée par le géant de l'antivirus, Mc­Afee, pour 465 millions de dollars (environ 350 millions d'euros). La nouvelle direction accueille avec philosophie toute question sur la cybersurveillance d'Etat : " Les gouvernements qui sont nos clients peuvent utiliser toutes les catégories [que nous fournissons] pour façonner l'Internet selon leurs besoins culturels. McAfee n'a aucun contrôle ni visibilité sur la façon dont une organisation met en place sa propre politique de ­filtrage. " Soyons justes : l'Europe n'est pas en reste. La société Siemens propose un catalogue de procédés d'interception et de surveillance des communications. La Chine est l'un de ses grands comptes.

RIPOSTE TECHNOLOGIQUE

Personne ne souhaite une Toile mitée de pédophiles, de terroristes et de fraudeurs. Mais l'exemple parfaitement démo­cratique de l'Australie et de sa coûteuse offensive contre la pédophilie en ligne (budget : 125 millions de dollars australiens sur quatre ans, environ 70 millions d'euros) débute par un sinistre amateurisme. En mars, durant les tests de filtrage, la liste noire et ultrasecrète des 2 395 sites pédophiles bloqués a atterri sur le site d'indiscrétions WikiLeaks. Heureusement. La fuite a révélé que la moitié seulement répondait à ce critère. Très regrettables erreurs : les sites d'un cabinet dentaire, d'une pension pour chiens, d'une agence de voyages y figuraient aussi.

Pour élaborer sa liste noire, le gouvernement australien – comme d'autres – s'est appuyé sur les informations de l'Internet Watch Foundation (IWF), une association britannique basée à Cambridge qui compile les signalements en ligne de sites pédophiles depuis 1995. L'IWF fait partie d'une fédération de vingt associations similaires autour du monde, subventionnées principalement par les opérateurs du secteur Internet. Elle a pris peu à peu, sans contrôle et sans autres références que sa bonne foi, la place du gendarme des pédophiles auprès des autorités. En décembre dernier, un signalement de l'IWF a abouti à la censure en Grande-Bretagne de la page Wikipédia de Virgin Killer, disque du groupe de hard rock allemand Scorpions. La pochette de ce vieil album, qui n'a jamais fait l'objet de poursuites judiciaires, représente une adolescente nue.

Le Web n'a pas de gouvernement central ni de loi universelle, de Croix-Rouge ou de représentation à l'ONU. Chaque internaute est seul face aux humeurs législatives de son pays. Tout juste peut-il compter, en cas de pépin, sur quelques organisations de défense de la liberté d'expression, une cause élégante mais de luxe par temps de récession. Une fois de plus, la riposte est surtout technologique, et c'est l'internationale des internautes qui vient à la rescousse. En Iran, le photographe Hamed Saber a développé seul un petit outil pour contourner le blocage du site de photos Flickr, qu'il a mis à la disposition de la communauté. Le Berkman Center, à Harvard, vient de lancer Herdict.org, un site d'où chacun peut signaler un site inaccessible depuis son pays, pour obtenir des données en temps réels sur les angles morts de la Toile.

L'ARME DE L'HUMOUR

Parce qu'ils sont bien informés, Edwin en Chine et Ahmed aux Emirats peuvent lire et écrire ce qui leur plaît, tout en restant invisibles sur l'écran de contrôle des censeurs. Ils utilisent un " proxy anonymiseur ", nom barbare d'un outil de cryptage qui permet d'emprunter discrètement l'adresse d'un autre ordinateur, quelque part dans le monde, le temps de se retrouver en haute mer, sur le Web non censuré. Ils s'appellent Ultrareach, Psiphon, TOR, Dynaweb, Anonymizer, et sont disponibles par téléchargement.

L'un des plus populaires et des plus militants est actuellement TOR. En 2001, l'US Navy mettait dans le domaine public un de ses outils d'encryptage des communications. Robert Dingledine, alors étudiant au MIT, a les cheveux longs et les petites lunettes rondes des militants du logiciel libre. C'est lui qui a décidé de l'adapter au Web et de le diffuser gratuitement. TOR, géré aux Etats-unis par une association à but non lucratif, a déjà été téléchargé des millions de fois. " On ne sait pas d'où, nous ne sauvegardons aucune donnée. Mais on peut estimer qu'à tout moment d'une journée, autour de la Terre, entre 300 000 et un demi-million de personnes se succèdent pour emprunter une de nos adresses de connexion et notre cryptage pour rester anonyme. " Nulle part le cryptage des communications sur le Web n'est illégal. Mais les sites où télécharger les "anonymiseurs" sont souvent interdits.

En Thaïlande, utiliser un " proxy " est même passible de prison. Ils circulent quand même, sur clé USB ou disque, désormais concurrencés par les réseaux privés virtuels (VPN), des passerelles encryptées, utilisées par exemple par les multinationales pour communiquer en toute discrétion sur le Web avec leurs filiales à l'étranger. La parade est si simple qu'Edwin conclut, depuis Wenzhou : " Si on voulait vraiment lutter contre la cybercensure, il suffirait d'investir quelques millions de dollars dans la création massive de VPN, de distribuer les liens et mots de passe gratuitement à tous les internautes. Et on en parlerait plus. "

C'est ce que fait déjà une association thaïlandaise, Freedom Against Censorship Thailand (FACT), à son échelle, pour offrir une bouffée d'air aux internautes du pays. Cinquante mille sites ont été fermés durant les diverses convulsions politiques du pays, grâce à un cheval de Troie législatif : le crime de lèse-majesté envers le roi Bhumibol. Ce délit est tout sauf une plaisanterie (de trois à quinze ans de prison) et s'abat aussi sur les ­ressortissants étrangers. Un écrivain australien et un journaliste de la BBC ont goûté aux prisons thaïlandaises en son nom.

Le Web libre a beaucoup d'ennemis, mais de nouvelles légions d'alliés se lèvent, qui font maintenant réfléchir les ministères de l'information : les jeunes, pour qui la vie sans YouTube ou Facebook n'est plus concevable. Le Web 2.0, celui des réseaux sociaux, des partages de photos, de vidéos et de musique, fait régulièrement ­trébucher les censeurs avec des gaffes bien trop visibles et très impopulaires. Sur ces gigantesques sites, où des millions de personnes, de fichiers et de liens sont interconnectés, il n'est pas simple d'isoler une seule vidéo, un seul profil, une conversation. Si la Turquie avait su le faire, elle n'aurait bloqué qu'une vidéo " insultante " pour l'icône nationale Ataturk, et non tout YouTube, et se serait épargné la fureur des moins de 30 ans. A Tunis, le blocage intégral de Facebook en septembre 2008 a, pour la première fois, ému la population. Chose inouïe : la presse en a même parlé.

La dernière arme des internautes est l'humour, et il peut être ravageur. Le ridicule tue toujours la crédibilité d'une politique. En Chine, depuis février, une campagne "antivulgarités" musclée, pour un Web sans mots ou photos crus, a contraint les FAI à présenter des excuses publiques au peuple pour les "contenus indécents" et à javelliser des milliers de sites et de réseaux sociaux.

En quelques jours, la riposte était prête. Une petite vidéo en ligne d'un mouton alpaga pelucheux, avec chœurs d'enfants chantant à pleine voix la gloire d'un animal mythique chinois, le "cheval de l'herbe et de la boue" (www.youtube.com/watch?v=wKx1aenJK08) : en chinois, "mouton alpaga" signifie aussi, à un ton près, "nique ta mère", tout comme "cheval de l'herbe et de la boue". " He Xie " (harmonie, et donc censure) est très proche phonétiquement de "crabe de rivière". Voici la chanson du mouton : le "cheval de l'herbe et de la boue" (nique ta mère) vit dans le "désert Ma Le" (" la chatte de ta mère"). Cette créature se bat contre les "crabes de rivière" (harmonie/censure) afin de préserver ses "prairies" (homonyme phonétique de "liberté d'expression"). Ce fut un nettoyage de printemps très cru et très gai. Depuis, l'harmonie a repris ses droits, sur les vivants comme sur les morts. Toute allusion aux enfants ­victimes du séisme de Sichuan l'an dernier est immédiatement harmonisée.

Claire Ulrich
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Message Posté le: Jeu Juil 23, 2009 12:18 pm    Sujet du message:
Très intéressant, merci pour l'article.
Tommy Angello
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Message Posté le: Mer Sep 16, 2009 00:36 am    Sujet du message:
Hadopi V2.0 est passé comme sa première version par un vote téléguidé après des débats inécoutés à l'assemblée. Il lui reste à passer devant le conseil, seule baricade entre le prez et la monarchie.

Je propose d'inscrire dans la constitution que les lois n'aient plus besoin de passer devant l'assemblée qu'en cas de cohabitation.

Pendant ce temps, odebi, un site militant contre cette loi est mystérieusement piraté.

Comme la V1, sous couvert de sanctionner la culture gratuite le gouvernement veut censurer l'internet pour éviter par exemple la récente affaire horteufeu.

Le point positif: les députées ont été bosser. Ca les changent.

La rumeur dit qu'une v3 est en préparation. Mais ou s'arreterons t'ils?
Aysthe
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Message Posté le: Ven Sep 25, 2009 21:28 pm    Sujet du message:
Ils n'ont qu'a se mettre d'accord avec les maisons de disques, les artistes, les internautes et pourquoi pas créer des forfaits pour telecharger légalement. Un site nous permettrait de pouvoir telecharger legalement toute la musique qu'on desire ...

(30euros/mois pour telecharger illimité moi je dis j'adhère de suite !)
Tommy Angello
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Message Posté le: Ven Sep 25, 2009 22:05 pm    Sujet du message:
La licence globale quoi. Je croit que le prix proposé était de loin inférieur. Même moi qui jamais de ma vie n'achèterais 10 euros un truc qui en vaut 3 y contribuerait surement... Selon comment seront utilisés les fonds. On appelle ca la loi du marché.

Pour hadopi, on attend de voir ce que le CC fera. On a vu, à la surprise générale d'internet qu'il n'etait pas corrompu. Espérons qu'il le soit toujours. Ces gens sont capables de tout. Si a priori il n'y a pas lieu de s'inquiéter, la seule chose qu'on peut faire c'est s'éviter une déception.
Gelmah de Rothmir
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Message Posté le: Sam Sep 26, 2009 02:28 am    Sujet du message:
La licence global est l'une des solutions et qui plus est une solution du XXI° siècle différente de la loi HADOPI digne du XIX°.
Le rapport préalable à la loi a été rédigé par Denis Olivennes, alors directeur de la FNAC, le plus gros distributeur de biens culturels en France (CD, DVD...) donc bonjour la compromission...
Elle protège l'industrie du disque et donc les Majors (Universal, Sony-BMG ...). Les "artistes" soutenant HADOPI sont ceux qui ne craignent pas la pauvreté puisqu'ils sont millionaires !
Tommy Angello
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Message Posté le: Ven Oct 02, 2009 14:55 pm    Sujet du message:
PCimpact a écrit:
Exclu. La publication du questionnaire Zelnik sur l’offre légale et la rémunération des créateurs avait déjà provoqué un certain remous en début de semaine : plusieurs acteurs concernés par le sujet avaient eu la surprise de découvrir ce questionnaire qu’ils n’avaient pas reçu... et dont les réponses étaient attendues pour certains dès le 28 septembre.

HADOPI 3 Zelnick ministère culture questions

Une autre douche froide attend ces déçus : dans la lettre du questionnaire, il était dit qu’après la remise des réponses, une audition s’enchaînerait. Selon nos informations, les auditions vont débuter dès la semaine prochaine. Et tous ceux qui ont répondu à la mission Zelnik ne seront pas nécessairement conviés puisque l’audition est dite « sélective ». Les critères permettant de savoir qui sera entendu ou non ne sont pas connus...

L’UFC Que Choisir, la Quadrature du Net, le collectif Pour le Cinéma et la SAMUP avaient déjà dénoncé l’opacité de cette mission. Ils publiaient ainsi la lettre de mission et le questionnaire, accompagnés de leurs revendications, en tant que membres de la plateforme Création Public Internet . Ces organismes demandent que tout le monde puisse apporter sa contribution utile au débat. Ils réclament un questionnaire public, un nouveau délai et des réponses publiques... Compte tenu de la proximité des auditions, autant dire que leur appel est resté lettre morte.

Une procédure entravée ?

Édouard Barreiro, de l’UFC Que Choisir nous avoue : « on se pose des questions. Beaucoup de gens n’ont pas été consultés comme des membres du Snep ou des grands opérateurs Internet tout comme de grands acteurs du web. Et en plus, on s’est rendu compte qu’il y avait des dates différentes pour la remise du questionnaire. Sauf erreur, le délai le plus court est tombé sur notre questionnaire ! Y a-t-il volonté d’éliminer les gens par défaut, et d’entraver la procédure même de réponse ? » Ainsi, Daniel Schneidermann, de (l’excellent) site Arrêt sur Images a été invité à fournir ses réponses le 1er octobre. D’autres acteurs sont encore en train de plancher sur leur réponse. L’UFC et la Quadrature ont, eux, dû rendre leur réponse le 28 septembre, impérativement.

À ce jour, aucun des membres de la plateforme Création Public Internet n’a été invité pour ces fameuses auditions.


01 a écrit:
Histoire de contrecarrer les critiques évoquant l'aspect « tout répressif » des projets de loi Hadopi 1 et Hadopi 2, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, installait au début de ce mois de septembre 2009 une nouvelle mission, dite « Création et Internet », chargée de proposer des solutions pour développer l'attractivité de l'offre de téléchargement légal en France.

Présidée par Patrick Zelnik, le PDG du label Naïve, elle a clôt lundi 28 septembre sa consultation des acteurs du secteur. Les critiques de certains opposants à la loi Hadopi n'ont pas tardé à tomber. Les membres (1) de la plate-forme Création, public, Internet (CPI) ont ainsi très vite publié un communiqué, intitulé « Halte aux petits arrangements entre amis », dénonçant un « manque de transparence de cette commission qui n'a pas rendu public le questionnaire envoyé et l'identité des personnes consultées ».

Par ailleurs, ils disent avoir constaté « lors d'échanges avec différents acteurs du secteur, que beaucoup d'entre eux n'ont pas été en mesure de se procurer ce questionnaire et certains, certes plus rares, n'en avaient pas connaissance ». Selon Edouard Barreiro, chargé de mission au sein de l'UFC-Que Choisir, « certains labels de musique n'ont même pas reçu le questionnaire » (consultable ici).
Demande de report d'un mois

Autre point décrié : selon la lettre d'invitation à répondre, le traitement des questionnaires est secret. « Quels types de propositions, non assumés, peuvent défendre des acteurs ayant publiquement défendu Hadopi ? », se demandent les membres de cette plate-forme, favorable à la licence globale.

Au final, ces derniers craignent « que la mission Zelnik nous produise le remake de la mission Olivennes, où seuls ceux ayant soutenu la mission ont été conviés au round final ». L'UFC-Que Choisir dit avoit été auditionnée à l'époque, mais « a ensuite disparu du rapport et n'a jamais été sollicitée pour une éventuelle signature des fameux accords de l'Elysée ». Edouard Barreiro se dit certain que « pas une ligne de notre contribution ne se retrouvera dans le rapport final de la mission Zelnik ».

La plate-forme CPI demande donc que questionnaire et réponses soient rendus publics, et que la clôture de la consultation soit repoussée d'un mois. Histoire que ceux qui n'ont pas pu soumettre leur avis aient encore la possibilité de le faire. Les membres de CPI ont mis en ligne leurs réponses. « On espère que nombre d'autres contributions seront envoyées, pour pousser la mission Zelnik à accepter le report de la fin de la consultation. »

(1) UFC-Que Choisir, la Quadrature du Net, Pour le cinéma et la fédération Samup (union de syndicats des artistes interprètes créateurs et enseignants de la musique, de la danse et de l'art dramatique de France).


C'est tellement gros que ca se passe de commentaire. Le seul a oser réunir des personnes acquits à sa cause et prétendre à une légitimité a part les ayants droits, c'est Ahmadinejad a propos d'un génocide.

Les résultats sont à peu de choses près connus d'avance: une "participation" (pas impot, participation) obligatoire de 5 euros par mois pour tout abonnement haut débit et à destination ... On sais pas ou ca va. Vraisemblablement comme hadopi 1 et N°2 (H1N2) aux ayant-droits, c'est à dire à des entreprises à but lucratif pourrissant de l'intérieur la culture.

la réponse de Schneidermann, fort intéressante car il est producteur de contenu mais connait internet.

arretsurimages a écrit:
Figurez-vous que j'ai reçu une lettre de Frédéric Mitterrand. Avec sa signature, et tout. Enfin, plus précisément, j'ai reçu au courrier une lettre de MM. Jacques Toubon (ancien ministre de la Culture), Patrick Zelnik (patron de Naïve, label de Carlabruni), et Guillaume Cerutti (président de Sotheby's France). Laquelle lettre des trois, est accompagnée d'une lettre de Mitterrand, leur confiant mission de plein de choses, et notamment de m'envoyer leur lettre, à eux (vous suivez ?)


Cette gentille correspondance était datée du 18 septembre, et me sommait de répondre d'ici le 1 er octobre (date en gras) à neuf questions. Une rapide lecture des neuf questions m'a vite permis de comprendre que l'on me demandait, en dix jours, de contribuer à trouver la martingale de l'offre culturelle légale sur Internet.

Dix jours. Il fallait faire vite. En même temps, je comprends. Albanel avait toujours expliqué que cette offre légale, renouvelée, alléchante, moins chère, et tout et tout, était la carotte du dispositif dont la Hadopi était le bâton. La carotte, pour des raisons mystérieuses, ayant pris du retard sur le bâton, le sprint s'impose à Mitterrand, et aux trois co-signataires.

Dix jours, donc, pour aider les trois missionnés à étonner Mitterrand.

Si je résume les neuf questions : comment faire payer les internautes, pour consommer des biens immatériels, alors qu'ils peuvent jouir des mêmes biens sans les payer ?

A quelques heures de l'échéance, dzim boum tagada, voici ma réponse :

Chers MM. Toubon, Zelnik et Cerutti, voici ce que m'évoquent vos neuf questions, qui se ramènent à une : à quelles conditions l'internaute est-il prêt à payer pour consommer des biens immatériels dont il peut disposer gratuitement ?

Si vous voulez bien, je m'en tiendrai au domaine de l'information, que je connais le moins mal.

Un premier scénario est envisageable : celui de l'organisation brutale, massive et spectaculaire d'une pénurie. On pourrait l'appeler "scénario Murdoch".

Rupert Murdoch, comme vous le savez, vient de décider de décider de passer en mode payant tous les sites de ses (nombreux) journaux. Imaginons que l'immense majorité des éditeurs de presse suivent son exemple, et le même jour, à la même heure, basculent leurs sites en modèle payant. Du jour au lendemain, d'une minute l'autre, terminée l'info gratuite.

Un tel effet de masse, de souffle, de raréfaction instantanée, pourrait bien fracasser la fameuse "barrière psychologique", et conduire à des abonnements de masse.

Mais ce n'est même pas certain. Parce qu'alors qu'ils ne pourraient plus avoir accès au même bien sans payer, certains internautes continueraient d'avoir l'impression de pouvoir. Prenons le lecteur de journaux papier gratuits : sait-il que l'information qu'il consomme chaque matin est sans commune mesure avec ce que lui propose un journal payant ? Le sait-il ? Non. L'ersatz qui lui est distribué gratuitement par Bolloré ou ses homologues fait illusion.

Donc, même en cas d'érection d'une muraille, plus ou moins poreuse, protégeant le bien immatériel, puisqu'il est vraisemblable que les internautes continueront à pouvoir jouir (musique) ou avoir l'impression de jouir (information) des mêmes biens sans les payer, comment les amener à les payer tout de même ?

En baissant les prix ? Evidemment. La part du prix qui ne va pas "dans la poche de l'artiste" est une véritable obsession, pour l'internaute-client. Il faudra faire de sérieux efforts sur les marges, et surtout pratiquer une transparence absolue sur l'affectation des recettes. Quand il cliquera pour payer un euro, l'internaute devra avoir sous les yeux le joli camembert coloré qui lui indiquera exactement où va cet euro.

Mais cela ne réglera pas tout. A mes yeux, l'essentiel est ailleurs.

MM. Toubon, Zelnik, etc,si vous voulez amener l'internaute à payer un bien immatériel, il faudra aussi (surtout) enrichir le bien culturel en question d'un ingrédient magique.

Oui, magique.

Mais lequel ?

En musique, personnellement, je ne sais pas. Mais depuis quelques jours, nous nous intéressons à la question, et avons ouvert un dossier, se proposant d'explorer une voie originale : celle du don, qu'il soit totalement désintéressé, ou s'apparente à un investissement, sur lequel l'internaute attendrait un retour. Ce dossier est ici.

En information, puisque vous élargissez votre réflexion à la presse, mes idées sont un peu plus précises. Depuis bientôt deux ans, je commence à avoir une petite idée de ce qu'achètent nos abonnés, ici, quand ils s'abonnent.

L'internaute-client a plusieurs exigences.

Commençons par le prix. Comme tous les clients, l'internaute ne souhaite pas payer trop cher. Bien. Mais surtout, je vous le disais, il veut savoir où va l'argent. Nous avons donc publié nos comptes.



Mais ce n'est pas, à mes yeux, l'essentiel.

D'abord, il faut que l'équivalent gratuit n'existe pas. Pour ce qui nous concerne, la démonstration est faite : le travail que nous faisons ici, les médias installés n'en ont pas voulu. Certes, de nombreux sites proposent des articles, des vidéos, ayant traité à la critique des médias. Mais aucun site professionnel, rédigé par des journalistes, et ayant les médias pour objet central, n'est totalement indépendant de tous les médias, et de la publicité.

Ensuite, l'internaute-client souhaite donner son argent à un visage, ou des visages. Des visages familiers.

Et il souhaite avoir un rapport personnel, avec les bénéficiaires de son financement.

Personnel et exclusif. Je m'entends. L'internaute-client admet parfaitement de partager ce rapport exclusif avec des centaines, des milliers, des dizaines de milliers, d'autres internautes. Mais à condition qu'ils soient tous sur un pied d'égalité, c'est à dire : tous internautes. A condition que les artistes qu'il va payer n'aillent pas aussi cachetonner chez Denisot, ni chez Durand, ni nulle part. S'il les voit chez Denisot, dans les grosses machines à promo, a fortiori chez Drucker, c'est à dire à portée de tout le monde, même de ceux qui ne paient rien, il s'en sent dépossédé. Et le paiement de ces artistes, qui appartiennent à "l'autre monde", cesse instantanément d'être son problème individuel.

Attention, l'internaute-client n'est pas (majoritairement) un tyran. Il ne souhaite pas nous (artistes comme journalistes) tenir la main, nous dicter notre production. Il nous reconnait le droit de produire ce que nous souhaitons produire, de suivre notre inspiration sur le choix des sujets traités dans les articles et les émissions. Parfois, il n'adhère pas. Mais ce n'est pas grave. Il nous pardonne de ne pas adhérer. Mais il ne nous pardonnerait pas toute concession que nous ferions pour passer chez Denisot.

Ce que je viens d'esquisser, cela s'appelle un rapport de confiance. Et c'est peut-être bien cela, l'ingrédient magique dont je vous parlais.

Et comment créer ce rapport de confiance avec l'internaute-client ? En le traitant comme un partenaire, c'est à dire en lui faisant confiance les premiers. Par exemple, en lui donnant le choix entre plusieurs tarifs, et en lui expliquant les conditions dans lesquelles il peut payer un tarif, plutôt qu'un autre. Ou encore, en n'installant de verrous que symboliques. Ici-même, lors de la création de ce site, par exemple, nous avons eu le choix entre deux systèmes de verrouillage. Un verrou très efficace, mais contraignant pour les abonnés (en gros, rendant impossible de se connecter sur plusieurs ordinateurs avec le même identifiant). Et un autre système, moins efficace, mais moins contraignant pour l'abonné (on peut se connecter, avec le même identifiant, sur autant d'ordinateurs qu'on le souhaite. Du coup, le resquilleur potentiel peut refiler son identifiant à autant de copains qu'il le souhaite, mais peut aussi facilement se connecter lui-même sur plusieurs ordinateurs, au travail, à la maison, en voyage, etc). Nous avons choisi le second système. Sans doute autorise-t-il une resquille, dont nous sommes incapables d'évaluer l'ampleur. Mais nous préférons vivre dans cet écosystème-là. En cherchant bien, je pourrais vous donner d'autres exemples techniques.

MM. Zelnik, Toubon et Cerutti, il y a un premier pas dans la voie de la création de ce rapport de confiance : permettre aux internautes de suivre vos travaux. En direct. Sans filtre. Tant qu'ils se dérouleront dans le secret d'un cabinet ministériel, vos travaux, je suis au regret de vous le dire, seront frappés, aux yeux de l'internaute moyen, d'une sorte de vice de fabrication.

Aussi, je viendrai volontiers discuter avec vous, si toutefois vous m'y invitez, sous réserve que cette entrevue soit filmée, et diffusée en direct sur le site que vous ne manquerez pas de créer à l'occasion.

Bien à vous.
Invité








Message Posté le: Ven Oct 16, 2009 10:38 am    Sujet du message:
Citation:
Le streaming écrase le peer-to-peer : Hadopi dépassée

Les techniques de piratage évoluent plus vite que l'on pourrait le croire. Après avoir utilisé pendant des années les réseaux d'échanges de fichiers peer-to-peer (P2P, tels Naspter, eMule, BitTorrent, etc.), les internautes semblent se tourner vers le streaming pour profiter de contenus sans les payer. L'institut Arbor Networks a publié une étude qui montre que l'utilisation du P2P "a fortement baissé durant les deux dernières années", au profit du streaming notamment. La courbe le montre : le P2P pourrait disparaître dans les prochains mois.

Le streaming consiste en la diffusion en direct d'un contenu (film, musique, etc.), sans qu'il y ait à proprement parler d'enregistrement du fichier sur l'ordinateur. Difficile, dans ce cas, de prouver la contrefaçon ou le piratage. Pour l'internaute, c'est plus simple et plus rapide que le P2P, puisque tous les contenus sont disponibles sans téléchargement préalable. Il suffit de faire son choix et de cliquer sur "play" dans le navigateur, pour commencer à regarder un film, par exemple. Toutefois, compte tenu des débits parfois insuffisants, la qualité du son et/ou des images laisse souvent à désirer. Rien à voir avec la qualité d'un DVD par exemple. Mais le déploiement des réseaux de fibre optique devrait pallier cette faiblesse dans les prochaines années pour une partie des internautes.

Hadopi, loi antipiratage qui a généré tant de polémiques en France , ne tient absolument pas compte de cette évolution, pourtant prévisible, des usages. Alors, la guerre contre le P2P tant espérée par l'industrie culturelle est-elle déjà terminée, par abandon ? Peut-être. Mais la guerre du piratage, elle, continue bel et bien, avec, comme toujours, deux longueurs d'avance pour les pirates.

Du côté de l'offre légale, la même tendance se dessine : plutôt que de télécharger un fichier, l'internaute préfère accéder à ses contenus en streaming. Des sites parfaitement légaux existent, gratuits financés par la publicité, ou payants. Mieux, ils contribuent largement à la croissance du marché du téléchargement légal. Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, avait d'ailleurs ironisé lors d'une conférence de presse . Interrogé par lepoint.fr sur la prise en compte du streaming, "avenir du piratage" selon la mission Zelnik, le ministre avait répondu que le streaming était aussi "l'avenir du téléchargement légal".


lepoint.fr
La Bête
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Message Posté le: Ven Oct 16, 2009 14:50 pm    Sujet du message:
le streaming c'est quand même encore assez moche niveau qualité d'image... il suffit pas tout simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le film qu'ils contiennent ?

(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries techniques)
cherjirou
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Message Posté le: Ven Oct 16, 2009 14:58 pm    Sujet du message:
La Bête a écrit:
le streaming c'est quand même encore assez moche niveau qualité d'image... il suffit pas tout simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le film qu'ils contiennent ?

(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries techniques)


oui c'est vrai, heureusement de plus en plus de videos en streaming offrent le choix d'un visionnage en qualité normale ou hd, la différence est flagrante (surtout quand on visionne en plein écran, du coup ça ne pixellise pas)
Eponine
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Message Posté le: Ven Oct 16, 2009 19:23 pm    Sujet du message:
La Bête a écrit:
le streaming c'est quand même encore assez moche niveau qualité d'image... il suffit pas tout simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le film qu'ils contiennent ?

(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries techniques)


Le principe, c'est qu'ils te chopent PENDANT que tu télécharges, pas une fois que tu es sagement déconnectée en train de regarder ton film.

Sinon, sur le streaming, je ne connais aucun site légal. La plupart ferme régulièrement pour cause justement de non respect de la loi, parce qu'ils sont menacés de poursuites. Bon, ça ne les empêche pas d'être recréé quelques jours ou semaines plus tard, mais je suis assez surprise que ça puisse être légal dans certains cas.
Invité








Message Posté le: Ven Oct 16, 2009 20:38 pm    Sujet du message:
Eponine a écrit:
je suis assez surprise que ça puisse être légal dans certains cas.


Oh si. Lorsque l'on paie pour voir.
Tommy Angello
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Message Posté le: Ven Oct 16, 2009 20:42 pm    Sujet du message:
Ou lorsqu'ils sont en chine et que ca les fait bien rire les lois en europe.

C'est tout un fond de commerce les abonnements à ces sites. (qui sont plus chère que la licence globale proposée et on un succès commercial indéniable)
Invité








Message Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:01 pm    Sujet du message:
La Bête a écrit:
le streaming c'est quand même encore assez moche niveau qualité d'image... il suffit pas tout simplement d'effacer les fichiers une fois qu'on a maté le film qu'ils contiennent ?

(c'était la parole d'une total noob en matière d'internèteries techniques)


Je me permets juste d'intervenir sur la qualité des fichiers en .avi qui ne sont pas du tout négligeable quand on parle de streaming.

Je passe par Megaupload, en utilisant un lecteur web ( allostream ), je charge le lien de téléchargement dans le lecteur, celui ci le lit et le charge sur le lecteur et paf le film commence ( truc bien : film téléchargé dans les fichiers temporaires durant le visionnage du film ! )

La qualité est nettement mieux que celle de youtube ou dailymotion. Encore, j'ai un 15", c'est peut être la petitesse de l'écran qui joue dans cette histoire de qualité. Smile
Invité








Message Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:19 pm    Sujet du message:
Warren a écrit:
Encore, j'ai un 15", c'est peut être la petitesse de l'écran qui joue dans cette histoire de qualité. Smile


Sans aucun doute. Tu ne savais pas que petit écran = petite résolution donc image moins crade ?
Invité








Message Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:20 pm    Sujet du message:
Le Mulet a écrit:
Warren a écrit:
Encore, j'ai un 15", c'est peut être la petitesse de l'écran qui joue dans cette histoire de qualité. Smile


Sans aucun doute. Tu ne savais pas que petit écran = petite résolution donc image moins crade ?


Sur le grand LCD, la qualité est identique avec des .avi

Tu m'expliques, alors ?!
Invité








Message Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:21 pm    Sujet du message:
Warren a écrit:
Sur le grand LCD


Qu'est-ce que tu baragouines ?
Spleenz
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Message Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:22 pm    Sujet du message:
Et sinon Hadopi ça en ai ou ? Parce que je ne crois pas qu'Hadopi vende des LCD. Comment faire pour contourner cette loi qui n'est apparemment pas encore institué ?
Invité








Message Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:23 pm    Sujet du message:
Le Mulet a écrit:
Warren a écrit:
Sur le grand LCD


Qu'est-ce que tu baragouines ?


J'ai une télé grand format, la qualité ne varie pas plus que sur mon 15".
Donc ?!
C'est histoire de streaming et de qualité, c'est un truc de format?
Invité








Message Posté le: Dim Oct 18, 2009 19:25 pm    Sujet du message:
C'est que ton fichier est encodé en bonne qualité naturellement. Ou que ton "grand" LCD produit une image de merde.

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