L'écriture et le style


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Prométhée
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Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 11:58 am    Sujet du message:
La psychologie est aussi une science, ce me semble. Je crois que Lilith critique les commentaires sur l'expression artistique, genre, qu'exprime ici l'auteur, sa vie? Ses sentiments? Des phénomènes métaphysiques? etc. Et je suppose qu'elle reproche à ce genre de littérature sur la littérature d'être un pur délire.
Je me trompe?
Silver Mercure
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Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 12:51 pm    Sujet du message:
ce sur quoi je lui donne tout à fait raison, c'est que baser une analyse (ou une création) littéraire uniquement sur des considérations subjectives / sentimentialistes / psychologiques ou que sais-je, c'est effectivement la pente vers le pur délire et le fantasme comme on a pu le dire.

entièrement d'accord là dessus :
confondre littérature et psycho-mièvrerie égocentrique, ça ne fonctionne pas.

MAIS je ne suis pas d'accord pour segmenter et exclure cet aspect de la littérature pour si peu , car il me semble évident qu'on passerait complètement à côté de nombreuses oeuvres de valeur.
Invité








Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 14:45 pm    Sujet du message:
oui mais alors où se situe la limite ? Et surtout sur qui poser ce pan psychologique ? L'auteur ? L'auteur, forcément, puisque les personnages, ne l'oublions pas, n'ont pas de psychologie réelle, mais plutôt fabriquée pour les besoins du roman... Quant à la psychologie de l'auteur, comme je l'ai déjà dit peu avant, elle me semble hasardeuse, surtout que nous avons, rarement, en tant que lecteur, les compétences pour juger d'un profil psychologique à partir d'écrits, au moins un millier de fois retouchés pour arriver à l'édition finale (à ce propos, l'étude des brouillons d'auteur est très intéressante)
Silver Mercure
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Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 14:58 pm    Sujet du message:
c'est probablement ce qui fait la différence entre une science et un art, les limites.

l'analyse psychologique ne s'applique pas forcément à l'auteur en tant que sa personne réelle, mais au moins en tant que narrateur on peut tout à fait.
celle des personnages n'est pas forcément inintéressante non plus, pourquoi tout ce qui n'est pas réel ne serait pas intéressant ? tu as dû étudier les archétypes plus que moi...
les représentations fictives présentent des analogies et des ruptures par rapport à la réalité, c'est précisément ce qui fait leur intérêt parce qu'elles y apportent des éclairages différents.

il n'est pas question de faire une analyse purement psychologique de tout ce qu'on lit et voit, mais c'est un facteur à ne pas mettre à l'écart, sans quoi on ne comprend absolument rien à rien.

si on pouvait faire une analyse littéraire comme on fait un devoir de maths, où chacun doit parvenir au même résultat, et où l'enseignant peut dire catégoriquement si on a tort ou raison, il s'agirait ni plus ni moins d'un cours de maths avec des lettres en lieu de chiffres, la littérature serait morte.

et à un moment donné on se rendrait compte que parler pour ne rien dire et sans invention ni mensonge, juste pour s'écouter parler (enfin se lire) c'est parfaitement absurde et inutile, et on arrêterait d'écrire (ou plutot on se rabattrait sur les sections mylife des forums, ce qui est déjà entamé huhu).
c'est quoi le truc à avoir fait une belle phrase qui n'a d'intérêt pour personne, pas même pour soi ?
Invité








Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 17:10 pm    Sujet du message:
Silver Mercure a écrit:
si on pouvait faire une analyse littéraire comme on fait un devoir de maths, où chacun doit parvenir au même résultat, et où l'enseignant peut dire catégoriquement si on a tort ou raison, il s'agirait ni plus ni moins d'un cours de maths avec des lettres en lieu de chiffres, la littérature serait morte.


Non pas du tout. Je te donne un exemple très concret : une étude de poème avec mes 5ème par exemple : Je leur dis de faire une analyse formaliste de ce poème, de chercher, au delà du sens, ce qu'on peut tirer des lettres et des sons de chaque mot. A partir de là, ils peuvent tout dire à la condition que cela se vérifie concrêtement dans le texte. Et crois moi si tu veux, il arrive très souvent que ces mêmes élèves, sans être des surdoués, voient des choses ou des phénomènes que je n'avais pas remarqué moi même auparavant.

La seule règle ? Que cela se vérifie. Après, je me fiche totalement de savoir si le poète a voulu ou non faire apparaître ce phénomène. le plus important est qu'il y soit.

Bien loin d'être élitiste, la méthode formaliste est à la fois fiable et accessible, puisqu'il s'agit ici de voir le poème comme une sorte d'énigme à déchiffrer au niveau formel. Tout le monde participe, c'est une sorte d'émulation intellectuelle, qui ne tourne jamais à vide.
Silver Mercure
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Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 17:26 pm    Sujet du message:
ben de là, on peut quand même avoir des approches sensibles qui s'argumentent... parce que compter les vers et repérer les alittérations (pour carricaturer Wink ), ça amuse des 5èmes cinq minutes, mais ça ne rend pas forcément le poème impérissable...
Prométhée
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Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 18:50 pm    Sujet du message:
Je commence à peine à comprendre un peu le problème. Il faut se rendre compte qu'une oeuvre est toujours réceptionnée et donc ce qu'on en dit, c'est un peu aussi ce qu'on a reçu personnellement d'elle. Mais il n'empêche qui si l'on a affaire à bons nombres de délires aujourd'hui, ce n'est pas pour autant qu'il n'y a rien du côté de l'expression (de la matière), et qu'il faille délaisser son étude pour une recherche plus formelle. Prenons un exemple qui me parle (et dont j'espère qu'il vous parlera). Ce n'est pas parce que des dizaines de commentateurs aujourd'hui produisent du caca sur Kant (Luc Ferry qui a la prétention de parler des trois critiques de Kant dans un livre minuscule), que Kant n'a pas produit une pensée. Ce n'est pas parce que des délires circulent sur un auteur que cet auteur n'a rien tenté d'exprimer. Pour moi, c'est évident: même si ce n'est pas la Vérité, il y a toujours de bons commentaires, rares, mais bons, et donc fiables.
Silver Mercure
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Message Posté le: Mar Avr 01, 2008 19:16 pm    Sujet du message:
Lettre d'amour
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Message Posté le: Mer Avr 02, 2008 08:40 am    Sujet du message:
disons que je suis dans une problématique un peu plus scolaire, à savoir, que cette tendance à l'interprétation personnelle un peu fantasmée conduit ensuite bon nombre de lycéens à faire de la paraphrase, ou pire, du hors-sujet sur un texte, parce qu'ils sont parti de l'optique "qu'est ce que je ressens à la lecture de ce texte", et là, c'est un vrai problème
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Message Posté le: Mer Avr 02, 2008 11:14 am    Sujet du message:
ah par contre commencer par l'analyse formaliste, surtout avec des jeunes, c'est peut-être pas une sotte idée. ^^
je me doutais qu'il y avait de ça qui jouait...

d'autant que l'analyse formelle peut venir justifier et appuyer ensuite une thèse interprêtative (heum il n'existe pas ce mot, si ?).
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Message Posté le: Ven Avr 04, 2008 19:26 pm    Sujet du message:
Je vais dévier un peu, tant pis. Je pense, moi, que l'on peut parfois dissocier l'aspect technique d'une oeuvre de l'émotion qu'elle dégage, toute maladresse grammaticale ou syntaxique ou que sais-je encore, qu'elle puisse contenir.
Pas d'exemple en littérature qui me vienne immédiatement mais en musique si. S'il s'avère que sur le plan de la forme Bach ou Mozart et ses basses continues parviennent avec brio à émouvoir toute la populasse, Beethoven et sa Fantaisie Chorale, aussi maladroite qu'elle soit musicalement ne s'en sort pas mal non plus pour faire couler des larmes.
Peut-être cela tient-il au pouvoir particulier qu'a la musique; mais j'aimerais bien penser que l'on peut attribuer ce même pouvoir aux mots, écrits avec amour, même "maladroits".

Veut-on de l'humain?
Prométhée
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Message Posté le: Ven Avr 04, 2008 19:41 pm    Sujet du message:
lilith888 a écrit:
disons que je suis dans une problématique un peu plus scolaire, à savoir, que cette tendance à l'interprétation personnelle un peu fantasmée conduit ensuite bon nombre de lycéens à faire de la paraphrase, ou pire, du hors-sujet sur un texte, parce qu'ils sont parti de l'optique "qu'est ce que je ressens à la lecture de ce texte", et là, c'est un vrai problème


Il en va de même pour les mauvais commentaires en philo. Le mauvais commentaire est caractérisé par sa volonté de "normaliser", ou mettre dans une jolie boîte l'auteur. Celà déteint sur les étudiants qui, dans leur copie, cherchent à produire la pensée la plus "normalisée" de l'auteur. Moi-même, qui n'est pas excempte de reproches, loin de là, je rencontre beaucoup de problèmes à décrocher des fonds communs construits sur les philosophes. (genre; Platon, idéaliste; Aristote, réaliste; etc., même si je n'en suis plus vraiment là, le danger est encore plus grand, parce que plus subtil).


Andante: Qu'il se dégage une expression des oeuvres, nous en convenons tous. Ce que pose problème, c'est l'interprétation de ces expressions, qui tourne parfois aux pures délires (il suffit par exemple de lire des fois les préfaces des livres NRF, certaines, même si je ne suis pas bon juge, m'apparaîssent comme un 'aller trop loin'). Mais sans doute que justement, la poésie, et tout art, est une invitation à aller trop loin. Et aller trop loin, c'est justement dépasser parfois la raison, ce qui ne plaît pas finalement aux puristes scientifiques.
Silver Mercure
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Message Posté le: Ven Avr 04, 2008 20:00 pm    Sujet du message:
en fait, c'est abominable, de nos jours on a honte d'être littéraire.

il y a même pas trente ans, le bac A (littéraire) était généralement le plus prisé et admiré.
de nos jours, dans la plupart des lycées, la classe L est la classe des greluches fainéantes, et si elles prennent l'option arts c'est le ponpon.

je peux confirmer cette théorie, j'y ai été, et j'étais bien parmi les seules à être là pour bosser et apprendre...

aujourd'hui, c'est impensable de ne pas avoir les pieds sur terre, c'est risqué de sortir des sentiers battus, et tout point de vue non vérifiable par a+b n'est pas considéré comme valable...

c'est vrai ce que tu dis, Prométhée, au sujet des devoirs de "philo" (enfin, un an en terminale, si c'est de la philo...), ainsi que pour les autres matières du même accabit.

c'est l'aspect enseignement scolaire qui pose probablement problème, avec la question d'évaluation. Effectivement, si on ne met pas un minimum de rigueur, d'argumentation carrée et mathématique, et de normalisation dans tout ça, finalement l'évaluation des "capacités" sera dite subjective et non impartiale, donc injuste (surtout si la note est mauvaise).

la philo est un bon exemple, parce qu'encore aujourd'hui j'en entends râler que "de toutes façons, il me saque parce qu'il est pas d'accord avec mon point de vue, et puis ça veut rien dire, au bac on peut tomber sur un correcteur qui accroche à notre vision des choses", comme quoi c'est pas encore suffisamment normé...
Prométhée
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Message Posté le: Ven Avr 04, 2008 20:39 pm    Sujet du message:
"la philo est un bon exemple, parce qu'encore aujourd'hui j'en entends râler que "de toutes façons, il me saque parce qu'il est pas d'accord avec mon point de vue, et puis ça veut rien dire, au bac on peut tomber sur un correcteur qui accroche à notre vision des choses", comme quoi c'est pas encore suffisamment normé..."

Ce n'est pas vraiment ceci que j'exprimais je crois. Le point de vue est une chose extrêmement mauvaise en philosophie, d'abord parce que c'est prétentieux, ensuite parce que l'élève est ignorant (le commentaire doit être neutre, tout en n'étant pas standardisé). Il faut rester sur le texte, et l'interpréter, il faut se creuser, et réfléchir. Et il faut éviter certaines choses, comme les présentations standards. Déjà, parce que ça doit soûler le prof quand même (genre pour Kant, "La révolution copernicienne de Kant" x10), et ensuite parce que ce n'est pas proprement un travail philosophique.

Je vois d'un mauvais oeil l'étudiant se donnant en spectacle dans sa dissertation, tout comme je vois d'un mauvais oeil les étudiants à l'université qui donnent véritablement cours en faisant des exposés oraux sur les textes. De quoi perdrent de nombreuses heures de cours (je ne vais plus en philosophie politique et morale à cause de ça. Le cours consiste en "deux élèves font chacun un commentaire de 50 minutes et ensuite, le prof dit ce qui a ou n'a pas été"). Perte de temps.

En réalité, c'est toute l'éducation qu'il faut réformer, pour qu'elle arrête d'être une machine à produire des ploucs.
Prométhée
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Message Posté le: Ven Avr 04, 2008 20:41 pm    Sujet du message:
J'ai moi-même été un de ces ploucs. Et qui sait si je m'en suis réellement débarassé.
Silver Mercure
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Message Posté le: Ven Avr 04, 2008 22:33 pm    Sujet du message:
Prométhée a écrit:
"la philo est un bon exemple, parce qu'encore aujourd'hui j'en entends râler que "de toutes façons, il me saque parce qu'il est pas d'accord avec mon point de vue, et puis ça veut rien dire, au bac on peut tomber sur un correcteur qui accroche à notre vision des choses", comme quoi c'est pas encore suffisamment normé..."

Ce n'est pas vraiment ceci que j'exprimais je crois. Le point de vue est une chose extrêmement mauvaise en philosophie [etc].

en fait, c'était surtout pour la carricature Wink

du reste j'aprouve.
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Message Posté le: Sam Avr 05, 2008 17:00 pm    Sujet du message:
Silver Mercure a écrit:
en fait, c'est abominable, de nos jours on a honte d'être littéraire.
...


Non, ce n'est pas non plus ça. Mais force est de constater qu'il y a de moins en moins de spécialistes en littérature, le niveau en fac de lettre est alarmant, les querelles littéraires ont disparu... tout le monde s'en fout et la plupart des auteurs n'aspirent qu'à une chose : imposer leur nombril à la face du monde pour graver leur nom dans l'Histoire (enfin, les dix années à venir en étant large).

Ce n'est pas une honte d'être littéraire, c'est plutôt une honte de se croire littéraire alors qu'on n'est qu'une brêle qui s'autocongratule avec des mots bien choisis.
Petimuel
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Message Posté le: Sam Avr 05, 2008 18:07 pm    Sujet du message:
Lilith: Aux anges

(non ce message n'est aucunement ironique)
Méphistophélès
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Message Posté le: Sam Avr 12, 2008 21:27 pm    Sujet du message:
lilith888 a écrit:

C'est en cela que, selon moi, la littérature, c'est avant tout une science du langage... Après; elle peut faire autre chose (exprimer des sentiments, dénoncer...) mais avant tout, ça doit être une science du langage

Le propre du langage, c'est de communiquer: il y a un locuteur, un allocutaire, et un énoncé. Partant de là, une large gamme de définitions peuvent être retenues pour cerner le concept de littérature. La définition est changeante: mais les sciences humaines sont changeantes, c'est un trait caractéristique. Ce sont justement ces hésitations, ces débats, ces cafouillages qui traduisent, il me semble, l'évolution de la représentation que se fait l'homme de lui-même et du corps social dans lequel il évolue. Le rapport que nous entretenons avec notre pouvoir d'énonciation est du reste intimement liée au contexte: on n'écrit pas aujourd'hui comme on écrivait il y a cinquante ans, et l'homme qui aura vécu 39-45 n'aura pas le même regard sur le monde qu'un mousquetaire du temps de Louis XIII. Voilà, si je devais donner ma propre définition de la sphère littéraire, ce serait celle-là: de Plaute à Céline en passant par Mme de Scudéry, la littérature est une histoire - souvent involontaire - de l'homme par l'homme. Pas de la femme, berk...

C'est amusant que nous abordions ce sujet, je dois justement rendre une dissertation de littérature française pour mardi dont l'intitulé est: "Après toi mon beau langage" (Breton) Aux anges
Invité








Message Posté le: Dim Avr 13, 2008 13:31 pm    Sujet du message:
Silver Mercure a écrit:
en fait, c'est abominable, de nos jours on a honte d'être littéraire


Surtout les hommes, je pense. Ceux-ci ont la réputation d'être matheux.

En fait, ce n'est pas qu'on ait honte d'être littéraire, mais cela ne nous attire plus. Et le littéraire n'ouvre pas autant de portes que celles des sciences, des maths,...

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