Capitalisme et Être Humain.


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Invité








Message Posté le: Dim Nov 14, 2010 02:56 am    Sujet du message:
Ceci mis à part : le système marchand a développé toutes les phases de sa séduction, personne ne peut accepter aujourd'hui de vivre librement, quitte à passer par une voie de sous-développement, tout le monde s'y opposerait. Les armées interviendraient pour cesser le chaos, comme en Iran. Nous ne pouvons plus contrer l'impérialisme capitaliste et le deuil est bien là : il n'y aura jamais de révolution, et surtout pas de révolution juste sans effusion.

"Gandhi est mort"
Tommy Angello
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Message Posté le: Dim Nov 14, 2010 11:14 am    Sujet du message:
heu... les marchands ne sont pas l'apanage du capitalisme. Depuis qu'il y a des centres de productions de richesse qui gagnent à ne pas tout faire eux même il y a des marchands. D'ailleurs, la course au monopole qui est derrière ne date pas d'hier non plus. Y'a qu'a voir les phéniciens.
Romulus
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Message Posté le: Dim Nov 14, 2010 12:18 pm    Sujet du message:
Tommy Angello a écrit:
Le capitalisme n'est pas conforme à la nature humaine mais lui permet de s'exprimer, nuance.

Disons plutôt qu'il permet à certains humains d'exprimer une certaine facette de la nature humaine.

Tommy Angello a écrit:
C'est comme ceux qui disent "c'est le marché qui veut ça". Foutaises! Le marché fait ce que les acteurs du marché font. Si le marché est impitoyable et cruel, c'est parce que ceux qui le font le sont.

Et pourtant... le marché et même le système dans son ensemble a bien une très forte influence sur les acteurs et ecore le mots influence est faible.
Les SA pour survivre ont besoin de faire des bénéfices. Si elles n'en font pas elles finissent écrasées par la concurrence. Donc ça veut dire se plier aux lois du marché ou disparaitre, évidemment c'est toujours un choix mais un choix restreint quand même et on ne s'étonnera pas que beaucoup fassent le choix pragmatique de survivre et donc concrètement dans le monde de la concurrence survivre ça signifie chercher à s'étendre en écrasant les autres si nécessaire.

Il ne s'agit pas déresponsabiliser l'individu...notons d'ailleurs que certains acteurs suivent ces "lois du marché" de bon coeur et ce d'autant plus que les personnes dont on parle sont bien positionnées dans le système. Ce sont donc des privilégiés. Mais cela n'empêche pas qu'il ne sont pas maîtres du système, ce sont eux aussi des rouages du système, mais des rouages bien placés qui profitent du système.
Par exemple le dirigeant d'une grande entreprise qui veut être philanthrope ne peut pas l'être, il est soumis à un conseil d'actionnaire et l'actionariat ne cherche rien d'autre que le bénéfice.

Sachant que essayer de mettre un visage sur cet actionnariat est loin d'être évident. Mais qui sont donc ces actionnaires?
-Quelques gros riches multimilliardaires qui profitent pleinement du système? En partie oui mais pas seulement.
-Des petits actionnaires issus des classes moyennes qui mettent leurs économies dans quelques actions? En partie oui mais pas seulement.
-Des groupes, banques, fonds de pensions... (c'est à dire des organismes et pas des personnes physiques) peuvent aussi et sont aussi actionnaires. Et indirectement des individus même très pauvres participent au système.

Exemple : un petit employé pas très riche (1200 €/ mois) choisi de cotiser pour sa retraite dans tel fonds de retraite X, car ce fonds propose des taux intéréssants et qu'il aimerait bien avoir une retraite pas trop pourrie. En fait le fonds de retraite X propose des taux intéréssants car il réinvesti l'argent des retraités dans des entreprises en fort développement, notamment l'entreprise Y. Cette entreprise est en fort développement (elle fait de gros bénéfices chaque année) parce qu'elle a une politique impitoyable vis à vis de ses concurrents et aussi parce qu'elle paye mal ses employés. Ca peut être une entreprise chinoise ou indienne. Si ça se trouve même son fort développement est lié au fait qu'elle sous-traite une partie de ses activités avec des petites sociétés Z obscures du fin fond de l'Inde qui font quasiment de l'esclavage d'enfants et qui sont donc ultra-rentable. Mais ça le fonds de retraite X ne le sais pas et ne veut pas le savoir, il s'en fout. Tout ce qui l'intéresse c'est que Y fasse du bon chiffre ce qui est intéréssant pour les retraités qui cotisent dans X.


En fait à partir du moment ou vous avez un emploi, un compte en banque, que vous cotisez dans des mutuelles privées, etc... vous participez indirectement au système capitaliste.
Pour ne pas y participez du tout il faudrait être un SDF ou un marginal.

Donc oui de bon ou de mauvais gré les individus ont tendance à se plier au système. D'où le fait que c'est le système avant tout qu'il faut attaquer.
Exist@ncE
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Message Posté le: Dim Nov 14, 2010 12:32 pm    Sujet du message:
Un article très intéressant :
Yvan Blot a écrit:
Rubrique : Politique / A La Une / Articles recommandés

La façon dont l'oligarchie traite l'homme : une matière première
Deuxième conférence du cycle de l’Institut néo-socratique prononcée par Yvan Blot, le 19/10/2009
(voir : ***LIEN***)

Les régimes politiques qui dominent à présent l’Occident sont des oligarchies, bien plus que des
démocraties, la Suisse étant sans doute la seule véritable exception. Mais qu’est-ce qu’une oligarchie ?
Relisons à ce sujet Aristote. Dans le monde moderne toutefois, l’oligarchie gouverne selon une logique
nouvelle qui est celle du « Gestell », de l’arraisonnement utilitaire, selon la formule de Heidegger. La
logique du Gestell conduit à traiter l’homme comme la plus précieuse des matières premières, et à rendre
autant que possible tous les hommes interchangeables, en mobilisant pour cela les ressources des passions
égalitaires. Enfin, pour achever le processus de domination oligarchique, il faut éliminer l’obstacle de la
démocratie au profit d’une « gouvernance » de soi-disant experts, tout en gardant la fiction de la
démocratie pour désarmer les oppositions. Il faut alors voir s’il est possible de se libérer de cet engrenage
fatal.

1/ L’oligarchie régnante
Il y a bien des sortes d’oligarchies : militaires, marchandes, politiques, religieuses, voire ethniques. Mais
elles répondent toutes à une définition unique : c’est le gouvernement de quelques-uns dans leur intérêt
propre et non dans l’intérêt du peuple. Si l’intérêt du peuple coïncide avec l’intérêt de l’oligarchie (assurer
la croissance économique pour favoriser sa propre réélection), tant mieux ! S’il y a conflit d’intérêts, celui
des oligarques l’emporte : on en a des exemples avec le niveau de la fiscalité, avec le laxisme en matière
d’immigration, avec l’endettement public, avec la politique européenne entre autres. Dans une société où
les valeurs militaires de l’aristocratie demeurent importantes, le souci de l’intérêt général l’emporte
souvent (gaullisme de la Résistance). Dans une société marchande où les fonctions altruistes (religieuses,
militaires notamment) sont en retrait, l’oligarchie est le trait dominant du pouvoir car chacun ne cherche
que son intérêt propre, le politicien comme les autres.
Dans Politique, Aristote note qu’il est fréquent que la constitution soit, selon la législation proclamée,
démocratique, mais que, par la coutume et la façon de conduire les affaires, le régime soit oligarchique
(1). C’est le cas que nous connaissons.
Pour Aristote, l’oligarchie est un régime stable tant que les oligarques sont solidaires entre eux. Le
système se fragilise, selon lui, dans deux cas de figure : lorsque l’oligarchie traite injustement la masse
populaire ou lorsque les oligarques « deviennent démagogues par jalousie » (2) et se combattent entre eux.
L’oligarchie actuelle n’est pas limitée à ce que l’on appelle la « classe politique ». Elle comprend la haute
administration, les dirigeants salariés des grandes entreprises, les dirigeants des syndicats et des différents
lobbies qui font pression sur le pouvoir, ainsi que les dirigeants des médias. Elle est assez homogène
***LIEN***
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idéologiquement. Ses valeurs et son comportement sont essentiellement déterminés par la situation
métaphysique dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Occident et que le philosophe Martin Heidegger a
appelé le « Gestell » ou « arraisonnement utilitaire ».

2/ L’oligarchie moderne gouverne selon la logique du Gestell (3)
Selon Heidegger, le monde moderne est structuré par l’arraisonnement utilitaire. Prenons l’exemple du
téléphone portable. Vous êtes pratiquement contraint d’en avoir un dès lors que tout le monde autour de
vous en a un ! Bien sûr qu’il rend des services. Mais ce n’est plus votre choix. Vous êtes requis d’en avoir
un ! Pour Heidegger, l’essence de la technique est cet arraisonnement. L’homme en est l’employé. Ce
processus échappe à l’homme, surtout s’il n’en a pas conscience. L’homme lui-même est pris en main par
le processus. Il devient un rouage du système d’ensemble (ein Stück und nicht ein Teil !). Cet utilitarisme
exacerbé conduit l’homme à oublier son être propre. Les dirigeants sont des rouages de ce système. Pour
Heidegger, le Gestell est pour l’homme le danger par excellence, car il déshumanise celui-ci. Au XXe
siècle, on a connu plusieurs formes politiques du Gestell.
Le communisme est une de ces formes. Il considère l’être humain comme une matière première au service
de sa puissance. En cela, il est inhumain au sens propre du terme. Les dirigeants eux-mêmes sont
arraisonnés au système. Il faut que l’échec patent de ce dernier soit réalisé pour que les hommes puissent
s’échapper de cette machinerie. C’est ce qui s’est passé avec l’effondrement de l’URSS.
Pour Heidegger, le nazisme, surtout à sa fin, est devenu une autre forme d’application de la logique du
Gestell. Mais l’Occident n’est pas indemne. Le signe en est la façon de faire la guerre. La logique
purement utilitaire du Gestell conduit dans une guerre à tuer autant les civils que les soldats car les civils
sont aussi un rouage de l’appareil ennemi. C’est ainsi que les Alliés ont décidé de bombarder au
phosphore des milliers de femmes et d’enfants dans les villes allemandes. Pour Heidegger, tant Roosevelt
que Hitler ou Staline ont décidé pour des raisons utilitaires liées à leur volonté de puissance de tuer
massivement des civils !
Pour Heidegger, l’Amérique et l’Union soviétique furent après 1945 les deux bastions du Gestell !
Politiquement totalement différentes, elles avaient une métaphysique commune, celle du Gestell, celle de
l’utilitarisme déchaîné de la technique au service de la volonté de puissance ! Curieusement Arnold
Gehlen (4), un philosophe d’une autre tradition que Heidegger, celle de l’anthropologie philosophique,
écrivit la même chose : « Il est très remarquable que les manifestations les plus évidentes de la culture
industrielle apparaissent en Amérique du Nord et en Russie, sur des sols où n’a jamais pris naissance une
grande culture d’ancien style ! »
L’arraisonnement utilitaire est donc le danger par excellence pour la survie même de l’homme en tant
qu’homme. Mais c’est au sein même de ce danger que le « tournant » peut advenir ! « C’est le danger qui
permet l’apparition de ce qui sauve », selon un vers de Hölderlin que cite Heidegger. Encore faut-il
prendre conscience de l’existence de l’arraisonnement utilitaire et du danger qu’il représente !

3/ L’homme matière première, l’homme interchangeable
L’homme, dans ce système lié à l’époque et qui n’a pas été voulu en tant que tel, n’est apprécié que pour
son utilité économique. Il devient alors « la plus précieuse des matières premières » ! Dans le langage des
sociétés, on a remplacé le mot « personnel » (avec la racine « personne ») par le terme de « ressource
humaine » : cela traduit bien la déshumanisation à peine consciente de notre vocabulaire ! L’homme est
un Stück, un élément utilisable au même titre qu’un boulet de charbon dans un stock d’anthracite ! Il doit
avant tout être interchangeable pour pouvoir être requis le plus facilement qui soit !
L’oligarchie régnante, qui administre la logique du Gestell pour son profit et pour satisfaire sa volonté de
puissance, va donc appliquer sa « gouvernance » à rendre le plus possible les hommes interchangeables :
***LIEN***
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toutes les distinctions essentielles doivent s’effacer, à commencer par celles entre les hommes et les
femmes. C’est là la source de l’obsession de la fameuse « parité » : on s’acharne à vouloir que les listes de
candidats aux élections soient composées pour moitié d’hommes et de femmes et on se garde bien
d’évoquer les vraies questions politiques, à savoir que les élus sont dessaisis de leurs pouvoirs par
l’administration et que le citoyen est devenu totalement impuissant à influencer le système de décision de
la gouvernance politique. On détourne les débats vers des sujets sans importance mis en avant de façon
artificielle.
Tout ce qui distingue les êtres humains doit être éliminé dès lors que cela peut gêner le caractère
interchangeable que les hommes doivent avoir pour être de parfaites matières premières.
L’homme du Gestell doit donc avoir quatre caractéristiques :
- ne pas avoir de racines (ni race, ni nation, ni religion notamment) ;
- ne pas avoir d’idéal : il doit être un consommateur et un producteur matérialiste et relativiste prêt à
gober tous les produits lancés sur le marché (y compris les produits bancaires permettant de l’endetter et
donc de mieux le soumettre) ;
- ne pas avoir de religion hors celle de son propre ego, pour être plus facilement isolé donc manipulable ;
- ne pas avoir de personnalité afin de se fondre dans la masse (il doit donc être éduqué de façon purement
technique et utilitaire, sans culture générale lui permettant de se situer comme homme libre).
Cyniquement, l’idéologie des droits de l’homme est utilisée pour détruire tout ce qui fait la spécificité des
hommes, pour mieux asservir l’homme aux besoins du Gestell en prétendant protéger ses libertés
fondamentales ! Un des exemples les plus emblématiques fut le cas de cette femme députée néerlandaise
menacée de mort par l’islamisme radical. Ses voisins ont obtenu l’expulsion de celle-ci de son logement au
nom des droits de l’homme parce qu’elle faisait subir un risque d’attentat sur eux. Ecoeurée, celle-ci a
quitté les Pays-Bas !
L’homme idéal souhaité par le Gestell n’a rien à voir avec le citoyen animé par l’esprit civique, la
conscience de ses libertés et l’amour de sa patrie, qui est le porteur de la démocratie bien comprise. Il
ressemble à ce « dernier homme » annoncé par Nietzsche dans Ainsi Parlait Zarathoustra !
« Hélas ! Vient le temps du plus méprisable des hommes qui ne sait plus se mépriser lui-même ! Voyez ! Je
vous montre le dernier homme. Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que créer ? Qu’est-ce que la nostalgie ?
Qu’est-ce qu’une étoile ? demande le dernier homme et il cligne de l’oeil !
« La terre est devenue plus petite et sur elle sautille le dernier homme qui rend tout plus petit. Sa race est
aussi solide que celle du puceron. Le dernier homme est celui qui vit le plus longtemps. Nous avons
inventé le bonheur, disent les derniers hommes et ils clignent de l’oeil. Ils ont abandonné les pays où la vie
était dure, car on aime la chaleur. On aime encore son voisin et on se frotte à lui car on a besoin de
chaleur. Devenir malade ou méfiant passe chez eux pour un péché : on respecte avant tout le principe de
précaution. Fou celui qui butte encore sur les pierres et sur les hommes ! Un peu de poison de-ci de-là qui
procure des rêves agréables. Et beaucoup de poison au final pour avoir une mort agréable. On travaille
encore car c’est une distraction. Mais on a soin que la distraction reste modérée. On ne devient plus ni
riche ni pauvre. Les deux sont trop astreignants. Qui veut encore commander ? Qui veut encore obéir ?
Tout cela est trop fatigant.
« Pas de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose et tous sont égaux ; qui pense autrement
sera interné !
« Autrefois, tout le monde avait tout faux, disent les plus malins et ils clignent de l’oeil. On est malin et
l’on sait tout ce qui est arrivé : on n’en finit pas de se moquer. On se querelle mais on se réconcilie bientôt
de peur que cela ne gâte l’estomac ! On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais
on honore la santé !
« Nous avons trouvé le bonheur, disent les derniers hommes et ils clignent de l’oeil ! »
Ici s’arrête le discours de Zarathoustra qui est interrompu par les cris de la foule : donne-nous ce dernier
***LIEN***
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homme, ô Zarathoustra ! Nous te ferons quitte du surhomme ! Et tout le peuple se réjouissait et claquait
de la langue ! Zarathoustra devint triste et dit : je ne suis pas la bouche faite pour ces oreilles (…) Ils me
regardent et rient, mais dans leur rire ils me haïssent ; il y a de la glace dans leur rire » (5).
Ces derniers hommes sont les citoyens passifs idéaux pour l’oligarchie régnante ! Tout le système
médiatique et éducatif est là pour modifier la personnalité des Français et les transformer en outils
interchangeables du Gestell. On pense apprivoiser ces animaux sauvages que seraient les citoyens par la
consommation de biens matériels et en flattant l’égalitarisme. La politique est celle du gardien de zoo !

4/ Eliminer l’obstacle de la démocratie
Pour que l’homme soit une matière première docile, il est finalement nécessaire d’éliminer l’obstacle de la
démocratie. La monarchie ne permettait, certes, pas l’interchangeabilité absolue des hommes et
l’oligarchie, pour s’installer, a dû l’abattre, en se trouvant pour elle-même une nouvelle légitimité : la
démocratie fut alors mise en avant au XIXe siècle. Mais par la suite, la démocratie fondée sur la nation et
la participation active des citoyens s’est montrée un obstacle à l’interchangeabilité mondiale des hommes,
donc à l’utilitarisme au service de l’oligarchie.
Il a donc fallu vider la démocratie de son contenu réel. Cela consiste à dissoudre le cadre national qui est
un cadre d’enracinement, le cadre historique d’enracinement de la démocratie. Le parlementarisme a été
affirmé et en même temps vidé de son contenu : il n’y a plus de séparation des pouvoirs et le prétendu
pouvoir législatif est totalement dominé par l’exécutif. Le vrai pouvoir est dans les mains des dirigeants
oligarchiques des grands partis politiques en liaison avec de puissants lobbies syndicaux, bancaires,
culturels et cultuels. La démocratie directe est bannie (sauf en Suisse et avec de grandes restrictions aux
USA, en Italie et en Allemagne) car le citoyen doit être réduit à la condition de spectateur, non d’acteur,
de la politique. Le citoyen est magnifié en paroles mais il est réduit dans les faits à n’être qu’un agent
économique, une matière première de premier choix, un « animal technicisé » (autre formule de
Heidegger).
Tout d’abord, l’oligarchie, jouant les apprentis sorciers, cherche à enlever aux hommes leurs racines pour
les rendre plus interchangeables ; c’est ce que Heidegger appelle « la destruction de la terre » produite par
le Gestell. La race a été la première à être mise aux gémonies, au nom des horreurs commises lors de la
deuxième guerre mondiale. Puis c’est le tour de la nation, de son histoire (qui doit devenir l’occasion de
repentance), de la famille (dont l’existence serait une insulte aux homosexuels, semble-t-il) !
L’immigration a été encouragée pour affaiblir ce qui restait de racines. Les résistants ont été diabolisés,
traités de « populistes » voire de « racistes », l’accusation suprême. Tout cela se fait au nom d’une morale
politique imposée qui n’a jamais fait l’objet du moindre référendum ! Sous ces prétextes moraux, il y a en
réalité la volonté de ramener l’homme à sa condition sujette de matière première disponible pour le
pouvoir oligarchique.
L’oligarchie assiste complice au déclin des valeurs transcendantes, et l’argent devient peu à peu la seule
valeur suprême. Les politiques de lutte contre la discrimination n’ont pas d’autre but : on ne doit jamais
faire de distinction entre les hommes, sauf par l’argent, seul critère de discrimination reconnu !
Bien sûr, tout cela a des conséquences négatives : la montée du crime tout d’abord. L’immense majorité
des crimes et des délits sont commis pour de l’argent : les grands trafics mondiaux criminels, trafic de
drogue, trafic d’êtres humains, trafic d’armes, n’ont pas d’autre objet que de rapporter de l’argent.
Comme l’écrivait plaisamment Sigmund Freud : dès qu’il s’agit d’argent, le surmoi en Amérique devient
très tolérant : aujourd’hui, cela atteint tout l’Occident ! Les crimes et délits sont passés de 1,5 million en
France, chiffre stable de 1946 à 1966, à 4,5 millions aujourd’hui !
Le philosophe Arnold Gehlen a dénoncé l’effondrement de la culture en Occident, laissant la place à un
monde où la cruauté s’unit avec le bien être matériel. En effet, l’homme est naturellement chaotique (6) :
« L’instabilité intérieure de la vie pulsionnelle humaine apparaît sans limites. Ce sont des formes
***LIEN***
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d’inhibition rigides et toujours limitatives, découvertes par l’expérience au cours des siècles et des
millénaires, comme le droit, la propriété, la famille monogamique, la division précise du travail, qui ont
imposé leur marque à nos pulsions, et à nos pensées, qui les ont façonnées selon les hautes exigences
exclusives et sélectives que nous appelons la culture. Ces institutions, le droit, la famille monogamique, la
propriété ne sont nullement naturelles et sont très fragiles. Tout aussi peu naturelle est la culture de nos
instincts et de nos pensées qui doit bien plutôt être rigidifiée, soutenue et tirée vers le haut par l’action
extérieure de ces institutions. Et si l’on retire ces appuis, nous retournons très vite à la primitivité. »
« Quand les sécurités – les stabilisateurs que contiennent les traditions établies – tombent et sont détruites,
notre comportement perd toute forme, il est déterminé par les affects, devient pulsionnel, imprévisible, on
ne peut se fier à lui. Et dans la mesure où normalement le progrès de la civilisation exerce une action
destructrice, c’est-à-dire qu’il érode les traditions, les droits, les institutions, il rend l’homme naturel et le
rend primitif et le rejette à l’instabilité naturelle de sa vie instinctive. Le mouvement conduisant à la
décadence est toujours naturel et vraisemblable, le mouvement vers la grandeur, l’exigence et le
catégorique est toujours imposé, difficile et invraisemblable. (…) La culture est l’invraisemblable, c’està-
dire le droit, la moralité, la discipline, l’hégémonie de la morale. (…) Quand les jongleurs intellectuels,
les dilettantes, s’imposent au premier plan, quand souffle le vent de la pitrerie universelle, les institutions
les plus anciennes et les corporations professionnelles rigides se défont elles aussi, le droit devient
élastique (laxiste), l’art nervosité, la religion sentimentalité. Alors l’oeil expérimenté aperçoit sous l’écume
la tête de Méduse, l’homme devient naturel et tout devient possible (voir les crimes de masse du XXe
siècle). Il faut alors dire : retournons à la culture ! » Car nous retournons vers une nature chaotique, celle
« de la faiblesse de la nature humaine qui n’est pas protégée par des formes strictes ».
Après les racines et les valeurs culturelles, voyons ce qu’il en est dans le domaine du sacré et de la
religion.
Tocqueville a montré comment le socle religieux permettait à la démocratie américaine de fonctionner.
L’oligarchie au service de l’arraisonnement utilitaire se méfie du religieux et veut le cantonner à la sphère
intérieure de l’individu. Il importe que l’homme soit centré sur son ego, sur ses plaisirs et qu’il soit ainsi un
consommateur parfaitement inoffensif. On a vu comment un candidat à la Commission européenne,
Rocco Buttiglione, a été éliminé pour avoir fait savoir ses convictions religieuses ! Le sacré est quelque
chose qui peut s’opposer à l’interchangeabilité des hommes et doit donc être éliminé ou cantonné dans la
sphère privée. Par ailleurs, dès lors que l’utilitarisme règne, tout sens du sacrifice lié au sacré est quelque
chose de parasite qu’il convient de marginaliser. Le sacré doit disparaître car le prosaïque, avec le Gestell,
devient totalitaire.
Enfin, si la démocratie est fondée sur des racines nationales, des valeurs morales transcendantes et un sens
du sacré, elle repose aussi sur l’idée du citoyen responsable, qui veut participer au destin de sa patrie. Or,
on n’a plus besoin d’une démocratie de citoyens et le citoyen est prié de devenir un simple spectateur des
médias. Les politiciens deviennent des pitres, des comédiens pour amuser la galerie. Les choses sérieuses
relèvent d’une « gouvernance » réservée aux experts. C’est d’ailleurs une telle gouvernance d’experts
achetés d’avance qui nous a menés à la grande crise financière venue des Etats-Unis l’an dernier ! La
gouvernance d’antichambres se substitue au pouvoir des chambres. Nos régimes ne sont parlementaires
que de façon fictive. La réalité du pouvoir est dans les mains du seul exécutif, qui a vassalisé le Parlement
et qui gouverne en réseau avec les patrons des puissants lobbies syndicaux, patronaux, cultuels et
culturels. Dans cet esprit, la démocratie directe n’est pas envisagée car elle risquerait de mettre en échec,
non le pouvoir des chambres parlementaires, qui est réduit, mais le pouvoir bien réel des antichambres et
des lobbies.

5/ Résistance et libération
L’oligarchie au pouvoir est la traduction politique du Gestell, lequel n’est pas une création volontaire de
l’être humain mais une figure imposée par ce que Heidegger appelle l’histoire de l’Etre. Cette oligarchie
ne peut donc être renversée que si des conditions objectives le permettent. Ces conditions, comme ce fut
***LIEN***
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le cas pour l’URSS, sont l’effondrement démographique, économique et financier. « C’est du danger que
vient ce qui sauve », a écrit le poète Hölderlin. Mais il n’est pas interdit de préparer le tournant qui doit
marquer la sortie du Gestell nécessaire à la survie même de l’humanité. Les deux piliers de cette
préparation sont la prise de conscience et la mobilisation.
La prise de conscience consiste à réaliser qu’on n’est absolument pas en démocratie mais en oligarchie.
C’est la prise de conscience politique indispensable. Il y a aussi la prise de conscience métaphysique de ce
qu’est le Gestell et du danger qu’il représente pour l’être même de l’homme, notamment de l’homme
occidental. Le Gestell, comme l’écrit Heidegger, détruit notre terre et nos racines, obscurcit notre ciel et
nos valeurs, fait fuir la Divinité et le sacré et massifie totalement les hommes. Tout ce qui va dans le sens
opposé est donc bienvenu : la défense des racines et des valeurs, la référence à un sacré en dehors de
l’ego et la résistance à la massification barbare accomplie par les médias (et l’urbanisme, entre autres !).
Outre la prise de conscience, qui suppose la plus large diffusion de nos analyses, il y a la mobilisation. Il
existe en effet dans notre société des forces de résistance, celles de tous les milieux sociaux qui ne sont
pas soumis à la seule logique purement utilitaire à court terme. C’est le cas des victimes du Gestell :
victimes de la délinquance, victimes du déracinement, victimes de la dictature fiscale et de l’inefficacité
économique, victimes de la mauvaise éducation de leurs enfants, etc.
Mais les victimes en soi ne sont pas porteuses d’histoire si elles ne sont pas elles-mêmes mobilisées par ce
que j’appelle les héros. Les héros, ce sont tous ceux qui se dévouent au bien commun, souvent pour un
profit modique : soldats des corps d’élite, policiers qui chassent le crime, magistrats antiterroristes,
professeurs amoureux de la vérité, prêtres courageux et j’en passe ! Ces forces varient selon les pays.
Malheureusement, je ne suis pas sûr qu’elles soient les plus puissantes en France. Elles existent aussi aux
USA bien que ce soit le centre du Gestell à présent. En Europe, elles sont plus fortes dans un quadrilatère
alpin entre Zurich, Munich, Vienne et Milan : on le voit aussi politiquement à la force des mouvements
qualifiés de populistes en Italie du Nord, en Suisse, en Autriche ou en Bavière. On le voit aussi à la force
des traditions populaires et des valeurs traditionnelles dans ces pays qui sont en même temps à la pointe
du progrès technologique et économique. On le voit à la force de leur sociologie fondée sur un tissu
puissant de petites et moyennes entreprises assises souvent sur une structure familiale de la propriété. Il
faudrait qu’une solidarité active s’organise entre ces forces qui restent aujourd’hui dispersées.
Prise de conscience et mobilisation : voici ce qu’il y a à proposer aujourd’hui ! Merci de votre attention !

Yvan Blot

Institut néo-socratique

19/10/2009

Notes :
1. Aristote, Politique, GF Flammarion, 1990, livre 4, chapitre 5, p. 297.
2. Ibidem, chapitre 6, p. 363.
3. Das Gestell : exposé fait à Brême, publié dans la Gesamte Ausgabe (oeuvres complètes), Klostermann
(Frankfurt-am-Main), 2005, volume 79.
4. Arnold Gehlen, Anthropologie et Psychologie sociale, PUF, 1990.
5. Friedrich Nietzsche, Also sprach Zarathustra, Kröner Verlag, Stuttgart 1969; traduit de l’allemand par
Yvan Blot.
6. Arnold Gehlen, ibidem, p. 67 et 68.
Correspondance Polémia
28/10/2009
Image : Domination des Eupatrides VIIe av. J.-C.
Yvan Blot
***LIEN***
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Je pense qu'on ne combat pas une chose avec ses propres armes.
Et que par conséquent leur solution ne peut pas marcher, débuter.

D'habitude les choses se détruisent suffisamment bien elles-mêmes ...
Quelle gloire y aurait-il à accélérer un mouvement d'un pouillème ?
Le Phoenix
Actif
Actif




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Message Posté le: Ven Nov 19, 2010 17:12 pm    Sujet du message:
A la lumière du premier post, peuvent se définir comme capitaliste : la nature ainsi que toutes les sociétés présentes depuis la nuit des temps.

Saugrenue est la synthèse vidée de substance.
Tommy Angello
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Message Posté le: Ven Nov 19, 2010 18:09 pm    Sujet du message:
Dis donc existence, qu'est que c'est que c'est liens partout? En plus c'est tendancieux (les militaires altruistes? )
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Message Posté le: Mar Déc 14, 2010 18:21 pm    Sujet du message:
Warren a écrit:
Mai lan a écrit:
Assez de diagnostic, un remède !

Douce utopie lorsque l'on voit le directeur du FMI et ses soubresauts avec sa secrétaire ...
( Edit : Mai Lan, trop tard ^^ )

Face à cela la solution est directe et unique. Marx l'a excellemment expliqué, vous devriez le lire. Et aussi Engels, Lénine et les autres, au passage.
Romulus
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Message Posté le: Mer Déc 15, 2010 18:28 pm    Sujet du message:
Marx a une analyse très fine du capitalisme à son époque et une partie de cette analyse est encore valable aujourd'hui, mais le monde évoluant beaucoup je trouve assez mal avisé de tout prendre au pied de la lettre, 150 ans après.
Mai lan
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Message Posté le: Mer Déc 15, 2010 18:50 pm    Sujet du message:
La Lutte des Classes se tient dans son concept mais c'est la définition de ces Classes qui tend en revanche aujourd'hui à devenir caduc.
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Message Posté le: Mer Déc 15, 2010 19:50 pm    Sujet du message:
- Le système actuel fait "disparaitre" ~1000 milliards de dollars chaque année grâce à la bourse dans les effets de baisse des actions.
- Les entreprises actuelles sont presque au maximum de leurs capacités de production financière.

=> Ça ne durera pas très longtemps.

On ne peut que préparer une transition (vers quoi ?) ou une mort (de quoi ?).
Mai lan
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Message Posté le: Mer Déc 15, 2010 20:36 pm    Sujet du message:
Cycle :

-> Plainte ("Pas content. Les Dirigeants que nous Elisons sont mauvais")
-> Nomination d'un Démagogue et troubles sevères (Insécurité, économie en mal etc..)
Climat Fécond pour le saut possible vers un Ailleurs mais :
-> Humble et pieuse Satisfaction (Retour à l'Etat premier puisque même si l'environnement s'en trouve fécondable encore faut-il y inserer une Idée porteuse ainsi que des Hommes capablent de porter cette idée. Ceci n'arrive pas et alors on se satisfait de cet Etat retrouvé pour quelques decennies encore.)

Peut être sommes nous bloqués dans ce genre de Schéma depuis la Révolution Française (Qui a terminé un Cycle d'un autre genre) en ne parvenant encore cependant à dépasser la Seconde Etape sans aller vers la dernière qui - en toute logique de cycle - nous ramènes à la premiere.

Puisque dans ce franchissement le cafouillement anarcho-parlementaire est à prévoir et l'insistance populaire pour un retour à l'Ordre également. De ce fait l'etat Premier. le "Pas si mal". Cela, avant que ne de nouveau la plainte.


Dernière édition par Mai lan le Mer Déc 15, 2010 20:47 pm; édité 4 fois
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Message Posté le: Mer Déc 15, 2010 20:42 pm    Sujet du message:
Le problème des catégories c'est qu'elles prétendent poser des vérités, des faits, des observations, là où il n'y a que des interprétations ^^.
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Message Posté le: Jeu Déc 16, 2010 22:58 pm    Sujet du message:
Romulus a écrit:
Marx a une analyse très fine du capitalisme à son époque et une partie de cette analyse est encore valable aujourd'hui, mais le monde évoluant beaucoup je trouve assez mal avisé de tout prendre au pied de la lettre, 150 ans après.

Vous avez raison, mais je ne prends pas la parole de Marx pour un dogme. Lui-même avait dit un jour : « Je ne suis pas marxiste », sous-entendu, il ne fallait pas idéaliser son œuvre.
Marx donne une grille de lecture socio-économique très juste de la société, à nous de l'utiliser pour mieux comprendre notre présent. Cela ne dispense bien sûr néanmoins de lire les économistes, sociologues et philosophes contemporains.

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