Les aspects du bonheur.


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Message Posté le: Lun Oct 04, 2010 18:35 pm    Sujet du message:
uacuus a écrit:
Pascal Que dit-il exactement?

C'est l'interprétation que fait A.C.Sponville sur les "ordres" Pascaliens.
Lit << Le capitalisme est-il moral ? >>.

C'est court, lisible et à le mérite d'expliquer un principe utile.
uacuus
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Message Posté le: Lun Oct 04, 2010 18:56 pm    Sujet du message:
C'est sans doute lisible, mais Pascal l'est aussi. Et je crains que ce résumé de d'A. C. Sponville, déformé par tes soins (le "barbarisme" en témoigne) ne déforme à son tour la pensée de Pascal.
Lyriss
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Message Posté le: Sam Oct 09, 2010 23:12 pm    Sujet du message:
Pour revenir au sujet, je proposerais uen approche un peu différente.

Si par bonheur on entend un état de satisfaction, de d'euphorie ou de plénitude, il est nécessaire d'introduire le caractère chimique de ce bonheur.

Des lors, une classification un peu moins "psychologie de comptoir" peut s'élaborer au travers de la dose endocrinienne associé a chaque stimulus (que nous regrouperons par catégorie associés a une situation générale) que nous rencontrons au cours de notre vie.

Il en ressort a peu près ceci :
- le sexe / câlin / tendresse est de très loin le premier sur la liste.
- La faculté a affronter les obstacles (adrénaline)
- la reconnaissance publique / flatage d'égo divers
- la relation avec les autres suit (en effet le simple fait d'échanger une conversation avec un tiers suffit a secréter une hormone associé au plaisir)
- la satisfaction des besoins primaires*
- la sécurité (être dans son foyer / avec sa famille) ne produit pas en soit d'hormone du plaisir (quoi que ...) mais permet surtout de ne pas secréter d'hormones inhibitrices ou incapacitantes (stress, peur, ultra vigilance ...)

Au final on en revient a peu près au même, sauf que d'une vague intuition on est passé a un classement basé sur une échelle quantifiable.
Criterium
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Message Posté le: Sam Oct 09, 2010 23:39 pm    Sujet du message:
Question sans connotation : si l'on admet l'existence d'un cocktail adéquat de ces neurotransmetteurs, une façon aisée de se les injecter et un rythme idéal pour ce faire, éventuellement différent selon les types (le recours à l'adrénaline est dans notre société moderne moins essentiel que celui à l'ocytocine par exemple), penses-tu que le bonheur peut se trouver dans une seringue et quelques pilules? Ou dans une chicha, pour y adjoindre un côté plus convivial?
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Message Posté le: Sam Oct 09, 2010 23:51 pm    Sujet du message:
Oui, mais là tu amène a une définition du bonheur qui se divise en bonheur immédiat (en instant de bonheur) et en bonheur en tant qu'état constant (être heureux aujourd'hui et savoir qu'on le sera demain).

C'est très différent et même si tu ne veux pas entrer dans un débat de définition du terme bonheur il est indéniable de souligner que cette double définition conduit deux approche différentes, même si pour am part le bonheur en tant qu'état sur al durée n'existe pas.

Ou alors il faut différencier bonheur de plaisir en ceci que le drogué ressent du plaisir tout en étant fondamentalement malheureux.

Donc peut être que ma grille de lecture est fausse dans le cadre du débat car décrivant en réalité les étapes du plaisir. Toute fois, il me semble que le bonheur peut être interprété comme étant la faculté d'accéder a un plaisir inconditionnel (comprenez qui n'induit pas de contre parti néfastes).
Lyriss
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 00:01 am    Sujet du message:
Quoi qu'a y réfléchir ta remarque induit une autre analyse : l'intervention de la raison dans l'approche du plaisir pour tendre au bonheur.

Le bonheur serait donc le résultat d'un jugement des plaisirs. Si la raison gratifie le plaisir de « bon plaisir », alors ce plaisir conduit a un état de bonheur.

Le probleme c'est d'identifier la nature de ce « jugement ».

mais la je susi fatigué ^^
La Bête
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 00:03 am    Sujet du message:
Criterium a écrit:
Question sans connotation : si l'on admet l'existence d'un cocktail adéquat de ces neurotransmetteurs, une façon aisée de se les injecter et un rythme idéal pour ce faire, éventuellement différent selon les types (le recours à l'adrénaline est dans notre société moderne moins essentiel que celui à l'ocytocine par exemple), penses-tu que le bonheur peut se trouver dans une seringue et quelques pilules? Ou dans une chicha, pour y adjoindre un côté plus convivial?
Papillon

je pense qu'il resterait un point gênant, qu'avait mentionné lyriss, c'est qu'au delà des facteurs positifs il y a des facteurs inhibants, contrariété, insatisfaction, insécurité... ils feraient peut-être une tache au tableau.
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 11:15 am    Sujet du message:
Deux pensées sur tes deux derniers posts, Lyriss.

Tu disais introduire le côté chimique du bonheur et ainsi pouvoir établir une grille de classification entièrement chimique — d'où ma question qui s'en est ensuivie, certes brutale — et d'autre part, tu dissocies ensuite le bonheur du court terme et à long terme, ce qui est judicieux dans une approche non-chimique uniquement ; si tu imagines une seringue idéale et une posologie idéale, si tous les aspects du bonheur sont chimiquement réductibles, il serait en suivant ton propre raisonnement possible d'apporter une réponse chimique à ces deux aspects temporels à la fois.

D'autre part, tu introduis ensuite la pensée et la notion de jugement. Si j'étais vraiment taquin et suivais ton raisonnement à l'extrême — d'autant plus que je crois que tu es tout autant matérialiste que moi — l'on peut dire que la pensée et le jugement sont dépendant de facteurs chimiques ; des moyens grossiers n'ayant même pas besoin d'être affinés existent de fait déjà pour inhiber cette partie de la personnalité. Il suffirait donc d'en ajouter la correcte dose dans la seringue idéale.

Perfect drug.
Papillon

Là où je voudrais en venir, c'est qu'il manque indissociablement le facteur social, non pas pour ce qu'il apporte de chimique à l'individu (perspective individualiste et in extenso plutôt capitaliste à divers sens du terme), mais pour ce qu'apporte l'individu à la société.

La société permettant la vie, la nourriture, la survie à l'individu, au minimum dans un premier temps qui recouvre néanmoins une bonne quinzaine d'années au minimum (à part dans certaines micro-sociétés, peut-être), l'on pourrait considérer une notion de Devoir.

Or, s'il y a Devoir et s'il y a seringue idéale, il apparaît donc clairement qu'il faut ne pas être heureux. Paradoxe.
Papillon
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 11:40 am    Sujet du message:
uacuus a écrit:
C'est sans doute lisible, mais Pascal l'est aussi. Et je crains que ce résumé de d'A. C. Sponville, déformé par tes soins (le "barbarisme" en témoigne) ne déforme à son tour la pensée de Pascal.

Parce qu'il est absolument nécessaire de manger une pomme de terre à son déracinage afin d'en obtenir les capacités nutritives ?
Very Happy


Bien sur Criterium, tout peut se réduire au plan chimique !
Bien sur Criterium, tout peut se réduire au plan non-chimique !
Very Happy
Bien sur Criterium, c'est effectivement la société qui a offert le bonheur aux individus !!!
Very Happy


Je ne devrais plus parler qu'en Koan, si je ne le fais pas déjà ...
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 11:53 am    Sujet du message:
Question
Romulus
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 13:18 pm    Sujet du message:
Toutes ces remarques sont très intéréssantes, il y aurait de nombreuses choses à dire mais je ne m'étendrais pas faute de temps.
Juste deux trois choses,... Lyriss dans ta grille de lecture, tu fais une confusion entre bonheur et plaisir que tu constates d'ailleurs après coup.

Parenthèse : A ce propos, pour ceux qui sont dingues de littérature comme Critérium il me semble que l'ouvrage "Le portrait de Dorian Gray" traite de cette distinction entre bonheur et plaisir, mais sans doute l'as-tu déjà lu ce qui n'est pas mon cas.

Par ailleurs Lyriss les éléments que tu évoques ne tiennent pas exclusivement du chimique mais sans aucun doute aussi du psychique, qui est beaucoup plus difficile à cerner/évaluer.

Enfin la hierarchie de ces sources du bonheur/plaisir est très discutable pour ne pas dire fausse. Je crois que certains anthropologues ont dréssé une "echelle des nécessités" qui hierarchise les besoins humains, et ils te diraient que la sécurité pour soit même et pour sa progéniture est bien plus élevée que la reconnaisance publique. En outre, prives quelqu'un de nourriture (besoin primaire) pendant une semaine et tu verra si le besoin de calin est plus important que celui de manger.
En fait ta vision déformée de l'importance des besoins vient sans doute du contexte de notre société. Aujourd'hui en France il est très improbable de mourrir de faim ou de se faire tuer par un animal sauvage ou un fou dangereux, donc au final ces besoins sont tellement facile d'accès qu'on finit par les considérer comme secondaires.

Lyriss a écrit:
Quoi qu'a y réfléchir ta remarque induit une autre analyse : l'intervention de la raison dans l'approche du plaisir pour tendre au bonheur.

Oui en effet la raison intervient, mais l'erreur qui est faîte ici est de focaliser le bonheur uniquement sur la notion de plaisir. Il faudrait plus généralement la baser sur la notion de bien être qui n'est pas qu'une affaire d'hormones et de mollécules (cela dis en tant que rationaliste, je te concèdes que ce n'est qu'une affaire physico-biologique).

La Bête a évoqué une notion plus fondamentale que le plaisir dans le bonheur, c'est la satisfaction.

Concernant cela, la question des drogues évoquée par Critérium est très intéréssante et tape dans le mille. Si il y a bien une chose qui les caractérise c'est qu'elles donnent du plaisir, or il ne faut pas être très érudit pour savoir que les gros consommateurs de drogues ne sont pas les gens les plus heureux.
Car en dehors des symptomes physiques bien connus des dépendances aux drogues qui font souffrir le drogué, il y a surtout les dépendances psychiques. Concrètement le cerveau mémorise la sensation de plaisir d'où son obsession pour y retourner.
En fait, les drogues saturent l'organisme de plaisir, si bien que le consommateur s'en obsède mais finit ausi par s'en lasser et va chercher plus de plaisir. En général les toxicomans perdent le goùt des autres plaisirs plus simple, genre : un bon repas, une activité amusante,...
C'est sans doute plus vrai pour les drogues dures, mais de manière générale la drogue est un peu l'antithèse de la notion de satisfaction. Elles donnent trop à l'individu qui ne sais plus se contenter de peu. Au fur et à mesure du temps qui passe le drogué doit réduire l'espacement de la consommation et/ou augmenter les doses pour tenter de maintenir une satisfaction qui sinon disparait.


Je ne suis pas moine et je ne viens pas prôner le renoncement ou l'ascétisme, toutefois je crois qu'il y a de cela dans le bonheur, en partie du moins. Pour les ascètes je dirais que cela se résume à ça même si je ne suit pas de leur avis.
Phrase de je ne sais plus qui : "Si vous ne profitez pas de ce que vous avez, comment voulez-vous être heureux avec plus?"


En même temps je dis ça mais j'estime personnelement qu'il faut rechercher la progression, donc de mon point de vue il y a une forme d'équilibre entre :
Etre content de ce qu'on est et de ce qu'on a... tout en cherchant à "être plus" ou à "avoir plus" (ne pas entendre "avoir" dans le sens mercantile).


Sinon, pour ce qui est d'évaluer la nature physiologique de la satisfaction, ça me semble hasardeux. Là je me contente de faire de l'empirisme social et anthropologique, je me base sur de l'observation. Après, chercher la source de ces comportements humains dans les cellules, hormones, mollécules, flux électriques du cerveau,... me semblent bien compliqué et necessiter le plus haut niveau d'expertise en la matière.
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 21:50 pm    Sujet du message:
Citation:
Les aspects du bonheur. Adler considère qu'il y a trois "jauges" pour juger de si sa vie est réussie, et atteindre au bonheur ; trois aspects, donc.
— Le travail.
— L'amour.
— La relation avec les autres.

Citation:
L'idée principale n'est pas tant que le bonheur soit atteint ou pas, atteignable ou pas, mais surtout les axes par lesquels cela pourrait se faire

Citation:
Le bonheur est apprécié selon le degré de satisfaction des besoins à atteindre:



Il n'y a pas à me remercier.
Romulus
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 22:46 pm    Sujet du message:
Amusante cette pyramide cela dis, elle est loin d'être un règle absolue. Pour ma part, plusieurs points du n°2 ne sont pas satisfait, je n'ai pas "construit" de maison et je ne suis même pas sur d'en vouloir une, je n'ai pas non plus d'emploi stable.
Mais les points 4 sont largement plus satisfaits et même les points N°5 en partie. Franchement c'est bizarre de penser qu'on ne peut pas approfondir sa culture ou aspirer à l'aprofondir sans avoir un emploi stable???

Non franchement je vois tellement de contre-exemples, je ne peut que dire qu'elle est bidon.
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 23:00 pm    Sujet du message:
Romulus a écrit:
Non franchement je vois tellement de contre-exemples, je ne peut que dire qu'elle est bidon.


Il aurait fallut appuyez : POUR QUOI / POUR QUI cette distinction des besoins a-t-elle été réalisée ?

--> Pour le monde des entreprises industrielles.

Donc ce n'est pas tant de degrés de satisfaction universel des humains mais le degrés de difficulté pour un industriel d'arriver à chacun de ces points (pour ses clients et occasionnellement pour ses employés).

Normalement, avec ça vous devriez commencez à voir les raisons des évolutions industrielles modernes.
Cela a ouvert de nouveaux marchés dans les mêmes marchés. Et les CONsommateurs ont acheté ...
La Bête
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Message Posté le: Dim Oct 10, 2010 23:00 pm    Sujet du message:
on peut contester le caractère absolu de la hiérarchie présenté dans la pyramide de maslow... cependant je ne crois pas que la hiérarchisation des besoins par "niveaux" d'élévation et de complexité signifie nécessairement que certains soient interdits si l'on n'a pas rempli les premiers, les annotations précisent bien qu'une complétion "relative" des premiers échelons peut suffire, et le fait que peu d'humains parviennent aux échelons les plus hauts ne signifie pas nécessairement que ces mêmes humains aient rempli tous les autres, juste que ces échelons sont plus difficiles d'accès.

mais enfin si on met de côté la question de cette hiérarchisation, et ne serait-ce que parce qu'à la bas chacun a des priorités différentes (par exemple je crois personnellement que la réalisation de soi passe avant la reconnaissance, selon le vieil adage qui dit qu'il faut s'aimer soi-même pour être aimé, ou encore aide-toi le ciel t'aidera)
mais donc hormis cet aspect contestable, j'ai toujours trouvé ce système assez complet dans son énumération.
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Message Posté le: Ven Oct 15, 2010 06:26 am    Sujet du message: Re: Les aspects du bonheur.
Criterium a écrit:
Qu'en pensez-vous?
Êtes-vous tout à fait pas d'accord, d'accord?
Y adjoindriez-vous quelque chose?
En retiriez-vous quelque chose?
Papillon

J'en pense que Daniel Kahneman dit des choses très intéressantes sur le lieu entre le bonheur et la mémoire dans sa conférence TED... Wink

Je n'en retire rien, je trouve que ça ne fonctionne pas. Voilà pourquoi...

De deux choses l'une : soit on se refuse à l'affect, soit on s'y prête. 

S'y refuser, c'est tendre vers une vie apathique ou vers la félicité. Dans ce cas, on se situe (dans l'idéal) dans une médiété quiète, douce, mais dénuée de toute intensité. En tout cas, on ne sera pas malheureux, c'est donc un simili-bonheur dans la tiédeur. Dans cette perspective, les propos d'Adler et la pyramide de Maslow sont totalement insignifiants - cette quiétude relevant de la décision intime, et pas d'une condition sociale.

S'y prêter, c'est clairement rechercher l'intensité. Dès lors, on cherchera des moments forts, des moments de grande joie... qui donneront aussi lieu à des moments de grande tristesse - et donc il ne peut y avoir dans cette perspective que des moments de joie. Pourquoi ce lien indépassable ? Parce que la jouïssance n'est pas tant liée à un fait, sinon les mêmes évènements provoqueraient en toute situation les mêmes effets affectifs sur toute personne... Elle est surtout liée à l'interprétation des évènements, qui font sens et donc qui font signe. Or un signe s'interprète en contexte, comme un mot ne peut signifier qu'en-texte. C'est la totalité du référentiel qui provoque la joie ou la tristesse (surtout à ne pas prendre ici au sens spinozien !) dès lors qu'on a décidé de vivre en soi-même, acceptant l'ipséïte et la subjectivité - et donc acceptant l'évènementialité des faits. 

On voit donc une tension entre d'une part un détachement qui viserait à considérer toute chose justement, en l'abstrayant de son contexte, sans lui attribuer de valeur et sans se projeter et d'autre part un rapport impliqué affectivement dans le monde, laissant libre cours à la subjectivité, à la hiérarchisation émotionnelle du monde, à la projection de soi dans l'objet et la concrétude (tendance dominante dans la perception de ces êtres dont on dit qu'ils «sont entiers»). Il est à noter que le détachement est l'apanage du dépressif, qui ne parvient pas à s'investir dans le monde, que tout indiffère, autant que du moine tibétain. Il est à noter également que l'adhésion affective au monde est l'apanage de l'hypersensible et du criminel passionnel.

Au final... vous désirez la voir jaune ou marron, cette facette ?


Plus on se livre au contexte affectif, en investissant le monde de son être ressentant, plus on risque le malheur... et plus on ressent un bonheur intense. Après, tout est une question de dégré d'intensité et de largesse de la perception du monde ; généralement, les gens essaient de tempérer, refusant l'un et l'autre extrême, pensant aux autres mais pensant quand même à eux, etc. C'est plus raisonnable, la demi-mesure, paraît-il...

En définitive, pour moi le bonheur est le fruit d'une décision intime et d'un rapport aimant au monde. Suffit d'investir le milieu et d'en tomber amoureux, même pas besoin de drogue... et pourtant ça vous envoûte comme un charme ! C'est merveilleux, non ?
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Message Posté le: Ven Oct 15, 2010 08:00 am    Sujet du message: Re: Les aspects du bonheur.
c'est joli comme vue Smile

a/b=c/d a écrit:
généralement, les gens essaient de tempérer, refusant l'un et l'autre extrême, pensant aux autres mais pensant quand même à eux, etc. C'est plus raisonnable, la demi-mesure, paraît-il...

les plus filous veulent avoir le beurre et l'argent du beurre : s'investir et vivre pleinement des instants de joie intense, et savoir prendre la vie avec détachement et sagesse dès que les événements prennent une tournure moins plaisante.
ça semblerait être le schéma idéal, avouons-le ^^

Je pense aussi qu'une chose importante est de ne pas considérer le malheur comme un moment de "rien", d'inutilité, on entend souvent les gens dire qu'ils ont perdu beaucoup de temps à être malheureux, je pense que si on s'applique à y être attentif, on peut tirer beaucoup de bonnes choses, des choses utiles au bonheur, dans le malheur.
Mais bon ça nécessite une certaine acuité.
(et il ne faut pas me faire dire ce que je n'ai pas dit, le malheur n'est pas à rechercher, mais si toutefois il survient, une fois qu'on est dedans c'est bien de savoir en tirer au moins un petit quelque chose, ne serait-ce qu'une leçon ou une force)
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Message Posté le: Ven Oct 15, 2010 08:23 am    Sujet du message:
On ne peut décemment construire une identité lorsque les besoins physiologiques n'en sont point pleinement satisfaits, car le besoin imminent supplante la possibilité de réflexion. En outre, certains pensent avoir une identité entièrement élaborée. On en reparlera dans 10 ans. Quant à construire une maison ce n'est pas à prendre au sens littéral, Romulus, il faut que l'individu ait un toit (besoin de sécurité) pour qu'il soit en confort zone. Une fois les besoins physiologiques assouvis, ainsi que l'appartenance à un groupe, naissent le repli sur soi, la possibilité d'ouverture sur sa conscience. Autre point (et c'est une complétion argumentative de la pyramide): on peut se forger une identité uniquement dans le besoin - c'est paradoxal avec ce que j'affirmais antécédemment mais je souhaite rassurer quelques-uns de nos membres - parce que dans la difficulté de satisfaction du besoin, il y a challenge, inventivité (ex: je souhaite obtenir cela, donc je vais procéder ainsi, ainsi ce trait de caractère pourra probablement être reconnu par une communauté alors que les besoins physiologiques n'en sont assurément contentés).
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Message Posté le: Ven Oct 15, 2010 11:33 am    Sujet du message:
Rétrospective. A. Adler serait, parmi les psychanalystes que j'ai lu (précisons qu'il y en a peu, je ne prétends donc à aucune exhaustivité), celui que Hunknown préférerait. En somme, le résumé le plus simplificateur que l'on pourrait faire de sa doctrine serait une thérapie individuelle, appliquée à résoudre le problème que pose le fait de se sentir inférieur, organiquement ou psychologiquement, en (ré)-insufflant en l'individu un sentiment social. — Là où Freud voit du sexe partout, Adler voit de la sociopathie. Il est donc le plus véritablement conformiste, au sens fort du terme. Avec un peu de recul donc, malgré le fait que la piste m'ait paru intéressante ponctuellement, je n'en ai rien retiré moi-même, non plus.



La remarque de Romulus sur la différence entre plaisir et bonheur est tout à fait pertinente, à partir du moment où un individu ne vit pas que dans l'instant (imaginons quelqu'un d'incapable de se projeter dans le passé ou dans le futur ; il ressentirait tout à l'extrême et survivrait, pratiquerait une sincérité absolue envers lui-même et les autres car il n'aurait pas le choix ; mais serait-ce encore un Homme ou juste un animal humain, voire, un mécanisme déterminé?).

La remarque d'a/b=c/d touche juste. Toute théorisation des aspects du bonheur ne peut que dépendre en premier lieu de la réponse que l'on aura su donner — ou éviter de donner — à cette question intime. L'ignorer ou la prendre en compte, tendre vers une ou l'autre direction ou vers la demi-mesure. Pour ma part, je n'y ai pas encore répondu. Ou alors je filoute, comme tout le temps.

Et pour autant, réinsister sur les besoins physiologiques les plus primaires est intéressant (Cynisme). — Car cela remet en cause le problème également d'une autre façon : la dimension temporelle du bonheur. Le fait d'être heureux en contexte, en somme, comme a/b=c/d l'a dit. L'on imagine souvent le bonheur comme étant un état stable et évidemment durable — du moins, on en parle trop souvent en ces termes, et par durable je ne parle pas nécessairement d'un an, mais déjà d'une journée — or rien n'est moins évident. Quelqu'un ne pourrait-il pas se laisser totalement dépérir physiologiquement mais être heureux durant son agonie?

Tout est délié.
Toune
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Message Posté le: Ven Oct 15, 2010 11:42 am    Sujet du message:
Le bonheur réside dans le sentiment que la puissance croît et qu'un obstacle est en passe d'être vaincu.

Nietzsche

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