Supériorité. Une question simple.
Criterium
Suprème actif ![]() Age: 40 Inscrit le: 08 Sep 2008 Messages: 4223 Localisation: ailleurs |
J'ai l'impression de m'être fondamentalement mal exprimé, ou alors de
n'avoir pas du tout insisté sur la différence immense que je vois entre
l'envie de se sentir supérieur,
c'est-à-dire une force, un instinct, un mécanisme, un moteur qui permet, en
tant que tel, des actions, et
sous-tendrait ainsi notre fonctionnement interne, et la sensation d'être supérieur, qui n'est
généralement qu'une auto-satisfaction très souvent assez mal placée, et
qui se traduit comme le dit alcibiade, par des imbéciles croyant que tout
leur est dû, ou qui se définissent comme le dit la Bête, seulement par le
dénigrement d'autrui.
Ce que je pense, c'est que cette envie est là à la base en tout le monde — du moins, c'est justement la question que je me pose — ; après, il est clair que selon les personnes, les actes résultant de ce petit moteur/force/envie/instinct/vampire/truc peuvent être plus ou moins vains, intelligents, efficaces, moraux, civiques... Mais tout est flou dans ma tête. ![]() |
||||||||
La Bête
Silver Mercure ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 03 Nov 2008 Messages: 13812 Localisation: Montréal |
ben dans le cas du petit être faible, je ne crois pas qu'il y ait désir de
supériorité (et donc pas de supériorité effective bien sûr), il y a au
contraire, désir de n'être personne par soi même et de n'exister que grâce
et à travers autrui. de même pour la "groupie", un autre profil que j'ai
évoqué...
maintenant, si on considère que ces gens sont malheureux... c'est peut-être parce qu'ils ont eu ce désir de supériorité et se sont assis dessus, oui... ou bien, si ce n'est un désir initial et spontané, peut-être la conscience que le monde et la société attend d'eux qu'ils montrent cette combativité, requête face à laquelle ils ont échoué. je pose la question : on reconnaîtra au moins que ce désir existe chez un grand nombre de personnes, mais ce désir est-il naturel, et est-il universel, ou est-il induit par une culture, une éducation ou un contexte ? |
||||||||
Lyriss
Habitué(e) ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 20 Mar 2008 Messages: 10770 Localisation: Grenoble |
Pour essayer de répondre a criterium, je pense qu’une personne totalement
nombriliste, d’un égoïsme absolu, complètement auto-centrée, dénué de
toute forme d’empathie, et n’accordant pas la moindre importance a
l’autre pourrait être une personne qui n’ai ni besoin ni désir de
supériorité. Mais le cas semble peu probable, ou relèverait de la maladie.
|
||||||||
Exist@ncE
Super actif ![]() Inscrit le: 19 Mai 2010 Messages: 1680 |
C'est un sujet très
intéressant que Critérium nous a pondu ici.
Félicitations, c'est un magnifique petit poussin ! J'enchaine. La pensée produit, - Des actions - Et des pensées. Être serait donc "faire de l'être" et "faire des actes", non ? En ajoutant la mémoire allant du court au long terme, - L'être se fait lui - L'être fait des actes. Mais si un acte échoue, la pensée fait de cette acte "réussi" existe, non ? (C'est un autre point de vue de la vision de Lyriss, il me semble.) Or ce qui est créé dans notre pensée et se qui est créé pour agir ne correspondent pas toujours. Donc ces deux systèmes s'éloignent petit à petit ... Il me semble que le décalage crée deux phénomènes, -1- La volonté d'agir/de penser, pour rapprocher les actes et les pensées ou les éloigner ou rien. -2- L'estime de soi, pour mesurer les écarts ou pour mesurer les similitudes ou rien. Par conséquent je comprendrais "le besoin de supériorité" de Critérium comme un mélange du besoin (La volonté) et de la comparaison (L'estime). Cette séparation t'aide-t-elle à y voir plus clair ? Si je reviens à la première question posée par Critérium qui était il me semble : de savoir si en chaque humain réside un système qui cherche à se sentir supérieur. --> Je répondrait qu'il existe un mécanisme qui peut donner ce résultat. Dans quelles conditions : - Qu'il y aie une estime effectuant un ratio évaluant les actes des autres par rapport à ses pensées intérieures. ==> Cela donnera forcément avantage ou désavantage à l'individu. Exemples qui me viennent à l'esprit : Avantage, un autre réussi à renvoyer un ballon or l'individu dans sa pensée l'a renvoyé plus fort ou plus joliment. Désavantage, l'être aimé est idéalisé dans les pensées de l'individu de telle manière que tout les actes qu'il réalise sont pâles et loin d'arriver au niveau de ceux de l'être aimé. L'individu ne peut même pas imaginer être choisi/reconnu par sont être aimé. (Vécu personnel) Ensuite il y a comment influe la volonté, - Soit l'individu agit sur ses actes --> Démarche active, il est visible que l'individu recherche à atteindre ouvertement des buts. - Soit l'individu agit sur ses pensées --> Démarche projective, visible uniquement quand l'individu confie ses rêves (désillusion des "autres" sur l'individu qui apparemment se la pète GRAVE) - Soit un mix ... Comme dans la plupart des cas. |
||||||||
mikee
Actif ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 17 Jan 2008 Messages: 1471 Localisation: Marseille |
|||||||||
Romulus
Suprème actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 4360 |
Je pense que raccorder la notion d'estime de soit à ce que tu as dis
Critérium est tout à fait approprié. Et en fait pour parler de nécessité
puisque c'est de ça qu'il s'agît, je pense en effet que l'estime de soit est
indispensable à un individu pour qu'il soit équilibré.
Après la question que ça sous-tend c'est est-ce que l'estime que l'on a de soit se juge forcément par rapport à celle qu'on a d'autrui? Et est-ce que donc pour avoir cette estime de soit, on dois nécessairement s'estimer plus que les autres? plus que la moyenne évaluée? donc au final qu'on cherche un sentiment de supériorité? Pas nécessairement, je ne suis pas sur que la jauge de l'estime se fasse nécessairement sur les autres être humains, après tout il y a d'autres choses que des humains dans l'environnement d'un humain. On dois pouvoir se jauger par rapport à la nature, par rapport à un concept. Mais c'est sans doute plus répandu par rapport à un être humain tout de même. Dans tout les cas, ça ne concerne pas tout le monde je pense. Cette recherche de l'estime qui peut dans certains cas se manifester en recherche du sentiment de supériorité ne peut concerner que les gens qui sont dans ce que j'appelerai une "quête de la valeur personnelle". Par exemple comme autres cas il y a : -Les gens qui cherchent à appitoyer les autres ne sont certainement pas dans ce cas. Ils se contenteraient sans doute juste de la compassion d'autrui. -Les gens qui sont dans une totale contemplation d'un dieu/idole/starlette...non plus. -Les gens purement "sensualistes" qui ne se soucient que de trouver des sensations agréables. -ect... Mais je ne crois pas que ces voies là soient très saine (d'où le "équilibré" du début) ni très profitables à l'être humain mais il n'empêche qu'elles sont possibles. Et puisque tu nous invites à nous prendre comme exemple, je ne te caches pas que moi même je suis dans cette sorte de "quête de la valeur" (quoi que ce n'est pas le terme que j'emploierai habituellement mais il est explicite), mais je n'y vois pas une recherche de la supériorité. Déjà parce que le développement de la valeur doit d'abord se concevoir comme une comparaison avec soit même. Quand tu cherches à progresser dans un domaine, il est préférable de te comparer à toi même et de chercher à toujours faire mieux que précédement que de te conforter en te disant que t'es meilleur que quelqu'un qui est de faible niveau (si il stagne tu peut rester meilleur en stagnant aussi) c'est ce qu'en d'autres terme on pourrait appeler la compétition avec soit même ou mieux "la recherche de l'excellence". Par ailleurs il n'y a rien de plus médiocre que de chercher à s'élever en rabaissant les autres. C'est typique des faibles, déjà parce que si tu es "bon" tu n'a pas besoin de marcher sur les autres pour "t'élever". En outre, on peut très bien trouver l'estime de soit en visant l'excellence tout en cherchant à tirer les autres dans cette même direction. D'ailleurs on peut prendre l'exemple classique du professeur : Il dispose de la connaissance, donc d'un écart important de niveau avec son élève, donc d'une forme de supériorité. Mais en enseignant il cherche à réduire cet écart et non pas à le maintenir ou à le creuser.
Bonne question. Je crois pour ma part qu'en fonction des cultures cette "quête de la valeur personnelle" a une importance très variable. Les sociétés où les notions "d'honneur" sont très développées, cela correspond en quelques sorte à cette "quête de la valeur" où l'individu cherche à ne pas commettre d'actes qui abaisserait sa valeur (déshonorant) et au contraire à commettre des actes qui élèvent sa valeur (honorifique). Je pense à la Grèce, à la Rome Antique ou au Japon féodal. Dans ces cultures, aucun paradis ou enfer à la clé de la vie terrestre, donc c'est pas une recherche de la récompense qui guide les actes, mais bien la recherche d'une valeur intrinsèque. A l'inverse l'Europe et le Moyen Orient du moyen âge, beaucoup plus teintés de vénération envers "l'être suprême" sont je pense moins axées sur cette quête de valeur. Enfin en tout cas quand l'individu agît par crainte. Notre société étant multiculturelle et ayant hérité de tout ça, je ne crois pas vraiment qu'il y ait de système dominant en ce domaine aujourd'hui. |
||||||||
Criterium
Suprème actif ![]() Age: 40 Inscrit le: 08 Sep 2008 Messages: 4223 Localisation: ailleurs |
Pensées désordonnées qui me viennent à l'esprit... Une fois de plus,
j'hésite quant à mon choix du mot “supériorité” ; je me dis que cela
pourrait être ce que la Bête et Romulus proposez, l' “estime de soi”,
qui est effectivement constructive et équilibrée seulement à partir du
moment où elle ne se base pas sur le rabais d'autres mais sur la construction
de soi-même — dont l'expression “quête de la valeur personnelle” rend
compte d'une très juste manière (plus que “recherche de l'excellence”,
mais je tique personnellement sur le mot excellence qui est pratiquement toujours galvaudé... Avant d'être excellents, commençons par être
bons.).
Mais j'ai la sensation que quelque chose manque. J'ai aussi et surtout la sensation que le terme de “supériorité”, de par nos conventions sociales, ne pourra qu'être interprété d'une manière particulièrement négative — et en cela c'est très révélateur que le membre du forum ayant choisi d'adopter parfois à outrance une opinion allant dans le sens qui sape celui des bonnes mœurs, j'ai nommé Lyriss, fonce dans la direction contraire, avocat d'un certain narcissisme (là encore je n'écris pas le terme avec une intention de connotation). — En cela, je ne pouvais que mal expliciter la question qui me traversait l'esprit dans la Nuit. —... Peut-être “supériorité par rapport à soi-même et/ou à ce que l'on considère comme médiocre” (étymologiquement, mediocris : moyen, ordinaire). Dans les cas sains. Et là encore, pas forcément une réelle supériorité ou domination, mais une volonté, une volition (hihi, cf. http://www.genaisse.com/forums/viewtopic.php?p=900441&high light=#900441 ). Ainsi, quoiqu'à la première lecture de son post, je ne voyais en rien plus clair à l'explication d'Existence, mais à l'y reprendre, je me dis qu'il y a là une piste intéressante. Volonté et estime — mais je ne vois pas l'estime comme nécessairement comparative, surtout si elle doit se construire sainement, cf. post de Romulus. J'aurais tendance à croire que ce mécanisme de recherche de supériorité existe mais est puissamment refoulé dans l'inconscient, et que d'autre part l'homme étant par nature un animal social — n'en déplaise à certains, l'assertion homo homini lupus est totalement fausse et ne saurait rendre compte que du phénomène d'asymétrie de la violence — l'homme ne pouvant donc devenir Homme que dans le cadre d'une société, cet instinct primaire doit être et est extrêmement régulé. Ne serait-ce déjà que par la connotation extrêmement péjorative du terme de “supériorité” ; notre époque encourage pourtant cet aspect lorsqu'il est question de compétition ou “d'être un battant”. — Mais il serait ubiquitaire. En même temps, comment l'affirmer? Quand bien même il y aurait moyen de prouver que c'est le cas (ce qui ne va pas de soi), il est certain qu'il s'exprimera par des moyens divers, plus ou moins sains, et sera plus ou moins refoulé, plus ou moins conscient. La question de la Bête est une bonne question aussi parce qu'elle est irrésolue et difficile à résoudre. En disant tout cela, je n'ai pas l'impression d'avancer d'un pouce. ![]() |
||||||||
Lyriss
Habitué(e) ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 20 Mar 2008 Messages: 10770 Localisation: Grenoble |
|||||||||
Romulus
Suprème actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 4360 |
Concernant le terme voie/quête de l'excellence je pense qu'il est adapté, car il s'agît bien d'une quête pas d'un prétendu état, et que le meilleur moyen d'être simplement bon c'est de viser encore plus haut, même si au final on ne devait jamais atteindre l'état d'excellence. Dans ce cas la satisfaction est dans la progression perpétuelle, mais du coup le terme le plus approprié serait peut être quête vers l'excellence. Mais peut être n'est-ce là que d'une forme de quête de la valeur.
Il serait possible qu'il y ait une sorte de paradigme de la pensée qui nous interdise d'admettre cette volonté instinctive si elle existait telle quelle, ça ne serait pas la première fois. En fait je crois que toute forme de société avec ses lois, ses normes, sa morale et ses principes est très aliénante vis à vis de la nature première, animale et instinctive de l'homme. Toutefois dans notre cas actuel je ne pense pas que ça aille dans ce sens là. Nous sommes une société complexe qui a travers l'histoire a hérité de différentes cultures comme je l'ai dis, empire romain ou culture judéo-chrétienne. D'influences culturelles plus récentes qui viennent de rayonnement culturel extérieur. Au final les normes fixées par la société sont forcement moins strictes et moins nettes tant elles ont d'influences variées. Par ailleurs comme tu l'as plus ou moins évoqué un élément assez important de notre société est l'individualisme. Or pourquoi une société où l'individualisme est si fort les normes tenderaient à refouler un sentiment de ce type? D'ailleurs on voit beaucoup d'individus qui ne se cachent pas de faire passer leurs intérêts avant ceux des autres, ce qui quelque part dois bien être lié à un sentiment de supériorité. La réciproque n'est pas vrai, on peut imaginer que "le syndrome du bienfaiteur" concerne celui qui se sent d'autant plus supérieur qu'il aide les autres (donc sentiment de supériorité lié à une attitude altruiste). En revanche avoir une attitude égoïste sans se sentir supérieur ça ne me semble pas trop possible, or les attitudes égoïstes sont très répandues. Donc je ne crois pas que notre société refoule ledit sentiment, à la rigueur peut être des vécus/éducations/environnement spécifiques à chacun. |
||||||||
djal
Membre ![]() Age: 41 Inscrit le: 28 Déc 2007 Messages: 108 |
Possible qu'une partie de sa vie, on aime à se sentir supérieur, ou bien à
le croire. Cela est rassurant, réconfortant de penser qu'ainsi l'on a une
place dans la société. Car c'est de cela qu'il s'agit : obtenir ou trouver
une place. C'est assez occidental comme façon de s'identifier par rapport aux
autres, peut-être même "civilisé". Possible qu'une autre partie de sa vie,
on aime, non plus à se sentir supérieur, peut-être parceque cela dépend
d'une norme qui ne signifie pas grand chose dans le temps, mais plutôt à se
vouloir meilleur et changer pour se construire non plus en fonction d'un autre
mais d'un soi.
|
||||||||
Invité
|
Ce n'est pas tout simplement un problème d'ego? Disons que lorsque tu plantes
tes crocs sur ta victime celle-ci n'est pas forcément dans l'optique de
s'élever intellectuellement (pour le moment) c'est comme si tu lui injectais
une sorte de poison qui vient lui titiller son ego (bien sûr il faut que cela
soit associé à une personnalité ayant déjà un esprit de
compétition). Donc je pense que ce qui pousse X. avant tout à répondre est
son ego qui a besoin de se défendre. Même le plus dominé des hommes a envie
à un moment donné de se sentir supérieur. En l'occurrence je pense que cela
pourrait correspondre à une sorte de «vengeance» en prenant le dessus (en
inversant la situation) sur celui qui le dominait. Après est-ce que c'est
vital? Je ne sais pas trop, je vais beaucoup spéculer mais je ne crois pas.
À vrai dire je pense que cela est analogue au cancer: chacun en possède un
mais qui n'est pas forcément actif. Il peut se réveiller suite à un
quelconque stimuli mais ce n'est pas forcé pour tout le monde. Si il se
réveille on entre dans la sphère intime de l'individu: principalement une
atteinte à son ego, besoin de se défendre, a fortiori de se surpasser.
Éventuellement cela peut aussi être considéré comme un jeu nouveau par ce
dernier, donc là il y aurait intérêt. Voire que les deux possibilités
précitées soient en fait une évolution: au début il a besoin de sauver son
ego puis il y prend goût car il se sent probablement progresser en se
frottant à quelque chose qui le dépasse. Et de la simple défense on passe
à l'attaque virulente. Ce qui expliquerait sûrement les saletés de trolls
qui viennent pourrir forums et discussions. Ils ont besoin de sang.
|
||||||||
Exist@ncE
Super actif ![]() Inscrit le: 19 Mai 2010 Messages: 1680 |
|||||||||
Blue Jeans
Membre ![]() ![]() Sexe: ![]() Age: 37 Inscrit le: 18 Juin 2010 Messages: 314 |
![]() |
||||||||
Invité
|
|||||||||
Criterium
Suprème actif ![]() Age: 40 Inscrit le: 08 Sep 2008 Messages: 4223 Localisation: ailleurs |
En somme, pour rebondir sur la vision caricaturée de Lyriss — dont on ne
sait jamais si c'est tout à fait sérieux ou exagéré, mais avec qui pour
autant justement ça devient intéressant grâce à cette démesure — tout
dépend de comment est considéré l'Autre.
Dans une vision égocentrée à l'extrême, tout ce que les sens perçoivent est dépendant de ces sens ; il n'y a donc pas d'Autre, il n'y a que des objets de sa perception. La seule réalité est la réalité que le Je vis ; démiurge fou, et les Autres ne seraient que des pantins désarticulés captés par les sens, à l'existence théorique fumeuse, mais qui pour autant ne seraient pas soumis à notre volonté consciente (comme les visions inconscientes des rêveurs lucides : l'on peut en acquérir conscience et interagir avec elles, l'on sait qu'elles sont une partie de nous, mais l'on ne les contrôle pas). — Dans ce modèle, les seuls buts peuvent être de s'amuser (s'amuser des obstacles, en triompher, en somme, n'est-ce pas le chemin de la réalisation?), d'éprouver du plaisir, et de suivre une mission divine. En somme, voici un système de pensée qui correspondrait parfaitement aux grands manipulateurs, aux fous illuminés, aux tueurs psychopathes et aux enfants égoïstes. Admettons le même système de pensée mais avec un Tu. Parfois, dans ce maelström de relations fantomatiques avec d'autres objets de sa pensée — les Autres — l'on a l'impression de toucher du doigt un véritable Autre, un Tu. Au début, l'on croit que c'est une personne ; synchronicité aidant, coïncidences à répétition, rencontres fortuites, l'on s'aperçoit que cet Autre n'est pas dans un autre, mais en soi, tout en étant autre ; en somme, que cet Autre, ce Toi, c'est Dieu. — Et là l'on en retombe sur le système de pensée idéal pour psychopathes et fous investis d'une mission divine. Avec également le pélerin dolent et solitaire. Je m'arrête là pour le moment : la conclusion temporaire, ce truisme, c'est que les autres sont de toute façon nécessaire ; et qu'il me paraît a priori plus sain de dire qu'ils sont tout autant vivants que soi. |
||||||||
Invité
|
J'ai failli m'étrangler en lisant cette partie du post. Pourquoi s'échiner à copier-coller les mots des autres sans les comprendre ? Ça m'ulcère. |
||||||||
Criterium
Suprème actif ![]() Age: 40 Inscrit le: 08 Sep 2008 Messages: 4223 Localisation: ailleurs |
Ce n'est pas ce que je fais.
Edit: j'explicite. Le premier modèle, extrême, correspondrait à "Je existe ; les autres n'existent pas : ils existent par moi." — Cela ne dit pas pour autant que l'on considère les autres comme des objets, ni comme des choses, mais principalement comme des personnes qui ne sont pas le Référentiel : le Référentiel, l'axis mundi, c'est le Je. Tout autour tournent d'autres humains, qui n'existent que parce que le Je les perçoit. Second modèle : même vision, mais il y a un Tu. Ce n'est pas forcément le Tu bubérien. Quelqu'un ou quelque chose de complémentaire ; si ce Tu ne correspondait qu'à une personne précisément, ce serait une vision du monde qui se résumerait par l'existence uniquement de soi et de l'anti-soi, l'âme sœur en quelque sorte. Deuxième vision, donc. Mais l'on peut considérer une troisième vision dans laquelle ce Tu n'est pas fixe ; il peut au contraire être une alchimie de relation, une relation de complémentarité — et donc éphémère par nature, dans le temps, dans l'instants : dans des moments où soi et anti-soi se complètent. Une sorte de recherche éperdue de l'âme-sœur mobile. Quatrième vision, le Tu n'est pas fixe, et peut correspondre à n'importe qui et surtout n'importe quoi avec qui l'on entre en relation de complémentarité ; dans l'instant ponctuel, il correspond à la présence dans l'instant en quelque sorte. Avoir une relation implique avoir une conscience de l'instant, or celle-ci ne saurait être que discontinue (cf. Bachelard & Roupnel). Cela serait — si je l'ai bien compris — le Tu bubérien. — Or, qu'est-ce que l'amour au monde? Pour certains, c'est Dieu. Une sorte de mysticisme du moment présent, quelque chose de somme toute très bouddhiste. — Mais tu es libre de faire les suppositions (et projections) que tu le souhaites quant à ma compréhension et mécompréhension de choses et d'autres. Tout comme tes réponses sur l'autre topic insinuent — en somme, si tu as quelque chose à me dire, dis-le clairement. Ici ou ailleurs. Dernière édition par Criterium le Dim Oct 17, 2010 20:30 pm; édité 1 fois |
||||||||
Invité
|
|||||||||
Criterium
Suprème actif ![]() Age: 40 Inscrit le: 08 Sep 2008 Messages: 4223 Localisation: ailleurs |
|||||||||
Invité
|
C'est la thèse égocentrique. Incohérent dès lors que l'on se pose cette question : «Qu'est-ce qui me forge ?»
Si le Tu est restreint à une parcelle du monde, il crée d'emblée nécessairement : - un Cela duquel le Tu se distingue. La binarité est impossible, même au prix d'une réïfication du monde dont émergent par un miracle incertain deux êtres. Il reste un Cela. - la catégorie du Tu qui aurait tôt fait de croquer le Cela pour générer d'autres Autre. Mouais. Ça me semble bien romantique, tout ça, et bien désespéré. On se croirait dans un roman de Marc Lévy.
En somme on en revient au 1. Je est dans le monde, Je soupçonne l'être (l'existence) d'un Autre mais navigue entre des choses. Je est désespéré et ne trouve aucune forme qui contienne l'idéal. On plonge un peu plus loin dans l'horreur du 1. Marc Lévy, sortez de ce corps !
On se rapproche de Buber (que j'ai lu en 2005/6, donc je ne pourrai rentrer dans le détail, désolée), mais ce n'est pas encore ça. L'analyse pose sur la table des éléments imbriqués l'un dans l'autre à leur état réel. C'est le sens correct de l'opposition abstrait / concret (qui a plus à voir avec le tout et la partie qu'avec le virtuel et le réel). Bref. La phénoménologie pose une catégorie de l'autre qui est une question, un être foisonnant. Le monde est constitué de ces autres qui devienntn choses quand on en parle, de ces choses qui deviennent êtres quand on vit avec. Moi peut être un autre, une chose, ce ne sont que des structures, des moments de la conscience. Pas la description d'une petite histoire. Voici après ce préambule la liste de mes griefs... Comment parachutes-tu l'amour dans cette histoire ? Je ne sais pas. Peut-on parler de mysticisme ici ? Non, puisque ça concerne tout le monde, la vie quotidienne même regardée au microscope n'a rien à voir avec une démarche mystique. Elle n'induit aucune méthode, aucune ascèse, aucune spiritualité, aucune sublimation. Rapport avec le bouddhisme en particulier ? La mystique chrétienne n'était pas assez complexe comme ça, il falait faire plus exotique ? Bref. La phénoménologie est aussi peu là pour exprimer des parcours individuels que la philosophie n'existe pour justifier en termes compliqués - et donc respectables ? - les vicissitudes de ta vie amoureuse. Aussi quand je te réponds, je réponds en général, même si je déplore de lire les grandes lignes de tes dernières années au travers de ce post. |