Imperfections II


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Message Posté le: Jeu Mai 22, 2008 10:30 am    Sujet du message:
Méphistophélès a écrit:
Jusqu'ici l'on me reprochait de trop m'attacher à la forme, je suis content qu'aujourd'hui on me trouve trop porter sur le fond.
alcibiade
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Message Posté le: Jeu Mai 22, 2008 15:51 pm    Sujet du message:
Je pense que forme et fond donnent autant l'un que l'autre intéret au poème.

Enfin bref, tout ça pour répondre à Tsubi, qui voudrait faire de la poésie sans versification. Faisons de la poésie sans mots tant qu'on y est.
Méphistophélès
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Message Posté le: Jeu Mai 22, 2008 17:23 pm    Sujet du message:
Ca existe.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, c'est le signe.
Tsubi
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Message Posté le: Jeu Mai 22, 2008 20:51 pm    Sujet du message:
alcibiade a écrit:
Enfin bref, tout ça pour répondre à Tsubi, qui voudrait faire de la poésie sans versification. Faisons de la poésie sans mots tant qu'on y est.


Citation:
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.

Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvée amère. — Et je l’ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !

Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.

Or, tout dernièrement m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

La charité est cette clef. — Cette inspiration prouve que j’ai rêvé !

« Tu resteras hyène, etc…, » se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. « Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux. »

[ page ]Ah ! j’en ai trop pris : — Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.


Qui plus est, j'ai dit que les règles de versifications n'étaient pas intéressantes, ce qui signifie qu'il y a meilleur sujet de discussion. De même elles peuvent être utile pour faire sonner une poème et peuvent tout aussi bien être détruites, reforgées, mise au goût d'un seul être. La forme est consubstantielle au fond, elle n'est en rien une technique à expliquer et à apprendre pompeusement dans le silence religieux et arrangé des sciences naturelles.
Invité








Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 09:53 am    Sujet du message:
Tsubi a écrit:
La forme est consubstantielle au fond, elle n'est en rien une technique à expliquer et à apprendre pompeusement dans le silence religieux et arrangé des sciences naturelles.


c'est là que je ne suis pas d'accord, pour moi, la forme prévaut sur le fond car la forme est forme mais elle peut aussi faire sens. Le sens ce n'est que du sens, et parfois du sens approximatif
Silver Mercure
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 10:30 am    Sujet du message:
pour revenir au poème dont ils s'agit, manifestement, l'auteur a voulu versifier, il n'est donc pas stupide de le corriger sur ce point.

néanmoins, c'est vrai, on aurait tout de même pu tenir compte des autres composants de son poème.
Méphistophélès
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 10:56 am    Sujet du message:
Pour rebondir sur ce que dit lilith: la poésie avant d'être un système de signification est un jeu rythmique, phonique et graphique. Le plaisir du Texte, je rejoins Roland Barthes sur ce point, est en partie un plaisir stylistique - quoique le style ne se limite pas à la forme, il existe des figures de sens, des jeux formels qui n'ont d'autre intérêt que de jouer sur le sens.

Néanmoins, je pense que l'on ampute le potentiel langagier en s'interdisant l'emploi de tout signifié. Le récit, envisagé comme outil de communication, est une sémiosis. C'est un sens privé de tout référent: de là le potentiel infiniment créateur de la littérature. Ce n'est pas une imitation mais une reconstruction du monde. Or on ne construit rien avec des formes: les formes sont nihilistes.

Il est un plaisir plus profond et plus archaïque peut-être que le simple plaisir du style: celui de répondre à la tentation de l'oeuvre en se projetant dans un univers parallèle, qui n'est plus celui de la réalité mais de la signification. Celui d'entrer par effraction non pas dans l'esprit de l'écrivain, mais dans l'image que nous nous en faisons au travers de l'oeuvre, c'est-à-dire en nous-mêmes. La lecture, je pense, est un acte de réappropriation égoïste.

Le formalisme est une pratique intéressante, mais ce n'est pas un Absolu, dans le sens qu'il ne parvient pas à justifier l'inutilité du sens.


Dernière édition par Méphistophélès le Ven Mai 23, 2008 11:19 am; édité 1 fois
princess_boy
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 11:19 am    Sujet du message:
Citation:
pour revenir au poème dont ils s'agit, manifestement, l'auteur a voulu versifier, il n'est donc pas stupide de le corriger sur ce point.

néanmoins, c'est vrai, on aurait tout de même pu tenir compte des autres composants de son poème.


Ceci dit, et je l'avais énoncé dès le début, je n'attendais de vous qu'un relevé des différents problèmes techniques inhérents à ce poème.
Que vous en critiquiez le fond ne venait qu'en second, puisqu'il n'avait d'autre but que d'être corrigé et par là même, me permettre de progresser.

Arrow Je dis ça juste pour clarifier les choses.

Sinon juste une petite question de néophyte : n'est-ce pas par une connaissance "parfaite" de la technique que l'auteur peut par la suite s'en écarter, voir parvenir à la briser ?
Je reprends l'exemple de Rimbaud, qui avant de se lancer dans l'écriture qu'on lui connait dans les illuminations ou la saison en enfer, semblait avoir, et je ne crois pas dire de bêtise(?), une connaissance parfaite des techniques en poésie.
Méphistophélès
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 11:23 am    Sujet du message:
La destruction d'une esthétique formelle relève de l'édification d'une nouvelle esthétique formelle. Hugo ne casse pas la césure d'un alexandrin parce qu'il ignore où elle se trouve, comme nos amis genaissiens, il la casse parce que cette destruction même est source d'euphonie.

J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin

On ne fait pas du Rimbaud ou du Hugo en écrivant au hasard.
princess_boy
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 11:33 am    Sujet du message:
Citation:
On ne fait pas du Rimbaud ou du Hugo en écrivant au hasard.


Oui je me suis mal exprimé, je ne voulais pas parler d'écriture hasardeuse, juste de nouvelles formes. Mais c'est à ça que je voulais en venir : l'importance de la technique et de sa maîtrise. Question
Silver Mercure
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 12:07 pm    Sujet du message:
il t'a répondu : on ne peut enfreindre les règles établies que si l'on sait la règle qu'on enfreint. sinon c'est du hasard.
princess_boy
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 12:19 pm    Sujet du message:
Citation:
il t'a répondu : on ne peut enfreindre les règles établies que si l'on sait la règle qu'on enfreint. sinon c'est du hasard.


oui oui, me suis trompé dans la ponctuation Arrow
alcibiade
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 15:34 pm    Sujet du message:
Citation:
Qui plus est, j'ai dit que les règles de versifications n'étaient pas intéressantes, ce qui signifie qu'il y a meilleur sujet de discussion.


C'est vrai, la question de la justice et de Dieu me paraissent bien plus importantes, malheureusement nous sommes dans la section poésie.

Citation:
La forme est consubstantielle au fond, elle n'est en rien une technique à expliquer


Extraordinaire. La forme d'un art n'est pas technique, les vers ne sont pas techniques. Il ne faut rien expliquer. On apprend à faire des alexandrins comme ça, pouf, c'est inné ! Tu t'enfonces.

Citation:
Ceci dit, et je l'avais énoncé dès le début, je n'attendais de vous qu'un relevé des différents problèmes techniques inhérents à ce poème.


Tsubi n'a pas du comprendre, voilà tout.

Citation:
Sinon juste une petite question de néophyte : n'est-ce pas par une connaissance "parfaite" de la technique que l'auteur peut par la suite s'en écarter, voir parvenir à la briser ?


Oui, sauf s'il fait dans le modernisme, à savoir casser les règles dans le seul but de les casser pour se sentir un petit lascar, un rebelle un vrai, et là ça n'aboutit à rien. C'est bien entendu par la maitrise totale de la technique qu'on se libère. La technique est la condition d'expression de tes idées et de tes sentiments, et on peut avoir toutes les idées qu'on veut si on ne les écrit pas bien, on fait du médiocre. Je suis donc de ton avis.
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 17:27 pm    Sujet du message:
alcibiade a écrit:
Oui, sauf s'il fait dans le modernisme, à savoir casser les règles dans le seul but de les casser pour se sentir un petit lascar, un rebelle un vrai, et là ça n'aboutit à rien. C'est bien entendu par la maitrise totale de la technique qu'on se libère. La technique est la condition d'expression de tes idées et de tes sentiments, et on peut avoir toutes les idées qu'on veut si on ne les écrit pas bien, on fait du médiocre. Je suis donc de ton avis.

Du temps de Dada ou des surréalistes, enfreindre les règles avait un sens. Ils le faisaient plus ou moins bien d'ailleurs. Aujourd'hui c'est une mode inepte que l'on retrouve dans tous les secteurs de la création artistique - et que l'on retrouve notamment au Musée d'Arts Contemporains de Bordeaux. C'est un peu triste. Enfin non, ce n'est pas triste, c'est comme ça.
Silver Mercure
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Message Posté le: Ven Mai 23, 2008 21:24 pm    Sujet du message:
Méphistophélès a écrit:
et que l'on retrouve notamment au Musée d'Arts Contemporains de Bordeaux.

dans tous les musées d'art contemporain (je hais l'art contemporain, c'en est presque viscéral)
alcibiade
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Message Posté le: Dim Mai 25, 2008 13:28 pm    Sujet du message:
Citation:
Du temps de Dada ou des surréalistes, enfreindre les règles avait un sens. Ils le faisaient plus ou moins bien d'ailleurs. Aujourd'hui c'est une mode inepte que l'on retrouve dans tous les secteurs de la création artistique


Disons qu'aux premiers temps ils y croyaient et qu'à présent c'est juste pour l'argent et la mode. Mais de là à dire que ça a un sens, il y a un pas que je refuse de franchir. Exposer une roue de bicyclette et dire que c'est une oeuvre, c'est un non sens. Un objet qu'on a pas créé soi même, qui a été produit à la chaine dans une usine ne peut etre une oeuvre d'art. J'ai beau me mettre à califourchon sur un balai et crier tagada, ça ne fait pas de mon balai un cheval. De même, un assemblage de mots n'est pas un poème. Poème, oeuvre d'art sont des mots plein de sens, et vouloir les pervertir, en décidant que tout gribouillage est oeuvre, et tout scribouillage poésie ne mène à rien.
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Message Posté le: Dim Mai 25, 2008 13:31 pm    Sujet du message:
Très surréaliste ça: l'objet n'est pas une oeuvre d'art en soi, c'est le regard que nous lui portons qui lui confère cette qualité, d'où l'idée extrême de mettre le quotidien sous cloche. C'était intéressant les 20 premières années.
alcibiade
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Message Posté le: Dim Mai 25, 2008 13:44 pm    Sujet du message:
Citation:
Très surréaliste ça: l'objet n'est pas une oeuvre d'art en soi, c'est le regard que nous lui portons qui lui confère cette qualité


Je ne suis justement pas d'accord. Un urinoir exposé dans un musée avec des rigolos qui s'extasient devant, ça ne fait pas de l'objet une oeuvre d'art. Mais parlons déjà de la propriété: si une oeuvre n'est pas créée par moi, ce n'est pas mon oeuvre. Les "artistes" qui ne créent pas eux mêmes leurs oeuvres ne sont même pas des artistes. S'imaginer que c'est notre regard qui fait tout, c'est redevenir enfant, se persuader qu'un pistolet en plastique est un vrai pistolet en y croyant très fort. C'est extrèmement dangereux à mon avis. On en arrive à appeler oeuvres d'art des objets fabriqués en usine, et à appeler artistes des gens qui n'ont rien créé de leurs mains. C'est du délire pur et simple. D'ailleurs Duchamp reconnaissait lui même que c'était de l'anti-art. Et Prévert reconnaissait aussi faire de l'anti-poésie. Faute avouée est à moitié pardonnée.

Qu'est ce qui m'empèche au fond d'appeler un arbre "bateau" ? Parce qu'arbre et bateau ont déjà une définition. Et ce n'est pas moi ni personne en particulier qui décide, c'est l'histoire, c'est la langue. En ne tenant pas compte de ça, on donne n'importe quel sens aux mots, et tout le langage n'a plus de sens.
Méphistophélès
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Message Posté le: Dim Mai 25, 2008 15:59 pm    Sujet du message:
Tu es un peu naïf (apodioxie).

L'idéal surréaliste, ce n'est pas Nadja, c'est l'enfant. L'anti-poésie, de "anti" (à la fois contre et à côté) ce n'est pas autre chose que de la poésie. Je brise tout de suite, pour ne pas avoir à prendre la défense d'une courant artistique qui ne m'enchante pas plus que ça. Cet été, les roses sont bleues, le bois c'est du verre.
alcibiade
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Message Posté le: Dim Mai 25, 2008 19:03 pm    Sujet du message:
Citation:
L'anti-poésie, de "anti" (à la fois contre et à côté) ce n'est pas autre chose que de la poésie.


Comment "anti x" peut il etre égal à "x" ? Enfin de toute manière l'histoire jugera, et elle juge, la majorité de ces rigolos sont déjà tombés à jamais dans l'oubli.

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