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Posté le: Ven Juin 07, 2013 10:11 am Sujet du message:
Non, ça ne se passe pas bien.
La nuit qui a suivi son opération, Gabriel a fait 3 arrêts cardiaques.
Son coeur ne fonctionne pas correctement. L'opération est un échec. Son
coeur ne se relancera jamais.
Au milieu de la nuit, nous avons dû prendre une décision difficile.
Son état étant alors jugé comme "désespéré" selon les termes employés
par le personnel.
On nous a laissé le choix entre :
- Laisser faire la nature et ne pas s'acharner.
- Forcer le destin en le maintenant en vie avec la CEC (la machine qui se
substitue à son coeur) dans l'attente qu'il se stabilise pour voir ce qu'il
est possible de faire après (si il est possible de faire quelque chose).
J'ai toujours tendance à vouloir laisser faire la nature mais finalement nous
avons choisis la deuxième solution.
Hier, Gabriel était donc avec la CEC.
Nous avons attendu toute la journée qu'on nous dise ce qu'il allait se passer
maintenant. Alors rien tant que son état ne sera pas meilleur mais après ?
On ne le savait pas.
Hier soir, l'hôpital nous a dit être incompétent pour la suite et que le
seul établissement capable de faire quelque chose est l'hôpital européen
Georges Pompidou à Paris où il y a un "Pôle du coeur" mondialement
reconnu.
Les 3 solutions proposées par le "Pôle du coeur" sont : une chirurgie si
celle-ci est encore possible, une greffe totale (rare car le coeur doit être
pris sur un enfant du même âge) ou l'implantation d'un coeur artificiel
complet (le premier coeur artificiel implanté sur un si jeune enfant date de
2012).
Cependant, 2 obstacles...
Gabriel doit déjà pouvoir être transféré, ce qui est impossible pour le
moment. Il ne survivrai pas aux transferts chambre-hélico pour commencer et
Montpellier-Paris en vol.
Le deuxième obstacle est la faisabilité des solutions proposées. Elles sont
proposées mais sont-elles réalisables ? Personne ne sait.
Alors vous allez vous demander pourquoi j'écris tout ça en ce moment au lieu
d'être avec Gabriel...
Je suis rentrée ce matin et là j'attends que tout le monde soit prêt pour
aller voir Gabriel avant qu'il ne s'envole. Pour lui dire "Au revoir". Tout le
monde. Lola, Jules, Alazaïs, Maria, ses grands-mères et parrain-marraine.
Et nous tenons aussi à ce qu'il reçoive une bénédiction avant de partir.
J'ai d'ores et déjà renouvelé le cierge aux pieds de la Vierge Marie.
Je vous tiendrai au courant dès que possible
2 petites chansons pour Gabriel.
wanda
Suprème actif
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Posté le: Ven Juin 07, 2013 13:28 pm Sujet du message:
ho p***** depuis des jours je lis le sujet sans repondre mais je suivais les
aventures de Gabriel avec attention
Je suis sincerement desolée pour vous :/ j'imagine à quel point ça doit
etre difficile :/ je vous embrasse bien fort et vous souhaite plein de courage
?
Gentillefille
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Posté le: Ven Juin 07, 2013 21:07 pm Sujet du message:
Merci Wanda.
Oui j'ai bien remarqué que beaucoup de monde l'a lu.
Le silence est peut-être aussi une forme de respect. Plutôt que de dire des
banalités du type "bon courage" et "on pense à vous" je trouve que le
silence est là pour marquer aussi la compassion.
Ce soir, nous irons nous coucher avec l'esprit libéré et apaisé.
L'apaisement qu'a trouvé Gabriel cet après-midi après ces quelques mois
d'une vie essouflante mais très certainement heureuse et remplie d'amour.
Son esprit rejoint les cieux et il veillera sur nous, ses parents, ses soeurs
et son frère.
Il semble que ces 3 arrêts cardiaques de l'autre nuit ont été fatal à
Gabriel.
On s'est demandés avec la famille si ils ne l'ont pas maintenu en vie
quelques temps, le temps qu'on réunisse la famille autour de lui, qu'on fasse
notre parcours de foi et qu'on accepte ce qu'il allait arrivé.
En arrivant sur place, ils nous ont laissés entrer dans sa chambre tous
ensemble alors que d'habitude c'est 3 personnes au maximum. On sentait déjà
que quelque chose n'allait pas. Et le personnel avait du mal à cacher ses
émotions...
J'ai dit aux enfants de dire au revoir à Gabriel car il allait bientôt
prendre l'hélicoptère pour aller dans le ciel. Je pressentais ce qui allait
arriver, donc autant faire un petit jeu de mots pour mieux leur faire passer
la pilule...
Même en allant à Pompidou de toutes façons il serait allé dans le ciel
avec l'hélicoptère.
Nous ne nous sommes pas attardés dans la pièce.
En sortant, le médecin réanimateur nous a pris à part mon mari et moi avec
une infirmière du service pour nous annoncer qu'il n'y avait plus rien à
espérer.
On nous a encore laissé le choix de continuer la survie. Mais bon, on a bien
compris que c'était peine perdue...
Nous sommes sortis dans le parc le temps qu'ils préparent Gabriel et j'en ai
profité pour attendre qu'un hélicoptère décolle pour dire aux 3 petits que
c'était celui de Gabriel pour aller dans le ciel. Bon... On arrange la
vérité comme on peut. Je ne leur ai pas menti, j'ai juste essayer de faire
passer les choses en douceur.
Lola, quant à elle, a bien compris ce qu'il se passait. Elle a 5 ans et elle
est loin d'être idiote. Elle savait très bien que Gabriel n'était pas dans
l'hélicoptère.
Les mamies ont ramenés les petits à la maison et avec mon mari nous sommes
allés voir un moment Gabriel à sa chambre, sans les câbles ni les machines,
sans rien. J'ai pu le prendre dans mes bras. Il était encore souple et
dégageait de la chaleur, comme si il était encore en vie, mais je
n'entendais plus battre son coeur ni siffler sa respiration...
Je voulais aussi montrer à Lola une autre image de son frère que celle
qu'elle avait vu en dernier et lui confirmer qu'effectivement Gabriel n'était
pas dans l'hélicoptère et que seul son esprit ira dans le ciel rejoindre ses
2 papies.
J'ai pris une claque oui mais j'y étais préparée. Je me doutais que ça
pouvait arriver.
Ce n'est pas un arrachement, je ne le vis pas ainsi. Je dirai que c'est un
apaisement.
Quelle vie aurait-il eu ? Les hôpitaux la moitié de sa vie pour finir par
mourir à 20 ans, grand maximum, comme espéré ?
Je pense que c'est tout aussi bien ainsi.
Je ne pense pas qu'il ai souffert de sa situation. Peut-être depuis 2 jours
à cause de l'opération mais pas avant.
Il ne vivra pas une vie de souffrance et de frustration et ce n'est peut-être
pas plus mal.
Je n'oublierai pas Gabriel, non, jamais. On ne peut pas oublier son enfant.
Mais je ne dois pas oublier que j'en ai encore 4 qui sont là, qui vont bien
et qui ont besoin de moi.
Je pense aussi à toutes ces mamans qui ont perdus leur unique enfant, que ça
doit être difficile ! J'ai la chance d'en avoir 4 autres...
J'aimerai que ce sujet reste ouvert.
Petite chanson pour finir, pour Gabriel...
La Bête
Silver Mercure
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Posté le: Sam Juin 08, 2013 08:35 am Sujet du message:
oh...
je ne veux pas te dire ces "banalités" que tu risques d'entendre beaucoup,
mais je tenais à te laisser un mot moins anonyme que le silence.
sincèrement...
Glossolalie
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Posté le: Sam Juin 08, 2013 09:43 am Sujet du message:
Je suis admirative de la façon dont tu regardes les choses et de ton
acceptation malgré l'infinité de tristesse et de manque, tes enfants ont
beaucoup de chance d'avoir une maman comme toi.
cherjirou
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Posté le: Sam Juin 08, 2013 10:05 am Sujet du message:
Mes pensées vont vers toi et Gabriel aujourd'hui, il faut beaucoup de force
pour surmonter une telle épreuve, je n'ose imaginer dans quel état je serais
face à une situation aussi terrible
Clovis de Monoclodon
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Posté le: Sam Juin 08, 2013 10:56 am Sujet du message:
Que dire ? Je suis un amuseur, un rigolo et là, tu nous envoies tout cela,
avec ta sensibilité, presque en douceur. Gabriel s'est éteint, comme la
flamme d'une bougie parfumée et laissera après lui l'amour qu'il avait en
lui. La vie ne l'a pas accompagné plus loin, comme si son parcours était
sans issue. Il a pourtant laisser une grande trace dans vos vies à vous,
comme un espoir de l'après. Il avait le prénom d'un ange, il est devenu
ange.
Il sera votre ciment familial, celui qui n'a fait que passer pour vous
délivrer son message d'amour.
Sofiiiii
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Posté le: Sam Juin 08, 2013 19:49 pm Sujet du message:
Ton récit est bouleversant mais ta force est un exemple pour nous tous, pour
moi en tout cas. J'espère que toute ta famille va se remettre vite de cela et
garder une grande place dans son cœur pour le petit frère fragile mais bien
présent. Je suis désolée pour vous tous, on ne souhaite ça à personne.
Que votre famille reste unie et joyeuse, bon courage.
Tiens Petit Gabriel
Citation:
Un
petit ange part,
Un petit ange vient,
Et pour un ange qui part,
Une étoile devient.
Là-haut, bercé par les nuages,
Sa maison n’est maintenant
Plus qu’une fleur en voyage,
C’est une rose évidemment.
Gentillefille
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Posté le: Sam Juin 08, 2013 21:19 pm Sujet du message:
Glossolalie a
écrit:
Je suis admirative de
la façon dont tu regardes les choses et de ton acceptation malgré
l'infinité de tristesse et de manque.
Je me voile surement la face. Je n'ai peut-être pas encore accepté la
vérité.
Ce matin, il y a eu l'autopsie. C'est la règle dans ce genre de situation.
Ils cherchent à comprendre comment et pourquoi et comment agir la prochaine
fois. On m'a dit que "ça fera avancer la
science"...
Je n'ai donc pas pu voir Gabriel ce matin.
J'ai cependant apporté ses habits de baptêmes, son collier et sa gourmette
pour qu'on puisse le préparer, le toiletter et l'habiller.
J'y suis retourné cet après-midi.
A Montpellier, c'est très bien fait. Il y a un espace réservé aux enfants
à... (je vais appeler un chat un chat mais la mort fait partie de la vie)...
à la morgue. C'est dire comme il doit y en avoir des enfants qui ne
ressortent pas vivants des hôpitaux...
Donc, la salle de présentation de corps est comme une chambre d'enfants, avec
de la couleur et des jeux et très lumineuse. C'est tout le contraire de ce
que je connaissais des morgues jusqu'à présent.
Gabriel m'a été présenté tout préparé avec ses habits de baptême, dans
un landau, comme un vrai bébé.
Il était tout bleu, frigorifié...
La dame m'a demandé si je voulais le prendre et mon instinct de mère a dit
oui. Je voulais le prendre contre moi pour le réchauffer. Je parle d'instinct
parce qu'à ce moment-là je me suis souvenu de ma chatte qui avait fait
exactement la même chose avec son petit mort-né...
Gabriel était bleu et froid mais il restait très joli, les vraies joues
toutes douces d'un bébé et le corps souple jusqu'au bout des doigts.
Vous me trouvez peut-être courageuse et forte mais c'est surement parce que,
pour le moment, je ne suis pas privée de mon rôle de maman. Je peux toujours
le prendre dans mes bras, lui chuchoter dans l'oreille, caresser ses joues,
compter ses doigts.
Ce sont des choses que je n'avais pas pu faire durant un bon tiers de sa vie
parce qu'il était plein de tuyaux le reliant à des machines.
Aujourd'hui, j'ai pu le prendre, comme toute maman prend son enfant.
La tristesse la + profonde viendra surement au moment où on me dira de le
rendre et où je ne pourrai plus avoir ce contact physique avec lui. Plus
jamais. C'est là que ça va être difficile le + difficile je pense.