sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Sam Déc 15, 2012 03:50 am Sujet du message: La méchanceté est-elle évitable par l'éducation?
Bonjour à tous!
Je suis nouveau et j'ai en vie de discuter philo/politique/économie mais on
dirait que c'est le forum de philo le plus fréquenté.
Alors, voilà! Croyez-vous que les actes méchants (l'intimidation, la
violence, la volonté de domination, etc.) soient entièrement évitables par
l'éducation (entendue au sens large d'éducation affective et/ou morale et/ou
factuelle)?
À mon avis, oui. Je ne crois pas que l'être humain ait la violence inscrite
en lui. Par conséquent, une éducation adéquate est de nature à empêcher
toute forme de comportement antisocial de se réaliser.
|
Fromthesouth
Admin

Inscrit le: 16 Nov 2008
Messages: 16792
Localisation: Bastia, sur un caillou paumé
|
Posté le: Sam Déc 15, 2012 09:51 am Sujet du message:
Répondre à une question de philo en 2 phrases c'est très fort ! Moi je ne
crois pas que ce soit aussi évident que ça. Mais comme je ne suis pas fan
des dissert de philo de bon matin, ni tout court. Alors je vous lirai juste xD
|
Lyriss
Habitué(e)

Sexe: 
Inscrit le: 20 Mar 2008
Messages: 10770
Localisation: Grenoble
|
Posté le: Sam Déc 15, 2012 13:12 pm Sujet du message:
Faut quand même voir que la majorité des méchancetés sont le fruit de la
maladresse. Des personnes foncièrement méchantes et perpétrant
volontairement des acte ayant pour bute la méchanceté sont super rares.
J'aurais plutôt tendance a éduquer mes gamins a ne pas blesser l'autre
involontairement plutôt que de chercher a brider des hypothétiques pulsions
méchantes.
Car il faut aussi savoir être méchant pour savoir se défendre.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Sam Déc 15, 2012 21:23 pm Sujet du message:
Il est évident que la plupart des gens sont bien socialisés. La discussion
porte plus sur ceux qui ne le sont pas. Est-ce par qu'ils ne sont pas
socialisables ou parce que leur socialisation a été déficiente?
Je crois que tout le monde est socialisable. Ceux qui font du mal sont des
personnes pour qui le mal semble être la meilleure option. Pour en arriver
là, c'est soit que certains de leurs besoins n'ont pas été comblés (par
exemple le vol pour manger; ou encore rabaisser les autres pour combler son
estime de soi) ou alors qu'ils n'ont jamais réalisé que certaines actions
font du mal aux autres. Dans les deux cas, une éducation adéquate aurait pu
permettre d'éviter l'action mauvaise.
|
Exist@ncE
Super actif

Inscrit le: 19 Mai 2010
Messages: 1680
|
Posté le: Dim Déc 16, 2012 00:07 am Sujet du message:
Un alligator et tous les reptiles en général ne sont pas domptables, car
leur cerveau est trop primaire.
De même les humains non dompté ou avec moins de 1000 mots de vocabulaire
pallient en général leur déficit expressif par une réponse physique.
Un manque ou une déficience d'éducation entraine forcément la violence.
Les manques ont des origines très variables et parfois complexe : une origine
peut-être culturelle dans le cas des immigrés ayant une culture magrébine
les enfants sont éduqués dans la rue par tout les adultes qui les corrigent
en cas de bêtises, une fois en pays occidental laisser les enfants dans la
rue ne permet pas de les corriger car il y a très peu d'adultes qui sont en
fait au travail.
La violence peu venir de la bestialité, mais elle peut aussi venir de
l'intellect tombé dans lui-même ou dans un dogme.
Un exemple : le sadisme n'est pas seulement une pratique excitante pratiquée
discrètement dans certains clubs, mais c'est aussi toute les petites prise de
plaisir à voir d'autres souffrir face aux contraintes même de notre
système.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Dim Déc 16, 2012 01:52 am Sujet du message:
Le sadisme est un très bon exemple. Je crois que la pratique du sadisme
s'avère être le meilleur moyen que les sadiques ont trouvé de répondre à
certains de leurs besoins. Par conséquent, une éducation différente
(besoins comblés différemment ou différentes croyances intégrées) ferait
de sorte que ce comportement n'apparaisse pas.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Dim Déc 16, 2012 20:14 pm Sujet du message:
Au fond, si vous croyez que c'est vrai, que les actes asociaux sont évitables
par l'éducation, est-ce que vous croyez que cela implique que nous soyons
déterminés (en l'occurrence par notre éducation, au sens large encore une
fois)?
En ce qui me concerne, je le crois. Je pense que l'être humain agit en
fonction de ses préférences du moment et que ces préférences sont fonction
de son vécu (je ne crois pas qu'une personne puisse décider librement de ses
préférences). C'est pour cela, je pense, que l'éducation peut suffire à
enrayer les actions antisociales.
|
chiron
Actif


Sexe: 
Inscrit le: 07 Nov 2005
Messages: 1191
|
Posté le: Dim Déc 16, 2012 20:44 pm Sujet du message:
sametvero a
écrit: | Le sadisme est un très
bon exemple. Je crois que la pratique du sadisme s'avère être le meilleur
moyen que les sadiques ont trouvé de répondre à certains de leurs besoins.
Par conséquent, une éducation différente (besoins comblés différemment ou
différentes croyances intégrées) ferait de sorte que ce comportement
n'apparaisse pas. |
Et par quel moyen pense-tu reprogrammer des carencés en empathie, comme les
sadiques ou les pervers ? Alors que ces carences remontent souvent à un
traumatismes affectifs au premier age ?
Mais attention que la violence est toujours présente quelle que soit
l'éducation. Par l'éducation, tu transformes une violence physique en
violence morale ou violence symbolique. La première (tuer physiquement) est
punie par la loi tandis que la seconde (désocialiser, pousser à la misère,
à la déchéance et au suicide) absolument pas.
Dès lors, n'est-ce pas une intention de domination d'intellectuels de punir
les agressions physiques ?
Notre bonne morale n'est-elle finalement qu'une bonne vieille morale
bourgeoise ?
Tes croyances t'honorent - puisqu'on juge l'autre comme un reflet de soi-même
- mais j'ai de gros doutes sur la gentillesse de l'humain.
Le moraliste, le prophète ou le législateur doit proposer de récompenser
ceux qui aident la communauté et punir ceux qui ne pensent qu'à eux. La
cohésion sociale est à ce prix. Mais de tout temps, la misère et
l'injustice ont toujours été présents, et sous tous les régimes.
Il est vrai que le droit évolue, mais plus il évolue et moins il est
respecté car pour être respecté il suppose pourvoir garantir un niveau de
protection (physique mais aussi sociale, éducationnelle, morale, ...) qui
n'est pas assuré.
Je ne crois plus, comme Rousseau, au bon sauvage primitif. Quant aux citoyens,
beaucoup préfèrent des privilèges à des droits.
Mais je crois que l'homme est une page blanche, et que si on n'hésite pas à
punir, on pense trop peu à récompenser ceux qui par leurs actions permettent
d'améliorer les conditions de tous.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Mer Déc 19, 2012 03:36 am Sujet du message:
Si ma thèse est vraie (à savoir que les actes antisociaux sont toujours le
résultat d'un vécu déplorable et jamais le résultat d'une fatalité
innée), l'action politique à entreprendre pour éviter les actes antisociaux
est double. D'une part, il s'agit d'éduquer la population. Il faut que les
gens comprennent bien comment combler les besoins de leurs enfants (notamment
leurs besoins affectifs qui sont multiformes et complexes). D'autre part, il
faut offrir des psychothérapies à bien plus large échelle que ce qui est
fait maintenant dans le but de combler les besoins des parents, et ce afin de
les rendre disponibles pour bien prendre soin de leurs enfants. Un tel
programme me semblerait suffisant pour éliminer les actes antisociaux.
(Incidemment, il y a présentement au Québec une proposition visant à rendre
gratuits les services de psychothérapie, ce qui me rend plein d'espoir.)
Est-ce que tout cela est le reflet d'une préoccupation bourgeoise? Je ne le
crois pas. En fait cela représente à mon avis le meilleur moyen d'arriver à
une vraie société égalitaire. En effet, quoi de plus égalitaire que de
vouloir le bonheur de chacun?
Quant à la question de l'implication citoyenne, je crois que c'est lié
aussi. Si les gens se sentent tous mieux dans leur peau, je pense qu'ils
seront beaucoup plus enclins à participer de façon active au processus
démocratique.
|
Lyriss
Habitué(e)

Sexe: 
Inscrit le: 20 Mar 2008
Messages: 10770
Localisation: Grenoble
|
Posté le: Mer Déc 19, 2012 10:04 am Sujet du message:
Dans un régime totalitaire pourquoi pas.
Mais tu fais quoi de la liberté d'être associable ? D'être en marge,
d'être différent, d'avoir des failles, des manques, des excès …
Pour ma part je ne me verrais certainement pas vivre dans un monde ou tout le
monde est gentil et ou tout le monde suit une psychothérapie pour être
encore plus gentil.
En fait ca me fou la gerbe rien que d'y penser.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Mer Déc 19, 2012 17:24 pm Sujet du message:
Est-ce qu'avoir des failles, des excès, bref des particularismes, est un
problème? À priori, non. D'ailleurs, je ne voudrais pas, moi non plus, vivre
dans un monde où nous sommes tous des clones les uns des autres. Mais ce
n'est pas ça que je propose. Ce que je dis est que les failles sont un
problème si elles satisfont à l'une et/ou l'autre de ces conditions: soit
que la personne en est malheureuse, soit que la faille implique un
comportement qui nuit à autrui.
Le fait est que la plupart des actes antisociaux sont commis par des personnes
qui préfèreraient être différentes de ce qu'elles sont. Autrement dit, ce
type de comportement émane souvent de conditions éprouvées comme
malheureuses. Dans ces cas, je crois qu'il est possible de diminuer leur
malheur en leur fournissant des réponses à leurs besoins négligés
(notamment par la psychothérapie).
Dans le cas où la personne ne veut pas changer mais qu'elle nuit à la
société (elle a tué, par exemple), je crois aussi qu'une psychothérapie
est la voie à emprunter plutôt que la prison. Comme je le disais, je ne
crois pas qu'une personne puisse être fondamentalement méchante et que la
seule issue qui convienne soit de l'enfermer à vie dans une prison. Je crois
au contraire que les crimes servent un but dans la psychologie des criminels
(le crime satisfait un besoin) et que la psychothérapie peut aider les
criminels à se construire de nouveaux moyens de satisfaire ces besoins (des
moyens socialement acceptables).
|
GROLUX
Suprème actif


Inscrit le: 20 Nov 2007
Messages: 4876
|
Posté le: Mer Déc 19, 2012 18:30 pm Sujet du message:
L'éducation est une chose, mais si la justice ne suit pas derrière, c'est
juste du foutage de gueule.
La psychothérapie est une chose, mais si c'est pour faire passer la pilule
sans s'attaquer aux fondations, ça m'effraie.
Bon, en gros je suis d'accord avec Chiron.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Mer Déc 19, 2012 19:27 pm Sujet du message:
En termes de fondation, je vois mal comment on peut aller plus aux fondements
que ce que je suis en train de dire (que les actes antisociaux sont évitables
par l'éducation au sens large). De fait, c'est ce genre d'argument qui est
susceptible de faire changer les systèmes de justice. Sinon, quelles sont les
fondations de la situation?
|
Exist@ncE
Super actif

Inscrit le: 19 Mai 2010
Messages: 1680
|
Posté le: Ven Déc 21, 2012 18:10 pm Sujet du message:
sametvero a
écrit: | le crime satisfait un
besoin |
Non.
Le crime vise un intérêt.
|
GROLUX
Suprème actif


Inscrit le: 20 Nov 2007
Messages: 4876
|
Posté le: Ven Déc 21, 2012 18:52 pm Sujet du message:
Les fondations, c'est l'environnement, qui apporte une éducation, chaque
jour.
Si cet environnement est moisi, suivre une psychothérapie pour le supporter
me semble malsain.
Comment faire changer l'environnement ? Bonne question. On peut commencer par
la force de la loi.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Jeu Déc 27, 2012 22:05 pm Sujet du message:
Existance: Le crime vise un intérêt de façon dérivée seulement. Si on se
demande pourquoi le voleur veut de l'argent, par exemple, nous obtiendrons un
désir plus fondamental qui explique le désir dérivé (par exemple, il veut
de l'argent pour pouvoir avoir des objets de luxe). Et si on répète
l'opération un nombre suffisant de fois, on obtient éventuellement un besoin
inné (par exemple, il veut projeter l'image d'être un homme important dans
le but de se faire admirer par autrui, ce qui est un besoin inné (tout enfant
ressent ce besoin)). Tous les désirs dérivent de besoins innés, donc le
crime vise à satisfaire un besoin.
Grolux: Je suis à 100% d'accord avec la nécessité de changer
l'environnement. Il ne sert à rien de suivre une psychothérapie pour
surmonter des traumatismes liés à la guerre si la guerre se poursuit encore.
Cependant, dans nos sociétés, je crois que la guerre qu'il faut arrêter est
celle qui fait rage au sein de chacun d'entre nous: être égoïste ou être
altruiste. Or, si ce que je dis est vrai (que le crime vise un besoin) alors
la psychothérapie est exactement cela: fournir au criminel (et à
l'égoïste) une nouvelle expérience relationnelle (un nouvel environnement)
afin de combler ses besoins affectifs par d'autres moyens que par le crime (ou
par son désir futile de richesse). De cette façon, non seulement la personne
peut être plus heureuse mais elle peut aussi être plus motivée à
travailler pour le bien de tous.
|
GROLUX
Suprème actif


Inscrit le: 20 Nov 2007
Messages: 4876
|
Posté le: Ven Déc 28, 2012 07:29 am Sujet du message:
Mais, par exemple, je pourrais parfaitement séquestrer quelqu'un ou braquer
une réserve d'argent.
Je ne manque pas d'argent pourtant. J'en ai parfaitement rien à branler des
signes extérieurs de richesse.
Mais j'ai énormément de mal à tolérer que la monnaie puisse se concentrer
dans certains coins et disparaître ailleurs.
Mon éducation me pousserait donc au crime par altruisme. J'ai soif de
justice, je ne tolère pas que le monde soit brouillon, violent et absurde.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Ven Déc 28, 2012 16:10 pm Sujet du message:
Ici, vous discutez de la définition du crime (ce qui est intéressant en
soi). Le crime (au sens d'acte allant à l'encontre de la loi) peut être
altruiste et désintéressé, j'en conviens. Mais si nous prenons "crime" au
sens d'acte injuste, par exemple, j'en reviens à ce que je disais: tous ces
actes peuvent être empêchés par une éducation appropriée (au sens large
qui inclut une réponse adéquate aux besoins affectifs autant que la
connaissance des conséquences sur autrui de mes actions).
Alors comment changer ce système pourri? À mon avis, ça doit commencer par
un changement individuel. Chacun doit réaliser ce qui fait réellement son
bonheur et comment ce système éloigne de ce bonheur. C'est pour cela que je
parle d'éducation. Lorsque qu'une masse critique de gens sera convaincu du
caractère injuste du système, ce système changera de façon démocratique.
|
Exist@ncE
Super actif

Inscrit le: 19 Mai 2010
Messages: 1680
|
Posté le: Sam Déc 29, 2012 10:18 am Sujet du message:
sametvero a
écrit: | Lorsque qu'une masse
critique de gens sera convaincu du caractère injuste du système, ce système
changera de façon démocratique. |
Les USA sont un contre exemple assez impressionnant.
|
sametvero
De passage

Sexe: 
Inscrit le: 14 Déc 2012
Messages: 21
Localisation: Utopia
|
Posté le: Sam Déc 29, 2012 15:35 pm Sujet du message:
Absolument pas. Même le plus pauvre aux USA est convaincu que la richesse est
une question de mérite individuel. Ce pauvre n'aspire pas à l'égalité mais
bien à devenir un riche à son tour. Par conséquent, ce n'est pas le
système qu'il trouve injuste, mais seulement sa propre position qu'il trouve
dommage.
|