utopie et taille de population


Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Forum pour jeunes -> Philosophie

K
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 10 Avr 2006
Messages: 4871

Message Posté le: Dim Sep 26, 2010 10:25 am    Sujet du message: utopie et taille de population
L'autre jour, j'ai saisi au vol une conversation entre deux amis ; je m'y suis peu intéressé, mais en me réveillant ce matin je me suis dit que la question valait la peine d'être posée.
En simplifiant, le premier affirmait qu'une utopie (j'entend par là une société très artificielle, codée par des règles précises et souvent différentes de celles qui régentent la nôtre, pour atteindre un idéal philosophique quelconque -bonheur, liberté, transcendance, ce que vous voulez) n'était applicable qu'à un tout petit nombre de personnes triées sur le volet, et qu'une trop grande population assurait la mort de ladite utopie en peu de temps. Il en concluait donc qu'une utopie ne pouvait et ne devait être expérimentée que par des personnes soudées et peu nombreuses, et qu'il était donc absolument impossible de construire un monde meilleur pour que toute l'humanité vive mieux.
Le second affirmait au contraire qu'une utopie bien construite devait justement pouvoir s'appliquer à l'humanité toute entière et être capable de gérer, de résorber les problèmes que pouvaient poser le fait que certains de ces participants avaient des visions différentes de l'idéal visé. Il pensait donc qu'une utopie universelle était réalisable (avec les bons idéaux et les bons meneurs, évidemment) et qu'il ne fallait pas essayer de concevoir une utopie à public réduit, parce qu'elle était vouée à disparaître étouffée dans la masse de ceux qui ne la partageaient pas.

Je ne sais pas si je suis clair, et je n'ai pas encore bu assez de café pour avoir une idée précise de la question, mais je suis curieux d'avoir votre avis.
^^
Romulus
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 24 Fév 2007
Messages: 4360

Message Posté le: Dim Sep 26, 2010 13:03 pm    Sujet du message:
Il est certains que c'est plus simple d'appliquer une utopie sur des micro-sociétés que sur une grande. Et ce d'autant plus si tu prend pour ta micro-société des individus déjà convaincus par cette utopie.

Par exemple il y a de nombreux cas de micro-sociétés anarchistes qui semblent fonctionner, mais forcément ceux qui décident d'entrer dedans sont souvent anarchistes ou sympathisant des idées anarchistes. Et là on est en plein dans la notion de contrat social de Rousseau. Ce contrat n'existe pas de fait parce que quand tu nait et que tu grandis dans une société tu ne l'a pas choisi. Donc il n'y a pas de véritable contrat du type : j'accepte les droits et les devoirs fixés par cette société et contrepartie je bnéficie de ses avantages (sécurité, confort,...). Mais dans ces micro-sociétés artificielles et expérimentales, les gens y vont dans l'optique je vais respecter tel ou tel principe (par exemple pour l'anarchie : ne pas chercher à instituer une autorité quelconque). Donc il y aune forme de contrat social.
En revanche essayes d'appliquer l'anarchie sur une vaste société où des tas de gens sont méfiants, hostiles ou dubitatifs vis à vis de l'idéologie anarchiste. Le résultat c'est que certains vont quand même essayer d'instituer de l'autorité et si ils y parviennent, ta société anarchiste n'en n'est plus une. Et puis il y avoir conflit entre ceux qui ont une vision dfférente etc...

Autre point intéréssant propre aux micro-sociétés, qu'elles soient artificielles comme les expérimentations anarchistes ou pas comme les tribus papous ou amérindiennes, je pense qu'elles ont un avantage net qui explique leur "meilleur" fonctionnement. Leur plus grande paix sociale.
Dans une micro-société, la conscience de l'intérêt collectif est très forte, car les actes individuels ont une repercussion très forte sur la bonne marche de la société. Si il y a 30 personnes et que l'une d'elle refuse de faire son travail, ou si elle pille les réserves pour manger deux fois plus,... cela représente une nuisance très forte, par exemple un trou important dans les réserves totales de nourriture.
Sur une société de 100 000 000 d'ahbitants. Le fait de voler quelquechose une fois ne va pas provoquer de changement majeur dans la société. Si des millions de gens volent, ça a un impact mais pour un seul individu l'impact est insignifiant. Du coup le rapport de l'individu à sa société change, il a en général moins de respect, moins d'attention pour l'intérêt collectif.



Bon de toute manière je ne vois pas trop le sens de vouloir construire une "utopie" dans la mesure où par définition l'utopie c'est ce qui impossible à mettre en place. Si on considère que c'est réalisable, il faudrait plutôt parler de vouloir mettre en place une société idéale. A moins qu'ils se fixent un objectif irréalisable pour tendre vers la perfection, ce qui à la limite se justifie plus.
La Bête
Silver Mercure


Sexe: Sexe:Féminin

Inscrit le: 03 Nov 2008
Messages: 13812
Localisation: Montréal

Message Posté le: Dim Sep 26, 2010 14:31 pm    Sujet du message:
d'où mon voeu d'acheter une île pour tester mon régime.

en somme le problème est là : se débarrasser des cons.

soit on considère que dans un monde utopique les cons n'existent pas, soit on considère que dans un monde utopique les cons trouvent une place qui n'est pas nuisible à la société.

forcément la seconde solution exige d'être un brin plus réaliste (et dans ce cas parle-t-on toujours d'utopie ?)
Warren
Actif
Actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 09 Fév 2010
Messages: 1165

Message Posté le: Dim Sep 26, 2010 22:52 pm    Sujet du message:
La Bête a écrit:


en somme le problème est là : se débarrasser des cons.


Mais le(s) con(s) dont tu parles à un rôle, il fait quelque chose, il est peut être nécessaire pour le fonctionnement de ton utopie sans que tu le saches réellement, non ? Surtout si on rentre dans le phénomène de masse.

Pour que l'utopie de masse fonctionne, il faut inculquer les idéaux à tous ainsi qu'à tous les types de personnalités, dont le con, en espérant que toutes ces personnes en question convergent vers un même objectif.

Alors, une utopie n'est pas plutôt un problème de conciliation où il faut faire rentrer dans l'équation les intérêts de chaque être et ceux de tous puis brasser, tel de la bière, ces deux éléments afin d'en extirper une fusion faisant aboutir à la réussite d'une utopie ?

Finalement, si il y avait conciliation entre tous, l'utopie aurait toutes les chances de voir le jour, non ?
La Bête
Silver Mercure


Sexe: Sexe:Féminin

Inscrit le: 03 Nov 2008
Messages: 13812
Localisation: Montréal

Message Posté le: Dim Sep 26, 2010 23:22 pm    Sujet du message:
Ethyko a écrit:
Mais le(s) con(s) dont tu parles à un rôle, il fait quelque chose, il est peut être nécessaire

donc heureusement que j'ai rédigé la phrase qui suivait.
Warren
Actif
Actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 09 Fév 2010
Messages: 1165

Message Posté le: Lun Sep 27, 2010 07:36 am    Sujet du message:
La Bête a écrit:
Ethyko a écrit:
Mais le(s) con(s) dont tu parles à un rôle, il fait quelque chose, il est peut être nécessaire

donc heureusement que j'ai rédigé la phrase qui suivait.


Oui, mais que tu qualifiais leur place afin qu'il ne nuise pas, donc automatiquement, tu restreins leurs champs d'action et donc leurs possibilités. Non ?

Edit : Après réflexion, une société sans nuisibles est une utopie.
Exist@ncE
Super actif
Super actif




Inscrit le: 19 Mai 2010
Messages: 1680

Message Posté le: Lun Sep 27, 2010 17:56 pm    Sujet du message:
Laissons les cons créer leurs utopies.
N'est-ce pas en soi aussi une utopie ?
Invité








Message Posté le: Lun Sep 27, 2010 18:30 pm    Sujet du message:
Utopie :
" Idées qui participent à la conception générale d'une société future idéale à construire, généralement jugées chimériques car ne tenant pas compte des réalités. "

De quoi clore le débat.
Oel
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 30 Juin 2010
Messages: 3880

Message Posté le: Lun Sep 27, 2010 18:33 pm    Sujet du message:
Attention, "ne tenant pas de compte des réalités" ne veut pas dire "inapplicable" !
La Bête
Silver Mercure


Sexe: Sexe:Féminin

Inscrit le: 03 Nov 2008
Messages: 13812
Localisation: Montréal

Message Posté le: Lun Sep 27, 2010 19:47 pm    Sujet du message:
Ethyko a écrit:
La Bête a écrit:
Ethyko a écrit:
Mais le(s) con(s) dont tu parles à un rôle, il fait quelque chose, il est peut être nécessaire

donc heureusement que j'ai rédigé la phrase qui suivait.


Oui, mais que tu qualifiais leur place afin qu'il ne nuise pas, donc automatiquement, tu restreins leurs champs d'action et donc leurs possibilités. Non ?

Edit : Après réflexion, une société sans nuisibles est une utopie.

ben non, pas une place restreinte, juste une place utile, la place qu'il leur faut pour être satisfaits et ne pas ressentir le besoin permanent de faire chier le monde pour se venger.
K
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 10 Avr 2006
Messages: 4871

Message Posté le: Lun Sep 27, 2010 20:02 pm    Sujet du message: Re: utopie et taille de population
K a écrit:
En simplifiant, le premier affirmait qu'une utopie (j'entend par là une société très artificielle, codée par des règles précises et souvent différentes de celles qui régentent la nôtre, pour atteindre un idéal philosophique quelconque -bonheur, liberté, transcendance, ce que vous voulez)


De quoi le rouvrir. J'ai défini ce dont je parlais ; le mot "utopie" ne vous convient peut-être pas, changez-en le cas échéant ; mais la question reste posée, pour la même idée ^^
Romulus
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 24 Fév 2007
Messages: 4360

Message Posté le: Mar Sep 28, 2010 12:52 pm    Sujet du message:
Ethyko a écrit:

Pour que l'utopie de masse fonctionne, il faut inculquer les idéaux à tous ainsi qu'à tous les types de personnalités, dont le con, en espérant que toutes ces personnes en question convergent vers un même objectif.

Attention là, gare au totalitarisme! Car c'est le concept, plier l'homme pour l'adapter à l'idéologie. Il y en a qui ont essayé ils ont eu des problèmes.

Citation:
Alors, une utopie n'est pas plutôt un problème de conciliation où il faut faire rentrer dans l'équation les intérêts de chaque être et ceux de tous puis brasser, tel de la bière, ces deux éléments afin d'en extirper une fusion faisant aboutir à la réussite d'une utopie ?

Voilà tu t'es bien rattrapé Mauvais ange
Tenir compte de l'intérêt de chacun, rester dans le cadre de la nature humaine. Ce qui ne veut pas dire ne pas le changer, car l'homme change inévitablement d'une société à l'autre. Mais plutôt que d'essayer de lui inculquer des choses, chercher à élargir sa conscience et son instruction pour qu'il comprenne au mieux ses intérêts qui passe selon toute vraisemblance par un bon fonctionnement de la société dans laquelle il vit. Evidemment ça signifie notamment permettre le développement de l'esprit critique et donc des idées même si elles étaient jugées à priori bonnes jusqu'ici.

Parce que dans le cas contraire où l'on cherche à inculquer de force les idées même si elles étaient vraiment bonnes c'est foireux. C'est comme vouloir appliquer la démocratie ou les droits de l'homme de force en Irak ... ça ne marche pas.

Citation:
Finalement, si il y avait conciliation entre tous, l'utopie aurait toutes les chances de voir le jour, non ?

Je ne crois qu'il puisse y avoir une conciliation parfaite entre tous les individus de la planète. Mais un individu éclairé est capable de comprendre qu'il ne doit pas toujours défendre ses intérêts individuels aux dépends des autres.
Disons que selon moi si on va dans ce sens, on va vers une société meilleur, de là à ce qu'elle devienne parfaite, utopiste... j'ai des doutes, mais ce n'est qu'un avis.
Invité








Message Posté le: Mar Oct 12, 2010 01:18 am    Sujet du message:
Je suis plutôt d'accord avec le premier de tes amis. Une utopie proposant un modèle de société, elle touche à quelque chose de très insondable : la Nuit, ce qu'on a aussi appelé l'inconscient. 

En d'autres termes, une société est toujours une réalisation collective qu'on constate comme étant un équilibre. C'est déjà faux, puisqu'une société, ça vit, alors qu'un concept, c'est statique. Certains concepts décrivent des réalités mouvantes, mais encadrées par des limites, aucun concept ne pouvant comprendre l'invention inhérente à la vie... Pour faire simple, le mot fige alors que la vie dépasse sans cesse les états donnés à voir. 

Or, une utopie, c'est un projet, un concept de l'homme. On se dit : «L'homme, c'est ça, donc le modèle parfait qui en découle c'est ça !» ou encore : «Le bonheur c'est ça, donc pour y arriver, il faut que ça fonctionne comme ça !» et ce mode de raisonnement est foncièrement faux dès le départ. Tout simplement parce que l'idée de départ est que l'homme est un concept déjà donné dans toutes ses possibilités, alors que l'homme n'est pas donné, il s'invente sans cesse et il invente sans cesse. 

En somme, une utopie serait réalisable si chacun abdiquait de ce qu'il a de plus précieux et de plus coûteux à la fois : la capacité d'innover. C'est sans doute pour ça que toutes les tentatives de réalisation d'utopies ont périclité en quelques générations... Les phalanstères étaient constitués de groupes relativement restreints - et plus un groupe est restreint, plus il lui est aisé pourtant de ses constituer une identité collective substantielle, comme c'est le cas pour la famille - ils ont quand même avoué leur échec, dès lors que des hommes sont nés qui n'avaient pas fait le choix de soumettre leur action à l'idée du phalanstère.

L'URSS était aussi une utopie, probablement celle qui a le mieux fonctionné dans la durée... Pourtant la récurrence des dérives totalitaires dans des environnements communistes laisse penser qu'il y aurait comme un problème de structure. À mon avis, c'est tout simplement que quand on essaie de faire rentrer le réel ou la nature dans le cadre restreint d'une idée, le réel se rebiffe et tente par tous les moyens de déborder. Dès lors, il devient nécessaire pour le système de réprimer, comme le sur-moi refoule. Cette Nuit-là nous dépassera toujours, quelque rebelle au mot soit-elle. 
Lyriss
Habitué(e)


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 20 Mar 2008
Messages: 10770
Localisation: Grenoble

Message Posté le: Mar Oct 12, 2010 21:26 pm    Sujet du message:
Il me semble qu'il existe justement un lien entre une idéologie directrice et sa mise en pratique dans la cité. Ce lien s'appelle la politique ou l'art de concilier, sous forme d''adaptations constantes, des préceptes moraux fondateurs avec une réalité mouvante.

En ceci ton argument visant a rejeter l'utopie en prenant appuis sur l'antagonisme du caractère figé de l'idéologie conceptuelle face au caractère mouvant, mobile et évolutif du peuple est erroné.

Le salut d'une utopie passe largement par la gestion politique de sa mise en place plutôt que par le pouvoir fédérateur de son idéologie mère.

Cela revient a dire que l'enfant (la politique) a depuis longtemps commis le parricide sur l'idéologie et n'aura de cesse de prospérer se nourrissant des illusions que sa filiation entretien au près du peuple.
Romulus
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 24 Fév 2007
Messages: 4360

Message Posté le: Mer Oct 13, 2010 22:34 pm    Sujet du message:
Tout dépend du sens que vous attribuez aux mots. Si par idéologie et utopie vous entendez systèmes figés, alors oui ça ne semble ni réalisable ni même dans l'intérêt humain. Mais si par utopie on entendait "société parfaite" ou "société s'approchant de la perfection" (définition très générale), rien n'interdit que cette construction idéologique soit un système évolutif.

Et par ailleurs, bien que l'homme puisse innover, pas sur pour autant qu'il puisse dépasser sa nature profonde. Il croit peut être parfois la dépasser, mais ne dépasse que des normes sociales qu'il prend pour nature.

Et ce que tu dis, a/b=c/d confirme cela, puisque tu expliques que l'homme ne peut se résoudre à vivre dans un système figé par besoin d'innover, si tel est le cas on mets le doigt sur une caractéristique de la nature humaine auquel il se conforme quoi qu'il advienne : le besoin d'innover, qu'on pourrait faire rentrer plus généralement dans un cadre bien connu des "utopies" : le besoin de liberté. Ce serait la simple raison pour laquelle il ne peut se résoudre à vivre dans un système figé, fusse-t'il plein de qualités.
Finalement dans la logique, ça rejoint la description du progrès que j'ai faîte : système évolutif, non figé, avec existence de la critique mais composé de certaines caractéristiques conformes à sa nature (par exemple : le système préserve et soutient l'intérêt des individus qui le compose, sans ça le système n'a pas de sens).
L'homme tend vers une direction parce que c'est dans sa nature et dans son intérêt de chercher un "mieux" (ce qui peut se traduire par bien des orientations divergentes), mais ça ne veut pas dire qu'il va finir par atteindre un point figé dans l'histoire et ne plus en bouger.
Toune
Membre
Membre




Inscrit le: 13 Nov 2008
Messages: 265

Message Posté le: Jeu Oct 14, 2010 17:08 pm    Sujet du message:
Ne serait-ce pas un simple besoin d'exister ? Un besoin d'être remarqué ?

Un individu peut dans une utopie se contenter d'être bien placé au tableau d'honneur.

Mais il peut aussi vouloir que le phalanstère entier se fasse remarquer pour éprouver la fierté de lui appartenir. Et de là naîtra la concurrence entre ces utopies jusqu'à d'éventuels conflits...
Invité








Message Posté le: Ven Oct 15, 2010 04:44 am    Sujet du message:
Lyriss a écrit:
Le salut d'une utopie passe largement par la gestion politique de sa mise en place plutôt que par le pouvoir fédérateur de son idéologie mère.

Cela revient à dire que l'enfant (la politique) a depuis longtemps commis le parricide sur l'idéologie et n'aura de cesse de prospérer se nourrissant des illusions que sa filiation entretien au près du peuple.

En somme, tu me dis qu'une utopie est possible par le truchement des gestionnaires politiques, si ces hommes gouvernant 1. sont habiles et 2. n'ont de cesse que de défendre avec acharnement et fidélité l'idée qu'elle exprime - dans l'esprit plus qu'à la lettre. Si l'on élude ce second point, il n'est plus question de politique utopiste mais de politique ordinaire, dans une société naturelle.

Je trouve ça à la fois juste dans le principe et désespérément idéaliste, voire fallacieux de la part de quelqu'un qui écrivait, il y a moins de deux ans :
Citation:
Oui effectivement, les opinions et l'idéologie ne sont pas ce qui m'attire en premier lieu en politique.

J'y vais surtout en quête d'aventure, d'ascension sociale et par amour de la polémique.

Ce qui m'intéresse c'est surtout la politique partisane, pour la quelle la morale et l'idéologie sont loin d'être les vertus premières.

Le goût du débat n'excuse pas la mauvaise foi, Lyriss. Le pragmatisme est une réalité efficace, bien sûr, mais l'avidité des hommes exclut tout à fait la pérennité des ordres artificiels. Si l'idée de départ ne colle pas avec la nature profonde de l'homme, c'est-à-dire si elle n'est pas profondément juste dans sa formulation, ça ne prendra pas. Les loups guettent trop pour ça. 

-------------------------------------------------------------

Romulus a écrit:
Tout dépend du sens que vous attribuez aux mots. Si par idéologie et utopie vous entendez systèmes figés, alors oui ça ne semble ni réalisable ni même dans l'intérêt humain. Mais si par utopie on entendait "société parfaite" ou "société s'approchant de la perfection" (définition très générale), rien n'interdit que cette construction idéologique soit un système évolutif.

Une utopie est, stricto sensu, une construction théorique, montée de toutes pièces et visant à mettre en place une organisation sociale pleinement apte à favoriser le bonheur de tous. Voici la définition du CNRTL :
Citation:
Plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun


La différence entre une utopie et une société normale, c'est que dans une société normale, les ordres se sont mis en place lentement, au fur et à mesure des évènements alors que dans une utopie, c'est brutal et artificiel. La lenteur du processus historique donne aux sociétés naturelles une complexité qui a parfois l'air anarchique (Very Happy), mais en tout cas, les gens ont eu le temps de s'adapter et d'intégrer les codes du fonctionnement global, dans la mesure où une culture s'est construite en même temps que le modèle dans une épigenèse (l'un nourrit l'autre). C'est le principe du mythe fondateur, gardien de l'identité du groupe, des devises, des drapeaux, des hymnes, mais toute cette sphère culturelle recoupe aussi l'identité linguistique, religieuse, géographique - volontarisme par rapport à l'espace et du climat par exemple - bref, tout ce qui concerne l'identité collective, l'histoire : une société construit ses mythes fondateurs et leur obéït tout à la fois.

À ce titre, un petit groupe aura plus de chances de réussir, puisqu'il tissera plus vite des liens et pourra construire plus rapidement une entité collective plus précise et plus riche. (principe inhérent aux dynamiques de groupe : une famille est plus soudée qu'un village, un village qu'une ville, notamment parce que les petites épreuves arrivent plus souvent que les calamités de grande ampleur et que c'est l'adversité combattue communément qui unit les hommes - on s'identifie en s'opposant)

J'en arrive au point. 

Préférant un projet établi à une évolution naturelle, l'utopie pose un projet, une idée. Si elle s'en défait par suite, elle n'est plus une utopie. Ceci explique la paranoïa et la chasse aux sorcières permanente propre aux mouvements d'extrême gauche, qui passent plus de temps à distinguer les traîtres des orthodoxes qu'à colaborer. Ce n'est pas que les gauchistes sont stupides, c'est structurel. La fidélité est un problème majeur, puisque la base même de leur communauté est une doctrine politique. Dès lors, l'intégrisme menace d'apparaître - et ça vaut aussi bien pour la politique que pour la religion. 

Bref, il faut un temps d'assimilation, une période tampon d'acculturation - recréation d'une culture de quelques générations... Marx était fûté, il y a pensé : c'est l'étape de la dictature du prolétariat. Or l'histoire nous montre que cette étape n'a jamais pu être dépassée ! Pourquoi ? Parce qu'elle introduit une nécessaire répression qui rend le système insupportable et haïssable. Les gens étouffent, cf la Révolution culturelle chinoise ! (d'autant qu'en proposant une mythologie de la Révolution, faudra pas s'étonner d'être révolutionné à son tour après... ^^)

Si une société était un individu, on peut dire que l'utopie agirait comme un parent qui penserait qu'en battant son enfant systématiquement, il parviendrait à le rendre juste et donc heureux. Or c'est tout l'inverse qui arrive ! Quand je parlais d'innovation, je parlais de transgression plus que d'innovation technique ou intellectuelle. La décision intellectuelle n'est jamais qu'un leurre.

Pour résumer mon point de vue en quelques lignes - si vous les comprenez, vous voyez où je veux en venir... - :
    La Nuit est ce que le jour recouvre ; c'est la positivité même du jour qui donne à la Nuit son caractère indépassable. 
    Le sauvage est ce que le civilisé muselle mais le sang qu'il prise est celui de la Vie - le Sang du Christ, le rouge du phœnix.
    Quoiqu'ils structurent les phénomènes, les mots décrivent les choses sans jamais parvenir à les plier à leur formalisme. - Le langage n'est maître que de son domaine... quelque expansionniste soit-il. 
    On peut tailler un arbre mais si on le prive de toute racine ou de tout feuillage, il mourra.
    Une table ne peut (au sens de können) nier totalement l'arbre qui lui a donné lieu.


-------------------------------------------------------------

Toune a écrit:
Un individu peut dans une utopie se contenter d'être bien placé au tableau d'honneur.

Mais il peut aussi vouloir que le phalanstère entier se fasse remarquer pour éprouver la fierté de lui appartenir. Et de là naîtra la concurrence entre ces utopies jusqu'à d'éventuels conflits...

Tu parles d'une assimilation de l'intérêt propre à l'individu à l'intérêt de la collectivité (le phalanstère, en d'autres termes). Autrement je décide d'abdiquer, je nie mon intérêt particulier, j'arrête de penser pour ma gueule, je pense au phalanstère, sa gloire sera la mienne... Je ne suis plus moi mais une partie du phalanstère. -> Changement d'échelle, de la conscience-de-soi à la conscience-du-monde. 

On fait ça par empathie. Ce sont comme des cercles concentriques, chacun l'entité que doit servir l'action de l'individu ;
(antichambre) Rien (nihilisme) < au centre, moi (egocentrisme), puis différents intermédiaires (la famille, le clan (système mafieux par ex) < la localité, le pays (chauvinisme ou patriotisme) < le genre humain (humanisme) < la Vie (militantisme écolo, religiosité mystique si Dieu est identifié à la Vie). <------------------- C'est pas une liste exhausive, on peut imaginer plein d'échelons intermédiaires, et puis en fait c'est plutôt une boucle. 
Passer d'un cercle à l'autre n'est pas chose aisée, c'est un travail spirituel long, difficile, incertain. Tabler là-dessus... voyons... La voix du pragmatisme en moi me dit : Laughing
Romulus
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 24 Fév 2007
Messages: 4360

Message Posté le: Sam Oct 16, 2010 15:25 pm    Sujet du message:
a/b=c/d a écrit:
La différence entre une utopie et une société normale, c'est que dans une société normale, les ordres se sont mis en place lentement, au fur et à mesure des évènements alors que dans une utopie, c'est brutal et artificiel.

D'accord pour la construction théorique mais la définition ne dis pas clairement que le système est figée. Bon admettons que puisque ce système imaginé est parfait, il n'a pas à évoluer, admettons. Absolument rien en revanche ne dis que ce système doit arriver brutalement. Là tu confonds utopie et tabula rasa. Tu confonds utopie et révolution, or bien que les révolutions ne soient jamais totalement des tabula rasa, nous savons très bien qu'il y en a eu et plus d'une, alors que l'utopie au sens originel c'est le "lieu qui n'existe pas". En gros le lieu "trop parfait pour exister". Donc ce n'est pas la même chose.


a/b=c/d a écrit:
La lenteur du processus historique donne aux sociétés naturelles une complexité qui a parfois l'air anarchique (Very Happy), mais en tout cas, les gens ont eu le temps de s'adapter et d'intégrer les codes du fonctionnement global,

Tu ne voulais sans doute pas dire anarchique (="sans pouvoir" au sens strict) mais chaotique, désordonné. Et en fait si... les sociétés en question sont chaotiques. Même si ce que tu dis est juste, les gens et plus généralement les éléments constitutifs (individus, organismes, institutions, ethnies, communautés minoritaires,...) s'adaptent progressivement à ces sociétés "naturelles" dont elles font parties (pas sur que cet adjectif naturel soit très pertinent) à moins que ça ne soit la société qui s'adapte... en fait ça se fait dans les deux sens la société change les individus qui changent la société.
Mais les processus en question ne vont pas tous dans la même direction, donc il en ressort vraiment un désordre.
Exemple : Les pays occidentaux peuvent proclamer juridiquement l'égalité des droits et la liberté d'un coté. Et parfois réèllement s'y employer, par l'intermédiaire de la justice ou par d'autres moyens. Puis parallèlement à ça permettre des abus de liberté et le développement de nouvelles formes de privilèges. Ces contradictions nées de processus différents cohabitent mais génèrent des tensions.

Mais quoi qu'il en soit et c'est peut être ce que tu as voulu dire, il y a toujours un équilibre au sein de ces sociétés qui existent (ce que tu appeles "les sociétés naturelles"), si ce n'était pas le cas les sociétés disparaitraient. En fait dès qu'il y a tendance au déséquilibre les sociétés evoluent et se rééquilibre, ou si elles en sont incapable elles s'éffondrent et naissent des sociétés nouvelles. Sociétés qui ne perdureront dans le temps que si elles même trouvent leur équilibre.

Tandis qu'une construction purement théorique, rien ne nous prouve qu'elle peut trouver un équilibre, cela dis tant qu'elle n'a pas été essayée rien ne nous prouve qu'elle ne le peut pas.

A ce propos une parenthèse :
a/b=c/d a écrit:
Or l'histoire nous montre que cette étape n'a jamais pu être dépassée ! Pourquoi ? Parce qu'elle introduit une nécessaire répression qui rend le système insupportable et haïssable. Les gens étouffent, cf la Révolution culturelle chinoise !

Méfiance de cette phrase un peu facile, l'Histoire n'a pas montré grand chose en la matière, les quelques cas de tentatives de mise en place de sociétés d'inspiration marxiste se soldent en effet par un echec, mais dans un contexte très particulier. La commune de Paris ou la Révoluion Russe sont des régimes totalement assiégés (au sens propre comme au figuré). Les ennemis des dits régimes ont beau affirmer leur impossibilité ils ne doivent pas en être aussi persuadés puisqu'ils mettent en oeuvre tout leurs moyens pour les faire échouer. De fait, concrètement ces régimes sont anéantis ou basulent vers le totalitarisme sous le poid de contraintes extérieures (attaques militaires, embargo,...) et non pas intérieures. La Russie de 1917 n'est pas immédiatement liberticide et au contraire favorise beaucoup la créativité artistique,... La commune de Paris est bien moins propagandesque, autoritaire que ses adversaires, mais se fait écraser par l'extérieur.

Maintenant de là à dire que ces régimes auraient abouti à une société stable et juste sans contraintes extérieures, auraient t'ils vraiment trouvé leur équiliibre? Je ne franchis pas ce pas, je n'en sais rien, ça resterait à vérifier.


a/b=c/d a écrit:
Préférant un projet établi à une évolution naturelle, l'utopie pose un projet, une idée. Si elle s'en défait par suite, elle n'est plus une utopie. Ceci explique la paranoïa et la chasse aux sorcières permanente propre aux mouvements d'extrême gauche, qui passent plus de temps à distinguer les traîtres des orthodoxes qu'à colaborer. Ce n'est pas que les gauchistes sont stupides, c'est structurel. La fidélité est un problème majeur, puisque la base même de leur communauté est une doctrine politique. Dès lors, l'intégrisme menace d'apparaître - et ça vaut aussi bien pour la politique que pour la religion.


En effet tu mets le doigt sur un point intéréssant, ce qui caractérise entre autre l'extrême gauche c'est la fidélité/loyauté à une ou des idées d'où une certaines rigidité, cela dis je ne mettrais pas ça en opposition avec "l'évolution naturelle", puisque le marxisme se définit bien lui même comme une évolution naturelle et logique de la société humaine.

Par ailleurs tu poses un postulat qui est faux :
Citation:
Préférant un projet établi à une évolution naturelle, l'utopie pose un projet, une idée.


Qui as dits que l'extrême-gauche se basait nécessairement sur des utopies? C'est le cas en partie mais pas systématiquement.
Encore une fois cela vient de ta confusion entre les notions d'utopie et de révolution.


a/b=c/d a écrit:
Pour résumer mon point de vue en quelques lignes - si vous les comprenez, vous voyez où je veux en venir... - :
    La Nuit est ce que le jour recouvre ; c'est la positivité même du jour qui donne à la Nuit son caractère indépassable.
    Le sauvage est ce que le civilisé muselle mais le sang qu'il prise est celui de la Vie - le Sang du Christ, le rouge du phœnix.
    Quoiqu'ils structurent les phénomènes, les mots décrivent les choses sans jamais parvenir à les plier à leur formalisme. - Le langage n'est maître que de son domaine... quelque expansionniste soit-il.
    On peut tailler un arbre mais si on le prive de toute racine ou de tout feuillage, il mourra.
    Une table ne peut (au sens de können) nier totalement l'arbre qui lui a donné lieu.

Je crois que je vois à peu près où tu veut en venir, pas de société parfaite parce que pas de jour sans nuit... OK

Pas de vrai tabula rasa une société nouvelle qui émerge, émerge forcément sur les bases de son histoire. OK

Le sang du christ, le phénix gnééé?...je sais bien qu'ils ont tout les deux une fonction résurection..mais là ça devient trop spiritualo-religieux. A noter que si ça a un lien avec le drapeau rouge : sympoliquement parlant le rouge en question c'est le sang du peuple versé pour la liberté. Donc peut être la notion de sacrifice, mais là ça devient trop tordu et abscon Laughing

C'est dommage tu retombes dans tes vieux travers Mauvais ange alors que jusqu'ici tes phrases étaient argumentées, tes définitions clairements posées, tu nous balances des vieilles phrases poético-philosophique dont le sens est volontairement flou et imagé.
Invité








Message Posté le: Dim Oct 17, 2010 19:18 pm    Sujet du message:
Citation:
Absolument rien en revanche ne dis que ce système doit arriver brutalement. Là tu confonds utopie et tabula rasa. Tu confonds utopie et révolution, or bien que les révolutions ne soient jamais totalement des tabula rasa, nous savons très bien qu'il y en a eu et plus d'une, alors que l'utopie au sens originel c'est le "lieu qui n'existe pas". En gros le lieu "trop parfait pour exister". Donc ce n'est pas la même chose.

Alors c'est quoi que tu appelles une utopie, si elle ne nécessite aps une révolution au préalable ? - not etout de même que toutes les utopies que tu m'as citées (la Commune de Paris, L'URSS) sont très liées à des révolutions. 

Citation:
Tu ne voulais sans doute pas dire anarchique

D'où le smiley ; boutade. 

Citation:
(pas sur que cet adjectif naturel soit très pertinent)

En contexte c'est pertinent. Les mots ne se définissent que par opposition... Ici, ça veut juste dire : pas programmé, pas théorisé avant d'avoir vu le jour. 

Citation:
Tandis qu'une construction purement théorique, rien ne nous prouve qu'elle peut trouver un équilibre, cela dis tant qu'elle n'a pas été essayée rien ne nous prouve qu'elle ne le peut pas.

Pour que ça colle, il faut se créer une culture et une langue tout particulièrement. Et ça prend du temps. (comme avec tes potes et ta famille, tu partages des expressions incompréhensibles pour quelqu'un d'extérieur... des "fleuves sémantiques", comme dit Kundera, mais collectifs en l'occurrence). En plus de la validité du système (économiquement, etc). 

Citation:
l'Histoire n'a pas montré grand chose en la matière, les quelques cas de tentatives de mise en place de sociétés d'inspiration marxiste se soldent en effet par un echec, mais dans un contexte très particulier. La commune de Paris ou la Révoluion Russe sont des régimes totalement assiégés (au sens propre comme au figuré).

Effectivement je ne l'avais pas pris en compte. N'empêche que les "contraintes extérieures" étant une donnée impondérable, on ne peut pas considérer l'hostilité des autres comme un accident ou un problème annexe. Rajoutons donc cet autre obstacle ; il faut EN PLUS que l'environnement ne rejette pas le régime. 

Romulus a écrit:
moi a écrit:
Préférant un projet établi à une évolution naturelle, l'utopie pose un projet, une idée.

Qui as dits que l'extrême-gauche se basait nécessairement sur des utopies? C'est le cas en partie mais pas systématiquement.
Encore une fois cela vient de ta confusion entre les notions d'utopie et de révolution.

1. Le sujet de la phrase, c'est "l'utopie" pas "l'extrême gauche". 
2. Eclaire ma lanterne ; quelle utopie ne réclame aucune révolution (même pacifique) ?

Citation:
Le sang du christ, le phénix gnééé?...je sais bien qu'ils ont tout les deux une fonction résurection..mais là ça devient trop spiritualo-religieux. A noter que si ça a un lien avec le drapeau rouge : symboliquement parlant le rouge en question c'est le sang du peuple versé pour la liberté. Donc peut être la notion de sacrifice, mais là ça devient trop tordu et abscon Laughing

Dans TOUS les cas, le symbolisme du sang est celui de la VIE. Que ce soit le Christ, le Phœnix ou le drapeau rouge. Le sang versé donne la vie à quelque chose. 

Citation:
C'est dommage tu retombes dans tes vieux travers Mauvais ange alors que jusqu'ici tes phrases étaient argumentées, tes définitions clairements posées, tu nous balances des vieilles phrases poético-philosophique dont le sens est volontairement flou et imagé.

Le sens est exact, c'est le discours scolastique qui floute et passe à côté. 

D'où la poésie en général. 
GROLUX
Suprème actif
Suprème actif




Inscrit le: 20 Nov 2007
Messages: 4876

Message Posté le: Dim Oct 17, 2010 19:54 pm    Sujet du message:
Ce sujet me fait penser à une conversation sur la pénurie de pétrole que j'ai suivie hier soir.
Entre 3 et 5 h du mat, après la bouteille de sky et pendant celle de rhum.

Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Forum pour jeunes -> Philosophie