Invité
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Posté le: Dim Nov 15, 2009 21:14 pm Sujet du message: Ces passages que vous avez aimés
Quelque soit le type de littérature, je suis assez curieuse de voir quels
sont les types de textes qui attirent votre attention. Que ce soit un extrait
d'un roman, d'une pièce de théâtre, un poème, ou n'importe quoi d'autre,
je vous propose ce topic pour nous présenter une oeuvre par un extrait.
Par exemple :
Kundera - L’insoutenable légèreté
de l’être.
Teresa est amoureuse de Tomas. Tomas la
trompe régulièrement avec des maitresses diverses. Elle le sait.
Qu’est ce que la coquetterie ? On pourrait dire que c’est un comportement
qui doit suggérer que le rapprochement sexuel est possible, sans que cette
éventualité puisse être perçue comme une certitude. Autrement dit : la
coquetterie est une promesse non garantie de coït.
Tereza est debout derrière le comptoir du bar et les clients auxquels elle
sert des alcools lui font des avances. Trouve-t-elle déplaisant cet assaut
continuel de compliments, de sous-entendus, d’histoires grivoises,
d’invites, de sourires et de regards ? Pas du tout. Elle éprouve un
insurmontable désir d’offrir son corps (ce corps étranger qu’elle
voudrait chasser au loin), de l’offrir à ce ressac.
Tomas essaie sans cesse de la persuader que l’amour et l’acte d’amour
sont deux mondes différents. Elle refusait de l’admettre. A présent, elle
est entourée d’hommes qui ne lui inspirent pas la moindre sympathie. Quel
effet ça lui ferait de coucher avec eux ? Elle a envie d’essayer, du moins
sous la forme de cette promesse non garantie qu’est la coquetterie.
Qu’on ne s’y trompe pas : elle ne cherche pas à se venger de Tomas. Elle
cherche une issue pour sortir du labyrinthe. Elle sait qu’elle lui pèse :
elle prend les choses trop au sérieux, elle tourne tout au tragique, elle ne
parvient pasà comprendre la légèreté de la joyeuse futilité de l’amour
physique : elle voudrait apprendre la légèreté ! Elle voudrait qu’on lui
apprenne à ne plus être anachronique.
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Eponine
Madame Casse-Pieds
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Posté le: Dim Nov 15, 2009 21:19 pm Sujet du message:
Antigone - Jean Anouilh
Antigone : Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur !
Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui
lèchent tout ce qu'il trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours,
si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce
soit entier-, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me
contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de
tout aujourd'hui et que cela aussi beau que quand j'étais petite - ou
mourir.
Créon : Allez, commence, commence, comme ton père !
Antigone : Comme mon père, oui ! Nous sommes de ceux
qui posent les questions jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'il ne reste vraiment
plus la petite chance d'espoir vivante, la plus petite chance d'espoir à
étrangler. Nous sommes de ceux qui lui sautent dessus quand ils le
rencontrent, votre espoir, votre cher espoir, votre sale espoir !
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alcibiade
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Posté le: Sam Nov 28, 2009 16:09 pm Sujet du message:
Très bonne idée de sujet, j'y participerai à l'occasion.
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oeildenuit
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Posté le: Sam Nov 28, 2009 18:26 pm Sujet du message:
Céline, dans le voyage :
Elle me laissait m'habituer à la pénombre du couloir, à l'odeur des
poireaux pour la soupe, aux papiers des murs, à leurs ramages sots, à sa
voix d'étranglée. Enfin, de bafouillages en exclamations nous parvînmes
auprès du lit de la fille, prostrée, malade, à la dérive.
Je voulus l'examiner, mais elle perdait tellement de sang, c'était une telle
bouillie qu'on ne pouvait rien voir de son vagin. Des caillots. ça faisait
"glouglou" entres ses jambes [...]
La mère ne regardait rien, n'entendait qu'elle même.
" J'en mourrai, docteur! qu'elle clamait. J'en mourrai de honte"
Je n'essayai point de la dissuader. Je ne savais que faire.
Dans la petite salle à manger nous apercevions le père qui allait de long en
large. Lui ne devait pas avoir son attitude prête encore pour la
circonstance. Peut-être attendait-il que les événement se précisassent
avant de se choisir un maintient. Il demeurait dans des sortes de limbes.
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Marah
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Posté le: Sam Nov 28, 2009 20:11 pm Sujet du message:
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K
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 02:07 am Sujet du message:
Je HAIS le tout premier extrait et je veux que le monde le sache
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Malaïa
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 02:57 am Sujet du message:
«Les cauchemars, c'est ce que les rêves deviennent toujours en
vieillissant.»
pas besoin de chercher les plus grands littéraire pour être touché par les
mots
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alcibiade
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Fromthesouth
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 16:54 pm Sujet du message:
Citation: | discriminatritantes |
???
Moi j'aime bien Tintin, y a toujours un sens caché aux histoires, enfin
caché aux enfants qui lisent Tintin.
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alcibiade
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 17:02 pm Sujet du message:
Mon message faisait référence aux plaintes contre Tintin au Congo et à son
interdiction dans plusieurs pays pour racisme. Ce qui mérite un topic
d'ailleurs.
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Fromthesouth
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 17:21 pm Sujet du message:
et mon interrogation se portait sur "discriminatritantes", je n'arrive pas à
cerner exactement ce que tu as voulu dire par là
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alcibiade
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 17:26 pm Sujet du message:
C'est un mélange entre discriminantes et discriminatrices. Le pleureur
contemporain parle en général un français qui laisse à désirer.
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Fromthesouth
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 17:29 pm Sujet du message:
Alors c'est pour ça que j'hésitais entre les 2.
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Invité
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 17:45 pm Sujet du message:
Eponine a
écrit: | Antigone - Jean Anouilh
Antigone : Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur !
Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui
lèchent tout ce qu'il trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours,
si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce
soit entier-, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me
contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de
tout aujourd'hui et que cela aussi beau que quand j'étais petite - ou
mourir.
Créon : Allez, commence, commence, comme ton père !
Antigone : Comme mon père, oui ! Nous sommes de ceux
qui posent les questions jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'il ne reste vraiment
plus la petite chance d'espoir vivante, la plus petite chance d'espoir à
étrangler. Nous sommes de ceux qui lui sautent dessus quand ils le
rencontrent, votre espoir, votre cher espoir, votre sale espoir !
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Je crois que c'est la partie de la pièce qui m'a le plus marqué, c'est quand
même assez spécial comme pièce.
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alcibiade
Suprème actif
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Posté le: Dim Nov 29, 2009 21:50 pm Sujet du message:
La fin du Phédon, un des passages les plus émouvants que je connaisse.
A ces mots, Criton fit signe à son, esclave, qui se tenait près de lui.
L’esclave sortit et, après être resté un bon moment, rentra avec celui
qui devait donner le poison, qu’il portait tout broyé dans une coupe. En
voyant cet homme, Socrate dit : « Eh bien, mon brave, comme tu es au courant
de ces choses, dis-moi ce que j’ai à faire. — Pas autre chose,
répondit-il, que de te promener, quand tu auras bu, jusqu’à ce que tu
sentes tes jambes s’alourdir, et alors de te coucher ; le poison agira ainsi
de lui-même. » En même temps il lui tendit la coupe. Socrate la prit avec
une sérénité parfaite, Échécrate, sans trembler, sans changer de couleur
ni de visage ; mais regardant l’homme en dessous de ce regard de taureau qui
lui était habituel : « Que dirais-tu, demanda-t-il, si je versais un peu de
ce breuvage en libation à quelque dieu ? Est-ce permis ou non ? — Nous
n’en broyons, Socrate, dit l’homme, que juste ce qu’il en faut boire.
— J’entends, dit-il. Mais on peut du moins et l’on doit même prier les
dieux pour qu’ils favorisent le passage de ce monde à l’autre ; c’est
ce que je leur demande moi-même et puissent-ils m’exaucer ! » Tout en
disant cela, il portait la coupe à ses lèvres, et il la vida jusqu’à la
dernière goutte avec une aisance et un calme parfaits.
Jusque-là nous avions eu presque tous assez de force pour retenir nos larmes
; mais en le voyant boire, et quand il eut bu, nous n’en fûmes plus les
maîtres. Moi-même, j’eus beau me contraindre ; mes larmes
s’échappèrent à flots ; alors je me voilai la tête et je pleurai sur
moi-même ; car ce n’était pas son malheur, mais le mien que je déplorais,
en songeant de quel ami j’étais privé. Avant moi déjà, Criton n’avait
pu contenir ses larmes et il s’était levé de sa place. Pour Apollodore,
qui déjà auparavant n’avait pas un instant cessé de pleurer, il se mit
alors à hurler et ses pleurs et ses plaintes fendirent le coeur à tous les
assistants, excepté Socrate lui-même. « Que faites-vous là,
s’écria-t-il, étranges amis ? Si j’ai renvoyé les femmes, c’était
surtout pour éviter ces lamentations déplacées ; car j’ai toujours
entendu dire qu’il fallait mourir sur des paroles de bon augure. Soyez donc
calmes et fermes. » En entendant ces reproches, nous rougîmes et nous
retînmes de pleurer.
Quant à lui, après avoir marché, il dit que ses jambes s’alourdissaient
et il se coucha sur le dos, comme l’homme le lui avait recommandé. Celui
qui lui avait donné le poison, le tâtant de la main, examinait de temps à
autre ses pieds et ses jambes ; ensuite, lui ayant fortement pincé le pied,
il lui demanda s’il sentait quelque chose. Socrate répondit que non. Il lui
pinça ensuite le bas des jambes et, portant les mains plus haut, il nous
faisait voir ainsi que le corps se glaçait et se raidissait. Et le touchant
encore, il déclara que, quand le froid aurait gagné le coeur, Socrate s’en
irait. Déjà la région du bas-ventre était à peu prés refroidie, lorsque,
levant son voile, car il s’était voilé la tête, Socrate dit, et ce fut sa
dernière parole : « Criton, nous devons un coq à Asclépios ; payez-le, ne
l’oubliez pas. — Oui, ce sera fait, dit Criton, mais vois si tu as quelque
autre chose à nous dire. » A cette question il ne répondit plus ; mais
quelques instants après il eut un sursaut. L’homme le découvrit : il avait
les yeux fixes. En voyant cela, Criton lui ferma la bouche et les yeux.
LXVII. — Telle fut la fin de notre ami, Échécrate, d’un homme qui, nous
pouvons le dire, fut, parmi les hommes de ce temps que nous avons connus, le
meilleur et aussi le plus sage et le plus juste.
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Marah
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Spleenz
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Eponine
Madame Casse-Pieds
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Posté le: Lun Nov 30, 2009 21:19 pm Sujet du message:
oeildenuit a
écrit: | Céline, dans le
voyage |
Rah, j'y arrive vraiment pas...
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oeildenuit
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Posté le: Lun Nov 30, 2009 21:22 pm Sujet du message:
à quoi donc ?
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Eponine
Madame Casse-Pieds
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Posté le: Lun Nov 30, 2009 21:30 pm Sujet du message:
A lire Céline. Plusieurs essais et non, impossible à rentrer dedans. Ca ne
passe pas.
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