oeildenuit
Suprème actif


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Posté le: Lun Nov 30, 2009 21:43 pm Sujet du message:
C'est con. C'est la plus belle chose que j'aie jamais lue.
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Eponine
Madame Casse-Pieds

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Posté le: Mer Déc 02, 2009 18:54 pm Sujet du message:
Il parait. Trop noir pour moi, sans doute.
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Invité
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Posté le: Mar Mar 09, 2010 21:55 pm Sujet du message:
J'adore les herbiers littéraires. Pour découvrir.
"La grande, la vraie douleur serait donc un mal assez meurtrier pour
étreindre à la fois le passé, le présent et l'avenir, ne laisser aucune
partie de la vie dans son intégrité, dénaturer à jamais la pensée,
s'inscrire inaltérablement sur les lèvres et sur le front, briser ou
détendre les ressorts du plaisir, en mettant dans l'âme un principe de
dégoût pour toute chose de ce monde. Encore, pour être immense, pour ainsi
peser sur l'âme et sur le corps, ce mal devrait arriver en un moment de la
vie où toutes les forces de l'âme et du corps sont jeunes, et foudroyer un
coeur bien vivant. Le mal fait alors une large plaie ; grande est la
souffrance ; et nul être ne peut sortir de cette maladie sans quelque
poétique changement : ou il prend la route du ciel, ou, s'il demeure ici-bas,
il rentre dans le monde pour mentir au monde, pour y jouer un rôle ; il
connaît dès lors la coulisse où l'on se retire pour calculer, pleurer,
plaisanter. Après cette crise solennelle, il n'existe plus de mystère dans
la vie sociale qui dès lors est irrévocablement jugée."
H. de Balzac, La femme de trente ans
.
"Non Van Gogh n'était pas fou, mais ses peintures étaient des feux
grégeois, des bombes atomiques, dont l'angle de vision, à côté de toutes
les autres peintures qui sévissaient à cette époque, eût été capable de
déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie second Empire et
des sbires de Thiers, de Gambetta, de Félix Faure, comme ceux de Napoléon
III.
Car ce n'est pas un certain conformisme de mœurs que la peinture de Van Gogh
attaque, mais celui même des institutions. Et même la nature extérieure,
avec ses climats, ses marées et ses tempêtes d'équinoxe ne peut plus,
après le passage de Van Gogh sur terre, garder la même gravitation."
"Ce sont là de ces douces conversations de psychiatre bonhomme qui n'ont
l'air de rien, mais laissent sur le cœur comme la trace d'une petite langue
noire, la petite langue noire anodine d'une salamandre empoisonnée.
Et il n'en faut pas plus quelquefois pour amener un génie à se suicider.
Il arrive des jours où le cœur sent si terriblement l'impasse, qu'il en
prend comme un coup de bambou sur la tête, cette idée qu'il ne pourra plus
passer.
Car c'est pourtant bien après une conversation avec le docteur Gachet que Van
Gogh, comme si de rien n'était, est entré dans sa chambre et s'est
suicidé.
J'ai passé 9 ans moi-même dans un asile d'aliénés et je n'ai jamais eu
l'obsession du suicide, mais je sais que chaque conversation avec un
psychiatre, le matin, à l'heure de la visite, me donnait l'envie de me
pendre, sentant que je ne pourrais pas l'égorger."
Antonin Artaud - VI - Van Gogh le Suicidé de
la Société.
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Invité
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Posté le: Mar Mar 09, 2010 22:55 pm Sujet du message:
Bérénice, Racine.
Acte IV, scène 5.
BÉRÉNICE
Hé bien ! régnez, cruel ; contentez votre
gloire :
Je ne dispute plus. J'attendais, pour vous croire,
Que cette même bouche, après mille serments
D'un amour qui devait unir tous nos moments,
Cette bouche, à mes yeux s'avouant infidèle,
M'ordonnât elle-même une absence éternelle.
Moi-même j'ai voulu vous entendre en ce lieu.
Je n'écoute plus rien, et pour jamais, adieu.
Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?
Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus!
L'ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?
Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts.
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Invité
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Posté le: Mar Mar 09, 2010 23:39 pm Sujet du message:
"C'est exactement le contraire. Ce n'est pas en se dérobant à la tache que
l'artiste jouit de la vie. C'est vous qui auriez gaché votre vie. L'art n'a
rien d'un récital de soliste ; c'est une symphonie dans le noir, avec des
millions de participants et des millions d'auditeurs. La jouissance que
procure une belle pensée, n'est rien à coté de la joie que l'on pérouve à
la fixer dans sa forme -dans sa forme permanente. En fait, il est quasi
strictement impossible de se réfréner de formuler une grande pensée. Nous
ne sommes que des instruments dont joue une force qui nous dépasse. On nous
permet, on nous accorde la grâce, pour ainsi dire, de créer. Personne ne
crée tout seul, de soi-meme, pour soi-meme. L'artiste est deja l'instrument
qui enregistre ce qui existe déja -quelque chose qui est la proprieté du
monde entier et que, si l'individu en question est vraiment un artiste, il est
contraint et forcé de restituer au monde. Garder ses belles idées pour soi
seul, cela reviendrait à etre un virtuose qui se croiserait les bras sur son
siège au milieu de l'orchestre. Chose impossible! Quant à l'exemple que vous
nous donniez -celui de l'auteur qui perdrait, avec son manuscrit, l'oeuvre
d'une vie- eh bien, moi, je comparerais cet individu à un virtuose
stupéfiant qui n'aurait pas cessé de jouer avec l'orchestre, mais qui se
serait tenu dans une autre salle, où personne ne l'entendrait.
Cela ne diminuerait en rien sa qualité de participant, -non plus que cela ne
le priverait du plaisir d'avoir suivi le chef d'orchestre ou entendu les
accents que rendait son instrument. Votre plus grande erreur, c'est de croire
que la jouissance est quelque chose qui ne se mérite pas ; que de savoir que
l'on joue bien du violon et d'en jouer, n'est qu'un seule et meme chose. C'est
si bete que je me demande pourquoi je prends la peine de le relever. Et quant
à la récompense, vous confondez toujours reconnaissance du génie et
récompense. Ce sont deux choses différentes. Meme si l'on ne vous paie pas
pour ce que vous faites, à tout le moins vous avez la satisfaction de le
faire. Il est dommage que nous mettions un tel accent sur le fait d'etre payé
pour nos peines... c'est vraiment superflu, et personne ne le sait mieux que
l'artiste. La raison de toutes ses misères, c'est qu'il choisit de faire sa
tâche, comme on fait un cadeau. Il oublie, comme vous dites, qu'il faut bien
vivre. Mais c'est vraiment une bénédiction. Mieux vaut se préoccuper des
splendeurs de l'idée que du prochain repas, du therme ou d'une nouvelle paire
de chaussures. Bien sur, quand on en arrive au point où manger devient une
nécessite et où l'on n'a rien à se mettre sous la dent, le problème tourne
à la hantise. Mais ce qui sépare l'artiste de l'individu moyen, c'est que le
premier, sitôt qu'il a vraiment trouvé à manger, retombe immédiatement
dans l'univers infini qui lui est propre et dont il est le roi tant qu'il y
reste ; alors que le pauvre crétin moyen ne fait jamais penser qu'à ses
postes à essence, avec leurs intervalles de poussière et de fumée.
Et en admettant même que vous ne soyez pas un type ordinaire, mais un riche
personnage, quelqu'un qui peut flatter ses gouts, ses fantaisies, ses
appétits: allez vous vous figurer un seul instant qu'un milliardaire savoure
la bonne chair, le vin ou les femmes autant qu'un artiste qui a faim? Savourer
n'importe quoi, cela exige d'abord que l'on se mette en état de reciptivité
; cela implique une certaine maitrise, une discipline, je dirais meme: une
chasteté. Par dessus tout, cela implique le désir ; et le désire est une
chose qui se nourrit de la vie vraie. Je parle en ce moment comme si j'etais
moi-meme un artiste -ce que je ne suis pas réellement. Je ne suis qu'un
dessinateur commercial ; mais j'en sais néanmoins assez sur ce sujet pour
affirmer que j'envie celui qui a le courage d'etre un artiste... Je l'envie
parce que je suis certain qu'il est infiniement plus riche que n'importe
quelle sorte d'être humain. Plus riche dans la mesure même où il se
dépense, où il est un perpetuel don de soi et ne se contente pas seulement
d'apporter son labeur, son argent, son talent.
Vous ne sauriez etre un artiste, Mac Gregor ; c'est impossible, ne serait-ce
que parce que vous n'avez pas la foi. Vous ne sauriez avoir de belles idées,
parce qu'elles ne sont pas nées que vous les avez deja massacrées. Vous vous
inscrivez en faux contre ce qui est le principe créateur de beuté: l'amour
-l'amour de la vie en soi- l'amour de la vie pour elle-meme. Vous ne voyez que
la petite bete, le ver, dans tout. L'artiste, meme s'il découvre la tâche
blette, fait en sorte qu'elle soit saine, si je puis dire. Il n'essaie pas de
prétendre que le ver rongeur et un ange ou une fleur ; il l'intègre dans un
ensemble plus vaste. Il sait que le monde n'est pas une poche de vers, quand
meme il en denombrerait un million, un milliard... Mais vous voyez un petit
asticot, et vous vous écriez: "Regardez! Voyez un peu quelle pourriture
universelle!" Vous êtes incapables de voir plus loin que le ver..."
Sexus, Henri Miller.
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Jap-naine
De passage

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Posté le: Jeu Mar 11, 2010 19:36 pm Sujet du message:
Vision mortelle Amanda Steven
Du sang? du sang partout. Sa belle robe blanche était constellée de tache
cramoisies<, comme si elle avait été éclaboussée de peinture rouge<;
le visage livide de la jeune femme était souillé de crasse et de traînées
de mascara, et ses long cheveux blonds formaient jusqu'à sa taille un
enchevêtrement humide et informe. elle avait l'air de sortir tout droit de
l'enfer et se tenait immobile, visiblement choquée. Fasciné, le sergent
Stoner, du houston police departement ne pouvait en détacher son regard.
Il se tourna vers l'homme de patrouille qui, après l'avoir aperçue errant
au milieu de la rue passante plus tôt dans la soirée, l'avait recueillie et
conduite au urgences de l'hôpital Sainte-Mary.
- qui est-ce? lança t-il par-dessus le bruit et le chaos qui régnaient dans
le service.
le tonnerre grondait à l'extérieur, et quelque part dans le couloir un
bébé ne cessait de crier tandis qu'un homme blessé par balle à la jambe
hurlait des obscénités en espagnol à l'une des infirmières.
L'agent dermott haussa les épaules, faisant ainsi dégoutter son uniforme
trempé.
- le diable si le sais. je n'ai trouvé aucune pièce d'identité sur elle, et
elle était totalement hébétée quand je l'ai ramassée. Elle n'as pas
ouvert la bouche de tout le trajet.
ceci est le début de ce roman. je l'ai lu en une après midi. 278 pages...
il y a quelqu'un qui l'a lu???
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Invité
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Posté le: Dim Mar 14, 2010 13:54 pm Sujet du message:
"À la nue accablante tu
Basse de basaltes et de laves
À même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène."
A la nue... Mallarmé.
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Invité
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Posté le: Dim Mar 14, 2010 14:00 pm Sujet du message:
Catilinaire a
écrit: | "À la nue accablante
tu
Basse de basaltes et de laves
À même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène."
A la nue...
Mallarmé. |
Il faut le lire comment pour ça que ait un sens?
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Invité
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Posté le: Dim Mar 14, 2010 14:03 pm Sujet du message:
Aboli bibelot d'inanité sonore.
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Invité
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Posté le: Dim Mar 14, 2010 14:08 pm Sujet du message:
Ce poème date de 1895. Il révèle un nouveau progrès dans le sens de
l'hermétisme : La ponctuation disparait presque entièrement. Après
l'absence, c'est le désastre, le naufrage qui, peut-être, a déchaîné sa
fureur pour n'ensevelir qu'un rêve. ("Le flanc enfant d'une sirène") : Comme
un nouveau symbole de la création avortée.
Il s'agit d'une métaphore sur le texte, le poème lui-même.
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Invité
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Posté le: Dim Mar 14, 2010 17:26 pm Sujet du message:
"Mais toujours et distinctement je vois aussi
La tache noire dans l’image, j’entends le cri
Qui perce la musique, je sais en moi
La misère du sens. Non, ce n’est pas
Aux transfigurations que peut prétendre
Notre lieu, en son mal, je dis l’espoir,
Sa joie, son feu même de grappe immense, quand
L’éclair de chaque nuit frappe à la vitre, quand
Les choses se rassemblent dans l’éclair
Comme au lieu d’origine, et les chemins
Luiraient dans les jardins de l’éclair, la beauté
Y porterait ses pas errants... Je dis le rêve,
Mais ce n’est que pour le repos de mots blessés. "
Dans le Leurre du seuil, 1975 - Yves
Bonnefoy.
Yves Bonnefoy que j'ai rencontré à un colloque sur le Haïku, et qui pour le
coup, débordait vraiment d'arrogance.
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Frosties
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Posté le: Ven Mar 19, 2010 19:32 pm Sujet du message:
" Un soir j'étais au Bois, me demandant si je devais dire adieu à Paris ou
s'il ne valait pas mieux dire adieu tout de suite à la vie elle-même. Je me
trouvai ainsi amené à parcourir en pensée toute mon existence, ce que je
n'avais pas fait depuis longtemps, et je calculai que je n'avais pas grand
chose à y perdre.
Mais alors, soudain, je vis avec une extrême netteté dans mon souvenir une
journée depuis longtemps écoulée et oubliée - l'aube d'un matin d'été,
chez moi, dans les montagnes; je me vis à genoux auprès d'un lit, et sur ce
lit gisait ma mère à l'agonie.
J'eus un sursaut et je fus pris de honte d'avoir pu si longtemps ne pas songer
à ce matin-là. Mes stupides idées de suicide s'étaient enfuies. Car je
crois qu'il n'est point d'homme sérieux, à moins qu'il n'ait complètement
perdu la bonne voie, qui soit capable de s'ôter la vie, s'il a vu s'éteindre
l'existence d'un être sain et bon. Je revis ma mère mourante. Je revis sur
son visage l'oeuvre silencieuse et sévère de la mort qui l'ennoblissait.
Elle avait l'air revêche, la mort, mais puissante aussi et bonne, comme une
mère ramenant au foyer avec précautions un enfant égaré.
Soudain, je compris à nouveau que la mort est notre soeur bonne et sage; elle
sait l'heure qui convient et nous devons lui faire confiance. je me mis aussi
à comprendre que le rôle de la douleur, des déceptions et des idées
noires, n'est pas de nous aigrir, de nous faire perdre notre valeur et notre
dignité, mais de nous mûrir et nous purifier. "
Peter Camenzind, de Hesse.
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Suprème actif

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Posté le: Dim Mar 28, 2010 14:00 pm Sujet du message:
Lord Ewald avait cessé de parler.
« Voudriez-vous, mon cher lord, me définir quelques points? Tout, ici, ne
porte que sur des nuances intéressantes, en effet. —Voyons : Miss Alicia
Clary n'est pas une femme... bête,
n'est-ce pas?
— Certes, non, répondit avec un sourire triste Lord Ewald. — En elle,
nulle trace de cette bêtise presque sainte, qui, par cela même qu'elle est
un extrême, est devenue aussi rare que l'intelligence. Une femme
déshéritée de toute bêtise, est-elle autre chose qu'un monstre? Quoi de
plus attristant, de plus dissolvant que l'abominable être qu'on nomme une
“femme d'esprit”, si ce n'est son
vis-à-vis, le beau parleur? L'esprit, dans le sens mondain, c'est l'ennemi de
l'intelligence. Autant, n'est-ce pas, une femme recueillie, croyante, un peu
bête et modeste, et qui, avec son
merveilleux instinct, comprend le vrai sens d'une parole comme à travers un
voile de lumière, autant cette femme est un trésor suprême, est la
véritable compagne, autant l'autre est un fléau insociable!
« Or, comme tout être médiocre, Miss Alicia, loin d'être bête, n'est que sotte. — Son rêve serait de paraître, à tout le monde, une
“femme d'esprit!” à cause des dehors “brillants”, des avantages que,
trouve-t-elle, cela donne.
« Cette fantastique bourgeoise aimerait ce masque comme une toilette, comme
un passe-temps agréable, mais, cependant peu sérieux. De sorte qu'elle trouve le moyen de rester encore
médiocre, même en ce sec et morbide idéal.
L'Ève future, Villiers de
l'Isle-Adam
(un livre que je n'aime
pas)
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Invité
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Posté le: Dim Mar 28, 2010 14:04 pm Sujet du message:
Mallarmé - Apparition.
La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
— C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
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Invité
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Posté le: Dim Mar 28, 2010 14:12 pm Sujet du message:
Nabokov, Wanted.
Wanted, wanted: Dolores Haze.
Hair: brown. Lips: scarlet.
Age: five thousand three hundred days.
Profession: none, or "starlet"
Where are you hiding, Dolores Haze?
Why are you hiding, darling?
(I Talk in a daze, I walk in a maze
I cannot get out, said the starling).
Where are you riding, Dolores Haze?
What make is the magic carpet?
Is a Cream Cougar the present craze?
And where are you parked, my car pet?
Who is your hero, Dolores Haze?
Still one of those blue-capped star-men?
Oh the balmy days and the palmy bays,
And the cars, and the bars, my Carmen!
Oh Dolores, that juke-box hurts!
Are you still dancin', darlin'?
(Both in worn levis, both in torn T-shirts,
And I, in my corner, snarlin').
Happy, happy is gnarled McFate
Touring the States with a child wife,
Plowing his Molly in every State
Among the protected wild life.
My Dolly, my folly! Her eyes were vair,
And never closed when I kissed her.
Know an old perfume called Soliel Vert?
Are you from Paris, mister?
L'autre soir un air froid d'opera m'alita;
Son fele -- bien fol est qui s'y fie!
Il neige, le decor s'ecroule, Lolita!
Lolita, qu'ai-je fait de ta vie?
Dying, dying, Lolita Haze,
Of hate and remorse, I'm dying.
And again my hairy fist I raise,
And again I hear you crying.
Officer, officer, there they go--
In the rain, where that lighted store is!
And her socks are white, and I love her so,
And her name is Haze, Dolores.
Officer, officer, there they are--
Dolores Haze and her lover!
Whip out your gun and follow that car.
Now tumble out and take cover.
Wanted, wanted: Dolores Haze.
Her dream-gray gaze never flinches.
Ninety pounds is all she weighs
With a height of sixty inches.
My car is limping, Dolores Haze,
And the last long lap is the hardest,
And I shall be dumped where the weed decays,
And the rest is rust and stardust.
|
oeildenuit
Suprème actif


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Localisation: Aix en provence
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Posté le: Dim Mar 28, 2010 16:32 pm Sujet du message:
Toutes les deux pages dans -presque - tous les livres de Bukowski il y'a des
passages qui mériteraient de figurer ici. Mais je ne les ai pas en mémoire.
|
fascination
Petit nouveau


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Messages: 8
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Posté le: Dim Mar 28, 2010 17:44 pm Sujet du message:
Pas taper sur Tintin!! Tiens, d'ailleurs, ça fait longtemps que je ne les ai
pas relus
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Invité
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Posté le: Dim Mar 28, 2010 18:40 pm Sujet du message:
Pas Meyer. Non, pas Meyer. Je vous en prie.
|
Invité
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Posté le: Dim Avr 11, 2010 22:03 pm Sujet du message:
André:
Où est-il, mon passé, où a-t-il disparu? J'ai été jeune, gai,
intelligent, j'avais de beaux rêves et de belles pensées, mon présent et
mon avenir illuminés d'espoir... Pourquoi, à peine nous commençons à
vivre, devenons-nous ennuyeux, ternes, insignifiants, paresseux,
indifférents, inutiles, malheureux?... Notre ville existe depuis deux cents
ans, elle compte cent mille habitants, et pas un seul qui ne ressemble aux
autres, pas un héros, ni dans le passé, ni dans le présent, pas un savant,
pas un artiste, pas un homme un peu remarquable, qui susciterait la jalousie,
ou le désir passionné de marcher sur ses traces... Ils ne font que manger,
boire, dormir, puis ils meurent... D'autres viennent au monde, et à leur
tour, mangent, boivent, dorment, ne trouvant à se divertir, pour ne pas
sombrer dans l'ennui, que dans les ragots abjects, la vodka, les cartes, les
chicanes; et les femmes trompent leur mari, et les maris mentent, font
semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, et l'irrésistible influence de
la vulgarité pourrit les enfants, éteint l'étincelle divine qui vivait en
eux, ils deviennent des cadavres vivants, aussi semblables les uns aux autres,
aussi pitoyables que leurs parents... (À Feraponte, avec humeur:) Que me
veux-tu?
Feraponte:
Ce que je veux, moi? Des signatures.
Les Trois Soeurs, de Tchechov.
|
djal
Membre

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Inscrit le: 28 Déc 2007
Messages: 108
|
Posté le: Sam Mai 29, 2010 23:58 pm Sujet du message:
Nyx a
écrit: |
Catilinaire a écrit: |
"À la nue accablante tu
Basse de basaltes et de laves
À même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène."
A la nue...
Mallarmé. |
Il faut le lire comment pour ça que ait un sens? |
Il faut le lire.
|