Eponine
Madame Casse-Pieds

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Posté le: Mer Juil 08, 2009 19:22 pm Sujet du message:
Je ne pense pas que ce soit par rapport à ses opinions. A mon avis, le
proviseur s'en tape royalement du pourquoi il a manifesté. La seule chose qui
compte, c'est qu'il l'a fait, et qu'il a été leader du mouvement. Ca aurait
pu être pour n'importe quelle loi, sous n'importe quel gouvernement, je pense
que le résultat aurait été le même.
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K
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Posté le: Mer Juil 08, 2009 20:08 pm Sujet du message:
Ben, oui : et on demande à cet élève d'aller voir ailleurs parce qu'il a
été contre son lycée à un moment donné. C'est là que je plaçais l'idée
d'"opinion". Pour moi, c'est un peu la même chose que ce cadre de TF1
licencié pour avoir été opposé à la loi Hadopi.
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La Bête
Silver Mercure

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Posté le: Mer Juil 08, 2009 20:29 pm Sujet du message:
Eponine a
écrit: | Je ne pense pas que ce
soit par rapport à ses opinions. A mon avis, le proviseur s'en tape
royalement du pourquoi il a manifesté. La seule chose qui compte, c'est qu'il
l'a fait, et qu'il a été leader du mouvement. Ca aurait pu être pour
n'importe quelle loi, sous n'importe quel gouvernement, je pense que le
résultat aurait été le même. |
mais quand les profs font grève pour défendre leur propre métier, les
élèves sont supposés ne rien dire... je crois malgré tout qu'il y a une
vague question de bord là dedans.
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Eponine
Madame Casse-Pieds

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Posté le: Jeu Juil 09, 2009 17:24 pm Sujet du message:
Les grèves contre des lois de l'Education Nationale, ça n'est pas arrivé
avec la droite. La gauche aussi a eu son lot de galères là dedans. Ministre
de l'Education, c'est un siège éjectable, le poste où t'es sûr que quoi
que tu fasses, personne ne sera content et où t'auras des grèves et des
manifs à coup sûr. Donc je ne pense toujours pas que ce soit une question de
bord.
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Tommy Angello
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Posté le: Jeu Juil 09, 2009 21:11 pm Sujet du message:
Et tu en déduit que les profs/eleves/etudiants sont contre toute forme de
changement ou que les lois en questions pourrissent l'EN (qui n'a pas besoin
de ca)?
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Eponine
Madame Casse-Pieds

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Posté le: Jeu Juil 09, 2009 21:13 pm Sujet du message:
Non, j'en déduis que c'est un secteur à risque, qui a une certaine
importance aux yeux des gens et que forcément, dès qu'on propose de changer
quelque chose, ça fait flipper, parce qu'on sait pas ce que ça va donner et
que ça conditionne une bonne partie de notre vie.
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Invité
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Posté le: Jeu Juil 09, 2009 22:07 pm Sujet du message:
Eponine a
écrit: | Arrête. Faire le con
pendant des mois et faire un blocage soit disant soutenu par la majorité
alors qu'il n'y a que 70 abrutis qui militent, c'est pas forcément légal non
plus. Jusqu'à nouvel ordre, les lycéens n'ont pas à se révolter. Ca me
rend folle ces ptits cons qui ne connaissent rien à la vie et qui ne
réalisent pas déjà la chance qu'ils ont de pouvoir faire des études, et
qui pour autant se permettent de dire que telle réforme dont ils ne savent
quasi rien est absolument monstrueuse. Déjà que je ne tolère pas au niveau
universitaire, j'ai encore plus de mal au niveau lycée. A quand des révoltes
en primaire ? |
Merci de partager ma vision.
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Tommy Angello
Administrateur


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Posté le: Jeu Juil 09, 2009 22:08 pm Sujet du message:
Pour la totalté des réformesen questions, si, on voyait les changements
venir. (d'où les réactions)
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chiron
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Invité
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Posté le: Jeu Juil 09, 2009 23:46 pm Sujet du message:
Eponine a
écrit: | Non, j'en déduis que
c'est un secteur à risque, qui a une certaine importance aux yeux des gens et
que forcément, dès qu'on propose de changer quelque chose, ça fait flipper,
parce qu'on sait pas ce que ça va donner et que ça conditionne une bonne
partie de notre vie. |
Quelle mauvaise fois.
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Invité
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Posté le: Jeu Juil 09, 2009 23:49 pm Sujet du message:
J'ai une question : est-ce quelqu'un pourrait me dire clairement ce qu'il est
établi dans la loi concernant le droit de "grève" de la part de lycéens ?
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chiron
Actif


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Posté le: Ven Juil 10, 2009 00:02 am Sujet du message:
servlet a
écrit: | J'ai une question :
est-ce quelqu'un pourrait me dire clairement ce qu'il est établi dans la loi
concernant le droit de "grève" de la part de lycéens
? |
Je crois que la bonne question est de savoir si un proviseur peut aller à
l'encontre de la constitution de la République française, laquelle reconnait
explicitement la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme:
Article 19:
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui
implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de
chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières,
les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
Autrement dit que penser du proviseur Philippe Guittet qui bafoue la DUDH ?
A-t-il raisonnablement sa place en tant que responsable pédagogique et
directeur d'une école ?
Personnellement, je ne le crois pas.
Que risque Philippe Guittet si le chantage est retenu ?
75 000 euros d’amende et 5 ans d’emprisonnement (Article 312-10 du Code
Pénal) : « Le chantage est le fait d’obtenir, en menaçant de révéler ou
d’imputer des faits de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la
considération, soit une signature, un
engagement ou une renonciation, soit la révélation d’un secret,
soit la remise de fonds, de valeurs ou d’un
bien quelconque ».
Que risque Philippe Guittet si l'extorsion est retenue ?
L'extorsion est punie de sept ans d'emprisonnement et de 100000 euros
d'amende. Art 312-1 du code pénal
L'extorsion est le fait d'obtenir par
violence, menace de violences ou contrainte soit une
signature, un engagement ou une renonciation, soit la révélation d'un
secret, soit la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien quelconque.
voire même (art 312-2)
L'extorsion est punie de dix ans
d'emprisonnement et de 150000 euros d'amende :
2° Lorsqu'elle est commise au préjudice d'une personne dont la particulière
vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une
déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente
ou connue de son auteur ;
si l'on considère qu'il extorque un mineur, de plus placé sous sa
responsabilité.
Aussi "bon courage" monsieur Philippe Guittet
Dernière édition par chiron le Ven Juil 10, 2009 00:18 am; édité 1 fois
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Invité
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Posté le: Ven Juil 10, 2009 00:09 am Sujet du message:
Justement je voulais sortir du cadre de cette affaire qui est assez
scandaleuse et où je donne raison à l'élève.
Je posais ma question dans le cadre général. Ainsi que le disait Eponine, un
élève n'est pas un travailleur, aussi la question du droit de "grève" vaut
d'être posée.
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Invité
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Posté le: Ven Juil 10, 2009 00:20 am Sujet du message:
Selon Wikipedia, il n'existe aucun texte règlementant la grève étudiante.
Ceci dit, les grévistes peuvent être inquiétés s'ils portent atteinte à
la liberté du travail (donc, au sens strict, ici, le lycéen peut être
sanctionné pour avoir porté atteinte a la liberté du travail des autres
étudiants, et pas pour son opinion).
Ceci dit, puisqu'on considère que l'étudiant ne peux pas faire grève au
sens strict puisqu'il ne travaille pas (n'est pas rémunéré et n'apporte
aucun bénéfice), l'argument ne peut pas tenir.
Ensuite, les blocages lycéens sont souvent assez fluides, et, hormis de rares
cas où les choses dégénèrent, dans l'absolu, il n'y a pas de décision
minoritaires et donc réellement pénalisantes pour les non-grévistes (si on
part du principe qu'en démocratie la majorité l'emporte).
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Invité
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Posté le: Ven Juil 10, 2009 00:23 am Sujet du message:
Lenina a
écrit: | Selon Wikipedia, il
n'existe aucun texte règlementant la grève étudiante.
Ceci dit, les grévistes peuvent être inquiétés s'ils portent atteinte à
la liberté du travail (donc, au sens strict, ici, le lycéen peut être
sanctionné pour avoir porté atteinte a la liberté du travail des autres
étudiants, et pas pour son opinion).
Ceci dit, puisqu'on considère que l'étudiant ne peux pas faire grève au
sens strict puisqu'il ne travaille pas (n'est pas rémunéré et n'apporte
aucun bénéfice), l'argument ne peut pas tenir.
Ensuite, les blocages lycéens sont souvent assez fluides, et, hormis de rares
cas où les choses dégénèrent, dans l'absolu, il n'y a pas de décision
minoritaires et donc réellement pénalisantes pour les non-grévistes (si on
part du principe qu'en démocratie la majorité
l'emporte). |
Hum, d'accord.
Le dernier paragraphe est à discuter mais n'est pas faux.
Mais j'aimerais trouver un texte stipulant clairement les choses.
Et il est juste de rappeler que dans le monde du travail l'entrave au travail
des non-grévistes est un délit.
|
Eponine
Madame Casse-Pieds

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Posté le: Ven Juil 10, 2009 17:43 pm Sujet du message:
Citation: | Les
lycéens ont :
* le droit d'affichage (Code de l'Education ; Article 511-2 : « Dans
les collèges et les lycées, les élèves disposent, dans le respect du
pluralisme et du principe de neutralité, de la liberté d'information et de
la liberté d'expression) ;
* le droit de réunion (Décret 85-924 relatif aux EPLE ; Article 3-3
: « Dans les établissements publics locaux d'enseignement du second degré,
la liberté de réunion s'exerce dans les conditions ci-après : [...] 2°
Dans les lycées, à l'initiative des associations mentionnées à l'article
3-2 ou d'un groupe d'élèves de l'établissement pour des réunions qui
contribuent à l'information des élèves) ;
* et le droit de manifestation (qui n'est pas interdit par la loi aux
lycéens, et leur est donc accordé, en vertu de l’article V de la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui précise que « tout ce
qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché ».)
La notion de "droit de grève" concernant les lycéens est quelque peu
inappropriée d'un point de vue juridique, la grève relevant du droit du
travail salarié.
L'article L 131-8 du Code de l’éducation relatif aux absences des élèves
fait obligation aux personnes responsables de l'élève de faire connaître
les motifs de celle-ci.
"Les motifs réputés légitimes sont les suivants : maladie de l'enfant,
maladie transmissible ou contagieuse d'un membre de la famille, réunion
solennelle de famille, empêchement résultant de la difficulté accidentelle
des communications, absence temporaire des personnes responsables lorsque les
enfants les suivent. Les autres motifs sont appréciés par l'inspecteur
d'académie."
L'administation d'un lycée peut saisir ce dernier si le motif invoqué lui
semble illégitime et se produit au moins par 4 demi journées dans le mois.
Il est donc impératif que toute absence soit justifiée, sans quoi,
l'administration pourra prendre les sanctions prévues par la loi et inscrite
au réglement intérieur de l'établissement |
Source : Fédération des Conseils de Parents d'Elève
|
chiron
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Posté le: Sam Juil 18, 2009 17:59 pm Sujet du message:
Bon maintenant que le proviseur Philippe Guittet s'est rétracté, doit-il
être sanctionné ?
Je ne résiste pas à vous poster un message du blog de JLuc Mélenchon à ce
sujet avec lequel je suis complètemet d'accord:
Citation: |
Evidemment les jours passent. Des personnes accros à ce blog me reprochent
mon silence. Et moi le premier je me le reproche. Ecrire ici est pour moi une
jubilation disputée à nombre de contraintes chronophages, et pour mieux dire
une victoire contre leur envahissement. J’ai bien prévenu dans le passé
que ce ne serait pas une sorte de journal officiel où je m’obligerai à
commenter l’actualité que mettent en scène les grands médias. J’ai dit
que ce ne serait pas non plus le commentaire officieux du site du Parti de
Gauche. D’accord ? J’écris ici, à sauts et gambades, suivant ce que
j’ai préparé à ma fantaisie et curiosité, ou pour amplifier une
campagne. Ou juste pour le bonheur de me mettre devant le clavier.
Naturellement je voudrais bien aussi faire le Zorro de l’internet qui frappe
les méchants et console les humiliés. D’ailleurs c’est ce que je veux
faire aujourd’hui, alors que je suis en route vers Strasbourg dans un train
bondé où tout le monde parle allemand et me laisse dans mon coin avec le
sentiment d’avoir été embarqué par erreur dans un convoi de
martiens. Aujourd’hui j’ai un moche de
première à montrer au grand jour. C’est le proviseur du lycée Ravel à
Paris dans le vingtième arrondissement. Il s’appelle monsieur Guittet.
Retenez ce nom. Je vous recommande de vous en servir pour donner un exemple de
minable, cet été, dans les discussions au camping ou sur la plage !
En effet, ce Guittet refuse d’inscrire à la rentrée l’élève
Tristan aussi longtemps que celui-ci n’aura pas signé un engagement
politique de non-blocage que ce zélé du gouvernement exige de lui. Il
déclare qu’il recevra « peut-être » les parents à la rentrée. Leur
été est donc pourri. Vous connaissez peut-être déjà l’histoire. Je la
raconte. Pour enfoncer le clou. Et pour montrer le contre sens pédagogique complet de ce genre de personnage
qui selon moi n’est pas du tout apte à la responsabilité qui lui a été
confiée.
De quoi Guittet est-il le
nom?
Ce qui suit est le récit de mon amie Danielle Simonet, conseillère de Paris
et responsable du Parti de Gauche dans la capitale. «Tristan est un jeune
adhérent du Parti de gauche. Sans doute le plus jeune! Il n’aura 17 que
dans un mois. Pas encore le droit de vote et déjà une maturité politique et
une belle expérience militante! Seulement pour s’être mobilisé dans son
lycée contre les réformes Darcos, son Proviseur, Monsieur Guittet, a
décidé de conditionner sa réinscription pour l’année prochaine à un
engagement écrit de sa part à ne pas participer à des blocages l’an
prochain. A juste titre, il refuse cette pression. Alors que tous ses
camarades de classe et de mobilisation sont tranquilles en vacances, Tristan,
lui, ne sait dans quel lycée il sera à la rentrée!
Une année pleine de rebonds
«Cette année comme des milliers de lycéens, Tristan s’engage contre les
réformes Darcos. Assemblée générale, grèves, manifestations et…
participation au blocage de son lycée. Garçon posé, toujours souriant, ses
camarades l’élisent rapidement délégué du mouvement avec d’autres. Il
faut dire qu’il était déjà délégué de classe et membre du conseil
d’administration. Le mouvement s’étend sur d’autres lycées de l’est
parisien et des villes limitrophes. Une coordination se met en place. Il
n’hésite pas à contacter la mairie pour nous solliciter afin de pouvoir
bénéficier d’une salle pour leur coordination lycéenne. En Janvier, alors
que la mobilisation dans les lycées s’est essoufflée, des écoles
primaires sont occupées par des parents. Avec les enseignants du 1er degré,
les AG se succèdent. Une grande soirée de défense de l’école de la
maternelle à l’Université se prépare. Je me charge de solliciter la Maire
pour que celle-ci se déroule en mairie. Je cherche un lycéen pour intervenir
sur la réforme des lycées. Une amie enseignante à Voltaire me met en
contact avec un jeune du MJS. Celui-ci vient accompagné de Tristan et c’est
Tristan qui prendra la parole. C’est là que je fais plus ample connaissance
avec lui. Il m’impressionne. Il s’exprime sans timidité apparente devant
plus de 300 personnes, clair, pédago, modeste et déjà si sur de ses
convictions. Il me dit être intéressé par le Parti de gauche, vouloir en
savoir plus… de discussions en discussions il deviendra un militant actif de
la campagne du Front de Gauche, sans pour autant relâcher ses cours et son
travail scolaire. Je l’entends encore intervenir en réunion de comité PG
20e, toujours sérieux, curieux, exigeant dans ses propres raisonnements et
questionnements. C’est marrant, ça me rappelle mon premier mouvement
lycéen au même âge. Mais c’était en …1986, il y a déjà 23 ans!!! On
est combien de militant-e-s, élu-e-s, dirigeants politiques, syndicalistes,
associatifs à avoir commencé dans un mouv’ lycéen? De beaux souvenirs.
Les premières révoltes, les premières prises de consciences. Les premières
prises de paroles en public, les premières actions collectives, les
premières négociations avec l’administration d’un bahut… Et les
premières manifs, coordinations, délégations…c’est dans ces mouvements
qu’on est nombreux à s’être construit, à avoir mûri, tout simplement.
L’émancipation individuelle dans l’émancipation collective, tout
simplement!»
Guittet fait du zèle
«Tristan m’a raconté son expérience à lui de la mobilisation au lycée
Ravel. Pendant toute la mobilisation le proviseur doit jouer son rôle:
veiller au bon fonctionnement de son établissement. Seulement, son rôle il
l’interprète à sa manière. Les pressions
commencent. D’abord sur les élèves de classe de seconde: «si vous
continuez la grève, ne vous attendez pas à être inscrit dans la section de
première que vous demanderez. Puis sur les 1ères, « je ne serai pas obligé
de vous réinscrire dans le lycée à la rentrée…» Paroles en l’air?
Pour tous, oui. Sauf pour un. Tristan. (Le Proviseur semble en faire
une affaire personnelle. Quelle est la raison de cette curieuse
discrimination? Note de jlm) Tout cela se déroule dans un contexte par
ailleurs de répression lycéenne, de pression contre les enseignants du
primaire «désobéisseurs»… Sale ambiance, sale période. L’année
s’écoule sans problème majeur. Tristan ne pose aucun problème de
comportement. Pas un seul avertissement conduite, encore moins un conseil de
discipline! Son conseil de classe se conclut pour lui par un «Très bon
trimestre». 14 de moyenne, respect! Les enseignants l’apprécient. Et à 3
jours des épreuves de français, son proviseur lui annonce sa décision: il refusera de l’inscrire pour la rentrée
prochaine s’il ne s’engage pas par écrit à ne pas participer à des
opérations de blocage l’année prochaine! A 3 jours des épreuves du bac!
Belle pression la veille des examens! (Que cache cette soudaine
vindicte du proviseur? Note jlm) Les enseignants de Tristan décident de se
rendre en délégation dans le bureau du proviseur. Démarche vaine.»
Guittet un esprit obtus et
butté
«Le père de Tristan, Hossein Sadeghi prend rendez-vous avec le proviseur.
Celui-ci lui confirme son chantage. Hossein lui annonce le refus de son fils
de s’y soumettre. Le père défend dans cette démarche raisonné, mûrit en
conscience. Le Proviseur lui confirmera par courrier quelques jours plus tard
sa décision. Hossein Sadeghi écrit alors au rectorat mais n’obtient aucune
réponse. 3 semaines se sont écoulées depuis l’annonce orale du chantage.
Je propose alors à Tristan et son père d’alerter les autres élu-e-s du
20ème. La maire elle-même décide de téléphoner au Proviseur. Mais rien
n’y fait. J’envoie un courrier au Rectorat, à l’intention de
l’Inspecteur d’Académie, mais je n’ai, moi non plus, aucune réponse.
Et nous décidons le vendredi 3 juillet avec Tristan et son père
d’organiser un rassemblement devant le Rectorat. En un week-end-end, les
communiqués de presse et les coups de fil aux amis de Tristan, à ses profs,
aux parents d’élèves, aux réseaux militants du 20ème fusent tout azimut.
Lundi 6 juillet, malgré le début des congés, nous sommes une petite
centaine devant le rectorat. Les drapeaux PG, PC et NPA flottent au vent, avec
pèle mêle des autocollants syndicaux se mêlant aux écharpes
d’élu-e-s… Lycéens, parents, profs, militants, élu-e-s, nous sommes
tous stupéfaits: comment est-ce possible! (Guittet doit avoir une raison
inavouable dans cette histoire. Note de jlm)
Et maintenant Fatras fait tapisserie!
«Une délégation est reçue au rectorat par Monsieur Fatras, Inspecteur
d’Académie. Il écoute notre petite délégation composée, de Tristan, son
père Hossein, une enseignante syndiquée, un père d’élève et enseignant
du supérieur ami de Hossein. Mais il ne répond réellement à aucune de nos
questions. Il renvoie la responsabilité sur le chef de l’établissement
qu’il ne semble pas vouloir désavouer. Il nous fait partager
l’exaspération des chefs d’établissements contre les minorités de
bloqueurs. Oui mais à Ravel la mobilisation a été massive et sereine. Il
s’engage tout de même à téléphoner dans l’après midi au Proviseur.
Nous sortons confiant. L’affaire nous semble tellement aberrante, illégale
et discriminatoire qu’il nous semble évident que le Proviseur reviendra
dans les 48h sur sa décision. Mardi l’écho médiatique nous surprend!
Nombre de quotidiens, radios et même chaînes de télévisions nationales
relatent l’affaire Tristan. Hossein recontacte le Rectorat qui le renvoie de
nouveau sur l’établissement. Il arrive au Lycée Ravel et demande une
entrevue avec le Proviseur. Monsieur Guittet est sorti de son bureau, mais a
refusé de le recevoir lui donnant pour toute réponse: «Ce n’est sûrement
pas aujourd’hui que je vais vous recevoir, après tous ce que vous avez fait
depuis hier, l’organisation de la manif, les propos de Tristan dans les
médias torchons…» Avec calme, Hossein lui a répondu qu’il ne leur avait
pas laissé d’autres choix. Et le Proviseur de confirmer: «Ma position
n’a pas changée, je vous recevrai peut être à la rentrée.» (Peut-être?
Cette étrange façon de répondre, cette désinvolture, c’est vraiment
louche! Note jlm).
GUITTET N’EST PAS A LA HAUTEUR DE SON POSTE
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ce Proviseur s’obstine dans
sa décision. Ou faudrait-il dire son chantage? Son abus de pouvoir? Un site
est disponible pour récolter les signatures pour le comité de soutien à
Tristan Sadeghi. Depuis ce récit de Danielle Simonet, des médias se sont
intéressés à cette affaire. Il y a eu plusieurs rassemblements de parents
et de militants. Guittet a été pleurer chez les importants du ministère et
Luc Chatel en a fait un bon prétexte pour faire passer le débat sur un
terrain différent : pour ou contre les blocages. Pourtant ce n’est pas la
question posée. Il n’y a aucune circulaire à ce sujet. Et s’il y en
avait elles feraient l’objet de débats juridiques, j’en suis sur. En tous
cas elles partiraient d’une idée consubstantielle à la République : la
règle serait la même pour tous. Elle n’admettrait pas le principe sur
lequel repose la décision de Guittet : le puni pour l’exemple, sur la base
du délit de « je t’ai dans le nez ». Pour ma part je n’apprécie pas
seulement ce comportement et cette décision de représailles comme une faute
en droit. Le tribunal administratif, s’il le faut, le dira. Je vois surtout l’erreur professionnelle de
Guittet. Un proviseur n’est pas un commissaire de maintien de l’ordre dans
un établissement. Par-dessus tout son métier est pédagogique. Sa mission
doit concourir à l’éducation des jeunes qui sont inscrits dans son
établissement. Les sanctions, il faut en effet parfois en prendre, doivent
toujours être proportionnées et surtout raisonnées. Cela exclu d’abord la
perte de sang froid d’un adulte qui engage un bras de fer avec un jeune, en
oubliant la retenue que lui impose sa position d’autorité et son statut
d’adulte de référence, comme le fait ce Guittet. Dans ce contexte, on ne
peut pas admettre d’un professionnel à ce niveau de responsabilité des
comportements aussi visiblement inspirés par un esprit de vengeance
ostentatoire et une logique de l’abus de pouvoir sûr de son impunité que
montrent des phrases comme celles que Danielle rapporte. Spécialement indigne
dans ce contexte, et surtout dans sa dimension de représailles est le «
peut-être » à propos de la rencontre avec les parents. Par tout son comportement ce Guittet fait
une faute professionnelle. Bien sur, il faut éviter de
s’abaisser à son niveau dans la réplique. Au contraire, en partant du
contre exemple que donne Guittet, on doit faire réfléchir et aider à mieux
comprendre ce qu’est la dignité et les exigences d’une fonction
d’autorité. Il faut aussi expliquer aux jeunes ce que cette situation veut
dire. Guittet ne changera pas l’actualité de son lycée l’année
prochaine. Personne ne sait de quoi elle sera faite. Il n’y peut rien. Des
blocages auront peut-être lieu, peut-être pas. Guittet le sait aussi bien
que nous. Son acte est motivé par d’autres objectifs. Il s’agit pour lui de se faire bien voir de la
hiérarchie, d’obtenir une image de « dur » tout en donnant aux autorités
gouvernementales les moyens de faire les démonstrations autoritaires dont
elles se montrent friandes en ce moment. Car ce moment c’est celui où le
pouvoir n’ayant rien cédé dans les universités ni sur aucun front social,
passe la vitesse supérieure dans la logique d’affrontement social qui est
la sienne. De tous côtés il n’est question que de répression.
Sarkozy a bien réussi à remettre dans le paysage des pratiques qui
s’étaient beaucoup estompées dans la dernière décennie. Le gros bâton
est de retour. Dans ce cas on a vu le ministre
venir à la rescousse et câliner Guittet comme on caresse un bichon qui fait
le dogue. Frapper Tristan n’est pas vraiment un exploit. Le ministre
le sait mais en manifestant sa satisfaction il donne le ton pour tous. Telle
est la logique à l’œuvre. Si Guittet faisait moins de politique et
davantage de pédagogie qu’aurait-il du faire ? Recevoir un par un les
leaders du mouvement dans son établissement en ayant préparé son entretien.
Son objectif aurait du être de produire chez chaque jeune une réaction de
réflexion et d’argumentation. Il aurait pointé tous les paradoxes que
contient en effet la forme de lutte nommée « blocage » pour que chaque
jeune ait à argumenter et donc à améliorer la maitrise de ses raisons
d’agir. De cet épisode il les aurait conduit à tirer un progrès de leur
« savoir être » devant eux même et devant le dépositaire de l’autorité qui dit agit au nom de l’intérêt
général. Ici c’est tout le contraire. Guittet est une brute qui veut
seulement faire peur et se venger. Le pédagogue n’agit pas comme un
Guittet. Son but n’est pas de faire admettre une norme par la peur du
châtiment mais par la compréhension des raisons d’être de la norme.
Je m’empresse de dire ce que le cas précis permet de mieux
comprendre. Il ne se serait pas agit de convaincre de faire ou de ne pas faire
des « blocages ». Il se serait agit d’en faire comprendre, dans l’un et
l’autre cas, la relative justification et tous les enjeux attenant.
Maintenant disons un mot des jeunes militants. Et surtout des très jeunes.
Dans la plupart des cas il s’agit d’une élite humaine. Les parents sont
très fiers d’avoir des enfants qui marquent très tôt un engagement
citoyen. Ils savent combien c’est une épreuve initiatique parmi les moments
qui rythment le passage à une conscience adulte. Tristan est un garçon
posé. Il sait ce qu’il fait. Il a pris ses responsabilités. Nous sommes
très fiers de lui. Il est devenu notre mascotte. Moi, comme ancien ministre de l’éducation nationale, je suis très
embarrassé par les Guittet qui ont une si pitoyable pratique de l’autorité
dans l’éducation nationale. J’aime tellement notre école !
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