mp*sylone
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Posté le: Dim Oct 05, 2008 22:03 pm Sujet du message: Le second versant du 19e sicèle, morceaux choisis!
Les fenêtres
"Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais
autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée.
Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus
ténébreux, plus éblouissant, qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce
qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe
derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie,
souffre la vie.
Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà,
pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son
visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait
l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelque fois, je me la
raconte à moi même en pleurant."
XXXV Le Spleen de Paris 1869
Charles Baudelaire
..La mère de l'artiste
James Whistler 1871-1872
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mp*sylone
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Posté le: Dim Oct 05, 2008 22:19 pm Sujet du message:
L'homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer! (on dira rien, avec
ce type on en aurait pas fini)
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables!
"Sleen et idéal" XIV, Les Fleurs du
Mal Baudelaire
.. Le bord de
la mer à Palavas, 1854 (27x46 cm) Gustave Courbet
Et quelques délires, entres autres, restés beaux, mine de rien :
A une malabaraise
"Pourquoi, l'heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,
Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
Faire de grands adieux à tes chers tamarins?
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
L'oeil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
Des cocotiers absents les fantômes épars! "
Enivrez - vous
"Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne
pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche
vers la terre,il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, Mais
enivrez-vous, Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe
verte d'un fossé , dans la solitude morne de votre chambre, vous vous
réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la
vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout
ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui
parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile,
l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer! Pour
n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; Enivrez-vous sans
cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."
L'Horloge
Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi !"
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison
Trois mille six cents fois par heure la Seconde
Chuchote: Souviens-toi!- Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! Prodigue! Esto
memor!
( Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi,
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
La gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide,
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encore vierge,
Où le Repentir même ( oh! la dernière auberge! ),
Où tout te dira : Meurs vieux lâche! il est trop tard!
Le parfum
Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce gravin d'encens qui remplit une église
Ou d'un sachet le musc invétéré?
Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré!
Ainsi l'amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.
De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant, encensoir de l'alcôve,
Une senteur montait sauvage et fauve,
Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure
Parfum exotique
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone;
Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne.
Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,
Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
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mp*sylone
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Posté le: Dim Oct 05, 2008 22:32 pm Sujet du message:
Aube
J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps
d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les
haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se
levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes
éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime
argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la
plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les
clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,
je la chassais.
En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses
voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant
tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
Marine
Les chars d'argent et de cuivre--
Les proues d'acier et d'argent--
Battent l'écume,--
Soulèvent les souches des ronces--
Les courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l'est,
Vers les piliers de la forêt,--
Vers les fûts de la jetée,
Dont l'angle est heurté par des
tourbillons de lumière.
Illuminations - 1886 Rimbaud
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mp*sylone
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Posté le: Dim Oct 05, 2008 22:38 pm Sujet du message:
Texte écho :
Tu as bien fait de partir , Arthur Rimbaud ! Tes dix huit ans réfractaires à
l'amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu'au
ronronnements d'abeilles stériles de ta famille ardennaise un peu folle, tu
as bien fait de les éparpiller au vent du large, de les jeter sous le couteau
de leur précoce guillotine.
Tu as eu raison d'abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des
pisse lyres (poètes
médiocres) , pour l'enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et
le bonjour des simples.
Cet élan absurde du corps et de l'âme, ce boulet de canon qui atteint sa
cible en la faisant éclater, oui c'est bien là la vie d'un homme ! On ne
peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si
les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde
et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.
Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud ! Nous sommes quelques uns à croire
sans preuve le bonheur possible avec toi.
René Char, Fureur et Mystère, 1948 Ed. Gallimard
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mp*sylone
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Posté le: Dim Oct 05, 2008 22:45 pm Sujet du message:
Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défaut ?
Ô saisons, ô châteaux,
J'ai fait la magique étude
Du bonheur,que nul n'élude.
Ô vivre lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.
Mais ! je n'aurais plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.
Ce charme ! il prit âme et corps,
et dispersa tous efforts.
Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuit et vole !
Ô saisons, ô châteaux !
Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.
Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !
Ô Saisons, ô Châteaux !
Rêves pour l'hiver
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
Et tu me diras: "Cherche!" en inclinant la tête,
Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
Qui voyage beaucoup...
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.
Que d'émotions ce Rimbaud! Et que de mots semble t il censurés j'imagine!
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Mandos
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Posté le: Dim Oct 05, 2008 22:57 pm Sujet du message:
mp*sylone a
écrit: | Et que de mots semble t
il censurés j'imagine! |
Je ne comprends pas ce que tu cherches à dire.
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Silver Mercure
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Posté le: Dim Oct 05, 2008 23:49 pm Sujet du message:
que sous ces envolées lyriques se cachent quelques allusions à des choses
peu orthodoxes, je crois (ou
j'ai l'esprit mal tourné, mais en cela je ne dérogerais à aucune de mes
réputations...)
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mp*sylone
De passage
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Localisation: en moi avant tout, mais là...j'sais pas!
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 00:21 am Sujet du message:
non, je pensais plutôt à des mots qu'il aurait pu dire, mais dont il s'est
peut être retenu, lui ou je sais pas...
cela dit...
nan rien ça
suffit, cela dit, vu que la et l'un sont un peu pareilles dans le fond, et
qu'on est en poésie
on peut tout s'permettre en théorie !
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Silver Mercure
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 10:56 am Sujet du message:
mmm... je crois que j'ai raison quand même. ^^
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alcibiade
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 17:44 pm Sujet du message:
J'espère que tu mettras un peu de Hérédia et de Leconte de Lisle, il ne
sont pas à la mode, puisque pour les apprécier il faut connaitre
l'antiquité, mais ils sont bons quand même.
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oeildenuit
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 17:45 pm Sujet du message:
Tu as des goûts très académiques et douteux, pour un "excentrique".
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alcibiade
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 17:48 pm Sujet du message:
A qui parles-tu ?
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oeildenuit
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 17:50 pm Sujet du message:
A mp, tu sais bien que j'te kiffe, toi.
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mp*sylone
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 22:25 pm Sujet du message:
oui silver mercure on a les deux raisons, j'crois aussi qu'on peut avoir deux
raisons différentes mai qui ne s'opposent pas, quand ya toutes ces
hypothèses.
oeil de nuit t'as d'autres contradictions à m'trouver sinon ? parce que là
je me reconnais pas du tout, à part le douteux, j'vois pas d'qui tu parles.
et j't'en prie alcibiade, à quoi rime cet espoir, tu peux pas le faire toi
même? D'ailleurs je les ais jamais lu, tu poses un ou deux extraits ?
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oeildenuit
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Posté le: Lun Oct 06, 2008 23:21 pm Sujet du message:
Citation: | oeil de nuit t'as d'autres contradictions à m'trouver sinon ?
parce que là je me reconnais pas du tout, à part le douteux, j'vois pas
d'qui tu parles.
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Je ne parle pas de toi, mais d'tes goûts.
Puis je déconnais, c'est juste que Baudelaire et Rimbaud, tu t'es pas
emmerdé.
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Mandos
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Posté le: Mar Oct 07, 2008 16:03 pm Sujet du message:
mp*sylone a
écrit: | non, je pensais plutôt
à des mots qu'il aurait pu dire, mais dont il s'est peut être retenu, lui ou
je sais pas...
cela dit...
nan rien ça
suffit, cela dit, vu que la et l'un sont un peu pareilles dans le fond, et
qu'on est en poésie
on peut tout s'permettre en théorie ! |
Il est étrange, pour quelqu'un qui a lu Rimbaud, Char et Baudelaire,
d'écrire aussi mal.
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K
Suprème actif
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Posté le: Mar Oct 07, 2008 16:10 pm Sujet du message:
C'est gentil de nous instruire.
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mp*sylone
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Posté le: Mar Oct 07, 2008 18:49 pm Sujet du message:
punaise!!! Si vous parliez comme ça à vos profs étant gamins j'comprends
que ceux ci réclament des augmentations pour continuer leur boulot!!
Bravo, j'ai plus envie de continuer en tout cas, vous avez plus qu'à vous
instruire tout(e)? seul(e)s
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K
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Posté le: Mar Oct 07, 2008 18:53 pm Sujet du message:
C'est en général ce que l'on fait ; et il se trouve précisément que nous
n'avons plus 13 ans. Notre culture vaut a priori la tienne -bien
qu'évidemment, ce soit impossible à mesurer précisément sans se
connaître- et c'est pourquoi je ne comprend pas que tu veuilles nous
enseigner les bases : nous savons cela, ou a peu près ; pourquoi risquer de
passer pour un pédant ?
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Invité
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Posté le: Mar Oct 07, 2008 20:29 pm Sujet du message:
Blup
Dernière édition par Invité le Dim Mai 02, 2010 21:03 pm; édité 1 fois
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