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Studio
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Message Posté le: Ven Avr 25, 2008 21:29 pm    Sujet du message:
Citation:
En revanche la traduction que j'en ai lue, avec sa manie de traduire toutes les expressions paiennes par des "équivalents" chrétiens produit un décalage regrettable. Traduire "par les deux déesses" par "Jésus Marie Joseph", "par sainte Marie" ou des trucs du genre

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Message Posté le: Ven Avr 25, 2008 22:28 pm    Sujet du message:
"Etant donné que le style est tout ce qui touche à l'écriture, comment un texte peut il etre obscur sans que cela soit du à la manière dont il est écrit ?"

L'obscurité en philosophie n'est pas le fait forcément d'un texte hachuré. Concrètement, ce n'est pas non plus un défaut de traduction. Comme je l'ai dit, et tu le savais, celà s'adresse à une assemblée "d'initiés", et Aristote n'avait donc nul besoin de "vulgariser" (rendre claire) sa pensée, et celle-ci comporte donc des zones d'obscurité non dû au style.
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 11:33 am    Sujet du message:
"par exemple ce n'est certainement pas Aristote qui va condamner les reflets poétiques, et chasser le poète de la cité, pour ensuite produire un gros récit allégorique avec des histoires d'hommes des cavernes"

Je me demande après coup si la phrase est bien fondée. Après tout, je vois chez Platon une certaine cohérence, puisque le style ne lui importe pas trop chez le poète, mais l'effet et la capacité à détenir et transmettre un savoir. En ce sens, Platon peut très bien reprendre le style poétique, à partir du moment où il véhicule par celui-ci un savoir, une connaissance vraie. De plus, Platon ne bannit pas le poète, il me semble, mais le Rhapsode. Platon ne s'intéresse pas au style. Dans le Phèdre, celà se voit très bien, il produit trois discours, tous très stylés, mais un seul est le bon, c'est donc que le style n'a rien à faire là-dedans. En ce sens, il est effectivement aux antipodes d'Aristote qui s'échine à prendre de la distance par rapport aux styles poétiques, pour mieux en faire l'analyse.
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 12:23 pm    Sujet du message:
Chez Platon, il y a l'opposition entre logos et muthos. Le logos renvoyant à l'analyse rationnelle, le muthos à la narration. Dans la République les faiseurs de muthos, c'est à dire les poètes, sont passés au crible de la raison; certaines actions des dieux y sont jugées ridicules scandaleuses et contraires à la nature divine. Platon pointe une série d'éléments qui le choquent du point de vue de la raison, et ajoute une critique fondamentale: le poète parle de guerre, ce n'est pas un guerrier, il parle de sculptures, ce n'est pas un sculteur etc. En somme le poète se contente de donner un reflet, une imitation des perceptions, qui elles mêmes sont assez dépourvues de réalité.
Là où je vois une contradiction, c'est que Platon quitte le domaine de l'intellect pur et des idées, pour en donner une représentation imagée, par un récit fictif. L'allégorie de la caverne est aux conceptions platoniciennes ce que l'objet sensible est à l'idée. Et certes il n'a pas raté son coup: de Platon la plupart des gens ne retiennent finalement que ce reflet imagé, sans trop voir quelles spéculations se trouvent derrière.
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 12:23 pm    Sujet du message:
Studio a écrit:
Citation:
En revanche la traduction que j'en ai lue, avec sa manie de traduire toutes les expressions paiennes par des "équivalents" chrétiens produit un décalage regrettable. Traduire "par les deux déesses" par "Jésus Marie Joseph", "par sainte Marie" ou des trucs du genre

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Si je ne m'abuse, il s'agit de la traduction de référence.
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 12:38 pm    Sujet du message:
Une des traductions les plus réputées oui. N'empèche que cet anachronisme permanent est lassant et dénature le texte. Libre à certains d'apprécier, je ne me permet pas de conseiller de l'éviter. A toi de voir, Studio, si tu aimes voir des athéniens du siècle de Périclès jurer par sainte Gudule...
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 12:55 pm    Sujet du message:
uacuus a écrit:
Chez Platon, il y a l'opposition entre logos et muthos. Le logos renvoyant à l'analyse rationnelle, le muthos à la narration. Dans la République les faiseurs de muthos, c'est à dire les poètes, sont passés au crible de la raison; certaines actions des dieux y sont jugées ridicules scandaleuses et contraires à la nature divine. Platon pointe une série d'éléments qui le choquent du point de vue de la raison, et ajoute une critique fondamentale: le poète parle de guerre, ce n'est pas un guerrier, il parle de sculptures, ce n'est pas un sculteur etc. En somme le poète se contente de donner un reflet, une imitation des perceptions, qui elles mêmes sont assez dépourvues de réalité.
Là où je vois une contradiction, c'est que Platon quitte le domaine de l'intellect pur et des idées, pour en donner une représentation imagée, par un récit fictif. L'allégorie de la caverne est aux conceptions platoniciennes ce que l'objet sensible est à l'idée. Et certes il n'a pas raté son coup: de Platon la plupart des gens ne retiennent finalement que ce reflet imagé, sans trop voir quelles spéculations se trouvent derrière.


Oui, mais cela ne contredit pas ce que j'ai avancé (sauf que la critique du Rhapsode dans l'Ion s'étend effectivement dans la République au poète), en ce sens que le poète imite le réel sensible, alors que Platon entend dispenser la vérité, parler du monde des idées. Il ne rapproche pas l'imitation du style, et donc peut très bien utiliser un style poétique pour parler du monde des Idées. Le logos et le muthos sont des discours, qui ne sont pas jugé par Platon quant à leur forme.
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 16:57 pm    Sujet du message:
Il ne m'a pas semblé voir de Sainte Gudule dans la traduction GF; à part ça, je ne connais que la traduction Loeb, qui a été excessivement prude jusqu'à récemment... Vous parlez de la traduction Budé ou encore autre chose? Shocked
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 19:00 pm    Sujet du message:
La traduction Budé n'est pas la référence pour Aristophane. Celle qui est la plus réputée est celle de Debidour. Elle a été assez innovente, et tente de faire en sorte par des réadaptation que la traduction soit drôle (ce qui n'est pas particulièrement des traductions budé généralement).
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Message Posté le: Sam Avr 26, 2008 21:33 pm    Sujet du message:
Je parlais de la traduction Debidour. Certes, elle arrive à rendre drole des passages qui ne le seraient pas sans adaptation, mais c'est quand même changer le texte, et c'est une démarche très contestable. Si l'on traduit Aristophane en arabe, Lysistrata jurera-t-elle par le prophète ? Doit on simplifier un texte chaque fois qu'il est compliqué ?
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Message Posté le: Dim Avr 27, 2008 13:32 pm    Sujet du message:
"le renard dans le nom" de Richard Millet..
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Message Posté le: Lun Avr 28, 2008 11:18 am    Sujet du message:
alcibiade a écrit:
Moi aussi j'aime Aristophane. En revanche la traduction que j'en ai lue, avec sa manie de traduire toutes les expressions paiennes par des "équivalents" chrétiens produit un décalage regrettable. Traduire "par les deux déesses" par "Jésus Marie Joseph", "par sainte Marie" ou des trucs du genre me parait déplacé dans la bouche d'une athénien du siècle de Périclès. Le christianisme n'existait, dieu merci, pas à cette époque, n'allons pas la noircir, de grace.

Debidour est tout à fait cohérent dans sa traduction: il se contente d'actualiser son récit. C'est un choix qui en vaut un autre, il est bien évident qu'il ne s'adresse pas aux spécialistes de la littérature du Ve siècle, mais à des gens comme nous. Toujours est-il que la difficulté d'aborder Aristophane ne tient pas de la complexité de son écriture, mais plutôt, d'une abondance de références que nous ne comprenons plus aujourd'hui. Et je ne vois vraiment pas pourquoi une traduction arabe ne pourrait faire jurer Chaudlapin sur le saint prophète.
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Message Posté le: Lun Avr 28, 2008 18:21 pm    Sujet du message:
Parce que ça dénature le texte. Un des grands atouts des auteurs classiques est leur coté "vieux cru", leur ambiance d'époque. Les "actualiser", c'est comme mettre de la Badoit dans un chateau Lafite. Et si les personnages d'Aristophane jurent par Mahomet, alors pourquoi ne pas faire une traduction de Coran ou Allah sera remplacé par Jésus ? C'est vrai, ça nous est plus familier ! On arrive à de sacrés contresens. Je pense plutot que dans un souci d'accessibilité, les traductions devraient etre proche du texte.
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Message Posté le: Mar Avr 29, 2008 15:12 pm    Sujet du message:
La vie devant soi d'Émile Ajar
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Message Posté le: Mar Avr 29, 2008 15:16 pm    Sujet du message:
alcibiade a écrit:
Parce que ça dénature le texte. Un des grands atouts des auteurs classiques est leur coté "vieux cru", leur ambiance d'époque. Les "actualiser", c'est comme mettre de la Badoit dans un chateau Lafite. Et si les personnages d'Aristophane jurent par Mahomet, alors pourquoi ne pas faire une traduction de Coran ou Allah sera remplacé par Jésus ? C'est vrai, ça nous est plus familier ! On arrive à de sacrés contresens. Je pense plutot que dans un souci d'accessibilité, les traductions devraient etre proche du texte.

Les pièces d'Aristophane sont avant tout destinée au public de l'époque. Penses-tu honnêtement que ces derniers, en lisant Lysistra, se disaient: "Mh, cette oeuvre est délicieusement vieillotte, ça fait tout son charme" ? Tu es victime de l'image que nous en avons, nous, hommes du XXIème siècle: Aristophane nous semble un être distant, déconnecté de toute réalité sociale ou intellectuelle, bref, un homme d'un autre temps. Or ce n'est pas cela Aristophane. Que l'on examine son oeuvre: Ploutos, l'Assemblée des femmes, La paix, Les oiseaux, les grenouilles, et j'en passe; il n'écrit jamais que sur l'actualité de son époque, il prend part à cette actualité, et il n'a certainement pas pour vocation de faire preuve d'hermétisme, de jouer les "vieux cru" pour reprendre cette éthylique et bizarre comparaison. Il est indéniable que le décalage des siècles nuit beaucoup à la compréhension de son oeuvre, il nous coupe des situations, des coutumes et des personnalités auxquels il faisait allusion: et il faut être un lecteur bien érudit pour palier à cette difficulté.

Que fait Racine lorsqu'il lui prend l'idée de réécrire Les Guèpes ? Il transpose l'intrigue inventée par Aristophane dans un cadre contemporain et la fait jouer par des personnages du XVIIe siècle. Molière fait de même avec Plaute, et la démarche qu'entreprend Debidour n'est, finalement, pas si différente de la leur: il cherche à nous rendre cette pièce telle qu'elle pouvait l'être dans l'esprit d'un spectateur grec du Ve siècle. Qu'importe de jurer sur Zeus ou sur Saint Thomas ? Ces considérations intéressent les ethnographes, les spécialistes de l'antiquité, et certainement pas le public pour lequel Aristophane écrit Lysistrata: un public en grande partie populaire qui ne cherche qu'à souffler et rire un bon coup entre deux tragédies.

Je le répète, Debidour traduit pour un certain public, et c'est faire preuve d'un puritanisme idiot doublé d'une mauvaise compréhension du projet aristophanien que de lui en faire un si âpre reproche.
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Message Posté le: Mar Avr 29, 2008 19:45 pm    Sujet du message:
Citation:
Que fait Racine lorsqu'il lui prend l'idée de réécrire Les Guèpes ? Il transpose l'intrigue inventée par Aristophane dans un cadre contemporain et la fait jouer par des personnages du XVIIe siècle. Molière fait de même avec Plaute, et la démarche qu'entreprend Debidour n'est, finalement, pas si différente de la leur: il cherche à nous rendre cette pièce telle qu'elle pouvait l'être dans l'esprit d'un spectateur grec du Ve siècle.


Molière a-t-il prétendu faire une traduction de la "comédie de la marmite" en écrivant l'Avare ? Il en a fait une adaptation, une oeuvre personnelle donc, pas une traduction.

Du reste, je n'ai pas entamé une attaque en règle contre ce traducteur, j'ai simplement dit que je n'appréciais pas.
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Message Posté le: Mer Avr 30, 2008 08:50 am    Sujet du message:
alcibiade a écrit:
Molière a-t-il prétendu faire une traduction de la "comédie de la marmite" en écrivant l'Avare ? Il en a fait une adaptation, une oeuvre personnelle donc, pas une traduction.

Evidemment. L'Avare est une réécriture assez fidèle de l'Aularia de Plaute, et je t'invite a comparer les deux textes pour t'en rendre compte. Etrange que tu viennes reprocher à Debidour d'avoir été trop fidèle à l'oeuvre d'Aristophane et de ne pas l'avoir autant modifié que Molière. Une fois encore, une traduction et une réécriture sont deux choses différentes, je ne reviens pas là-dessus, j'insiste simplement sur le fait que dans un cas comme dans l'autre, il y a transposition d'une oeuvre dans un contexte socioculturel plus contemporain. Ce qui t'indiffère chez le grand auteur, te choque chez le traducteur: ces derniers ont toujours eu la part ingrate...

Le XVIIème siècle n'est pas un siècle de création, d'invention - cette idée est propre aux romantiques - mais de reproduction sous un forme virtuose. Les contemporains de Molière considèrent qu'il existe un idéal de beauté et de perfection, et que cet idéal a été atteint par les anciens: ils n'aspirent donc à autre chose qu'à les égaler. C'est-à-dire les imiter. Encore pourrait-on dire que l'Amphitryon de Molière se distingue plus sensiblement de celui de Plaute de part son allusion explicite à l'infidélité de Louis XIV; la trame en reste à peu près inchangée. Pour mieux envisager ce problème, l'on peut considérer je pense que si le Bourgeois gentilhomme perd toute sa substance auprès d'un public qui ne saurait rien de la structure sociale d'Ancien Régime, la Lysistrata d'Aristophane perd beaucoup à ne pas être restituée dans son contexte socioculturel. Il n'y a pas de solution miracle. Il n'existe que deux options permettant de reproduire cette toile de fond: prodiguer au lecteur une connaissance suffisante du siècle de l'écriture et rendre le texte avec le plus de fidélité possible - ce qui, à destination du grand public, est une utopie - ou bien transposer cette écriture dans une réalité qui nous est immediatement intelligible. S'il s'agissait d'un tragédien tel que Sophocle ou Eschyle, je choisirais sans hésitation le premier choix. Le second, pour Aristophane, me semble pourtant le meilleur: le texte doit rester vivant, accessible, drôle. Et si la traduction vient désacraliser les coutumes antiques, tant mieux, je gage qu'Aristophane s'en serait félicité.

Evidemment, il est plus facile pour un lecteur français d'être instruit du siècle de Molière - auteur français - que du siècle d'Aristophane, étranger d'une part, et bien plus loin dans le temps d'autre part. C'est là que l'intervention de Debidour prend tout son sens. Je ne tiens pas à tout prix à le défendre, son projet est ambitieux - peut-être trop, je ne me prononce pas - il me semble pourtant que son travail mérite un peu plus d'égard.


Dernière édition par Méphistophélès le Jeu Mai 01, 2008 15:19 pm; édité 1 fois
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Message Posté le: Mer Avr 30, 2008 21:29 pm    Sujet du message:
Citation:
Etrange que tu viennes reprocher à Debidour d'avoir été trop fidèle à l'oeuvre d'Aristophane et de ne pas l'avoir autant modifié que Molière.


Je n'ai pas dit ça, j'ai plutot été surpris justement que tu compares Debidour qui traduit Aristophane à Racine qui fait une réécriture.

Citation:
Il n'y a pas de solution miracle. Il n'existe que deux options permettant de reproduire cette toile de fond: prodiguer au lecteur une connaissance suffisante du siècle de l'écriture - ce qui, à destination du grand public, est une utopie - ou bien transposer cette écriture dans une réalité qui nous est immediatement intelligible.


Des notes en bas de pages ne me paraissent pas utopiques. On peut expliquer les calembours, les jurons, les allusions politiques. Prenons un calembour pythagoricien: sèma sôma, corps tombeau, ils se servent de la quasi homophonie pour rapprocher les deux termes. Qu'y a-t-il donc de si compliqué ? Qu'on choisisse de traduire "dans un corps t'es un mort" ou dieu sait quoi du genre, très bien. Moi je n'aime pas, pourquoi devrais-je me gêner de le dire ? Changer un texte, c'est rendre l'original encore plus éloigné du lecteur contemporain. Comme les traductions en alexandrins rimés de l'oddyssée, qui bien que très belles parfois ne sont pas du Homère. Les calembours de Debidour sont très spirituels, mais ce ne sont pas ceux d'Aristophane. Je ne prétends pas que c'est une vérité divine, c'est juste mon avis.
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Message Posté le: Mer Avr 30, 2008 21:37 pm    Sujet du message:
Je me glisse juste dans la conversation pour dire que dans l'édition Garnier-Flammarion, on jure par Zeus et Poséidon sans altérer la compréhension du texte, et les notes explicatives sont très bien fournies. Jette ton Debidour, alcibiade, prends cette édition, et soyons copains de livres. Very Happy

Pour ma pomme, le fait que ses comédies m'ont plu, charmé tant par l'humour que par l'érudition et que par d'autres choses, couplé au fait que je me mets à baragouiner le grec, me donne envie d'aller piocher dans la source, et de m'offrir les Loeb d'Aristophane. A noter qu'ils ont même sortis un volume contenant les fragments d'autres pièces que les 11 qui nous sont parvenues complètes (on me rectifiera mais il me semble qu'il en avait écrit pas loin de 41).
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Message Posté le: Mer Avr 30, 2008 22:05 pm    Sujet du message:
Il en avait en effet écrit un paquet, comme tous ses collègues. On peut "remercier" les participants à la 4ème croisade, divers papes et empereurs romains chrétiens d'avoir rayé du patrimoine humain les pièces manquantes...

Il parait qu'une traduction a été faite en 97 je crois, et qu'elle est assez appréciée. Est-ce celle que tu as ?

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