uacuus
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Posté le: Lun Sep 03, 2007 18:10 pm Sujet du message:
Eris, tu demandes pourquoi certains entretiennent le mythe? Il me semble que
la superstition est un phénomène extrèmement répandu depuis bien
longtemps, y compris dans les sociétés primitives, et que les humains ont
une certaine capacité à croire à des choses surnaturelles.
Si tu veux une explication de cette crédulité, je te renvoie aux philosophes
qui ont essayé de la comprendre, comme Lucrèce (-1° siècle) ou Spinoza
(17° siècle).
Je te cite un passage de ce dernier, dans le traité des autorités
théologiques et politiques:
"Si les hommes avaient le pouvoir d'organiser les circonstances de leur vie au
gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujours favorable, ils
ne seraient pas en proie à la superstition. Mais on les voit souvent acculés
à une situation si difficile, qu'ils ne savent plus quelle résolution
prendre; en outre comme leur désir immodéré des faveurs du sort les balotte
misérablement entre l'espoir et la crainte, ils sont généralement très
enclins à la crédulité. Lorsqu'ils se trouvent dans le doute, surtout dans
l'issue d'un évèvement qui leur tient à coeur, la moindre impulsion les
entraine tantôt d'un côté, tantôt de l'autre; en revanche, dès qu'ils se
sentent sûrs d'eux-mêmes, ils sont vantards et gonflés de vanité. Ces
aspects de la conduite humaine sont, je crois, fort connus, bien que la
plupart des hommes ne se les appliquent pas... En effet pour peu qu'on ait la
moindre expérience de ceux-ci, on a observé qu'en période de prospérité,
les plus incapables débordent de sagesse, au point qu'on leur ferait injure
en leur donnant un avis. Mais la situation devient-elle difficile? Tout
change: ils ne savent plus à qui s'en remettre, supplient le premier venu de
les conseiller, tout prêts à suivre la suggestion la plus déplacée, la
plus absurde, ou la plus illusoire! D'autre part, d'infimes motifs suffisent
à réveiller en eux soit l'espoir, soit la crainte. Si par exemple, pendant
que la frayeur les domine, un incident quelconque leur rappelle un bon ou un
mauvais souvenir, ils y voient le signe d'une issue heureuse ou malheureuse;
pour cette raison, et bien que l'expérience leur ait donné cent fois le
démenti, ils parlent de présage soit heureux, soit funeste. Enfin si un
spectacle insolite les frappe d'étonnement, ils croient être témoins d'un
prodige manifeste de la colère ou des Dieux, ou de la souveraine Déité;
dès lors, à leurs yeux d'hommes superstitieux et irreligieux, ils seraient
perdus s'ils ne conjuraient le destin par des sacrifices et des voeux
solennels. Ayant forgé ainsi d'innombrables fictions, ils interprètent la
nature en termes extravagants, comme si elle délirait avec eux. Dans ces
conditions, les plus ardents à épouser toute espèce de superstition ne
peuvent manquer d'être ceux qui désirent le plus immodérément les biens
extérieurs. Principalement du fait qu'en présence d'un danger, ils sont
incapables de prendre eux-mêmes d'utiles décisisons.
(...)
Bien entendu le grand secret du régime monarchique et son intérêt vital
consistent à tromper les hommes, en travestissant du nom de religion la
crainte dont on veut les tenir en bride; de sorte qu'ils combattent pour leur
servitude, comme s'il s'agissait de leur salut, et pensent non s'avilir, mais
s'honorer au plus haut point lorsqu'ils répandent le sang et sacrifient leur
vie pour appuyer les bravades d'un seul individu."
Si on applique l'idée majeure du texte, à savoir que la fiction
superstitieuse nait à cause de la crainte, qui affaiblit face aux
suggestions, cela s'applique parfaitement aux crédules qui vont à Lourdes.
La deuxième idée forte du texte, est que le pouvoir se sert des craintes
superstitieuses pour mieux gouverner; cela est vrai au niveau d'un état
monarchique, mais c'est aussi valable pour des gens qui à un niveau plus
modeste, veulent acquérir de l'emprise sur les esprits des gens.
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Invité
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Posté le: Mar Sep 04, 2007 09:52 am Sujet du message:
[quote="uacuus"]
Citation: | La
deuxième idée forte du texte, est que le pouvoir se sert des craintes
superstitieuses pour mieux gouverner; cela est vrai au niveau d'un état
monarchique, mais c'est aussi valable pour des gens qui à un niveau plus
modeste, veulent acquérir de l'emprise sur les esprits des
gens. |
Mais paradoxalement les religions n'ont t'elles guère eu de l'emprise envers
les personnes hauts placées de l'histoire? Est-ce voulu? ou est-ce une
partique inconsciente plutôt qu'un simple désir d'emprise, une sorte de
cercle vicieux, auquel l'on resterai dans une naiveté total en appliquant
bétement les choses? (Par exemple je sais pas si Hitler croyait vraiment à
sa doctrine, ou s'y il avait intérêt de manipulation par une influence qu'il
concidérait peut-être fausse, c'est un exemple)
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uacuus
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Posté le: Mar Sep 04, 2007 10:27 am Sujet du message:
Les hommes de pouvoir sont les personnes qui désirent le plus immodérément
des biens terrestres, et sont plus sujets à l'espoir et à la crainte que
d'autres, ils sont donc plus susceptibles d'être le jouet des charlatans,
d'autant que ceux-ci courtisent beaucoup les gens de pouvoir. Ainsi on peut
parler de Mittérand avec Eliabeth Tessier, ou bien d'Othon, (voir Tacite,
histoires, livre 1) qui pour usurper le pouvoir a écouté attentivement les
astrologues qui lui prédisent un brillant avenir.
Ensuite la superstition peut être un facteur de leur domination, alors même
qu'eux mêmes sont le jouet d'illusions, si la superstition est un moyen de
controler, ce n'est pas pour cela que les gens de pouvoir n'y adhèrent pas
dans une certaine mesure.
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