DorDon
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Posté le: Ven Juin 16, 2006 18:40 pm Sujet du message:
Vas y tu as ete le premier et puis Kadjagoogoo a l'habitude de relancer dans
toutes les discussions, il aura surement d'autres occasions .
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uacuus
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Posté le: Ven Juin 16, 2006 23:25 pm Sujet du message:
Ces discours n'embrassaient, d'habitude, que les années de leur
fréquentation. Il lui rappelait d'insignifiants détails, la couleur ed sa
robe à telle époque, quelle personne un jour était survenue, ce qu'elle
avait dit une autre fois; et elle répondait tout émerveillée:
- Oui, je me rappelle!
Leurs goûts, leurs jugements étaient les mêmes. Souvent celui des deux
qui écoutait l'autre s'écriait:
- Moi aussi!
Et l'autre à son tour reprenait:
- Moi aussi!
Puis c'étaient d'interminables plaintes sur la Providence:
- Pourquoi le ciel ne l'a-t-il pas voulu! Si nous nous étions
rencontrés!...
- Ah! si j'avais été plus jeune soupirait-elle.
- Non! moi, un peu plus vieux.
Et ils s'imaginaient une vie exclusivement amoureuse, assez féconde pour
remplir les plus vastes solitudes, excédant toutes joies, défiant toutes les
misères, où les heures auraient disparu dans un continuel épanchement
d'eux-mêmes, et qui aurait fait quelque chose de resplendissant et d'élevé
comme la palpitation des étoiles.
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Kadjagoogoo
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Posté le: Sam Juin 17, 2006 00:12 am Sujet du message:
Il s'agit d'un extrait de L’Éducation sentimentale, de Gustave
Flaubert.
Je relance (comme j'en ai apparemment l'habitude ) avec
l'introduction d'un roman subversif (il fut d'ailleurs parfois retiré des
programmes scolaires) :
Citation: | Si vous avez réellement envie
d'entendre cette histoire, la première chose que vous voudrez sans doute
savoir c'est où je suis né, ce que fut mon enfance pourrie, et ce que
faisaient mes parents et tout avant de m'avoir, enfin toute cette salade à la
David Copperfield, mais à vous parler franchement, je ne me sens guère
disposé à entrer dans tout ça. En premier lieu, ce genre de truc m'ennuie,
et puis mes parents piqueraient une crise de nerfs si je racontais quelque
chose de gentiment personnel à leur sujet. Ils sont très susceptibles
là-dessus, surtout mon père. Ils sont gentils et tout - je ne dis pas - mais
ils sont quand même bougrement susceptibles. D'ailleurs, je ne vais pas vous
faire entièrement ma saleté d'autobiographie ni rien. Je vais seulement vous
parler de ce truc idiot qui m'est arrivé au dernier Noël, juste avant que je
tombe malade et qu'on m'envoie ici pour me
retaper. |
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uacuus
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Posté le: Sam Juin 17, 2006 01:00 am Sujet du message:
Un admirateur de Céline apparamment.
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Kadjagoogoo
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Uwe
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Posté le: Lun Juin 19, 2006 09:07 am Sujet du message:
Ach... L'Attrape-coeur de Salinger (roman très formateur au demeurant !)
Etant sûr de ma réponse, je me permets de relancer avec ce petit passage
(j'ai effacé le prénom du héros, histoire de rajouter un peu de
difficulté...)
Un de mes romans préférés, l'ayant lu et relu à la fin de l'adolescence.
Bonne lecture !
"Mais non, ou je suis fou, ou elle me fait la
cour; plus je me montre froid et respectueux avec elle, plus elle me
recherche. Ceci pourrait être un parti pris, une affectation; mais je vois
ses yeux s'animer quand je parais à l'improviste. Les femmes de Paris
savent-elles feindre à ce point? Que m'importe! j'ai l'apparence pour moi,
jouissons des apparences. Mon Dieu, qu'elle est belle! Que ses grands yeux
bleus me plaisent, vus de près, et me regardant comme ils le font souvent!
Quelle différence de ce printemps-ci à celui de l'année passée, quand je
vivais malheureux et me soutenant à force de caractère, au milieu de ces
trois cents hypocrites méchants et sales! J'étais presque aussi méchant
qu'eux.
Dans les jours de méfiance: Cette jeune fille se moque de moi, pensait *****.
Elle est d'accord avec son frère pour me mystifier. Mais elle a l'air de
tellement mépriser le manque d'énergie de ce frère! Il est brave, et puis
c'est tout, me dit-elle. [Variante : Et encore, brave devant l'épée des
Espagnols. A Paris tout lui fait peur, il voit partout le danger du ridicule.]
Il n'a pas une pensée qui ose s'écarter de la mode. C'est toujours moi qui
suis obligé de prendre sa défense. Une jeune fille de dix-neuf ans! A cet
âge peut-on être fidèle à chaque instant de la journée à l'hypocrisie
qu'on s'est prescrite? "
Uwe
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DorDon
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Posté le: Lun Juin 19, 2006 11:43 am Sujet du message:
J'aurais dit Le rouge et le noir pour
le premier paragraphe, mais c'est pas ca.
Ca se passe au XIXe siecle ?
Peut etre avant avec l'histoire des epees des espagnols...
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uacuus
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Posté le: Lun Juin 19, 2006 11:45 am Sujet du message:
J'ai aussi pensé à Stendhal, mais je ne suis pas si sûr.
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Uwe
Petit nouveau

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Posté le: Lun Juin 19, 2006 12:50 pm Sujet du message:
Eh bien vous avez tous les deux raison, il s'agit bien de Stendhal, de son
roman "Le rouge et le noir".
L'extrait traite des états d'âme de Julien vis-à-vis de son amour pour
Mathilde, la belle et fière inaccessible...
Je le conseille à tous ceux qui douteraient de la complexité féminine, et
à tous les ambitieux !
Qui des deux relance ?
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uacuus
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Posté le: Lun Juin 19, 2006 13:00 pm Sujet du message:
C'est à Dordon de relancer.
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DorDon
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Posté le: Mar Juin 20, 2006 12:19 pm Sujet du message:
Voila un extrait qui ne devrait pas poser trop de problemes
Citation: | Il
ne me reste que peu de choses à dire. Après avoir confié aux vagues de
l'océan mon message enfermé dans une bouteille, je remonterai m'étendre sur
mon lit. A mes lorgnons est attaché un fin cordon noir... En réalité c'est
une longue ficelle élastique. De tout mon poids, je m'appuierai sur mes
lorgnons placés sous moi... et je fixerai, pas trop solidement, le revolver
à l'autre bout de l'élastique enroulé sur la poignée de la porte.Voici,
selon mes prévisions, ce qui surviendra.
Ma main, protegée par un mouchoir, ayant pressé la détente, retombera à
mon coté. Le revolver, tiré par l'élastique, alors détendu, pendra
innocement aux lorgnons retenus par le poids de mon corps. La vue du mouchoir
sur le parquet ne provoquera certes aucun commentaire.
On me verra allongé sur mon lit, une balle dans la tête, suivant les notes
de mes compagnons. Quand on decouvrira nos cadavres, il sera impossible de
determiner l'heure de notre mort.
La houle une fois calmée, des pêcheurs viendront en bateau pour nous porter
secours. Ils trouverons sur l'Ile du ***** dix cadavres et un problème
insolubre. |
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uacuus
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Posté le: Mar Juin 20, 2006 13:00 pm Sujet du message:
Agatha Christie, dix petits nègres?
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DorDon
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Posté le: Mar Juin 20, 2006 13:53 pm Sujet du message:
C'est ca, a toi !
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uacuus
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Posté le: Mar Juin 20, 2006 14:05 pm Sujet du message:
"Qu'est ce que l'amour? On ne peut le considérer, ce me semble, que comme
l'effet résultatif des qualités d'un bel objet sur nous; ces effets nous
transportent; ils nous enflamment; si nous possédons cet objet, nous voilà
contents; s'il nous est impossible de l'avoir, nous nous désespérons. Mais
quel est la base de ce sentiment?... le désir. Quelles sont les suites de ce
sentiment?... la folie. Tenons-nous en donc au motif, et garantissons-nous des
effets. Le motif est de posséder l'objet: eh bien! tâchons de réussir, mais
avec sagesse; jouissons-en dès que nous l'avons; consolons-nous dans le cas
contraire: mille autres objets semblables, et souvent bien meilleurs, nous
consololeront de la perte de celui-là; tous les hommes, toutes les femmes se
ressemblent: il n'y a point d'amour qui résiste aux effets d'une réflexion
saine."
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uacuus
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Posté le: Jeu Juin 22, 2006 14:04 pm Sujet du message:
Personne n'a la moindre idée?
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DorDon
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uacuus
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Posté le: Jeu Juin 22, 2006 21:53 pm Sujet du message:
Autre extrait de la même oeuvre
"Ecoute, p*****! je vais à la fin t'instruire!... Tu es pour nous une victime
envoyée par ton mari même; il faut que tu subisses ton sort; rien ne saurait
t'en garantir... Quel sera-t-il? je n'en sais rien! peut-être seras-tu
pendue, rouée, écartelée, tenaillée, brûlée vive; le choix de ton
supplice dépend de ta fille; c'est elle qui prononcera ton arrêt. Mais tu
souffriras, catin! Oh! oui, tu ne seras immolée qu'après avoir subi une
infinité de tourments préalables. Quant à tes cris, je t'en préviens, ils
seraient inutiles: on égorgerait un boeuf dans ce cabinet que ses beuglements
ne seraient pas entendus."
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Romantisme
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Posté le: Jeu Juin 22, 2006 22:14 pm Sujet du message:
Je ne connais pas mais le ton me fait pensé au Marquis de Sade...
EDIT Après une très courte recherche sur internet j'ai vite trouver, c'est
effectivement Sade, mais je n'ai pas encore lut ce livre là... il est
vraiment reconnaissable dans sa façon d'écrire lol...
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uacuus
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Posté le: Jeu Juin 22, 2006 23:02 pm Sujet du message:
Oui, c'était la philosophie dans le boudoir...
Pourquoi on le reconnait plus aux textes de mise en pratique, qu'aux textes
théoriques?
Allez à toi.
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Romantisme
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Posté le: Ven Juin 23, 2006 16:53 pm Sujet du message:
Avec la première partis j'avais déjà un énorme doute du à son discourt
contre l'amour et la vertu qui sont pour lui une barrière contre le désir et
la nature... le second extrait était une sorte de confirmation...
Mon extrait d'un livre que j'ai bien aimé:
Le père Barbeau de la Cosse n'était pas mal dans ses affaires, à preuve
qu'il était du conseil municipal de sa commune. Il avait deux champs qui lui
donnaient la nourriture de sa famille et du profit par-dessus le marché. Il
cueillait dans ses prés du foin à pleins charrois, et, sauf celui qui était
au bord du ruisseau, et qui était un peu ennuyé par le jonc, c'était du
fourrage connu dans l'endroit pour être de première qualité.
La maison du père Barbeau était bien bâtie, couverte en tuile, établie en
bon air sur la côte, avec un jardin de bon rapport et une vigne de six
journaux. Enfin il avait, derrière sa grange, un beau verger, que nous
appelons chez nous une ouche, où le fruit abondait tant en prunes qu'en
guignes, en poires et en cormes. Mêmement les noyers de ses bordures étaient
les plus vieux et les plus gros de deux lieues aux entours.
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