Quelle est votre ou vos poème(s) préféré(s)???


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Rainmoche
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Message Posté le: Lun Mai 08, 2006 15:07 pm    Sujet du message:
Allez voir dans poésie ! Le poème Tic-tac Very Happy
mezmerize23
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Message Posté le: Mar Juil 04, 2006 22:11 pm    Sujet du message:
Invitation Au Voyage - Charles Beaudelaire
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Message Posté le: Mar Juil 11, 2006 12:10 pm    Sujet du message:
Derniers poèmes d'amour et tous les poèmes d'amour en général de Paul Eluard.

Dernière édition par Invité le Sam Déc 23, 2006 18:27 pm; édité 1 fois
Isleen
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Message Posté le: Mer Juil 19, 2006 01:03 am    Sujet du message:
Aragoree a écrit:
Le dormeur Du Val je vous laisse lire :



C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; oùle soleil, de la montagne fière
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons


Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue
Et la nuque baignait dans le frais cresson bleu
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chandement : il a froid.


Les parfums ne font pas frissonner sa narine :
Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


Je connais ce poème par coeure. Pas que je l'aime tant mais il m'est vraiment resté..

Sinon je n'ai pas vraiment de poème préférés... Il y en a telement... bon pour paraitre originale, j'aime beaucoup les poème de Baudelaire et de Rimbaud. Ils ont beau être les plus connus et les plus appreciés, on comprend pourquoi.
Pigmy
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Message Posté le: Mer Juil 19, 2006 13:46 pm    Sujet du message:
Moi aussi je le connaît par coeur mais je l'avais oublié (que je le connaissait par coeur) bizarre non???
Je pense l'avoir appris quand j'avais douze ans environ mais je ne sait plus ou.....
Bouhou....ca m'énerve...
Enfin bon, c'est pas votre problème hein??
Bitteulsse (Beatles)
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Message Posté le: Mer Juil 19, 2006 14:14 pm    Sujet du message:
Le voici :

Les Uns et les Autres

Loin du souci des histoires de femmes
L'égalité d'un soir à parfois réuni
Les derniers jardinets sur la route incurvée
Le profil d'un homme à mains ouvertes
Et l'animal sincère
En toutes journées
Mais d'autres restés en proie aux plus vieilles douleurs
Serrent leurs poings autour des candélabres
Eclairent le visage d'un hôte imaginaire
Et cherchent en pleine nuit
Le visage d'amour.


C'est de Jean FOLLAIN.

...Mais ça fesait longtemps qu'je n'l'avait pas lu ce poème... Environ 6 ans.

EDIT : Ce poéme me touche autant aujourd'hui.


Dernière édition par Bitteulsse (Beatles) le Dim Juil 23, 2006 22:12 pm; édité 1 fois
onlymuse
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Message Posté le: Dim Juil 23, 2006 01:21 am    Sujet du message:
Si tu prends mon billet - Bernard Delvaille
La mer et l'amour - Pierre de Marbeuf

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes


Voilà, entre autres multiples
Voltaire89
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Message Posté le: Mar Aoû 15, 2006 22:06 pm    Sujet du message: poèmes préférés...
Alors disons, originalité:

Rimbaud - Roman (mon préféré), Le Dormeur du Val, Le Mal
Baudelaire - il y en a tellement, allez, Les Chats, l'Horloge, l'Invitation au Voyage, etc.

et puisqu'on a pas précisé la langue:

W.B. Yeats . he Wishes fot The Cloths of Heaven

Had I the heavens' embroidered cloths,
Enwrought with golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and the half-light,
I would spread the cloths under your feet:
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.


Je le trouve juste magnifique...
Kronos
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Message Posté le: Mar Déc 19, 2006 22:13 pm    Sujet du message:
Aragon
"Que serais-je sans toi ?"



Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines.
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon.
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines.
Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson.
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens de frisson.

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne.
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne.
Tu m'as pris par la main, dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux.
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe.
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.


---


>> Mon poeme préféré, en ce moment ^^ Chanté par Jean Ferrat, c'est encore mieux ^^
Méphistophélès
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Message Posté le: Mer Déc 20, 2006 06:26 am    Sujet du message:
Recueillement - Baudelaire (extrait des Nouvelles Fleurs du Mal)

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
Kronos
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Message Posté le: Mer Déc 20, 2006 06:57 am    Sujet du message:
Aragon
"J'entend, j'entend"

J'en ai tant vu qui s'en allèrent
Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
Ils avaient si peu de colère

J'entends leurs pas j'entends leurs voix
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journal
Comme on en dit le soir chez soi

Ce qu'on fait de vous hommes femmes
O pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées
Vous regarder m'arrache l'âme

Les choses vont comme elles vont
De temps en temps la terre tremble
Le malheur au malheur ressemble
Il est profond profond profond

Vous voudriez au ciel bleu croire
Je le connais ce sentiment
J'y crois aussi moi par moments
Comme l'alouette au miroir

J'y crois parfois je vous l'avoue
A n'en pas croire mes oreilles
Ah je suis bien votre pareil
Ah je suis bien pareil à vous

A vous comme les grains de sable
Comme le sang toujours versé
Comme les doigts toujours blessés
Ah je suis bien votre semblable

J'aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu'au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez

Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir que ce que dit ma bouche

Votre enfer est pourtant le mien
Nous vivons sous le même règne
Et lorsque vous saignez je saigne
Et je meurs dans vos mêmes liens

Quelle heure est-il quel temps fait-il
J'aurais tant aimé cependant
Gagner pour vous pour moi perdant
Avoir été peut-être utile

C'est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d'un trou


--
Kronos
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Message Posté le: Mer Déc 20, 2006 15:12 pm    Sujet du message:
Louis Aragon
"Un jour, un jour"


Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime

Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l'avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages

Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche.


--
butterflyz0986
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Message Posté le: Mer Déc 20, 2006 20:39 pm    Sujet du message:
Métempsychose a écrit:
Recueillement - Baudelaire (extrait des Nouvelles Fleurs du Mal)

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.


lol, j'avais étudié ce poème pour le bac !!

sinon, perso, la poésie est pas un genre qui me plait particulièrement, mais je dirais "demain, dès l'aube", de Victor Hugo ( un classique, quoi ! )

et juste en souvenir de ce poème qui a gavé ma mère quand j'étais au primaire parce que je l'adorais et le connaissais par coeur ( et le connais toujours pas coeur, d'ailleurs ), je vous mets Chien Perdu, de Madeleine Ley

Qui es-tu
Inconnu, chien perdu
Tu rêves, tu sommeilles
Peut-être voudrais-tu que je te gratte là derrière les oreilles
Doux chien couché sur le trottoir
Qui lève vers mon oeil ton regard blanc et noir

Rah, j'adore ! mdrrrr
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Message Posté le: Jeu Déc 21, 2006 13:57 pm    Sujet du message:
Nuit d'avril 1915 d'appolinaire
jadore quand il dit:"il pleut mon âme"
lol
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Message Posté le: Dim Déc 31, 2006 12:12 pm    Sujet du message:
Je n'ai pas beaucoup lu de poésie et les deux poèmes qui m'ont marquée je les ai étudiés en cours de français mais il m'ont vraiment donnée envie d'en connaître plus sur cet art
Les Djinns de Victor Hugo
Invitation au voyage de Baudelaire
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Message Posté le: Dim Avr 11, 2010 13:57 pm    Sujet du message:
Principalement de la poésie du XIXème et du XXème. Plusieurs raisons à cela, dont le fait que foncièrement, j'ai encore un peu de mal avec la barrière de la langue du Moyen-français. Et que je préfère l'étudier, avant de commencer à rentrer dans le vif de la poésie.
Je pense à Victor Hugo, pour l'ensemble de son recueil "Les voix intérieures". Ces voix que le poète entend résonner en lui-meme, celle de l'homme, qui parle au coeur, celle de la nature qui parle à l'âme, celle des évènements, qui parlent à l'esprit. Le poète évoque son frère, devenu fou, thème qui m'est cher. Et me donne des frissons quant à ses ressentis à propos du mystère inhérent à la nature.

A Albert Dürer
de Victor Hugo, Les Voix intérieures.
(1837)
Dans les vieilles forêts où la sève à grands flots
Court du fût noir de l'aulne au tronc blanc des bouleaux,
Bien des fois, n'est-ce pas ? à travers la clairière,
Pâle, effaré, n'osant regarder en arrière,
Tu t'es hâté, tremblant et d'un pas convulsif,
O mon maître Albert Düre, ô vieux peintre pensif !
On devine, devant tes tableaux qu'on vénère,
Que dans les noirs taillis ton œil visionnaire
Voyait distinctement, par l'ombre recouverts,
Le faune aux doigts palmés, le sylvain aux yeux verts,
Pan, qui revêt de fleurs l'antre où tu te recueilles,
Et l'antique dryade aux mains pleines de feuilles.
Un forêt pour toi, c'est un monstre hideux,
Le songe et le réel s'y mêlent tous les deux.
Là se penchent rêveurs les vieux pins, les grands ormes
Dont les rameaux tordus font cent coudes difformes,
Et, dans ce groupe sombre agité par le vent,
Rien n'est tout à fait mort ni tout à fait vivant.
Le cresson boit ; l'eau court ; les frênes sur les pentes,
Sous la broussaille horrible et les ronces grimpantes,
Contractent lentement leurs pieds noueux et noirs.
Les fleurs au cou de cygne ont les lacs pour miroirs ;
Et sur vous qui passez et l'avez réveillée,
Mainte chimère étrange à la gorge écaillée,
D'un arbre entre ses doigts serrant les larges nœuds,
Du fond d'un antre obscur fixe un œil lumineux.
O végétation ! esprit ! matière ! force !
Couverte de peau rude ou de vivante écorce !
Aux bois, ainsi que toi, je n'ai jamais erré,
Maître, sans qu'en mon cœur l'horreur ait pénétré,
Sans voir tressaillir l'herbe, et, par les vents bercées,
Pendre à tous les rameaux de confuses pensées.
Dieu seul, ce grand témoin des faits mystérieux,
Dieu seul le sait, souvent, en de sauvages lieux,
J'ai senti, moi qu'échauffe une secrète flamme,
Comme moi palpiter et vivre avec une âme,
Et rire, et se parler dans l'ombre à demi-voix
Les chênes monstrueux qui remplissent les bois.

Je pense ensuite à Musset, qui à travers les artifices du romantisme conventionnel, révèle sa double nature, une âme fougueuse avec un sens tragique des passions, et une fantaison légère, impertinente et ironique qui l'empêche de prendre entièrement au sérieux ces drames atroces.
Finalement, je m'y reconnais assez pour m'en imprégner.

Ballade à la lune

C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?

Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?

N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?

Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?

Sur ton front qui voyage.
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?

Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?

Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?

Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
À travers les barreaux.

Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.

Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.

Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !

Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !

Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.

Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.

Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !

Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.

Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.

Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.

T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.

T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !

Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.

Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.

Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?

Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Peut-être quand déchante
Quelque pauvre mari,
Méchante,
De loin tu lui souris.

Dans sa douleur amère,
Quand au gendre béni
La mère
Livre la clef du nid,

Le pied dans sa pantoufle,
Voilà l'époux tout prêt
Qui souffle
Le bougeoir indiscret.

Au pudique hyménée
La vierge qui se croit
Menée,
Grelotte en son lit froid,

Mais monsieur tout en flamme
Commence à rudoyer
Madame,
Qui commence à crier.

" Ouf ! dit-il, je travaille,
Ma bonne, et ne fais rien
Qui vaille;
Tu ne te tiens pas bien. "

Et vite il se dépêche.
Mais quel démon caché
L'empêche
De commettre un péché ?

" Ah ! dit-il, prenons garde.
Quel témoin curieux
Regarde
Avec ces deux grands yeux ? "

Et c'est, dans la nuit brune,
Sur son clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.


Un autre auteur que j'apprécie tout particulièrement, sans doute parce qu'il fait part de sa dislocation est Gérard de Nerval.
La poésie Nervalienne, qu'elle s'exprime en vers ou en prose, doit ses résonances inimitables à l'extraordinaire expérience vécue de l'auteur. La vie réelle et les souvenirs sont transformés par le songe ; la mémoire du poète devient en quelque sorte intemporelle. Ainsi tout prend un aspect double : Une fleur, un baiser donné par une jeune fille, tout devient signe et symbole.
Je considère qu'à travers ses oeuvres, on lui doit la majorité de la poésie symboliste puis surréaliste qui pérénisera ces effets. Cependant, ce que j'aime chez Nerval, c'est son authenticité : La vision de l'au-delà n'est jamais chez lui un artifice littéraire.
Les Chimières nous font participer de façon constamment allusive et symbolique à l'expérience même du poète. C'est la hantise mystique qui domine à partir de souvenirs demi-rêvés.

El desdichado

Je suis le ténébreux,- le Veuf, - l'inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la tour abolie:
Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phoebus ?.... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la Sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
Invité








Message Posté le: Dim Avr 11, 2010 17:06 pm    Sujet du message:
je suis fan de Tristan Corbière - tous -
Invité








Message Posté le: Dim Avr 11, 2010 18:32 pm    Sujet du message:
lilith888 a écrit:
je suis fan de Tristan Corbière - tous -

Oh, copine.
Les Amours jaunes je le mets à égalité avec les Fleurs du mal.

Femme

La Bête féroce.

Lui - cet être faussé, mal aimé, mal souffert,
Mal haï - mauvais livre... et pire : il m'intéresse. -
S'il est vide après tout... Oh mon dieu, je le laisse,
Comme un roman pauvre - entr'ouvert.

Cet homme est laid... - Et moi, ne suis-je donc pas belle,
Et belle encore pour nous deux! -
En suis-je donc enfin aux rêves de pucelle?...
- Je suis reine : Qu'il soit lépreux!

Où vais-je - femme! - Après... suis-je donc pas légère
Pour me relever d'un faux pas!
Est-ce donc Lui que j'aime! - Eh non! c'est son mystère...
Celui que peut-être Il n'a pas.

Plus Il m'évite, et plus et plus Il me poursuit...
Nous verrons ce dédain suprême.
Il est rare à croquer, celui-là qui me fuit!...
Il me fuit - Eh bien non!... Pas même.

... Aurais-je ri pourtant! si, comme un galant homme,
Il avait allumé ses feux...
Comme Ève - femme aussi - qui n'aimait pas la Pomme,
Je ne l'aime pas - et j'en veux! -

C'est innocent. - Et lui?... Si l'arme était chargée...
- Et moi, j'aime les vilains jeux!
Et... l'on sait amuser, avec une dragée
Haute, un animal ombrageux.

De quel droit ce regard, ce mauvais oeil qui touche :
Monsieur poserait le fatal?
Je suis myope, il est vrai... Peut-être qu'il est louche;
Je l'ai vu si peu - mais si mal. -

... Et si je le laissais se draper en quenouille,
Seul dans sa honteuse fierté!...
- Non. Je sens me ronger, comme ronge la rouille,
Mon orgueil malade, irrité.

Allons donc! c'est écrit - n'est-ce pas - dans ma tête,
En pattes-de-mouche d'enfer;
Ecrit, sur cette page où - là - ma main s'arrête.
- Main de femme et plume de fer. -

Oui! - Baiser de Judas - Lui cracher à la bouche
Cet amour! - Il l'a mérité -
Lui dont la triste image est debout sur ma couche,
Implacable de volupté.

Oh oui: coller ma langue à l'inerte sourire
Qu'il porte là comme un faux pli!
Songe creux et malsain, repoussant... qui m'attire!
..........................................................................
Une nuit blanche... un jour sali ...
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Message Posté le: Dim Avr 11, 2010 18:48 pm    Sujet du message:
J'aime beaucoup.
Invité








Message Posté le: Dim Avr 11, 2010 21:38 pm    Sujet du message:
je trouve son maniement du rythme splendide.

Fleur d'art
Oui - Quel art jaloux dans Ta fine histoire !
Quels bibelots chers ! - Un bout de sonnet,
Un coeur gravé dans ta manière noire,
Des traits de cana à coups de stylet. -

Tout fier mon coeur porte à la boutonnière
Que tu lui taillas, un petit bouquet
D'immortelle rouge - Encor ta manière -
C'est du sang en fleur. Souvenir coquet.

Allons, pas de pleurs à notre mémoire !
- C'est la mâle-mort de l'amour ici -
Foin du myosotis, vieux sachet d'armoire !

Double femme, va !... Qu'un âne te braie !
Si tu n'étais fausse, eh serais-tu vraie ?...
L'amour est un duel : - Bien touché ! Merci.
Tristan Corbière, Les Amours jaunes, 1873

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