Kronos
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Posté le: Lun Sep 26, 2005 23:38 pm Sujet du message:
Je parlais du livre, et bien j'ai retrouvé la traduction des premiers
chapitres du roman (il n'est jamais sorti en France, et n'a jamais été
traduit)
Je traduirais les autres chapitres à mon tour, puisque ceux à qui on doit
ces traductions ne donnent plus signe de vie, donc je le ferais ^^ J'ai aussi
corrigé des choses, ajouté des passages et traduit également le préface et
certains passages...
Voilà donc les premiers chapitres du roman "Battle Royale", de Koshun Takami
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Un
roman de Koshun Takami
Traduction : Begathe, Dark Ben, Kronos
BATTLE ROYALE
Koshun Takami
Né en 1969 dans la préfecture de Hyogo, Takami fit ses études à
l’Université d’Osaka. Pendant 5 ans, il fut employé dans le journal de
Kagawa, et à la Shikoku Newspaper Corporation. Vivant à Kagawa, il se
retrouva sans emploi. Parce qu’il ne pouvait jouer à la guitare, il utilisa
un processeur word. Battle Royale est son premier travail.
« Dédicacé à tous ceux que j’aime,
Même si vous ne pourrez pas me remercier pour ça. »
_____"Les étudiants ne sont pas des poires"
--Sakamoto Kinpachi (Mieko Oyamauchi, de la classe 3B du lycée Kinpachi)
_____"…mais jusque là, bébé, comme les choses vont, nous sommes nés pour
courir"
--Bruce Springsteen - "Born to run"
_____"Il est difficile d’aimer"
--Motoharu Sano - It's hard to love
_____"A Barcelone, pendant les dernières semaines que j’y ai passé, il y
avait une atmosphère étrange de soupçons, de peur, d’incertitude et de
haine… Rien n’était encore arrivé, je ne m’imaginais pas moi-même ce
qui allait se produire ; et pourtant il y avait une perpétuelle atmosphère
de danger, la conscience que le mal approchait. Hélas, cette ambiance vous
forçait à vous sentir comme un conspirateur. Vous aviez l’air de prendre
votre temps quand vous parliez dans un café, et vous vous sentiez constamment
épié et surveillé. Je ne sais pas si je peux vous dire comment cela ma
touché. C’était une petite chose, mais en même temps ça ne l’était
pas. Vous devez réaliser quel était cet horrible sentiment, cette
atmosphère, se sentir soupçonné et détesté, ces mensonges, ces rumeurs
qui circulaient partout, et les affiches sur les murs clamant que moi et ceux
comme moi, étions des espions fascistes."
--George Orwell – Hommage à la Catalogne
Préfecture Kagawa, Lycée de Shiroiwa, classe
3B
Garçons
1. Inada, Mizuho
2. Iijima, Keita
3. Ooki, Tatsumichi
4. Oda, Toshinori
5. Kawada Shougo
6. Kiriyama, Kazuo
7. Kuninobu, Yoshitoki
8. Kuramoto, Youji
9. Kuronaga, Hiroshi
10. Sasagawa, Ryuhei
11. Sugimura, Hiroki
12. Seto, Yutaka
13. Takiguchi, Yuichirou
14. Tsukioka, Sho
15. Nanahara, Shuya
16. Niida, Kazushi
17. Numai, Mitsuru
18. Hatagami, Tadakatsu
19. Mimura, Shinji
20. Motobuchi, Kyouichi
21. Yamamoto, Kazuhiko
Filles
1. Akamatsu, Yoshio
2. Utsumi, Yukie
3. Etou, Megumi
4. Ogawa, Sakura
5. Kanai, Izumi
6. Kitano, Yukiko
7. Kusaka, Yumiko
8. Kotohiki, Kayoko
9. Sakaki, Yuko
10. Shimizu, Hirono
11. Sohma, Mitsuko
12. Tanizawa, Haruka
13. Chigusa, Takako
14. Tendou, Mayumi
15. Nakagawa, Noriko
16. Nakagawa, Yuka
17. Noda, Satomi
18. Fujiyoshi, Fumiyo
19. Matsui, Chisato
20. Minami, Kaori
21. Yahagi, Yoshimi
Préface
Les mots d’un supporter, dans un monde
presque identique au notre.
Quoi ? Battle Royale? Vous voulez savoir ce que c’est ? Vous ne savez pas ?
Vous venez pour voir des combats ? Hein ? Vous pensez que c’est le nom
d’une épreuve ou d’un championnat ? Pas tout a fait. C’est un peu comme
un combat de catch. Quoi ? Aujourd’hui ? Ici, aujourd’hui ? Nan, ce
n’est pas au programme. Ils font seulement Battle Royale dans des endroits
gigantesques, ou quand il y a un festival ou quelque chose comme ça. Ah,
regardez. C’est Takako Inoue. Elle est pas mal, hein ? Ah, désolé,
désolé. Bien, Battle Royale. Ils font ça au niveau international
maintenant.
Alors, Battle Royale c’est, comme les combats de catch, chacun pour soi.
Parfois il y a des équipes et ils sont deux contre deux. Donc habituellement
c’est comme ça que ça marche. Mais avec un Battle Royale, c’est un peu
différent. Ils prennent entre 10 et 20 personnes, et ils les mettent tous sur
le ring. Et alors n’importe qui peut combattre n’importe qui d’autre. Un
contre un, dix contre un. Il n’y a aucune limite. N’importe quel nombre.
Les gars qui sont éliminés... Vous ne savez même pas quand on est éliminé
? C’est quand un gars a la tête sur le sol plus de trois minutes. Alors il
perd. C’est presque comme un match normal. Et occasionnellement les gens
rendent l’âme, ou sont mis K.O. Oh, vous pouvez aussi être disqualifié si
vous ne suivez pas les règles. Bien, dans un Battle Royale, c’est
habituellement juste des chutes. Ah, vas-y Takako !! Tues la !! Ah, désolé.
D’ailleurs, si vous tombez, vous perdez et vous êtes mis hors du ring.
Alors quand le match débute et qu’il y a de moins en moins de combattants,
bien. C’est la fin, et il n’y a plus que du un contre un.
Et c’est là qu’il y a de la vraie baston. Un seul doit survivre. Il ne
doit en rester qu’un. C’est ce gars le vainqueur. Et alors ils lui donnent
la coupe, la médaille et tout le bordel. Quoi ? Ceux qui essayent de bosser
ensemble ? Et bien, je peux comprendre ça au début, mais à la fin, vous
devez vous retourner contre eux. Ce sont les règles. A cause de ça, Battle
Royale est assez violent sur la fin et ils doivent changer de camp des fois.
Comme, il y a longtemps, Dynamite Kid et Davey Boy Smith, deux partenaires, et
Animal Warrior et Hawk Warrior, ils étaient ensemble aussi. Bon, je ne me
rappelle pas comment c’était, mais un d’entre eux s’est retourné
contre l’autre, une fois qu’ils avaient gagnés. J’aimais leur relation
fraternelle, et j’étais assez surpris.
Quand vous faites équipe, il faut que vous prépariez une attaquer plus tard,
parce qu’ils pourraient vous poignarder dans le dos avant vous. Vous voulez
voir un Battle Royale maintenant, vous dites ? Bien, maintenant les équipes
sont formées, mais j’aime regarder qui pourrait jouer. Keiji Takefuji,
Shinya Hashimoto, Mitsuharu Misawa, Toshiaki Kawada, Nobuhiko Takada,
Yasukatsu Funagi, Akira Maeda, la Super Sasuke, Hayabusa, Kenji Takano,
Genichirou Tenryuu et Choshu Riki, Fujinami Shinji, et Kengo Kimura. C’est
super d’ajouter Youji Anyuu et Spell Delphine aussi. Les voir tous les deux
c’est génial. Pour les filles, Takako serait bien. Aja Kong et Manami
Yutada, Keiko Inoue, Yumiko Horita, Akira Hokuto, Bull Nakano et bien sûr
Western Dynamite, Cutie Suzuki, et Akira Fukuoka, Mayumi Ozaki, Shinobu
Kamitori et Chigusa Nagayo, et qui d’autre… Quoi ? Vous n’en avez pas
entendu parler ? Vous êtes vraiment venus ici voir un combat ? Oh, non non
non non non !! Tue les, Takako !! Takako !! Ouais !!!!!!
(Nb : Tous les noms listés ici sont ceux de
vrais catcheurs japonais)
CHAPITRE 0 – Le jeu commence
La classe de 3-B Shiroiwa Junior High School partait en voyage de fin
d'année. Shuya Nanahara était dans le car avec son ami Yoshitoki Kuninobu,
et observait la classe ainsi que ses camarades. Ils étaient dans la même
classe depuis l'année dernière. Les élèves étaient tous excités par ce
voyage qui les emmenait à l île de Kyushu.
Shuya regarda ses camarades, les filles au devant du bus avec leur professeur
M. Hayashida étaient les suivantes : Yukie Utsumi, la déléguée avec sa
jolie coiffure, Haruka Tanizawa, qui était la capitaine de l'équipe de
volley et qui était très grande, Izumi Kanai, Satomi Noda, qui était
l'étudiante modèle avec ses lunettes et qui était calme, ainsi que Chisato
Matsui, qui était toujours silencieuse. Shuya les qualifiait de neutres par
rapport au groupe de délinquantes composé de Mitsuko Soma, d'Hirono Shimizu
et de Yoshimi Yahagi. Juste à côté du conducteur se trouvait le couple de
la classe : Kazuhiko Yamamoto et Sakura Ogawa, qui étaient en train de
rire.
Plus près de Shuya, se trouvait Yoshio Akamatsu, qui était le plus gros
garçon de la classe et qui était timide, ce qui lui valait d’être l'objet
des moqueries et des insultes. Il était très occupé, entrain de jouer avec
sa console portable. Se trouvaient également Tatsumichi Oki, handballeur,
Kazushi Niida, footballeur, et Tadakatsu Hatagami, qui étaient assis
ensemble. Shuya faisait partie autrefois de l'équipe de baseball à
l’école élémentaire et avait été ami avec Tadakatsu, mais cela
s’était arrêté. Shuya avait commencé à jouer de la guitare, activité
non patriotique, selon la mère de Tadakatsu... Il avait alors du changer
d'amis.
Shuya entendit un petit rire derrière Akamatsu. C’était l’un de ses
nouveaux amis : Shinji Mimura, un garçon aux cheveux courts avec une boucle
d'oreille. Ils étaient devenus camarades de classe l'année dernière. Shinji
était mieux connu sous le nom de "The Third Man". Il était athlétique,
comme Shuya, bien que Mimura avait dit un jour :"Je suis meilleur, vieux." Il
n’était pas vraiment fort en maths ou en anglais, mais il connaissait
beaucoup de choses sur la vraie vie, et ses points de vue révélaient une
grande maturité. Il avait toujours une réponse pour chaque question et il
savait toujours ce qu'il fallait dire quand vous étiez mal. Il disait " Tu le
sais, je suis THE THIRD MAN", mais il n'était jamais arrogant. C'était
quelqu'un de bien.
Shinji était assit à côté de son camarade Yutaka Seto, le clown de la
classe. Celui-ci avait du lancer une autre blague car Mimura éclata de rire.
Hiroki Sugimura était assis juste derrière eux et était en train de lire un
livre. Il était grand, réservé, et pratiquait les arts martiaux. Il
n'était pas trop avec les autres garçons, mais quand on le connaissait,
c’était un garçon très gentil, juste timide. Hiroki lisait un livre sur
la poésie chinoise. Shuya regarda ensuite Kuninobu. Ils étaient amis depuis
qu’ils avaient partagé une chambre à l'orphelinat catholique appelé « la
maison de la charité ».
Dans le car, Shuya se retourna et vit le groupe de délinquants, dont Ryuhei
Sasagawa et Mitsuru Numai. Ils étaient en train de parler et de plaisanter
vulgairement. Mais ce qui surprit le plus Shuya, c’était le fait que Kazuo
Kiriyama participait à une activité extrascolaire comme ce voyage de fin d
année. Kazuo était le chef des délinquants dans la région. Sa réputation
en faisait une légende. Son père était un homme très important et il y
avait des rumeurs disant que Kazuo était un enfant illégitime. Kiriyama
avait un beau visage et une voix particulièrement basse, mais il était
intimidant. C’était aussi le meilleur élève de la classe, et le seul qui
pouvait être à sa hauteur était Kyoichi Motobuchi, qui étudiait si
durement qu’il ne dormait pratiquement pas. En sport, Kazuo était meilleur
et plus gracieux que n'importe qui dans la classe. Seuls Shuya et Mimura
pouvaient sérieusement rivaliser avec lui. Mais Shuya devait admettre que
Kazuo était… Parfait. Il était différent. Il ne faisait pas de vilaines
actions comme Sasagawa. Il était beaucoup absent et pour Shuya, imaginer
Kazuo entrain d’étudier lui était complètement absurde. En cours, il
était tranquillement assis sur sa chaise, et il restait silencieux comme s'il
n’avait rien à faire en classe.
« Shuya. »
Noriko Nakagawa, assise pas très loin de lui, lui tendit quelque chose sous
cellophane. Cette fille faisait partie du groupe des neutres avec Yukie. Elle
était petite et assez commune. S’il y avait une seule chose de particulier
chez elle, c’était le fait qu’elle écrivait les meilleures compositions
en littérature. C’était en plus de cette façon qu’ils s’étaient
connus. A un moment, il passait son temps libre à écrire des paroles pour
ses chansons et Noriko avait insisté pour les lire. Noriko était
généralement avec la bande de Yukie, mais ce jour là, comme elle s’était
levé tard, elle n’avait eu d’autre choix que de se mettre à la première
place libre. Noriko, troublée par Shuya dit :
« Mon frère m’a demandé de cuisiner des gâteaux et il en restait. Et
comme ils sont meilleurs frais, je les ai rapporté pour toi et Mr Nobu. »
Mr Nobu était le surnom de Kuninobu, qui lui était très approprié comme
celui-ci était très calme et très mature. Aucune des filles ne l'appelait
par ce surnom, mais Noriko n’avait pas de problème pour appeler les
garçons par leur surnom. Pourtant Shuya avait un surnom comme Mimura, mais
personne ne lui disait en face. Mais, quoi qu’il en soit, Noriko était la
seule à l'appeler par son prénom.
Nobu, qui les écoutait, les interrompit :
« Vraiment ? Pour nous ? Merci beaucoup ! Si c’est toi qui les as fait, je
parie qu’ils sont délicieux ! »
Shuya se dit que Nobu ne pouvait pas être objectif dans ses propos. Quand
Noriko s’asseyait à côté d eux, Nobu devenait très nerveux.
Il y a un mois, pendant les vacances de printemps, ils étaient en train de
pêcher et Nobu lui avait alors confié :
« Hé Shuya, je suis amoureux de quelqu'un.
-Oui, qui c'est ?
-Nakagawa.
-Tu parles de la fille de notre classe.
-Oui.
-Laquelle ? Il y a deux Nakagawa. Yuka Nakagawa ?
-Hé, je ne suis pas comme toi. Je ne suis pas trop attiré par les filles
grosses.
-Tu rigoles ? Tu dis que Kazumi est grosse ? Elle à un peu de rondeurs
c’est tout.
-Désolé, désolé. Mais, en tout cas, c'est Noriko.
-Ah, ouais, elle est très bien.
-Tu trouves aussi ? Je savais que tu penserais ça aussi.
-Oui, bien sûr. »
Noriko ne semblait pas se rendre compte des sentiments de Nobu, malgré le
comportement de celui-ci. Shuya repensa à Kazumi, une musicienne dont il
était tombé amoureux. Il n'avait eu aucune chance. Ne lui avait-elle pas dit
qu’elle l'aimait mais qu’elle sortait déjà avec quelqu'un d’autre ?...
Il prit le paquet et demanda à Noriko si elle leur donnait tous les gâteaux.
Elle lui répondit que les garçons pouvaient tous en prendre. Shuya répliqua
qu’ils ne seraient pas les seuls à vouloir en prendre.
En disant cela, il regarda le garçon assis juste à côté de Noriko.
Celui-ci, dans son uniforme scolaire, avait les yeux fermés. Ses cheveux
étaient tellement courts qu’on aurait pu le prendre pour un singe. En tout
cas, il paraissait bien vieux pour un collégien ! Il y avait une chose que
Shuya savait. Bien que la classe B était constituée des mêmes élèves que
l'année dernière, Shogo les avait rejoint au mois d'avril. Il était
d'originaire de Kobe. En fait il avait du s'absenter de l école pendant un
an à cause d’une maladie ou d’une blessure. En d'autres termes, il avait
un an de plus que Shuya et ses camarades. Shuya n’en avait jamais parlé à
ses camarades, mais c’était ce qu’il avait entendu. Il y avait une rumeur
qui circulait : Shogo était un fameux voyou dans son ancienne école et son
hospitalisation était du à une bagarre. Pour justifier cette rumeur, son
corps était couvert de cicatrices. Il en avait une qui devait être du à un
coup de couteau, à coté de son arcade sourcilière. Quand il se changeait
dans les vestiaires, Shuya était choqué de voir les mêmes cicatrices sur
son corps. Il en y avait même deux sur son épaule gauche, qui ressemblaient
à des blessures faites par une arme à feu. C’était incroyable.
A chaque fois qu’il entendait ces rumeurs, quelqu’un disait qu’il
finirait à la fin par se battre avec Kiriyama. Après que Shogo ait été
transféré dans leur école, Sasagawa avait tenté de l’intimider, mais il
avait échoué. Celui-ci avait même demandé l’aide de Kazuo, mais il
était resté impassible. Celui-ci n’avait d’ailleurs jamais dit un mot à
Shogo et ne s'intéressait pas à lui. La classe B avait été soulagée, tout
resterait calme, la chance ! Mais tout le monde continuait à éviter Shogo
par rapport à son âge, et à cause des rumeurs. Shuya n'aimait pas juger les
gens sur cela.
Il regarda de nouveau Shogo et dit à Noriko :
-« J’imagine qu il doit dormir.
-Hmm, hésita Noriko tout en le regardant. Je ne veux pas le réveiller.
-Il n'a pas l'air d’un type qui aime les gâteaux. »
Noriko émit un petit rire et Shuya fit de même, quand ils entendirent :
-« Non merci. »
Shuya jeta un coup d'oeil à Shogo, cette voix résonnant dans sa tête. Bien
que cette voix ne lui paraissait pas familière, il était évident que cela
venait de Shogo, qui continuait à garder les yeux fermés. Shuya réalisa
alors qu'il avait rarement entendu sa voix. Noriko regarda Shogo, puis Shuya.
Celui-ci haussa les épaules en guise de réponse et fourra dans sa bouche un
autre gâteau. Il continua à bavarder avec Noriko et Yoshitoki quelque temps,
mais ...
Il était presque 22h quand Shuya remarqua quelque chose d'étrange. Nobu à
sa gauche s'était endormi brusquement et on l'entendait respirer tout
doucement. Mimura et Noriko dormaient aussi. Personne ne parlait, et tout le
monde semblait endormi. Shuya trouvait cela étrange. N’était-il pas un peu
tôt pour dormir, surtout pendant un voyage scolaire ? Il remarqua que le
conducteur portait un masque à oxygène. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer
? On ne pouvait plus respirer dans ce bus ? Shuya entendit un bruit et se
sentit faible.
Shogo tenta de briser la vitre mais en vain. Shuya le vit tomber et cru avoir
entendu cette voix basse qui lui était désormais familière dire : " Merde."
Presque immédiatement, Shuya s'endormit. Au même moment, les parents des
élèves à Shiroiwa reçurent la visite d'hommes en noir. Les parents
étaient alarmés par cette visite tardive et encore plus quand on leur
présenta des documents avec le tampon officiel du gouvernement. Dans la
plupart des cas, les parents savaient que leurs enfants qu'ils aimaient tant,
ils ne les reverraient jamais. Certains protestèrent franchement. Ils se
firent électrocuter, d’autres se faisant même tuer, rejoignant un monde
où leurs enfants n’allaient pas tarder à les rejoindre.
Pendant ce temps, le bus transportant la classe 3-B s'arrêta. Ils étaient
arrivés. L'homme qui devait avoir la quarantaine avec ses cheveux grisonnants
ressemblait à un gentil conducteur de bus. Il portait encore son masque à
oxygène et il jeta un regard sur les élèves, le regard plein de pitié.
Mais dès qu’un autre homme apparut, le visage de cet homme changea. Il fit
le salut républicain, puis pressa le bouton de la porte pour qu'on puisse
transporter les élèves.
Elèves survivants : 42.
CHAPITRE 1
Pendant un instant, Shuya crut être revenu dans sa salle de classe. Mais ce
n'était pas celle de la classe 3-B. Il remarqua que les garçons portaient
leurs uniformes, ainsi que les filles. Ses 41 camarades, qui quelque temps
avant, étaient en train de voyager tranquillement dans le bus. Shuya remarqua
qu’ils étaient tous endormis. Il était le seul réveillé. En plus, il ne
savait même pas quelle heure il était. Shuya regarda sa montre. Une heure.
Du matin ? De l après-midi ? La date indiquait le mardi 22. Il observa
ensuite ses camarades. Bien sûr, cette situation lui paraissait étrange,
mais il y avait quelque chose qui le dérangeait encore plus. Shuya le
réalisa immédiatement. Noriko, le visage collé sur le bureau, avait un
collier métallique autour du cou. Il regarda Nobu, Mimura, Hiroki. Tout le
monde en avait un.
Shuya toucha son cou et il sentit quelque chose de dur et froid. Il voulut
l'enlever mais il était si serré qu’il ne réussit presque pas à le
bouger. A ce moment là, il eut l’impression d’étouffer. Des colliers en
métal ! Des colliers en métal, comme si ils étaient des chiens ! Merde !
Qu’a-il bien pu se passer pendant ce voyage scolaire ? Son sac de sport
était à ses pieds, il avait bien mis hier ses vêtements, des serviettes et
une flasque de bourbon. En fait, tout le monde avait son sac à ses pieds.
Soudain, un bruit se fit entendre et la porte s'ouvrit. Un homme rentra. Il
regarda Shuya qui était le seul réveillé. Ils s'observèrent tous les deux.
Mais d'autres étudiants se réveillèrent aussi. Shuya regarda la classe et
comme Nobu le vit, il lui montra son collier autour du cou. Nobu toucha son
cou immédiatement et fut choqué d'avoir ce collier autour du cou. Il regarda
tout autour de lui. Noriko regarda également Shuya avec un air malheureux.
Quand tout le monde fut réveillé, l’homme parla avec une voix joyeuse :
"Tout va bien, tout le monde est réveillé ? J'espère que vous avez tous
bien dormis !"
Personne ne prononça un mot. Même Yutaka Seto et Yuka Nakagawa, qui
parlaient toujours et étaient les clowns de la classe, étaient silencieux.
Elèves survivants : 42.
CHAPITRE 2
L'homme se présenta. Il s'appelait Kinpatsu Sakamochi, et était leur nouvel
instructeur. Il l'écrivit même au tableau. Etais-ce une plaisanterie?
C’était sûrement un pseudonyme. La déléguée de classe, Yukie Utsumi, se
leva et dit :
" Je ne comprends pas ce qui se passe ici. "
Tout le monde la regarda. Avec sa jolie coiffure, elle était vraiment belle,
mais sa voix autoritaire contrastait. Yukie était convaincue qu'ils avaient
eu un accident de voiture, ou qu'un évènement s'était produit et leur avait
tous fait perdre conscience. Elle continua :
" Que se passe-t-il ici ? Nous sommes en plein milieu de notre voyage scolaire
? Tout le monde va bien ? "
Elle se tourna et regarda tous ses camarades. Certains commencèrent à
geindre :
" Où sommes nous ? "
" As-tu perdu conscience aussi?"
" Quelle heure peut-il être? "
" Tout le monde a perdu conscience ?"
" Merde, je n'ai pas de montre! "
" Tu te rappelles d'être sorti du bus ? "
" Dans quelle galère on est ? "
" Je ne me rappelle de rien! "
" C’est terrible! Que se passe-t-il ? J'ai peur! "
Après avoir observé Sakamochi écouter silencieusement, Shuya regarda ses
camarades. Il y en avait beaucoup qui restaient silencieux. La première chose
qu'il remarqua, c’était le calme de Kazuo. Celui-ci ne prêtait aucune
attention à sa bande qui s'adressait à lui : Sasagawa, Numai, Kuronaga et
Tsukioka. Ensuite, Mitsuko parait fatiguée. Son siège était bien loin
d'Hirono et de Yoshimi. Il lui semblait évident qu’aucunes des autres
filles, ni même les garçons, ne tenteraient de lui parler. (A gauche de
Shuya,Hirono et Yoshimi discutaient ensemble.) Mitsuko, belle comme une idole,
avait toujours cette triste expression sur son visage. (Hiroki assis juste
devant elle parlait avec Hatagami.) Shogo ne quitta pas des yeux Sakamochi. Il
prit un chewing-gum et le mâcha, tout en continuant de le regarder. Shuya vit
Noriko qui tremblait et qui semblait nerveuse. Nobu était assis juste devant
elle, mais il était occupé à parler avec Shinji. Shuya la regarda et lui
fit signe de se calmer. Cela fit effet et Noriko se détendit un peu.
"Bien, maintenant, taisez-vous s'il vous plait. "
Sakamochi frappa plusieurs fois dans ses mains pour attirer l'attention de la
classe.
" Laissez-moi vous expliquer la situation. La raison pour laquelle vous êtes
là aujourd'hui... "
Il finit sa phrase :
" ... est de vous entretuer. "
Personne ne répondit. Tout le monde resta pétrifié, comme sur une
photographie. Mais Shuya remarqua que Shogo continuait tranquillement à
mâcher son chewing-gum, son expression n’ayant pas changé durant l'annonce
de Sakamochi. Celui-ci, en souriant, dit :
" Votre classe a été sélectionné pour le Programme cette année. "
Certains commencèrent à crier.
Elèves survivants : 42.
CHAPITRE 3
Chaque élève étudiant dans la "Republic of Greater East Asia" savait ce que
signifiait le Programme. Shuya se souvenait de la première fois qu'il en
avait entendu parler. C'était un peu avant ses 4 ans, à l’école
élémentaire. C’est à cette époque qu’il avait commencé à vivre sa
nouvelle vie à l’orphelinat, après les formalités entreprises par un ami
de son père, après la mort de ses parents dans un accident de voiture. Les
parents de Shuya avaient été impliqués dans des activités
anti-gouvernementales, disaient les gens, mais Shuya n’avait jamais cru
cela. Shuya regardait la TV avec Yoshitoki Kuninobu, qui venait d’arriver à
l’orphelinat quelques temps après lui. Le dessin animé qu’ils
regardaient venait de finir, et Ryoko Ando, qui était la fille de la
directrice, avait changé de chaîne. Shuya avait regardé l’écran sans
grand intérêt, mais l’homme en costume qui faisait face à la caméra
parlait avec animation, et Shuya avait comprit qu’il s’agissait des
"News", et qu’il se trouvait alors sur n’importe quelle chaîne. L’homme
lisait un texte. Shuya ne se souvenait pas de ce qu’il contenait, mais cela
ressemblait à peu près à :
"Le Programme, qui a eu lieu pour la première fois en 3 ans à la préfecture
de Kagawa, a pris fin à 3h12 de l’après-midi. Nous avons reçus les
informations du porte parole du gouvernement, qui a choisi la classe de 3-E du
lycée Zentsuuji dans la ville de Zentsuuji-city. Le lieu où à eu lieu le
Programme était l’île de Shitaka Island, à 4 kilomètres de Tadotsu-city.
Le Programme s’est étalé sur 3 jours, 7 heures et 43 minutes.
Actuellement, une collecte des corps et des autopsies sont en cours. Aux
dernières nouvelles, les causes de la mort des 38 élèves sont les suivantes
: 17 morts par balle, 9 par coups de couteau, 5 morts par blessures au crâne,
3 par étranglement…"
Shuya voyait encore la jeune fille qui était sortit gagnante du Programme, en
uniforme scolaire, entourée par les militaires, et des membres de la Défense
Nationale. Son visage faisait face aux caméras. Sous ses cheveux en
désordre, une substance noirâtre tachait sa tempe. Etrangement, Shuya s’en
souvenait très bien. Mais pourquoi cette fille avait-elle sourit aussi
étrangement ? C’était sans doute la première fois que Shuya avait vu une
personne ayant perdu la raison. Il avait eu l'impression de voir vu un
fantôme. Shuya avait demandé :
"Madame, qu’est ce que c’est ?"
Madame Anno, la directrice de l'orphelinat, avait dit :
"Ce n’est rien."
Mais Shuya se souvenait l’avoir entendu murmurer : "Pauvre fille...".
Yoshitoki Kuninobu avait perdu son intérêt pour la TV depuis longtemps et
mangeait une poire.
Les années passèrent, mais le Programme continuait. Tous les deux ans, le
même homme faisait un récapitulatif. Depuis le début du Programme, 50
classes y avaient participé, et il y avait à peu près 40 élèves par
classe. Cela faisait environ 2000 personnes. C'était plus qu'une exécution
massive. Les étudiants devaient s'entretuer pour survivre. C'était la plus
terrifiante version des chaises musicales. Mais Shuya pensait qu'il ne serait
jamais choisi. Merde ! Une fois, quelqu’un dans sa classe, une fille, avait
dit, en pleurs, " Mon cousin est dans le Programme". Chaque fois qu’il
entendait parler de cela, le visage de la fille revenait à sa mémoire. En
même temps, il se souvint de sa colère. Qui avait le droit de faire autant
de mal à une fille aussi douce ? Mais, même ces filles, après être
devenues dépressives, voudraient être capable de sourire encore. En même
temps, la peur en Shuya, et la colère, disparaîtraient… Mais, ils
laisseraient à leur place un léger sentiment de méfiance et d’impuissance
face au gouvernement. C’était comme ça. Et alors, cette année quand ils
étaient devenus finalement des 3e, Shuya, et sûrement le reste de sa classe
B, croyaient que tout irait bien, qu’ils étaient tirés d’affaire. Non,
ils ne pouvaient le croire. Jusqu'à maintenant.
" C’est impossible.", lança Kyoichi Motobuchi, le chef de la classe.
Son visage était devenu pale et gris, et contrastait avec ses verres de
lunettes dorés. Certains de ses camarades espéraient qu'il allait protester
et dire "Tuer les amis avec qui on a passé du temps, et rigolé jusqu'à hier
? Impossible ! Il doit y avoir une erreur !" Mais non, Kyoichi les laissait
tomber.
"Je… Mon père travaille pour le gouvernement, dans l’environnement. Ils
ne peuvent pas avoir pris la classe où je suis pour le P..Programme."
Kyoichi avait dit cela d’un trait, choqué, et plus nerveux que
d’habitude. L’homme qui s’appelait Sakamochi sourit.
“Tu es Motobuchi, c’est ça. Tu dois sûrement connaître ce que signifie
l'égalité. Les hommes sont nés égaux. Que quelqu’un ait des parents qui
travaillent pour le gouvernement, ce n’est pas un motif suffisant. Il est au
même niveau que n’importe qui d’autre. Vous venez de milieux différents.
Il y a des riches, des pauvres, ici. Mais, ça ne détermine pas votre valeur.
Votre valeur c’est ce que vous en faites vous-même. Alors, Motobuchi, tu
pense peut être à tort que tu es spécial… Mais c’est quelque chose que
tu ne dois jamais faire !!! ".
Après avoir s'être fait crier dessus aussi fort, Kyoichi se renfonça dans
son siège.
"Votre situation va être diffusée aux journaux ce matin. Bien sûr, le
Programme est une expérience secrète, alors il n’y aura pas vraiment de
détails, et ce jusqu'à la fin. Mais, hum, vous avons aussi informés vos
parents."
Tout le monde semblait perdu. "Des élèves se massacrant entre eux ?
Impossible !" Sakamochi poursuivit :
"Vous ne croyez pas à ce qui vous arrive, c’est ça ? J'ai besoin de vous
les gars, rentrez ! "
Il se tourna vers la porte, et trois hommes entrèrent. Ils portaient des
tenues de combat et il paraissait évident que c’était des soldats. Des
armes automatiques étaient accrochées à leur ceinture. Ils avaient dans
leurs mains un grand sac noir qui ressemblait à un sac de couchage. Sakamochi
reprit :
"Laissez-moi vous présenter ces hommes qui vont vous assister pendant ce jeu
: Mr Tahara, Mr Kondo et Mr Nomura. Maintenant messieurs, pourquoi ne leur
montrez-vous pas ce qu'il y a à l'intérieur ?"
Tahara commença à ouvrir le sac. Une substance rouge s'écoula lentement...
Avant que le sac ne soit totalement ouvert, une des filles assises à
l’avant se mit à crier, immédiatement suivi par les autres. Certains ne
voyant rien se demandaient ce qu’il se passait. Shuya retint sa respiration.
Il pouvait voir le corps de son professeur, responsable de la classe B. Masao
Hayashida. Son costume était imprégné de sang. Il ne restait que la moitié
de ses grosses lunettes noires, où on pouvait voir la marque qui était
devenu son surnom : "Dragon Fly". La moitié de sa tête était resté
"intacte" et sa cervelle avait débordé de ce qui lui restait de cheveux. Il
lui manquait aussi un bras.
" Tout va bien, silence maintenant. Taisez-vous. Silence! "
Sakamochi frappa dans ses mains, mais les cris de certaines filles ne
s'arrêtèrent pas. Alors, le soldat Kondo prit son arme. Shuya s'attendait à
ce qu'il tire en l'air pour avoir le silence, mais celui-ci saisit la tête de
Mr Hayashida, et mit deux balles dans la tête du professeur. Le reste de la
tête se désintégra sous les projectiles. Des morceaux de cervelle et des os
formèrent une sanglante substance, et certains des plus proches élèves en
reçurent sur le visage. Il n'y avait plus aucune trace de la tête de Mr
Hayashida, et Kondo poussa le corps du pied.
Plus personne ne criait.
Elèves survivants : 42.
CHAPITRE 4
La plupart des élèves debout retournèrent timidement à leurs sièges. Un
des soldats prit le sac qui contenait le corps d'Hayashida, et le mit dans un
coin de la classe, avant de reprendre sa place avec les deux autres soldats
devant le pupitre. Sakamochi retourna à sa place derrière celui-ci. Le
silence retomba dans la classe, mais au fond de la classe quelqu’un gémit,
suivi par le son humide du vomi sur le sol.
"Bien, comme vous avez pu le voir, Mr Hayashida s'est violemment opposé à la
sélection de votre classe pour le Programme. C'était si soudain, on a eu du
mal, mais ..."
Le silence retomba. Tout le monde s’en était rendu compte. Ce n'était pas
une erreur, et encore moins une farce. Ils allaient bien être forcés de
s'entretuer. Pourtant, Shuya essayait de penser clairement. Il ne savait pas
comment, mais il devait s’enfuit d’ici. Mais comment... Oui, il allait
demander l’aide de Yoshitoki, et aussi celle de Shinji et Hiroki. Mais,
comment le Programme marchait, au fait ? Les détails n'étaient jamais
publiés. Il avait entendu qu’ils auraient des armes et se battraient, mais
seraient-ils capables de se parler entre eux ? Comment se déroulait le
contrôle du gouvernement…
" Je, je... "
Les pensées de Shuya furent interrompues par une voix. Il releva la tête et
ouvrit les yeux. Kuninobu Yoshitoki essayait de parler mais son visage était
rouge. Le corps de Shuya se tendit. Ne les provoque pas Yoshitoki !
"Oui? Qu’est ce qu'il y a ? Tu peux me demander n'importe quoi."
Sakamochi sourit amicalement tandis que Yoshitoko, comme une marionnette,
poursuivit:
"Je... n’ai pas de parents. Alors qui avez vous contacté ?"
"Ah," Sakamochi inclina la tête, "Je me rappelle qu’il y a quelqu'un qui
vient d'une de ces institutions d'aide sociale. Donc tu dois être Shuya
Nanahara ? Alors selon le rapport scolaire, tu es celui qui a des idées
dangereuses, donc..."
"Je suis Shuya", interrompit ce
dernier, en haussant sa voix.
Sakamochi jeta un coup d'oeil sur Shuya, puis sur Yoshitoki. Celui-ci regarda
Shuya avec un air interloqué.
"Oh, c’est vrai, désolé. Je suis si confus. Il y en a un autre. Donc toi,
tu es Yoshitoki Kuninobu. Hé bien, j'ai contacté la directrice de
l'orphelinat où vous avez tous les deux grandi. C'est vrai ... qu'elle était
très jolie.", dit Sakamochi avec un large sourire.
Bien que son sourire voulait apparaître gai, il y avait quelque chose de
dérangeant dans celui-ci. Le visage de Shuya se crispa.
"- Quoi? Qu'avez vous à Madame Anno?
- Hé bien! Comme Monsieur Hayashida, elle n'a pas été très coopérative.
Ils n'avaient pas accepté tous les deux votre participation au Programme,
alors pour obtenir son silence, bien, j’ai du... ", Sakamochi continua
calmement."La violer. Oh pas de souci. Ce n'est pas comme si il était morte."
Shuya devint rouge de colère et se leva d'un bond, mais avant qu'il ne puisse
prononcer un mot, il entendit Yoshitoki hurler "Je vais te tuer !".
Yoshitoki était debout. Son expression avait changé. Il avait toujours été
si amical avec tout le monde. Peu importe ce qui se passait, il était
impossible d'imaginer qu'il pouvait se mettre en colère. Personne dans la
classe ne l'avait vu dans cet état là, sauf Shuya et même deux fois. La
première fois, une voiture avait renversé le chien de l'orphelinat, Eddie,
et Yoshitoki avait pourchassé la voiture. La deuxième fois, c’était il y
a un an. Un homme avait utilisé les soucis d'argent de l'orphelinat comme
moyen pour se rapprocher de Madame Anno. Alors qu'elle s'était débrouillée
pour rembourser l'argent, elle avait du continuer à repousser ses avances.
L’homme l’avait coursé juste devant Shuya et Yoshitoki, comme s’il
avait voulu que tous les résidents de l'orphelinat l'entendent. Si Shuya
n'avait pas arrêté Yoshitoki, l'homme aurait perdu ses dents de devant,
quoique son ami ait été blessé sérieusement. Celui-ci était extrêmement
gentil. Même quand on l'insultait, il arrivait à en rire. Mais quand on
s'attaquait à une personne à qu'il tenait énormément, sa réponse était
en conséquence disproportionnée. C'était ce qu'admirait Shuya chez lui.
"- Je vais te tuer, sale bâtard ! Je vais te tuer et t'écraser comme une
merde !
-"Hmm," Sakamochi paraissait amusé. "Es-tu sérieux Yoshitoki ? Tu sais qu'on
doit être responsable de ses paroles."
- "Te fous pas de moi ! Je vais te tuer, souviens toi de ça !"
- "Arrête Yoshitoki ! Arrête!"
Ce dernier ne prêta aucune attention aux cris de Shuya. Sakamochi prit une
étrange voix, parlant doucement, comme s’il voulait apaiser Yoshitoki.
"- Tu vois Yoshitoki ! Ce que tu fais maintenant exprime ton opposition au
gouvernement !
- Je vais te tuer, je... je… je... Je vais te tuer !"
Shuya ne pouvait plus se contenir, et quand il voulut recommencer à crier,
Sakamochi secoua la tête et fit un geste à l'attention des trois soldats
debout près du pupitre.
Ils ressemblaient à un boys band. Tahara, Kondo et Nomura, les trois hommes
en tenue de camouflage, levèrent leurs mains en faisant la même pose.
C’était une vraie pose, pleine d’émotion, vraiment dramatique. Mais bien
sûr, dans leurs mains, ils tenaient une arme. La chanson aurait pu ressembler
à :
"Bébé s’il te plait, oh bébé s’il te
plait, passe cette nuit avec moi."
De sa place, Shuya vit les yeux de Yoshitoki s'écarquiller. Les soldats, avec
leurs trois pistolets, se mirent à tirer, et le criblèrent de balles. Cela
se passa si rapidement que Noriko assise à coté de lui n'eut même pas le
temps de se baisser. Les balles fusèrent et celles qui n'atteignirent pas
Yoshitoki s'écrasent sur son bureau et à coté d'Izumi Kanai. Celle ci
hurla. La fumée qui sortait des armes des soldats disparut peu à peu.
Shuya vit ce visage entre les pieds du bureau tourné vers lui. Ses grands
yeux écarquillés qui fixaient le sol. Il commença à couler sur le sol une
flaque luisante de sang. Son épaule droite convulsait.
Yoshitoki
!
Shuya se leva pour le rejoindre, mais Noriko assise plus près, fut plus
rapide. "Nobu !", cria-t-elle, en agitant la tête. Mais Tahara pointa son
arme sur elle et tira. Noriko trébucha et s'écroula à côté de Yoshitoki
qui se convulsait encore. Puis Tahara pointa son arme sur Shuya. Celui-ci
commença à devenir de plus en plus confus, et son corps se figea. Seuls ses
yeux bougeaient. Il vit le sang jaillir du mollet de Noriko.
" Tu ne dois pas quitter ton bureau sans ma permission.", lança Sakamochi, en
regardant Noriko, puis Shuya. " Pareil pour toi Shuya. Maintenant assieds toi
!"
Shuya fit de son mieux pour éviter de regarder la jambe ensanglantée de
Noriko et Yoshitoki derrière elle. Les muscles de son cou étaient tendus à
cause du choc de cette scène.
" Mais merde, c’est quoi cet enfer?"
Mais Tahara pointait toujours son arme sur lui. Cette fois-ci, Shuya éclata:
" Que faites-vous ? On doit aider Yoshitoki et Noriko. "
Sakamochi grimaça et secoua la tête :
" Oublie çà et assieds toi. Toi aussi Noriko."
Celle-ci était pâle et regardait Yoshitoki allongé à côté d’elle,
avant de lever les yeux sur Sakamochi. Elle semblait submergée par la colère
plus que par la douleur à sa blessure.
" S'il vous plait, de l'aide, pour Yoshitoki.", dit-elle.
Le bras de ce dernier continuait de trembler. Mais quand ils le regardèrent,
les convulsions s’étaient apaisées. Mais il n'y avait pas de doute que sa
blessure serait fatale s'il n’était pas soigné immédiatement. Sakamochi
soupira profondément et s'adressa au soldat:
" Bien, Mr Tahara, veuillez prendre soin de lui s'il vous plait. "
Avant qu'ils ne puissent comprendre ce qu'il voulait dire, Tahara visa et
tira. Blamm. La tête de Yoshitoki éclata et quelque chose éclaboussa le
visage de Noriko. Abasourdie, Noriko restait bouche bée. Son visage était
couvert d'une substance noirâtre. Shuya réalisa que dans sa bouche aussi.
Bien que des morceaux de la tête avaient éclaté un peu partout, les yeux de
Yoshitoki fixaient toujours le sol. Mais il ne convulsait plus, il ne bougeait
même plus.
-"Vous voyez," dit Sakamochi. "Il est déjà mort. Maintenant retournez à vos
sièges, tous les deux."
-"Ah…" Le son s’échappa de la bouche de Noriko, qui regardait toujours la
tête déformée de Yoshitoki. "Comment est-ce possible..."
Shuya lui aussi était abasourdi. Il ne détachait plus ses yeux du visage de
Yoshitoki, qui était allongé sur le sol. Il ne pouvait plus penser, comme si
son propre cerveau avait éclaté, lui aussi. Des souvenirs de Yoshitoki lui
traversèrent l'esprit. Des souvenirs des jeux auxquels ils s'amusaient… Le
camping, les promenades à côté de la rivière. Ce jour pluvieux passé à
jouer avec un vieux bateau, quand ils imitaient les héros Jake et Elwood, qui
comme eux étaient orphelins, dans le film américain "The Blues Brothers", un
film désormais recherché au marché noir… Et tout récemment, l'expression
de Yoshitoki quand il lui avait confié : "Hé Shuya, je suis amoureux de quelqu'un ..." Et ensuite ...
" Vous devez être sourd tous les deux", répéta Sakamochi.
Shuya n’avait en effet rien entendu. Il regarda fixement le visage de
Yoshitoki. C’était la même chose pour Noriko. En continuant comme cela,
ils n’allaient pas tarder à rejoindre Yoshitoki. Les trois soldats
pointèrent leurs armes sur eux, Tahara sur Noriko, les deux autres sur Shuya.
"Monsieur Sakamochi ?"
Une voix claire et calme s’éleva, et Shuya se retourna vers la source.
C’était Shinji Mimura. Il avait la main levée. Noriko le regarda
lentement.
" Hmm, voyons, tu dois être Shinji Mimura. Qu'est-ce qu'il y a ?
-Noriko est blessée," dit-il en baissant le bras, "J’imagine que je peux
l'aider à la faire revenir à son siège."
Malgré la gravité de la situation, Shinji parlait avec sa voix habituelle,
celle du "Third Man". Sakamochi haussa les sourcils, mais hocha la tête:
"Ok, vas-y. J'ai vraiment envie que les choses s'accélèrent."
Shinji hocha la tête, se leva, et marcha vers Noriko. Pendant qu'il
s'approchait d'elle, il sortit de sa poche un mouchoir soigneusement plié, et
se pencha entre le corps de Yoshitoki et elle. Shinji essuya en premier le
visage de Noriko, qui était couvert du sang de Yoshitoki, et complètement
tétanisée. Puis il lui dit: "OK, lève-toi Noriko". Shinji mit son bras
autour d'elle pour l'aider à se relever.
Shinji regarda Shuya qui était toujours à demi paralysé. Généralement,
Mimura avait toujours un regard amusé, mais ce jour là, ses yeux étaient
froncés et sérieux. Shinji leva un sourcil et fit un signe de main à Shuya,
qui ne comprit pas le signal. Mimura recommença le même geste. Bien que
Shuya soit toujours abasourdi, il finit par comprendre que Shinji lui disait
de se calmer. Il regarda alors Shinji et retourna lentement à son siège.
Shinji hocha la tête et après avoir aidé Noriko, il retourna lui aussi à
son siège.
Noriko était assise, sa jambe droite couverte de sang. Elle revint à elle
et regarda vers Yoshitoki sans dire un mot, les yeux emplis de larmes. Shuya
fit de même. Oui c'était un corps, aucun doute là dessus. C'était dur à
comprendre, mais Yoshitoki était devenu un corps, le corps de quelqu'un avec
qui il avait partagé dix ans de sa vie. La colère de Shuya ne faisait que
s'accroître, si bien que son corps tout entier se mit à trembler. Sakamochi
paraissait amusé par ce comportement.
Shuya ne lui pardonnerait jamais. Il tuerait ce bâtard. Il pourrait même
faire éclater sa colère, mais ... Mimura était intervenu à un moment
crucial, lui disant de se calmer... Si jamais il se révoltait, il finirait
comme Yoshitoki et le plus important, la fille que ce dernier aimait était
sévèrement blessée. S'il mourrait maintenant, qu’allait-il advenir de
Noriko ? Shuya essaya de se cacher ses larmes à Sakamochi, et de contrôler
ses émotions, même si le corps de son meilleur ami était juste devant ses
yeux. C'était incompréhensible. Comment pouvait-on perdre quelqu'un...
quelqu'un de si proche ? Yoshitoki avait toujours été avec lui, c’était
un fait. Sa présence était naturelle. Mais l’avait-il vraiment perdu ?
Shinji leva à nouveau la main.
"J'ai une autre question, Mr Sakamochi."
-"Encore toi ? Oui, qu’est-ce que c'est ?"
-"Noriko est blessée. J'ai compris que nous participions au Programme, mais
cela ne rend t-il pas le jeu inégal ?"
-"Hé bien oui," dit Sakamochi amusé. "Peut-être, et alors ?"
-"Et alors, elle doit être soignée, ce qui veut dire que le Programme doit
être reculé jusqu'a sa guérison, non ?"
Shuya, qui essayait de calmer sa colère, était surprit et impressionné par
le calme de Shinji. Si la requête était accordée, ils pourraient avoir plus
de temps, ils pourraient alors s'échapper.
"C'est une suggestion intéressante Shinji, tu es amusant, tu sais" dit
Sakamochi. "Mais j’ai une autre idée. On pourrait tuer Noriko maintenant,
et rendre ainsi le jeu égal ?"
Noriko trembla. Elle vit les muscles de Shinji se raidir sous son uniforme. Il
réagit immédiatement :
"Allons je plaisante, oubliez ça..."
Sakamochi éclata de rire et frappa dans ses mains :
" Ok, allez écoutez tous. Avant tout, chacun et chacune d'entre vous est
différent, selon son intelligence, son physique, sa dextérité, etc. Nous
sommes nés inégaux, donc nous n'allons pas traiter Noriko Nakagawa… Hé
toi, on ne bavarde pas !!", hurla soudain Sakamochi.
Il lança un objet blanc vers Fumiyo Fujiyoshi, qui était en train de
chuchoter quelque chose à la déléguée de la classe, Yukie Utsumi, qui
était assise juste à côté d'elle. Shuya imagina un instant que c'était
une craie qui avait été lancé, mais c’était bien entendu absurde, vu les
circonstances. L'objet fit un bruit sourd, comme un clou qu'on tape dans un
cercueil.
Un couteau fin était planté au milieu du front de Fumiyo. Yukie était
abasourdie. Fumiyo tomba. Maintenant il n'y avait plus aucun doute chez les
élèves de la classe. Qui pouvait survivre avec un couteau planté dans la
tête ? Personne ne bougea, personne ne dit un mot. Yukie respirait
profondément, et regarda Fumiyo ainsi que Noriko. Shinji Mimura garda ses
lèvres pincées quand il la vit s'écrouler entre les tables, comme
Yoshitoki. Shuya retint sa respiration et pensa :
"Il a fait ça comme un caprice, une fantaisie ! Merde ! Nos vies sont à la
merci de type, entre les mains de cet enfoiré de Sakamochi !"
"Oups, désolé," dit Sakamochi, "Je l'ai fait, je suis si désolé.
L'instructeur tuant quelqu'un, c’est contre les règles, hein?"
Il ferma les yeux et se gratta la tête, mais son visage redevint sérieux et
il dit :
" J'ai besoin de toute votre attention. Les comportements impulsifs sont
interdits. Ce qui signifie que les bavardages et les chuchotages ne sont pas
permis. C'est dur pour moi, mais si quelqu'un bavarde à nouveau, je lui
lancerais un autre couteau !"
Shuya serra les dents. Il se dit d'être patient et se le répéta encore et
encore, pendant que deux de ses camarades étaient écroulés morts sur le
sol. Il fixa le visage de Yoshitoki, se sentant impuissant. Shuya sentit qu'il
allait pleurer.
Elèves survivants : 40.
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