Casuistique loufoque I : secte ou pas secte ?

Souki

Hello ! Je voudrais vous soumettre une petite question sous forme de casse-tête. Autant dire que le but est juste de trouver des arguments pour et contre.

Vous êtes atteint d'une maladie psychiatrique grave et difficilement curable. Par exemple, vous êtes alcoolique, anorexique ou schizophrène. Une secte vient d'apparaître et vous tend les bras, en prétendant qu'elle est à même de vous guérir. Attention, c'est bel et bien une secte, qui vous demande de très fortes sommes d'argent et vous coupe de votre entourage, contrôlant tout dans votre vie. Or, il se trouve qu'elle est bel et bien à même de vous aider, et sans médicaments, là où des années de consultations voire de traitements ont échoué. Si vous entrez dans cette secte, votre espérance de vie s'allonge et votre entourage, dont vous êtes progressivement coupé, n'a plus à subir les souffrances liées à la maladie.

Que choisissez-vous ?

Si la question ne vous parle pas présentée ainsi, vous pouvez aussi imaginer qu'il ne s'agit pas de vous mais d'un proche.

Bulbizarrexx · Posté le: Ven Juin 22, 2012 09:25 am Sujet du message:

Cela me rappelle une nouvelle dans le (très très bon) dernier receuil de Stephen King : Nuit noire, étoile mortes publié chez Albin Michel.

Le type a un cancer, il rencontre un type et.... Smile

Tu verras si tu la lis, c'est justement à ce genre de dilemne extrême qu'est confronté le héros et l'histoire va se révéler assez dégueulasse et finalement totalement immorale!

C'est tellement proche dans l'idée de la reflexion que tu nous proposes ici que je me demande si tu ne sors pas tout juste de la lecture de cette nouvelle d'ailleurs! Wink

Lyriss · Posté le: Ven Juin 22, 2012 09:57 am Sujet du message:

Chacun est libre de perdre sa liberté comme il l'entend.

Famille, carrière, passion, amour, religion, secte … le choix est vaste !

Penseur Pensif · Posté le: Ven Juin 22, 2012 10:55 am Sujet du message:

Ben tout dépend quel bonheur on veut favoriser...

Le pire des tueur a quand meme un frères et le pire des schizo aussi, ce priver de sa famille c'est, a mon avis les faires souffrir, et au final un malade soude bien plus la famille que que des biens portant.

Aprés c'est plus une question d'égocentrisme, si je veux mon seul et unique bonheur je vais dans la secte, ou si je préfère le bonheur des autres je reste dehors en sachant que je leurs causerais aussi du tord...

Souki · Posté le: Ven Juin 22, 2012 11:17 am Sujet du message:

Je ne tiens pas à trop intervenir pour l'instant, vos réponses m'intéressent. Simplement :

Bulbi : non, je ne l'ai pas lu, ce recueil. L'idée m'est venue alors que je passais un coup de fil à mon ex, qui est alcoolique, sachant que quelques heures plus tôt j'étais passée à l'HP du coin pour voir un pote schizo (oui, ma vie est un freaks show). Par contre, j'irais bien y jeter un coup d'œil à cette nouvelle, si tu m'en donnes le titre.

PP : il ne faut pas oublier que je parle de troubles excessivement difficiles à vivre pour les familles, qui ont à assumer une personne souvent instable socialement, qui en plus de se détruire a tendance à détruire aussi ceux qui vivent autour...

Sofiiiii · Posté le: Ven Juin 22, 2012 12:06 pm Sujet du message:

J'ai du mal à faire choix puisque si je choisis de rejoindre la secte je me coupe de ma famille et de mes proches. Je gagnerai certainement en espérance de vie mais je vais certainement aussi perdre mon argent et ma liberté, est-ce que les choses en valent la peine ? Vivre plus longtemps mais seule ?

Si par contre je choisis de ne pas les rejoindre j'ai un gros risque de continuer à faire souffrir ma famille et mes proches, sans vivre encore très longtemps et dans beaucoup de souffrance...

Il n'y a pas de solution idéale ou miracle. Mais je pense que je préfèrerais vivre un peu moins longtemps entourée des miens plutôt que de gagner des années en me coupant de tout et en devenant la petite brique supplémentaire d'une grosse organisation de moutons, même si je gagne des années de vie.

Fromthesouth · Posté le: Ven Juin 22, 2012 12:19 pm Sujet du message:

Pour moi ça revient à faire un choix entre schizo et alcoolique. Et j'arrive pas à savoir quel est le plus nuisible des 3.

Et puis j'ai du mal avec l'idée qu'un proche puisse aller bien physiquement mais en contrepartie n'aie plus d'âme.

Sweetie Des Arts · Posté le: Ven Juin 22, 2012 13:09 pm Sujet du message:

Souki · Posté le: Ven Juin 22, 2012 14:02 pm Sujet du message:

Deux précisions :
1. ce n'est pas un espoir, c'est une certitude. L'espoir est du côté du refus d'entrer dans la secte : espoir qu'un traitement fonctionne un jour, espoir qu'on arrivera à surmonter la maladie ou à s'en accommoder mieux...

2. la secte ne promet pas le bonheur mais la guérison. Ce qui veut dire deux choses : d'une part, suppression des symptômes, puisque le problème disparaît et d'autre part, suppression des bénéfices secondaires, comme par exemple l'indulgence des autres pour le malade, le soin et l'attention constants de l'entourage, ce qui équivaut à redevenir responsable (mais ce coup-ci, on est dans une secte).

Vos réponses sont intéressantes. Je continue de vous lire.

Duckydoc · Posté le: Ven Juin 22, 2012 14:49 pm Sujet du message:

La question est finalement : choisir entre une vie et une autre.
La première : être atteint d’une maladie incurable impliquant une espérance de vie raccourcie
La seconde être guérie mais au sein d’une secte. Ai-je envie de vivre sous la coupe d’une secte qui m’imposera ma vie ? Qui choisira pour moi ?
Cela revient à me poser alors la question de savoir ce qu’est la vie ?

Il y a la vie biologique, l’animal humain, en quelque sorte. Sur ce plan là, la secte permet de vivre.
Mais la vie d’un être humain, c’est aussi le choix, la pensée, le libre arbitre. Sur ce plan là, la secte ne peut être compatible, pour moi, avec la vie dans la mesure où je n’ai plus le choix, plus de libre arbitre.

Tenons compte maintenant de l’entourage.
L’entourage souffre du fait que je sois malade. L’entourage voudrait que je sois guérie.
La secte peut répondre à cette attente. L’entourage,sur ce point, est soulagé.
En contre partie, la secte coupe les ponts entre moi et l’entourage.
L’entourage souffrira t il de cette rupture, supposée définitive dans cette question ? Oui.

Suis-je d’accord pour que mon entourage passe d‘une souffrance à une autre ?

Dans la première situation, malgré la maladie, l’entourage peut encore interagir avec moi, peut encore avoir l’espoir de partager certains instants de bien-être.
Ces partages permettront à l’entourage de faire son deuil, le temps venu.
Dans la seconde situation, cette possibilité n’existe plus. La seule consolation pour eux est que biologiquement je suis « normale ». Pourront ils faire le deuil de ma vie en temps qu’être humain, de nos échanges ? Les connaissant, non, je ne pense pas.

Au total, j’opte pour la vie d’être humain, avec ses souffrances et ses joies, et surtout ma liberté.

Sweetie Des Arts · Posté le: Ven Juin 22, 2012 15:11 pm Sujet du message:

Duckydoc · Posté le: Ven Juin 22, 2012 16:31 pm Sujet du message:

Les pathologies mentionnées dans le post initial, ne sont pas des propositions, mais à mon sens des exemples.
Mon commentaire ne concerne aucune pathologie précise, mais seulement les notions incurabilité + espérance de vie réduite.

Souki · Posté le: Ven Juin 22, 2012 16:42 pm Sujet du message:

Il ne s'agirait pas forcément de maladies incurables mais plutôt des troubles psychiatriques dont il serait très difficile mais pas impossible de se sortir. L'alcoolique est alcoolique à vie mais il peut tout de même vivre sans boire. On pourrait aussi bien imaginer des cas de dépression grave, un autisme assez prononcé, ...

Bref, des troubles majeurs, affectant le rapport à soi, aux autres, impliquant ou non une mise en danger de la personne mais essentiellement des troubles qui empêchent la personne d'avoir une vie normale dans la plupart des cas. Il ne faut pas que ce soit absolument incurable, que ça ne laisse aucun espoir sinon le problème change.

Sweetie Des Arts · Posté le: Ven Juin 22, 2012 16:44 pm Sujet du message:

Ouais, je vois. Mais du coup, ça exclu un aspect essentiel.

Edit : Voilà, comme dit Plasma.

Exist@ncE · Super actif Inscrit le: 19 Mai 2010 Messages: 1680

Plasma, tu peux me donner l'adresse de cette secte ?
(J'ai quelques personnes à y envoyer ...)

Skylia · Actif Inscrit le: 03 Avr 2011 Messages: 626

Pour ma part, je pense que si une situation comme celle-ci se présentait à moi, je n'y croirais pas à leurs pouvoirs de guérison, donc je n'irais pas..

Cependant, je pourrais y aller par curiosité, dans quel cas je trouverais le moyen de me débarrasser de cette secte des que j'aurais guéri..!

Lyriss · Posté le: Sam Juin 23, 2012 08:29 am Sujet du message:

Oué enfin une secte ne va jamais t'approcher avec un grand Tshirt « secte ». La première règle d'une secte et de ne jamais parler de secte. Et le désespoir et la faiblesse mentale qu'il engendre trouble l'esprit critique. Ensuite le bonheur d'être entouré, aidé, compris consolide l'aveuglement pour petit a petit remplacé les socles de jugements communs par les socles de jugement idéologiques de la secte, et des lors, le retour devient presque impossible.

Les choses ne sont pas si simples.

Skylia · Actif Inscrit le: 03 Avr 2011 Messages: 626

Ouai'p mais bon, tu les vois quand même arrivé avec leurs discours et tout.. un peu comme les témoins de jeova quand ils viennent toquer chez toi et tente de t'engrainer le cerveaux pour que tu les rejoignent.. bah perso ils n'ont jamais réussi et je vois pas pourquoi ça changerait.

Je veux bien comprendre que ça ne soit pas si simple de s'en sortir quand on est dedans, m'enfin décidé d'y aller ou non c'est autre chose je pense.

Pixelle · Posté le: Lun Juin 25, 2012 21:05 pm Sujet du message:

J'ai toujours eu peur des sectes. Mais vraiment.

J'ai déjà eu le rôle de celui qui est au côté de quelqu'un qui lutte contre la maladie, soit ce n'était pas une maladie psychiatrique grave et difficilement curable, mais je préfère être au côté de mes proches même dans la maladie plutôt que guérie grâce à une secte qui te prive de libertés et te vole ton argent.

Une amie de ma famille avait une fille bipolaire, cette jeune fille s'est suicidée après le décès de son père. Elle était persuadée qu'elle avait été adoptée, que tout le monde lui voulait du mal, etc. Sa mère nous a dit que même si ce n'était pas tous les jours facile avec sa fille, elle préférait quand même quand elle était encore là.

Souki · Posté le: Lun Juin 25, 2012 21:20 pm Sujet du message:

Bon, je pense que peu de gens répondront, le gros des troupes y est passé.

Vos réponse m'ont vraiment étonnée, en outre parce que personne n'a répondu : « Je ne sais pas, je ne suis pas atteint d'un trouble psychiatrique grave, je ne sais pas ce que je choisirais si c'était le cas. »

Personnellement, je pense que la question se pose de préférence en fonction de la combativité. Pour ma part, je suis combative si j'ai de bonnes raisons de l'être, donc ma réponse c'est que si malgré la maladie, j'ai autour de moi des gens qui veulent construire leur futur avec moi dedans, je reste loin de la secte. Si au contraire, je me suis déjà engluée dans des traitements inutiles et que je suis incapable de construire quelque chose avec quelqu'un, je rentre dans la secte. À la fois par dépit et pour débarrasser ma famille, soit ceux qui me sont liés dans le passé mais avec lesquels je n'ai pas d'avenir à proprement parler.

Les sectes n'enferment pas les gens, elles ont plutôt tendance à les rendre insupportables et craintifs. Au final, c'est un peu comme être en HP, sauf que là, un certain épanouissement, même s'il n'est basé que sur des illusions, redevient possible. Je trouve ça mieux que la camisole chimique. Donc ma famille pourrait me voir, rarement mais au moins ils me sauraient en bonne santé et relativement épanouie.

Les personnes auxquelles j'ai posé la question m'ont globalement répondu soit qu'elles ne savaient pas, soit qu'elles entreraient dans la secte. Mention spéciale à un bonhomme qui m'a répondu que tout dépendait du décorum de la secte. Laughing