"L'être humain souffre de trop penser"
Précédente 1, 2
Fromthesouth
Admin ![]() Inscrit le: 16 Nov 2008 Messages: 16792 Localisation: Bastia, sur un caillou paumé |
+1 ! Si ça peut empêcher de dormir, ça ne peut certainement pas empêcher de vivre. Et je dirais même au contraire ! |
||||||
Exist@ncE
Super actif ![]() Inscrit le: 19 Mai 2010 Messages: 1680 |
Souffrance et Pensée ?
Après avoir lu l'article il me faut réaliser un certain nombre de rappel : Le bouddhisme Le bouddhisme à pour objectif de faire "disparaître" l'individu / l'identité (que l'âme ne se réincarne plus). Le bouddhisme et la souffrance Le bouddhisme s'attaque aux 3 souffrances de la vie : 1- Vieillesse 2- Maladie 3- Mort L'objectif de l'article Faire usage d'une technique de méditation pour lutter contre le stress au travail et d'autre tracas jusqu'à la dépression. Ce que l'article demande à la pensée De ne voir que le l'instant présent (carpe diem) afin d'en profiter. L'objectif de l'article et la souffrance Il n'est pas question de "souffrance" dans l'article, il est uniquement question des besoins / envies. La souffrance et le temps La souffrance est-elle uniquement hors du temps présent ? Le moment où un guerrier Hun éviscérait un paysan pour ensuite violer sa femme est-ce bien dans le temps présent ? Est-ce bien sujet à souffrance ? Le temps et la pensée Pourquoi limiter la pensé au temps présent ? Est-ce possible pour un être humain ? Si oui, cet être serait-il encore un humain ? La pensée et la souffrance Se rappeler que l'élu(e) de son cœur vous à quitté(e) pour votre meilleur ami(e) et chef (qui vous a viré pour garder une bonne ambiance) fait souffrir. Penser à cela devrait engendrer de la souffrance. Est-ce que la pensée fait réellement souffrir ? N'est-ce pas plutôt l'objet d'une pensée qui fait souffrir ? N'est-ce donc pas au final l'attachement aux objets de nos pensées qui nous fait souffrir ? L'attachement et la méditation Se focaliser sur l'instant présent ou diminuer ses pensées n'est d'aucune utilité pour diminuer la souffrance ou l’attachement. Car cela revient à se mettre des gifles pour ne pas regarder ce qui fait souffrir ... Finalement, comment maîtriser l’attachement et la souffrance ? Il semblerai normal de commencer par diminuer l'arrivé de nouveaux attachements. Puis de diminuer l’intérêt / l'importance des attachements en les relativisant. Enfin arrêter les nouveaux attachements. Et terminer par se détacher des attachements restants. Désir-t-on arrêter de souffrir ? Le désir consiste à augmenter l'intérêt / l'importance d'objets d'attachement. Et d'augmenter le nombre de ces attachements. Le bonheur là-dedans ? Le bonheur est-il de réaliser ses désirs ? Le bonheur est-il de ne pas souffrir ? Le bonheur n'est-il finalement qu'un mot ? Quel sens donner à ce mot ? Recherche-t-on quelque chose d'indéfini ou cherche-t-on dans l'indéfini ? La recherche du bonheur a-t-elle un sens ou n'est-elle que l'expression des sens ? Faut-il finalement chercher quelque chose ? |
||||||
alcibiade
Suprème actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Age: 36 Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 6608 |
Sans doute.
Ce qui est totalement impossible, puisque l'être humain est un être social (et qui dit social dit liens et attachements) et un être de désir. Les solutions offertes par le bouddhisme (et le stoïcisme d'ailleurs) sont donc chimériques et irréalisables. Dernière édition par alcibiade le Ven Sep 02, 2011 18:59 pm; édité 1 fois |
||||||
Invité
|
|||||||
alcibiade
Suprème actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Age: 36 Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 6608 |
|||||||
Invité
|
|||||||
alcibiade
Suprème actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Age: 36 Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 6608 |
L'influence de la pensée bouddhique, et plus largement extrème orientale me
parait pourtant claire. Ne serait-ce que dire qu'on peut trop penser, c'est
déjà se positionner philosophiquement. Même si effectivement, ce texte est
plus psychologique que philosophique.
|
||||||
Sweetie Des Arts
Mister Genaisse 2013 ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 10 Oct 2011 Messages: 3977 |
|||||||
Souki
Modératrice ![]() Sexe: ![]() Age: 38 Inscrit le: 05 Nov 2011 Messages: 3273 Localisation: Lyon |
|||||||
Kadjagoogoo
Super actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 2594 Localisation: Lyon |
Brillante déclinaison. ![]()
Hum, faudrait pouvoir savoir comment modérer le phénomène - inconscient, quoi qu'on en... pense ! - qui nous fait penser, et même - et surtout - si l'on veut s'y refuser, se soustraire à la tyrannie de la pensée. Pour ma part, je dirais que le foyer de la souffrance humaine se niche dans la mémoire, "cette veine géante" (pour reprendre l'image puissante de Programme) qui palpite douloureusement, au rythme de nos ratés, de nos errances, de nos traumatismes. Je noircis sans doute là le tableau d'une trajectoire humaine, mais je tente cette hyperbole pour montrer qu'elle est grandement composée de regrets et de blessures mal cicatrisées, de fractures encore ouvertes, ces crevasses dans lesquelles s'épanouit la pensée délétère, celle qui ronge, racle et tourmente - toujours (?) inutilement, d'ailleurs. "L'être humain souffre de trop penser" : cette phrase n'est donc attribuée à aucun philosophe homologué ? J'en trouve des dérivés ici et là, que je vous rapporte scrupuleusement pour étayer le débat :
Dernière édition par Kadjagoogoo le Jeu Nov 17, 2011 17:34 pm; édité 4 fois |
||||||
Souki
Modératrice ![]() Sexe: ![]() Age: 38 Inscrit le: 05 Nov 2011 Messages: 3273 Localisation: Lyon |
Pour reprendre indirectement les propos cités et le fil de la conversation,
il me semble que je vis depuis un moment dans cette pensée hypertrophiée,
trop bavarde, où se mêlent et s'emmêlent ma voix et celles de tout un tas
d'autres. Des fois, j'ai l'impression d'être comme une radio qui recevrait
toutes les stations en même temps (cette image a été utilisée par des
médiums ; je ne me prétends pas médium...). Il y a donc déjà un premier
problème : les pensées que l'on a ne sont pas forcément les nôtres.
ex : typiquement, je m'apprête à faire quelque chose, je réfléchis deux minutes et la voix de ma mère ressurgit, au travers de certaines phrases marquantes qu'elle a pu prononcer ou de certaines phrases que j'ai reconstituées à partir de l'image que je me fais d'elle. La mère, c'est gênant mais c'est encore à peu près correct, c'est beaucoup plus intrusif quand ces morceaux de discours proviennent d'une pub, d'un slogan politique ou autre représentant de la doxa. Je pense qu'on peut réduire ce bruit qui nous colonise à chaque instant en le rationalisant, précisément parce que c'est un discours irrationnel qui s'accroche à nous en jouant sur nos peurs et nos aspirations les plus basiques. Une fois ces pensées dégagées, reste ma voix à moi. Celle-là, je ne la pense pas nuisible. Il m'est arrivé, souvent, de me sentir gênée par une pensée critique qui venait comme détruire ce qui s'offrait. Or, à chaque fois que j'ai voulu me faire taire, fermer les écoutilles et aller vers l'objet désiré sans prendre tout cela en compte, je me suis plantée. Là encore, c'est une voix qui rationalise et si elle joue souvent les trouble-fête, elle a ─ elle est ─ raison. En définitive, la seule solution que j'aie trouvée pour la faire taire, c'est de l'écouter. Alors seulement se déroulaient des moments de non-pensée, parce que je faisais ce que, de tout mon être, je désirais, sans objection. |
||||||
Kadjagoogoo
Super actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 2594 Localisation: Lyon |
Je voulais tout d'abord adresser mes compliments (et mes remerciements) à
Plasma pour son témoignage en forme de
brillante démonstration (et inversement).
![]() Ensuite, je vais développer ce que j'amorçais hier : J'articulerais ma démonstration autour de la culture - notion si relative et discutable -, qui n'aide pas, n'apaise pas, ne réconcilie pas. En cela, je la trouve aussi impuissante à rendre heureux que sa cousine l'intelligence, cette (hyper)lucidité redoutable sur le monde, pensée toujours en mouvement ; une puissance d'analyse aiguisée sur les choses et les gens : "une compréhension approfondie du fonctionnement extérieur" (la surface et les interactions sociales), doublée d' "une sensibilité très fine aux émotions d'autrui et à la qualité de la relation humaine." Toute cette sagacité, si elle ne se trouve pas d'objet réconciliant (l'Autre, cette quête éperdue), peut se retourner férocement contre vous, cruel piège de l'égotisme en forme de morsure acide. C'est là la propriété ambivalente de la curiosité et de l'efficience intellectuelles ; celle-là même qui a donné l'adage populaire : "les imbéciles heureux". Les imbéciles : population heureuse (car inconsciente, du fait d'un défaut d'intelligence et, partant, de lucidité), donc, à laquelle il conviendrait peut-être, encore, d'ajouter : les ignorants (défaut de culture) ; les égoïstes (défaut d'empathie) : les aliénés (défaut de discernement et d'entendement) ; et, enfin et surtout, les amnésiques (défaut de mémoire, à propos de laquelle je disais hier qu'elle est, à mes yeux, le foyer de la souffrance humaine). Il en va probablement ainsi de la tragique malédiction de la conscience : les expériences négatives nous marquent plus profondément et durablement que celles qui furent vécues dans la joie et l'allégresse. Reste la matière principale de la mémoire, ce limon d'expériences quotidiennes, plus anodines et majoritairement neutres, qui s'accumulent et s'annulent - s'amalgament - au fur et à mesure, avec pour effet de cimenter notre rapport au monde, de le conditionner. Pour revenir à la souffrance inhérente à un trop plein - anxiogène - de réflexion, je me dis que si ce phénomène est avéré (car il l'est), il n'est peut-être pas inutile et bêtement contre-productif (pas seulement source de dépression, notamment), quand on sait que la philosophie reconnait des vertus à l'angoisse (si si ! ![]() Dernière édition par Kadjagoogoo le Jeu Nov 17, 2011 22:07 pm; édité 1 fois |
||||||
Lyriss
Habitué(e) ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 20 Mar 2008 Messages: 10770 Localisation: Grenoble |
Étrangement, la plupart des gens très intelligents que j'ai connu avaient
presque tous le profil de l'imbécile heureux en ceci qu'ils étaient
particulièrement simple dans leur rapport a eux même et avaient un
détachement et une sorte de nonchalance qui frôlait le je-m'en-foutisme si
bien que la dérision et l'humour était très clairement les moteurs
principaux de leur être social et faisait d'eux des personnalités très
agréable a vivres. A milles lieux de l'intellectuel maudit dépressif et
acariâtre.
|
||||||
Souki
Modératrice ![]() Sexe: ![]() Age: 38 Inscrit le: 05 Nov 2011 Messages: 3273 Localisation: Lyon |
|||||||
Lyriss
Habitué(e) ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 20 Mar 2008 Messages: 10770 Localisation: Grenoble |
Oui, c'est purement subjectif et induit par mon vécu. Et de toutes manières
je ne pense pas qu'il puisse y avoir un lien identifiable entre le niveau
d'intelligence et la personnalité.
L'intelligence ce n'est qu'une faculté mathématique de puissance de calcul, j'arrive pas trop a voir en quoi ca pourrait influer sur la personnalité de manière systématique et identifiable. |
||||||
Souki
Modératrice ![]() Sexe: ![]() Age: 38 Inscrit le: 05 Nov 2011 Messages: 3273 Localisation: Lyon |
|||||||
Lyriss
Habitué(e) ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 20 Mar 2008 Messages: 10770 Localisation: Grenoble |
|||||||
Souki
Modératrice ![]() Sexe: ![]() Age: 38 Inscrit le: 05 Nov 2011 Messages: 3273 Localisation: Lyon |
|||||||
Kadjagoogoo
Super actif ![]() ![]() Sexe: ![]() Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 2594 Localisation: Lyon |
Pour étayer la réflexion sur "qu'est-ce que l'intelligence ?", on pourrait encore donner cette définition (non exhaustive, évidemment) que je citais précédemment :
Cela se complique quand on sait qu'il existe différentes formes - distinctes - d'intelligence :
(source Wikipédia) Quant au fait de savoir si l'intelligence rend ou non fatalement ombrageux, on peut opposer un exemple de philosophe serein et manifestement heureux (Spinoza) à une kyrielle de penseurs atrabilaires (Schopenhauer, Montherlant, Sartre...) et mélancoliques (Cioran, Deleuze, Houellebecq...). Mais il s'agit peut-être là d'une particularité (si c'en est une) typique occidentale. En effet, j'imagine les penseurs orientaux (bouddhistes, taoïstes...) moins enclins au pessimisme... Mais je peux me tromper. |
Précédente 1, 2