N'aime-t-on jamais que soi-même?


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lililule
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Message Posté le: Sam Fév 20, 2010 03:38 am    Sujet du message:
Elle est intéressante cette question.

Si l'on part du principe que l'on ne se connait jamais tout à fait, il est possible de dire que ce que l'on aime pourrait être finalement une part de soi et que l'on ne connaissait pas.
Invité








Message Posté le: Mar Oct 12, 2010 14:12 pm    Sujet du message:
Je remonte ce sujet, qui me préoccupe beaucoup en ce moment, au risque peut-être de le faire dévier.

Pour répondre à la question d'abord, je crois que la plupart des amours ne sont pas des amours et qu'ils relèvent de ce miroir que décrit très lucidement Lyriss. 
Lyriss a écrit:
je ne m'aime absolument pas (pour divers raisons inutiles a l'explication), et c'est pour cette raison que j'ai besoin d'aimer une tiers personne par la quelle je vais vivre par procuration.

Je suis aussi d'accord avec Alcibiade, quand il pointe la dualité de l'autre, qui pour être aimé doit être autre et même à la fois. Il faut se reconnaître pour accrocher, mais si c'était parfaitement soi que l'on voit, ça n'aurait aucun intérêt, aucun exotisme. 

En fait, j'ai la même sensation que Lyriss. L'Autre me met face à mes propres béances, à mes carences. Parfois, ce ne sont pas à proprement parler des carences, d'ailleurs, juste le défaut d'une qualité, le versant négatif d'une particularité. 
Par exemple : je suis patiente mais en contre-partie, je suis un brin fainéante, du coup j'admire ceux qui possèdent cette puissance de passage à l'acte qui fait défaut chez moi, quoique leur impatience m'accable. Etc. Ce qui explique que sans manquer de confiance en soi, on puisse se haïr ; précisément, se haïr d'être déterminé-e. (et d'ailleurs, j'aimerais bien avoir l'avis de Lyriss là-dessus)

En somme, le problème, c'est l'identification. Tant qu'une pensée binaire n'a pas été dépassée, tant qu'elle règne, le sentiment oppressant d'être un quelque chose se fait sentir ; on sent ses limites, on sent que soi-même c'est un quelque chose et pas tout ou n'importe quoi. Et ça, c'est insupportable. C'est comme etre un symbolon, une pièce cassée en deux, qui chercherait sa moitié. 

Du coup, comme un bernard-l'hermite, au lieu de se compléter soi-meme en dépassant les dualités, en passant à un stade d'indifférence, on se laisse aller à cette tendance - facheuse, selon-moi - à batir sa maison en-dehors, à s'attacher à quelqu'un qui possède précisément l'envers, mais sur des paradigmes similaires. La similitude doit se manifester dans la formulation des problématiques, mais l'altérité doit surgir dans la réponse apportée. Et là, bam, on désire. Mais on n'aime pas.

L'ame-sœur, en gros, ce serait ça... Mais une ame-sœur extérieure ne me semble pas bonne, il faudrait plutot recoller ses propres morceaux en soi, et retrouver sa moitié dans son etre propre. A partir de là, le stade du miroir serait dépassé, on pourrait, techniquement, aimer au sens véritable. Je ne connais pas ce stade d'évolution et de développement personnel mais je me demande quand meme :
est-ce qu'on pourrait aimer amoureusement une fois reconstitué cet etre complet qui fait défaut ? 

Qu'en pensez-vous ? 
Lyriss
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Message Posté le: Mar Oct 12, 2010 20:42 pm    Sujet du message:
Je pense qu'on est déterminé au deuxième degrés. C'est a dire qu'on est condamné a ne pas s'aimer, et par corrélation, condamné a s'efforcer a devenir l'opposé de ce qu'on est fondamentalement. En ceci qu'étant déterminé par la couleur noir nous n'aurons de cesse d'essayer de devenir blanc. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que les êtres vivant leur nature fondamentale sont extrêmement rare, et la plupart du temps, le généreux est égoïste, le moraliste est pervers, et le le vantard est incapable.

Mais c'est une pure intuition que je serais incapable d'argumenter.
Invité








Message Posté le: Mar Oct 12, 2010 21:16 pm    Sujet du message:
Bah c'est pas impossible d'argumenter sur ce thème... loin de là ! Le problème c'est pas d'avoir choisi d'aller aux p-(edit : péripatéticiennes...) ou de passer sa route, le problème c'est d'y avoir pensé ! Smile Et de même, le problème, c'est pas d'être blanc ou noir, le problème c'est d'être résumable à un mot, à un cela, comme eux, comme ceux-là. Être un objet et un ensemble de propriétés... C'est très artificiel, tout ça, non ? 

Tu connais un peu la psychologie analytique ? C'est tout à fait ce que montre Jung - mais Jung est mis au ban de la pensée pour avoir réintroduit Dieu dans la pensée, et ça c'est MAL. ^^ Ce dont tu parles, ce serait en termes jungiens "l'ombre". Un groupe de distinctions, de dualités, le premier à apparaître à la conscience et notamment via le rêve. Après, vient l'anima / l'animus... Un autre groupe de distinctions - celui auquel je faisais référence en parlant de l'âme sœur. 

Au risque d'aller trop vite, tout ce que tu décris me semble dépassable et résumé dans l'un des Quatre Sceaux du bouddhisme : le Nirvana est au-delà des concepts. Les philosophies orientales proposent toujours une troisième voie qui n'est n'i noire, ni blanche, ni grise au sens où le noir et le blanc sont dépassés, ils ne concernent plus. C'est par exemple l'image du tao, qui n'est ni yin, ni yang.
En philosophie occidentale, ça a été repris par Nietzsche notamment. Une fois parvenu à un dépassement de ce système de classification, de mise en boîte de l'être... commencerait une vie pleine, celle d'un être réconcilié. Donc finie la double malédiction dont tu parles. C'est là que je me demande si le désir est encore imaginable. 

Qu'en penses-tu ? 
Lyriss
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Message Posté le: Mar Oct 12, 2010 21:38 pm    Sujet du message:
Il me semble que justement, être accessible a une définition conceptuelle est le seul moyen, en tant qu'êtres cognitifs, d'exister réellement. et a vrai dire je ne vois pas trop d'autres moyen de se penser sans que la pensée (qui fonctionne par assimilation conceptuel du réel) ne cherche a associer a chacune de nos caractéristique une représentation conceptuelle.

Soi je n'ai pas compris ce que tu voulais dire, soi ta quête est sans issue.

Quant au reste, sache que je suis foncierement inculte et ne peux que très rarement saisir le contenu d'un texte aux référence culturelles trop larges.
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Message Posté le: Mar Oct 12, 2010 23:25 pm    Sujet du message:
<< Peut-on n'aimer que soi ? >>

Niveaux de réflexion :
-0- L'affirmation est péremptoire donc on peu d'emblée conclure que qu'elle est fausse. Mais cela ne garantis pas que la réciproque soit correcte.


-1- Pouvoir ? (secondaire)
-1- Aimer ? (principal_1)
-1- Soi ? (principal_2)
Sans définition du "Soi" comment pouvez-vous argumenter sur la possibilité d'amour de cette chose ?
==> Dans les messages précédents les deux réponses (oui/non) diamétralement opposées sont soutenues sans contradiction/opposition directe.
Même problématique pour l'amour, ainsi que pour le "pouvoir".


-2- Modèles, une possibilité :
Sensations --> Mémoires --> Pensées --> États --> Actions -//-> Mondes Extérieurs -//->

Où positionnez-vous principalement votre "Soi" ?

Sensations -> L'amour issu des richesses sensorielles ?
Mémoires -> L'amour issu des organisations temporelles ?
Pensées -> L'amour issu des cohérences logiques ?
États -> L'amour issu des états d'âmes/ambiances mentales ?
Actions -> L'amour issu de la facilité dans ses productions ?
Mondes Extérieurs -> L'amour issu de la modélisation ?

=> Remarquez l'importance que prends le positionnement du "Soi" et de "l'Autre" dans les expressions de l'amour.

Supposer que le "Soi" regroupe la totalité est peu probable, par conséquent << Peut-on n'aimez que soi ? >> est forcément lacunaire et donc la réponse est << Non, car le "Soi" n'est pas unique >>.


-3- Si on suppose l'existence de "l'autre", alors borner la "possibilité" d'amour au Soi seul est impossible.
-3- Si l'autre n'a pas d'existence, alors borner l'amour à la totalité du "Soi" revient à dire << 1 = 1 >> donc c'est obligatoirement vrai.

=> Est-ce que l'univers est le Soi ? (ou inversement)
Ce qui revient à la question précédente du "positionnement du Soi",
Mais poussée ici jusqu'à permettre la réponse à notre problème.


-A- << Ne pas s'aimer, mais avoir confiance en soi. >>
Il y a une faille intellectuelle dans la capacité de distinctions des PLANS logiques.
A cause de cela on tombe dans la connerie commune qui admet que les États soient le VERITABLE Soi ...
Alors que les États commencent à apparaitre au milieu de l'adolescence.
[Je me considère comme un(e) caractériel(le) agressif(ve) tout en m'estimant extrêmement stable et humain.
Je ne me trouve pas très joli(e) tout en m'estimant gâté par la nature.
Je me trouve largement stupide et borné tout en admettant approcher du génie.]


-A- << Devient-on son opposé ? >>
Un cerveau est un outil magique qui peut permettre de palier les lacunes de l'individu moyennant une certaine dépense d'énergie.
Une lacune est quelque chose de pesant dans la vie courante elle a donc une plus grande importance dans nos pensées.
[Mon grand Amour n'était pas tant une personne de mon entourage que son esthétique physique, comportementale et logique.]

=> Les capacités développées dues aux lacunes seront très stables car développées de manière méthodiques.
=> Les capacités innées offriront des résultats beaucoup plus variables (catastrophiques lorsqu'une méthode est demandée).
Invité








Message Posté le: Mer Oct 13, 2010 11:07 am    Sujet du message:
Lyriss a écrit:
Il me semble que justement, être accessible a une définition conceptuelle est le seul moyen, en tant qu'êtres cognitifs, d'exister réellement. et a vrai dire je ne vois pas trop d'autres moyen de se penser sans que la pensée (qui fonctionne par assimilation conceptuel du réel) ne cherche a associer a chacune de nos caractéristique une représentation conceptuelle.
 
Mettre des étiquettes sur les êtres, c'est le problème des autres... ils s'en chargeront bien. 

Ok, bah le dépassement des dualités est un problème que posent très clairement et le bouddhisme et le taoïsme. Dans le bouddhisme, il est question du Nirvana - un état de félicité assez proche de l'apathie stoïcienne, où l'affect n'a plus de prise. 
Dans le Tao, c'est le "tao", c'est-à-dire la "voie" qui permet de dépasser le couple yin et yang. Comment définir le yin et le yang ?... En gros, ce sont de grandes structures assez venteuses pour pouvoir décrire n'importe quoi, le yin étant toujours l'apanage du féminin /nocturne /passif tandis que le yang est masculin /diurne /actif. Tu peux tout opposer en yin et en yang, toujours, et pas parce que les choses sont yin ou yang mais parce que les mots divisent.

Dans le cadre de la conscience-de-soi... Je suis l'œil et l'objet qu'il regarde. C'est pas tellement le moi-objet qui devrait changer mais l'œil puisque le problème, au fond, c'est surtout que quelque soit l'angle de vue, il y aura toujours une ombre. Le problème n'est pas d'être ici, c'est d'être quelque part... Tu vois ce que je veux dire ? 

Après... Une fois qu'on a fait l'effort de devenir tout ce qu'on déteste, pour voir, on s'aime beaucoup plus. Le tout c'est d'avoir sous le nez la raison pour laquelle dans une situation donnée - et binaire - tu fais x et pas y. Une fois que tu as pleinement conscience que y est faisable et que c'est bien par choix, et non par conditioonnement, que tu choisis de faire x, aucune raison de ne pas s'aimer. Et ceux qui font y ont d'autres raisons de faire ce choix, c'est tout, ça n'irrite plus. 

Le tout c'est de trouver, hors de soi, une direction. PArtant de là, tout s'enchaîne sans problème : je veux A, donc je dois choisir x et y ne m'intéresse pas. D'autres veulent B, il font y et c'est tout. <-------------- pas de miroir, non ?
Lyriss
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Message Posté le: Mer Oct 13, 2010 15:45 pm    Sujet du message:
Je comprend pas ce que tu veux dire, tu n’es pas très clair.
Invité








Message Posté le: Mer Oct 13, 2010 16:05 pm    Sujet du message:
Sur quel point ? 

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