gokun_33
Super actif
Sexe:
Inscrit le: 22 Juin 2008
Messages: 2202
Localisation: Devant la porte de l'âme alchimique
|
Posté le: Mar Juil 01, 2008 08:27 am Sujet du message: Voici comment nous sommes perçus par le monde !
voici un document qui montre comment nous sommes perçu par le monde
Citation: | Les
trois premiers pays cités dans ce titre précèdent tous - et de loin - la
France en terme de puissance économique. Alors que les deux dernières
régions mentionnées vivent une situation critique.
Avant d’étudier les images de la France dans chacun des espaces cités, il
importe de noter trois représentations communes aux pays les plus riches.
Paradoxe
Premièrement, " l’arrogance de la France leur paraît non seulement
irritante mais paradoxale, compte tenu de l’incroyable soumission des
gouvernements français aux autorités allemandes ", remarque John Laughland.
Ainsi, les spécialistes des questions monétaires observent que, au moins
depuis les années 1970, les Allemands imposent presque systématiquement leur
point de vue à Paris (1) . Bien que cela ait été peu montré par les
médias français, cela n’a pas échappé aux étrangers les mieux
informés.
Un pays en crise permanente ?
Deuxièmement, les observateurs des pays les plus riches s’interrogent
sérieusement sur la capacité des gouvernements qui se succèdent à la tête
de ce pays à lui impulser une direction politique. Les étrangers restent
souvent pantois devant les difficultés des autorités françaises à
maintenir tout simplement l’ordre public. On remarque que les gouvernements
ne font que trébucher d’une crise à l’autre, d’une émeute à
Strasbourg à une grève des transports publics ou privés en passant par des
manifestations lycéennes. Lors des mouvements sociaux déclenchés par le
plan du second gouvernement d’Alain Juppé, "The Economist" écrit le 9
décembre 1995 : " Des grévistes par millions, des émeutes dans la rue : les
événements des deux dernières semaines en France font ressembler le pays à
une République bananière dans laquelle un gouvernement assiégé cherche à
imposer les politiques d’austérité du F.M.I. à une population hostile ".
John Laughland confirme que " les Américains comme les Britanniques ont
l’impression que les gouvernements français se laissent prendre en otage.
L’exécutif est aux mains de multiples groupes de pression.
Or, il appartient à un gouvernement d’incarner l’intérêt national. Ce
qui suppose de se libérer des lobbies. Si un gouvernement en demeure
l’otage, il devient évident aux yeux du monde qu’il n’est plus
souverain, même chez lui. Il doit alors se contenter de rechercher le niveau
le plus bas possible d’insatisfaction mutuelle entre les parties en
présence. Les gouvernements français fonctionnent ainsi, réagissant à des
pressions successives qu’ils ne cessent d’apaiser en promettant des
subsides. Ce qui fait penser aux empereurs du temps de la décadence romaine,
achetant le peuple en lui donnant du pain et des jeux ".
Manque de maturité
Troisièmement, les pays les plus riches du monde considèrent que les
Français manquent singulièrement de maturité à propos des grands principes
de fonctionnement d’une économie moderne dans le cadre des lois du marché.
Celles-ci sont perçues comme des données objectives, au même titre que la
météorologie. Chacun peut trouver la pluie désagréable, mais nul ne peut
en nier l’existence. En France, nous continuons à refuser l’existence de
la pluie. Il paraît surprenant mais significatif qu’aucun des principaux
partis politiques ne se réclame du libéralisme. La France reste donc perçue
comme une économie administrée par un Etat omniprésent, dans un consensus
quasi général.
Les étrangers s’étonnent, d’ailleurs, que des Français ayant réussi un
concours administratif se propulsent par cooptation dans les conseils
d’administration des plus grandes entreprises publiques, semi-publiques ou
même privées. Il paraît encore plus surprenant que les postes d’expansion
économique et d’attachés commerciaux soient attribués à des
fonctionnaires n’ayant pas la moindre expérience du monde de
l’entreprise.
Une fois posées ces représentations communes aux pays les plus riches,
cernons les cas des trois pays qui précèdent la France au classement
économique, par ordre de prééminence.
. La France vue des Etats-Unis
Un Français peut aisément s’illusionner à propos de la perception
américaine de son pays. En effet, il arrive qu’à la seule évocation du
mot " France " des Américains se lancent en un émouvant hommage du rôle de
ses ancêtres durant la Révolution américaine. Appelé ironiquement " the La
Fayette sauce ", ce baume lénifiant demeure cependant absent du discours à
usage interne. Lors des commémorations du bicentenaire de la Révolution
américaine, en 1976, l’action des Français conduits par La Fayette fut
généralement passée sous silence. Aussi faut-il se garder de tomber dans "
the La Fayette sauce ".
Le poids de juin 1940
D’autant que les représentations américaines de la France restent
marquées par une des pages les plus sombres de son histoire contemporaine.
Après avoir été trois fois en poste aux Etats-Unis, l’ambassadeur de
France Jacques Leprette l’explique. " Le président F. D. Roosevelt sentait
que le général de Gaulle apprécierait peu de ne pas avoir été invité à
la conférence de Yalta. Aussi envoya-t-il Harry Hopkins à Paris pour essayer
d’aplanir les difficultés. Celui-ci fut reçu, en février 1945, par le
général de Gaulle qui lui dit : " J’apprécie votre démarche, mais pour
quelle raison l’Amérique nous en veut-elle autant ? " Son interlocuteur
répondit franchement : "Nous avons été stupéfiés par l’effondrement
politique et militaire de la France en juin 1940. Depuis ce jour, nous
craignons que la France ne soit plus en mesure d’exercer de grandes
responsabilités ". On peut donc considérer qu’à Washington, la France a
été mise en observation - pour ne pas dire entre parenthèses - à la suite
de juin 1940 ".
Concurrence
Par ailleurs, les Américains se pensent porteurs d’une dimension
messianique les chargeant naturellement du destin de la planète. Aussi ne
conçoivent-ils pas qu’un " petit " pays puisse lui aussi prétendre avoir
une vision globale du monde. D’autant que cette vision - ou à défaut ses
initiatives - s’opposent volontiers à la stratégie de la Maison Blanche.
Ce qui explique que la France soit souvent critiquée.
En fait, les Américains voient en la France "une grenouille qui veut se faire
aussi grosse que le bœuf". Dès que la France se porte au devant de la scène
internationale, de multiples groupes de pression américains montent au
créneau pour stipendier une attitude qu’ils présentent à la fois comme
ridicule et déplacée. Les Américains ne supportent pas que la France
prétende mettre en œuvre une politique de grande puissance, de surcroît le
plus souvent sans cohérence.
Cynisme ?
Outre ce déficit de cohérence, les Américains reprochent aux Français leur
absence de moralité, ce qui peut étonner davantage. Un haut fonctionnaire
européen l’explique ainsi : " Pour les Etats-Unis, la France est un pays
cynique, notamment parce que leurs théories des droits de l’homme
diffèrent. Pour Paris, on ne peut enregistrer de progrès en matière de
droits de l’homme qu’à condition de favoriser des progrès économiques.
Selon Washington, les droits de l’homme sont un facteur de construction de
l’ordre international. Au moins dans les apparences, les Américains
tiennent à ce que leur diplomatie soit construite sur de solides principes
idéologiques, voire religieux. L’action internationale de ce pays
volontiers " bigot " ne doit donc pas paraître en contradiction par rapport
à ses engagements religieux. Voici pourquoi les Etats-Unis peinent à
admettre l’absence de principes religieux dans la diplomatie française, y
compris à propos des droits de l’Homme. Dès lors, il ne faut pas
s’étonner que la politique arabe de la France soit perçue comme mercantile
par un Congrès toujours prêt à s’inquiéter de la sécurité d’Israël
".
Quittons la première puissance économique mondiale pour découvrir comment
la France est perçue dans l’archipel qui s’est hissé au deuxième rang.
. La France vue du Japon
Au début du XIX e siècle, le Japon de l'époque des samouraïs pratique une
politique de fermeture à l’égard des étrangers. En revanche, l’ère
Meiji amorce en 1868 une ouverture à l’Occident. Les Japonais se procurent
alors auprès des pays occidentaux l’excellence en matière de commerce, de
techniques, d’administration et de culture. La France se trouve à cette
époque en compétition avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Japonais, particulièrement actif dans le domaine culturel, Yasushi Masaki
marque la pesanteur du choix fait alors. "Vue comme la mère des systèmes
démocratiques et juridiques, la France se voit de surcroît reconnaître à
la fin du XIX e siècle une prééminence dans le domaine culturel. Les arts
et la littérature française deviennent pour longtemps la référence des
intellectuels japonais. Voici pourquoi Victor Hugo, par exemple, a exercé une
grande influence sur les écrivains de l’archipel. Il existe même des
sociétés littéraires spécialisées dans l’étude de Balzac ou de Proust.
Au début du XX e siècle, un esprit japonais se doit de venir à la source de
cette culture, en faisant un voyage en France. Même avant la Seconde Guerre
mondiale, les intellectuels nippons se réfugient volontiers dans la capitale
française. Ce qui renforce encore la perception d’une France pays de
référence en matière culturelle. Après la fin du conflit, l’image de la
France s’enrichit de son excellence en matière d’art de vivre et de mode.
L'Empereur du Japon. Crédits: Ministère des Affaires étrangères, F. de la
Mure
Résultat, la France est encore perçue au milieu des années 1990 comme le
pays des arts, de la mode, des produits de luxe, de la littérature et du
cinéma. Jean Gabin, Alain Delon et Catherine Deneuve sont des noms et des
visages connus des japonais".
Les images de la France sont-elles aussi flatteuses dans la troisième
puissance économique du monde ?
. La France vue d’Allemagne
Alors que les noms les plus connus de l’enseignement français sur
l’Allemagne atteignent l’âge de la retraite, un jeune historien
universitaire contribue à renouveler l’approche de ce pays. Normalien,
agrégé et docteur en histoire, Edouard Husson (2) confie ici les
observations faites lors de ses multiples séjours outre-Rhin. " S’il y a
une chose qui compte en Allemagne, c’est le respect de la parole donnée. Si
l'on était polémique, on ajouterait que les Allemands se reconnaissent à
eux seuls la possibilité de se défaire d’un engagement antérieur (3). Or,
les Allemands voient trop souvent dans les Français des gens peu fiables qui
ne tiennent pas toujours parole. Cela les choque et explique qu’ils aient
parfois du mal à s’entendre avec la France.
Préjugés
De surcroît, beaucoup d'Allemands manquent d’une véritable connaissance de
la culture française dans ce qu’elle a de singulier et d’irréductible.
La réciproque est vraie. Il reste beaucoup de préjugés à surmonter des
deux côtés du Rhin. En 1995, les Allemands n’ont voulu ainsi voir dans la
reprise des essais nucléaires français qu’une manifestation d’arrogance
supplémentaire. Sans faire l’effort de comprendre que la France possède
une tradition politique propre et que Paris a su faire depuis les années
soixante la distinction entre une stratégie de puissance et une diplomatie au
service d’un équilibre européen et mondial. De manière ironique, les
Allemands se plaisent plus que jamais à désigner la France comme " la grande
Nation ", en français dans le texte. Cette expression désigne, à
l’origine, la France de la Révolution et de l’Empire. L’Allemagne
moderne s’étant construite contre la Révolution et l’Empire, les
Allemands d’aujourd’hui se moquent ainsi de la Grande Armée... et de la
France ".
Ce sobriquet nous amène au fond des choses. Après avoir été d'un réalisme
total, les Allemands se sont dit : " Puisque nos rêves fous de grande
puissance nous ont conduits à l’échec, acceptons de n’être plus
qu’une puissance moyenne, via l’économie ". Alors que les Allemands
savent bien que la France arrive à des résultats économiques inférieurs de
près d’un tiers, ils ne comprennent pas - voire n’admettent pas - que les
Français affichent encore des rêves de prestige et de politique étrangère
indépendante de la puissance américaine. " Quoi qu’il arrive, les
Allemands ont tendance à considérer que la France n’a - de toute façon -
pas de véritable vision à proposer. Toutes ses prises de position sont donc,
par définition, dépourvues de sens ", conclut un observateur européen.
S’il existe un espace où la France et l’Allemagne pourraient être en
concurrence, c’est bien l’Europe de l’Est.
. Quelles sont les représentations de la France dans les pays d’Europe
centrale et orientale ?
Les relations entre l’Hexagone et ces pays remontent à plusieurs siècles,
mais nous nous limiterons aux seules représentations issues de faits survenus
au XX e siècle.
Nombre de méfiances contemporaines envers la France s’enracinent au
lendemain de la guerre de 1914 - 1918. A la suite de la signature du traité
de Versailles (28 juin 1919), plusieurs traités réorganisent les frontières
de l’Europe centrale. A tort ou à raison, la France est tenue pour
responsable d’avoir contribué à la création d’une Europe centrale
composée de petits Etats qui n’étaient pas de véritables Etats nations. A
cause de leurs problèmes de frontières et de minorités nationales, ces
entités non viables n’ont vécu que vingt ans. Les Hongrois, de surcroît,
tiennent la France en partie responsable du démembrement de la Hongrie par le
traité de Trianon (4 juin 1920). L’abandon forcé d’un tiers de la
population hongroise en dehors des frontières a été un profond traumatisme.
Pour les Tchèques, la conférence de Munich (28 et 29 septembre 1938) accole
à la France une réputation de protecteur peu fiable, puisqu’elle n’a pas
tenu ses engagements. Ce qui a contribué à laisser l’Allemagne nazie
écraser les Tchèques.
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale n’améliore pas la
réputation de la France en Europe de l’Est. Les Polonais se souviennent que
Paris n’envoie pas le moindre corps expéditionnaire lorsque les Allemands
envahissent leur pays le 1 er septembre 1939.
En 1947, la Guerre froide devenue manifeste, les pays suivants sont
abandonnés au totalitarisme soviétique : l’Allemagne de l’Est, la
Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Yougoslavie, la
Bulgarie et l’Albanie. Ces populations subissent durant plus de quatre
décennies les multiples atteintes aux droits de l’homme induites par le
système communiste.
Faiblesse et aveuglement
Quelles représentations conserve t-on aujourd’hui du rôle de la France
durant ces années noires ? Auteur d’ouvrages remarqués sur la Pologne
contemporaine (4) et enseignante à l’Université de Paris II, Alexandra
Viatteau répond. "Il faut bien admettre que la France a toujours eu de la
faiblesse ou de l’aveuglement pour le système communiste. Cela jette
aujourd’hui encore une ombre sur ses relations avec les pays de l'Europe
centrale et orientale.
D’autant qu’au début des années Gorbatchev (1985 - 1991) les médias
français ont le plus souvent fait preuve d’une naïveté confondante en
félicitant le Secrétaire général du Parti Communiste d’Union soviétique
de sa reconnaissance courageuse, mais partielle des crimes... soviétiques.
Alors que, depuis plusieurs décennies, les témoins et les victimes
survivantes avaient pris le risque de faire parvenir en Occident
d’innombrables informations et rapports sur les crimes du soviétisme. Ceux
qui vivaient en Occident n'arrivaient pas davantage à faire entendre la
réalité. Ces documents et ces témoignages sont, le plus souvent, restés
sans suite. En revanche, quand une autorité soviétique fait mine de "
découvrir " les crimes soviétiques... les Français applaudissent à tout
rompre. Sans se rendre compte que l'on dévoile, enfin, ce qu'ils auraient dû
savoir et clamer haut et fort depuis un demi-siècle. Dans les pays d’Europe
de l’Est, ce comportement a été considéré comme naïf et conduit à
regarder la France avec un peu de tristesse".
A contretemps ?
La chute du mur de Berlin et du rideau de fer place, à plus d’un titre, la
France en une situation peu favorable. Jacques Rupnik, enseignant et chercheur
à la Fondation Nationale des Sciences Politiques, attire l’attention sur
une singularité de la situation française. " La coïncidence entre la chute
du système communiste durant l’hiver 1989 - 1990 et la présence en France
d’un président de la République et d’un gouvernement socialiste a été
lourde de conséquences en Europe centrale et orientale. Bien entendu, il
s’agit d’un socialisme particulier, mais vu de pays où le système
communiste vient de s’effondrer, la France apparaît décalée. Durant les
années 1990, la France apparaît donc en porte à faux par rapport à
l’évolution à l’œuvre en Europe centrale et orientale, via une remise
en cause de l'emprise de l’Etat sur l’économie et la société. Il en va
de même pour les modèles politiques. Seuls les moins démocrates - Illiescu
en Roumanie et Tudjman en Croatie - prétendent alors s’y inspirer d’un "
modèle français ", pour mettre en valeur une conception centralisatrice et
autoritaire du pouvoir ".
La méfiance domine
A la fin des années 1990, une tournée des capitales Est européennes et une
étude de leur presse conduit à constater que les perceptions de la France y
varient de l’indifférence à la suspicion systématique. Les rares a priori
favorables - quelque fois en Pologne et en Roumanie - peuvent rapidement se
transformer en dépit, tant la présence française demeure insuffisante au
regard des attentes. En réalité, il devient exceptionnel que l’on fasse en
Europe centrale et orientale une pierre de touche des positions françaises.
D’autant que le rôle de la France au sein de l’Union européenne reste,
dans ces pays, tout à fait flou.
Les jugements, le plus souvent défavorables, résultent des intentions
cachées qu’on prête à Paris : arrière-pensées quant à la relation avec
le Kremlin, hostilité de principe présumée vis à vis de la politique de
Washington, réticences au sujet de l’élargissement de l’Union
européenne à ces pays... Voire intention de nuire, en voulant empêcher
l’élargissement de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
(OTAN) à certains de ces pays. Outre qu’on lui reproche volontiers son
absence dans la région, la France se voit de plus en plus souvent attribuer
le mauvais rôle, même en l’absence de justification objective. Que la
France se comporte en " trouble-fête " sans avoir de véritable politique en
Europe centrale et orientale est jugé incohérent.
Compte tenu des horreurs faites par les nazis en Europe centrale et orientale
durant la Seconde Guerre mondiale, n’est-il pas à la fois paradoxal et
significatif que les Allemands réussissent à être aujourd’hui mieux
perçus que les Français dans cet espace éminemment stratégique ?
Autre espace important, si l’on en croît les efforts américains pour s’y
implanter, l’Afrique.
. La France vue d’Afrique
A la veille de la Première Guerre mondiale, la France possède le deuxième
empire colonial du monde. L’Empire français est alors essentiellement
africain. Il comprend une forte proportion de l’Afrique du nord, de
l’Afrique occidentale et de l’Afrique équatoriale, sans oublier l’île
de Madagascar. Si l’Empire n’existe plus depuis les années 1960, il
subsiste en héritage de la colonisation des relations complexes avec près
d’un tiers des pays africains.
Ministre plénipotentiaire et Directeur pour l’Afrique des Etudes et de la
Recherche au Centre des Hautes Etudes sur l’Afrique et l’Asie Modernes
(CHEAM), l’ambassadeur Jean-François Lionnet introduit la réflexion. "
Au-delà des diversités, il existe chez les élites africaines francophones
une représentation assez largement commune de la France contemporaine. La
France reste le pays de la Révolution de 1789 et l’ancien colonisateur,
mais c'est aussi une "moyenne grande puissance" grâce à ses attributs
politiques, militaires, économiques et culturels. Enfin, disposant dans sa
politique étrangère d'une dimension spécifiquement africaine, l'Hexagone
est le pays qui s'est révélé le plus intéressé au développement. Pour
autant, le bilan apparaît nuancé. Au nombre des succès de la France sur le
continent, on considère que les pays avec lesquels elle a entretenu des
relations étroites se sont, depuis leur indépendance, généralement moins
déchirés que d’autres. Au nombre des échecs, les Africains relèvent une
approche partielle du continent et constatent une trop grande complaisance
pour les dirigeants et les régimes amis. Ce travers culmine au Rwanda en
1994, à la veille d'un génocide pourtant annoncé. Enfin, malgré des
comparaisons parfois flatteuses, le maigre résultat des politiques d’aide
au développement n'échappe à personne.
Par ailleurs, il faut éviter de se leurrer sur l’état de la francophonie
en Afrique. Seulement 10 % des africains, généralement citadins, maîtrisent
véritablement la langue française. Environ 10 % l’utilisent plus ou moins
à l’oral et près de 80 % ne l’ânonnent même pas, y compris dans les
pays francophones ".
Des relations complexes
L'Algérie constitue un cas particulier. La durée comme les modalités de la
colonisation et les violences de la guerre d'indépendance (1954 - 1962)
laissent des cicatrices, de part et d'autre. "Il en résulte une relation
encore passionnelle, mais toujours entachée de suspicion, explique Geneviève
Delaunoy. Au niveau des élites, et dans une moindre mesure de la population,
cette relation de haine / amour et de fascination / répulsion rappelle sans
cesse le passé tortueux qu'ont vécu ces deux pays. Cela conditionne encore
la perception qu'ils ont l'un de l'autre. Depuis l'Algérie, la France semble
à beaucoup un eldorado, où tout paraît - à tort - plus facile. Cette
représentation est renforcée par la proximité géographique et les
échanges réguliers. Pour autant, Paris apparaît souvent beaucoup trop
paternaliste, voire interventionniste aux yeux d'Alger, ce qui ne fait
qu'accroître la susceptibilité de ses dirigeants".
En Afrique noire, le passé colonial fut généralement moins long et la
cohabitation plus pacifique, sauf à Madagascar où il y eut des soulèvements
durement réprimés. La lutte pour l'indépendance fut surtout le fait des
intellectuels, contestant la domination française au nom de la devise
nationale française : Liberté, égalité, fraternité. Compte tenu des
modalités des indépendances, Paris a pu éviter pendant longtemps mise à
plat de ses relations avec ses anciennes colonies. Par ailleurs, alors que ces
pays espéraient entretenir une fois indépendants des rapports plus
égalitaires avec Paris, ils restent confrontés à une arrogance et un
paternalisme d'une époque présumée révolue, tout en devant reconnaître
qu'ils sont de plus en plus économiquement dépendants. Si Paris a soutenu
nombre de dictateurs, beaucoup d'Africains sont reconnaissants à la France
d'avoir, à la suite de la chute du mur de Berlin, suggéré l'organisation de
conférences nationales réunissant toutes les composantes nationales. La
première s'est tenue au Bénin et à fait tache d'huile sur le continent.
Réforme ou abandon ?
Depuis 1997, comment les représentations de la France sont-elles affectées
par l’évolution de sa politique africaine ? Apporter des éléments de
réponse à cette question conduit à esquisser la nature des relations
construites au fil du temps. S’il existe un point commun qui unifie les
images de la France chez les Africains, c’est que toute relation humaine y
reste perçue selon les modèles familiaux, villageois ou claniques. Parce
qu’ils ont manifesté leur force, les Français ont par le passé accaparé
la place des chefs. Dans un schéma familial, le chef est toujours le
détenteur d’une autorité paternelle dont on attend non seulement un
pouvoir, mais aussi une aide et une protection. Bientôt quatre décennies
après les indépendances, il n’est pas rare d’entendre dans les sphères
dirigeantes un discours qui revient à dire : " Vous avez été les maîtres
pendant près d’un siècle, vous nous avez formés, vous êtes nos pères.
En conséquence, vous devez faire en sorte que nos difficultés cessent ".
Même au niveau des élites capables d’abstractions intellectuelles, ce
discours reste sous-jacent, parce que la tendance culturelle africaine reste
de reproduire le modèle qu’on a reçu.
Compte tenu de ce terrain, le désengagement en cours de la France ne peut
être que mal perçu puisqu’il est vécu comme la trahison d’une relation
qui n’admet pas ce genre d’abandon. Aussi nombre d’Africains
persistent-ils à revendiquer des relations privilégiées. Très répandue
chez les paysans, cette demande sera critiquée par nombre d’intellectuels.
Pour autant, sans en être dupes, ces mêmes intellectuels produiront parfois
ce discours dans l’espoir d’obtenir une concession. En 1996, l’expulsion
de Maliens a ainsi été utilisée afin d’obtenir de Paris de nouvelles
aides publiques.
Ce mode de relation induit une constante rivalité d’intérêts dans
laquelle les parties s’utilisent mutuellement mais ne coopèrent pas
véritablement de manière constructive. Ce qui explique, en partie,
l’échec de nombreux projets de développement.
Aigreur
La nouvelle politique africaine de la France engendre donc une aigreur
défavorable à ses représentations en Afrique. La France n'est plus perçue
comme une grande puissance mais comme une puissance régionale qui n'a plus
les moyens de sa politique. Voici pourquoi ces pays recherchent une
diversification de leurs relations, via de nouveaux accords bi et
multilatéraux. Cependant, même si les images deviennent moins favorables,
l’influence de la France sur le continent reste non négligeable, et les
accords de défense nombreux. Pour autant, il ne serait guère étonnant que
les Américains tirent profit des rancœurs accumulées à l’encontre de la
France pour faire avancer leur jeu sur ce continent riche en ressources
minières.
Ainsi, en dépit de leur diversité, les représentations de la France aux
Etats-Unis, en Allemagne, en Europe de l’Est et en Afrique ne plaident pas
systématiquement en notre faveur. Le Japon apparaît, peut être, comme le
moins mal prédisposé.
|
Notes :
1. Notamment au vu de l’étude intitulée : France industrie 2000,
attractivité du territoire national et développement industriel, Ministère
de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Directions Générale des
Stratégies Industrielles, Observatoire des Stratégies Industrielles,
novembre 1997. La maîtrise d’ouvrage a été assurée par Grégoire
Postel-Vinay, chef de l’Observatoire des Stratégies Industrielles.
2. La part des prélèvements obligatoires dans le Produit Intérieur Brut
pèse 46,1% en France, alors que la moyenne dans l’Union européenne est de
42,4 %. En Grande- Bretagne, cette part se limite à 37,3 %. En 1998, la
filiale d’un groupe pétrolier multinational souhaitant implanter une
nouvelle unité de production en Europe a donc choisit pour des motifs fiscaux
un site en Angleterre plutôt qu’en France. Le coût supplémentaire de
l’investissement en France représentait un handicap de 150 M.F. pour un
investissement de 650 M.F.
|