butterflyz0986
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Posté le: Jeu Aoû 30, 2007 13:49 pm Sujet du message:
lol... un nombre c'est abstrait sorti de son contexte... perso, à part
nothomb, levy, werber et coben, la plupart des autres auteurs que je lis en
sont à leur premier roman, et sont totalement inconnus du grand public... je
ne vois pas pourquoi lire des "best-sellers" empêcherait de développer un
sens littéraire (de même, je ne vois pas pourquoi lire des best sellers
impliquerait n'avoir qu'un seul registre littéraire qui nous plait....)
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Bobboutique
Petit nouveau


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Posté le: Jeu Sep 06, 2007 15:03 pm Sujet du message: Ce qui marche...
Je suis libraire et voit donc défiler tous les livres dont on parle... avec
le grand privilège de pouvoir les lire sans les payer.
Je lis donc trois ou quatre livres à la fois, j'abandonne souvent en cours de
route et oublie aussi vite...
Hé bien, mon critère, avec le recul, est qu'il n'y en a pas.
Un livre peut marcher du tonnerre et être bon, voir très bon, comme il peut
être lamentable. le succès n'a rien à voir avec le contenu. C'est comme si
le public jugeait sur la couverture.
En fait, la grande majortié des client(e)s achète le livre dont on parle
dans les médias ou le deuxième ou troisième ouvrage d'un auteur qu'ils ont
aimé.
Dans le premier cas, c'est un peu triste. Mais le second cas rétablit un peu
les choses.
Personnellement les livres qui m'ont paru sortir du lot ces dernières
années, pour toutes sortes de raison dsifférentes, sont:
- le parfum de Süsskind
- Mauvaise vie de Frédéric Mitterand
- Stupeurs et tremblements d' Amélie Nothomb
- Da Vinci Code de Dan Brown
- Le Seigneur des anneaux de Tomkins
- Certains Stephen King
- Les livres scientifiques d'Allegres...
J'en oublie bien sur...et je ne vous parle pas de quelques inconnus qui m'ont
vraiment scotché, car leurs noms ne vous diraient rien.
Il n'y a pas de règles.
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alcibiade
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Posté le: Ven Sep 07, 2007 09:40 am Sujet du message:
Si, au moins celle ci: tous les genres littéraires sauf le roman et
l'autobiographie sont quasiment à l'abandon. La preuve: citez moi deux
poètes français vivant actuellement. 90/100 des gens ne sont pas capables
d'un citer un seul spontanément. Toi qui est libraire tu n'auras pas de mal
mais en général, personne ne sait répondre à ce genre de questions, ce qui
prouve bien ce que je dis au dessus
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uacuus
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Posté le: Ven Sep 07, 2007 10:24 am Sujet du message:
Philippe Jacottet, Yves Bonnefoy.
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alcibiade
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Posté le: Ven Sep 07, 2007 10:28 am Sujet du message:
J'aurais cité les mêmes.Bien sur toi tu sais, lol, mais est ce le cas de la
majorité ?
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butterflyz0986
Habitué(e)

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Posté le: Ven Sep 07, 2007 16:39 pm Sujet du message:
effectivement, j'en aurais été incapable... mais peut être que vous 2, vous
êtes sensibles à ce genre qui ne me touche absolument pas... ce test, on
peut le faire aussi dans les "styles" de roman.... demander à quelqu'un qui
n'aime pas le genre de citer 2 auteurs de fantasy, par exemple, sera
impossible...
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uacuus
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Posté le: Ven Sep 07, 2007 18:20 pm Sujet du message:
Tolkien, Silbermann (certes le deuxième franchement pas terrible et je l'ai
lu par hasard).
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alcibiade
Suprème actif


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Posté le: Ven Sep 07, 2007 18:53 pm Sujet du message:
Citation: | effectivement, j'en aurais été incapable... mais peut être
que vous 2, vous êtes sensibles à ce genre qui ne me touche absolument
pas |
Je crois bien, mais si seuls les connaisseurs sont capables de citer des noms,
c'est que la poésie perd du terrain.
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Cebe
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Posté le: Ven Sep 07, 2007 22:58 pm Sujet du message:
Lol et ne parlons même pas des poètes grecs ou suédois!
Je reviens juste mettre un message parce que le cours d'option lettres que
j'ai eu mercredi parlait justement de la poésie et du fait que presque plus
personne n'en lisait.
Et le prof a donné une explication qui rejoint un peu celle que j'avais
postée l'autre jour: le fait qu'on vit dans un monde où tout doit être
reglé, tout est classé, défini, et que quand on lit de la poésie on n'est
jamais sur de ce qu'on lit et de ce qu'on comprend. Et donc ça destabilise.
Les gens veulent maîtriser tout ce qui les entoure, et l'art échappe au
contrôle.
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uacuus
Super actif

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Posté le: Sam Sep 08, 2007 08:28 am Sujet du message:
Je pense que cette raison avancée est une fausse piste. Par contre elle
dénote de la part d'un défenseur de la poésie, un anti-rationnalisme
primaire répandu chez les amateurs de poésie contemporaine, qui est en
partie (mais pas profondément je pense) responsable de la faible audience de
la poésie.
La poésie n'est pas par essence quelquechose qui perturbe l'ordre du monde,
ou qui vient bouleverser nos représentations en ruinant les structures
élémentaires de notre langue. Qu'on regarde un peu ce qu"était la poésie,
depuis ses commencements jusqu'au 19° siècle: on n'y verra pas cette
fatuité moderne qui consiste à vouloir perturber systématiquement les
représentations communes. Au contraire, les premières oeuvres poétiques qui
nous soient parvenues, à savoir les épopées mésopotamiennes sont
narratives, et mettent en scène des figures emblématiques des mythes. La
forme versifiée est liée à la fois à la mémorisation, et au fait que la
poésie soit un véritable chant. La poésie est donc la partie d'un tout, qui
comporte aussi la musique, et parfois une certaine pompe. Cela se récite dans
certaines circonstances. On peut aussi renvoyer aux descriptions de l'aède
chez Homère.
La prose au contraire ne se plie pas à un rythme préétabli, elle n'est pas
destinée à être mise en musique, quand même elle sera "poétique". Ce qui
à mon sens tue lentement la poésie depuis plus longtemps qu'on ne le pense,
c'est la pratique de la lecture silencieuse et indivilualisée. En effet, à
partir du XVI° siècle, pour donner un point de repère, les vers ne sont
plus systématiquement mis en musique, et ne sont pas non plus lus
systématiquement à haute voix. Ils sont parfois lus comme on lit les auteurs
anciens: on passe d'une pratique orale, et liée à un certaine cérémoniel,
à une pratique lettrée. Le vers seul, même dépourvu de musique, conserve
cependant une cadence forte, qui est soulignée au théâtre par un art de la
déclamation, tel qu'il subsiste au début du 20° siècle avec Sarah
Bernardt. Mais cette déclamation, peu à peu tombe dans le ridicule, la forme
versifiée de moins en moins liée à un rythme précis, se vide de sa
substance, et ne garde qu'une forme assez absurde, apparaissant comme un
ensemble de règles tyranniques et arbitraires. Devant cette forme devenue un
peu obsolète, à partir de Hugo timidement, et surtout depuis Rimbaud et
Apollinaire, les poètes multiplient les transgressions, et inventent de
nouvelles formes.
Mais on se trompe, je pense, en s'enthousiasmant devant cette course en avant
"libératrice", elle ne dénote pas un élan créatif, mais une recherche qui
tente paradoxalement de conserver, par toutes ses transgressions, un art qui
n'a pratiquement plus sa raison d'être.
L'art poétique de plus en plus marginalisé, s'invente des tas de
justifications théoriques plus ou moins farfelues, plus ou moins
métaphysiques, plus ou moins psychanalytiques, souvent arrogantes. On voit
des poètes comme Reverdy, opposer ceux qui ont un "sens poétique" et ceux
qui en sont dépourvus. Ce sens poétique, fonctionne un peu comme la foi chez
les croyants, elle est une sorte de grâce qui sépare les élus et les
damnés. Si un art n'est plus écouté, c'est que les autres manquent de ce
sacré sens poétique, on ne sait d'où venu, qui conforte ce petit monde dans
sa posture, et lui permet de vomir le reste du monde. La marginalisation
poétique n'est pas en fait liée à cette sépration saugrenue entre "esprits
poétiques" et "esprits prosaïques", elle est surtout le produit d'une
pratique de lecture indivilualisée et sourde dans laquelle la forme poétique
n'a plus de sens, et à laquelle cependant s'accrochent certains lettrés, qui
croient que la poésie est une essence éternelle.
Mais certaines formes d'art peuvent périr, et c'est à peu près ce qui
arrive à la poésie. A mon sens l'art poétique ne subsiste pas chez les
poètes contemporains ; il est à conservé (mais dans quel état?) dans l'art
de la chanson.
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alcibiade
Suprème actif


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Posté le: Sam Sep 08, 2007 10:42 am Sujet du message:
D'ailleurs le même processus s'observe dans nombre de domaines artistiques,
ou, au nom du refus de la forme on fout tout en l'air, comme si l'absence de
forme, l'abandon des moyens traditionnels devaient apporter miraculeusement un
fond à l'oeuvre. ça devient une sorte de culte à mystère... On peint sans
pinceaux, on sculpte sans ciseaux et sans marbre, et on fait de la poésie
sans vers. Cherchez l'erreur. Le roman, lui, malgré quelques "nouveautés",
repose sur des bases qui ne sont pas d'aujourd'hui.
C'est vrai que je ne vois pas pourquoi la poésie devrait ne pas etre claire.
Ce qui a fait le succès de la poésie grecque, c'est en bonne partie sa
simplicité ( sauf Pindare, mais il est beaucoup moins lu que Sophocle ou
Homère ce qui confirme ce que je dis). Hugo, Lamartine, Gautier, sont le plus
souvent extrèmement clairs, je trouve. On trouve parfois des mots peu usités
en poésie, est ce pour cela qu'on la rép*** difficile ? Un dictionnaire et
tous les problèmes de vocabulaire sont résolus.
Dernière édition par alcibiade le Sam Sep 08, 2007 10:48 am; édité 1 fois
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uacuus
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Posté le: Sam Sep 08, 2007 10:47 am Sujet du message:
Pour ce qui est de la peinture, il semble que l'art qui s'est développé
jusqu'ici reposait beaucoup sur la notion d'imitation du réel, or pour imiter
le réel rien ne vaut la photographie. Le déclin de la peinture est beaucoup
plus brutal et récent que celui de la poésie, et ne tient pas vraiment aux
mêmes raisons, même si dans les conséquences on peut observer des
phénomènes semblables de marginalisation et de sectarisme.
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alcibiade
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uacuus
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Posté le: Sam Sep 08, 2007 12:51 pm Sujet du message:
Cet abandon de certaines ne se fait pas sans raison, mais parce qu'elles sont
inadaptées d'une certaine manière à notre monde. Le vers n'a pas de sens
s'il n'est pas chanté ou déclamé du moins. Or actuellement on préfère
lire chez soi, que de se réunir dans un banquet autour d'un aède ou d'un
troubadour accompagné de sa lyre. Dans ces conditions l'abandon progressif de
la métrique me parait logique. Ce qui est moins logique, c'est que des gens
s'échinent à vouloir conserver la poésie, comme si elle était une essence
éternelle qui ne dépende pas de sa forme et de sa condition de réception.
C'est cette tension entre ce modernisme assez logique, et ce conservatisme
délirant qui donne lieu à un art surfait et cadavérique.
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alcibiade
Suprème actif


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Posté le: Sam Sep 08, 2007 13:36 pm Sujet du message:
On ne peut quand même pas se résigner à la mort de la poésie parce qu'il
n'y a plus d'aède.D'ailleurs on voit bien que la prose ne remplace pas les
vers, chacun permet une expression différente.
La recherche de nouvelle formes, c'est très bien, l'abandon complet de la
forme par contre ne mène jamais à rien selon moi, et pire ces dogmes soit
disant libertaires se sont révélés plus contraignants que Malherbes Il y a une
période ou l'on a voulu appeler tout scribouillage poésie et tout
gribouillage peinture. On commence à en revenir mais lentement et
difficilement.
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