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Sylvain Legrand
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Message Posté le: Jeu Sep 28, 2006 07:35 am    Sujet du message:
Citation:
".Je classe la sensiblité dans la case "inclinaison naturelle" et son expression dans "empirisme".

Je comprends mieux pourquoi tu n'apprécie pas les textes d'aviam, qui écrit "avec ses tripes" (ce doit-être salissant sur un clavier d'ailleurs) et de manière plus ou moins spontanée, sans chercher toujours dans la rhétorique.
Sinon
Citation:
Une fois cette difficulté surmontée, les idées forment des phrases et les phrases transpirent une atmosphère profondement singulière: cette atmosphère est un fragment de notre personnalité, de notre être sur lequel nous n'avons aucun contrôle; appellez le "âme" ou "style".
Les écrits sont transcendés mais l'auteur doit s'éffacer: on n'a qu'un seul coeur et celui çi ne peut battre qu'à un seul rhytme, en un seul endroit.

Simple question: ne chercherais-tu pas à te détacher de ta sensibilité pour atteindre un style nouveau?
Méphistophélès
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Message Posté le: Jeu Sep 28, 2006 19:32 pm    Sujet du message:
Au contraire, je considère qu'un écrit sans sensibilité est inutile, mais de même, faire du lyrisme sans style et sans construction, c'est plat.
Soyons franc, le plus important dans l'ecriture ce sont les sentiments ous les idées que l'on veut faire passer, mais encore faut il savoir faire cela...
La forme doit être dompté par le fond, c'est à dire que les mots doivent être maitrisés à la perfection afin que notre sensibilité propre fasse glisser leur sens vers un resultat qui nous sera personel. C'est difficile à expliquer.

Je reproche à Aviam d'écrire des choses plates malgré sa maîtrise du style et de l'ecriture. Contrairement à ce que tu semble penser, faire des suites impavides de métaphores n'ayant ni queue ni tête, je ne considère pas cela comme "écrire avec sensibilité". Et je fais une difference entre "écrire avec ses tripes" et "ecrire sans reflechir, noter tout ce qui nous passe par la tête".
Il y a un fossé qui sépare l'inspiration et l'ecriture systematique, legerement retravailler par un ajout un peu chaotique et bête de métaphores toutes faites.

Pour finir, je me citerais comme exemple. Je pratique une ecriture dite "de l'absurde": une ecriture très introspective, basé sur le ressenti. La sensibilité vient deformer la réalité.
Pourtant afin de creer cette ambiance absurde et se glissement du réel au sentiment, je dois maitriser à la perfection la langue: et cela ne veux pas dire balancer des images et des procedes de style au hasard, mais structurer l'ecrit.
Si tu veux, je pourrais te faire lire un exemple.
Sylvain Legrand
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Message Posté le: Jeu Sep 28, 2006 19:55 pm    Sujet du message:
avec plaisir. Je crois qu'on est tout de même d'accord dans le fond.
Sylvain Legrand
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Message Posté le: Jeu Sep 28, 2006 19:56 pm    Sujet du message:
sinon, je n'ai pas eu ton opinion sur ce texte, et elle m'interesse Very Happy
Aviam Errpeï
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Message Posté le: Jeu Sep 28, 2006 23:13 pm    Sujet du message:
je ne balance les images que parcqu'elles s'imposent partout, ca circule d'un coup, dans les oreilles, les yeux, l'estomac, ca s'impose.

je reprend un ex sur mon poeme javance

ce 'main humaine'.
c'est cela. une image qui s'impose, qui peut s'expliquer apres, si tu veux decortiquer. oui apres, la fusion des couleurs, le defilement des couleurs, tous ce que mes yeux mm'offrent quand j'avance, les mains qui défilent, sont le symbole de la vie humaine que je vois défiler dans ce panorama de couleur.

je ne me suis pas un instant 'dit ' ou 'reflechit' à cette image, j'avais dans les tripes ce sentiment d'avancée avec les hommes et les couleurs.
Méphistophélès
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Message Posté le: Ven Sep 29, 2006 18:19 pm    Sujet du message:
Tu écris comme tu vomis: avec cette classe sauvage et ce naturel proprement élitiste Aux anges

Je plaisente Aviam Wink

Bon voici ce que je veux dire par "ecriture de l'absurde" et "structure des sentiments", un extrait de l'une de mes dernière nouvelles:

Citation:
"[...] A coup sûr le réel n’était rien de plus qu’un rêve.
Une logique incompréhensible animait ce monde et c’était comme si un être supérieur s’était amusé à en faire une esquisse pour la distordre de telle sorte que le motif dessiné n’ait plus aucun sens.
Il devinait une sorte de distance entre lui et ce qui l’entourait, le dehors, l’inaccessible.
Par exemple, lorsque ses yeux s’ouvraient pour embrasser le monde de lumière, il déambulait au hasard dans l’espace géométrique et confiné des choses plates, incurvées, tranchantes ou massives.
Il ressentait le plaisir, la contrainte, la satisfaction, la douleur et le manque comme autant d’expériences auxquelles il n’accordait que peu d’attention. C’était un endroit trop plein d’un vide consistant, et ce vide très spécial il l’avait nommé l’ « inexorable ». Dans le monde de lumière il était esclave de cet inexorable, mais quand le soleil déclinait et que ses paupières dans un même mouvement faisaient naître les ténèbres, il entrait alors dans le royaume de l’ « éphémère ».
Tout est mirage, faux semblant, choses distinctes mais lointaines, invisibles mais omniprésentes.
Tout est contraste et mutation, impressions systématiques, quintessence du paradoxale.
Tout est reflet, plus terne, plus clair, plus brillant, jamais identique.
Ici il avait tout pouvoir.
Cette certitude était imprégnée dans son esprit, toutefois il ne devait surtout pas en faire usage volontairement, sans quoi il détruirait lui-même son propre rêve. Il le savait. Il ne devait rien contrôler, et en ce sens, il retrouvait où qu’il soit un peu de l’inexorable.
Enfin… tout ceci restait bien fade.
Oscillant sans cesse de l’immensité palpable à l’infini imperceptible, il ne pouvait se résoudre à admettre que sa vie toute entière se résume à une simple divagation.
S’il était en mesure de percevoir ces illusions diverses et variées, qu’elles soient torpeur ou emprise, crainte ou espoir, ne pourrait il donc pas accéder à la vérité ?
Entre l’inexorable et l’éphémère, il devait bien y avoir quelque chose.
Quelque chose qu’il lui faudrait trouver, extraire du plus profond de lui.
Entre l’inexorable et l’éphémère, le réel était tapi, tel une bête menaçante. [...]"


Extrait de "Mémoire d'un Fantasme".
Sylvain Legrand
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Message Posté le: Ven Sep 29, 2006 18:57 pm    Sujet du message:
waouh, vraiment, c'est époustouflant. C'est absurde mais ton ressenti structure le tout, et on sent le fil conducteur.

Sinon, pour insister lourdement, tu penses quoi de mon texte?
Sylvain Legrand
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Message Posté le: Ven Sep 29, 2006 19:00 pm    Sujet du message:
Sinon, je me demandais, tu as quel âge?
Et est-ce que tu es édité?
Méphistophélès
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Message Posté le: Dim Oct 01, 2006 18:25 pm    Sujet du message:
Non je ne suis pas édité, pour l'instant je me contente de participer à des concours litteraires et je prépare gentiment mon recueil de nouvelles ("l'Indicible").
Je suis d'ailleur en train de bosser sur la toute dernière nouvelle de ce recueil, après quoi je croiserais les doigts et j'irais à la recherche d'un éditeur ^_^
Méphistophélès
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Message Posté le: Dim Oct 01, 2006 18:59 pm    Sujet du message:
Citation:
« S’il a les yeux fanés c’est qu’à force de dire
Que le miel est soyeux sur le soleil sucré
Il a chargé ses dents de feux et d’avenirs :
Du lambeau qui s’étoffe au mal approprié »

Adieu la majuscule, adieu la terre cuite
Je vais jouer mon cœur à l’antique balance
Adieu phase trop faite, adieu pose sur-dite
S’il faut garder encor ce vieux goût de malchance.

Quand les fourmis guettaient le butin délaissé
On sentait quelque fois des parfums maladroits
De l’animalité au plus creux du pavé
C’est que tout était laid, sale et très discourtois

Ils ont senti mon âme agile et déplacée
Dans les débris divers de mes cieux défaillants.
Elle n’est pas vraiment chose bien composée
J’aime et pleure et puis souffre autant d’antique allant.

Du lambeau qui s’étoffe au mal approprié
S’il faut garder encor ce vieux goût de malchance
C’est que tout était laid, sale et très discourtois
J’aime et pleure et puis souffre autant d’antique allant
Nous sommes des instants.


Première impression: c'est un poème très complexe est difficile à comprendre. Tout est en métaphore, en anthitèse, les principes sont abstraits voir absurdes.

Citation:
« S’il a les yeux fanés c’est qu’à force de dire
Que le miel est soyeux sur le soleil sucré
Il a chargé ses dents de feux et d’avenirs :
Du lambeau qui s’étoffe au mal approprié »


Strophe mise en relief par les guillemets.
Un lien de cause à effet:
Si "il a les yeux fanés" c'est parce que il a trop dit "Que le miel est soyeux sur le soleil sucré".
Conséquence: "Il a chargé ses dents de feux et d’avenirs du lambeau qui s’étoffe au mal approprié".

Mon interprétation: il s'aveugle ("yeux fanés") d'illusions "positivantes" ("miel", "sucré") et l'espoir qui en découle ("dents de feux et d'avenirs", de l'ambition: avoir les dents longues) ne fait qu'enfler son malheur futur ("lambeau", "mal").
Champ lexical de la matière plissable: soyeux, lambeau, étoffe en opposition avec le champ lexicale du soleil, de sa lumière: miel, soleil, yeux, feux.
En découle l'éphémère, le feu du soleil qui brule le papier fragile, l'espoir annihilé par cette trop grande confiance du personnage.

Citation:
Adieu la majuscule, adieu la terre cuite
Je vais jouer mon cœur à l’antique balance
Adieu phase trop faite, adieu pose sur-dite
S’il faut garder encor ce vieux goût de malchance


A mon sens, une allusion aux arts.
La "majuscule" de l'écriture, la "terre cuite" de la céramique, "l'antique balance".
Une critique de cet arts considéré comme excessif: "joeur mon coeur", "phase trop faite" (qui n'a pas de sens), "pose sur-dite" (ridicule des apparences, des postures).
Enfin le "vieux goout de malchance", l'art qui ne mène à rien.
Tout cela me fait pensé à l'art antique grec ("vieux", "pose", "balance", ainsi que l'évocation de la céramique qui est omnipresente à cette époque).
Au passage, le coeur et la balance renvoient certainement au mythe egyptien (la plume, le coeur et la balance).
Il s'agit de juger de sa valeur, d'un art démodé, lourd, inutile, creux.
A noter l'oxymore de la "pose sur-dite".

Tu as du faire de l'histoire des arts...

Citation:
Quand les fourmis guettaient le butin délaissé
On sentait quelque fois des parfums maladroits
De l’animalité au plus creux du pavé
C’est que tout était laid, sale et très discourtois


Apres les arts, aux antipodes, la nature et l'animalité: hyperbole du butin des fourmis, personification des parfums, anthitèse entre l'animal et le pavé, l'innanimé, le lourd et inchangeable, nouvelle personification avec "discourtois".
Le point de vu est de plus en plus general: les sentiments, les arts qui permettent de les exprimer puis "tout".
On voit ressurgir le caractère vain et inutile des choses: "delaissée", "maladroits", "pavé"," laid, sale et très discourtois".
L'idée de la complexité est dans la forme du poème mais aussi dans la signification des métaphores, c'est finement joué, neanmoins je reproche un caractère un peu laborieux à la comprehension du tout: les choses simples comme les choses complexes doivent être dites le plus simplement possible, à moins qu'en les complexifiant on parvienne à un glissement du sens general au sens particulier.
A voir.

Citation:
Ils ont senti mon âme agile et déplacée
Dans les débris divers de mes cieux défaillants.
Elle n’est pas vraiment chose bien composée
J’aime et pleure et puis souffre autant d’antique allant.


On recentre sur l'auteur: paradoxe "agile" et "deplacée", techniquement ce qui est agilé parvient plus facilement à se placer physiquement, or d'un point de vue spirituelle la fluidité de cette âme la dessert et l'emprisonne dans une univers qui n'est pas fait pour elle. Nous avons donc un double sens.
Anthitèse: "débris" et "cieux", la terre en ruine et le ciel défaillant. C'est une sorte de métaphore filée qui renforce l'idée de délabrement, de lambeau.
Evocation de l'antique qui rapelle la strophe sur les arts, mais je ne comprend pas ce vers, une allusion de la durée de la souffrance ?

Citation:
Du lambeau qui s’étoffe au mal approprié
S’il faut garder encor ce vieux goût de malchance
C’est que tout était laid, sale et très discourtois
J’aime et pleure et puis souffre autant d’antique allant
Nous sommes des instants.


Les quatres premiers vers sont repris, avec une évocation du caractère éphémère du poète.
C'est un poème triste, une sorte de spleen baudelerien (c'est le premier effet que cela m'a fait): l'homme prisonnier, embourbé dans un monde qui ne lui correspond pas, tout devient difficile, laborieux, plus rien n'a de saveur.

Comme je l'ai dit, c'est un poème peu clair est assez complexe, je m'excuse si mon analyse déforme tout à fait tes propos.
Tu as un style particulier et très interessant, ce poème est très beau, bien construit et témoigne d'une certaine culture, mais difficile à aborder.
Cyrilleee
De passage
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Message Posté le: Mer Fév 07, 2007 21:03 pm    Sujet du message:
Je suis en accord avec le jugement personnel de Métempsychose, à ceci près qu'en lisant ton poème, en lisant les poèmes qui aux premiers abords sont incompréhensibles pour moi (ayant une culture générale assez mince je dois l'avouer), je l'apprécie pour ce trait, justement.

Je m'explique: là ou reigne mon incompréhension, reigne mon bonheur, mon évasion, je me plais à lire ses mots sans rien comprendre, j'apprécie ça, énormement. L'expliquation suivante qu'en donne Métempsychose, vraie ou fausse, peu m'importe, donne une nouvelle vie à ton poème. J'affectionne pardessus tout ces poèmes aux multiples vies. Et chaque mot a son sens d'avant, puis d'après.

Voila, un outil aux multiples aspects, modulables suivant ce qu'on attend de lui. J'apprécierai ton poème pour son image d'aujourd'hui, pour celle de demain... Peu de gens aiment ça, je crois, peu de gens considerent l'aspect que j'ai évoqué cependant ^^. Voila, un très beau poème, merci.
Mandos
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Message Posté le: Dim Fév 18, 2007 00:05 am    Sujet du message:
Je suis un peu trop fatigué pour me lancer dans un los en règle, mais j'aime beaucoup. Particulièrement, j'aime à retrouver dans ce texte ce quelque chose d'aérien qui caractérise ton écriture. Syntaxe fragile, menacée de remous, comme dans ce vers : "Elle n’est pas vraiment chose bien composée", l'un des rares dans lesquels la cheville soit une qualité poétique Wink

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