pierre
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Posté le: Jeu Mar 23, 2006 19:08 pm Sujet du message: Styles et formes
Donc voila ce sujet n'est pas un poème mais juste une remarque: Ne trouvez
vous pas que faire des vers en 7 sylabes ect... est complètement stupide?
C'est vrai quoi.Quand on écrit c'est pour nous libérez nous exprimez alors
pourquoi instorer des barrières à cette liberté?
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Invité
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Posté le: Jeu Mar 23, 2006 19:51 pm Sujet du message:
Je n'aime pas les règles !!!
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Mandos
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Posté le: Jeu Mar 23, 2006 19:56 pm Sujet du message:
Je crois que tu n'as pas très bien saisi ce qu'était la poésie mesurée,
Pierre. Ou alors, c'est que tu as mené une réflexion très profonde qui
m'échappe complètement, et qu'il faudrait nous exposer.
Quand on écrit en vers mesuré, ce n'est pas une contrainte gratuite. L'idée
n'est pas de pouvoir dire :
"Regardez, les gars, si vous comptez, ça fait douze"
Ce qui compte, dans un vers mesuré, c'est uniquement la musicalité, le
rythme. Par exemple, un alexandrin, ce n'est pas un vers de douze syllabe,
c'est un vers découpé en deux groupes de six syllabes, ou trois de quatre.
Et quand on écrit en vers mesurés, c'est uniquement pour jouer sur cette
musicalité. Il ne s'agit pas d'écrire en comptant sur ses doigts pour que
les lecteurs, comptant sur leurs doigts, trouvent tel ou tel nombre de
syllabes !
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Jeu Mar 23, 2006 20:09 pm Sujet du message:
J'approuve et félicite mandos pour cette explication parfaite. j'écris en
vers mètrés pour les sonorités que le vers met en valeurs par divers
techniques et cette musicalité renforce ainsi plus ou moins la tonalité du
poème. Il ne faut pas voir dans les poèmes en alexandrins que l'on pourrait
croire rébarbatif, une contrainte un poids qui pèse et écrase le poème,
c'est bien l'inverse. Et il ne faut pas non plus, du moins je pense, rejettez
les règles juste pour le fait qu'elle sont des règles; c'est une attitude
complète de rejet et de rebutage.
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CLAIR OBSCUR
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Posté le: Jeu Mar 23, 2006 20:22 pm Sujet du message:
Entièrement d'accord avec ce qui vient d'être dit !!!!!!!!!!!!!!!!
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dead-Nerval
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 13:11 pm Sujet du message:
Et moi aussi !!
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Invité
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 13:15 pm Sujet du message:
Pas besoin forcément d'alexandrins pour avoir une musicalité des vers. (ce
qui ne veut pas dire que les alexandrins ne sont pas bien pour créer cette
musicalité, au contraire)
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Marquise
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 19:09 pm Sujet du message:
Non, certains maîtres savent très bien jouer du vers libre, mais ce n'est
donné à aucun amateur de ma connaissance...
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Invité
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 19:53 pm Sujet du message:
C'est vrai:)
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pierre
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 20:13 pm Sujet du message:
A quoi cela peut-il servir de rytmé un poème que l'on a écrit avec des
contraintes (puisque tu as bien parler de contrainte Mandos).Puisque souvent
le poème n'est aps exactement celui que l'on voulais écrire au début.
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Mandos
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Posté le: Ven Mar 24, 2006 21:09 pm Sujet du message:
J'ai parlé de contraintes non-gratuites, de contraintes pour lesquels on opte
dans un but précis. C'est un peu comme une chanson. Je n'en écris pas, mais
je suppose que quand on écrit un texte de chanson, on fait en sorte que les
mots puissent s'accorder à la musique. Et ça, c'est une contrainte d'ordre
métrique. La seule différence, quand on considère juste un poème,c'est
qu'il doit être porteur de sa propre mélodie. Du coup, je comprends mal ta
question. On ne sait jamais exactement à quoi on va aboutir, quand on
commence un poème. C'est bien normal, si l'on savait, cela voudrait dire que
l'on a déjà terminé le poème.
Par contre, il y a une chose que j'admets très volontiers, c'est qu'il n'est
jamais possible de tout dire dans telle ou telle forme. De même qu'une langue
ne permettra jamais d'exprimer exactement telle ou telle idée. Mais c'est une
très bonne chose. C'est par là que la forme existe, et qu'elle s'unit au
fond, dont elle ne peut être conçue comme séparée, puisqu'elle
l'influence. Bref, la contrainte est l'un des moyens d'existence de la forme,
qui est elle-même le centre de l'art. Ceci dit, on ne fait là que pousser un
peu plus loin ce qui existe naturellement de par la nature même de la langue.
La création d'une oeuvre littéraire, c'est le passage d'un fond conceptuel
idéal dans un système formel. Et au cours de ce passage, il se produit une
altération qui est le style de l'artiste. C'est pour ça aussi que la
traduction est un exercice un peu vain, puisque on transpose un fond dont les
altérations perdent leur sens, puisqu'elles étaient déterminées par un
cadre formel qui n'existe plus. Une oeuvre traduite est nécessairement
dénaturée.
Et là, on doit commencer à voir quelque chose d'important, à savoir que de
toute façon, tous les poèmes comportent des contraintes, qui sont celles de
la langue, et celles du parti pris esthétique de l'auteur. On n'échappe
jamais à ce dialogue entre forme et fond qui constitue à la fois la marque
d'un système de contraintes formelles et l'essence de l'art. Bref, c'est en
partie pour aboutir à un poème qui "n'est aps exactement celui que l'on
voulais écrire au début." que l'on opte pour un système rythmique.
Voilà pour la valeur de la contrainte en soi. Mais encore une fois, dans la
poésie mesurée, on a pas affaire à la contrainte pour la contrainte. Il
s'agit de contraintes qui trouvent leurs racines dans l'intuition a priori de
la beauté.
Dernière édition par Mandos le Mar Mar 28, 2006 22:28 pm; édité 1 fois
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dead-Nerval
De passage
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 07:46 am Sujet du message:
Citation: | c'est qu'il n'est jamais possible de tout dire dans telle ou
telle forme. | C'est a voir, Mallarmé,
par exemple, a su dire des choses "nouvelle" en gardant la forme fixe par
excellence : le Sonnet.
Mais dans l'ensemble je suis d'accord avec vous.
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Marquise
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 10:56 am Sujet du message:
Mallarmé a même versifié les adresses postales de ses correspondants un phénomène,
celui-là, encore! Très fort sur le rythme et les sonorités qu'il maniait très
bien, d'ailleurs.
Je ne vais pas redire ce que Mandos a écrit. Ajouter simplement que si
l'Alexandrin et l'octosyllabe sont les vers les plus "évidents" sur le plan
musical, c'est que la langue française et son rythme naturel les impose
directement.
Il suffit d'écouter.
Enfin, il est vrai que les prononciations changent: les "e" muets sont
complètement bannis de l'articulation vocalique, tant dans les conversations
que dans les textes des chansons de varité... Ca fait plus dmocratique, plus
"prolo", plus accessible... Mais c'est aussi infiniment plus moche.
La raison d'être du "e" muet étant, à la base, d'assurer un parfait
"legato" (au sens musical du terme) dans les vers et dans les phrases.
On est loin du dix-septième siècle, trop maniéré, j'en conviens, mais tout
en ayant perdu énormément de vocabulaire, on en vient à une langue dure et
assez ridicule:
"chte ldis comjlepense"
Su grand art...
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Mandos
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 13:48 pm Sujet du message:
Tout à fait d'accord avec cet éloge du e muet, le plus puissant et gracieux
de nos outils prosodiques !
Sinon, Dead-Nerval, je ne voulais psa dire qu'il y a des informations qui ne
peuvet être traduites en langage versifié. Mais, par exemple, il est
totalement impossible de glisser "j'aime les topinambours" dans un alexandrin.
Il faudra le dire autrement, et donc, fatalement, dire un peu autre chose.
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dead-Nerval
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Mandos
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 17:03 pm Sujet du message:
Ben non, justement, je ne pense pas. Il n'y a pas de véritables synonymes, en
langue française. De toute façon, il ne peut pas y en avoir, parce que le
sens profond d'un mot naît d'une interaction entre sa définition brute,
telle qu'on peut la trouver dans un dictionnaire, et les échos que trouve sa
sonorité dans notre univers phonético-sémantique. Mots différents, sens
différents. Pas de beaucoup, bien sûr, mais il suffit de peu pour faire un
style.
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Goldman, the gold man
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 17:08 pm Sujet du message:
Rien ne nous oblige à écrire des poèmes avec un nombre de strophes, de vers
ou de syllabes bien précises (à moins que ce soit le professeur qui
l'ordonne pour un devoir en classe ou à la maison). Chacun décide de la
manière dont il écrira son poème, le poète est libre. Le fait de décider
d'instaurer toujours le même nombre de vers à chaque strophe n'est pas une
barrière, ni une contrainte, mais plutôt un défi. Il y a certains types de
poème qui sonnent très bien en alexandrins, d'autres sans aucune rime, même
ceux étant des textes de plusieurs pages. Je ne crois pas qu'il soit
"stupide" de faire des vers de 7 syllabes si tel a été le vouloir du poète
par rapport au thème qu'il aborde. Je ne crois pas que Baudelaire, Verlaine
et Rimbaud aient été stupides d'écrire certains poèmes avec toujours un
même nombre de vers. Comme l'a bien expliqué Mandos, on écrit pas des
poèmes dans le but que les autres soient attentif à sa structure (soit à
son nombre de vers en l'occurence), mais il y a certaines rythmiques qui
passent mieux que d'autres selon les mots choisis par étape.
C'est pareil pour les chansons, mais il faut savoir être sensible à leur
musicalité, à leurs paroles, et non pas à leur nombre de vers, de couplets
ou au fait qu'il y ait unrefrain ou non.
Un poème est un poème du moment que l'on y inscrive nos mots. Il n'y a pas
de loi à respecter pour écrire un poème.[/u]
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Mandos
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 17:32 pm Sujet du message:
Nous sommes d'accord.
Ceci dit, il faut voir que de nos jours, dans le (petit) monde de l'édition
et de la critique poétiques, c'st bien le vers classique qui est
systématiquement (et stupidement, à mon sens) déprécié par rapport au
vers libre. C'est un peu dommage.
Et quand j'étais en seconde, mon professeur de français nous a fait écrire
un poème avec interdiction formelle de faire rimer les vers. Ça partait
d'une bonne intention : éviter de ramasser des poèmes compltètement
défigurés par une versification maladroite. Mais pour moi qui ne savait pas
écrire autrement qu'en alexandrin, c'était plutôt problématique.
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dead-Nerval
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Posté le: Sam Mar 25, 2006 20:06 pm Sujet du message:
Je ne parlais pas de trouver des synonymes, mais d'agencé des vers, avec des
sonorités et rythmes particulié, pour recréer le même sentiment, la même
sensation que provoque votre petite phrase. Et dans ce sens, a mon avis, c'est
possible.
Citation: | c'st bien le vers classique qui est systématiquement (et
stupidement, à mon sens) déprécié par rapport au vers libre. C'est un peu
dommage. |
Pour moi c'est presque le début de la fin de la poésie ...
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Ronsard revit!
De passage
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Posté le: Ven Mar 31, 2006 13:38 pm Sujet du message:
moi j'ai repris Baudelaire pour changer la forme et donner un autre sens
L'albatros
Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
des albatros, vastes oiseaux des mers,
Prennent le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés maladroits et honteux,
Que ces rois de l'azur,comme des avirons à côté d'eux
Laissent piteusement leurs grandes planches
traîner sur les ailes blanches.
Ce voyageur ailé, L'un comme il est gauche et veule !
L'autre qu'il est comique avec un brûle-gueule,
Lui, naguère si beau,agace son bec laid !
et en boitant, mime l'infirme qui volait !
Le poète est semblable au prince de l'archer des nuées
il empêche ses ailes de géant des huées
de marcher sur le sol exilé au milieu.
Qui se rit et hante la tempête :
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