[BELGIQUE] Partie 1


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Nash
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Message Posté le: Jeu Juil 14, 2005 17:36 pm    Sujet du message: [BELGIQUE] Partie 1
Vous l'attendiez, la voici, je viens d'achever la première partie de ma présentation du pays Wink

J'aimerais vous faire un peu découvrir mon pays, la Belgique, pas tellement géographiquement, mais d'un point de vue institutionnel, culturel et politique pr mieux, par exemple, expliquer pourquoi la majorité des conflits apparaissant dans mon pays parviennent à trouver une solution de compromis. Je précise que cette explication est également destinée à la majorité des Belges qui, comme la majorité des citoyens dans de monde, ne connaît qu'une petite partie de l'iceberg institutionnel qui peut constituer la structure d'un Etat.

Avant toute chose, je tiens à dire ceci: mon but ici n'est nullement de faire croire qu'ici plus qu'ailleurs tout est rose et qu'il n'y a aucun problème. Que du contraire, nous avons nous aussi notre lot de problèmes, mais la "démocratie de pacification" (j'en expliquerai le principe par la suite) nous permet de tenir les différentes parties du pays ensemble.

Je terminerai mon "speech" d'entrée Wink en espérant ne pas être trop technique ou trop barbant. Si tel est le cas, veuillez m'en excuser. De même, si certaines choses ne semblent pas claires, n'hésitez pas à me le signaler

Bonne lecture !

1 Introduction
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1 a. La Belgique géographique dans l'Europe
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Commençons par l'une ou l'autre petite chose qui vous permettront de situer le contexte. La Belgique est probablement, malgré sa petite taille (32.545 km²), le pays le plus "européen" de l'Europe actuelle. De par sa position géographique tout d'abord: nous côtoyons ainsi les Pays-Bas, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou encore le Grand-duché de Luxembourg. De par ses institutions ensuite: en effet, la Belgique — qui fait partie, rappelons-le, des 6 pays fondateurs de l'Union Européenne — est l'Etat européen comportant le plus d'instances européennes, telles que, par exemple, le Parlement Européen (partiellement) ou la Commission européenne, qui ont tous deux leurs sièges respectifs à Bruxelles.

1.b La Belgique géographique interne
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Abordons à présent la question de l'aspect interne du pays. Au centre du pays, Bruxelles, qui est notre capitale. Alors que le Nord du pays (= la Flandre) possède un relief extrêmement peu prononcé, le Sud (= la Wallonie), par contre, est doté d'un relief très vallonné et de nombreuses forêts, relief qui atteint son paroxysme dans les Ardennes (sud-est du pays). La ligne de séparation entre la Flandre et la Wallonie et en fait une ligne à peu près horizontale se situant légèrement au sud de Bruxelles. Nous verrons par la suite que cette ligne est loin d'être une construction théorique et qu'elle est d'une importance cruciale dans la vie belge. Retenez simplement pour l'instant que cette ligne est appelée "frontière linguistique", dont voici le tracé :


En ce qui concerne les villes on remarque que la Flandre comporte un plus grand nombre de grandes villes que la Wallonie. Parmi les grandes villes de la Belgique, remarquons par exemple Bruxelles (la capitale), Namur, Liège ou Charleroi (en Wallonie) ainsi qu'Anvers, Bruges ou encore Genk (en Flandre).

1.c. Aperçu historique
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Tout pays, s'il veut être compris (car un pays c'est avant tout une culture, un état d'esprit), requiert que l'on connaisse au minimum certains traits essentiels de son histoire, chacun de ces traits ayant contribué à forger le pays en question.

Je ne vais pas ici vous parler de l'homme de Neandertal ou des Croisades, ce serait incongru et, dès lors, parfaitement inintéressant Very Happy

Entamons si vous le voulez bien notre périple à travers l'Histoire à l'époque où la Belgique actuelle faisait partie intégrante des Pays-Bas (attention, les "Pays-Bas" de l'époque c'était, en gros: les Pays-Bas actuels + la Belgique + le Grand-duché de Luxembourg). Lesdits Pays-Bas étaient, à l’époque, sous domination autrichienne. En 1789, la Révolution française éclate. Rapidement, les idées révolutionnaires se répandent dans les Pays-Bas autrichiens ainsi que dans la Principauté de Liège. Ces idées génèrent, dans nos régions, une « union des oppositions » réunissant à la fois des anticléricaux (libéraux) et des cléricaux (l’Eglise). Les premiers étaient opposés à Joseph II d’Autriche à cause de l’absence de nombreuses libertés dans le pays, les seconds lui étaient opposés à cause de sa volonté d’imposer le protestantisme. Pour rappel, les anti-cléricaux ne sont PAS opposés aux religions, mais bien à ce qu’elles aient une place dans la politique d’un gouvernement !!!! On a ainsi de nombreux croyants anti-cléricaux !!!

En 1790, une première révolution se produit, mais elle aboutit à un échec. Cette révolution avait par ailleurs le soutien de la Grande-Bretagne, qui voyait en la – future – Belgique un possible futur soutien face à la puissance française.

En 1792-1793, une deuxième révolution éclate, mais ele aboutit, elle aussi, à un échec. Cette fois, c’est la France qui soutient, de façon très claire et ouverte, ce mouvement. Le général français Dumouriez, par ailleurs ministre, remporte à Jemappes une grande victoire contre les forces autrichiennes. La Belgique passe alors sous domination française. La loi du 1/10/1795 confirme l’annexion des Pays-Bas autrichiens – principauté de Liège incluse – à la France. La fin de l’Ancien Régime se situe à cette époque.

En 1814, Napoléon est vaincu à Waterloo. Les troupes coalisées contre lui reprennent la Belgique et rétablissent les Pays-Bas, via le Traité de Paris (30/5/1814). La Belgique se voit donc rattachée à nouveau aux Pays-Bas. Le 31 juillet de cette même année, Guillaume d’Orange-Nassau devient gouverneur général de Belgique, en accédant au trône de la maison d’Orange. Ce faisant, l’espoir d’une 3ème révolution s’envole. C’est également à ce moment qu’est rédigé ce qu’on appellera « l’acte des 8 articles » dans lequel le souverain de Pays-Bas reconnaît que, même si les Pays-Bas forment un seul Etat, ils sont formés de deux pays (Pays-Bas actuels + Belgique actuelle). Il reconnaît donc une spécificité belge.

Toujours en 1814 est rédigée la « loi fondamentale », qui n’est autre que la première Constitution du Royaume des Pays-Bas. Celle-ci comportait des éléments de nature à favoriser les mécontentements dans notre pays : ainsi, ce sont d’une part le Roi et d’autre part les Etats généraux qui exerçaient la fonction législative. Mais surtout, le principe de séparation des pouvoirs était totalement ignoré, de même que le principe de responsabilité ministérielle. Enfin, le Roi se voyait attribuer des prérogatives étendues.

Cette Constitution – applicable dans tous les Pays-Bas – déclenche de très vives réactions. Trop vives, au goût de Guillaume 1er, qui décide alors de mettre sur pied une Commission de révision de la Constitution. Celle-ci était constituée de 11 hollandais et de 11 belges. Cette commission provoque la colère de l’Eglise qui y voit une commission anti-cléricale capable de mettre sur pied une révision de la Constitution qui le soit tout autant. Un projet de révision est adopté et envoyé aux Etats généraux. Lors du vote aux Etats généraux, on voit l’apparition de l’arithmétique hollandaise (sur 1323 votes, 527 ont voté pour, 796 contre. Mais on considéra alors que les 126 votes négatifs motivés par des raisons religieuses n’avait pas lieu d’être – sous le prétexte que cette attitude était en contradiction avec les 8 articles – donc on considéra qu’ils avaient en fait voté « oui » ; de même, on considéra que les 280 notables n’ayant pas voté avaient eux aussi voté oui. La minorité se transforma donc en majorité...).

Mais cette révision, telle qu’adoptée, déclenche un ouragan de critiques.
1) De la part de l’Eglise tout d’abord, opposée au protestantisme d’Etat du Prince d’Orange. 2) De la part des francophones de Belgique ensuite, opposés à la néerlandisation du pays. Notons que les Flamands, eux aussi, sont opposés à cette néerlandisation. N’oublions pas, en effet, qu’en Flandre comme en Wallonie, l’immense majorité de la population de l’époque parle dans des patois locaux.
3) De la part des libéraux enfin qui stigmatisent l’absence de nombreuses libertés, telle la liberté de presse, remplacée par un « drukpers » (nécessité d’obtenir une autorisation du pouvoir pour éditer / imprimer quelque chose)

Ces critiques déclenchent une nouvelle « union des oppositions » (catholiques + libéraux), dotée d’un programme commun : inviolabilité des droits publics, responsabilité ministérielle, compétence du jury, liberté des langues, liberté de l’enseignement.

Suite à ces protestations de plus en plus fortes, Guillaume 1er accepte, en 1829, quelques concessions, mais celles-ci, très minimes, ne peuvent ralentir le mouvement révolutionnaire qui va suivre.

On estime que c’est le 25 août 1830, lors de la représentation, à Bruxelles, de la Muette de Portici, que l’étincelle se déclenche. Des émeutes soulèvent alors toute la ville. Quelques jours plus tard, c’est le pays tout entier qui est en pleine révolte contre l’autorité néerlandaise. Les frustrations si longtemps contenues, accumulées au cours de nombreuses décennies d’occupation – qu’elle soit autrichienne, française ou hollandaise – trouvent là un exutoire.

Le 23 septembre, réalisant l’ampleur du mouvement, Guillaume 1er envoie son fils, le Prince Frédéric à Bruxelles avec toute une armée. Mais la résistance bruxelloise est telle que, dans la nuit du 26 au 27, le Prince ordonne le retrait de l’armée néerlandaise. Ce retrait sonne la fin du joug néerlandais en Belgique, et l’indépendance de celle-ci.

Dès le 26 septembre donc, l’autorité royale de Guillaume 1er n’est plus. Un gouvernement provisoire est alors mis en place à Bruxelles. Le 4 octobre, via un décret constituant, l’indépendance de la Belgique est officiellement déclarée mais il faudra attendre le 19 avril 1839 pour que, via un traité, les Pays-Bas reconnaissent enfin la Belgique et son indépendance.

En 1831, le pays se dote d’une nouvelle Constitution. Celle-ci, bien qu’étant un patchwork composé à 90% d’extraits d’autres constitutions (française, hollandaise, anglaise), comporte également certains éléments complètement révolutionnaires et inconnus à l’époque, tels l’égalité de droits et la garantie de la liberté individuelle, la liberté des cultes et la liberté de l’enseignement, la liberté de la presse, la liberté de réunion, d’association et de pétition ou encore la liberté linguistique – cette dernière, fort théorique, sera détaillée par la suite. La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) était également une des pierres angulaires de cette nouvelle Constitution.

La liberté linguistique, bien qu’inscrite dans la nouvelle Constitution, était fort peu appliquée à l’époque. En effet, la quasi-totalité des notables, des grands industriels, et des responsables politiques de l’époque étaient des francophones, issus majoritairement de la Wallonie, beaucoup plus riche et prospère à cette époque (notons que la tendance s’est complètement inversée à l’heure actuelle) grâce à l’industrie lourde. N’oublions pas, en effet, que pendant plusieurs années, la Belgique a été la première puissance industrielle au monde, détrônant des Etats tel que les Etats-Unis ou encore la Grande-Bretagne.

Cette domination outrecuidante des francophones dans l’Etat va donner naissance au Mouvement flamand (« Vlaams Beweging ») qui, de pacifique et belgicain à l’origine va peu à peu, au fil des décennies, devenir de plus en plus dur, nationaliste, extrémiste et séparatiste. Une partie de ce mouvement collaborera d’ailleurs activement, au cours des deux guerres mondiales, avec lez nazis.

Suite à la reconnaissance de la Belgique par les Pays-Bas en 1839, l’unionisme (c’est-à-dire le sentiment qu’ont tous les Belges d’appartenir à une même nation) en prend un coup, puisqu’une des principales menaces envers l’indépendance de la Belgique s’effaçait alors.

Aujourd’hui donc, la tendance s’est inversée. La Flandre est une des régions les plus riches du monde, de par sa capacité très élevée d’entreprendre mais également car elle n’a pas eu le besoin, comme l’a eu la Wallonie, d’effectuer de lourdes réformes structurelles et industrielles pour passer de l’industrie lourde aux entreprises plus récentes, travaillant beaucoup plus dans les secteurs secondaires (production de détail) et tertiaires (services). Cependant, cette très bonne santé économique s’accompagne hélas d’un nationalisme exacerbé. Ce nationalisme a entraîné l’image forte du « Wallon volant le pain des Flamands » car la sécurité sociale, qui est encore à l’heure actuelle une compétence de l’Etat fédéral, est donc financée par tous les Belges et s’adresse à tous les Belges. Dès lors que les Wallons sont moins riches que les Flamands, ils bénéficient donc plus de la sécurité sociale.

Ce nationalisme exacerbé, couplé à une mauvaise volonté de la part des francophones qui ont longtemps refusé d’écouter les – légitimes – revendications flamandes de l’époque, a entraîné (et entraîne encore à l’heure actuelle) de nombreux conflits entre le Nord et le Sud du pays.

2 L'organisation politique et institutionnelle
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Pr les audacieux ayant eu le courage (disons même l'abnégation mdr) de me lire jusqu'ici, il me faut vous prévenir que cette partie est loin d'être la plus facile à comprendre, c'est pourquoi je vais tenter de présenter les choses de façon claire et pas trop barbante Smile

Tout d'abord parlons du type de régime en Belgique, là, rien de très compliqué: la Belgique est une monarchie constitutionnelle. Cette expression signifie que c'est une monarchie (donc avec une dynastie, un Roi et une Reine, des princes etc) mais où le Roi ne dispose d'aucun pouvoir personnel, les seuls pouvoirs qu’il a (pouvoirs souvent symboliques à l’heure actuelle) sont ceux que lui attribue la Constitution

Ensuite, et c'est là que les Romains s'empoignèrent Very Happy, il faut bien se rendre compte qu'à l'extrême opposé de certains Etats tels que la France, où la centralisation est extrême, la Belgique est (depuis 1970 en pratique, depuis 1980 en théorie) un Etat fédéral, où les pouvoirs sont multiples et extrêmement ventilés. Ce qui signifie qu'en Belgique il n'y a pas qu'un seul pouvoir politique (le pouvoir de l'Etat belge) mais qu'au contraire il y a de multiples autres subdivisions dans le pays, celles-ci se superposant les unes aux autres. La raison en est claire pour tout qui connaît un tant soit peu le pays: nous avons en Belgique deux grandes communautés (les Wallons - francophones - et les Flamands - néerlandophones) qui, avant 1970 et la transformation de l'Etat unitaire en Etat fédéral, entraient très souvent en conflit, pour de multiples raisons. Les principales sources de frustration étaient celles-ci: comme je l'ai déjà évoqué au 1.c, le mouvement flamand a, dès ses débuts, demandé que la Flandre soit compétente pour décider elle-même de toute une série de choses dans des domaines très divers, qu'il s'agisse par exemple du domaine culturel ou du domaine institutionnel et politique.

Jusque 1970 donc, la Belgique était un état unitaire. Seules deux sortes d’entités "locales" existaient déjà à l'époque, mais celles-ci sont (et c'est important) subordonnées au pouvoir fédéral. En d'autres termes, jusque 1970, le seul pouvoir politique qui existait en Belgique était celui joué par l'Etat. Ces deux sortes d’entités locales étaient d'une part les communes (qui existent tjs à l'heure actuelle, bien qu'en nombre restreint - 589 - depuis la fusion des communes en 19XX) qui sont en fait des "villes" si vous voulez, et d'autre part les provinces. En ce qui concerne ces dernières, jusque 1995, la Belgique comptait 9 provinces. Depuis la réforme de l'Etat de 1995 donc, suite à l'apparition très nette de la frontière linguistique dans les textes de lois, une des provinces (le Brabant) s'est "divisée" en trois parties: Bruxelles-Capitale, le Brabant wallon et le Brabant flamand, les deux derniers constituant désormais chacun une province à part entière.



Le sort de Bxl est un peu particulier car, puisqu'il est le siège de nombreuses luttes politiques entre le mouvement flamand et le mouvement wallon, il a été décidé de l' "extraprovincialiser", c’est-à-dire de ne le considérer comme ne faisant partie d'aucune province donnée (d'où mon " trois parties" de ci-dessus)

La raison d'être des communes et des provinces est fort simple: tout d'abord, l'Etat ne saurait s'occuper des problèmes de toute la Belgique s'il n'y dispose pas d'intermédiaires à même d'appliquer ses décisions (précisons ici que les communes et provinces sont quand même, pour un certain nombre de matières, partiellement autonomes, l'Etat ne leur dicte pas tout !). La deuxième raison en est que cela permet au citoyen de se sentir plus proche des institutions politique s'il a affaire à des gens de sa région et connaissant les problèmes y afférant que s'il a affaire à des gens qui, n'étant pas du coin, ne peuvent par conséquent pas connaître à fond les problématiques locales.


Depuis 1970 sont apparues d’autres autorités étatiques, venues s’ajouter à l’Etat, aux provinces et aux communes. Il s’agit des Communautés et des Régions.

Les Communautés

Il s’agit ici de regrouper dans une même institution les gens ayant la même culture et / ou la même langue. On a donc 3 Communautés :

1) La Communauté française



2) La Communauté flamande



3) La Communauté germanophone



Chaque communauté a son gouvernement et son Parlement. Les compétences des communautés se situent plutôt dans le domaine des personnes (exemple : l’enseignement)

Les Régions

Il s’agit ici de regrouper dans une même institution une partie de territoire. On a donc 3 Régions :

1) La Région de Bruxelles-Capitale



2) La Région flamande



3) La Région wallonne



Chaque Région a son gouvernement et son Parlement. Les compétences des Régions sont liées au territoire : exemple : l’environnement, les déchets etc...

SUITE AU PROCHAIN EPISODE Very
Happy

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