Des boniches aux aventurières, les héroines Disney évoluent


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Pixelle
Genaissienne de l'année 2013


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Message Posté le: Lun Juin 22, 2015 19:04 pm    Sujet du message: Des boniches aux aventurières, les héroines Disney évoluent
Libération a écrit:
Un fossé sépare la docile Blanche-Neige de la fougueuse Merida. Et on peut dire merci à Pixar pour la prise d'indépendance des personnages principaux féminins.

Riley, l'héroïne de Vice Versa, le film Pixar sorti la semaine dernière, fait du hockey, a un caractère bien trempé et ne colle pas aux aspirations traditionnelles de l'ado de cinéma. «Pixar est le studio le plus moderne, il renouvelle vraiment le genre. Il va plus loin dans la recherche et fait des films plus variés», affirme Pierre Lambert, spécialiste du cinéma d'animation. Et son audace a déteint sur les œuvres de Disney, qui a acquis Pixar en 2006. En témoigne l'évolution de ses héroïnes, passées de nunuches bonnes à marier à des rebelles indépendantes. Ou comment Pixar a mis un coup d'accélérateur à un processus timidement enclenché dans les années 90.

1937-1959 : corvées et prince charmant

Etre princesse à cette époque n’était ni franchement passionnant, ni franchement compliqué. «Si on résume, les personnages Disney faisaient le ménage», lâche Pierre Lambert. Blanche-Neige (1937) n’a ainsi rien trouvé de mieux que de briquer la maison des nains du sol au plafond pour se faire accepter. Cendrillon (1950) devait se fader le shampouinage des rideaux, tapis et tapisseries pour satisfaire aux exigences de sa délicate marâtre. Aurore, de la Belle au bois dormant (1959), a eu un peu plus de chance en évitant moult corvées grâce à une sieste de cent ans.

Fort heureusement, toutes avaient de l’ambition. Celle de trouver un bel homme, tant qu’à faire riche et fort, pour les sauver de leurs médiocres destins. Parce qu’après tout, sans homme point de salut. Et grâce au physique de rêve de ces grandes perches aux cheveux soyeux (lisses, bien sûr) et à la taille fine, l’entreprise ne s’avérait pas très compliquée (on ne leur demandait pas, en sus, d'avoir de la discussion).

A cette époque, «les héroïnes étaient sans intérêt. Elles étaient des personnages importants, mais leurs personnalités n’étaient pas développées, elles étaient assez neutres. Elles subissaient plutôt les événements», analyse Pierre Lambert.

Années 90 : l’émancipation… mais pas trop

Les années 90 marquent un renouveau. Fini la boniche qui ne rêve qu’aux épousailles, l’héroïne Disney se rebelle, un peu. «La Petite sirène [1989, ndlr] a fait moins d’entrées que la Belle et la Bête [1991], pourtant elle a marqué les esprits parce qu’elle a matérialisé un changement chez Disney», constate Pierre Lambert. Ariel décide en effet de se libérer du carcan dans lequel son père souhaite l’enfermer. L’adolescente rêve d’aventures et d’enrichissement intellectuel, le tout sur la terre ferme. «Moi je veux savoir, moi je veux pouvoir poser des questions et qu’on me réponde», chantait-elle. Sauf qu’elle décidera d’abandonner sa famille et sa superbe voix afin d’avoir la chance de séduire Eric, le beau garçon de l’histoire. Mais comment faire si elle ne peut pas parler, s’inquiète-t-elle. «Tu as de l’allure, une frimousse d’ange, et ne sous-estimons surtout pas l’importance du langage du corps», rétorque Ursula. Encore loupé pour l’émancipation.

Belle, dans la Belle et la Bête, est une super intello qui ne prend même pas la peine de s’intéresser aux avances du bellâtre Gaston. Alléluia. Belle aime lire, elle n’a pas besoin d’un homme pour s’épanouir. Mais, malgré son caractère bien trempé, elle finira par tomber amoureuse du sale type qui l’a retenue prisonnière (coucou le syndrome de Stockholm).

De son côté, «Mulan [1998] était assez bravache, elle avait du caractère et ne cherchait pas forcément un prince charmant. Déjà pour l’époque, c’était assez audacieux, salue Laurent Valière, journaliste à France Info. Mais le film n’a pas été un succès.» Bousculer les codes, d’accord, mais encore faut-il que le public suive.

Depuis 2009 : les héroïnes s’affirment

«Toutes les héroïnes Disney sont des produits de leur époque. Les princesses créées dans les années 40 et 50 étaient la quintessence de ce que pouvait être une femme à l’époque : la fille bien, qui encaisse les coups durs… et qui au final chante et est gentille. Mais on n’est plus comme ça. Aujourd’hui on déchire», saluait Linda Woolverton, scénariste chez Disney, dans une interview à Associated Press. «Elles ont évolué très nettement, elles ont davantage leur mot à dire. Ce sont souvent elles qui dirigent la manœuvre, elles ne se laissent pas faire. Ce sont des femmes normales, comme on aimerait en voir plus souvent, plaide Paule Pagliano, ancienne éditrice chez Disney Hachette Editions. Il est évident qu’une boîte comme Disney n’allait pas aller à contre-courant de la société.»

Raiponce (2010), en particulier, marque un tournant. «Elle prend son destin entre ses mains, elle n’est pas passive face à un prince charmant. Elle ne se laisse pas marcher sur les cheveux», constate Laurent Valière. Et elle montre que, oui, un personnage principal féminin peut être drôle.

Quant à la Reine des neiges (2013), «c’est carrément deux sœurs plus intéressées par le fait d’être sœurs que par le fait d’aller chercher des garçons, poursuit Laurent Valière. Ils ont retourné tous les stéréotypes des contes de fée – le coup de foudre, le premier baiser, le prince charmant – et s’en sont moqués.» Dans Rebelle (2012), Merida «préfère aller à la chasse que trouver un prince charmant», résume-t-il. Et son physique tranche avec les habitudes du studio. A noter que Rebelle et la Reine des neiges ont été coréalisés par des femmes...

L’évolution des équipes aux manettes pour concevoir les films d’animation n’est justement pas étrangère à cette transformation des héroïnes, estime Pierre Lambert : «Il y a beaucoup plus d’animatrices maintenant. Jusqu’aux années 70, il n’y en avait quasiment pas. Elles donnent leurs émotions, leur personnalité.» Surtout, la fusion avec Pixar est venue bousculer les choses. «Quand Disney a racheté Pixar, John Lasseter est devenu le directeur artistique à la fois de Disney et de Pixar. Et il a décidé de nettoyer et de moderniser les contes de fées. Il avait bien compris qu’il fallait renouveler la princesse», explique Laurent Valière. Le fait que Dreamworks tourne en dérision les clichés de Disney dans les différents Shrek (à partir de 2001) a aussi piqué au vif la fierté du studio.

Les figures féminines avec lesquelles les enfants grandissent influencent bien sûr ce qu’ils deviennent. Mais «il ne faut pas donner autant d’importance aux dessins animés aujourd’hui, relativise Pierre Lambert. C’était plus vrai dans le passé car il y avait peu de dessins animés. Il fallait attendre huit ou neuf ans pour voir un nouveau Disney, donc quand une petite fille découvrait Blanche-Neige ou Cendrillon, c’était très fort. Aujourd’hui, il y a profusion, donc les dessins animés marquent moins les esprits.» Pour Laurent Valière, «Disney c’est plus fort que toi. Même chez Disney, il y a quinze ans, ils croyaient que les contes de fées étaient morts, que les filles étaient passées à autre chose. Et patatras avec la Reine des neiges [le plus grand succès de tous les temps pour un film d’animation]. Les filles rêvent toujours d’être des princesses, c’est éternel.»


T'façon Mulan, elle est trop badass !

Quelqu'un est aller voir Vice Versa - le dernier Pixar ?
Pariah
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Message Posté le: Mar Juin 23, 2015 11:54 am    Sujet du message:
Il y a certes de l'évolution, mais Disney ne sait pas écrire ses personnages, suffit de voir une Reine des Neige où les trois quarts des personnages sont bêtes comme leurs pieds et n'ont pas des réactions logiques...
Pareil avec la princesse et la grenouille. Mulan est très bien écrit, mais faut dire qu'ils ont vu la tendance de la femme forte de caractère et ont poussé les curseurs à fond !
Tommy Angello
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Message Posté le: Mar Juin 23, 2015 16:50 pm    Sujet du message:
Toutes les grosses productions américaines ont ce défaut.

D'après Kubrick, c'est à cause de l'évolution des modes de financements du cinéma.

L'époque à laquelle un génie à la tête d'une compagnie qui faisait un film intéressant est finie. Il ne peut pas y avoir de Miyazaki chez eux. Les grands films ont besoins de millions, et ce sont les actionnaires des entreprises de production qui ont les finances. Les réalisateurs sont donc forcés d'utiliser ce que les économistes de la compagnie estimera rentable.

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