Goldman, the gold man
Membre


Sexe: 
Inscrit le: 22 Fév 2005
Messages: 317
Localisation: Ile-de-France
|
Posté le: Sam Nov 01, 2014 14:10 pm Sujet du message: Passionné
Passionné, je le suis de l'hystérie jusqu'au chagrin.
Mes passions, je mourrais pour elles tant elles me possèdent et me
contrôlent.
Le temps d'une seule passion, c'est toute ma vie qui lui appartient, comme si
toutes les années que j'avais vécues auparavant n'avaient plus aucune
importance.
La musique me plonge dans un monde à part que je redécouvre en permanence et
que je ne voudrais quitter tant qu'il me reste encore des instants
d'existence.
Le moindre chant, la moindre notre grave ou aiguë, le moindre souffle, et
c'est mon coeur qui bat la chamade, comme un violent coup de tambour sur cet
organe si sensible et sacré. Rien qu'une phrase, rien qu'un mot, s'il sonne
juste, et me voilà prêt à l'enfermer dans les pages de mon être.
Quand je vois l'homme bouger avec une telle poésie, avec un tel esthétisme
et un tel sens du rythme, le geste gracieux et le mouvement ressenti, mon
corps n'est plus là, l'homme et moi ne formons plus qu'une et même personne.
Le combat, la danse ou autre forme d'expression, quelle différence ? Un héro
est un héro, peu importe de quoi il est bâti.
Et son univers, son histoire, y compris les personnages qui ont contribué à
sa stature, j'y entre discrètement et me fond dans le décor, bien que tout
ne soit pas réel. Un film, un théâtre ou un livre, quelle différence ?
Quitter son environnement du quotidien pour s'en créer un autre de toutes
pièces, de quelque manière que ce soit, c'est tellement excitant !
La nourriture, à partir d'un certain degré de saveur, me ravit en extase, et
à ce moment là, plus rien d'autre n'existe que cette saveur, comme si ma
faim était à son apogée et qu'elle fut rassasiée au moment le plus
critique. Ce moment, je ne peux l'exprimer avec des mots. Je m'enflamme pour
quelque nourriture, à peu près autant que l'eau me submerge de plaisir
après quelques heures intensives de sport où je dus dépenser quelques
litres de sueur.
Je savoure aussi, au plus profond de moi, un sourire dans la tristesse, une
tendresse dans la solitude.
Même la beauté d'une femme, plus souvent d'une asiatique, je la savoure
jusqu'aux miroirs interprétatifs de son âme, ces fenêtres par lesquelles je
tends à jouer le voyeur malgré moi. Au bout d'un certain temps, je me laisse
aller dans mes émotions après que mon intuition se soit révélé favorable
vis-à-vis de la nature de sa personnalité, je redessine sans cesse les
traits de son visage et elle devient déjà la femme de ma vie. Mais
j'apprends à me détacher brûtalement de ce genre de passion, à
répétition, à force d'affronter la non réciprocité.
Passionné, c'est à la fois ma bénédiction et ma malédiction. Aimer, c'est
aussi souffrir.
Cela dit, après tout, pour que la vie ait un sens, ne faut-il pas lutter
contre l'indifférence ?
En tant qu'adulte et désormais résolument anti-marginal (ayant vécu trop
longtemps la prison de la marginalité par le passé), l'on m'a appris à me
couper de temps en temps de mes passion afin de me consacrer à ma vie active
et sociale. Ainsi, mes passions se retrouvent réduites à l'état
d'expérience.
Ce n'est pas un mal en soi, car j'apprends, dans ce sens, à faire preuve de
moins d'égoïsme et à donner plus ou moins de moi aux autres. Et peut-être
qu'un jour, quelque part, quelqu'un me le rendra corps et âme...
|