La grammaire et le vocabulaire de Genaisse


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Souki
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Message Posté le: Mar Jan 28, 2014 08:23 am    Sujet du message: La grammaire et le vocabulaire de Genaisse
Bon, ok, on est en section philo mais je ne voyais pas où mettre ça ailleurs.

Je voulais donc compiler ici quelques points de langue. Toute personne ayant des questions sur l'orthographe peut poster une question ici, je m'engage à lui répondre ou à faire des recherches si je ne sais pas répondre.

Go.
Souki
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Message Posté le: Mar Jan 28, 2014 09:13 am    Sujet du message:
L'accord du participe passé, le fameux.

La règle, je la rappelle, est celle-ci :
Le participe passé d'un verbe à une de ses formes composées (auxiliaire+participe) s'accorde ou non dans certaines conditions :
1. Si l'auxiliaire est être, le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le sujet.
ex : Marie est partie.

2. Si l'auxiliaire est avoir, le participe passé ne s'accorde jamais avec le sujet mais avec le COD si celui-ci est placé devant le participe passé.
ex : Marie a mangé des gâteaux.
Marie les a mangés.

3. Verbe pronominaux (ex : se laver) se conjuguent avec l'auxiliaire être.
Les pronominaux réfléchis ou réciproques peuvent s'accorder. Nous allons voir quand. Quoi qu'il arrive, on peut décomposer les pronominaux comme ceci :
Elle s'est lavée. = Elle a lavé elle-même.
Elle s'est demandé. = Elle a demandé à elle-même.

Un pronom réfléchi, c'est un mot qui reprend et répète le sujet. Quand je dis je me lave, me renvoie à moi, je, c'est-à-dire le sujet. C'est réfléchi comme mon image se réfléchit dans un miroir.

Un pronom réciproque, c'est un pronom qu'on peut utiliser avec un sujet au pluriel et qui signifie l'un l'autre. Quand je dis ils se saluent, on comprend bien que chaque personne ne se salue pas elle-même mais que A salue B, qui salue A. Ils se saluent l'un l'autre, ils se saluent réciproquement.

Si le verbe pronominal réfléchi ou réciproque se décompose en : aux. avoir + participe passé + lui-même/l'un l'autre, on accorde.
Ils se sont salués. -> Ils ont salué l'un l'autre.
Nous nous sommes levés. -> Nous avons levé nous-mêmes.
Dans les deux cas, on accorde avec le sujet.



Alors pourquoi ? Pourquoi une règle si compliquée ? La réponse, c'est tout simplement que c'est logique.

Quand un verbe est pris au participe passé, il se met à fonctionner comme un adjectif. D'ailleurs, il y a des fois où il est bien difficile de savoir si un mot est un adjectif ou un verbe. Si je vous dis d'une personne qu'elle est enrobée, est-ce un verbe ou un adjectif qualificatif ? Le participe, c'est la forme adjectivale du verbe, comme l'infinitif est la forme nominale du verbe. On peut facilement rajouter un article devant un verbe à l'infinitif : le parler (-vrai), le vouloir, certains sont mêmes tellement vieux qu'on a oublié qu'ils étaient des verbes comme le baiser. Revenons au participe passé.

J'ai besoin d'un autre outil pour expliquer la règle de l'accord du participe passé alors je fais une autre parenthèse. Un verbe peut être intransitif, transitif direct ou transitif indirect.

Un intransitif, c'est un verbe qui fonctionne tout seul avec son sujet.
ex : Je nage. Je marche. Il pleure.
Un verbe transitif, c'est un verbe qui a besoin 'un complément pour fonctionner. Si le complément peut être collé directement, c'est un transitif direct, si le complément a besoin d'un petit mot pour faire tampon, c'est un transitif indirect.
ex : J'aime les surprises. / J'aime sortir. / J'aime Pierre. -> transitif direct.
ex : Je pense à cette journée. / Je pense à Pierre. -> transitif indirect

Or, les transitifs directs ont une propriété assez particulière : ils peuvent échanger le sujet et le COD. C'est la fameuse forme passive.
Le chat mange la souris. -> La souris est mangée par le chat.

Si on met cette phrase au passé composé, cela donne :
Le chat a mangé la souris. La souris a été mangée par le chat.

Si on contracte le COD en pronom, ça donne : Le chat l'a mangée. On retombe sur le cas où le participe passé s'accorde avec le COD.

La raison de cet accord est donc celle-ci : puisque le participe est la forme adjectivale du verbe, le participe renvoie à un aspect de quelque chose. un aspect de quoi ? De qui ? Dans le cas du chat et de la souris, qui est mangé ? C'est bien la souris. Mangée, c'est bien l'état de la souris, certainement pas celui du chat donc on accorde.

À chaque fois qu'il y a accord, ça veut dire que le participe passé décrit celui avec lequel on accorde.

Je suis partie ce matin. Qui est dans l'état parti ? C'est bien moi.
Je me suis demandé. Qui est dans l'état demandé ? Personne. Bon, on n'accorde pas.
Ils ont décrit la forêt.
Qui est dans l'état décrit ? La forêt, mais au moment où je dis décrit, on ne le sait pas encore, alors ça ferait bizarre d'accorder. Par contre, quand je dis Ils l'ont décrite, mon interlocuteur sait déjà que je parle de la forêt alors il faut accorder.

Voilà voilà.
Zen
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Message Posté le: Mar Jan 28, 2014 12:54 pm    Sujet du message:
J'ai pas encore tout lu mais j'avoue avoir des lacunes donc j'apprécie plus encore ce topic.
Un conseil pour les parents et futurs parents de ce forum, éviter les changements d'école parce que passé d'un début de programme sur les pharaons dans un établissement, aux carolingiens dans un autre, ça n'aide pas à comprendre l'histoire et c'est pareil pour le programme de français.
Merci Souki.
Pixelle
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Message Posté le: Mar Jan 28, 2014 21:06 pm    Sujet du message:
Ca fait du bien de revoir les bases, surtout lorsqu'on ne les a pas bien acquises étant plus jeune.

Merci Plasma, je vais suivre avec une certain attention ce topic.
Tommy Angello
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Message Posté le: Mar Jan 28, 2014 22:06 pm    Sujet du message:
Oulala...
J'aurais plusieurs questions.

Premièrement, c'est quoi un auxiliaire?
Souki
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Message Posté le: Mer Jan 29, 2014 12:32 pm    Sujet du message:
C'est cool que ça motive certains ! J'ai testé la méthode sur une élève de 4° hier et il se trouve que ça a l'air de mieux fonctionner que l'apprentissage de la règle.

Donc, à retenir :
As-tu trouvé la recette ? Oui, je l'ai trouvée. -> qui est trouvé ? La recette. -> Est-ce qu'on a déjà parlé de la recette au moment où on dit «trouvé» ? Dans la réponse, oui -> -ée
On arrête de se prendre la tête avec le COD et sa place dans la phrase.




Tommy, en grammaire, on appelle «auxiliaire» un mot qui aide le verbe à se conjuguer d'une certaine façon. En français, on a deux auxiliaires : être et avoir. En anglais, puisque le verbe ne se conjugue pas vraiment, il y en a beaucoup plus : might, ma, can, could, will, etc.

Après, le français a aussi des semi-auxiliaires mais ceux-là ne posent pas de problème particulier.
ex : dans je vais venir, on est vraiment dans un fonctionnement similaire à l'anglais, avec le verbe aller qui perd son sens de déplacement et qui prend à la place une valeur de d'expression du futur proche. Le semi-auxiliaire donne un temps au verbe sans le conjuguer.


Quand tu conjugues un verbe à un temps composé (ex : jouer -> j'ai joué), le verbe avoir a bien sa valeur d'auxiliaire puisque le sens «avoir, posséder» n'intervient pas du tout.

ex : J'ai un livre équivaut à je possède un livre.
J'ai trouvé un livre n'équivaut pas à *je possède trouvé un livre.
Dans ce dernier cas, on a bien affaire à l'auxiliaire et non au verbe «avoir».

Le mot «auxiliaire» vient du latin «auxiliarum» : venant à l'aide. En grammaire, c'est le mot qui aide le verbe à se conjuguer et dans le monde médical, l'auxiliaire de vie est celui qui aide à vivre.
Tommy Angello
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Message Posté le: Mer Jan 29, 2014 20:17 pm    Sujet du message:
Tu viens de m'apprendre plus de francais que deux ans d'éducation nationale.

Je m’intéresse surtout au sujet par curiosité, mon francais est destiné à ressembler au grolandais. C'est une cause perdue. Je pars du principe que la langue est un media et que tant que tout le monde comprend, c'est du français correct.

J'ai jamais osé demandé en cours: c'est quoi un objet, pourquoi on le complète et en quoi il est direct indirect?
chiron
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Message Posté le: Mer Jan 29, 2014 21:07 pm    Sujet du message:
Bravo Souki pour le topic ! Même si, en bon anarchiste, je ne reconnais aucune règle ni dieu ni maître Very Happy Mais bon pour toi, je fais un effort...

Sinon pourrait-on coupler un nombre limitées de règles ...avec une nouvelle dans laquelle un auteur qui utilise fréquemment des syntaxes en rapport avec les règles ?
Cela pourrait donner une préface avec l'explication des règles.
Bien entendu ensuite l’œuvre courte avec les syntaxes étudiées en gras.
Puis un QCM d'auto-évaluation sur des phrases de l’œuvre à la fin.

Cela serait plus fun tout de même... Mais je ne sais pas si cela existe.

Car pour les formes musicales, c'est souvent payant. Par exemple pour les accords de 7ème (Do-mi-sol-si en do majeur) je conseillais souvent après explications de faire deux ou trois morceaux de Michel Jonasz. Comme il ne fait souvent que cela et de toutes les manières possibles, après ces trois morceaux, on maîtrise toute la technique des accords de 7èmes, ce qui est très pratique en jazz...
Souki
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Message Posté le: Ven Jan 31, 2014 00:13 am    Sujet du message:
Chiron : arrête le crack.

Tommy Angello a écrit:
J'ai jamais osé demandé en cours: c'est quoi un objet, pourquoi on le complète et en quoi il est direct indirect?

Question très pertinente, que tu aurais dû poser à un prof calé en grammaire. C'est dommage, ce n'était pas une question sotte, quoique mal posée à la fin (mais ça, c'est parce qu'on ne t'a pas expliqué la chose en profondeur). 

Une phrase est un petit système dont le moteur est le verbe. C'est le noyau, c'est là que ça se passe. La plupart des phrases racontent l'histoire d'un changement. Ce changement, ce mouvement, c'est le verbe qui le dit. À part les verbes d'état (être, paraître, sembler, etc, la liste est très courte), un verbe donne une action. Cette action a un sujet et un objet. 

Le sujet, c'est celui qui initie l'action. L'objet, c'est celui qui n'a rien demandé à personne et qui subit l'action. 
Le chat mange la souris : la souris aurait préféré rester tranquille dans son coin, le chat par contre, il a faim, alors il désire manger, il va se mettre en mouvement pour cela bref : il va agir. 
Elle parle à sa sœur : idem, c'est elle qui a quelque chose à dire, qui désire rompre le silence, la sœur, de son côté, est le réceptacle passif de la parole. Elle n'a pas besoin de désirer quoi que ce soit, elle est donc l'objet.
Elle parle de son copain à sa sœur : idem, le copain fait l'objet de la conversation.

À retenir donc : un verbe, c'est une action c'est-à-dire un désir qui s'accomplit. Un sujet, c'est ce qui réalise cette action. Un objet, c'est ce qui subit cette action. 

Quand on dit «Complément d'Objet», on renvoie aux mots qui complètent le verbe en précisant son objet. De la même manière, le «complément circonstanciel» complète le verbe en nous renseignant sur les circonstances dans lesquelles l'action se réalise. 

Maintenant, COD, COI. Un complément d'objet peut être direct ou indirect. Ça veut simplement dire que dans certains cas, on peut exprimer l'objet directement, dans certains autres, il faut un petit mot invariable pour faire tampon : une préposition. 

La préposition, c'est un mot qui n'a de sens que dans certaines circonstances. Il y en a relativement peu : à, dans, par, pour, en, vers, avec, de, sans, sous, sur, ... Certains verbes ont besoin de ce petit mot pour fonctionner. Ça n'a pas forcément d'incidence sur le sens, c'est juste comme ça que le mot s'est formé. La preuve : «se souvenir» et «se rappeler» ont le même sens et ne se construisent pas de la même manière (même si nous assistons actuellement à la disparition de cette caractéristique). 
Je me souviens de cette année -> «se souvenir» est un transitif indirect qui a donc un COI
Je me rappelle cette année -> se rappeler est un transitif direct, qui a donc un COD

Quand tu peux exprimer ton objet sans passer par une préposition, COD. Quand tu as besoin d'une préposition pour exprimer ton objet, COI. Cette distinction est souvent rendue incompréhensible par la confusion entre les prépositions (à, dans, par, pour, en, vers, ...) et les articles (le, la, les, un, une, mon, tes, etc) qui font eux partie de l'objet. Pour éloigner tout doute, il suffit de remplacer l'objet par un verbe à l'infinitif ou un nom propre. 

Il veut une glace. -> Il veut partir. / Il veut Marie. 
Il tient à la vie. -> Il tient à vivre. 
/ il tient à Marie. 
On peut faire disparaître l'article, pas la préposition. 

Et voilà voilà...
Souki
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Message Posté le: Jeu Fév 06, 2014 09:23 am    Sujet du message:
Allez, on reprend avec l'impératif présent et sa conjugaison à la deuxième personne du singulier (P2).

D'abord, je voudrais revenir sur la notion de mode. L'impératif n'est pas un temps mais un mode, au même titre que l'indicatif, le subjonctif, le conditionnel mais aussi l'infinitif, le participe et le gérondif. On se souvient qu'un verbe est une action. Le mode, c'est la façon de placer l'action et le temps, c'est le moment auquel on la place.

Avec l'indicatif, on place l'action dans la réalité ou plutôt dans l'actualité. Cette réalité peut être présente (J'écris un message sur Genaisse), passée (J'ai déjà écrit un certain nombre de messages sur Genaisse) ou future (J'écrirai d'autres messages). Au subjonctif, on est dans le virtuel ou, pour être pointilleuse, dans la modalisation : quand je dis Il faut que tu ailles chercher du pain, l'action aller n'est pas réalisée mais elle est souhaitée. À l'impératif, on exprime un ordre ou un conseil. Va chercher du pain exprime en apparence la même chose que Il faut que tu ailles chercher du pain mais il y a en fait une nuance subtile : avec l'impératif, j'accomplis un acte à part entière, puisqu'en parlant, j'ordonne, je m'engage pleinement. Avec l'autre formulation, j'exprime mon souhait en me mettant à ma place de demandeur, bref, j'y crois un peu moins ou bien je prends quelques précautions.

La conjugaison ne pose pas de problème particulier aux deuxième et troisième groupes puisqu'elle est vraiment calquée sur le présent de l'indicatif.

Finir : finis !, comme au présent tu finis
Prendre : prends ! comme au présent tu prends.

Par contre, au premier groupe, les choses se corsent puisque le -s, le fameux -s de la P2, qui est une constante à tous les temps peut disparaître et réapparaître. On écrit en effet : Joue de la guitare pour moi ! sans -s, ce qui ne nous empêchera pas d'écrire Tu joues de la guitare ? Joues-en pour moi !

Alors que se passe-t-il ? En fait, c'est assez simple : à l'impératif, pas de -es en P2 pour les verbes du premier groupe (les verbes en -er) mais simplement un -e, sauf quand on en a besoin pour faire la liaison. Ça marche aussi pour le verbe aller, qui appartient au premier groupe.

Va chercher du pain, vas-y.
Regarde cette émission !
Mange ton assiette, et légumes aussi, manges-en.


Donc tant qu'il n'y a pas de liaison à faire, on ne met pas de -s. On note au passage que le -s apparaît systématiquement avant en et y, comme dans les exemples ci-dessus.

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