Les lesbiennes invisibles dans les médias


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Pixelle
Genaissienne de l'année 2013


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Message Posté le: Dim Sep 29, 2013 16:33 pm    Sujet du message: Les lesbiennes invisibles dans les médias
Un article un peu long, mais très intéressant concernant la visibilité des lesbiennes dans les médias.

Slate a écrit:
Une présence limitée sur les chaînes et dans les journaux généralistes lors des débats sur le mariage dit «gay», la disparition de l’unique média 100% dédié aux filles, Têtue, début 2013… les lesbiennes ont du mal à faire parler d’elles. Pourtant ce site était bien nécessaire autant pour favoriser l’identification des lectrices que pour porter leurs revendications.

A la trappe les lesbiennes. Alors que le débat sur le mariage pour tous –souvent résumé au «mariage gay»– occupait la une des médias, elles se sont faites discrètes. Au même moment, le site Têtue a disparu plus subrepticement.

En février dernier, le magazine Têtu et son site web ont été rachetés pour un euro symbolique par Jean-Jacques Augier, énarque, polytechnicien et proche de François Hollande. L’ancien mécène du titre, Pierre Bergé, aurait même donné au repreneur la somme nécessaire pour éponger les dettes du magazine: l’an dernier, elles s’élevaient à 2,4 millions d’euros.

A priori, l’opération semblait bénéfique au titre, aucun changement de ligne éditoriale n’était annoncé. Mais voilà, le site internet, support le moins rentable, a fermé ses portes, le contenu existant rapatrié sur le site d’information spécialisé Yagg, son ex concurrent. L’équipe dédiée chargée de la production de contenus féminins –employée sur le web– a donc été entièrement licenciée, de la rédactrice en chef aux pigistes, ce que confirme Jean-Jacques Augier. L’argument du licenciement économique a été avancé.

Les free-lances n’ont, à ce jour, pas reçu les indemnités promises en théorie par la convention collective nationale des journalistes, d’après l’une des pigistes concernées. D’après Jean-Jacques Augier, trois d’entre elles ont effectivement déposé un recours. «Nous en sommes au stade de la conciliation, mais elles recevront à terme les indemnités dues», promet-il.

Au passage, la rubrique Têtue adressée aux lesbiennes a été transformée en un onglet discret du nouveau site perdu au milieu d’onglets très gay-centrés comme «Mister gay» ou «Beaux mecs». «C’est l’équipe de Yagg qui s’occupe de l’animation du site actuellement via un contrat de prestation. Mais c’est le choix de la direction de Têtu de demander que la version web reflète le magazine à dominante gay», explique le directeur de la rédaction de Yagg, Christophe Martet.

Dans un chat avec les lecteurs publié sur la plateforme, Jean-Jacques Augier assure effectivement cette réorientation. Joint par téléphone, il précise que «ce n’est pas le projet de Têtu, mais celui de Yagg de traiter de toute l’actualité LGBT. Tous ont des problèmes et des centres d’intérêts communs. Cela me semble mieux de tous les traiter, plutôt que de séparer lesbiennes, gays, bi et transsexuels sur des sites particuliers».

Pourtant, Têtue, bien installé dans le milieu lesbien depuis 2004, avait du succès. Au départ, c’était uniquement quatre pages difficiles à repérer dans le magazine gay. Mais en 2009, c’était devenu la deuxième partie d’un site bicéphale ainsi qu’une marque bis détenant propre identité. Têtue produisait sa newsletter, s’exprimait sur les réseaux sociaux et avait lancé une compil musicale composée de titres lesbiens fétiches.

À l’heure de sa disparition, le collectif Barbi(e)turix, organisateur de soirées lesbiennes à Paris, a bien essayé de protester sur son blog en postant un article critique. En quelques jours, le billet a été supprimé. Pour l’une des membres de Barbi(e)turix, le magazine aurait menacé de supprimer des partenariats soirées avec le collectif s’il restait en ligne. Mais Christophe Martet nie toute responsabilité dans cette suppression: «l’article manquait de précision, nous avions demandé un droit de réponse qui ne nous a pas été accordé, ce qui s’est passé après n’est pas de notre ressort...».
Un vide qui inquiète

À ce jour, il n’existe donc plus de média lesbien actif en France. Lesbia Magazine, sous-titré «Mensuelle de la visibilité lesbienne» et monté par des bénévoles en 1982, ne paraît plus depuis septembre 2012.

Même sort pour Muse & out, ancien La dixième muse. Ce journal en ligne et papier belge francophone qui traitait, depuis 2003, des sexualités lesbiennes, ne publie plus depuis avril 2013. Face aux difficultés rencontrées, le magazine avait essayé d’ouvrir sa ligne éditoriale à la mixité. Un échec. En août dernier, sa société éditrice a annoncé avoir été placée en redressement judiciaire.

Et le lancement du nouveau magazine LGBT Miroir/miroirs en juillet dernier ne fait pas naître d’espoirs. Il affiche un sommaire centré sur des thématiques gays: drague entre hommes, Grindr, etc.

«Chaque fois qu’un média disparaît, c’est une voix qui se tait. Soutenir un magazine ou un site communautaire est une question de pluralisme et d’équité dans les représentations», regrette Marlène Coulomb-Gully, professeur en sciences de la communication spécialiste du genre et experte au Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Dans ses travaux de recherche réalisés notamment pour l’Association des femmes journalistes (AFJ), elle a de nouveau pris conscience de la trop faible représentation de cette catégorie de femmes dans les télés, radios et sites d’information généralistes. «Il faut avoir à l’esprit que les médias ne sont pas un miroir social, ils représentent au contraire notre imaginaire. Les femmes sont beaucoup moins présentes à l’écran que dans la réalité. Les gays, en tant qu’éléments d’une minorité, sont moins sollicités. A ces deux titres, on fait moins appel aux lesbiennes pour témoigner ou expertiser», explicite-t-elle.

En cause, les pratiques journalistiques prises dans le flux continu d’information, la nécessité d’être plus rapide que ses concurrents ou de faire le buzz. Pour Marlène Coulomb-Gully, «ce cadre n’est pas propice pour combattre une grille de lecture du monde structurellement sexiste, même si, pour beaucoup de journalistes, il n’y a pas de volonté délibérée de véhiculer les stéréotypes».

Sans compter que les militantes ont du mal à se faire une place dans les mouvements LGBT déjà ancrés dans le paysage. Certaines s’autocensurent, d’autres sont stoppées dans leur ascension par leurs collègues masculins qui monopolisent la parole et les postes à responsabilités. Résultat?

Quinze des vingt-et-un membres du conseil d’administration de SOS homophobie sont des hommes et deux tiers chez Act Up. Ce sont eux que l’on appellera pour exprimer un point de vue lors du prochain événement d’actualité.

Le collectif Ouiouioui monté à l’automne 2012 avait pour premier leitmotiv de défendre le mariage pour tous et toutes et la PMA, et a permis de proposer aux journalistes de nouveaux –mais rares– porte-paroles féminins des droits des homosexuelles. Le collectif a d'ailleurs appelé à une manifestation sur la PMA ce mercredi 25 septembre.

«Il y a un effet d’entraînement dans les médias. Ils se copient entre eux et ont l’habitude de faire appel aux mêmes sources. Femmes et homos nous souffrons d’une double discrimination», confirme Alix Béranger, l’une de ces figures militantes. De quoi expliquer que peu de lesbiennes aient été invitées à parler de PMA lors des débats télévisés.

Côté presse, l’émergence d’une association des journalistes LGBT (AJL) le 16 mai dernier devrait jouer contre cette invisibilité. Car, le collectif d’une vingtaine de journalistes, d’emblée paritaire, veille sur le vocabulaire utilisé par les journalistes, défend l’utilisation des termes «lesbiennes» et «lesbophobie», contre ceux qui nient leur spécificité.

«À ce versant pédagogique s’ajoute un versant militant assumé: le droit de critiquer par des communiqués le traitement médiatique de certaines actualités», détaille Alice Coffin, l’une des porte-paroles. Enfin, le collectif espère pousser des journalistes à traiter plus de sujets homos, mais aussi à «faire intervenir des couples de femmes pour témoigner dans les articles de société quel que soit le thème». Sujets traités équitablement, reprise des thématiques par les confrères et moyen efficace de porter les revendications d’une communauté, voilà les arguments qui reviennent le plus souvent pour soutenir la nécessité d’un média lesbien.
Un modèle économique peu rentable

Juge et partie, Marie Krischen, l’ex rédactrice en chef de Têtue, défend la nécessité d’un média spécifique «pour que les jeunes lesbiennes se rendent compte que ça existe», assène-t-elle.

«Les magazines féminins sont hétérocentrés, surtout dans les pages sexos. On parle de présenter son mec à ses parents, de pratiquer la fellation, on demande aux mecs ce qu’ils pensent de la dernière tendance ou présente le nouveau gloss cerise qui fera fondre votre Jules...»

Autant de formules toutes faites qui oublient ce lectorat à l’orientation sexuelle différente. «Pas traitée dans les magazines féminins, la question de la santé sexuelle des lesbiennes est récente. En août dernier, un collectif d’associations LGBT a préparé une brochure sur ce thème "Tombez la culotte!", mais en général c’est sur des sites spécialisés qu’on trouve les réponses à nos questions en matière de protection contre les MST par exemple», raconte Léa Lootgieter, militante chez SOS homophobie et Act Up.

Cette année, c’est une vidéo de la réalisatrice militante Emilie Jouvet qui communique sur le sujet, reprise ici et là sur les fanzines et blogs.

Pas de progrès dans les pages modes dans lesquelles les lesbiennes dites «Butch», au look masculin, ne se reconnaissent pas.

En Angleterre ou aux Etats-Unis, des magazines lesbiens se sont fait leur place dans le paysage de la presse. Le best-seller américain Curve Magazine , fondé en 1990, compte déjà 250.000 lectrices et bi-média DIVA , monté en 1994, revendique 150.000 lectrices. Les deux reprennent les codes de la culture lesbienne, mettent en avant des femmes au look plus androgyne.

Cela ne se résume pas à une question de fringues. «Il est important que la communauté puisse transmettre sa propre culture, la garder en mémoire, communiquer, parler du combat pour ses droits. Ado, j’ai été biberonnée au Têtu gay, mais je savais peu de choses sur les combats des lesbiennes. C’est souvent en s’intéressant aux mouvements féministes, comme les gouines rouges, qu’on apprend», poursuit Marie Kirschen qui a publié une tribune en ce sens dans le rapport 2013 de SOS homophobie. Mais d’où vient le succès de ces magazines en Angleterre et aux Etats-Unis? Il est d’abord lié à une tradition de magazines féministes engagés dans ces deux pays, à un esprit communautaire fort, mais aussi aux nombreux commerces homosexuels. Ces entreprises sont autant de clients pour les pages de publicité.

Motivée, Marie Kirschen réfléchit aujourd’hui à un projet de nouveau média lesbien, même si les obstacles sont nombreux. Premier problème, le lectorat est petit et la population homosexuelle difficile à mesurer.

Les associations LGBT avancent le nombre de 7% de gays et lesbiennes dans la population française, certaines parlent même de 10%. D’après l’ Enquête sur la sexualité en France: pratiques, genre et santé réalisée par Nathalie Bajos (Inserm) et Michel Bozon (Ined), 4% des Français hommes ou femmes déclarent avoir eu un rapport avec un partenaire du même sexe.

Selon la même étude, seulement 0,5% des femmes et 1,1% des hommes se définissent comme homosexuels. Des chiffres sous-évalués en raison de la persistance d’un tabou social sur l’homosexualité. Mais le potentiel d’acheteurs reste très insuffisant, alors qu’un magazine comme ELLE vise, théoriquement, la moitié de la population.

Deuxième problème, les lectrices lesbiennes ne seraient pas «bankable» aux yeux des publicitaires. L’achat d’emplacements publicitaires représente pourtant l’une des premières sources de revenu des magazines et des sites d’information.

«Dans le milieu du marketing, elles ont la réputation d’être plutôt moches, peu intéressées par le maquillage ou les vêtements. De plus, parce que ce sont des femmes, elles ont un plus petit salaire et le pouvoir d’achat d’un couple d’homosexuelles est deux fois moins fort que celui des autres. Il n’est donc pas aisé de convaincre une marque de cosmétique grand public d’investir dans ces médias spécialisés», raconte une jeune mediaplanneur qui réclame l’anonymat.

Reste une petite manne publicitaire communautaire, celle qui soutenait Muse & out ces dernières années. Sûrement pas assez pour financer une équipe de journalistes dédiée. Au Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, cette disparition du dernier média lesbien inquiète peu finalement. Et, au sein de la communauté, personne n’a fait de reproches aux patrons de presse qui ont enterré cette voix singulière.


C'est vrai que je regrette la rubrique de Têtue qui était pourtant très sympa à lire. Plus de rubrique "sortie" non plus. C'est dommage car il n'y a personne qui tente de reprendre le flambeau.
Pixelle
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Message Posté le: Lun Sep 30, 2013 16:35 pm    Sujet du message:
Réponse du site Yagg à Slate :

Yagg a écrit:
Yagg, la mixité et Têtue, par Xavier Héraud. Réponse à un article de Slate («Médias: les lesbiennes invisibles») truffé d'inexactitudes.

Il faut au moins rendre cet hommage à la journaliste Léa Lejeune. Depuis le début du rapprochement entre Yagg et Têtu, elle est la seule journaliste à avoir pris la peine d'appeler Yagg (la première fois il y a quelques semaines et la deuxième il y a quelques jours). Au vu du résultat, un papier publié par Slate intitulé Médias: les lesbiennes invisibles, gageons qu'elle aurait presque pu s'en passer.

Jusqu'ici nous n'avions pas réagi publiquement quand des erreurs ou des approximations concernant Yagg étaient publiées, mais cet article-là, qui n'a vraisemblablement pas été relu par la rédaction en chef, ne peut rester sans réponse.

YAGG, UN SITE «SPÉCIALISÉ»?
Principal reproche: la journaliste réussit l'exploit de faire un papier sur la présence des lesbiennes dans les médias sans jamais expliquer à aucun moment que l'actu lesbienne est traitée tous les jours sur Yagg depuis bientôt 5 ans.

Ainsi, Yagg est-il présenté d'emblée comme un «site d'information spécialisé» et non comme un site LGBT. Curieux choix de mot, qui gomme une bonne fois pour toutes Yagg du champ de vision de l'article. Circulez, il n'y a pas de lesbienne à voir sur Yagg. Première nouvelle!

Illustration: un peu plus loin, le papier évoque le traitement des sexualités lesbiennes. On peut lire cette phrase étonnante:

«Cette année, c’est une vidéo de la réalisatrice militante Emilie Jouvet qui communique sur le sujet, reprise ici et là sur les fanzines et blogs.»

Cette vidéo, «Entre filles, on ne risque rien», est extraite de la campagne Tu sais quoi?, réalisée par… Yagg. Et avant d'être diffusée «sur les fanzines et les blogs», elle a d'abord été vue sur Yagg (plus de 46000 vues à ce jour). Emilie Jouvet avait déjà réalisé une vidéo de prévention lesbienne pour Yagg, dans le cadre de notre campagne Sexe, prévention et vidéos en… 2009 (voir «Je protège mon sextoy»). Et deux ans plus tard, Yagg lançait Comment ça va les filles?, une campagne entièrement consacrée aux sexualités et à la santé lesbienne, avec sept vidéos, des articles, des chats, etc.

Au delà de ça, Yagg a toujours été et sera toujours un média totalement mixte. Il suffit de nous lire pour le constater.

TÊTUE
Venons en maintenant à l'accroche de l'article: la «disparition» de Têtue, qui passe les lesbiennes «à la trappe». Qu'est ce que Têtue déjà? À lire l'article de Léa Lejeune, on ne sait plus très bien. Au début de l'article, c'est un «site». Un peu plus loin, c'est une «rubrique». Enfin, la «deuxième partie d'un site bicéphale». Pour faire un peu d'histoire, Têtue, c'est une rubrique créée dans Têtu (le magazine papier) en 2004 par Judith Silberfeld, qui est accessoirement la rédactrice en chef de Yagg, ce qui, encore une fois, n'est précisé à aucun moment. D'un point de vue technique, une rubrique Têtue a ensuite été créée et animée par Ursula Del Aguila sur le site lors de sa refonte, en donnant l'apparence (réussie) qu'il s'agissait d'un site à part entière. Et le nom Têtue a ensuite été exploité pour diverses choses, événements, compil, etc. On ergote sur le choix des mots? Oui. C'est ce que tout.e journaliste professionnel.le devrait faire. Ce n'est pas tout à fait la même chose de supprimer un site entier ou une rubrique…

Lorsque Jean-Jacques Augier a racheté Têtu en février dernier, il a été décidé de confier l'animation du site à l'équipe de Yagg. La mission était de maintenir un contenu pour les lecteurs et lectrices de Tetu.com, tout en limitant les coûts. Têtu étant un magazine masculin, il paraissait plutôt logique que son site lui ressemble et le rapprochement avec Yagg, un site totalement mixte, permettait aux lectrices de continuer à être informées sur l'actu lesbienne.

BARBIETURIX
Un petit point sur l'«affaire Barbieturix». Le site lesbien, nous dit Léa Lejeune, a protesté contre la disparition de Têtue et l'article a été supprimé, vraisemblablement suite à des pressions. On passe rapidement sur la construction du paragraphe qui impute ces «pressions» à Têtu, mais fait réagir Christophe Martet, directeur de la publication de Yagg (et non «directeur de la rédaction», ce n'est pas la même chose, chère Léa). Et d'une l'article en question était truffé d'erreurs et d'approximations (ça nous en rappelle un autre), et de deux – et c'est ce qui posait le plus problème – il était rédigé par une ancienne pigiste de tetu.com sans que jamais cela ne soit explicité (tout comme Léa Lejeune, qui a publié un article sur tetu.com en 2012). Lorsqu'on est journaliste, si on écrit sur un sujet dont on est juge et partie, il faut au moins avoir le courage de l'écrire. Sinon, l'article est biaisé. C'est une des règles de base du métier.

Yagg a simplement demandé un droit de réponse. Il a été refusé. Puis, à l'initiative de Barbieturix, l'article a été retiré. Depuis nous avons effectivement arrêté notre partenariat, mais c'est un post biphobe qui a motivé cette décision, pas celui sur Têtue.

LA DIXIÈME MUSE
Dernière salve d'erreurs, qui montre bien la confusion générale de l'article de Slate, celles qui concernent La Dixième Muse / Muse & Out. Le magazine, qui a cessé sa publication récemment, est présenté comme un magazine et un site belge. Le siège social de sa société éditrice se trouvait à Estaires, dans le département du Nord (59), c'était donc bien une société française.

L'article se termine par ce paragraphe:

«Reste une petite manne publicitaire communautaire, celle qui soutenait Muse & out ces dernières années. Sûrement pas assez pour financer une équipe de journalistes dédiée. Au Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, cette disparition du dernier média lesbien inquiète peu finalement. Et, au sein de la communauté, personne n’a fait de reproches aux patrons de presse qui ont enterré cette voix singulière.»

Au début de l'article, le dernier média lesbien qu'on enterrait, c'était Têtue, à la fin c'est Muse & Out. Passons. Et réjouissons-nous qu'«au sein de la communauté», personne n'ait fait de reproche aux dirigeantes de feu La Dixième Muse. Voir sa société et 10 ans de sa vie placés en liquidation judiciaire ( et non en «redressement judiciaire», les mots… toujours les mots) est déjà assez traumatisant. Cela serait vraiment faire preuve d'une absence de sensibilité assez déplacée.

Les lesbiennes n'ont pas de média spécifique en France, c'est vrai. Têtue n'était pas un média – au sens entreprise de presse – à proprement parler, mais La Dixième Muse en était un, dès avant sa tentative de devenir mixte. Nous sommes les premièr.e.s à déplorer cette situation. Maintenant que Têtu n'exploite plus Têtue, y a-t-il moins de contenu pour les lesbiennes? Sans doute. Mais on ne peut pas laisser penser que les lesbiennes n'ont aucun média français vers qui se tourner. Avec Yagg, nous proposons depuis près de 5 ans un site d'informations où les lesbiennes ont toute leur place, c'est à dire une place importante. Celles et ceux qui nous lisent le savent. Mais l'info n'est pas parvenue jusqu'à Slate, manifestement.

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