J'habite une douleur.


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Bluepitch
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Message Posté le: Mar Sep 10, 2013 17:37 pm    Sujet du message: J'habite une douleur.
Première modeste contribution sous forme d'un fragment , un peu comme toutes les autres bêtises que j'écris.


"J’habite une douleur. Le troglodyte en moi habite un gouffre sombre, profond, sec et humide parfois. Des Ifs et des cyprès y poussent par moment , et Les ifs restent toujours les plus difficiles à déraciner.
Elle est inextinguible, indicible, incoercible et se racornie au fil du temps. Elle s’affaisse entre deux frissons, se feint en deux larmes et se redresse sur un sourire. Elle mue dans le souvenir de l’aigre-doux de ta chair, collisionne avec son encens, se lie à son allure, se mêle à son aura et devient réminiscence. Cette même réminiscence qui se réveille la nuit suintant l’écume des jours, de nos jours d’antan.
J’habite une douleur avec laquelle je n’ai jamais connu de claustrophobie. J’habite une douleur avec laquelle je n’ai jamais connu d’inappétence. J’habite une douleur transhumée, une excavation aussi insondable et enfoncée que cette effusion elle-même.
Je l’habite pendant tellement longtemps qu’une collusion irréprochable s’est imposée entre nous. Je l’habite pendant tellement longtemps que je crains subir le collapsus de son départ,que je crains subir le collapsus de mon départ. "
FmR
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Message Posté le: Mar Sep 10, 2013 18:53 pm    Sujet du message:
Bravo !
Bluepitch
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Message Posté le: Mar Sep 10, 2013 19:19 pm    Sujet du message:
Merci beaucoup pour ta lecture. Smile
FmR
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Message Posté le: Mar Sep 10, 2013 19:37 pm    Sujet du message:
Bluepitch a écrit:
Merci beaucoup pour ta lecture. Smile


je t'en prie !
Souki
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Message Posté le: Mar Sep 10, 2013 20:02 pm    Sujet du message:
Tu veux des avis, des critiques et/ou des corrections ?

Pour l'avis, j'aime bien ce que le texte dégage. Il y a une ambiance qui me parle beaucoup et j'aime beaucoup certaines images. C'est extrêmement féminin et ça fait plaisir.
Bluepitch
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Message Posté le: Mar Sep 10, 2013 20:40 pm    Sujet du message:
Le forfait complet des trois serait parfait..les critiques et corrections sont donc les bienvenues.


Ce que tu as dit m'a particulièrement touchée.Je suis ravie que tu te sois "retrouvée" dans son ambiance et que tu aies aimé certaines de ses images.
Merci beaucoup !
Souki
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Message Posté le: Mer Sep 11, 2013 02:57 am    Sujet du message: Re: J'habite une douleur.
Désolée pour le délai, j'essayais de finir mes propres trucs. Je préviens, ça fait un moment que je n'en ai pas fait, je suis peut-être rouillée.

Dans tous les cas, garde à l'esprit que globalement, j'aime ce texte et que j'essaie de te pousser. Go.

Les corrections d'abord :
Bluepitch a écrit:
"J’habite une douleur. Le troglodyte en moi habite un gouffre sombre, profond, sec et humide parfois. Des Ifs et des cyprès y poussent par moment , et Les ifs restent toujours les plus difficiles à déraciner.

Elle est inextinguible, indicible, incoercible et se racornit au fil du temps. Elle s’affaisse entre deux frissons, se feint* en deux larmes et se redresse sur un sourire. Elle mue dans le souvenir de l’aigre-doux de ta chair, collisionne avec son encens, se lie à son allure, se mêle à son aura et devient réminiscence. Cette même réminiscence qui se réveille la nuit suintant l’écume des jours, de nos jours d’antan.

J’habite une douleur avec** laquelle je n’ai jamais connu de claustrophobie. J’habite une douleur avec laquelle je n’ai jamais connu d’inappétence. J’habite une douleur transhumée, une excavation aussi insondable et enfoncée que cette effusion elle-même.

Je l’habite pendant tellement longtemps qu’une collusion irréprochable s’est imposée entre nous. Je l’habite pendant tellement longtemps que je crains de*** subir le collapsus de son départ, que je crains de*** subir le collapsus de mon départ. "


Alors :
- il y a une petite faute de conjugaison sur « racornir », qui prend un -t. Passons.

* l'emploi de « se feint » me semble saugrenu, même s'il peut faire sens. Voulais-tu dire « feindre » ou «fendre » ?

** la tournure « j'habite une douleur avec laquelle je n'ai jamais connu de claustrophobie » me semble un peu lourd. Puisque je habite la douleur, on peut s'attendre à ce que la douleur soit conçue somme un lieu. Pourquoi ne pas opter dans ce cas pour le relatif « où » qui allégerait la tournure ? Par ailleurs, il me semble bizarre aussi que tu écrives « de claustrophobie » et non « la claustrophobie ». Après, on est plus dans l'appréciation personnelle, là.

*** « Craindre » est un verbe transitif mais il s'emploie avec la préposition « de » quand il est suivi d'un infinitif. On craint d'oublier, par exemple.

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Passons aux choses sérieuses :

Le texte commence de manière très légère, avec de nombreuses images simples et donc propices à l'imagination. Plus particulièrement tu combines le motif de la caverne et celui de l'arbre, ce qui nous place dans un référentiel particulièrement féminin (la caverne ayant des affinités avec l'utérus, le ventre et l'arbre avec l'aspect nutritif, protecteur, naturel de la mère. Le début du texte repose donc sur un paysage symbolique impliquant la fusion de la douleur avec la nature. Personnellement, j'ai eu des images d'îles, de naufrager, d'ermite particulièrement profondes.

Tout au long du texte se pose la question du statut du je : est-il l'habitant métaphorique (le moi perdu dans une contrée plus vaste) ou bien la totalité de l'être prenant la parole ? Apparemment, les deux, le premier paragraphe allant dans le sens de la première hypothèse, le deuxième dans le sens de la seconde. et là aussi, j'aime beaucoup : c'est une des propriétés de l'écriture qui quand elle est mise en œuvre, implique une conception non-superficielle, et donc intéressante, du réel.

Ce qui à la fois m'intéresse et me gêne, c'est la suite du texte qui le fait apparaître et ça se passe dans le matériau même du texte : il s'agit du lexique. Le parti-pris est très net, il s'agit d'employer une langue riche, touffue même, lorgnant du côté des néologismes. J'ai eu l'impression, en lisant ton texte, que tu étais partie d'une idée limpide et que tu avais essayé de construire un objet de réflexion métalinguistique avec. Là où ça coince, c'est que tu joues sur deux tableaux assez incompatibles (dans ma conception des choses, du moins) : un travail de pure intuition et un travail intellectuel.

Comme tu travailles avec de l'intuition au départ, tu proposes des images assez universelles et la complexité réside dans la structure narratologique du texte. C'est un peu comme dans Le petit prince : l'histoire est tellement chargée en symboles qu'elle n'a pas besoin d'un travail évident sur la langue pour atteindre un haut niveau de complexité.

Puis tu travailles la langue au corps et là, tu introduis un autre degré de complexité, qui réside dans le passage du texte à la construction d'un sens. Mais la complexité sus-mentionnée n'a pas disparu pour autant, alors du coup, tu superposes une difficulté d'ordre narratologique ET un hermétisme de la langue. Résultat : le sens est obscur et on a perdu à la fin la fluidité onirique qui faisait, précisément, tout le charme du début.

Je dois cependant contre-balancer mon jugement : la posture hermétique n'est pas non plus poussée trop loin donc on comprend quand même. Ce que je critique, c'est juste la perte de fluidité, d'évidence. Pour le dire en image, c'est comme si tu commençais un croquis suave aux lignes claires et que tu terminais avec une couche de peinture énorme, des couleurs dans tous les sens et des lignes brisées.

J'aurais tendance à dire qu'il faut choisir son camp et, quand on a une idée prometteuse au départ, aller jusqu'au bout de l'aventure. Je m'avance peut-être beaucoup, mais il me semble que le formalisme est aussi une façon d'écrire sans aller plus loin dans l'exploration de l'inconscient.


Je finirai donc sur une question : tu connais Omar Khayam ?
fatafit
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Message Posté le: Mer Sep 11, 2013 11:23 am    Sujet du message:
plasma

tu as vraiment de bonne volonté !!
Bluepitch
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Message Posté le: Mer Sep 18, 2013 22:50 pm    Sujet du message:
7 jours plus tard..

J'ai un peu honte de moi même quand je vois toute la bonne volonté que tu as as généreusement mise dans ta critique, je m'excuse vraiment pour ce retard Plasma.. !

Plasma a écrit:
* l'emploi de « se feint » me semble saugrenu, même s'il peut faire sens. Voulais-tu dire « feindre » ou «fendre » ?

** la tournure « j'habite une douleur avec laquelle je n'ai jamais connu de claustrophobie » me semble un peu lourd. Puisque je habite la douleur, on peut s'attendre à ce que la douleur soit conçue somme un lieu. Pourquoi ne pas opter dans ce cas pour le relatif « où » qui allégerait la tournure ? Par ailleurs, il me semble bizarre aussi que tu écrives « de claustrophobie » et non « la claustrophobie ». Après, on est plus dans l'appréciation personnelle, là.

*** « Craindre » est un verbe transitif mais il s'emploie avec la préposition « de » quand il est suivi d'un infinitif. On craint d'oublier, par exemple.


*Oui, c'est bien le verbe feindre que j'ai utilisé.
** Bien vu..c'est vrai que c'est moins encombrant avec le relatif "où" ! Merci

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Plasma a écrit:
Ce qui à la fois m'intéresse et me gêne, c'est la suite du texte qui le fait apparaître et ça se passe dans le matériau même du texte : il s'agit du lexique. Le parti-pris est très net, il s'agit d'employer une langue riche, touffue même, lorgnant du côté des néologismes. J'ai eu l'impression, en lisant ton texte, que tu étais partie d'une idée limpide et que tu avais essayé de construire un objet de réflexion métalinguistique avec. Là où ça coince, c'est que tu joues sur deux tableaux assez incompatibles (dans ma conception des choses, du moins) : un travail de pure intuition et un travail intellectuel.



J'avoue que ceci est un premier jet inspiré par un cumul de nuits blanches une veille d'examen.Je l'ai écrit puis classé.Je n'ai pas vraiment eu le courage de le relire , ni de revenir sur ses incorrections ses failles ..Pourquoi? Peut-être parce que j'avais juste besoin de cracher le morceau, le faire coucher sur papier et en finir.

Je trouve ta remarque sur le travail de la langue assez pertinente.A fur et à mesure que je relisais quelques passages j'ai perçu ce que tu as appelé de "choix de camp."
Je ne vais pas le nier, il y'a une grande part de vérité la-dedans.
La force motrice du début était principalement intuitive, et puis apparemment à un certain moment je m'y suis éloignée pour un peu trot cet p me concentrer sur le côté lexical.
En me relisant, j'ai réalisé que ceci m'a toujours dérangée pendant mon moment d'écriture,car oui j'en prenais conscience des fois.Et cet écart qui se produisait me semblait comme une sorte de " compensation " dont je ne pouvais m'empêcher.Une impression d'insuffisance au niveau de l'imaginaire qui nécessitait une compensation linguistique dont le degré de " complexité" serait plus..développé.
Après, quand je voyais le résultat, la balance me semblait assez équilibré.Quelques fois même je trouvais une complémentarité entre cette intuition et ce côté intellectuel que tu as cité.
Enfin, cette fois-ci paraît que j'ai un peu forcé sur le dosage..

" Je m'avance peut-être beaucoup, mais il me semble que le formalisme est aussi une façon d'écrire sans aller plus loin dans l'exploration de l'inconscient " : Il y'a du vrai qui percute la dedans.Je ne suis pas non plus une adepte du formalisme, je n'aimerai donc surtout pas adhérer à cette façon d'écrire. Alors si mon écrit s'en approche, ça craint! Je ferai plus attention à la prochaine tentative !


" Pour le dire en image, c'est comme si tu commençais un croquis suave aux lignes claires et que tu terminais avec une couche de peinture énorme, des couleurs dans tous les sens et des lignes brisées. " : Sans ironie aucune et avec tout le sérieux du monde, moi j'aurais trouvé ça joli ! Very Happy Après bon,j'dis ça j'dis rien.Les goût et les couleurs..


"Ce que je critique, c'est juste la perte de fluidité, d'évidence." : J'ai souri.J'ai souri parce que ça, c'est tout moi. Mon écriture bordélique me reflète,si c'est pas du beau !


Sinon je tiens à te remércier ENORMEMENT ! Même mon prof littérature n'a jamais aussi bien décortiqué mes écrits! Maintenant je sais à qui m'adresser.. :p

Spoiler



PS : Je suis toujours dans la composition de ma propre palette,j'essaye de n’imprégner de quelques unes jusqu'à en avoir une propre à moi!


Pour ce qui est de Omar EL Khayam, oui j'ai découvert sa belle poésie grâce à Oum Kelthoum
Souki
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Message Posté le: Jeu Sep 19, 2013 19:37 pm    Sujet du message:
De rien, BluePitch ! Je ne te promets pas de faire la même chose tout le temps mais continue d'envoyer des textes, si tu veux !

Omar Khayam, je ne sais pas dans quelle langue tu le lis. Même en traduction française, j'ai vraiment trouvé qu'il était exemplaire de concision et de clarté. C'est TRÈS difficile d'en arriver là, vraiment. C'est un peu un modèle, à mes yeux.

Je suis contente que mon post t'ai tant plu !

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