Jag
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Posté le: Dim Sep 08, 2013 10:06 am Sujet du message: La fraude aux transports en commun, sport national ?
Les Français, parmi les plus
«bienveillants» de l’Union européenne envers la fraude aux transports en
commun, viennent de battre de nouveaux records au point d’inquiéter leurs
principaux réseaux (SNCF et RATP) et de relancer le débat sur une
augmentation des amendes ou la simple gratuité.
«Nous sommes en
peloton de tête en Europe de ceux qui pensent que frauder dans les transports
ce n’est pas grave»
Il est loin le temps où la fraude était en France un phénomène de jeunes
de banlieue.
Dans des universités, des étudiants adhèrent à des «mutuelles»
clandestines qui, pour 7 euros par mois (contre 65 euros pour un abonnement
mensuel), prennent en charge les amendes.
La fraude est même «tendance»: l’application «CheckMyMetro» permet de
repérer en temps réel sur son smartphone les contrôleurs du métro
parisien.
«Nous sommes en peloton de tête en Europe de ceux qui pensent que frauder
dans les transports ce n’est pas grave», dit Julien Damon, professeur à
Sciences-Po, citant des sondages Valeurs, Eurobaromètre et World Value.
Pour lui, la célèbre photo de l’ancien président Jacques Chirac, alors
maire de Paris, sautant en 1980 un portillon de métro, «illustre cette
bienveillance».
«Au Royaume-Uni les transports sont plus chers et la fraude moins
importante», relève-t-il. À Berlin, le métro (U-Bahn) et le RER (S-Bahn)
sont toujours dépourvus de portillons...
«Dans un pays catholique, la transgression est un sport national», explique
le philosophe Michel Onfray, rappelant que dans les pays protestants, «on est
redevable de ce qu’on fait parce qu’on entretient un rapport direct à
dieu».
Mais comment expliquer que la fraude représente 1,1% pour le métro de Rome
contre 5% dans le métro à Paris, voire près du double dans les bus et les
trams ?
C’est qu’au fond catholique vient s’ajouter chez les Français «un
rapport à la Loi et à l’Etat très paradoxal», explique Alain Mergier,
sociologue à la Fondation Jean Jaurès.
«Les Français considèrent que l’Etat est là pour veiller au respect de
la Loi et refusent d’être leur propre policier», dit-il. «Ils estiment
aussi que les transports publics leur appartiennent: s’ils n’ont pas payé
leur billet, ils ne volent personne!».
«Le coût annuel
de la fraude pour la SNCF est estimé à 300 millions d’euros»
Le phénomène a beau être très français, il inquiète au sommet de
l’Etat.
«Le coût annuel de la fraude pour la SNCF (Société nationale des chemins
de fer) est estimé à 300 millions d’euros», a reconnu le ministre
français des Transports, Frédéric Cuvillier. «Pour la RATP, il atteint 100
millions d’euros».
Cette semaine, le PDG de la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens),
Pierre Mongin, a tapé du poing sur la table, appelant à «une hausse du
montant des amendes».
Or, pour rendre les contrôles efficaces, il faudrait des équipes plus
nombreuses et mobiles, donc bien plus coûteuses.
Vers une gratuité
des transports en commun ?
La recette de la billetterie ne couvrant, selon le Groupement des autorités
responsables des transports (GART), que 25% du coût réel des transports, une
vingtaine d’agglomérations françaises ont décidé de supprimer les coûts
des contrôles et... d’opter pour la gratuité.
«Les transports en commun devraient être gratuits comme les bibliothèques,
les piscines, la santé, l’éducation et tout ce qui est construit avec
l’argent prélevé sur le contribuable», dit Michel Onfray.
afp
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