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Posté le: Mer Juil 31, 2013 09:18 am Sujet du message: Avec Georges Tron, c'était (vraiment) le pied !
L'affaire Tron ne fait que commencer. Alors que Gilles Charbonnier, le
procureur chargé du dossier, a requis un non-lieu, les juges d'instruction
devront bientôt se prononcer sur le renvoi en correctionnelle ou en cour
d'assises du dossier. Si, selon les conclusions du magistrat, le viol n'est
pas caractérisé, il ressort de l'enquête d'instruction que le maire de
Draveil, ancien député de l'Essonne et ancien secrétaire d'État du
gouvernement Fillon a profité de son statut et de ses attributions pour se
créer un véritable harem d'employées de mairie et de collaboratrices sur
lesquelles il pratiquait sa passion : la réflexologie plantaire, un massage
des pieds qui trouve son origine dans la médecine ancestrale chinoise.
Comme il l'avoue lui-même, Georges Tron apprécie "infiniment la présence
des femmes". Et pour le procureur, "son gou?t prononce? pour les femmes et sa
propension à se faire remarquer d'elles gra?ce a? un physique avantageux, des
manie?res, un certain charisme lie? a? sa personne, ses mandats et les moyens
qu'ils offrent (logement, emploi, carnet d'adresses...) ne [font] aucun
doute". L'intéressé ne trouvait apparemment pas les hommes dignes de
travailler avec lui : les sept collaborateurs entendus dans le cadre de
l'enquête étaient des femmes. D'ailleurs, Claude Ravier, de?le?gue?
de?partemental de l'UMP, a déclaré aux enquêteurs que Georges Tron donnait
assez facilement leur chance "aux femmes, pas aux hommes".
Une hôtesse de l'air employée à l'urbanisme
Et nombre des embauches qu'il a réalisées ou dont il a favorisé la
candidature ont été effectuées sur des critères qui n'avaient rien à voir
avec des diplômes ou un CV en rapport avec le poste à pourvoir. En 2010,
pour traiter les questions d'urbanisme, Georges Tron embauche... Sylvie D.,
une hôtesse de l'air avec qui il a entretenu une relation qui aurait
commencé en juin 2011. Il soutenait, contre l'avis de la directrice de
l'urbanisme de l'e?poque a? la mairie de Draveil, qu'elle avait d'excellentes
connaissances et compe?tences dans ce domaine.
DRH zélé, le mis en examen s'est aussi "beaucoup" et "personnellement"
impliqué dans le recrutement d'Éva L. (une des femmes à l'origine de
l'ouverture de l'instruction) comme contractuelle par la mairie de Draveil,
alors que le poste à pourvoir n'e?tait "ni de haut niveau ni politique". Elle
fut donc embauchée le 10 janvier 2007 (elle entretenait déjà une relation
avec Georges Tron depuis environ six mois, a révélé l'enquête) dans un
domaine ou? elle n'avait aucun diplo?me a? faire valoir, a? la diffe?rence
d'autres agents de la me?diathe?que. Jean-Yves Herry, alors directeur des
ressources humaines, a indiqué aux enquêteurs que le de?p***?-maire lui
avait demande? d'embaucher cette femme "aux meilleures conditions de salaire
et de grade".
Un massage dès le premier entretien d'embauche
Selon l'instruction, ces faveurs en direction des femmes avaient un but bien
précis : permettre à Georges Tron d'assouvir sa passion pour le tripotage de
pieds. D'ailleurs, ce dernier assumait publiquement ce hobby sensuel, qu'il
déclarait pratiquer depuis 25 ans. Selon l'enquête, il a principalement
"imposé" ses pratiques à des femmes qui venaient solliciter son aide ou
travaillaient sous son autorite?, donc en situation de demande ou de
de?pendance par rapport a? lui. Ce fut par exemple le cas pour Éva L. :
lorsqu'elle s'est présentée à l'entretien, la jeune femme sortait d'un
divorce tumultueux avec un enfant de deux ans à charge et avait absolument
besoin de trouver un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille...
Même s'il les conteste pour la plupart, les témoignages de l'enquête
révèlent une méthode bien rodée pour masser les pieds des demoiselles dont
il s'entourait : Georges Tron mettait souvent la main à la... patte dès la
première rencontre. Son ancienne collaboratrice, Chrystelle S., une des
femmes à l'initiative de l'ouverture de l'information judiciaire, raconte
que, lors de son premier entretien d'embauche, le maire de Draveil lui aurait
prodigué un massage de pieds (ce qui a été nié par Georges Tron, même
s'il a avoué avoir abordé le sujet). Malgré sa surprise, elle a déclaré
n'avoir pas réagi, se disant "impressionne?e par le personnage". Elle se
souvient me?me s'e?tre demande? si cela ne faisait pas partie d'un test
d'embauche pour e?valuer ses re?actions.
Même en présence de visiteurs
Elle raconte que, par la suite, il lui caressait syste?matiquement les pieds,
me?me en pre?sence de visiteurs. Selon elle, pour plus de discrétion, il
e?talait des documents sur la table en verre de fac?on a? cacher ce qui se
passait en dessous. Elle explique qu'il lui attrapait un pied et le massait
tandis qu'il discutait avec son interlocuteur qui ne se rendait compte de
rien. Selon elle, ces massages pouvaient durer plusieurs heures et étaient
coupe?s par l'arrive?e de nouveaux rendez-vous. Tron a admis avoir pratiqué
la réflexologie sur elle uniquement lorsqu'elle le sollicitait pour des
problèmes de dos.
Également à l'initiative de l'ouverture de l'instruction, Virginie F.,
embauche?e comme contractuelle charge?e de l'accueil dans les nouveaux locaux
de la mairie le 14 septembre 2008, fait état de faits similaires, encore une
fois niés par le mis en examen. Elle a indiqué que de?s son premier
rendez-vous et plusieurs fois par la suite le maire lui avait impose? contre
sa volonte? des massages de pieds sous le prétexte de re?flexologie. Lucile
M., contractuelle a? la mairie à partir de 2006 et collaboratrice du de?p***?
de 2008 a? 2011, ainsi que Jacqueline S., la secre?taire particulie?re de
Georges Tron de 1995 a? 2009, ont également relaté qu'elles avaient été
l'objet de sa lubie anatomique.
"Les fragiles, les consentantes et les flatte?es"
Dans le cadre de l'enque?te, pre?s de quarante personnes, toutes des femmes,
de?claraient avoir été l'objet de massages de pieds de la part de Georges
Tron. Dominique R, ancienne directrice des affaires culturelles a? la mairie
de 2001 a? 2008, cate?gorisait ainsi les heureuses élues : "les fragiles, les
consentantes et les flatte?es". Tron a reconnu en avoir massé certaines
lorsqu'elles le lui demandaient, mais a nié le fait d'avoir pratiqué des
massages lors des entretiens d'embauche, la fréquence et les lieux et de les
avoir réalisés contre leur gré.
La plupart des femmes dont il s'est entouré et dont il a tripoté les pieds
ont été ou sont devenues ses maîtresses. Et trois d'entre elles ont porté
plainte contre Georges Tron et Brigitte Gruelle, son adjointe et proche
collaboratrice, pour viol et agression sexuelle en réunion ou "par personne
ayant autorite?" (Virginie F., Chrystelle S. et Éva L.). Par ailleurs,
Cyrille D., Lucie M., Catherine P. et Fabienne D. donnent des détails sur les
supposées pratiques de triolisme du maire qui mettait, selon elles, à
contribution Brigitte Gruelle, dite "Gruella" pour ses détracteurs. La
méthode, souvent la même, consistait à prendre rendez-vous avec l'une
d'entre elles, à la faire asseoir entre Georges Tron et son adjointe, à la
faire boire, à la masser pour la détendre, puis à commencer les
attouchements. Des faits à chaque fois niés par Georges Tron.
Si l'information judiciaire décrit les pratiques plantaires de l'homme
politique comme "des re?alite?s peu flatteuses" "totalement inapproprie?es",
"manquant du plus e?le?mentaire respect dû a? ses interlocutrices",
"condamnables sur un plan moral, car pre?me?dite?es" et "tirant profit de la
situation de faiblesse ou de de?pendance d'autrui", elle ne caractérise pas
d'infraction pénale : selon ses conclusions, les témoignages des parties
civiles, souvent en état de souffrance psychologique, sont apparus peu
fiables (des incohérences ou des imprécisions sur les dates ou la durée des
faits sont apparues) ou ne parvenant pas à établir l'absence de consentement
de la part des plaignantes. De plus, au moment où la justice a été saisie,
de nombreux faits reprochés étaient déjà prescrits par la loi.
Il y a une protection de Georges Tron
Pourtant, Yael Mellul, avocate d'Éva L., conteste ces conclusions : "Dans le
réquisitoire, il y a une erreur juridique du parquet qui a oublié de prendre
en compte la nouvelle législation sur le viol [la loi en date du 8 février
2010, NDLR]. Lorsqu'il y a une notion de pouvoir, il y a une présomption de
contrainte morale qui pèse sur l'accusé [selon elle, c'est donc à Georges
Tron de prouver qu'il n'a pas commis de viol, NDLR]", explique-t-elle.
L'avocate relate par ailleurs d'autres infractions constituées par Tron à la
lecture de l'enquête et qui n'ont pas été relevées par le parquet.
Considérant que des témoins avaient été menacés par Georges Tron, elle a
adressé une plainte pour subornation de témoins et violation du contrôle
judiciaire il y a trois mois en se basant "sur un faisceau d'indices qui
figurent dans le dossier pénal", qui n'a pas eu de suite. L'avocate
s'interroge : "Pourquoi le parquet n'a pas relevé ces faits dans le dossier
pénal ?" "Il y a une protection de Georges Tron, un régime de faveur qui est
incompréhensible", conclut-elle.
De son côté, à l'issue de l'instruction, Georges Tron admettait que
l'affaire lui avait permis de prendre conscience de "l'e?trangete?" et "du
co?te? malsain" que l'on pourrait relever de ses pratiques. Toutefois, selon
le procureur, le maire de Draveil conside?rait que la re?flexologie avait
e?te? utilise?e par certains pour l'atteindre, alors que, en re?alite?, il
pensait que cela avait e?te? un moyen d'avoir "une proximite? avec le public",
de "cre?er une empathie" et, donc, de lui apporter des voix, ce qui en soi
(pour lui) n'e?tait pas contraire a? son statut public. Selon ses propres
critères, Georges Tron est donc un élu de terrain, toujours plus proche de
ses administrés...
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