MissJulie
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Posté le: Mer Mar 27, 2013 12:34 pm Sujet du message: Le mercredi c'est survie !
C’est prouvé : le mercredi, le taux de vente en ligne de congélateurs
augmente de 400 %. Toutes les mères (et les quelques pères, non, je ne vous
oublie pas) qui ont l’immense chance d’avoir « leur » journée
privilégiée avec les enfants savent très bien que non, le mercredi n’est
pas un petit îlot de repos et d’amour familial au milieu de la semaine.
À côté d’un mercredi, une journée de réunion ou de clients odieux,
c’est une balade au printemps sous des cerisiers en fleurs.
Promis.
7h34 : aujourd’hui, pas de réveil, tu espères naïvement un petit rab de
sommeil. Bravo, tu as gagné 4 minutes sur l’horaire habituel.
7h37 : alors que les lundi, mardi, jeudi et vendredi il faut environ 45
minutes à l’enfant pour émerger de sous la couette, aujourd’hui, il ne
lui en faut que 3. Complot.
7h45 : la journée commence bien trop vite et la vie est bien trop courte pour
chercher deux chaussettes jumelles, tu descends donc préparer le petit
déjeuner avec ton pyjama froissé, un chaussette rose, une autre bleu, une
coiffure avant-gardiste et la marque de l’oreiller incrustée de bave en
travers de la joue. Fraîcheur.
8h14 : la caféine commence enfin son travail et tes neurones s’étirent et
font les chats. Le petit, lui, est hypnotisé par un train qui balade des
dinosaures. C’est pas la vraisemblance historique qui étouffe les
scénaristes de dessins animés.
8h32 : il pleut. Cette journée s’annonce vraiment sous les meilleurs
auspices.
8h43 : le petit vient te cracher la moitié de sa tartine pré-mâchée au
creux de la main. Chaleur. En fait, il a bien réfléchi et il voudrait boire,
plutôt. Merci.
9h11 : tu n’as plus aucun souvenir de la dernière demi heure, mais tu
constates que tout le monde est habillé. Encore un mécanisme de protection
de ton cerveau pour t’éviter le burn out.
9h13 : en attendant que ton 3e café de la journée coule dans ta tasse
Meilleure Maman du Monde (offerte par le mari pour t’aider à ne pas te
suicider), tu réfléchis au planning de la journée.
9h14 : ton esprit t’envoie des images de couette, d’oreiller, de plage de
sable fin et de mojitos. Pas gagné.
9h16 : l’enfant a disparu, des cris de faible intensité parviennent de la
salle de jeux. Tu en profites pour remercier le Dieu des parents et toute sa
famille sur plusieurs générations, tout en t’affalant dans le canapé.
10h12 : dans un état de semi conscience, tu erres sur un site
d’électroménager, catégorie Froid.
10h13 : heureusement, la chute inopinée d’un bac de Lego dans l’escalier
te sort de ta torpeur et fait remonter ton taux de cortisol et
d’adrénaline. Tu redeviens opérationnelle.
10h17 : les Lego ont retrouvé leur foyer à couvercle en plastique, et ont
temporairement déménagé en haut de l’armoire. Il doit bien en rester
quelques uns par terre, tu fais confiance à tes voûtes plantaires pour les
détecter.
10h19 : l’enfant te regarde avec une tristesse non dissimulée et pas du
tout exagérée. Tu lis de l’incompréhension dans ses yeux, comme le jour
où tu as tenté d’expliquer à ton mari que certains cintres avaient un
sens.
10h20 : tu la joues Maman sympa en sortant la peinture à l’eau et des
feuilles sur la table à dessin.
10h23 : tu regrettes vivement d’avoir voulu te la jouer Maman sympa, parce
que maintenant tu vas surtout jouer à Maman lessive les murs.
10h27 : pour la préservation de ta santé mentale au moins jusqu’au
déjeuner, tu proposes joyeusement de le coller devant un dessin animé
débilitant, et tu remercies intérieurement la personne qui a eu la bonne
idée de créer des compilations de Tchoupi sur Youtube.
10h36 : tu te rends compte qu’en guise de papier à dessin, tu as refilé la
facture de la garderie et l’avis d’échéance du loyer au gosse.
11h12 : alors que tu entreprends courageusement de plier le linge sec depuis
environ 4 semaines sur l’étendoir, et qui commence à prendre un peu la
poussière, tu t’aperçois que l’enfant a bêtement confondu les torchons
de la cuisine avec les bas de tshirts propres.
11h14 : « Maman Miam Miam ! Maman Miam Miam ! »
11h15 : tu jettes quelques Chipsters en direction de la table basse pour le
faire patienter le temps d’élaborer un repas de super maman, à la fois
délicieux et équilibré, pour lui offrir tous les nutriments nécessaires à
sa croissance et à son développement cognitif.
11h45 : tu lui sers fièrement des frites au four avec du jambon. Coupé avec
amour. Tu arroses le tout d’un petit sirop de cassis, pour les fruits et
légumes.
11h46 : tu te rassures en disant que le mercredi, on peut, et qu’il mangera
des légumes à la cantine demain.
11h47 : l’emballage du jambon dit qu’il a été cuisiné avec un bouillon
de légumes, ça compte ?
11h49 : SMS de ta pote de démoulage qui est au McDo avec ses gamins. Tu
culpabilises nettement moins.
12h51 : subtilement, tu commences à évoquer la possibilité probable que
peut-être il faille penser à aller faire la sieste. Vachement bien la
sieste, super cool même, promis.
13h03 : p***** tu ferais bien la sieste. Jusqu’à samedi en huit.
13h07 : ton représentant personnel du peuple enfantin a entamé une
transhumance du salon vers la chambre. Tu gardes espoir, mais tu ne montres
pas trop ton enthousiasme, avec cette connerie de test de limites il pourrait
faire demi tour juste pour t’emmerder.
13h15 : il est au lit. IL EST AU LIT ! Bon, il ne dort pas, faut pas
déconner. T’es partie pour au moins 15 minutes de lecture affligeante et de
chansons à connotations sexuelles mal placées.
13h17 : Maman les petits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des jambes…
13h19 : Une souris verte qui courait dans l’herbe, je l’attrape par la
queue, je la montre à ces messieurs…
13h23 : Pierrot répondit, va chez la voisine je crois qu’elle y est car
dans la cuisine on bat le briquet.
13h27 : Maman les petites souris vertes dans la cuisine ont des jambes je les
montre à ces messieurs qui battent le briquet.
13h32 : il dort. Toi, tu frôles le coma. Heureusement, en quittant sa
chambre, tu marches sur un Lego, la douleur te réveille assez pour avoir la
force de te trainer jusqu’à ton lit. Faut dormir quand les enfants dorment,
qu’elles disaient les sages-femmes à la maternité. Un bon conseil
s’applique même après plusieurs années.
15h03 : fin de la mi-temps. Lui est pimpant comme après une nuit complète de
10 heures (simple supposition, vu qu’il n’en a évidemment jamais fait).
Toi tu ruisselles la fatigue et le désespoir comme après une nuit hachée de
10 réveils.
15h14 : il ne pleut plus, tu entreprends de déplacer ta bonne-méritude
jusqu’au parc du coin, goûter inclus.
15h23 : le manteau et les chaussures sont enfilés, tu vérifies le sac à
main, tu rajoutes quelques bonbons en prévision d’une crise éventuelle.
L’enfant en profite pour faire caca dans sa couche.
15h24 : déchaussage, désenfilage de manteau, déshabillage de pantalon,
changement de couche, rhabillage de pantalon, renfilage de manteau,
rechaussage. Même pas peur.
15h32 : l’enfant a décidé que non, il ne dépasserait pas la limite du
trottoir. Non, non, non et non. Entre patienter sur un banc au parc ou
patienter le cul collé à ta boîte aux lettres, toi, tu t’en fous. En
plus, tu captes encore le signal wifi, impeccable. Tu attends donc que
monseigneur soit disposé à aller faire du p***** de toboggan.
15h49 : tu aiguises nonchalamment la tranche de ton smartphone sur le bord du
banc, histoire de pouvoir t’ouvrir les veines avant que la 18e assistante
maternelle du coin viennent te donner un conseil éducatif.
15h50 : apparemment, il serait trop couvert, il va attraper la crève.
15h52 : ah, on te dit qu’il n’est pas assez couvert, il va attraper la
peste.
15h54 : elle n’est pas assez couverte, ce qui lui a fait changer de sexe.
15h57 : les semelles souples c’est dangereux, après la voûte plantaire ne
se forme pas. Et puis nous on avait des chaussures rigides et on n’en est
pas mort.
15h59 : ta gueule.
16h21 : tu as boulotté tous les gâteaux du gamin en le regardant enchainer
les tours de toboggan comme une forumeuse enchaine les hi hi sur Docti.
16h33 : de retour à la maison pour qu’il prenne son goûter. Pour te faire
pardonner, tu entreprends de préparer de la pâte à sel.
16h47 : vraiment faut que tu arrêtes avec tes idées de merde, c’est plus
possible.
16h53 : tu as de la pâte à sel incrustée sous les ongles, et tes dessous de
chaussettes croustillent un peu aussi. L’enfant lui, joue avec une cuillère
en bois et un tupperware, assis sous la table.
17h02 : tu deviens plutôt douée en arts plastiques, tu te demandes si tu
peux offrir ça à ta génitrice pour la fête des mères.
17h13 : l’enfant est pris d’une passion soudaine pour les chaussures, et
les sort une à une du placard. Il touche, il lèche, il lance.
17h24 : un petit café et hop, un coup d’aspirateur, histoire d’oublier
les traumatismes de cette journée.
17h43 : évidemment tu avais oublié de ranger le paquet de farine et il a
malencontreusement rencontré violemment le sol sous la poussée innocente de
la main de l’enfant qui passait par là.
17h47 : il chante des trucs incompréhensibles qui te rappellent un peu une
cérémonie vaudou que t’as vue sur France 4 y a pas longtemps. Tu as peur.
17h58 : tu tapotes ta montre pour vérifier si elle marche bien. Merde,
l’horloge de l’ordinateur dit pareil.
18h12 : la porte d’entrée s’ouvre, le mari rentre à la maison après une
journée de travail entre adultes, sans personne à torcher (normalement) et
sans cris stridents parce que tu auras mal tiré sur la manche du pull et
qu’elle est coincée dans le manteau au niveau du coude.
18h14 : après un câlin à l’enfant, l’homme t’explique que là,
vraiment, il a besoin d’aller se reposer tellement sa journée a été
harassante, tu peux pas comprendre, toi, t’as la chance d’avoir une pause
dans ta semaine.
18h14 et 42 secondes : tu respires lentement, les yeux fermés, et tu reposes
la poêle à frire que tu as saisie d’instinct par le manche. La violence ne
résout rien.
18h17 : tu menaces ton conjoint de grève du sexe pendant un an s’il ne
s’occupe pas du bain et du diner ce soir.
18h19 : tu cours t’enfermer dans ta chambre, la couette remontée jusqu’au
cou. Tu attends qu’on t’appelle pour le diner.
18h24 : tu reluques tes jambes fatiguées, tu en déduis une loi de parent :
le nombre de bleus est proportionnel à l’état d’épuisement. Tu en
comptes 6. Sur une échelle de nullipare à burn out, tu frôles
l’ovariectomie sans anesthésie.
18h35 : l’homme veut bien coopérer, mais faut choisir entre le bain et le
dîner, parce qu’il peut quand même pas tout faire, bordel, c’est pas
Super Man. Sans blague. La nécessité de nourrir l’enfant surpasse celle de
le regarder barboter dans de l’eau chaude entouré de 43 bidules en
plastique qui flottent.
19h02 : de la cuisine monte une bonne odeur de … nouilles.
19h13 : nouilles, donc, au fromage râpé et reste de petits pois tout fripés
passés trop longtemps au micro-onde. L’homme qui savait cuisiner aux
femmes.
19h47 : tu entreprends une micro séance de sophrologie express tout en
montant les escaliers afin de réussir à supporter le rituel du coucher sans
te mettre à pleurer.
20h23 : tu en es à dix répétitions de Maman les petits bateaux, la chanson
qui prend vraiment les gamins pour des cons.
23h49 : le mince filet de bave qui dégouline dans ton cou te réveille. Tu es
tout habillée, allongée sur le bord du lit, les fesses dans le vide,
l’enfant ronfle à côté.
Qui s’est endormi le premier de vous deux ? Mystère du mercredi.
Autant dire que la réforme des rythmes scolaires, avec école le mercredi, tu
l’attends de cerne ferme.
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