Ces œuvres de jeunesse et la honte.

Criterium

À l'occasion de mon passage en France ce mois de décembre — je vis à l'étranger en ce moment — en fouillant quelques paquets de vieilles notes et de petits carnets, restés dans un coin d'étagère, j'ai eu l'occasion de beaucoup sourire en remettant la main sur d'anciens écrits ; parfois de façon plutôt attendrie, parfois atterrée, et parfois envahi plutôt par la honte. Laquelle est un sentiment très intéressant dans ce contexte — seul face aux pensées secrètes d'un soi-même passé — j'en ai donc profité pour m'interroger sur ce qui, plus précisément, me touche tant en me faisant honte. Mon cas particulier n'est pas le sujet : avez-vous connu de tels instants? Et, à quel point avez-vous connu une honte face à d'anciennes productions? Vous y reconnaissiez-vous? Avez-vous réfléchi quant à ce qui provoquait cette émotion, ou vous êtes-vous contentés de tout refermer vite fait, voire de le détruire?

Le terme est volontairement vaste, pour inclure tout aussi bien mauvais poèmes, dictons assassins, proses de psychopathe analphabète, analyses enfantines de problèmes du monde ou de la cour d'école, dessins maladroits et/ou pornographiques, etc. — Les recoins.

Gelmah de Rothmir · Posté le: Ven Déc 16, 2011 21:50 pm Sujet du message:

J'ai vécu la même chose même si je pense que mes meilleurs écrits n'arrivent pas à la cheville de tes bouses.

Etant jeune je produisait beaucoup d'histoires isolées qui, dans mon dessein tardif, devaient prendre place dans une saga beaucoup plus vaste. Hélas ces écrits étaient plus l'incarnation de goûts passagers que de réels morceaux de littérature réfléchis.
Mais je ne dirais pas que j'ai honte, plutôt que je suis ravi d'avoir évolué dans un sens que je juge bon Smile

Lyriss · Posté le: Sam Déc 17, 2011 00:01 am Sujet du message:

Oui c'est toujours une expérience assez bizarre.

Ceci dit je ne ressent aucune honte dans la mesure ou je lie de manière indissociable le moi au présent.

MarieCecile81 · Super actif Sexe: Inscrit le: 31 Juil 2009 Messages: 1752

Effectivement, pour certains ecrit je dirais plus un regret de les avoir envoyes ... et meme chose pour certaines paroles ! mais malheureusement on ne peut faire machine arriere !!

Pour la plupart de mes ecrits, je dirais plutot que j en rigole, car j aimais ecrire sous Roger, ce qui me faisait dire dans une phrase 3 idees Smile

Souki · Posté le: Sam Déc 17, 2011 13:45 pm Sujet du message:

Honte modérée quand je retombe sur des écrits de mon adolescence. En général, je ne finis pas la lecture et je supprime... Je renie totalement cette époque durant laquelle La dame aux camélias était mon roman préféré... C'est d'autant plus traître que j'ai parfois écrit pour mon moi futur.

Honte mêlée de surprise et de fierté quand je retombe sur des notes dans lesquelles je développe des idées que je pensais (avant de retomber sur la trace) être récentes ; je ne sais pas si ça arrive à certains d'entre vous mais des fois, on découvre que quelque chose nous hante depuis très longtemps alors qu'on croyait avoir évolué en la redécouvrant, après ce qui n'était finalement qu'une période d'oubli.

Honte terrible quand on me rappelle des trucs qui datent de mon adolescente en en faisant l'éloge. Une amie reste subjuguée par une correspondance que nous avions à l'époque alors que de mon côté, je pense que c'était clairement de la merde.

Le pire du pire, c'est d'avoir entendu récemment une chanson que j'avais écrite pour un pote. Le malheur dans tout ça, c'est qu'il y en avait plusieurs, que c'était celle du lot qui a fonctionné et qu'il a enregistrée. C'était du local, hein, au lycée. C'était la période "Bertrand Cantat est en taule, mais qu'est-ce qu'on va écouter, BORDEL ??". Donc il a fait du sous Cantat, de même que j'ai pondu une fiente insipide.

Criterium · Posté le: Sam Déc 17, 2011 18:48 pm Sujet du message:

Retrouver l'ancienne expression d'idées obsédantes m'arrive à chaque fois que j'y replonge le nez. De ce côté-là, ce qui m'a le plus frappé cette fois, ce sont les motifs clairement alchimiques dans des vieux rêves de 2005 et de 2007, ou encore des interrogations sur magie, perception et vérité, par exemple.

Qu'est-ce qui nous pousse à brûler ou à ne pas brûler?
Pêle-mêle, la peur de s'y re-confronter, la lâcheté de tout perdre, la dénégation honteuse, la sensation qu'on y repuisera... plus l'impulsivité naturelle ou pas de notre caractère?

Juliette Hardy · Miss Genaisse 2012 Inscrit le: 03 Mai 2010 Messages: 1908

Les anciens textes sont toujours une source de honte, car j'assume parfois assez mal d'en avoir été l'auteur. Néanmoins, et c'est plutôt positif, en retrouvant mes textes de manière chronologique, je peux clairement déceler une évolution que j'estime positive. C'est déjà ça...

Souki · Posté le: Dim Déc 18, 2011 00:58 am Sujet du message:

Criterium · Posté le: Dim Déc 18, 2011 18:03 pm Sujet du message:

Je ne suis pas du même avis ; je pense que c'est, en gros, lié avant tout à la vie intérieure d'une part, et d'autre part à des conflits (de court-terme ou long-terme) irrésolus ; 2005-2007 était au contraire peut-être ma période la plus sociale, ça correspond au moment où je faisais le plus de musique, et rencontrais le plus de gens, surtout par rapport à cela. — Mais certains courent tellement dans leur vie qu'ils ne peuvent laisser un peu de place aux rêves que lorsqu'ils se posent enfin, et/ou se questionnent enfin sur eux-mêmes, d'où inflation onirique. Bref, HS.

Souki · Posté le: Dim Déc 18, 2011 18:13 pm Sujet du message:

Merci pour les précisions. A poursuivre, cette conversation.