Présentation+Poème.


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TDC.
Petit nouveau
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Message Posté le: Ven Aoû 12, 2011 02:53 am    Sujet du message: Présentation+Poème.
Bonjour à tous, alors voila je me présente TDC. J'aime écrire de la poésie car elle reflète avant tout la liberté (malgré les contraintes imposées), elle est plaisante à écouter et forte en image. J'écris assez régulièrement même si je prends tout mon temps pour la finition de mes vers.
Je vous présente là un poème que je viens juste de terminer et j'attends vos critiques pour l'améliorer.
Désolé pour la courte présentation mais je n'aime pas trop m'y attarder.


C'est un petit matin qu'une légère brise,
Porteuse de grains chauds, effleure d'une bise
(Au bord d’une plage compagne du soleil)
La peau d’une blonde doucereuse et vermeille.

Les cheveux au vent, elle a son regard ancré
Dans les flots onduleux ainsi que son corps laid.
Aussi un voile blanc, corbeau à l’œil de feu,
Plane bien tout autour de la femme aux traits creux.

L'eternel océan n’éclaire plus cet ange
Déchu, non! Doucement dans ses fonds il se range,
Et son grand esprit faible embrasse mortelles ondes.

Ce soir le soleil se noie dans la mer immonde,
Laissant de lui quelques éclaboussures d’étoiles.
Une triste folle, plonge. Seul remonte son voile.
Mandos
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Message Posté le: Dim Aoû 14, 2011 20:16 pm    Sujet du message:
C'est un petit matin qu'une légère brise,
Porteuse de grains chauds, effleure d'une bise

La brise et la bise étant deux sortes de vent, il est bizarre et redondant que l'une effleure quelque chose avec l'autre. Par ailleurs la bise est un vent puissant et glacial, sa coexistence avec la "brise", et le fait qu'elle "effleure" le sujet du poème forment une image incohérente.
L'apposition "Porteuse de grains chauds" est assez lourde, n'a pas l'air très utile, on dirait qu'elle est surtout là pour compléter le vers. Méfie-toi des chevilles, elles sont abondantes dans ton texte. Méfie-toi aussi de la surabondance des adjectifs épithètes (petit, légère, chaud...). L'introduction du complément de temps par un présentatif "c'est... que" dans un texte au présent est artificielle, et donne encore une fois l'impression d'une cheville.

(Au bord d’une plage compagne du soleil)
La peau d’une blonde doucereuse et vermeille.

Ces deux vers présentent un e muet en sixième position, je n'ai pas l'impression que tu l'aies fait exprès, et ce n'est pas très joli (l'alexandrin fonctionne sur un rythme de base 6/6, essaie de prononcer ces vers en marquant une pause au milieu, tu verras comme c'est désagréable : Au bord d'une plagE / compagne du soleil). L'usage de la parenthèse n'est pas nécessairement à proscrire, mais ici elle ne fait qu'ajouter un autre complément, on a l'impression que tu as senti qu'une apposition de plus serait un peu lourde, et que tu l'as remplacée par une parenthèse pour varier un peu, mais ça ne marche pas très bien, surtout que "compagne du soleil" constitue aussi une apposition imbriquée dans celle-ci. Si tu ne trouves pas d'image ou de proposition qui s'insère harmonieusement dans ce que tu dis, il serait préférable d'utiliser les syllabes inoccupées pour créer la surprise (pas trop non plus, cf plus bas), ici ça fait un peu rabâchage.
"Une blonde doucereuse et vermeille", c'est deux adjectifs épithètes accolés à un adjectif substantivé, là encore méfiance. C'est aussi trois clichés. Je sais bien qu'ils sont contredits plus loin, mais ça produit quand même un effet désagréable à la lecture. On ne peut jouer avec des clichés que si on les introduit avec une vraie maîtrise.


Les cheveux au vent, elle a son regard ancré
Dans les flots onduleux ainsi que son corps laid.

Là encore, problème de césure, un pronom personnel sujet en sixième syllabe, c'est dissonant (ça fait un alexandrin coupé 5/7, ce qui ne correspond pas à grand-chose) ; ça peut donner un genre, je te le concède, mais là ce n'est pas très heureux.
L'allusion au corps formulée en hyperbate, ça pourrait être une bonne idée, pour passer du regard éthéré à la trivialité organique, j'apprécie la présence de l'adjectif "onduleux" appliqué aux "flots" et qui rappelle les cheveux évoqués au vers précédent, mais l'effet de surprise du "corps laid" est produit avec trop peu de tact. Premièrement, une épithète aussi fortement axiologique, post-posée comme ça, ce n'est pas très français. Deuxièmement, c'est très abstrait, on ne voit pas en somme pourquoi son corps serait "laid", il vaudrait peut-être mieux donner des détails physiques. Il me semble que tu as pris pour modèle quelque chose comme la "Vénus anadyomène" de Rimbaud, mais ça ne soutient pas trop la comparaison (je signale au passage que ce thème est empreint d'un fort sexisme, et qu'il faut que tu saches quoi en faire). Troisièmement, dans la mesure où l'effet n'est pas du tout préparé en amont, et où il est introduit de cette manière assez gauche, un lecteur malveillant pourrait avoir l'impression que le poème a été composé un peu au hasard, que tu cherchais juste un moyen de finir ton vers, et que, trouvant seulement l'adjectif "laid", tu t'es dit que ce serait le thème de ton texte. J'ajouterai que "ancré" et "laid" ne riment pas (é fermé/è ouvert).


Aussi un voile blanc, corbeau à l’œil de feu,
Plane bien tout autour de la femme aux traits creux.

"corbeau à l'oeil de feu", encore une apposition. En plus, là encore, je trouve que la paradoxe de l'image n'est pas très maîtrisé. Il peut être intéressant de renverser le blanc en noir, le "voile" en "corbeau", mais faute d'une certaine souplesse, on a surtout l'impression d'une incohérence.
"à l'oeil de feu", "aux traits creux", tout ça manque de variété dans les tournures. L'image des "traits creux" est un peu confuse, on ne voit pas trop ce qu'elle veut dire, et en tout état de cause elle ne s'accorde qu'imparfaitement avec l'idée d'un "corps laid" : la vacuité peut fort bien être associée à la beauté, c'est même un thème moral classique. Et ça fait une épithète post-posée monosyllabique de plus à la fin d'un vers.
De même, "plane bien" : "bien" fait cheville.



L'eternel océan n’éclaire plus cet ange
Déchu, non! Doucement dans ses fonds il se range,
Et son grand esprit faible embrasse mortelles ondes.

Le premier vers passe assez bien, avec le contraste entre l'océan "éternel" et un ange éphémère (puisque l'océan "ne l'éclaire plus"). Toutefois, dans cet ordre d'idée, on ne comprend pas trop pourquoi l'ange serait "déchu" (ce corps "laid" était-il "beau" avant ?). La fin du deuxième vers est un peu confuse avec les reprises des éléments du poème par des pronoms personnels dont on ne sait pas trop lequel renvoie à quoi. Enfin si, on devine assez bien, mais ça gêne la lecture. Du reste, si dès maintenant la femme/ange/laideron se "range" dans les "fonds" de l'océan, cela veut dire que tes deux tercets décrivent la même chose, et je ne sais pas si c'est une bonne idée de faire place dans un sonnet à une redondance aussi spectaculaire.
Le troisième vers est vraiment trop bordélique. "grand esprit faible", encore deux adjectifs. Malheureusement pour toi, la position des adjectifs, avant ou après le substantif qu'ils qualifient, compte beaucoup en français, et en l'occurrence "faible" a bien peu de raisons de se trouver post-posé, surtout si "grand" est placé avant le nom. Du reste, la coexistence de ces deux adjectifs antinomiques fait un oxymoron un peu facile. On voit que tu as vraiment galéré pour réduire le nombre de syllabes dans le deuxième hémistiche, mais le résultat est peu convaincant. Il y a toujours une syllabe de trop (le e d' "embrasse" se prononce), et l'absence de tout déterminant devant "ondes" ne se justifie pas.


Ce soir le soleil se noie dans la mer immonde,
Laissant de lui quelques éclaboussures d’étoiles.
Une triste folle, plonge. Seul remonte son voile.

Comme je l'ai dit plus haut, ce tercet décrit en somme la même chose que le précédent, je ne sais pas si tu assumes.
Les trois vers sont mal calibrés : e muet en sixième position dans les deux premiers, et deux apocopes illégitimes dans le troisième (on devrait prononcer les e de "folle" et de "plonge")
L'utilisation de l'adjectif "immonde" présente ici plusieurs inconvénients : 1) cet adjectif est très hyperboliques 2) il n'a pas été préparé, et tombe donc un peu comme un cheveux sur la soupe (cf plus haut "laid") 3) jusqu'ici, l'entité marine, par sa beauté, par son intemporalité, formait le contrepoint de la laide figure féminine. On s'explique mal ce renversement, d'autant que tu fais surgir tout de suite après l'image un peu convenue mais jolie des "éclaboussures d'étoiles" (le e d'éclaboussures se prononce, ton vers a une syllabe de trop).
Le dernier vers est un peu emphatique, mais pourrait être bien, n'étaient ces deux e dont tu n'as pas réussi à te débarrasser. Je te signale tout de même que la virgule entre le sujet et le verbe ("Une triste folle, plonge") n'a pas de raison d'être. La remontée du voile a quelque chose d'un peu trivial dans l'expression, mais pourquoi pas.


Voilà les quelques remarques que m'inspire la lecture de ton poème. Je pense que tu gagnerais à le retravailler. Renonce peut-être à la forme du sonnet pour ce poème, parce que manifestement, tu as voulu exprimer trop d'idées qui, n'ayant pas pu être développées avec la concision requise par cette forme courte, semblent incohérentes, et par suite disharmonieuses.

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