alcibiade
Suprème actif


Sexe: 
Age: 36
Inscrit le: 06 Juin 2007
Messages: 6608
|
Posté le: Jeu Juin 30, 2011 19:22 pm Sujet du message: Clara Zetkin
Un texte à commenter, comme l'ont fait nos chers lycéens il y a peu.
Déchainez-vous.
"Il n'est pas surprenant que les réactionnaires aient une conception
réactionnaire du travail féminin. Mais il est extrêmement surprenant de
rencontrer, dans le camp socialiste, une conception erronée, qui consiste à
exiger la suppression du
travail des femmes.
Le problème de l'émancipation des femmes, c'est à dire en dernière
instance celui du travail féminin, est un problème économique, et l'on est
fondé à attendre des socialistes une meilleure compréhension des problèmes
économiques.
Les socialistes doivent savoir qu'en l'état actuel du développement
économique le travail féminin est une nécessité ; que le travail féminin
devrait aboutir normalement, soit à une réduction du temps de travail que
chaque individu doit à la collectivité, soit à un accroissement des
richesses de la société ; que ce n'est pas le travail féminin en soi qui,
par le jeu de la concurrence, fait baisser les salaires, mais l'exploitation
de ce travail par les capitalistes.
Les socialistes doivent avant tout savoir que l'esclavage social ou la
liberté reposent sur la dépendance ou l'indépendance économiques.
Il n'est pas permis à ceux qui combattent pour la libération de tout le
genre humain de condamner la moitié de l'humanité à l'esclavage politique
et social par le biais de la dépendance économique.
De même que le travailleur est sous le joug du capitaliste, la femme est sous
le joug de l'homme et elle restera sous le joug aussi longtemps qu'elle ne
sera pas indépendante économiquement. La condition sine qua non de cette
indépendance économique, c'est le travail.
Si l'on veut faire des femmes des êtres humains libres, des membres de la
société à part entière au même titre que les hommes, il ne faut ni
supprimer ni limiter le travail féminin, sauf dans quelques cas
exceptionnels. (…/…)
La question de l'émancipation des femmes est née avec les temps modernes et
c'est la machine qui l'a engendrée. L'émancipation de la femme, cela
signifie la complète modification de sa position sociale, une révolution de
son rôle dans la vie économique.
La machine a mis fin à l'activité économique de la femme dans la famille.
La grande industrie fabrique tous les articles à meilleur prix, plus
rapidement et en plus grande quantité que ne pouvait le faire l'industrie
individuelle qui ne disposait que d'outils imparfaits pour une production à
très petite échelle. (…/…) C'est la raison pour laquelle la ménagère
du bon vieux temps a presque totalement disparu. La grande industrie a rendu
sans objet la production à domicile de biens destinés aux membres de la
famille. Mais, simultanément, elle a créé les bases de l'activité de la
femme dans la société. La production mécanique, qui peut se passer de force
musculaire et de qualification, a permis d'employer des femmes dans un vaste
secteur de travail.
La femme est entrée dans l'industrie dans le but d'augmenter les ressources
familiales. L'évolution de l'industrie moderne a fait du travail féminin une
nécessité. Et c'est ainsi que chacun des perfectionnements de la technique
moderne a rendu superflue une partie de la main d'œuvre masculine.
Libérée de sa dépendance économique vis-à-vis de l'homme, la femme est
passée sous la domination économique du capitaliste. D'esclave de son mari,
elle est devenue l'esclave de son employeur. Elle n'avait fait que changer de
maître. Elle a toutefois gagné au change : sur le plan économique, elle
n'est plus un être inférieur subordonné à son mari, elle est son égale."
Clara Zetkin
|
Tommy Angello
Administrateur


Sexe: 
Inscrit le: 05 Sep 2006
Messages: 4354
Localisation: dans ton cpu
|
Posté le: Jeu Juin 30, 2011 19:34 pm Sujet du message: Re: Clara Zetkin
On peut connaitre l'idéologie dénoncée?
Parce que
alcibiade a
écrit: | une conception erronée, qui consiste à exiger la
suppression du travail des femmes. |
une conception est une manière de simplifier les chose pour les comprendre,
une modélisation en somme. Ce que l'on veut modifier à la situation est ce
qui découle du raisonnement qui s'appuie sur la conception.
Captain Obvious, pour vous servir.
|
alcibiade
Suprème actif


Sexe: 
Age: 36
Inscrit le: 06 Juin 2007
Messages: 6608
|
Posté le: Ven Juil 01, 2011 10:00 am Sujet du message:
Citation: | On
peut connaitre l'idéologie dénoncée? |
Je me demande si elle ne critique pas certains courants féministes. Mais je
peux me tromper.
|
uacuus
Super actif

Sexe: 
Inscrit le: 29 Mai 2006
Messages: 2753
|
Posté le: Ven Juil 01, 2011 13:08 pm Sujet du message:
Non, elle vise plutôt certains individus qui se réclament du socialisme ou
du communisme, mais qui sur le problème des femmes raisonnent comme l'ennemi
conservateur. Elle propose contre ces progressistes incomplets une analyse
purement marxiste de l'évolution de la condition féminine, pour montrer que
celle-ci ne doit plus dorénavant être distinguée de celle des autres
exploités. Chez Marx les rapports sociaux sont conditionnés par les
structures économiques : il en va de même, selon notre socialiste
féministe, pour le rapport de domination entre homme et femme. Or,
l'évolution technique met les hommes et les femmes sur le même plan. Donc
l'égalité va dans le sens de l'histoire (de la même façon que la
libération du prolétariat). Ceux qui s'opposent à ce sens de l'histoire
sont toujours appelés "réactionnaires" dans un contexte marxiste.
|
alcibiade
Suprème actif


Sexe: 
Age: 36
Inscrit le: 06 Juin 2007
Messages: 6608
|
Posté le: Ven Juil 01, 2011 19:13 pm Sujet du message:
Citation: | Non, elle vise plutôt certains individus qui se réclament du
socialisme ou du communisme |
Ils peuvent être socialistes ET féministes comme elle non ?
Ce que j'ai trouvé admirable dans ce texte c'est le mélange de deux
idéologies qui se fusionnent. ça fait froid dans le dos.
On trouve aussi les simplifications historiques si chères à Marx. La femme a
du travailler bien avant l'ère industrielle. Les femmes des paysans antiques
ou médiévaux ne se tournaient pas les pouces, que je sache. Elles n'en
étaient pas émancipées pour autant, d'ailleurs
|
Exist@ncE
Super actif

Inscrit le: 19 Mai 2010
Messages: 1680
|
Posté le: Sam Juil 02, 2011 21:40 pm Sujet du message:
alcibiade a
écrit: | On trouve aussi les
simplifications historiques si chères à Marx. La femme a du travailler bien
avant l'ère industrielle. Les femmes des paysans antiques ou médiévaux ne
se tournaient pas les pouces, que je sache. Elles n'en étaient pas
émancipées pour autant, d'ailleurs  |
Exact.
Le capitalisme ou plus exactement le libéralisme à mis tout le monde
d'accord : on est tous des esclaves "du marché".
(Je ferai remarquer que "le marché" est une chose très aléatoire ...)
Il ne devrait pas être bien difficile de comprendre qu'un capitalisme
paternaliste est incroyablement plus moral. Il est encore plus moral d'être
sous un régime communiste.
Cependant, il n'échappe à personne que le communisme n'arrive pas à
fonctionner, principalement à cause de l'égoïsme de chacun.
Je trouve étrange que ce qui tue un régime "communiste" soit ce qui fonde un
autre régime "capitaliste".
Ce n'est pas seulement entre dieu et l'argent que l'on a choisi, mais aussi
entre la morale et l'égoïsme ...
Quand au travail des femmes, s'il venait aujourd'hui à être interdit ou
réduit :
+ Moins de force de travail --> Moins de chômage.
+ Plus d'individus aux foyers --> Un suivi et une éducation plus
avancée.
+ Des cadres plus rigides --> Un respect plus rigides des rôles de
chacun.
C'est vrai que lorsqu'on considère chaque être de la même manière, il est
immoral à partir de différences toutes relatives de construire et de
justifier des cadres inégaux (valeurs, droits, etc.).
Mais casser des cadres ne change en rien le problème de l'exploitation
(intéressement, égoïsme, etc.).
On le vois très bien ici : retirer les restrictions de l'emploi des femmes et
alors tout les humains seront exploités.
Pensez-vous réellement que si tout le monde porte une partie du fardeau
chacun aura une part plus légère à porter ?
Foutage de gueule ... On pourrait créer des excuses moins malsaines.
|