Représentations aux parents
Ordigal
Petit nouveau Sexe: Age: 65 Inscrit le: 30 Mai 2011 Messages: 2 |
Apostrophe aux contemporains de ma mort I.S.B.N.: 978-2-87459-513-4 (Première partie, pages 85 à 87.) Lire d’autres extraits ---------- (Note de l'auteur : Puisqu'il s'agit d'un forum pour adolescents, j'ai choisi un passage du texte qui contient une critique de l'éducation par les parents.) Représentations aux parents « Comme à la Saint-Lambert, Qui s’en va place perd ! » Je garde dans l’oreille des exclamations, des protestations, des invectives, des invites, qu’ont probablement oubliées quelques instants plus tard ceux-là mêmes qui les avaient lancées. Ces échos d’une clameur infiniment éloignée me restent comme font les fossiles inclus dans une strate géologique, qui n’existent plus que par la trace qu’ils y ont laissée. Dans chacun de ces cris ivres de vie, l’édacité du temps a mis à nu un appel tragique, qui déjà quand il fut jeté maudissait la mort ; mais nous ne le savions pas. Et la clarté des jours qui illuminaient mon enfance est maintenant réduite à celle d’une étoile à perte de vue, qui n’est visible que parce qu’elle rayonne ; c’est, dans le tunnel obscur, interminable, à l’intérieur duquel je vais bientôt trébucher sans même peut-être m’en apercevoir, un point de lumière qui scintille depuis l’entrée toujours plus lointaine. Annulez ma vie. Ce n’était pas de jeu. Par jalousie, on cache aux enfants la vraie valeur de la vie à faire qui s’étend indéterminément dans l’avenir. On se garde bien de leur faire savoir que chaque rentrée des classes, chaque distribution des prix, chaque villégiature de vacances, est une étape irrepassable ; que c’est déjà, insensible dans l’instant, le franchissement des premiers tributaires de l’Achéron. Parents, laissez-moi vous dire encore, vous enfermez vos enfants dans ce que vous êtes, parce que vous voulez qu’ils soient votre continuation dans ce que vous ne pouvez être. Vous tremblez de les étranger de vos erres. Vous voulez qu’ils aillent plus loin que vous, mais qu’ils passent par ce qui vous a arrêtés. Vous rêvez pour eux de hautes fortunes, mais, pour y tenir la main, il faudrait non seulement que vous cessiez de vous flatter, mais encore que vous commenciez de vous accuser. Or, vous avez déifié le destin afin de vous innocenter de vous. C’est pourquoi, appréhensifs de rien brusquer, vous livrez avec attendrissement vos enfants à tous les hasards, vous les abandonnez docilement au seul conseil des mandataires d’une société où l’on a besoin que d’inconscients laborieux, d’inférieurs zélés, de stipendiaires utiles, et de semblables en contre-épreuve. […] |
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alcibiade
Suprème actif Sexe: Age: 35 Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 6608 |
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Ordigal
Petit nouveau Sexe: Age: 65 Inscrit le: 30 Mai 2011 Messages: 2 |
J'ai jeté un coup d'œil sur les manuels actuels d'enseignement du français
dans les lycées et collèges. J'ai souri tristement en parcourant ces
pédantes et barbares pauvretés. Que des lecteurs qui s'en tiennent à cela
trouvent ce texte indigeste, c'est tout à fait normal, c'est le contraire qui
serait peu compréhensible.
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alcibiade
Suprème actif Sexe: Age: 35 Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 6608 |
Tu t'es trompé de cible, mon pauvre. Je lis à qui mieux mieux, je fais même
mes études dans ce domaine. Alors tes préjugés de vieux con...
Mais je peux argumenter davantage, si ça peut te faire plaisir.
"Garder dans l'oreille", c'est très mal dit. De plus, l'allitération en d est cacophonique. "Mes oreilles résonnent", "j'entends encore" serait bien plus joli.
"Inclus" me semble un mauvais choix, le verbe inclure fait trop penser à une action volontaire, réfléchie. Perdus, contenus me semblent meilleurs. L'expression "strate géologique" est trop technique à mon gout.
Le mot "indéterminément" est très laid et inusité. Etc. |
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uacuus
Super actif Sexe: Inscrit le: 29 Mai 2006 Messages: 2753 |
Il s'agit d'une critique de l'éducation donnée par les parents, dans toute
sa généralité et sans nuance. Cette petite diatribe avance des arguments
convenus : les parents veulent, par leurs enfants, réussir la vie qu'ils ont
manqué, et ce faisant, les transforment en en images dociles et corvéables
pour la société. Je ne discuterai pas sur le fond, qui me semble faible. Je
ne parlerai pas non plus de la forme, qui est alambiquée. Je m'attarderai
juste sur cette phrase :
"Par jalousie, on cache aux enfants la vraie valeur de la vie à faire qui s’étend indéterminément dans l’avenir." Cette image de parents comploteurs qui cachent ce qu'il y a de plus précieux est assez absurde de soi même. Quant à la grandiloquence de l'expression "vraies valeurs", je pense que même l'auteur peut se rendre compte que c'est une faute de goût, et surtout, le signe d'une réflexion trop imprécise. |