kano761
De passage

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Posté le: Mer Mar 23, 2011 09:50 am Sujet du message: Le Prince
Ma mère était une sorcière
Mon père un loup-garou.
Le soir elle invoquait l'enfer
Quand des cercueils il arrachait les clous.
Elle fut brûlée vive
Il fut empaillé vivant
Et la nuit, à ses heures les plus sombres
Tremble encore sous leurs râles puissants.
Je suis un éclair né de l'union d'un ouragan et d'une tempête.
J'ai grandi entouré de démons,
De monstres, et d'esprits malfaisants
Qui la nuit, dans leurs immondes actions
Chantaient la gloire de mes parents.
J'ai marché comme un prince
Vers un trône d'ossements
Vêtu d'une cape d'or et de sang
Portant bien haut ma coupe d'absinthe.
Je suis un seigneur qu'évitent les vents et que craignent les comètes.
Adolescent, une vampire m'a mordu
Plongeant ses dents dans mon bras,
Mais mon sang était si corrompu
Que s'en est elle qui est devenue comme moi !
Ensemble, nous avons conquis ciel et terre,
Salit les arcs en ciels, glorifiés les cimetières;
On s'est aimé près des étoiles lisses,
Dormant la ou les océans finissent.
Je suis un prince glacé qui règne sur d'affreuses bêtes.
Aux infidèles ayant rompus un pacte avec lui,
Le Diable, pour se payer, dérobe des morceaux d'âme.
Mais j'étais même craint de cet huissier impitoyable,
Car le malin savait que j'étais insolvable !
Adulte, j'ai crucifié des anges,
Et ma présence à suffit
A souiller le paradis:
J'y ai ouvert les portes de l'enfer.
Je suis un roi dont la barbe blanchit et dont le coeur s'obscurcit.
Le temps, impassible bourreau
A fait son office à ma grande horreur;
Mon visage, temple autrefois si beau
Est devenu aussi sale que mon coeur.
Une nuit, nos méfaits accomplis,
Nous nous apprêtions à dormir,
Quand je vit deux enfants, petits, souriants,
Les dents pleines de sang, me fixer.
Je suis un vieillard livide: un objet froid est lisse s'est introduit dans ma
poitrine ensanglantée.
Et mes fils, mes sirènes et mes hommes, mes démons,
Ces assassins riaient de leur trahison !
Et à l'aube du dernier orage, quand mes yeux se fermèrent,
Le long de ma joue, roula une larme noire, sans un son
Qui parvint au silence comme une longue et atroce question.
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