Architecte

kano761 · De passage Sexe: Age: 33 Inscrit le: 06 Nov 2010 Messages: 42

J'ai plongé mes mains dans mon ventre
Arrachant des morceaux de douleurs
Encore fumants, que j'entassai avec soin
Donnant forme au démon qui me donnerai la mort.

J'ai construit Pandémonium, ma propre cathédrale.
J'ai pris ma honte et j'ai fondu du sang
Pour assembler les murs de l'odieux bâtiment,
Que j'ornai de grandes tapisseries
Ou étaient cousues mes larmes.
J'ai carrelé le sol en y disposant des éclats de remords,
J'ai pris ma peur, j'en ai fait les toitures.

J'ai remplit l'espace de ma peine
Et j'en ai fait mon oxygène.

Et ma muse, sirène menaçante,
Se tenait bien haut de l'immense édifice
Accroupie, me scrutant de son regard lubrique
Qui la rendait semblable a une idole satanique.

Vivant dans ce sanctuaire, tel un mauvais esthète
Je n'avait pour tout repas que les fruits de ma douleur
Pour seule compagnie que ce démon hantant mes peurs,
Et je roulait l'angoisse dans mes cigarettes.

Je suis le vampire de mon âme
Qui impuissant assiste ses bourreaux
Je suis l'écorché et les flammes
Je suis la victime et le monstre de Saw.

Je suis l'architecte de mes tourments
L'ombre qui plane sur les croix renversées
Je suis l'auteur de cloisons éternelles
Pour qui hélas, l'enfer est un modèle !

Invité · Posté le: Sam Mar 05, 2011 14:53 pm Sujet du message:

Quelques images malheureuses ("le monstre de Saw"...) qui tranchent avec un vocabulaire plutôt daté. On sent une ambiance assez baudelairienne, mêlant muses, malédiction, satanisme, gothique, chairs. Cette cathédrale est presque un animal. Vraiment dommage que certaines tournures fassent comme grincer des dents (les larmes cousues notamment, alors qu'elles pourraient emplir un bénitier ou simplement passer sous la cathédrale, comme une source ; l'emplacement des cathédrales est souvent choisi pour la multitude des sources qui passent en dessous, et plusieurs sources auraient pu évoquer les fleuves des Enfers).

On se demande parfois si l'assemblage est vraiment pensé ; pourquoi les remords au sol et les peurs sur le toit ; sur quoi marches-tu ? qu'est-ce qui te protège ?

la strophe évoquant la muse est particulièrement réussie, je trouve. J'aime aussi beaucoup le vers :
"Et je roulais l'angoisse dans mes cigarettes."

Globalement, j'aime bien donc. Par contre attention à l'orthographe.