zepowrza
Petit nouveau
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Posté le: Mer Jan 12, 2011 20:02 pm Sujet du message:
Bon et bien d'accord alors
[u]Voici le texte de Nietzsche :[/u]
<< (…) attaquer les passions à la racine, c’est attaquer la vie à
la racine : la pratique de l’Eglise est hostile à la vie…
Le même moyen, couper, arracher, est instinctivement choisi, dans la lutte
contre un désir, par ceux qui sont trop faibles de volonté, trop
dégénérés pour garder la mesure dans la satisfaction de ce désir : par
ces natures qui ont besoin de la trappe, au sens figuré (et au sens
propre…), d’une déclaration de guerre à outrance, de mettre un abîme
entre eux et une passion. Il faut être dégénéré pour avoir recours aux
solutions radicales ; la faiblesse de la volonté, plus exactement
l’incapacité à s’empêcher de réagir à une sollicitation, n’est
elle-même qu’une forme de dégénérescence. L’hostilité radicale, à
mort, envers la sensualité est un symptôme qui laisse songeur : il justifie
qu’on s’interroge sur l’état général d’un être porté à ce point
à l’excès. - Cette hostilité, cette haine n'atteignent d'ailleurs leur
comble que lorsque les natures de ce genre n'ont plus assez de fermeté pour
se soumettre à un traitement radical, pour renoncer à leurs ''démons''.
Qu'on parcoure toute l'histoire des prêtres et des philosophes, en y ajoutant
celle des artistes : les mots les plus venimeux contre les sens ne viennent
pas des impuissants, ni non plus des ascètes, ils viennent des ascètes
impossibles, de ceux qui auraient eu besoin d'être ascètes... >>
[u]Voici le texte de Schopenhauer :[/u]
<< Entre les désirs et leurs réalisations s’écoule toute la vie
humaine. Le désir, de sa nature, est souffrance ; la satisfaction engendre
bien vite la satiété : le but était illusoire : la possession lui enlève
son attrait ; le désir renaît sous une forme nouvelle, et avec lui le besoin
: sinon, c’est le dégoût, le vide, l’ennui, ennemis plus rudes encore
que le besoin. - Quand le désir et la satisfaction se suivent à des
intervalles qui ne sont ni trop longs, ni trop courts, la souffrance,
résultat commun de l’un et de l’autre, descend à son minimum : et
c’est là la plus heureuse vie. Car il est bien d’autres moments, qu’on
nommerait les plus beaux de la vie, des joies qu’on appellerait les plus
pures ; mais elles nous enlèvent au monde réel et nous transforment en
spectateurs désintéressés de ce monde : c’est la connaissance pure, pure
de tout vouloir, la jouissance du beau, le vrai plaisir artistique ; encore
ces joies, pour être senties, demandent-elles des aptitudes bien rares :
elles sont donc permises à bien peu, et, pour ceux-là même, elles sont
comme un rêve qui passe ; au reste, ils les doivent, ces joies, à une
intelligence supérieure, qui les rend accessibles à bien des douleurs
inconnues du vulgaire plus grossier, et fait d’eux, en somme, des solitaires
au milieu d’une foule toute différente d’eux : ainsi se rétablit
l’équilibre. Quant à la grande majorité des hommes, les joies de la pure
intelligence leur sont interdites, le plaisir de la connaissance
désintéressée les dépasse : ils sont réduits au simple vouloir. >>
[u]Voici mon commentaire :[/u]
Dans le texte de Nietzsche, nous verrons que le philosophe interprète le
monde. Le sens de son écrit est basé sur la vitalité liée au désir. Sa
thèse est la suivante : « attaquer les passions à la racine, c'est attaquer
la vie à la racine : la pratique de l'Eglise est hostile à la vie ». Plus
on a de vitalité, plus on est vivant et plus on est en bonne santé. Il fait
alors un diagnostic sur la vitalité, qui porte non seulement sur le corps
humain, mais également sur la culture humaine. Son but est de critiquer
l'Eglise, en disant que c'est une culture pathologique, car les chrétiens
sont en réalité des puritains, soient des personnes qui affectent une grande
rigidité de principes. En effet, Nietzsche voit en l'Eglise l'ascétisme,
c'est-à-dire un mode de vie qui consiste à rechercher la libération de
l'esprit par la mortification des sens, comme une maladie, que l'on doit
soigner pour pouvoir vivre. Le texte est écrit pour nous « guérir » du
puritanisme, pour que nos désirs ne nous soient pas destructeurs. Nous
verrons que Schopenhauer tient le même avis dans son texte : le désir est
souffrance. La vie est-elle bonne ou mauvaise ? Ces deux philosophes ont un
point de vue différent : pour Schopenhauer, la vie en elle-même est
mauvaise, car toujours pleine d'horreurs, mais pour Nietzsche, la vie est
créatrice, et la création passe par la souffrance, donc est mauvaise. Nous
expliquerons dans une première partie en quoi le désir est source de vie et
également de folie. Dans une seconde partie, nous verrons les différentes
façons d'échapper au désir.
Dans sa thèse, Nietzsche veut dire que le désir constitue la condition
préliminaire de toute jouissance. Un homme ne peut jouir qu'en fonction d'un
désir. Donc la condamnation du désir correspond à la dépréciation de la
vie, qui naît de la peur de souffrir. C'est alors toucher à l'origine de la
vie, car si nous prenons l'exemple du couple, on remarquera qu'il est à
l'origine du désir de l'enfant, et donc de la vie. Mais pour Schopenhauer,
tout n'est qu'illusion. Lorsque l'on interrompt un désir, c'est-à-dire
lorsqu'il y a satisfaction, celle-ci perd sa valeur. Et c'est alors
qu'apparait un autre désir, et le besoin d'être de nouveau satisfait. Ainsi,
la plénitude de la satisfaction d'un désir ne peut être que partielle et ne
peut pas durer. Et si « la satisfaction engendre bien vite la satiété »
(l. 2), comme le dit Schopenhauer, c'est parce que le manque marque l'illusion
qu'il pourrait y avoir, dans un nouveau désir, quelque chose capable de
combler ce dernier. Nous pouvons donc dire que désirer est un manque et une
douleur : c'est souffrir ; le désir est une quête vaine, basée sur le
besoin et le manque, mais qui fait sans cesse place à l'ennuie, soit à un
temps vide de désir. Malgré que Schopenhauer semble prôner l'ascétisme,
Nietzsche partage une autre opinion, fondée sur le religion
judéo-chrétienne. Ainsi, pour revenir à notre exemple du couple, l'Eglise
étant ascète, la sexualité est alors mauvaise, car elle renvoie aux
tentations de la chair et au péché. Mais ceci paraît absurde pour
Nietzsche, car sans la sexualité, il n'y aurait aucune existence. Et puis,
Dieu lui-même, crée le Monde en émettant un désir, celui d'être
indéfiniment. En revanche, Schopenhauer pense cet ennuie lié à la
succession de désirs insatisfaits, provient de l'incapacité à vivre le
présent, à cause du harcèlement de désirs. C'est ainsi qu'il loue
l'ascétisme. Mais Nietzsche, par son argumentation à propos de l'Eglise,
affirme que cette culture humaine est très critiquable, insensée. Selon lui,
l'église est le foyer des chrétiens, des puritains, qui prônent
l'ascétisme, un genre de vie d'après lui, inhumain.
Ceux qui n'arrivent pas à se contenir, à se contrôler, donc trop faible de
volonté pour retenir leur pulsion, d'instinct, deviennent ascètes et se
coupent alors de tout désir, en s'enfermant : « par ces natures qui ont
besoin de la trappe » (l. 6). Ceci ressemble selon Nietzsche, à une fuite de
la vie, limitée à un moralisme étroit. Ces personnes atteintes de « cette
maladie », se font la guerre et se renie eux même : « d'une déclaration de
guerre à outrance, de mettre un abîme entre eux et une passion » (l. 7). On
peut voir qu'ils rejettent la passion. Ainsi que le dit Schopenhauer, « Quand
le désir et la satisfaction se suivent à des intervalles qui ne sont ni trop
longs, ni trop courts, la souffrance, résultat commun de l'un et de l'autre,
descend à son minimum » (l.5 à 7). Schopenhauer explique la façon pour le
moins sans souffrir lorsque l'on est pas dans l'ascétisme. Il montre ici
comme un accord avec Nietzsche. Il faut trouver le juste milieu, trouver
l'équilibre entre le désir et la satisfaction, de façon à ce que le désir
provenant d'une satisfaction antérieur, ne soit pas trop vite comblé, pour
que la satisfaction de ce désir là puisse durer le maximum de temps. C'est
ainsi qu'il est alors possible d'approcher le plus la vie la moins
malheureuse, avec le moins de souffrance possible. Nietzsche semble confirmer
cela, en disant qu'être ascète est une « solution radicale », car l'homme
se coupe tout simplement de la vie. Il insiste sur cette absurdité en
répétant plusieurs fois le terme « dégénéré » (l. 2 et et «
dégénérescence » (l.10). Cela appuie sur le fait que ces hommes ont un
problème face à la vie en elle-même. Assurément, il ne faut pas libérer
l'homme de la souffrance de cette façon, car ce serait le priver de tout
plaisir, et l'amener à déprécier la vie sensible. Les morales qui poussent
l'homme à cela, sont qualifiés par Nietzsche de nihilistes. Donc ce
qu'évoque Schopenhauer ici, pourrait être une bonne solution.
Nietzsche s'interroge alors sur la possibilité d'un être à agir de cette
façon, sur la possibilité de devenir ascète. Il explique ainsi que « cette
hostilité, cette haine n'atteignent d'ailleurs leur comble » qu'à partir du
moment où ses hommes ne sont même plus capables de cesser de désirer. D'où
la notion de maîtrise qui est très présente dans ce texte. Les ascètes
contiennent trop de vitalité car ils renferment tout, et ont alors peur de
même, de cette énergie interne. C'est ainsi qu'ils se font souffrir.
Schopenhauer expose sa façon d'échapper au désir. Il propose l'art et la
contemplation esthétique. Cela nous détache ainsi de la vie, qui est en
réalité faite d'horreurs et de faux plaisirs, et alors de se satisfaire
seulement de ce que l'on a, et non de ce que l'on n'a pas, ou plus. Il suffit
de voir l'existence telle qu'elle est. Il propose aussi la compassion
c'est-à-dire que les autres souffrent, mais lui aussi. Cela reste pour le
moment d'un avis ressemblant à celui de Nietzsche, c'est-à-dire admettre la
vie avec le désir. Mais, d'après ce philosophe, le côté pervers du désir
serait la peur d'un chaos, qui amènerait ainsi l'homme à l'ascétisme.
Contrairement à Nietzsche, Schopenhauer prône entièrement l'ascétisme. Il
veut réduire la vitalité, en supprimant toute positivité aux effets du
désir, et faire de la vie d'un homme, tout un monde de frustration sans
espoir. C'est une vision plus pessimiste, celle de Schopenhauer On voit ici
une opposition au discours de Nietzsche qui constate que ces hommes-là, ceux
qui réduisent leur vitalité, à un certain stade, apparaissent sous l'état
bestial, car ils accumulent tellement de frustration à se retenir de
désirer, qu'ils gardent en eux un trop plein d'énergie, qui finit par «
éclater » et les rendent ainsi. Ils agissent donc sous pulsion. Selon
Nietzsche, l'ascétisme est donc une solution de facilité et de peur. À la
volonté de posséder qui est créative & élève l'homme dans le statue
qu'il s'approprie, s'oppose donc une volonté de néant, l'ascétisme, qui
prône désespérément la renonciation et le sacrifice. C'est ainsi que ce
philosophe appelle lui à une vitalité harmonieuse.
Ainsi que le dit Nietzsche, « les mots les plus venimeux contre les sens
[…] viennent des ascètes impossibles, de ceux auraient eu besoin d'être
ascètes... ». Il parle ici de ceux qui ont dépassé ce stade de folie. Un
ascète impossible est celui qui va désirer le moins possible, mais qui
désire malgré lui. Il faut savoir que Nietzsche est un lecteur de
Schopenhauer En effet, Nietzsche fait ici référence à Schopenhauer, qui est
un philosophe qui déprécie beaucoup le désir, et qui se veut ascète.
Cependant, ce dernier ressent en réalité un réel désir, une véritable
volonté. C'est pourquoi il n'est pas entièrement ascète, car il met son
désir dans cette volonté de l'être. Nous pouvons le constater en observant
son argumentation : Schopenhauer admet que cette jouissance, celle qui permet
de se détacher du monde, n'est réservé qu'à un nombre restreint de
personnes, à ceux qui possèdent « la connaissance pure de tout vouloir »,
soit une intelligence pure qui l'emporte sur la volonté ; car ceux qui ont un
bon niveau spirituel savent que le mal existe, donc il l'accepte. Alors que le
reste du monde, n'ayant pas cette « faculté », une assez grande
intelligence pour lutter contre les désirs, est réduit à souffrir de
toujours faire face à cette insatisfaction perpétuelle due au désir, car il
pense plus aux actes de volonté plutôt qu'aux actes de connaissance. Le
sage continuera de jouer le « jeu » de la vie, et lui, contrairement aux
ignorants, il ne souffrira pas en obtenant le détachement par la
contemplation. C'est ainsi que même l'ennuie, quand il est compris, n'est
plus ennuyeux. Celui l'est, que si l'on ignore son origine. Mais quand l'homme
ignorant finit par ne plus vouloir souffrir, c'est qu'il n'est plus tout à
fait ignorant, car il commence à constater que tout n'est qu'illusion. Il
éveille ainsi en lui le désir de connaître. Mais Schopenhauer parle là de
son cas Même si le désir de connaître amène à l'ascétisme, il y a
toujours ce désir de quelque chose qui existe. Donc comme le pense Nietzsche,
Schopenhauer décrit dans son texte le désir comme étant une horreur, mais
en fait, il participe complètement à celle-ci, et n'arrive ainsi pas à s'en
sortir. C'est pourquoi ce sont les personnes qui en fin de compte souffrent le
plus, car ils restent toujours dans la frustration.
Vu par Schopenhauer, le désir mène par conséquent l'homme dans une
situation sans issue, car tout désir est synonyme de douleur et la
satisfaction ne dure qu'un court temps. L'homme paraît dès lors, condamné
au malheur. Nietzsche arrive grâce à ces propos à réhabiliter le
christianisme. Pour lui, « Dieu » est la limite de la créativité. Selon
lui, l'ascétisme fait du désir un élément inessentiel à la vie, où
réside le péché et le mal, ce qui est totalement faux. L'illusion commune
est de penser que le désir peut nous amener à un état de béate
satisfaction. Mais de nos jours, on retrouve cela dans le monde de la
consommation, du commerce. Et lorsque l'on vit en croyant à cette béate
satisfaction, c'est que l'on a une vie juste fictive, où l'on ne sait pas
faire face à la vérité des faits, puisque nous vivons dans un monde qui
nous plonge énormément dans le désir. C'est pourquoi, comme nous l'explique
Nietzsche, il ne faut pas ignorer la vie et reculer devant chaque désir, il
faut savoir se satisfaire du peu que l'on a, et bien entendu continuer à
créer.
Merci
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