nuit du 27 juin


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Lord_Triangle
Petit nouveau
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Message Posté le: Mar Jan 04, 2011 05:23 am    Sujet du message: nuit du 27 juin
Pourquoi écris-tu ? Est-ce pour crever à intervalles réguliers de petits abcès de mélancolie qui te travaillent l'estomac ? Est-ce pour sentir frissonner la Présence, parfois, trop peu souvent en fait, dans l'ombre que projettent les ombres des mots ? Ou est-ce simplement pour tenir compagnie, comme un bon camarade, à la lumière de ta lampe de bureau - car il faut supporter l'existence de l'électricité, des filaments et de la couleur du blanc - ? Supporter : c'est-à-dire épauler... Entre quête mystique et soutien de secouriste bilieux, trace ta voie, ô toi, le multiple, l'unique !

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(De différences, ici, déjà le lecteur abasourdi, navré, en découvre cent, mille... Que peut alors bien peser le noir, ou le blanc de ma peau ? La noir a cent, mille nuances. Le blanc a cent, mille nuances. Blancs. Noirs. Musique aux variations infinies... Six milliards de races. Chacun est raciste de l'autre. Et il y a des groupes d'autres que nous supportons moins que d'autres groupes d'autres, car nous en sommes bien différents. Nuances, différences. Nier cela c'est nier le chien qu'est l'homme qui renifle l'homme depuis la nuit des temps. Hé, quoi. Quand il n'y aura plus aucun besoin de se renifler le cul les uns les autres, mes frères, c'est que l'odeur de la merde aura salement envahi notre monde.

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Tous ces athées, qui s'obstinent à ne pas prononcer le mot de 'Dieu'... On dirait qu'ils s'échinent à oublier quelqu'un, ou quelque chose. Moi, l'agnostique (?), je suis beaucoup plus libre, voyez plutôt : Dieu, après s'être fait bouillir un bon coup dans une petite casserole d'étoiles, a salué un aspirant expert-comptable harnaché à sa fenêtre, en levant une nouvelle lune rousse, cette nuit ! L'empathie permet d'établir une relation plus libre entre deux amis. Faire descendre Dieu de son trône. Je ne dépends plus de Toi en tant qu'être soumis, Dieu, dès lors que je sais te mettre dans une casserole; mais en tant qu'homme libre cherchant Ton Souffle longitudinal, latitudinal, et spectral à travers le souffle d'une poésie incongrue, pénétrante, et expérimentale.
[Première déclaration de ma bonne volonté à Dieu. Pierre Saunier.]

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La plupart des performeurs contemporains créent un sentiment de honte, de gêne, chez leurs semblables. Caca mangé, foutre tartiné, chairs suant au soleil. Or qu'est-ce que cette gêne profonde sinon la sensation de la pesanteur de la Terre qui écrase un pauvre esprit de mortel ?
Les performeurs travaillent à l'encontre de l'artiste, du sage ou du danseur : qui œuvrent, eux, pour que l'esprit mortel puisse acquérir les conditions nécessaires à sa libération. Enfin, se défaire de la pesanteur terrestre et s'atteindre dans ses plus hautes sphères !

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A la place du mot 'volonté', j'utiliserai dorénavant le mot 'aimant', et à la place du mot 'coeur', le mot 'pompe à vélo'. Et tout deviendra plus clair, sur la tête de ma prose, de ma poésie et de mon épitaphe future - zéro poux vicieux, mais une véritable colonie de lunettes pour aveugle déchaussées.

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Ce qui est incroyable c'est que ce carnet finira par être dévoré par le temps; que tous mes mots finiront par disparaître ici et ailleurs, physiquement et spirituellement; que la pâte de l'Univers entier finira par dégonfler, enfin - et que je t'aime !

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Et alors, si j'aime à faire jouir ma langue, à la faire claquer contre mon palais et tourner en moi ?
- "La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. (Baudelaire)" Il est ardu, ce constat : qu'il est difficile et contraignant de polir sa langue, de l'épurer, afin qu'elle épouse au mieux vos pensées les plus intenses, afin que vous vous rendiez à ce que vous êtes le plus intensément - fragment de l'énergie divine qui nage vers sa source !
Il est aisé de s'échauffer artificiellement la pensée en la fouettant de phrases bizarres et d'analogies mystérieuses - être humble devant sa langue - déposer les armes devant son outil - pour que cet outil soit votre seule arme ! Qui, batailles après batailles, s'aiguisera... Le langage ne s'émoussera que si il cesse un jour de passer de bouches en bouches - comme ça, d'oeil en oeil - d'esprit à esprit - le français n'est pas encore une langue morte.

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Dieu est un paquet de roses tombé à tes pieds - de leur parfum, il s'écoule vers nous.
Ai-je senti cette phrase ? Je n'ai pas senti cette phrase. J'ai vu une image qui s'est imposée à moi, de chaussures, de paillasson et de fleurs. De la rencontre fortuite entre ces trois éléments et une phrase de Max Jacob : "Un incendie est une rose sur la queue ouverte d'un paon."
(Pourtant, Gerda, dans le conte d'Andersen 'La sorcière des neiges', constate dans le jardin fleuri de la magicienne : "Cela ne sert à rien que j'interroge les fleurs, elles ne connaissent que leur propre chanson, elles ne savent pas me renseigner.")

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Pas de dialogue avec toi-même - lumières éteintes - tu sais très bien que ça finit toujours en poèmes.)

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