Hanchane
Petit nouveau
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Posté le: Jeu Déc 23, 2010 19:18 pm Sujet du message: La vie tourmentée de Blanche
Bonjour, j'ai écrit le début d'une nouvelle et j'aimerais que vous me
fassiez des retours, les mauvaises critiques sont les bienvenus
Incipit de: « La vie tourmentée de Blanche ».
I
Le père et la mère de Blanche habitaient une bâtisse, dans un oasis
verdoyant, au creux d'une vallée.
Une imposante porte, en bois colorée de bleu, se situait sur le principal mur
de la demeure qui était dirigée vers le nord. Il existait d'autres
façades extérieur; Malheureusement le temps avait pris d'assaut la moitié
de celles-ci. Aux extrémités de la muraille restante se dressaient deux
vieilles tours de terre cuite, aussi grandes qu'un dattier d'age mûr.
L'ensemble jouxtait la palmeraie. Sur les arbres étaient accrochés des
grappes de dattes aux milles tailles et milles formes. Cet incroyable buffet
provoquait l'extase visuelle chez les voyageurs affamés.
A l'arrière de tout ceci, se trouvait un cloître à l'étrange forme
rectangulaire recouvert de la fameuse terre empourprée de la région.
Quelques pêchers, orangers et cerisiers, aux couleurs d'abondance, s'étaient
établis et mélangés dans la cour des oasiens. Sur les murs bordant
l'entrée de la vieille maison se dessinait une multitude d'arabesques.
Certaines étaient restés intacte; d'autres étaient interrompues ci et là,
à cause de l'humidité du jardin.
L'oasis de Al-mursalate était au nord ouest de la vallée du Jourdain, au
pied du Golan. Malgré l'impression de tranquillité dans l'espace vert, la
région était depuis peu instable. Une rumeur amenée par l'oasis voisin de
Al-ghûta courait depuis peu: il y aurait plusieurs milliers de « guerriers
chrétiens » qui se seraient mis en route pour prendre Jérusalem. Et dans
le même temps christianiser la population musulmane de la région. Cette
rumeur avait rendu les gens farouches et renfermés. Le jour, ils ne sortaient
plus que pour la récolte des fruits et légumes et prendre leur eau des
seguia. On entendait que le chant des tourterelles à collier, le bruit du
vent sur les grands palmiers et quelques chuchotements. C'est pourquoi les
paysans mahométans avaient adopté un nouveau mode de vie. En effet, ils
avaient convenu qu'une moitié d'entre eux mèneraient une vie nocturne (en
prévision d'une attaque la nuit) et l'autre moitié resterait éveillée tout
le jour. L'été arrivait à grands pas et la chaleur avec, donc ce système
en arrangea plus d'un. Les parents de Blanche, quant à eux, avaient décidé
de rester sur leur mode de vie habituel, tout en étant enfermés dans leur
vieille maison.
L'intérieur était bien plus reluisant que l'extérieur. En entrant, l'œil
était irrémédiablement attiré par la palette de couleur qu'offraient les
paniers de fruits. Du rouge, jaune, orange, marron et vert se reflétaient
dans les yeux des visiteurs. Les paniers étaient posés sur des tables
petites mais larges en bois disposées de manière à faire un accueil
chaleureux au visiteur. Il suffisait de passer le seuil de la porte, faire
quelques pas en direction du premier salon, pour qu'une forte odeur de henné
pénètre dans les narines. Une servante s'en badigeonnait les cheveux et
s'était agenouillée sur un canapé en laine colorée de rouge et blanc.
Cette laine était aussi douce que la peau d'une date fraiche. Une autre
domestique, qui était adossée contre le mur prés de la porte d'un autre
salon, jouait du Oud. L'instrument à cordes Perse remplit la chambre de
volupté. Le son mélodieux s'envola jusque dans le deuxième salon ou l'on
pouvait lire la louange: « Gloire à Allah, Le tout miséricordieux, Le
très miséricordieux ». En vérité c'est ce que l'on remarqué d'abord
dans la pièce. Et pour cause le noir profond de l'écriture contrastait
fortement avec le mur blanc. La maîtresse de maison y tenait et savait que
cela protègerait le foyer du mal et des turpitudes. Elle avait d'ailleurs
aménagé (fait exceptionnel) une des deux tours vouée au culte du très
puissant. L'intérieur de celle ci était impeccablement propre et rangé. Des
sortes de tapis noirs, couverts de formules coranique inscrites en blanc
entourées d'or, recouvraient les murs et débordaient sur le sol. Le parterre
était recouvert par un tapis de paille. On ne savait pas exactement si
c'était la paille ou les socles en bois des quelques livres saints qui
sentaient l'écorce d'arbre séchés. Plusieurs Coran, aux magnifiques
couvertures peintes d'ocre et d'or, étaient déposés dans la salle à la
forme ronde. Une étrange lumière à l'apparence divine venait taper le
centre de la pièce en forme de cercle. Le faisceau lumineux provenait d'une
lucarne creusée dans l'un de murs. Cette petite fenêtre donnait directement
sur le jardin.
Les propriétaires avaient fait pousser, au milieu des ruines, des plantes
potagères. On y trouvait à quelques choses prés de tout ce qui fallait pour
vivre correctement. Les tomates et les courges étaient prédominantes au
premier abord: leur couleur rouge et orange ressortaient le plus. Chaque
parcelle de légumes était séparée de sa voisine par une ligne de terre. Et
la portion limitrophe au tomates et courges était les piments, ce qui était
le parfait assemblage. Ainsi dans la continuité de l'œuvre colorée du
jardinier, s'établissaient les arbres a fruits rouge. Les grenadiers avaient
été aussi plantés devant le potager pour leur utilité de brise-vent. Et
qui sait combien est-ce utile dans ce pays où le vent ramène avec lui un
sable meurtrier?
C'est pourquoi le père de la future Blanche y prenait tant soin. Il avait
tué les chenilles, arrosé les plantes et les arbres, arraché les mauvaises
herbes puis récolté les fruits tout l'après-midi. Et les seuls moments de
la journée où on ne le voyait pas occupé dans le jardin c'est parce qu'il
avait entendu l'appel à la prière et qu'il devait se rendre dans la tour
aménagée. Il prenait toujours soin de faire ses ablutions. Il arrosait d'eau
son crâne à moitié découvert. Sa vieille chevelure d'un brun chaud
ruisselait d'eau. On apercevait à peine ses yeux noirs qui étaient à
moitié fermés à cause de l'eau. La quantité de liquide versée était
importante pour lui: cela signifiait qu'il serait pur. Il frottait, frottait
encore ses bras bronzés. On remarquait qu'ils avaient été musclés,
autrefois. Il se purifiait au bord du lac de l'oasis. Il était revêtu d'un
léger voile, qui lui couvrait le corps, pratique pour se laver. Ses mains,
dont les premières rides apparaissaient, faisaient un aller retour constant
entre le haut et le bas du corps. Enfin il sentait passer sous ses doigts la
peau lisse et pure. C'était bon! Il était propre et blanc: il pouvait se
rendre en lieux saints. En chemin il se remémorait l'ancien temps. Cette
époque où le manque de fortune l'avait écarté du droit chemin. Il avait
été un brigand qui passait de village en village pour piller les demeures
d'honnêtes gens. Jusqu'à un beau matin d'été où il rentra dans une
maison au fond d'un havre. Croyant qu'elle était vide il fut grandement
surpris lorsque il trouva là, toute apeurée, une jeune femme. Voulant
masquer la vérité il dit qu'il cherchait l'hôte. Elle eut facilement cru
son mensonge et demanda à son père de l'accueillir. Avec ses supplications
il finit par accepter. Le voleur s'était dit, au début, qu'il ne resterait
que quelques jours, puis les jours se transformèrent en semaines, les
semaines en mois. Sans vraiment se rendre compte l'ancien malfaiteur stoppa
ses activités. Ensuite, il demanda la main de la jeune fille. Ils finirent
donc pas se marier. Puis le père mourut avant de leur céder la bâtisse. La
jeune mariée semblait être la plus heureuse du monde.
La belle femme se dénommait Myriam. Elle s'était toujours occupée de la
demeure de son paternel en la rendant propre. La fille voyait en cette maison
comme un témoignage de ses ancêtres. Elle n'avait jamais voulu la repeindre
et Myriam avait la conviction que le temps devait prendre le dessus sur les
choses et que rien n'était éternel. La morale était pour elle la base du
bien être. La bienfaisante disait toujours « la bonne parole c'est comme
l'arbre qui donne des bons fruits, ses racine sont ancrées et ses branches
sont rayonnantes ». Malgré la bonne pensée, il baignait dans ses yeux
noirs un regard nostalgique. Personne n'avait jamais pu dire ce qui l'animait,
et souvent on apercevait une larme couler sur les joues roses. Cette femme
était belle, nul n'aurait pu le contredire. Un fait étrange, faisait que ses
paroles vieillottes ne collaient pas avec ce corps blanc et plein de
dynamisme. Sa bonne morale n'allait pas avec ses formes provocatrices, son
attitude au travail contrasté avec ses épaules minces et ses mains
délicates. Vous l'aurez compris on destinait un autre caractère que le sien
pour cette apparence. Et, cela ne dérangeait pas grand monde et elle vivait
heureuse avec son mari.
Puis un beau matin d'été il leur vint une fille qu'ils nommèrent Blanche.
Quelle chose étrange que de donner un nom français pour un enfant du
moyen-orient. En réalité le premier nom destiné au nouveau-né n'était pas
celui là. Ses parents voulait, l'appeler Loubna. Ce prénom était celui de
l'une des sœurs de Myriam qui était morte en bas age. Les enfants qui
meurent à la naissance sont considérés comme des anges qui apporteront une
grâce divine à la famille. Les parents décidèrent donc de l'appeler ainsi
pour rendre hommage à la petite fille. Puis un soir, où le ciel était rouge
et le désert incroyablement calme, la mère de blanche fit un rêve. Au
début c'étaient les ténèbres. Puis un vrombissement continuel éclata;
avant que des sons plus aigus ne viennent s'ajouter à lui. Alors les
ténèbres disparurent dans le blanc lumineux tel l'aube avalant la nuit.
Ensuite des nuées d'oiseaux, sortis des jardins d'éden, s'envolèrent et
papillonnèrent là. Enfin apparut le père de Myriam qui vint à elle. Il lui
dit ces mots: « Voici le divin message. Une mort prochaine vous toucheras
exceptée ta fille. Un nom chrétien la sauvera » Puis plus rien, le néant.
Au réveil régnait le calme dans la maison. La température avait
légèrement baissé malgré les rayons de soleil. Ils pénétraient dans la
chambre et s'écrasaient contre le visage de la reposée Myriam. Elle attendit
le soir pour faire parvenir au village le songe. Les oasiens ne l'écoutèrent
guère et crurent tous que la grossesse l'avait rendue folle. Tous, certes
mais pas son fidèle époux. Ils se rendirent le jour suivant à Jérusalem
pour demander conseil à un prêtre chrétien français qui s'était installé
là, à la suite de son pèlerinage. Il leur dit que ce rêve ne pouvait être
que religieux et expliqua que cela pouvait avoir un lien avec le début des
fameuses croisades. Les parents, étant très pieux, acceptèrent à l'instant
même de suivre les recommandations. Le religieux donna plusieurs exemples de
prénoms chrétiens voir occidentaux et fut stoppé net. Le père voulait tout
simplement traduire le prénom actuel de Loubna en français. Ce qui donna
Blanche. Le prêtre recommanda aussi de lui faire apprendre plus tard quelques
saintes prières.
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