Violence. pt. I.


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Criterium
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Message Posté le: Sam Nov 27, 2010 00:41 am    Sujet du message: Violence. pt. I.
J'ai récemment entendu dire: — “Toute violence contre les autres ou contre le monde est avant tout une violence que l'on veut s'infliger à soi-même”. En gros : si tu veux casser ce réverbère ou la figure de cet homme, c'est en fait que c'est toi que tu veux/voudrais exploser.

Je ne sais pas trop quoi en penser, pour ma part.
Ni un tranchement par “oui” ni par “non” ne me viennent instinctivement à l'esprit. — Pourtant, le sujet m'interpelle.
Papillon

Qu'en pensez-vous?
Lyriss
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Message Posté le: Sam Nov 27, 2010 00:48 am    Sujet du message:
C'est possible, je dirais que la violence nait de la haine et que beaucoup se haïssent sans pour autant avoir le courage de s'auto-mutiler, la violence faite aux autres serait donc le fruit d'une haine de soi mêlée de lâcheté.
Gelmah de Rothmir
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Message Posté le: Sam Nov 27, 2010 00:50 am    Sujet du message:
Et puis d'un point de vue stoïciste laisser libre cours à ses sentiments, dont la colère et donc la violence, c'est se faire du mal à soi-même.
Invité








Message Posté le: Sam Nov 27, 2010 01:01 am    Sujet du message:
Je ne sais pas, ça me parait tordu, une façon de dire que faire mal à autrui n'est jamais justifié / justifiable et que c'est fondamentalement mal et qu'on ferait mieux de se faire mal à soi-même plutôt que de faire mal aux autres.
Je ne sais pas...
Exist@ncE
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Message Posté le: Sam Nov 27, 2010 12:18 pm    Sujet du message:
Ne pas confondre :
— Destruction physique d'autrui (partielle ou totale)
— Volonté d'action
— Miroirs volontaires (qui servent aux projections et à la manipulation)
Flying_Pirate
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Message Posté le: Sam Nov 27, 2010 13:27 pm    Sujet du message:
la violence est elle forcément un acte de destruction? Papillon
Invité








Message Posté le: Lun Nov 29, 2010 21:16 pm    Sujet du message: Re: Violence. pt. I.
Criterium a écrit:
J'ai récemment entendu dire: — “Toute violence contre les autres ou contre le monde est avant tout une violence que l'on veut s'infliger à soi-même”. En gros : si tu veux casser ce réverbère ou la figure de cet homme, c'est en fait que c'est toi que tu veux/voudrais exploser.

Je ne sais pas trop quoi en penser, pour ma part.
Ni un tranchement par “oui” ni par “non” ne me viennent instinctivement à l'esprit. — Pourtant, le sujet m'interpelle.
Papillon

Qu'en pensez-vous?

Dans une certaine mesure ce constat se tient. Si l'on prend pour principe que la violence est un acte d'intrusion dans la sphère privée d'une volonté particulière, c'est-à-dire, tout individu qui a une volonté propre, se trouve violenté chaque fois qu'un autre individu fait fi de son droit au libre usage de sa volonté, alors on peut aisément en conclure ce qui a été dit. Un individu qui commet un acte de violence sur un autre individu, est bien souvent frustré de voir combien est court l'empire sur lequel sa volonté exerce son règne. Même son propre corps est totalement inapte à répondre à tous ses désirs et ses espoirs.

Le nombre d'individus qui s'appliquent à observer des régimes, à se maquiller, à pratiquer des exercices pour de quelconques résultats, ceux aussi qui ont recours à la chirurgie, les personnes aussi qui, toujours, meublent leur vie de mesquineries, d'ingérences, de coup bas, qui sans cesse ne pensent qu'à démolir le bonheur des autres à défaut de construire le leur, sont bien souvent plus violents envers eux-mêmes qu'ils ne le sont en apparence avec les autres. Ceci vient de ce que tout ce qui est, est en devenir. En perpétuel changement. Rien n'est stable, tout bouge. L'homme vit sous un double rapport, essentiellement violent, ce qui est passé et regretté, ce qui est futur et espéré. Celui qui vit dans le présent est, en toute occasion le plus heureux des hommes. Il se préserve de la nostalgie et de l'anticipation. Son regard est aussi neuf que celui de l'enfant et ne connaît pas de troubles chaque fois qu'il se pose sur l'extérieur. La violence vient de ce que nous n'acceptons pas la faiblesse et l'indisposition dans laquelle nous met le choc des volontés. Tel un enfant, nous peinons à croire qu'une chose extérieure à nous continue de subsister quand elle échappe à nos perceptions. L'enfant découvre que sa maîtresse vit encore en dehors des classes d'école lorsqu'il la croise dans la rue. C'est un peu la même chose avec la violence, elle vient de ce que celui qui en use, nie la réalité de l'impotence de sa volonté, incapable qu'elle est de faire agir l'autre comme nous le voudrions. Quand je frappe un individu, souvent il s'agit d'une réaction à un comportement de ce même individu qui m'a été désagréable, comme si le monde n'était fait que pour me plaire, je m'arroge le droit de rectifier ce qui gène mon bien-être. Donc, la violence, qui est une intrusion sur le territoire légitime d'une volonté -la volonté est liée nécessairement à un corps, donc frapper un corps, c'est nier la volonté de ce corps et son territoire originel- est une souffrance qui se déverse sur les deux corps en question. Le premier qui est frappé, souffre naturellement du dénie qu'on lui oppose à son existence, le deuxième qui frappe, souffre du faible empire de sa volonté et témoigne par son geste, le désir qu'il a de s'infliger lui-même les punitions dont il afflige ses victimes. Si l'on part du principe que la volonté de puissance est le fondement de l'humanité, qu'elle explique les différentes associations d'hommes, assurés qu'ils seront pour leurs sécurités par le concours de leurs forces respectives alors on peut en conclure que les hommes, lorsqu'ils infligent une punition à un homme, que la violence coercitive soit physique ou pas, témoigne du besoin fondamental de donner un sens à leurs actes. Ce sens est fourni par la dualité récompense/punition.

Un homme qui se montre violent agit donc non dans l'idée que lui-même mériterait de recevoir les coups qu'il inflige, mais dans l'idée que dans le cas où il agirait de la même façon qu'a agit l'individu qu'il a violenté, alors il trouverait juste qu'il soit puni de la façon dont il a réprimandé cet homme. Un individu ne frappe un autre individu sans aucune raison, on est d'accord. L'idée qu'il souhaite s'infliger les mêmes souffrances dont il accable un autre individu, ne peut être raisonnablement soutenue que si on suppose que sa punition est jugée par lui-même adéquate à la situation qui a fait naître ce ressentiment pour l'homme qu'il a violenté.

Pour résumer. La violence vient de deux sources principales. Le besoin d'étendre l'empire de sa volonté, et celui de faire régner la justice. Lorsque tu es civilisé et mature, tu t'associes avec d'autres hommes pour étendre l'empire de ta volonté collective -confort personnel et bien social en découleront- et fais régner la justice par le droit et non le règlement de compte personnel et barbare comme l'ont pu faire tout ceux qui, pendant longtemps, ont eu du respect (trop?) pour l'honneur chevaleresque, très bien démonté par Schopenhauer.

Qu'en penses-tu?

Je crois m'être un peu contredit xd, mais le danger de l'improvisation réside là, héhé. Pour une fois j'ai réussi à publier un commentaire, je ne vais pas bouder ce plaisir.
Exist@ncE
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Message Posté le: Mer Déc 01, 2010 20:19 pm    Sujet du message:
Il est vrai qu'on peu faire la distinction entre destructions physiques et psychiques.
Par conséquent le bon terme serait :
<< Diminuer les capacités d'actions d'un autre individu >>

<< La volonté n'est pas une cause ni un résultat >>
C'est comme l'arrivée et la destination avec le moteur d'un véhicule ...


Personnellement je ne vois pas en quoi réduire les capacités d'un autre serait d'abord un désir de réduire les siennes ?

Une question mieux posée à mon avis serait : En quoi réduire les capacités d'un autre serait d'abord un désir de se faire ressentir/penser quelque chose ?


Car la première question même si elle met bien en avant la problématique par laquelle TOUT passe par le SOI est très rudimentaire dans le rapport que cela à avec le SOI.

Car le SOI n'est pas un miroir absolut. On ne fait pas une chose rien que pour son contraire, ça n'a aucun sens.

Le SOI est un UNIVERS. On fait donc des choses pour faire un lien entre l'univers physique et l'univers du SOI.


C'est pourquoi j'étendrai la question à l'univers du SOI et non pas un son simple opposé en miroir.
Lights
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Message Posté le: Mer Déc 01, 2010 21:04 pm    Sujet du message:
J'ai l'impression que pour une majorité de cas c'est vrai.
Exist@ncE
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Message Posté le: Mer Déc 01, 2010 22:35 pm    Sujet du message:
Lights a écrit:
J'ai l'impression que pour une majorité de cas c'est vrai.

Apparemment ce n'est pas une impression ...
Invité








Message Posté le: Jeu Déc 02, 2010 21:14 pm    Sujet du message:
Je crois que la remarque était de moi - sinon, oublions - et pour clarifier, ça voulait dire ça :

La violence peut être motivée par un impératif concret (ex : le chasseur tuant pour manger, l'homme tuant le témoin gênant pour éviter la prison). Ces cas sont somme toute assez rares - ou on ne les remarque pas, parce qu'ils relèvent du quotidien.

Ma remarque concerne les autres cas - violence en apparence gratuite, agression. Ces cas-là sont symboliques.

Or qu'est-ce que le symbole si ce n'est un bout de soi ?

Soit on se reconnait dans un symbole - thématique de l'ombre en psychologie analytique, la part de soi qu'on refoule mais qu'on porte et qui irrite quand on la voit chez autrui, sans indifférer -, soit on voit quelque chose qui a une importance symbolique pour soi.

Ex : je suis un peintre raté, je hais un peintre parce qu'il incarne ce que je n'ai pas su devenir. Ou je suis le loser d'un système et il importe quand même pour moi donc je vais le haïr et essayer de le détruire, non parce qu'il est rationnellement néfaste mais parce que je n'ai pas réussi à trancher le lien symbolique entre ce système et moi.

La remarque n'est pas juste dans l'absolu mais elle invite à dissocier le symbolique, chargé d'affect et le rationnel. Après, ça ne fonctionne pas que pour la destruction.

C'était initialement pour dire que les casseurs des vitrines feraient mieux de réparer les blessures qui ont été ouvertes par leurs échecs ou par les injustices subies pour améliorer les choses que de casser à l'extérieur d'eux-mêmes.

À peu près.


Dernière édition par Invité le Jeu Déc 02, 2010 22:55 pm; édité 1 fois
La Bête
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Message Posté le: Jeu Déc 02, 2010 21:33 pm    Sujet du message:
si c'était pour dire que toute violence qui semble gratuite vue de l'extérieur est la manifestation d'un conflit intérieur, comme à mon habitude section philo, j'ai envie de dire "les amis, je crois qu'on vient d'inventer l'eau tiède".

désolée Arrow
Georges
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Message Posté le: Jeu Déc 02, 2010 21:48 pm    Sujet du message:
La Bête a écrit:
si c'était pour dire que toute violence qui semble gratuite vue de l'extérieur est la manifestation d'un conflit intérieur, comme à mon habitude section philo, j'ai envie de dire "les amis, je crois qu'on vient d'inventer l'eau tiède".

désolée Arrow


Tu me ferais presque ronronner Smile
chiron
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Message Posté le: Ven Déc 03, 2010 02:08 am    Sujet du message: Re: Violence. pt. I.
Bonsoir,

Je reformulerais plutôt

Criterium a écrit:
“Toute violence contre les autres ou contre le monde est avant tout une violence que l'on veut s'infliger à soi-même”.


en

Citation:
“Toute violence contre les autres ou contre le monde est avant tout une violence que l'on s'inflige à soi-même.


et rejoins en cela l'avis de Gelmah.

Pour ma part, je crois que les actes d'amour renforcent notre humanité et les actes de violence (dont surtout les violences morales) dégradent notre humanité.
En un certains sens et à mon avis, nos actes nous transforment chaque jour et renforcent nos potentiels dans le domaine de nos actes.
Celui qui produit un acte d'amour ou de bienveillance renforce son potentiel d'amour ou de bienveillance; celui qui commet un acte violent renforce son potentiel de violence.
De même que celui qui étudie les maths renforce sont potentiel lié aux maths bien souvent au détriment de son potentiel littéraire.
De même que tout travailleur se trouve déformé mentalement par son travail s'il n'exerce pas une activité de rééducation qui empêche cette déformation (comme la musique pour un informaticien, le théâtre pour un prof de maths, les échecs pour un prof d'anglais...)

De plus les univers sociaux finissent aussi par représenter la somme de nos actes et donc un univers riche en amour est souvent la récompense de l'amour et un univers riche en haine, la récompense de la haine.

Donc et pour revenir au sujet, je pense que les actes de violence renforcent le potentiel de violence chez soi et dans notre univers. Et donc que la violence faite à autrui est finallement une violence faite à soi-même.


Maintenant, la violence peut-elle être légitime pour des adultes ?
Je dirais que non sauf pour les humanistes Very Happy En fait je crois qu'elle ne devrait être permise moralement qu'à ceux qu'elle dégoûte et uniquement pour empêcher une violence plus grande.

Mais peut-être est-là pour moi un péché d'orgueil.. Pensant être humaniste, il m'arrive lorsque la discussion puis la conciliation sont rejetées, de prêcher la tolérance le gourdin à la main. Razz
La circonstance atténuante et/ou aggravante est qu’il s’agit pour moi d’un acte d’amour qui me coûte beaucoup.
Exist@ncE
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Message Posté le: Sam Déc 04, 2010 00:27 am    Sujet du message:
Je trouve ça très réducteur ...

Bien que notre pensée optimise un peu tout,
Elle ne s'occupe pas que de nos actes ...
Elle permet de créer des univers "vastes",
Irréductibles aux caricatures haine, amour.


Il est très triste de voir des aveugles.
La Bête
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Message Posté le: Sam Déc 04, 2010 01:22 am    Sujet du message:
"-oh, regarde, un aveugle !
-ta gueule, il est pas sourd !"
Exist@ncE
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Message Posté le: Sam Déc 04, 2010 23:50 pm    Sujet du message:
La Bête a écrit:
"-oh, regarde, un aveugle !
-ta gueule, il est pas sourd !"

"Le sait-il ? Qu'il l'est ?
Ou l'a-t-il oublié ?"
chiron
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Message Posté le: Ven Déc 10, 2010 00:31 am    Sujet du message:
Bon du coup pas d'autres contributions sur ce sujet intéressant ?
J'offre des casques lourds si besoin Laughing
alcibiade
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Message Posté le: Mar Déc 28, 2010 10:35 am    Sujet du message:
Citation:
Toute violence contre les autres ou contre le monde est avant tout une violence que l'on veut s'infliger à soi-même”. En gros : si tu veux casser ce réverbère ou la figure de cet homme, c'est en fait que c'est toi que tu veux/voudrais exploser.



ça me laisse très perplexe. Je ne vois pas en quoi le viking qui débarque en Normandie pour piller un monastère (désolé du cliché) exprimerait ce faisant un mal-être intérieur....
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Message Posté le: Ven Déc 31, 2010 17:40 pm    Sujet du message:
J'aurai plutot vu dans cette phrase l'affirmation du lien liant la singuliarité et la pluralité de l'etre humain.

L'homme est a la fois unique car different de tous ses congeneres, mais il est aussi identique a eux car vivant regroupé avec ses semblables dans une hierarchie structurée que l'on apelle société.
A chaque acte singulier l'homme engage avec lui toutes les personnes avec lesqu'elles il vit et donc l'humanité en elle meme.
Faire du mal a autrui, c'est quelque part faire du mal a la société entiere et a l'humanité. Et c'est probablement se faire du mal a soi-meme vu que nous vivons dans cette société.

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