Morceaux épars.


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Message Posté le: Mer Nov 10, 2010 00:55 am    Sujet du message: Morceaux épars.
Bonsoir.
Rougi

Dans ce topic, je mettrai quelques poèmes en prose — ou petits récits. Il n'y a pas de thème, il n'y a pas d'orchestre, dirait-on au théâtre silencieux... Divagations sur des feuilles. J'aime écrire et rêver. Ce seront sans doute des instantanés, des moments, des illusions, quelques traits de peinture avec quelques mots. Peut-être certains en apprécieront quelques lignes.
Papillon

Commençons par...


Peur.

L'une de ses fenêtres donne sur une cour intérieure minuscule, dont l'on pourrait presque, en tendant bien la main, toucher le vis-à-vis, c'est-à-dire quasiment taper à la vitre de la voisine d'en face. De jour comme de nuit, nulle lumière ne semble atteindre le fond de la cour ; sans doute n'y a-t-il que quelques minutes dans la journée pendant lesquelles, le soleil se plaçant dans l'axe adéquat, un peu de chaleur vient baigner les pavés poussiéreux et humides — la pluie tombait sans cesse. — C'est à cette fenêtre, tard dans la journée de bruine, qu'il se tenait, une fois encore.

Le vertige...

Personne ne regardait par la fenêtre de cette cour : il n'y avait rien à voir. Quelqu'un qui, par hasard ou par chance, l'eut fait ce soir-là, aurait vu un bien étrange spectacle... l'homme monta sur la rambarde, manqua presque glisser — il en tremblerait de peur, à l'idée d'être passé si près de la mort, tant de fois ultérieures — et, une fois debout, lança les bras en l'air pour se tenir sur le mur d'en face. Il s'allongea... et se plaça en équilibre entre le rebord de sa fenêtre, et le rebord de la fenêtre qui lui faisait face. Sous lui — 10 mètres de vide vers les pavés. L'équilibre...

Le regard fixé vers le sol lointain, les abdominaux qui commencent à tirer, les muscles qui crient — mais pas autant que le cerveau, qui, lui, envoie tous ses signaux de détresse les uns à la suite des autres : alerte rouge! Alerte rouge! Mais il restait immobile. Les yeux rivés vers les pavés. Vers le Visage de la Mort.

Le vertige...

Une heure après, il se leva, et réussit à se repositionner en équilibre sur sa fenêtre ; il rentra et fit chauffer du thé. Il était heureux.
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Message Posté le: Lun Nov 29, 2010 23:48 pm    Sujet du message:
Papillon

Further down. Alcools.

Les pensées en kaléïdoscope, les sens en émois, les aguets bouillonnant d'un sang échaudé, Toi, te dirigeant vers l'escalier sombre que trop longtemps tu as préféré laisser de côté. Est-ce l'odeur de décomposition? Est-ce l'atmosphère lugubre, la lumière éteinte? Est-ce la profusion de taches de rouille du lieu? — Jamais tu n'as voulu y retourner.

Il y a longtemps, déjà...

— Et puis, ce soir, la porte claque grande ouverte. L'esprit conquérant. Les jambes flageolantes. La volonté de puissance. Les pas mal assurés descendent, descendent... En spirale. C'est toujours une spirale de jeux ; un jeu de lumières blafardes, une pierre rouge qui tournoie, un Inconnu que l'on viole. — Vers les tréfonds jadis explorés... Te retrouver.

Il y a un peu de Nous. Il y a un peu de Toi. De grandes toiles d'araignée ; des odeurs stagnantes évoquant la cuisine (tel vieux magret de canard) ou d'obscures glaires. — Bientôt les yeux ne voient plus ; Tu tâtonnes. De-ci, de-là, des textures rugueuses ; parfois l'onctuosité de telle pourriture, maelström, blob, petite pousse malsaine qui parasita ton esprit. Le Noir intangible devient chaud, brûlant ; à chaque mouvement, Tu as peur de rencontrer le tuyau chauffé à blanc (à noir?) d'un radiateur qui alimentait tes flammes. — Ô...

...Et puis, la Présence.
Ça. — Oh, Tu es là!
Invité








Message Posté le: Dim Déc 05, 2010 21:16 pm    Sujet du message:
Ainsi soit-il.

Nous avons traversé des déserts et des chants de cadavres, éteints par l'ennui et la grisaille. Nous avons marché pendant des décennies; nous avons croisé des regards éteints, nous avons mesuré les crevasses et craquelures de l'ennui. Puis un soir, un rocher nous a ouvert la voie. Nous attendions une oasis ou un mirage mais non: un simple roc inattendu, derrière lequel s'ouvrait la lumière de la vie, dans le noir des nuits sans fin. Il nous fallut attendre encore pour traverser la rive qui nous menait vers la scintillante infinie.

Après une longue hésitation, suivie d'une mortification préparatoire de quarante jours, puis d'une psychanalyse-éclair, j'ai franchi le saut vers l'autre monde. Il se pourrait que nous ne soyons plus seuls dans la nuit parme des rêves teintés d'apesanteur.

À cheval entre les mondes...

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