Découvrons l'ADN.


Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Forum pour jeunes -> Sciences

Criterium
Suprème actif
Suprème actif



Age: 39
Inscrit le: 08 Sep 2008
Messages: 4223
Localisation: ailleurs

Message Posté le: Lun Mar 29, 2010 20:51 pm    Sujet du message: Découvrons l'ADN.
On est allé à l'école, on l'a appris, on a tout oublié sauf cela, surtout depuis la sortie du film GATTACA : l'ADN est constitué de 4 bases nucléotidiques, qui sont A, T, G, C.
Adénine.
Thymine.
Guanine.
Cytidine.
Elles sont greffées, les unes à la suite des autres, le long d'un (très) long filament, fait en sucre et en phosphate ; l'ensemble forme ce qu'on appelle l'acide désoxyribonucléique, communément abrévié ADN. (Pourquoi acide? En fait, les phosphates de ce filament sont acides ; en vocabulaire chimique, cela signifie surtout qu'elles portent des charges électriques négatives).

Le filament est embobiné sur lui-même d'une manière particulièrement compacte, à l'aide de petits yoyos appelés des nucléosomes, constitués d'histones (si je ne m'abuse, si l'on déroulait entièrement les chromosomes d'une seule cellule de votre corps, cela ferait à peu près 3 mètres de long). (Le fait que l'ADN soit acide aide bien cela, car les histones sont chargés positivement ; du coup, ADN et histones collent bien ensemble, comme des aimants).



Et bien, c'est encore une vision un peu simplifiée. En particulier, il y a beaucoup d'autres bases dans l'ADN. Une cellule, en fonctionnant, entraîne la libération d'espèces chimiques pouvant abîmer l'ADN (oxydation, hydrolyse, nitrosylation, alkylation). Comme cela se produit continuellement, et est continuellement réparé, il y a un taux basal d'un certain nombre d'autres bases, comme :
U : uracile.
I : inosine (également appelé H : hypoxanthine).
X : xanthine.
8oxG : 8-oxoguanine
etc.

Certaines ne sont pas anormales mais ont un rôle important dans la régulation des gènes, comme:
U : uracile (dans le système immunitaire et la lutte anti-virale)
5meC : 5-méthylcytosine (dans le développement, la différenciation des tissus).

Papillon

Ces règles, d'ailleurs, ne sont valables que pour la plupart des êtres vivants, comme nous. D'autres, en effet, comme certains virus, ont des ADNs absolument bizarres.

Par exemple, certains virus n'ont pas de T mais ont du U à la place, et cela leur est normal. Lorsque ceux-ci infectent une cellule, ils cassent tout le T dans le coin et le transforment en U, parce que c'est cela qu'ils veulent pour se reproduire.

D'autres virus ont des bases encore plus bizarres comme le 5-hydroxyuracile à la place du T ; d'autres font pire, ils remplacent une base par un gros sucre (mais ma mémoire me fait défaut ; je crois que c'est le C ou le G qui est remplacé).
Invité








Message Posté le: Lun Mar 29, 2010 20:53 pm    Sujet du message:
Voilà un cours captivant de bio.
Mara Caldera
Suprème actif
Suprème actif




Inscrit le: 20 Jan 2010
Messages: 5363

Message Posté le: Lun Mar 29, 2010 20:55 pm    Sujet du message:
Merci Yseult, j'adore..
Lyriss
Habitué(e)


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 20 Mar 2008
Messages: 10770
Localisation: Grenoble

Message Posté le: Lun Mar 29, 2010 20:57 pm    Sujet du message:
Beaucoup trop empirique pour moi, je m'attendais a une envolé lyrique sur le thème du visage de la vie. Je suis déçu.
Invité








Message Posté le: Lun Mar 29, 2010 20:59 pm    Sujet du message:
Désolée mais la science a droit à sa place ici.
Criterium
Suprème actif
Suprème actif



Age: 39
Inscrit le: 08 Sep 2008
Messages: 4223
Localisation: ailleurs

Message Posté le: Lun Mar 29, 2010 20:59 pm    Sujet du message:
J'en ferai, Lyriss. Car tout cela a d'énormes conséquences sur l'origine de la vie.
Papillon
Pacifica
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 21 Juil 2008
Messages: 4068
Localisation: R'lyeh

Message Posté le: Lun Mar 29, 2010 23:23 pm    Sujet du message:
Parle moi de l'eugénisme.
Copekaa
Suprème actif
Suprème actif


Sexe: Sexe:Féminin

Inscrit le: 31 Aoû 2009
Messages: 6220

Message Posté le: Mar Mar 30, 2010 03:01 am    Sujet du message:
J'aime quand Crit' nous fait part de ses connaissances, c'est captivant.
Mara Caldera
Suprème actif
Suprème actif




Inscrit le: 20 Jan 2010
Messages: 5363

Message Posté le: Mar Mar 30, 2010 04:58 am    Sujet du message:
Au faite, l'ARN est donc une copie de l'ADN, qui permet que celle ci se conserve sans problème? c'est une réplique..
Criterium
Suprème actif
Suprème actif



Age: 39
Inscrit le: 08 Sep 2008
Messages: 4223
Localisation: ailleurs

Message Posté le: Mar Mar 30, 2010 10:49 am    Sujet du message:
Non.

L'ADN code l'information génétique, c'est un grimoire de bonnes recettes.
Mais encore faut-il réaliser le gâteau pour se sentir vraiment vivre.
En fait, de petits morceaux d'ADN — correspondant aux pages des recettes, parce qu'il y a aussi des pages blanches et des pages tachetées — sont copiés en ARN. Et là, une mini-usine gastronomique traduit l'ARN en protéine.

Il y a peu de différences entre ADN et ARN ; sur l'ARN, les sucres sont un peu différents, et il y a du U à la place du T. Par contre, les protéines sont très différentes, car elles sont constitués de briques totalement différentes. Chaque groupe de 3 bases d'ADN sera traduit en 1 acide aminé, lequels se placent à la suite en une chaînette d'acides aminés, qui sont alors capables de se replier et de prendre une forme, et d'assurer une fonction. C'est cela, une protéine.

L'ensemble des correspondances 3 bases -> 1 acide aminé est appelé le code génétique. Par exemple, la suite GGG code pour un type d'acide aminé appelé glycine ; la suite GTA code pour une valine, etc.

Là encore, point de simplifications : même si notre code génétique est le plus répandu a priori, beaucoup d'autres organismes ont des codes génétiques différents. D'ailleurs, il est intéressant de noter que le code génétique humain n'est pas le meilleur ni le plus stable de tous ces codes génétiques.
Papillon

Corollaire : on dit souvent que l'ADN, c'est la vie. C'est faux. On ne peut vivre qu'avec cet ensemble ADN, ARN, protéines. La principale raison étant que la traduction d'ADN en ARN et en protéines nécessite justement des protéines, et que la réparation de l'ADN — qui est un processus constant — nécessite des protéines.
Monsieur Patate
Actif
Actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 19 Déc 2008
Messages: 1236
Localisation: Un peu moins loin

Message Posté le: Mar Mar 30, 2010 12:07 pm    Sujet du message:
Criterium a écrit:
Cytidine.
Mince ! C'est quoi la cytosine, alors ? (Souvenirs brouillés, honte, honte...)

Criterium a écrit:
GTA code pour une valine, etc.
Faux ! GTA code pour un jeu complètement amoral, dénué d'humour et interdit aux enfants. ^^


Joli exposé, bien que technique et bien que je ne sois pas d'accord avec ta définition d'un acide.
En vérité c'est l'eau, vie. Aux
anges
Criterium
Suprème actif
Suprème actif



Age: 39
Inscrit le: 08 Sep 2008
Messages: 4223
Localisation: ailleurs

Message Posté le: Mar Mar 30, 2010 13:42 pm    Sujet du message:
Je n'ai pas défini les acides, j'ai grossi le trait, espèce de chimiste, va.
Papillon

La cytidine, c'est la base, la cytosine, c'est l'ensemble base+sucre sur laquelle elle est attachée (et donc, idem entre thymine et thymidine, etc.).
Monsieur Patate
Actif
Actif


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 19 Déc 2008
Messages: 1236
Localisation: Un peu moins loin

Message Posté le: Mer Mar 31, 2010 11:16 am    Sujet du message: Re: Découvrons l'ADN.
Lyriss : je ne comprends pas où tu vois de l'empirisme là-dedans. L'ADN est foutu comme ça, un point c'est tout. D'ailleurs, je me demande par quelle méthode on l'a découvert : diffraction X ? RMN (j'y crois pas mais...) ? spectroscopie de masse ?

Tu n'as pas prétendu le définir, Critérium, c'est vrai, mais tu as expliqué ce terme en vocabulaire chimique. Or, en vocabulaire chimique tu as deux grandes définitions des acides : soit c'est un acide de Brönsted qui libère des protons en solution (aussi appelés ions H+, donc si la molécule était neutre elle se retrouve chargée négativement, et on l'appelle alors base), soit c'est un acide de Lewis qui possède des orbitales vacantes (et je n'ai en tête aucun exemple qui soit chargé négativement, de toute façon il me semble que vous vous foutez de ceux-là en bio ^^).
Donc soit l'ADN est dans le sang sous sa forme basique, soit sa forme négative est un amphotère. (Sous réserve d'une autre possibilité qui m'échappe à l'heure actuelle.)
La partie acide phosphorique de l'ADN possède-t-elle plusieurs acidités ?

T'es pas rigoureux, espèce d'être humain, va. >_<

PS : en parlant de base azotée la caféïne y ressemble vachement. Je suis persuadé que certains, à force de se faire du mal en buvant des cochonneries chaudes, marrons et non-gazeuses, en ont dans l'ADN. Shocked
Criterium
Suprème actif
Suprème actif



Age: 39
Inscrit le: 08 Sep 2008
Messages: 4223
Localisation: ailleurs

Message Posté le: Mar Nov 22, 2011 03:02 am    Sujet du message:


Vous voyez ces boules rouges? Il s'agit de protéines très particulières, les histones. L'ADN est une molécule ressemblant à une chaîne immensément longue (si l'on devait mettre tous les chromosomes d'une cellule humaine bout à bout, on en aurait deux mètres... par cellule!), il semble donc évident que pour rentrer dans ce petit compartiment qu'est le noyau d'une cellule, il est compacté. Ce qui assure cette fonction, c'est ce que l'on appelle la chromatine, qui n'est autre que cette succession le long de l'ADN des histones. L'ADN s'entoure autour de ceux-ci, formant comme un collier de perles. Les petites perles s'entourent à leur tour sur elles-mêmes, un peu comme l'on tisse une liane à partir de filaments, et ce, en répétant l'opération plusieurs fois, l'on obtient une grande compaction.



Chaque chromosome est ainsi empaqueté à côté des autres, ce qui ressemble à l'image suivante (sur laquelle chaque chromosome est coloré différemment, en fausses couleurs):



Pour les curieux qui ont suivi le fait que l'ADN était chargé négativement, sachez que ce qui fait tenir ces histones tout le long de l'ADN, c'est justement le fait qu'ils soient chargés positivement. Ils sont ainsi fortement ancrés, et l'ensemble est stable.

Maintenant, allons un peu plus loin : l'on considère souvent que la seule chose comptant sur l'ADN, c'est sa séquence, en résumé, l'information génétique. Cela n'est pas vrai. Il existe d'autres formes d'hérédités — en somme, nous savons que l'on est bien plus que sa séquence d'ADN. Je ne parlerais ici que de celle que l'on a alors appelé épigénétique, du grec επι, signifiant "sur": il s'agit en effet d'une information "sur"-imposée à l'ADN, une information additionnelle. Une grande partie de celle-ci est constituée par le fait que les histones, ces boules rouges, peuvent eux-mêmes être différents le long de la séquence d'ADN, et ainsi constituer une sorte de "séquence d'histones". L'on peut imaginer cela, poétiquement, exactement comme si l'ADN ne contenait pas que des lettres, A, C, T, G, mais également des petites régions de couleur, rouge, vert, bleu, etc., correspondant à ces différents types d'histones.

Ce qui varie entre ces différents types d'histones, ce sont des modifications biochimiques sur leur surface exposée — un peu comme une étiquette, sur laquelle ladite couleur serait tamponnée. Il s'agit généralement de méthylations et d'acétylations d'histidines et d'arginines, ainsi que de phosphorylations de sérines, mais il y a apparemment même parfois des sucres attachés çà et là : autant dire, une grande variabilité de marques. — Dans certaines régions très spéciales des chromosomes, en particulier leur milieu, appelé centromère, et ayant un important rôle structurel pour saisir les chromosomes et les séparer deux à deux lors de la division cellulaire, pour les cellules qui se divisent, ce ne sont plus des modifications d'une partie des histones mais des histones complètement différents qui sont placés sur l'ADN.

Une dernière anecdote pour ceux qui douteraient de l'importance de l'épigénétique. La première variation naturelle d'une plante, décrite par Linnaeus au XVIIIe siècle dans son fameux ouvrage de botanique, concernait le cas de la forme des fleurs de Linaria vulgaris.



(Il y en a dans la nature à côté de chez moi).

Tout le monde croyait qu'il s'agit d'une mutation sur un gène, car cela se comportait exactement de la même manière (au niveau de la descendance des plantes possédant cette apparence) que s'il s'agissait d'un gène. Cependant, l'on s'est aperçu assez récemment qu'il n'y avait en fait aucune variation au niveau de la séquence génétique de l'ADN pour expliquer cette mutation, ce qui a tout d'abord beaucoup étonné les chercheurs. En fait, ce caractère est présent au niveau de l'information épigénétique. Pour ceux qui savent ce qu'est un allèle, sachez donc qu'il existe un équivalent épigénétique, appelé un épiallèle.

(D'ailleurs, l'on sait que certains épiallèles peuvent se transmettre par l'environnement — en d'autres termes, la formulation par Lamarck que des caractères non présents sur l'ADN mais néanmoins acquis au cours d'une vie, peuvent être transmis à l'individu de la génération suivante, quelque chose de tout simplement révolutionnaire pour les tenants de la génétique "dure", ou tout était déterminé simplement sur et par l'ADN).
La Bête
Silver Mercure


Sexe: Sexe:Féminin

Inscrit le: 03 Nov 2008
Messages: 13812
Localisation: Montréal

Message Posté le: Mar Nov 22, 2011 08:45 am    Sujet du message:
ça veut dire que quand on déclare triomphalement qu'on a pu séquencer par exemple 85% de l'ADN du mammouth, en fait on est loin de la vérité si on n'a pas séquencé les histones avec ?
Gal
Membre
Membre


Sexe: Sexe:Masculin

Inscrit le: 12 Mar 2011
Messages: 120

Message Posté le: Mer Nov 23, 2011 10:17 am    Sujet du message:
Quand tu dis "assez" récemment, c'est depuis quand ?
Criterium
Suprème actif
Suprème actif



Age: 39
Inscrit le: 08 Sep 2008
Messages: 4223
Localisation: ailleurs

Message Posté le: Mar Nov 29, 2011 01:10 am    Sujet du message:
La Bête: exactement. Non seulement le 85% ne tient pas toujours compte des phénomènes de dégradation de l'ADN dont j'ai parlé dans le premier post, mais de plus nous ne savons rien des histones; tout au plus pouvons-nous procéder par analogie avec des espèces existantes, et ce seulement pour des zones du génome dont nous connaissons déjà la singularité (milieu et bouts des chromosomes en gros; respectivement centromères et télomères).

Gal: dans cet exemple précis, 1999, mais beaucoup de généticiens ne se sont pas aussitôt intéressés aux épiallèles. C'est donc en plein XXIe siècle!
Aux anges

Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Forum pour jeunes -> Sciences