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Posté le: Mer Mar 17, 2010 13:29 pm Sujet du message: Les vendeurs de guitare sont cons.
Avant toute chose : j'ai découvert par hasard le blog de ce mec, et cet
article a été mon fou-rire de la journée, au point que je vous le fais
partager. Enjoy.
SEBDOS a
écrit: | Le vendeur de guitares
est con.
C’est comme ça. J’y peux rien, vous non plus. Et lui non plus
apparemment.
Ça fait longtemps que j’ai eu le temps de m’en rendre compte puisque
j’ai commencé la guitare il y a 20 ans (la préhistoire quoi). Ceci dit,
aujourd’hui, avec l'avènement d'Internet et le succès de la vente en
ligne, ils sont pires. Ce qui est un exploit.
Plus con que con c’est quoi ? Surcon ?
Alors rectifions : le vendeur de guitare est SURCON.
Peut-être parce qu’il est frustré de pas être devenu le musicien qu’il
aurait rêvé être, qui vole de stades en stades à bord d'un Boeing 747 aux
couleurs de son groupe. Peut-être parce qu’il a le démon de voir des gens
partir avec une gratte qu’il peut pas s’acheter. Peut être qu’il en a
marre d’écouter QUE du NIRVANA ou du LED ZEPPELIN massacré par des
débutants à longueur de journée (cliquez ici pour la séquence culte de
Wayne’s World), sur des amplis pourraves (car quand tu essayes un guitare à
3.000 euros, le vendeur de guitare te la fait impérativement essayer sur le
pire micro-ampli pourri de son magasin). Peut-être qu’il en a marre
d’entendre « mais pourtant sur Thomann elle est à XXX euros de moins !?!!
». Peut être parce qu’il supporte pas d’être à chaque fois plus fort
que toi à la guitare, et qu’il en soupire à mourir quand tu rates un
"double-bend". Peut-être parce que t'y connais rien, et que lui il sait
tout.
Peut être tout ça ensemble.
Mais on s’en fout, nous, le résultat est là : le vendeur de guitare est
surcon !
FIRECRACKERS est en pause, et niveau basse, c’est bon merci j’ai ma
"Thunderbird IV" de chez Gibson que rien au monde ne peut égaler. Dans mon
nouveau projet je joue de la guitare … Donc en ce moment j’en joue
énormément, et je m’intéresse à nouveau à l’instrument proprement
dit.
Mais allons droit à l’anecdote, si vous le voulez bien.
Vendredi, j’avais du temps à tuer, il faisait beau, j’avais pas encore
reçue ma nouvelle beauté : une GRECO "dark burst" de 1978 commandée au
Japon avec les bons conseils de Grand Seb de DUSTER 71.
Je me suis dis « Fiston, il fait pas mauvais , si on allait à Pigalle
essayer deux ou trois guitounes mmmmm ???? »
Je me suis répondu « Ouais, cool, let’s go, wasteman ».
Metro direction Blanche, pour se faire la rue de Douai puis remonter la rue
Pigalle etc. Bref le trajet habituel.
Descendant donc rue de Douai je rentre dans le premier magasin "vintage". Non,
je ne donnerai pas leur nom.
Dedans, deux vieux jouent du jazz sur des grattes incroyables, dont une ES 175
de toute beauté. Ma version Epiphone peut clairement aller se rhabiller ...
Le vieux qui a l’air de tenir le magasin ne me calcule même pas. Bon, ça a
la rigueur, dans un magasin de gratte, c’est tout à fait normal.
Le jour où un vendeur de guitare te dit bonjour, c’est que tu t’es
planté de porte, t’es rentré dans la boulangerie d’à côté. Je ne me
formalise pas, histoire de leur faire comprendre que je suis de la partie. Ou
un truc comme ça.
Je commence à contempler les beautés accrochées au mur, il y a vraiment du
très lourd, et pas un seul prix n’est indiqué. Rien n’a l’air de
dépasser 1970 donc j’imagine facilement les prix se composer de 5 chiffres.
M’enfin bon, on sait jamais, et puis un coup de cœur -avec découvert à la
clef- est vite arrivé.
Je regarde, je touche pas hein, je regarde juste; tordant le cou pour voir les
références derrière les manches.
Le vieux me calcule toujours pas. Je commence à bloquer sur une Gibson Les
Paul inconnue montée avec des "P90" , car ça fait partie des trucs que je
cherche dans l’absolu.
Le vieux joue toujours ses plans jazzy foireux, et je sens qu’il
s’impatiente, parce qu’il a arrêté de papoter avec son pote sur la
qualité du "sustain" de son ES 175.
Donc a priori la discussion va s’engager.
Bingo.
Avec un accent bizarre, mi-portugais-mi-sicilien, entre Garcimore et Le
Parrain, il me lance sans me regarder :
VENDEUR : « TOU cherches quelque chose ? »
MOI : « Non rien en particulier, je regarde juste, on sait jamais si j’ai
un coup de cœur …. »
Silence.
Il arête de jouer, et les deux vieux me fixent comme si j'étais un
éléphant bourré qui serait rentré dans un magasin de porcelaine de luxe du
XIII siècle. Sentant que c’est le moment de détendre l’atmosphère je
lance un très convaincu :
MOI: « Elle est magnifique cette ES 175 … (celle sur laquelle il joue-voir
photo) elle est de quelle année ?»
VENDEUR: « 54. »
Le « 54 » étant lancé sur un ton à faire givrer tout Paris en une seule
seconde, et en me dévisageant des pieds à la tête. Étant habillé en mode
total-grunge avec ma parka de l’armée défoncée, j’ai plus que
l’impression qu’il me prend pour un clochard qui est venu se mettre au
chaud qu’autre chose.
Genre « ça se voit pas que c’est le modèle de 54 petit con ? t’as pas
reconnu sons sustain et sa finition ? Petit con ! ».
Je ne réponds pas, je sens qu’il n'attend pas de réponse de toutes façons
.
Je continue à regarder les grattes aux murs, elles sont vraiment magnifiques.
Que du jamais vu.
Vers le fond du magasin à droite il y a une pièce ouverte au public, mais
dont la lumière est éteinte. On distingue les grattes facilement. Il y a là
de vieilles Telecaster, des Archtops en veux-tu en-voilà … mais c’est
très sombre. Une Les Paul "Gold Top" -mon Saint Graal- semble m’appeler
dans la pénombre.
Je me retourne vers le vieux et je lui demande tout guilleret :
MOI : « excusez moi Monsieur, il est possible d’allumer s'il vous plait ?
»
VENDEUR: « Non, TOU peux pas allOUmer.»
Et il rigole.
Persuadé que c’est juste une blague, et que ma question a détendu
l’atmosphère, je me dirige vers l’interrupteur pour allumer cette pièce
aux trésors.
ERREUR.
VENDEUR: « NON TOU PEUX PAS ALLOUMER !!! »
Et là il rigole pas du tout, le vieux. Il a l’œil noir du milliardaire qui
t’as surpris à vouloir pisser sur son Hummer ou son Van Gogh.
MOI: « Ah bon ?!? Pourquoi , elles sont pas à vendre ces guitares ?!? »
VENDEUR: « Si. Mais TOU peux PAS ALLOUMER.»
Silence.
Sur le ton d’un Waffen SS qui demande tes papiers en 1943, il enchaine :
VENDEUR: « TOU cherches quoi ? »
MOI : « Ben je sais pas, rien de particulier je voudrais déjà voir les
guitares, moi je fonctionne au coup de cœur ».
Il a pas l’air de comprendre DU TOUT que je ne cherche pas un truc EN
PARTICULIER.
Si tu cherches un truc en particulier, pourquoi tu viendrais dans un magasin ?
Tu le chopes sur ebay d’occasion ou sur thomann en neuf !
Et si on savait ce qu’on cherchait à quoi serviraient les magasin de
guitare ? A être de simple entrepôts ? Ça sert pas aussi à ESSAYER des
guitares, un magasin de guitare ? A se faire un avis ? A comparer ?
Ben non, comme un con j’avais oublié. Le vendeur il veut vendre.
POINT.
Alors tu achètes ou tu sors. Capito ?
Et il a envie que je sorte, là, parce que j’ai pas une tronche ou une
dégaine à pouvoir lui acheter quoi que ce soit, je le sens bien. Et je
rappelle que je n'ai pas reconnu une "ES 175" de 1954.
Je suis donc un vrai rebut de l’humanité.
Je suis un peu comme deux ronds de flan. Je décide de pas me faire emmerder
par ce vieux con. Je le regarde fixement, en me demandant si je vais pas lui
faire tomber une guitare d’un de ses stands « sans faire exprès » ou
carrément lui empoigner son ES 175 de 1954, et lui l’exploser sur la
tronche pour lui en faire un joli collier. Son pote moufte pas.
Silence de mort de type « Saloon du Far West avant la baston générale ».
Je respire par le nez . Ma vieille technique.
Et je décide poireauter un max dans son magasin. J’inspecte toutes les
grattes du plus près que je puisse. Limite les yeux DESSUS pour faire le
connaisseur à qui on l’a fait pas (« mmmm….. je me demande si ces P90
sont d’époque … ce stop-bar a pas l’air d’être fait en aluminium
…. Serait-ce donc une réédition de 63 ? »). Concrètement, je n’espère
plus rien, à part le faire chier.
Lui, son jazz doubique, son pote amorphe et son magasin d’abruti. Je reste
un bon quart d’heure, juste à réfléchir à ce que je vais pouvoir aller
essayer ailleurs (« ah ouais tiens si j’arrivais à essayer une Tokai «
Gold Top » version « Love Rock » avec les fameux P90 ?!? »).
Je l’entends respirer entre deux phrasés manouches insupportables, il
essaye de m’oublier, et monte le son de son ampli. Peut-être dans
l’espoir de me faire partir. « Lé Yeune clochard il sOUpportera pas OUNE
trOUC à vraiment fort volOUME »
Eh-ben-vas-y monte le son mon pote, avant que ce soit ça qui me fasse
dégager, le poules auront des dents en or, et les clampins comme toi seront
aimables.
En gros c’est pas près d’arriver.
Il marmonne avec son pote.
Je regarde l'heure sur mon portable, autant se casser et aller essayer des
trucs ailleurs. Je l’ai bien fait chier, on est quitte.
Je me dirige donc LENTEMENT vers la sortie sans dire un mot, et laisse
sciemment la porte ouverte en sortant.
Comme de bien entendu, et sciemment attendu, il hurle :
VENDEUR : « TOU FERMES LA PORTE !!!! »
Gonflé à bloc je reviens en direction de la porte grande ouverte, je passe
la porte et lui lance du fond des poumons, en mots bien découpés, un superbe
:
« VA----TE-----FAIRE-----FOUTRE ! »
Sur quoi je claque la porte en question, comme un malade que je suis surement,
espérant secrètement la défoncer.
Mais en vain.
Zut.
Faudrait que je m’entraine ...
Je reprends ma route vers le magasin pile en face, sans me retourner, mais
tendant l'oreille en espérant qu’il sorte me chercher des noises, afin de
pouvoir vraiment lui faire un collier avec son ES 175. Mais non. A priori il
reste a l’intérieur.
Crèves-y dans ton magasin, gros tocard.
Je pourrais vous faire des tartines avec moult autres expériences truculentes
de ce type, mais je préfère la jouer participatif : j’attends avec
impatience VOS anecdotes de vendeur de guitare débile, antipathique, inculte,
agressif, abruti, endormi (certains cumulant même toutes ces qualités). Je
sais que BILLY MONTOYA en a déjà des très gratinées, que j’attends avec
impatience.
Allez, à vous ! |
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