Greed
De passage


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Posté le: Jeu Fév 18, 2010 00:29 am Sujet du message: La liberté chez Platon & Hegel
Bonsoir missés,
j'avais envie de partager une petite "réflexion" sur la liberté telle
qu'elle est conçue par Platon, et qu'on retrouve chez Hegel, car elle ne
parle plus vraiment de nos jours. Ou plutôt, on préfère ne pas trop la
considérer, ce n'est pas assez libéral (bien qu'on puisse "libéraliser
Hegel", s'entend).
En effet, les philosophes modernes (à l'exception de Hegel) font rimer
contraintes sociétales et prison. Ils nous semble, à nous mêmes
(contemporains), tomber sous le sens que toute forme de contrainte et
liberticide. Aussi, lorsque Platon dit précisément que l'homme libre voit la
justice (et les lois justes) comme « la chose la plus importante et la plus
nécessaire » un paradoxe semble émerger. Nous sommes appelés à démêler
ce paradoxe qui n'est, au regard de Platon, qu'apparent, sans fondement et
illusoire. La liberté ne rime pas, pour Platon, avec « absence de
contraintes » mais avec « égalité à
soi-même » laquelle ne peut se réaliser qu'après des exercices
particuliers de la pensée ; lesquels exercices sont légitimés et jalonnés
par un ensemble d'apprentissage initiatiques strictes (propédeutiques),
apparemment contraignants, mais en réalité libérateurs.
L'assertion selon laquelle l'Homme libre, à la tête de la cité, est appelé
à répondre à des règles contraignantes semble paradoxale, mais ces règles
ne sont, en réalité, contraignantes qu'en apparence. En vérité, selon
Platon, elles garantissent à l'Homme la libération ; s'il y répond, il
devient entier, égal à lui-même, et pleinement réalisé à travers elle.
Il les légitime autant qu'elles le légitiment dans sa transparente
intégrité qui est liberté. L'Homme libre – ou le vrai philosophe –
n'est donc pas celui qui vit en-dehors de toute règle mais bien celui qui
n'est pas accompli, étranger au monde et à lui-même.
On peut penser à cette "problématique" qui n'en n'est pas une hors du cadre
de la cité ou de ce que Hegel appelle "l'éthique" (encore que ce serait
retirer du paradigme platonicien & hégélien) mais bon, ce qui est
intéressant, c'est de voir l'égalité à soi-même comme liberté.
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alcibiade
Suprème actif


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Posté le: Jeu Fév 18, 2010 20:18 pm Sujet du message:
A noter que définir la liberté comme le fait de pouvoir faire ce qu'on veut
est tenu par absurde par Platon, puisqu'il met cet argument dans la bouche de
Polos, disciple de Gorgias. Je crois d'ailleurs que ce que Platon pense au
fond, est qu'on ne peut etre libre sans etre vertueux. Et si l'on suit cette
idée, on en déduit que la liberté est dans notre esprit et notre
comportement avant tout. D'ou une idée que j'aime: Socrate en prison est plus
libre qu'un tyran dans son palais. A méditer ^^
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Tommy Angello
Administrateur


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Posté le: Jeu Fév 18, 2010 20:37 pm Sujet du message:
Reste à savoir ce qu'il pourrait bien faire de cette "liberté". Si etre
libre est ne pas désirer ce qui n'est pas à notre portée immédiate, il
vaut mieux prendre ses distance, d'autant plus si c'est par contrainte de
l'esprit contre lui même.
Il me semble également que platon définit comme la justice "quand c'est moi
qui commande et les autres qui obéissent", bien évidement formulée
autrement: il y a les philosophes, les bourrins et les artisans, chacun sa
place.
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alcibiade
Suprème actif


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Posté le: Jeu Fév 18, 2010 21:31 pm Sujet du message:
Citation: | Reste à savoir ce qu'il pourrait bien faire de cette
"liberté".
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L'action est très dévalorisée chez Platon, elle n'est qu'une perversion de
la contemplation si je me souviens bien. Par conséquent, dans un cadre
platonicien, la question ne se pose guère. L'homme le plus libre sera à mon
avis, celui qui mène la vie contemplative la plus complète.
Citation: | Si
etre libre est ne pas désirer ce qui n'est pas à notre portée immédiate,
il vaut mieux prendre ses distance, d'autant plus si c'est par contrainte de
l'esprit contre lui même. |
Ne pas désirer ce que nous ne pouvons pas avoir serait plutot une optique
stoïcienne. L'optique platonicienne est plutot je crois de s'affranchir des
mauvais désirs (matériels, désirs de richesse, de pouvoir, etc). Et
l'idéal est que cela se fasse sans contrainte. Si tu désires te taper les
femmes de tous tes amis, tu es très loin d'etre vertueux et libre. Je dirais
même qu'à la limite, ça ne change pas grand chose de passer à l'action ou
pas.
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yacine
De passage


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Posté le: Mer Juin 16, 2010 04:25 am Sujet du message:
En effet comme Tommy Angelo, j'y vois aussi une approche toute stoïcienne
dans cette liberté en tant que "égalité à soi-même"...J'y vois une
absence de désir.
Mais si j'ai bien compris; être étranger au monde et à soi-même est le
contraire d'être prisonnier du monde et de soi même. Or, les deux contraires
ont la même force, ils se valent. Bon ceci dit, en synthétisant un peu vite,
un homme libre l'est en rapport avec ce qui l'entoure.
Mais alors , être libre hors des limites d'une quelconque prison; société,
corps, esprit, etc...( étranger) est aussi appartenir à des contraintes dans
un ensemble contraire à l'ensemble où l'homme ici supposé non-libre,
évolue. Même effet donc bien que les contraintes qui s'imposent soient en
premier lieu tout du moins, différentes.
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