Tommy Angello
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Posté le: Jeu Oct 15, 2009 23:26 pm Sujet du message:
Ce topic mérite de vivre, je vais donc vous copier coller un récit fort
intéressant d'un des seuls mecs qui connaisse quelque chose à l'histoire et
que je connaisse moi.
Memento mori, il y a 700 ans, les Templiers
Introduction
S'il est un groupe qui a appelé bien des fantasmes, c'est bien l'ordre des
Templiers.
Ordre religieux, mais guerrier, créancier des puissants, arrêté, jugé et
détruit, mais renaissant, sans cesse dans les sectes, les livres et
l'imagerie populaire.
Qui étaient les Templiers ?
Pourquoi vivaient-ils, pourquoi sont-ils morts ?
Où est passé leur trésor et a t’il seulement existé ?
Que sont devenu les survivants, et quel rapport avec nos sectes moderne ?
Voila de nombreuses questions auquel nous allons essayer de répondre !
Dans un premier temps, nous nous intéressons à la terre sainte, son histoire
dans l'Histoire et comment ont commencé les croisades.
Ensuite viendra l'ordre lui même, sa création, son fonctionnement et son
fameux trésor, et sa fin, sous le joug de Philippe le bel.
le concile cadavérique (897)
Formose est un archeveque saint et plein de bonté mais qui se retrouve un
jour pris dans un de ces scandales que connaît Rome à cette époque.
devant les accusations et craignant pour sa vie, il décide de fuir Rome, ce
qui le fait passer, automatiquement du statu de victime au statu de complice
(seuls les complices fuient) !
et voila notre bon Formose excommunié, un peu involontairement, ce qui, pour
un saint-homme est fort gênant !
le scandale se tarissant, les réels auteurs de l'exaction ayant été
arrêté, Formose décide de revenir dans la communauté des chrétiens et,
pour obtenir sa ré-habilitation, jure de ne jamais revenir dans Rome et ne
plus briguer de charges ecclésiastiques, petite concession s'il en est, pour
etre réintégré dans la communauté des croyants !
Après la mort du pape Jean VIII en 882, et l'effondrement de l'empire
carolingien, l'aristocratie romaine cherche par tous les moyens à contrôler
la papauté ce qui lui permet, indirectement de contrôler l'élection de
l'empereur du saint empire romain germanique.
Malgré sa préférence pour Arnulf de Carinthie (bâtard de Carloman), le
pape Étienne V est contraint (par l'aristocratie italienne, donc) de
couronner Guy de Spolète, empereur d'Italie.
À la mort de Guy de Spolète (894), le pape a changé. et, lorsqu'il s'est
s'agit de le remplacer, on a choisit un saint homme, éloigné depuis des
années, notre bon Formose !
dans la mesure où il a juré de ne pas s'approcher de Rome, on a décidé
d'annuler cette promesse, puis on l'a invité à venir, puis forcé parce
qu'il ne voulait décidément pas rentrer !
Le pape Formose, qui a succédé à Étienne V, doit couronner le fils de Guy,
Lambert de Spolète, empereur. Mais lorsque Guy de Spolète meurt en 896,
Formose, rompt l'alliance de la papauté avec les Spolètes et couronne Arnulf
de Carinthie. Il se libère ainsi de la tutelle de l'aristocratie romaine.
et vous pouvez l'imaginer, c'est assez mal vécu par ces derniers !
Les Spolétains quittent donc Rome assez en colère, mais leur vengeance
arrive car en 897, Formose meurt à son tour.
En 897, les Spolétains reviennent donc à Rome, décidés de se venger et
obligent Étienne VI (qui vient de succéder à Boniface VI, éphémère
successeur de Formose), à organiser un jugement posthume, que l'on a appelé
le concile cadavérique.
on va donc déterrer Formose, lui enlever son linceul (qui est décrit comme
« collant à la peau »), lui remettre ses habits de pape, le poser dans la
chaire du pape, lui adjoindre un vicaire terrorisé pour « parler à sa place
» et le juger pour s'être déjugé, il avait promis de ne plus revenir à
Rome et de ne plus briguer de charges ecclésiastiques (or, Pape, c'est une
charge ecclésiastique, vous en conviendrez), vous vous rappelez (vous vous
rappelez aussi que cette promesse avait été levée, mais on a juste oublié
de s'en souvenir à l'époque).
le jugement est sans appel, le pape Formose est destitué, puis rayé des
listes des papes, ses 3 doigts servant à bénir la foule sont coupés, ces
même trois doigts qui ont béni Arnulf de Carinthie lorsqu'il est devenu
empereur... ce qui a pour effet immédiat d'annuler aussi la nomination de ce
même Arnulf de Carinthie, comme quoi, le hasard fait bien les choses !
puis son cadavre est jeté dans le Tibre.
tout cela ne portera pas bonheur au pape suivant (Étienne VI) qui devra faire
face à une émeute populaire, car Formose avait été bien apprécié de la
foule ! (Étienne VI finira étranglé dans une prison).
le corps de Formose est retrouvé puis les successeurs d'Étienne VI le
réhabilitent et le corps repêché est inhumé dans la basilique
Saint-Pierre. La légende veut que, sur le passage du corps, les statues des
saints se soient inclinées pour le saluer.
mais si le concile cadavérique est passé, la guerre entre Spolétains et
Formosiens se prolonge bien après la mort d'Étienne VI.
Aucun de ses successeurs ne parvient à apaiser les troubles :
- Léon V est jeté en prison et assassiné (903) par l'antipape
Christophore.
- Ce dernier qui s'appuie sur les Formosiens est à son tour renversé (904)
par Serge III qui s'appuie sur les Spolétains.
- Un concile casse à nouveau les ordinations de Formose.
La terre sainte, de -100 aux croisades
Les juifs
On ignore de la date exact d’arrivée des juifs dans la future Israël. La
Torah ou l’ancien testament nous raconte l’histoire de divers peuples,
sémites, qui se seraient enfuit d’Egypte, aurait conquis divers places
fortes puis se serait installé finalement, en phagocytant les peuplades aux
alentours.
A cette époque, le Juif monothéiste est minoritaire dans la population
grandement polythéiste ou chamaniques, mais on ne sait pas grand chose sur
les autres populations.
Les romains
L’empire romain a atteint une limite au nord et commence à empiéter sur le
moyen orient dès Jules César. C’est, en effet, pour protéger son royaume
qui est en train de disparaître que Cléopatre va se donner à César, puis
à Marc-Antoine, pour finir par de suicider.
Vers l’an 0, la terre des juifs, ainsi que toutes les terres qui l’entoure
sont sous domination romaine. Cette domination n’est qu’imparfaite pour
les raisons suivantes :
Rome a toujours eu une technique pour pacifier les tribus conquises " la
romanisation ".
- ne pas emprisonner les chefs mais prendre leurs enfants en otage.
- montrer aux enfants la vie à la romaine, tellement mieux
- rendre les enfants romanisés, ou mieux encore, les envoyer commander les
légions romaines sur place
- construire une ville tout confort et attirer sur place les chefs
- une fois les chefs romanisés, le reste suit.
cela a marché avec les gaulois, et la plus part des peuples conquis, sauf les
peuples refusant catégoriquement (par exemple les germains qui, en 4 après
JC vont détruire deux légions (la XVIIème et la XVIIIème) et la ville
qu'on leur avait construit un an plus tard), ou les peuples ayant déjà de
grosses villes.
Et il se trouve que Jérusalem est une grosse ville !
Durant le premier siècle, donc, il va y avoir de nombreuses rebellions des
juifs, rebellions qui seront écrasées l’une après l’autre, jusqu’à
la dernière en 77 où les Zealotes décident de se suicider, eux et leur
famille entière, plutôt que de tomber vivant aux mains des romains.
A la fin du premier siècle, le Temple de Jérusalem est détruit, son trésor
a servit à construire le grand cirque à Rome.
Vers 320, il se passe un élément important pour la chrétienté,
l’empereur se convertit au christianisme !
Jusqu’à cet instant, les chrétiens, considérés comme une secte juive,
avaient servis de soupape contre la colère populaire (comme lors de
l’incendie de Rome, sous Néron), ou de nourriture pour les lions. Ainsi
est-il étrange de voir Constantin se convertir ainsi !
Le christianisme devient peu après religion d’état, puis de tout
l’empire.
Les byzantins
Ce même empereur va avoir un autre rôle important dans notre histoire : il
va fonder Byzance, ou du moins Constantinople.
Constatant que l’empire est devenu trop grand pour être gouverné de Rome,
Constantin va décider de prendre un petit village nommé Byzance pour en
faire la capitale de l’empire d’orient, sous le nom de Constantinople.
Constantinople (vite renommée Byzance) va survivre à l’écroulement de
Rome (en 476), la monté des peuples germaniques et des slaves.
Vers le début du 8ème siècle, la religion de la terre sainte est
officiellement la religion chrétienne. Officiellement, parce que Byzance
n’a jamais eu assez de soldat pour tenir le pays, et ne sera pas en mesure
d’arrêter le déferlement musulman qui va commencer à partir de l’an 700
(l’Egire).
Les musulmans
Les Arabes sont des sémites, comme les juifs. Ils sont plutôt originaire de
la péninsule arabique, et ont originellement une religion semblable aux
autres sémites : chamanisme, polythéisme. C’est après l’arrivée de
Mahomet que les arabes, devenus musulmans, vont conquérir le reste du moyen
orient.
L’analyse du Coran indique qu’il s’est construit pour lutter contre les
ennemi de Mahomet, les polythéistes. Dans cette optique, les autres
monothéistes, chrétiens et juifs, sont considérés comme amis, Jésus
étant intégré sous le nom d’Issa dans la religion Musulmane.
Q u o t e:
Les noms de Mahomet
Mohammed, Muhammad (deux graphies différentes du même nom)
Memet (turc)
Mahomet (européen, depuis le turc)
Baphomet (en Langue d’Oc, le nom de la tête coupée, soit-disant adoré
par les Templiers)
C’est pourquoi, après les violences de la conquête, les Arabes vont
observer une relative bienveillance vis à vis des chrétiens, leur imposant
un impôt pour le fait d’être infidèles (Dhimmi) mais leur laissant la
liberté de culte.
(Habile diplomate, Charlemagne, vers l’an 800 parvient à se faire
considérer, par Harou-al-rachid, le calife de Bagdad, comme protecteur des
chrétiens et surtout du saint Sépulcre, le lieu où avait été enterré
Jésus.
Le statu quo va durer 200 ans, ponctués de pèlerinages des chrétiens vers
la terre sainte..
Au début du XIème siècle, la Palestine passe sous domination du calife
fâtimide égyptien qui va changer cette politique.
En 1009, les autorités islamiques de Syrie décrètent le sac de Jérusalem
et la destruction du Saint Sépulcre, mais tant que Byzance tenait bon, les
pèlerinages ne se sont pas arrêtés. Cela ne dura pas.
En 1071, les troupes, les troupes de l’empereur Byzantin Alexis Comnène
sont mis en déroute par les turcs à Manzikert et les turcs entrent dans la
terre sainte. En cette même année, Byzance est obligé de résister (avec
des difficulté) à une invasion normande.
Byzance est à genou, il n’a d’autres choix que d’appeler à l’aide le
frère ennemi : l’occident.
Les européens
En Europe, au moment où commencent les croisades, une révolution
s’achève. Le chevalier, tel que nous le connaissons dans les romans
n’existe pas encore, il est en cours d’évolution, mais il a atteint un
stade d’évolution suffisant pour la croisade.
Pour comprendre cette évolution, il faut revenir à la base, germanique, de
la cavalerie lourde, puis suivre son évolution :
Vers l’an 200, lorsque le roi désire partir en guerre, chaque membre de la
tribu possédant assez de terre doit partir avec lui. L’unité de base de
surface pour récolter assez d’argent pour acquérir l’équipement de
guerrier est nommé le tonlieu. Tout homme libre ne possédant pas assez de
surface doit s’allier à un (ou plusieurs) autre(s) homme(s) libre(s) pour
faire partir un combattant.
Vers l’an 800 (époque de charlemagne), l’équipement a augmenté en pris
et la surface est passé à 5 tonlieux. Forcément, petit à petit, apparaît
une caste de combattant professionnels, payés par les paysans pour combattre
à leur place. Vers 800 également arrive en Europe l’étrier, nécessaire
à la charge à la lance couchée.
Vers l’an 950 et 1000, ces guerriers, nommés « miles », sont devenus
incontrôlables et se livrent a des exactions d’autant plus intolérable
qu’il n’existe plus de pouvoir centralisé assez fort pour les en
empêcher (l’autorité carolingienne s’étant effondrée).
Entre le Xéme et le XIIéme siècle, les seigneurs locaux s'adjoignent les
services des milites.
Pour garder le chevalier à ses cotés, le seigneur va lui donner de l'argent
d’abord, puis des terres. Charge lui sera donné de la défendre et
défendre également son seigneur.
Ces chevaliers, vassaux de vassaux seront nommés “ vavasseurs ”, ils
forment l'arrière-ban du roi. Les chevaliers dépendant directement du roi
(ou d'un seigneur assez riche pour se passer du roi) seront membre du ban et
donc nommés bannerets.
Enfin, les chevaliers errants n'ont pas de seigneurs attitrés et passent leur
vie à la guerre.
Aux alentours du XIIéme siècle, la chevalerie est un groupe d'élite. Elle
regroupe des guerriers professionnels aux passions dévastatrices : ils
pillent les églises et les villages et les seigneurs n'ont pas d'autre
possibilité que les engager - et les garder calmes - ou les combattre.
Vers 989 (concile de Charroux), devant la vacance du pouvoir royal, l'église
reprend petit à petit en main ces guerriers.
Pour cela, elle va édicter des règles strictes pour empêcher les dégâts
occasionnés :
- interdiction est faite d'attaquer et rançonner les églises et les démunis
(989)
- puis l'interdiction est étendue aux personnes non armées ou démunies (les
paysans par exemple)
- christianisation de l'adoubement
- interdiction d'user d'armes certains jours (du vendredi soir au lundi matin
puis incluant les vendredi et lundi, il a même été proposé du mercredi
soir au lundi soir)
Ces interdictions, renouvelés souvent (preuve du relatif manque d'efficacité
de la mesure) sont nommés trêve de Dieu (1027, concile d'Elne), puis paix de
Dieu.
Vers l’an 1100 (début des croisade), les « miles » rentrent dans le rang
petit à petit et comme l’Europe s’apaise, il convient d’occuper ces
gens ailleurs. On va donc leur proposer de sauver leur âme en allant libérer
le tombeau du Christ.
La croisade
Vers 1085, le pape Grégoire meurt avant de voir la réalisation de sa grande
œuvre : venir en aide à Byzance.
Son successeur, Urbain II, décide de réunir tous les seigneurs d’Europe en
1095 en vue de préparer un n-ième concile portant sur la « Paix de Dieu ».
Mais en guise de « Paix de Dieux », il va leur faire une toute autre
proposition : libérer la terre sainte.
Bien sûr, pour motiver encore ces guerriers, il leur promettra également que
les trésors et les terres conquises leur seront attribués.
Partout dans l’europe se forment, spontanément, des mouvements qui vont se
joindre à la croisade et conquérir la terre promise. Cette croisade eut
alors comme cri de ralliement « Dieu le veut ! » et tous ceux qui prirent
part à la croisade furent marqués par le signe de la croix, devenant ainsi
les croisés. Cette action aboutit le 15 juillet 1099 à la prise de
Jérusalem par les troupes chrétiennes de Godefroy de Bouillon.
En ce qui concerne les mentalités, il y a également une évolution car
l'église, après l'avoir combattu, “ légalise ” le chevalier et la
violence qu'il représente. C’est donc dans cette ambiance de « Miles
Christi » que naissent les Templiers, nous allons maintenant voir comment
cela a eu lieu.
la suite... de la création de l'ordre au début des ennuis
La création de l'ordre
Le roi de Jerusalem, Baudouin Ier, puis son successeur Baudouin II, succédant
à Godefroi de Bouillon (duc de lorraine) se trouve confronté à un grave
problème : la plus part des chevaliers s’en sont retournés une fois la
terre sainte prise (environ 6 sur 10 selon les sources). Ainsi voit-il d’un
bon oeil la milice qu’est en train de monter un certain Hugues de Payns !
Cette milice loge, pour le moment, à proximité de la Grande Mosquée
d’al-Aqsa, située elle même près du Temple de Salomon. La mosquée est
habitée par des chanoines, nommés chanoines du Temples, et reçoit, comme
frères convert, une bande de chevaliers, pas tout à fait ecclésiastique et
plus tout à fait dans le siècle, non plus.
Hugues de Payns, homme d’un certain age, veuf, se sent attiré par la vie
monastique, mais a décidé de passer sa vie à protéger les pélerins qui
reviennent en masse vers Jerusalem. Il va décider ses 9 compagnons à entrer
en religion, en prononçant vers 1120 les trois voeux monastiques –
obéissance, pauvreté, chasteté – devant le patriarche de Jerusalem, qui
leur confie officiellement la mission de combattre pour protéger les
pélerins.
A partir de là, et sous la pression de Baudouin II, les donations commencent,
et en particulier un palais près du Temple de Salomon. On commence à appeler
les membres de la confrérie « Militia Salomonica Templi », puis plus tard
« Fratres Templi » ou encore «Templarii ».
Les Templiers ont un nom, il leur faut un statu.
St Bernard et le statu des Templiers
Pour comprendre l’incohérence même associée à la notion de moine soldat,
il faut s’intéresser aux règles de droit successives.
On parles toujours de la loi du talion (« un œil pour un œil, une dent pour
une dent ») comme quelque chose de négatif, mais cette loi est en fait une
révolution. Avant que cette loi ne soit édictée, la loi en cas de
règlement de compte était plutôt la loi du plus fort : « on me crève un
œil, je tue tout le monde ». la loi du talion, donc, doit être vu comme un
moyen de limiter des vendettas et autres sur-enchère, en proportionnant la
réponse à l’attaque.
Par dessus cela, vient se greffer le christianisme qui dit que « si on te
frappe sur la joue gauche, tend la droite ». La doctrine chrétienne est donc
basée sur la non violence, et c’est cette doctrine qui va pousser les
premiers chrétiens à refuser de s’enrôler dans l’armée romaine, par
exemple.
Si on suit cette idée de non violence, un moine ne peut, donc, pas être un
soldat !
Cependant, nous l’avons vu, la religion chrétienne a modifié son point de
vu lors de la croisade ; mais il n’empêche que ce reproche leur sera fait
pendant un certain temps.
Toujours dans son objectif de créer une milice de moines armés, Hugues va
tenter de demander de l’aide au prieur de la grande chartreuse, en 1128. ce
dernier lui fera la réponse suivante : « ce n’est pas contre les
adversaires de chair et de sang que nous devons lutter, mais contre les
Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de
tenèbre, contre les Esprits du mal qui habitent les espaces célestes »
(Epitre de Saint Paul aux Ephesiens).
Cette réponse ne peut guère aider le futur Templier car elle émane d’une
personne n’ayant jamais combattu, et encore moins affronté les musulmans au
comportement particulièrement horrible vis à vis des Dhimmi (traîné sur le
sol, tiré par un cheval, exécution publique, conversion forcée…).
Huges de Payns va alors se tourner vers un mystique, le futur Saint Bernard,
qui, comprenant l’urgence de la situation, va rédiger une charte
définissant ce qu’est un Templier. Il ne reste qu’à la faire accepter
par le Pape et là se pose un dernier problème.
Depuis quelques années, déjà, il y a deux papes, ou plutôt, un antipape
(Innocent II, destitué par la curie romaine, mais qui refuse d’abdiquer) et
un pape (Anaclète II, élu après la destitution d’Innocent II). Cette
situation, qui va se répéter de nombreuses fois dans l'histoire du vatican,
est essentiellement dû à la politique interne de Rome (on en a eu un exemple
avec le concile cadavérique) et plonge à chaque fois la chrétienté dans le
chaos.
Bernard est du coté d’Innocent II, réfugié en France, mais ce dernier
n’a aucun pouvoir. Le futur saint va alors manœuvrer pour qu’Innocent II
retrouve son trône pontifical.
En récompense, l'antipape Innocent II, qui n'a pas encore retrouvé ses
droits, va officialiser cette milice du Christ, sous le nom de Templiers, lors
du concile de Troyes, le 13 janvier 1129, et, afin d’éviter la
récupération par les puissants de ces guerriers, les lier définitivement au
pape. Personne, à part lui ne pourra leur donner d’ordre, charge à eux de
s’occuper de la défense de la terre sainte.
Et, vers la fin de 1138, après la mort d’Anaclète, l'antipape retrouve
enfin son trone, ce qui finit d'officialiser la création de l'ordre.
Enfin, lors du concile de Paris de 1147, le pape Eugène III décide
d’accorder aux Templiers le privilège de porter une croix d’étoffe rouge
cousue sur l’épaule droite pour rendre irrémédiablement reconnaissable
leur vocation au martyre.
La vie quotidienne des Templiers et la vie monastique
« L'Éloge de la Nouvelle Milice (De laude novae militiae) » est une lettre
que saint Bernard de Clairvaux envoya à Hugues de Payns, dont le titre
complet était « Liber ad milites Templi de laude novae militiae. »
Bernard y souligne l'originalité du nouvel ordre : le même homme se consacre
autant au combat spirituel qu'aux combats dans le monde.
De plus, ce texte contenait un passage important où saint Bernard expliquait
pourquoi les Templiers avaient le droit de tuer un être humain : « Le
chevalier du Christ donne la mort en toute sécurité et la reçoit dans une
sécurité plus grande encore. […] Lors donc qu'il tue un malfaiteur, il
n'est point homicide mais malicide. […] La mort qu'il donne est le profit de
Jésus-Christ, et celle qu'il reçoit, le sien propre. […] "
Bernard fait donc bien l'éloge de la Nouvelle Milice, mais non sans nuances
et précautions... Tous ceci trace un portrait volontairement idéal du soldat
du Christ, afin de le donner comme un modèle qui sera toujours à atteindre.
Si les templiers sont bien des moines, ils sont également des soldats.
Cette distinction va provoquer de profondes modifications par rapport aux
autres rêgles :
Le templier est idéalement un homme veuf, noble et suffisamment âgé. En
effet, un jeune homme n’est pas sûr s’il est pris trop jeune, les
gamineries ne sont pas de mises dans une caserne
Le templier est pauvre, au sens qu’il vit humblement. Il ne possédera que 4
deniers au maximum, tout dépassement sera considéré comme un vol.
Le templier ne cour pas les honneurs pour lui même, mais pour le Temple.
C’est à dire qu’il ne cherchera pas à se mettre en avant, mais au
contraire fera tout pour qu’à travers lui, c’est l’ordre des templiers
qui soit loué
Le templier ne chasse pas, n’a pas les cheveux longs, le fait pas de
tournois… bref aucune des activités normales des nobles.
Le templier ne se mortifie pas, il mange sainement, ne se prive pas et doit
prier assis… bref il doit être près physiquement à chaque instant, il ne
doit pas s’épuiser.
Ces règles, plus divers autres vont former un groupe homogène, capable de se
sacrifier, capable de rester sous le feu ennemi debout alors que les autres
fuient, remplaçant un frère mort par son propre corps…
Bien évidemment, Saint Bernard ne se fait pas d’illusion sur la parfaite
tenue des troupes, et il va prendre soin d’ajouter qu’il est nécessaire
de tester les nouvelles recrues…
Un curieux rituel !
Au moins un siècle avant leur tragique disparition, un curieux rituel
d’entrée, de test, apparaît dans l’admission des jeunes recrues.
Après avoir fait promettre de défendre le christ, l’intronisateur officiel
se retirait et entrait un second et ce dernier se livrait sur la recrue à un
espèce de bizutage.
Tout d’abord, ils échangeaient le baisé de paix, rituellement sur la
bouche comme tous les ordres monastique, mais aussi sur le ventre et sur les
fesses. Cette action, et celles qui suivaient avait pour objectif de tester la
capacité d’obéissance des jeunes recrues.
Une fois passé à l’acte, on l’amenait dans une pièce à part, là, un
crucifie au sol. On lui demandait cracher dessus, ou de marcher dessus. Pour
la jeune recrue, le monde s’écroulait, il venait de se donner à Dieu et
voilà qu’il devait le renier aussitôt.
Certains crachent à coté, d’autres refusent, on les menaces, on leur met
une épée sous la gorge, on les emprisonne, on les bats…
Complètement choqué, la jeune recrue se voit alors obligé d’accepter
l’homosexualité, dans le cas où un de ses frères ne pourrait se retenir.
Dans l’ombre, des gens observent, car ils savent bien ce que signifie tout
cela, c’est ce que feront subir les musulmans en cas de capture. Les recrues
qui acceptent tout de suite sont aptes à obéir quoi qu’il arrive, ceux qui
refusent quitte à en mourir seront des meneurs d’hommes exceptionnels, et
de profonds défenseur de la foi, ceux qui acceptent en se faisant prier
resteront en arrière car trop faible.
Bien sûr, le rituel s’adapte, et on voit certains intronisateur proposer à
des jeunes particulièrement forts de mettre leur main devant le crucifie pour
le protéger, et s’abstiennent de faire subir la suite du rituel…
L’important, finalement, est de tester les jeunes, de tester leur courage et
leur foi.
L’ennuis, c’est que les jeunes recrues, choquées vont aller se confesser
aux prêtres du village voisin, et que forcément, les rumeurs commencent à
se répendre..
L'aspect financier
Lorsqu’Innocent II a reconnu officiellement les Templiers, il leur a
accordé un pouvoir spécial qui était celui de détenir de l’argent, à
condition que cet argent serve à financer le combat en terre sainte.
En ces années du XIème et XIIème siècle, la fortune est essentiellement
terrienne, et quand un seigneur décide de faire un dont, lorsqu’il décide
de devenir Templier (parfois même juste avant de mourir), il donnera des
terres au Temple.
Si le Templier ne peut posséder que 4 deniers sur lui, l’Ordre, lui,
devient alors un riche propriétaire terrien, terres qu’il fait donc
fructifier pour financer la croisade et la défense de la terre sainte.
Sous l’impact d’Innocent III, le Temple va prendre un rôle de banque,
pour le Vatican d’abord puis pour les puissants ensuite.
Le roi de France va bientôt leur donner les rênes des finances du Royaume,
en faisant construire la grande tour du Temple en plein Paris.
Enfin, l’ordre va proposer un système de prêt sur gage (le prêt est
interdit à quiconque, sauf les Templiers, depuis 1197), moyennant un dont (ce
qui était interdit aux autres éléments de la société), ou encore un
service de transport de fond sécurisé, l’argent (qui ne leur appartient
pas, est transporté par les Templiers jusqu’en terre sainte).
-----------
au milieu du XIIéme siècle, lors de la première croisade de St Louis, le
frère du roi est capturé par les musulmans qui en demandent une rançon
gigantesque.
Le roi se tourne alors vers les Templiers qui gardent les coffres des
transport de fond, et leur demande de lui donner l’argent immédiatement.
Les Templiers refusent catégoriquement pour deux raisons : l’argent ne leur
appartient pas, il s’agit juste d’un transport, leur règle leur interdit
de prêter de l’argent à des gens extérieur au Temple sans la permission
de leur supérieur. Hélas le grand maitre Guillaume de Sonnac a été blessé
à mort lors d’une bataille et il n’y a personne pour le remplacer.
Le mode d’élection étant assez long, le Maréchal Templier Raynaud de
Vischer propose une solution qui permet à tout le monde de garder la face. Il
propose au roi que ce dernier vole l’argent mis en gage, ce que ne
pourraient empêcher les Templiers présents, charge à lui de rembourser
ensuite le Temple avec une partie du trésors royal entreposé au Temple à
Paris.
------
il est évident qu’une telle quantité de richesses, ainsi que les
privilèges associés va faire des envieux.
La fin de l'ordre
La perte de la terre sainte, la perte de la mission
La terre sainte ne restera pas chrétienne. Successivement, les croisés vont
perdre Jérusalem (face à Al-Malik an-Nâsir Salâh ad-Dîn Yûsuf,
Salaheddine ou Saladin (1138-1193) en 1187), puis toutes les autres villes
chrétiennes. Les différentes croisades n’y pourront rien (l’une
d’entre elles va même être détournée par les vénitiens et causer la
perte de confiance définitive entre catholique et orthodoxes, en 1204).
Vers la fin du XIIIème siècle, le royaume d’outremer n’est plus réduit
qu’à un micro état de 4 places fortes, qui finira par disparaître en
1291, avec la prise de Saint Jean D’Acre.
La perte successives de ces places fortes s’accompagne, systématiquement,
du massacre des Templiers et Hospitaliers présents. Les musulmans, en effet,
sont terrifiés par les moines soldats « race immonde, la pire parmi les
infidèles », qu’ils jugent invincibles et fanatiques. Chaque fois qu’ils
prendront un de ces derniers, ils tenteront de la faire abjurer sa foi,
cracher ou marcher sur la croix, avant de le tuer de la manière la plus
horrible possible.
En 1187, lorsque tombe Jérusalem et surtout Hattin (1179), tombe aussi toute
l’élite des Templiers. Le grand maître, ainsi que tous ses seconds sont
morts en défendant la ville, ou assassinés en détention, et l’ordre a du
mal à s’en remettre. Pour permettre un rapide retour en état de l’ordre,
le pape de l’époque, Innocent III, décide de ré-orienter l’ordre dans
des fonctions bancaires (on l’a vu), mais aussi de diminuer la difficulté
des conditions d’entrée. Pourront, désormais, devenir Templier une
personne excommuniée, à condition qu’elle se soit amendée, on ouvre
également aux bourgeois...
Petit à petit, l’ambiance change dans les rangs, même si l’impact
d’une telle décision est d’abord bénéfique, puisque les Templiers
tiendront la terre sainte pendant encore un siècle.
Quoi qu’il en soit, la terre sainte est perdue en 1291 et les Templiers se
replient sur Chypre, en espérant, toujours, repartir à l’assaut.
Les critiques, jusqu’alors peu nombreuses étant donné la réputation des
Templiers, commencent à sortir, on parle d’humiliations, d’homosexualité
et d’hérésie.
Devant la perte de réputation, devant la perte de l’efficacité, le Pape
Nicolas IV, décide de réunir les Templiers avec un autre ordre de moines
soldats, les hospitaliers. La mort du pape en 1292 arrête net cette idée,
les deux papes suivant auront bien d’autres choses à penser, on va le voir,
et le projet est oublié pendant quelques années encore.
En 1292, également, Jacques de Molay est élu grand maître du Temple, et il
ne peut que constater la perte de la mission des Templiers.
Il ne peut, également, que s'inquiéter des rumeurs, il a bien raison.
La géopolitique du début du XIVème siècle,
Philippe le Bel et la papauté
Lorsque meurt Nicolas IV en 1292, la papauté est, une fois de plus, dans une
situation délicate. Le Pape Nicolas a pris parti pour des cardinaux et a
bouché la carrière d’autres, ceux de la famille Colonna, ce qui a
provoqué de nombreux remous dans l’Eglise.
Devant la réputation du Pape décédé, la Curie décide d’élire un Pape
Saint, quitte à ce que ses capacité politiques soient moindre.
Joachim de Flore, est donc nommé Pape en 1292 sous le nom de Célestin V,
dés le début, on le nomme le « Pape Angélique » tellement sa réputation
est grande. Hélas, la sainteté ne lui évite pas de faire confiance à de
mauvaises personnes et la Curie en arrive bientôt à la conclusion qu’il
faut s’en débarrasser.
Célestin V va démissionner en 1294 pour être remplacé par Benedetto
Caetani, Boniface VIII, un compromis acceptable mais qui ne contentait que peu
la famille des Colonna, et le Roi de France, Philippe le Bel.
Constatant que les caisses de la papauté sont vides, le Pape demande une
contribution de toute la chrétienté. Le trésors est tel qu’il sera
attaqué sur le chemin de Rome par des membres de la famille Colonna.
Le pape convoque immédiatement les deux cardinaux Colonna qui refusent de se
rendre, éditant même le « Manifeste de Lunghezza » dénonçant les
malversations qui ont eu lieu lors de l’élection de Boniface, ce qui
remettait en cause sa légitimité.
Sur ce, entre en jeu Philippe le Bel…
En 1294, le Roi de France attaque le territoire anglais de Gascogne. La guerre
qui s’éternise coûte cher aux deux rois qui se voient obligé de lever un
impôt sur leur royaume, y compris le clergé, ce qui, jusque là ne
s’était jamais vu.
Il faut dire que Philippe le Bel est en train de mettre en place un nouveau
style de royauté, la royauté de droit divin :
Se déclarant descendant de Clovis, oint du saint Chrême, défenseur de la
foi et de la chrétienté, il entend régner sur tous, le clergé y compris,
ceux qui vivent en France. Ce mouvement en est encore à ses débuts et
aboutira, à l’issus de la guerre de 100 ans à la monarchie absolue en
France et à l’anglicanisme en Angleterre.
Evidement, le pape n’est guère heureux de ce point de vu et voit d’un
très mauvais œil la ponction d’argent que le Roi a effectué sur
l’église.
Philippe le Bel va ré-activer l’opposition au Pape en la personne des
Colonna afin de le déstabiliser. Boniface cherche alors l’apaisement en
béatifiant Saint Louis, grand père de Philippe le bel et en lui donnant le
droit, lorsque le royaume est grandement menacé, de ponctionner l’église.
Puis Boniface va demander 12 000 florins d’or au Temple et à l’Hôpital
afin de financer la guerre contre les Colonna, cet acte aura des
conséquences.
L’apaisement échoue lorsque les services du Pape insultent le Roi de
France, le traitant de « Grand Duc », cet oiseau magnifique, mais qui ne
peut que regarder ses interlocuteurs, sans parler, et la bataille larvée
reprend.
S’emparant pleinement de la thèse Colonna, utilisant le penchant du Pape
pour le luxe, et des paroles prononcées en privé, Philippe le Bel et ses
juristes construisent une image du Pape complètement déformée, d’autant
plus aisée que Boniface arrive immédiatement après un Pape Angélique,
l’amenant à lui faire tenir des propos proche de l’hérésie !
Le « Grand Duc » affronte donc le « Pape Sorcier » !
Excédé, le Pape prononce une bulle excommuniant le Roi de France (« Super
Petri Solio », qui aurait dû être publiée le 8 septembre 1303), ce qui
l’empêchera de mener à bien son projet de se présenter comme le chef de
l’église de France. Le Roi réagit immédiatement en tentant d’enlever le
Pape, le 7 septembre, un jour avant la publication de la bulle !
La population d’Anagni, la ville où résidait le pape s’interpose, le
pape est libre, mais meurt le 11 septembre des conséquences de cette « nuit
d’Anagni ».
La bulle d’excommunication n’est pas annulée, mais elle n’est pas
publiée non plus, elle restera comme une épée de Damoclès au dessus de la
tête de Philippe le bel jusqu’à la fin de sa vie.
Le successeur de Boniface, Nicolas Boccasini (Benoit XI) tenta une
réconciliation avec le roi de France et les Colonna, il mourût moins d’un
an après être monté sur le trône, empoisonné.
En 1305, après de nombreuses tractations, le français Bertrand de Got
accède au trône pontifical sous le nom de Clément V, forcé par Philippe le
bel de se faire introniser Pape à Lyon.
Lors de cette même intronisation, Philippe le Bel parlera au Pape
nouvellement élu de grave problème au niveau de la réputation des
templiers, il lui dira qu’on murmure même le mot « d’hérésie » à
leur égard. Le Pape n’y prêtera pas attention, pas encore.
Le problème de la papauté étant, pour le moment, réglé, Philippe le Bel a
déjà tourné son regard vers un autre problème :
La guerre entre la France et l’Angleterre, qui va dégénérer en guerre de
100 ans, continue à coûter une fortune au Roi (dans ce but, il taxera, entre
autre, les Lombards en 1307 et 1309, ou les juifs avant de les expulser). Ce
dernier tente de couper l’or des pièces de monnaie en y ajoutant un
alliage. Cette escroquerie est découverte et le Roi forcé (en 1306) de
s’enfermer dans la Grande Tour du Temple, là où est entreposé l’argent
des templiers.
Philippe le Bel connaît bien l’étendu des fonds templiers, vu qu’une
bonne partie de ces derniers viennent de la trésorerie royale, mais le fait
d’être confronté à tant d’argent, alors qu’il en manquait a
peut-être déclenché chez lui des envies.
Plus sûrement, le fait d’avoir une société armée (évaluée à quinze
mille hommes dont mille cinq cents chevaliers entraînés au combat, force
entièrement dévouée au pape), supra-nationale, non soumis à lui, capable
d’alimenter le Pape - son ennemi – en argent (on l’a vu avec les 12 000
florins d’or) a dû l’inquiéter dans son projet d’unifier la France,
laïquement et spirituellement sous son nom.
On ne peut exclure, enfin, qu’en bon chrétien, il ai décidé
d’intervenir dans cet ordre à la réputation de plus en plus sulfureuse…
Toujours est-il que Philippe le Bel décide de contrôler le temple, il tente
de se faire élire grand maître, tout en restant roi de France, mais on le
lui refuse, alors, il choisit une autre voie.
Le Temple en 1307
En 1307, le temple a désormais deux visages.
Le premier, on le connaît, est militaire, il descend des premiers templiers.
Il est basé à chypre et projette de reprendre la terre sainte, son chef en
est Jacques de Molay.
Le second est financier.
Depuis la création du temple, des bourgeois avaient été admis à des postes
subalternes, comme intendants ou comptables. Le temps passant, le temple
devenant de plus en plus riche, la fonction de gestion de l’argent a pris
une part de plus en plus importante.
Quand les papes et les rois ont commencé à donner la gestion de leurs
trésoreries au temple (en 1146 pour la France), le Roi de France a fait
construire une gigantesque tour, la « grande tour du temple », pour y
entreposer ces trésors.
Le chef de cette partie, logiquement sous la direction du grand maître est le
Visiteur de France Hugues de Payraud.
Les services de Philippe le Bel, menés par Guillaume de Nogaret, vont se
rapprocher de ce Hugues de Payraud (sans qu’on sache vraiment s’ils
avaient agis par menace, s’ils l’avaient acheté ou s’ils lui avait
promis un rôle plus important dans le futur temple remanié).
On le voit déjà signer la condamnation de Boniface, puis il accorde à
Philippe le Bel un prêt de 300 000 florins d’or (le budget annuel d’une
république comme Venise) qui a déjà vidé une bonne partie des coffres du
temple.
Le grand maître réagit en condamnant le trésorier du temple, et en
suspectant Hugues de Payraud, mais Philippe le Bel fera des pressions sur le
Pape pour que ces condamnations soient levées.
Sentant que le pouvoir lui échappe, sentant que les rumeurs d’hérésies
qui fleurissent çà et là risquent d’entacher l’honneur du Temple,
Jacques de Molay décide de demander au Pape une enquête pontificale sur
l’Ordre, afin de repartir sur de bonne bases.
Le Pape, de son coté subit de plus en plus la pressions des services du Roi
de France et commence à se poser des questions : et si, effectivement,
l’hérésie avait frappé l’ordre le plus prestigieux de la chrétienté
?
Vers la moitié de l’an 1307 (le 24 août), il fait venir le Grand Maître
en Europe, lui demande une copie de la charte de fondation de l’ordre puis
préviens le Roi de France qu’il est sur le point de commencer une enquête
sur le sujet, et que ce dernier peut donc arrêter de colporter des rumeurs.
Sa stratégie, à ce moment est de reprendre la fusion entre les Templiers et
les Hospitaliers afin de créer un nouvel Ordre (l’Ordre du Saint Esprit) et
repartir à la Croisade !
Le Roi de France ne veut pas d’un ordre unifié qui lui échappe, et voilà
que le Pape propose de refabriquer un nouvel outil, encore plus performant que
l’ancien !
Il veut un Ordre qui lui obéisse, qui soit à sa merci, ou plus d’ordre du
tout.
Mais le Pape est malade, d’une maladie qui l’emportera quelques 7 années
plus tard, et doit, d’urgence commencer une cure de deux mois, pendant
laquelle il sera injoignable, et il commet l’erreur de le dire au services
du Roi de France…
Philippe le bel va lui envoyer le Visiteur de France, Hugues de Payraud, qui
va raconter comment, lors de son arrivée chez les Templiers, il a dû cracher
sur la croix, embrasser les fesses d’un supérieur et qu’on lui a proposé
des relations homosexuelles.
Le Pape ne l’écoute pas, sa cure l’épuise, il refuse de traiter le
problème Templier tout de suite. Alors les services du Roi de France vont
utiliser la maladie du Pape pour lancer, il y a un peu plus de 700 ans, le
plus fabuleux bras de fer de la fin du moyen âge.
L'arrestation
Le 14 septembre, le Roi et ses services ont construit une image du Temple
déformée. Ils ont exploité la moindre rumeur, réunit les témoignages (au
moins une dizaine d’espions sont infiltrés chez les templiers), mis tout
ensemble en un portrait cohérent : Les templiers, du premier jusqu’au
dernier, sont coupables d’avoir renoncé à Dieu, de cracher sur la croix,
et d’autres faits hérétiques.
Dans la journée du 14, donc, toutes les autorités du royaume reçoivent
l’ordre de procéder à l’arrestation de la totalité des templiers pour
dans un mois, pour le 13 octobre 1307.
Il reste cependant un point à régler : le Roi n’a pas l’autorité
suffisante pour juger un ordre directement sous l’administration du Pape !
Pas lui, mais d’autres si, car depuis les 200 ans que durent le Temple,
certaines règles ont changées. L’hérésie a récemment frappé la
chrétienté, les Cathares ont fait des émules et pour les combattre on a
créé l’Inquisition ; et l’Inquisition a droit d’intervention sur tous
les corps religieux de la chrétienté. Si, il y a un siècle, ce droit
d’intervention ne posait pas de problème, tellement les templiers
paraissaient inatteignable, ce droit, temporaire mais qui n’a jamais été
révoqué, va se révéler très intéressant pour le procès qui va suivre.
Le 13 octobre, dans la journée, la totalité des Templiers de France vont se
trouver arrété (seul une poignée arrivera à s’enfuir), dont toute la
hiérarchie, le grand maître Jacques de Molay et le Visiteur de France Hugues
de Payraud, désormais inutile.
A partir de là, les services royaux entament une course de vitesse avec le
pape, encore inatteignable, car en cure.
Les services inquisitoriaux, menés par Guillaume de Paris, Grand Inquisiteur
de France, est persuadé de ne juger que quelques hérétiques, il n’a pas
l’autorité de juger l’ordre en entier. Ils amènent donc les templiers
présents à s’accuser, sous la torture, des hérésies inventées par les
services royaux. La déposition est faite devant les théologiens de la
Sorbonne (afin de donner une valeur religieuse au procès, qui manquait
encore) le 25 octobre. Ce jour là, le chef des services du roi, Guillaume de
Nogaret, annonça l’existence d’une demande de Jacques de Molay à tous
les templiers de confesser leurs crimes. Cette demande, dont la réalité
n’a jamais été prouvée, même à l’époque, permet au tribunaux
d’inquisition de recueillir des témoignages très nombreux, c’est bien
tout l’ordre qui est contaminé et non juste quelques dignitaires !
Comprenant qu’il s’était fait piéger, Hugues de Payraud tente de
protéger ses frères, mais il est trop compromis, et plus personne ne
l’écoute. Le grand inquisiteur comprenant qu’il sort de sa juridiction
tente de ré-orienter la procédure, et c’est à ce moment là que le pape
Clément V revient de sa cure.
L’intervention du Pape, le pacte de
Chinon
Lorsque le Pape apprend ce qui vient de se passer, il réunit en urgence la
Curie à Poitiers. L’acte commis par le Roi est un affront pour
l’épiscopat pour deux raisons :
Tout d’abord, un roi laïc se permet de juger un ordre religieux, qui plus
est dépendant directement du Pape ! Philippe le Bel est donc toujours dans sa
position de regrouper le pouvoir religieux sur sa tête, au dépend du pape.
Ensuite, parce que la Curie est coupée en plusieurs factions, dont une très
importante qui se sent très proche du Roi de France.
Clément décide donc de fulminer (faire paraître) une bulle papale
déclarant qu’il désire rencontrer les chefs du temple. Pour cela, il
envoie le cardinal Bérenger Frédol (neveux du pape, canoniste renommé et
qui a mené une enquête sur les abus des tribunaux d’inquisition) et le
cardinal Etienne de Suisy (qui fut vice chancelier de la couronne) à Paris.
Mais les services royaux les interceptent et vont leur refuser l’accès aux
maîtres. A la place, on leur présente les théologiens de la Sorbonne qui
vont leur répéter ce qu’ils ont entendu des aveux de Jacques de Molay. Ils
n’en entendront pas plus et rentreront chez le pape sans d’autres
informations.
Pour ce dernier, cette mission est un camouflet. Non seulement le Roi n’a
pas obéit aux directives papales, mais voilà que la Curie se coupe en deux,
entre ceux, alliés du Roi de France qui veulent paralyser son action et ceux,
anti-Roi de France qui veulent une réaction violente.
Cependant, la force n’est pas du coté du Pape, bien seul face à la
totalité de la force militaire de la première nation d’Europe.
Quelques temps plus tard, Jacques II, roi d’Aragon, fait parvenir une
demande curieuse au pape ; il demande de pouvoir récupérer les terres
templières, dans le cas où le procès mené en France provoquerait leur
dissolution. Les vautours commencent à tourner autour des templiers.
Désireux de protéger les terres des pilleurs, désireux également de
protéger les hommes eux même en les empêchant de se faire arrêter par le
pouvoir laic, comme en France, le 22 novembre, le Pape demande que soit
arrêtés les templiers de toute l’Europe par les tribunaux ecclésiastiques
(et non plus royaux) et que leur terre soient saisies. À l'exception de ceux
retenus en France, tous les templiers passent donc sous la juridiction
épicospale.
Le 27 décembre, les deux cardinaux sont de retour à Paris, avec pour
mission, une nouvelle fois, de rencontrer les chefs du temple. Pour ajouter du
poids dans la balance, ils ont l’ordre d’excommunier Philippe le Bel si ce
dernier empêche l’entrevue…
Entre les deux visites des cardinaux, la résistance des templiers s’est
organisée et on raconte que lorsqu’enfin, le 27 décembre, ils rencontrent
Jacques de Molay, ce dernier demande à être entendu sur la place de Notre
Dame de Paris. Là il montre les traces de la torture et déclare que tout ce
qu’il a dit avait été obtenu sous la contrainte et qu’il n’y avait
rien de juste.
Devant ce qui apparaît de plus en plus comme un procès politique, Clément V
lève les droits du tribunal inquisitorial, en condamne la torture, il
interdit toute interrogation des templiers qu’il réaffirme comme étant
sous son autorité. Puis il demande au Roi de France de lui livrer des
templiers, dont les chefs, afin de mener sa propre enquête.
Le printemps 1308 est l’objet de tractation entre la couronne de France et
la couronne pontificale. Les service du Roi de France, guillaume de Nogaret en
tête, vont brusquer le Pape, lui rappelant la fameuse nuit de d’Anagni, lui
rappelant qu’il n’est pas immortel, et même qu’il est malade et que ses
neveux subiront les conséquences de ses actes, on parle d’hérésie, on va
même lui inventer une liaison avec une belle comtesse, mais cette dernière
ne réside pas à la Curie… Le pape commence à agiter de plus en plus
souvent la menace de l’excommunication !
Rien n’y fait et le Roi de France est obligé, en juin 1308, finalement, de
livrer les templiers au pape.
Un mélange de templiers, de chef du temple et d’autres excommuniés part
donc de Paris, mais au trois quart du voyage, à Chinon, les chefs sont
enlevés du groupe, l’excuse officielle étant qu’ils étaient trop malade
pour chevaucher.
Bon grès, mal grès, le Pape commence son enquête. Entre le 28 juin et le 2
juillet 1308, Clément V préside une commission de cardinaux représentatif
des différents courants de la Curie, on y trouve même un Colonna de triste
mémoire.
Les conclusions de l’enquête sont les suivantes :
- l’ordre n’est pas hérétique, il s’agit du point essentiel
- les reproches qu’on leur fait sont réels mais ne sont qu’un rituel
d’entrée dans l’ordre
- les templiers se sont excommuniés eux même en le pratiquant et en n’en
référant pas aux instances supérieures
les templiers présents sont donc amenés à demander pardon de leurs actes,
puis on lève l’excommunication les concernant, ils redeviennent
intouchables.
Pour le pape, les templiers nécessitent d’être réformés, il n’a pas
oublié le projet de fusion avec les hospitaliers et compte bien sur ce
procès pour arriver à ses fins.
Le 10 juillet, le pape clément ré-itère son absolution des templiers
présent, le 20, Philippe le Bel quitte Poitiers en laissant sur place ses
espions, le 12 août paraît une bulle papale nommée « Faciens misericordiam
» déclarant que le problème des chefs templiers et du temple lui même
serait discuté lors qu’un concile, tenu dans 2 ans. Entre-temps,
l’effectif du temple restera sous l’autorité du roi, mais dépendra du
Pape qui interdit de les interroger.
Et le lendemain, le 13 aout 1308, le pape déclare ouverte la période
d’été, période pendant laquelle il ne se passera rien, les services des
uns et des autres étant alors en sommeil.
Pour le Roi de France, la situation est assez bonne. Bien sûr, le temple
n’est pas jugé, mais il est réduit à néant. Les chefs du temple,
toujours excommuniés et toujours suspectés d'hérésie, sont sous sa coupe,
mais il ne peut les juger. Il ne reste plus qu’à apaiser la situation et à
réunir de nouvelles preuves, il a deux ans pour se faire.
Mais, cette fois, c’est au Pape de prendre de vitesse le Roi de France. A
peine la déclaration de la pause de l’été faite qu’il envoie
secrètement à Chinon trois cardinaux – Bérenger Frédol, Etienne de Suisy
et Landolfo Brancacci – avec ordre de retrouver les maîtres du temple et de
leur proposer un marché.
Les services du Roi de France sont pris de vitesse et au moment où ils
commencent à réagir, la rencontre a eu lieu. Après d’âpres discussions,
Jacques de Molay a accepté la refonte du Temple et il a été absout de son
excommunication et des accusations d’hérésies (le 20 août 1308). Vite, on
modifie la bulle « Faciens misericordiam » en incluant dans la liste des
sauvés le maître et les autres dignitaires, et on triche sur la date de
parution (on l’antidate de 8 jours) pour empêcher toute contestation
royale
Le temple est sauvé, ses maîtres à nouveau pardonnés, il va être refondu
dans un nouvel ordre, sans doute commandé par un templier, Philippe le Bel a
perdu…
La réplique du roi de France va être terrible.
Le Temple ou l’Eglise !
En Octobre 1308, le pape Clément V, de plus en plus épuisé par la maladie
est encore heureux d’avoir battu le Roi de France. Son bonheur est
soudainement gâché quand il apprend que ce dernier vient de condamner et
brûler l’évêque Guichard de Troyes pour sorcellerie.
Il s’agit là d’un cas très grave car Philippe le Bel n’a même plus
tenté de se donner une excuse religieuse en passant par l’inquisition. Le
Roi, laïc, de France vient de faire le travail normalement révolu au pouvoir
ecclésiastique. De plus, Clément V avait, lui même, absout Guichard, et
l’action du Roi est une atteinte aux décisions du Pape.
Quelques temps plus tard, le Pape apprend que le roi fabrique un grand bûché
afin de brûler un autre hérétique, il apprend aussi qu’il a demandé
qu’on déterre Boniface, le pape considéré un temps comme sorcier.
L'objectif ne fait aucun doute, Philippe le Bel projète de renouveler le
concile cadavérique avec le corps vieux de 5 ans de Boniface. Il projète de
le juger, de le brûler et surtout de le faire savoir à tous.
A ce moment là, le plan du Roi apparaît dans tout son terrible éclat au
Pape, il ne lui laisse plus que trois choix :
Le premier choix serait de venir en aide au précédent pape, mais se serait
une erreur. En effet, qui, à part un hérétique voudrait aider un autre
hérétique ? dans ce cas, la puissance militaire de France fondrait sur les
faibles forces épiscopales et Clément finirait avec son prédécesseur, sur
un bûché.
Le second choix serait de ne rien faire, mais c’est là que toute la porté
du piège apparaît ! que penserait l’opinion publique (le terme est un
anachronisme bien sûr) si on leur présentait l’église ainsi : un pape
hérétique, un évêque hérétique, et, bien sûr, un ordre hérétique !
Philippe le bel est sur le point de faire éclater la chrétienté, renverser
le pape et s’installer à la place !
À la suite de cela, la curie éclaterait, tous les pays, les un après les
autre, rejeteraient l'autorité du pape et il en serait fini du catholicisme.
Le troisième choix, celui qui sera choisit, celui qui ne reste plus que le
seul valable, c’est abandonner l’ordre du temple, tout en sauvant les
hommes, les templiers.
En aout 1309, le Pape envoie une lettre à tous les évêques ayant sous leur
autorité des templiers, avec l’ordre de commencer les procès. Normalement,
ces procès aurait dû commencer depuis longtemps, mais le pape n’avait pas
spécialement pressé le mouvement. Là, devant la pression du Roi, il ne peut
faire autrement que de relancer la machine.
Par humanité, ce ne sera pas l’inquisition qui s’occupera de mener les
interrogatoires, elle n’interviendra que très ponctuellement ! le Pape est
persuadé que l’ordre n’est pas hérétique.
Selon les régions, les résultats vont du meurtre d’innocent, la torture,
des actes de violence, la calomnie sur les territoires tenus par la France, à
l’acquittement, comme à Chypre.
On vit même un chapelain, Pierre de Bologne, juriste éminant, dénoncer ces
procès et toutes les irrégularités qu’ils connaissaient, mais il
disparût dans une prison et la résistance disparût avec lui.
Il ne resta bientôt plus que des hommes brisés, incapable de tenir une arme
pour défendre la chrétienté comme ils l’avaient, un jour, il y a bien
longtemps, juré.
Un dernier problème se pose avant la résolution de ce conflit, que faire des
chefs, absout de leurs crimes et abusivement retenus par le Roi de France, et
surtout que faire de l’ordre ?
La fin de l’ordre ?
Le 22 Mars 1312, un grand concile se tint à Viennes, il avait pour bût
d’en finir avec la question des templiers.
A la vue des résultats des procès, il était clair qu’il n’y avait
aucune hérésie chez eux, mais il était clair aussi que la présence armée
du Roi de France biaiserait le débat.
Courageusement, la Curie ne va pas décider la dissolution de l’ordre, sans
doute reste-t’il le vieux rêve de le reformer, et de repartir à la
croisade !
Le Temple ne fut que temporairement suspendu, ses membres dispersé, avec la
possibilité de rejoindre un autre ordre de moine soldat comme les
hospitaliers.
Les terres furent données aux hospitaliers, justement, avec la mission de les
faire fructifier pour financer une prochaine croisade, les hospitaliers
s’installèrent à Chypre, puis plus tard à Malte, et existent toujours, de
nos jours sous le nom « d’Ordre de Malte ».
Les chefs de ce qui fut un jour nommé les « templiers » vivent encore 2 ans
sans aucun contact avec le monde extérieur, le jour de la prononciation de
leur peine approche.
En 1313, le Pape Clément V obtient du Roi Philippe le Bel de commuer
l’exécution des templiers en prison à vie, ce dernier accepte, peut-être
par pitié pour le vieux souverain pontife, tellement malade qu’il crache du
sang et qui a déjà faillit, à plusieurs reprise, mourir.
Le 22 décembre 1313, la commission pontificale se réunit pour statuer de
leur sort à Paris, mais le 11 (ou 1 mars 1314, le jour même de l’énoncé du jugement,
les accusés se rebellent, reviennent sur leurs décisions, accusent le Pape
de les avoir abandonné !
Se faisant, ils reconnaissaient avoir mentit à l’inquisition, et sont
déclarés relaps.
Pour Philippe le Bel, c’en est trop, il fait enlever les maîtres et les
brûle vivant sur l’île au vache (ou l’île aux juifs), juste au bout de
l’île Saint Louis, en face de Notre Dame de Paris (au pied de l’actuel
pont neuf, qui n’existait pas à l’époque). Avec eux disparurent les
templiers.
Le pape mourut de sa maladie quelques jours plus tard (le 20 avril), Philippe
le Bel le suivit dans la tombe quelques mois après (d’une attaque
cérébrale lors d’une partie de chasse, le 29 novembre).
Conclusion
Mais que sont devenus les biens ?
dans la soirée du 13 octobre, la plus part des Templiers sont arrêté, leur
terres prises (et données en grande partie au pape pour le calmer, on l’a
vu).
bref, Philippe le Bel a arrêté tout le monde, a mis la main sur les terres
et les sous, il a tout gagné... mais en fait non, car des sous, on raconte
qu’il n'y en a pas tant que cela !
où est donc passé ce fameux trésor ? en fait, à l'époque, on ne se pose
pas la question ! tout simplement parce qu'on sait ce qu'est devenu les
monnaies sonnantes et trébuchantes : elles se sont toutes évaporées pour
financer la guerre (surtout vers la fin), ou alors elles ont été prêtées
à des seigneurs, qui, comme par hasard, ont été les premiers à demander la
disparition des templiers.
bref, l’argent qui restait a été entièrement capté par Philippe le Bel,
mais tout le monde le sait à l'époque, et ça ne choque personne puisque ce
n'est pas forcément pour cette raison que l'ordre a été détruit.
le temps passe sur cela, les Templiers, Saladin et Philippe le bel sont
oubliés petit à petit (les Templiers seront diabolisés encore un petit peu
puisque Rabelais utilise des expressions comme "boire comme un Templier" dans
ses œuvres).
arrive le XIXème siècle et, on re-découvre le moyen age...
à cette époque, la figure romantique de ces chevaliers, moines mais
exécutés pour hérésie, innocent de la méchanceté des puissants, bon et
gentil (je vous disais qu'on ré-inventait le moyen age) fait envie, et on
revient sur cet histoire de trésor.
on constate que la veille de l'arrestation une charrette a quitté le Temple
principal, c'est dans les procès verbaux des hommes du roi de France, on sait
même ce qu'elle contient, elle contient le trésor d'un des chevalier du
Temple, alors on se met a rêver...
et si ce n'était pas 1 mais 3 charrettes...
et si ce n'était pas un vague trésor, mais LE trésor...
et si...
quelques temps plus tard (on est au milieu de la seconde guerre mondiale), un
cantonnier déclare avoir vu, sous le château de Gisor, une grande chapelle
avec 9 coffres énormes de plusieurs mètres cubes, emplis d'or, mais il n'a
pas pu les remonter à cause des allemands... bien évidement, il a du
reboucher l'entrée et ne se rappelle plus où elle se trouvait...
attiré par la nouvelle, le ministre de la culture de l'époque, André
Malraux, fait faire des fouilles par l'armée, détruit une bonne partie du
donjon (qui est maintenant cerclé d'acier pour l'empêcher de s'effondrer) et
ne trouve rien... honteux, on oublie tout cela, mais la légende est
lancée...
c'est l'armée qui a cherché justement pour éviter qu'on ne parle...
on a trouvé, mais on ne veut pas parler...
on, on, on...
la réalité, elle est tout autre...
en 1307, Gisors est une prison royale, elle est tenue par les hommes même qui
ont l'ordre d'arrêter les Templiers, ces derniers n'y sont donc pas allé,
sauf en tant que prisonniers.
de plus un calcul des quantités supposées d'or montre que c'est des coffres
de plusieurs centaines de tonnes qu'il à fallu descendre dans une
hypothétique chapelle souterraine et même les moyens modernes n'y
arriveraient qu'avec difficulté...
bref, l'histoire est belle, mais elle est fausse.
mais il reste une dernière question : c'est quoi un “trésor”, au moyen
age ?
vous vous rappelez, un chevalier a évacué un trésor la veille de
l'arrestation, mais à cette époque, que nomme-t’on trésor ?
à l'époque, un "trésor", c'est une série d'éléments religieux, ciboires,
hosties, mais surtout des reliques, des morceaux de saints, des véritables
bouts de la vraie croix...
donc si le fameux trésor des Templiers existe, il est très probable qu'il ne
soit qu'un tas de morceau de saints desséchés, des pierres d'anciennes
bâtisses ou des morceaux de bois...
tas d'une valeur religieuse inestimable, d'une valeur archéologique non
négligeable, mais monnaitairement assez nulle...
Mais que voulait Philippe le Bel ?
Dans la littérature, tout comme dans ce texte, il est laissé entendre que le
roi Philippe le bel a planifié la disparition des templiers dès les années
1300.
On est, ceci dit, parfaitement en droit de se demander quel était l'objectif
premier du roi !
Un faisceau de présomptions ont tendance à montrer que le roi voulait
plutôt contrôler le temple, remplacer jacques de molay par le visiteur de
France.
Sans doute est-ce la guerre larvée avec le pape, et le retour trop rapide de
clément quittant sa cure qui aura précipité le mouvement !
Une autre question se pose au sujet de philippe le bel : que maitrisait-il du
processus ?
Au pire moment de la bataille contre boniface, le roi avait été nommé le "
grand duc ", un oiseau magnifique, mais passif.
De plus en plus d'historiens pensent qu'en effet, après la mort de sa femme
qu'il aimait beaucoup, le roi a commencé à déléguer de plus en plus de ses
pouvoirs à ses conseillés, ce qui signifierait que les services ont
peut-être agis librement sur bien des points de l’affaire.
Alors finalement, on ne sera jamais quelle a été la part exacte de
l'implication du roi dans la disparition tragique des templiers.
Il reste bien des axes de recherche sur ces gens pour lesquels tout et son
contraire a été dit !
La légende commence…
selon Geoffroy de Paris, chroniqueur de l'époque dont on ignore s’il a
assisté à l’execution, le grand maître aurait maudit le Pape, le Roi et
tous les autres en ces termes :
« Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s'abattra bientôt sur
ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur, sachez
que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à
souffrir. »
or il se trouve que le pape, puis le Roi vont mourir presque aussitôt après
la mort du maître et des autres templiers.
Si nous savons que cette mort n’a rien à voir avec cette malédiction, les
gens à l’époque furent choqués de cette coïncidence et la légende de la
vengeance postume commença à apparaître.
Puis elle fût oubliée.
Au XIXème siècle, toujours, la malédiction s’est transformée, et on
raconte qu’elle a pris la forme suivante :
«Clément, juge inique et cruel bourreau, je t'assigne à comparaître, dans
quarante jours, devant le tribunal de Dieu ! Et toi aussi, roi Philippe !»
Bien, sûr, la partie « quarante jours » est inventée, d’autant plus que
Philippe le Bel mettra plus de temps que cela à mourir, mais cette formule
choque encore plus les esprits.
Dans ce cas, que dire de la version de Druon (pour les rois maudits » :
« Pape Clément, chevalier Guillaume de Nogaret, roi Philippe, avant un an,
je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu. Maudits, vous serez tous
maudits, jusqu'à la treizième génération de vos races. »
vous le comprenez, rien de tout cela n’est juste, la mortalité d’un roi
de France est extrême au moyen age (son espérance de vie est inférieure à
celle de ses paysans) du fait des complots et autres poisons et assassinats.
Mais cela n’empêche pas de rêver, n’est ce pas ?
Encore quelques mots
L'ordre du temple est-il vraiment mort ?
En 1312, clément en a prononcé la suspension momentanée, cette suspension
n'a jamais été déclarée définitive !
Actuellement, le temple existe toujours, c'est un ordre suspendu, excommunié,
donc sorti de la communauté des croyants, qui ne compte plus aucun membres.
Seul un pape peut révoquer un édit d'un autre pape, alors il est très
probable que les templiers, les vrais templiers, ne soient pas près de
revenir !
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